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Excellence et accessibilité pour le système d’éducation québécois

Le 6 décembre s’est tenue la rencontre des partenaires de l’éducation afin de discuter de financement universitaire. Les recteurs ont applaudi, et les étudiants ont claqué la porte ; mais la hausse est-elle un objectif en soi ? Comment doit-on s’y prendre pour régler le problème du sous financement chronique du réseau universitaire québécois ?

Premièrement, il s’agit de savoir si la hausse des frais de scolarité est un objectif en soi. La réponse est non. En fait, c’est plutôt un moyen d’atteindre des standards d’excellence des institutions postsecondaires québécoises. À vrai dire, la question à se poser est : Comment conjuguer la « hausse des frais de scolarité » avec le principe d’accessibilité des études postsecondaires pour tous les Québécois ?

Pour répondre à cette question, regardons les deux acteurs impliqués : l’État et les étudiants. En effet, l’État ne peut se désengager de son rôle dans l’éducation postsecondaire, car l’éducation est un bien public dont la société entière devrait pouvoir bénéficier. Les étudiants sont les premiers bénéficiaires d’un meilleur réseau d’éducation et leur formation est un investissement en capital humain rentable, mais la situation financière des familles québécoises ne doit en aucun cas être un obstacle à la poursuite des études supérieures.

À partir de ces prémisses, il faut fixer le pourcentage de contribution, c’est-à-dire le niveau relatif de contribution du gouvernement et des étudiants à un niveau socialement acceptable. Il s’agit de savoir quel pourcentage du coût du service éducationnel doit être financé par l’étudiant et par l’État. Si une hausse survient dans dix ans, elle doit être absorbée de manière proportionnelle au niveau de contribution fixé par les étudiants et le gouvernement, car l’éducation est une des missions fondamentales du gouvernement dont il ne peut se désengager. Après la fixation du taux socialement acceptable, il faut hausser les frais de scolarité pour atteindre ce pourcentage ; et cette hausse doit être envisagée, car il s’agit d’un signal important. Au Canada, la contribution étudiante est en moyenne de 25%, tandis qu’au Québec elle est de 12,7%.

Finalement, pour s’assurer du respect du principe d’accessibilité, il faut se doter d’un mode de remboursement proportionnel au revenu (RPR) accessible à tous les étudiants. Il s’agit d’une forme de remboursement des prêts étudiants fondé sur la capacité financière d’une personne à s’acquitter de sa dette d’études. En fait, il permettrait à n’importe quel étudiant de rembourser la différence entre ses frais de scolarité actuels et ceux qui lui seraient facturés après une hausse seulement au moment de son entrée sur le marché du travail. Le système du RPR donne plus de souplesse dans le remboursement de la dette, puisqu’il réduit le risque d’étudier dans un domaine où la rentabilité ou la réussite est incertaine. En somme, le RPR assure une accessibilité dans l’éventualité d’une hausse des frais de scolarité.

Toutefois, il est primordial que tout l’argent supplémentaire versé par les étudiants en frais de scolarité soit exclusivement réinvesti dans l’éducation postsecondaire de manière à avoir un réel impact sur la qualité de la formation offerte.

Deuxièmement, le réseau universitaire québécois est affecté par les problèmes liés au manque d’investissement en infrastructures du savoir et par la dégradation de l’environnement universitaire québécois. Ici, l’accent est mis sur le milieu universitaire et sur la participation du secteur privé au financement des universités au Québec.

C’est un peu comme pour le séisme en Haïti, pour lequel le gouvernement fédéral avait promis d’égaler les dons faits par le public pour venir en aide aux sinistrés. Ici, le système s’inscrit dans la même logique. Les investissements du secteur privé dans les universités québécoises doivent se faire de façon volontaire et surtout équitablement. Également, le gouvernement devra s’engager à investir dans le réseau postsecondaire un certain pourcentage de chaque dollar reçu en philanthropie par le milieu universitaire. Ce pourcentage gouvernemental des fonds irait dans un fond collectif, dont la somme totale serait redistribuée équitablement à toutes les universités pour financer les investissements en infrastructures. Et pour inciter le secteur privé à investir, un retour en crédits d’impôt serait accordé. L’objectif de cette philanthropie est de financer les infrastructures vétustes des universités.

En somme, la vitalité de l’éducation supérieure et la qualité du capital humain québécois doivent se faire autour d’un objectif d’excellence et d’accessibilité au réseau universitaire. C’est pourquoi chacun des acteurs doit y mettre du sien, tant au niveau de l’État par un RPR, qu’aux étudiants par leur engagement financier dans l’investissement de toute une vie, que du milieu universitaire pour utiliser ces nouvelles ressources avec rigueur et discernement, et du privé par des incitatifs permettant le financement des infrastructures, car il bénéficie d’une main‑d’œuvre plus qualifiée. Ainsi, la hausse n’est pas un objectif en soi, mais un moyen pour parvenir à l’excellence de notre réseau universitaire, pour attirer les meilleurs professeurs, avoir du matériel à la pointe de la technologie, rehausser la renommée de nos universités, attirer les cerveaux et éviter le départ des meilleurs étudiants. Le tout pour assurer la survie et l’accessibilité du réseau d’éducation publique pour les générations futures.


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