Le 31 janvier dernier, l’administration de l’Université annonçait, dans un courriel envoyé à la communauté mcgilloise, la fermeture de trois pavillons du campus MacDonald à la suite de la découverte d’amiante lors de travaux. Après un nettoyage en profondeur et des analyses de la qualité de l’air, une grande partie des pavillons ont pu rouvrir fin mars.
Les critiques du temps de réaction de l’administration (les premiers avertissements de la présence d’amiante dans des matériaux endommagés sur le campus MacDonald avaient été émis en 2020), ainsi que les inquiétudes de la communauté mcgilloise face à l’exposition à l’amiante, avaient poussé l’Université à lancer un service d’audit interne pour procéder à une analyse de l’incident et de ses causes. Le rapport final de ce groupe a été remis le 14 septembre dernier.
Afin de transmettre les conclusions du rapport et de répondre aux nombreuses questions, l’administration a organisé une assemblée générale le 22 septembre dernier, ainsi qu’une table ronde avec les médias étudiants le mercredi 20 septembre. Lors de cette dernière, Le Délit a pu échanger avec le premier vice-principal exécutif adjoint des études et de la vie étudiante, Fabrice Labeau, en charge du dossier sur l’amiante.
Le rapport
Le Service d’audit interne, mis sur pied le 2 février dernier par l’administration mcgilloise, avait pour mandat de reconstituer la chronologie des événements, de se pencher sur le processus de gestion de l’amiante et d’y apporter les correctifs nécessaires. Dans les conclusions de son rapport, le service d’audit interne indique que la cause de la fermeture des pavillons, et les risques d’exposition de la communauté à l’amiante, ne peuvent pas être attribués à un élément unique, mais plutôt à une multitude de facteurs. Parmi ceux-ci, le rapport identifie notamment la cohabitation entre les étudiants, les membres de la faculté et les travailleurs du chantier, ainsi que l’« efficacité limitée des mécanismes et des protocoles de communication utilisés pour relayer et répondre aux préoccupations des occupants des espaces concernant la poussière ». Il formule ensuite 25 recommandations afin d’améliorer le processus de gestion de l’amiante de l’Université. Ces dernières prévoient notamment une meilleure intégration des communications entre les différents intervenants lors des projets de construction impliquant des substances dangereuses, une stricte limitation de l’accès au chantier aux participants à la construction, ainsi qu’une révision de la forme et de la fréquence du processus de communication avec la communauté touchée.
Un groupe de travail spécial composé de trois membres de l’administration mcgilloise, dont Fabrice Labeau, a été formé pour veiller à la mise en œuvre rapide de ces 25 recommandations. Interrogé sur l’échéancier, Pr Labeau nous a confié : « On va commencer les 25 recommandations en parallèle, pour s’assurer qu’on a le temps de tout faire et que ça rencontre tous nos critères d’approbation, sachant que notre capacité d’agir sur chacune des recommandations sera modulée dans le temps. Nous présenterons un rapport d’avancement au bout de trois, six et 12 mois, ce qui constitue réellement nos étapes à court, moyen et long terme pour la mise en œuvre des recommandations.(tdlr) »
Alors que l’amiante est présente sous différentes formes dans la plupart des bâtiments de McGill, le groupe de travail
a annoncé la suspension de tous travaux « impliquant des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante s’ils ne savent pas s’il y en a, ou pas ».
Les risques
Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « toutes les formes d’amiante peuvent provoquer le cancer et aucun seuil n’a été mis en évidence pour le risque cancérigène ». Interrogé sur les dangers pour la communauté mcgilloise quant à l’exposition à l’amiante et quant au seuil utilisé par l’Université, Mr Labeau nous a affirmé : « Ce que nous faisons, c’est que nous suivons le code provincial qui limite la présence de fibres dans l’air. […] Les tests qu’on a fait au campus MacDonald, pendant la construction, pendant la fermeture, et depuis l’ouverture ont tous été négatifs pour l’amiante. […]
Je comprends l’idée qu’il n’y ait pas de seuil de sécurité, mais il faut aussi se rendre compte qu’il y a en fait une présence de fond de ces types de matériaux, y compris l’amiante, dans l’air que l’on respire autour de Montréal. »