Le Réseau express métropolitain (REM) est-il un cadeau empoisonné pour les habitants de la Rive-Sud ? C’est bien le sentiment que partagent de nombreux utilisateurs, en particulier les étudiants, relayés au second plan dans la planification des horaires et du service de ce nouveau réseau de transport en commun, fonctionnel depuis le mois d’août 2023.
Le problème concerne tout particulièrement les individus qui n’habitent pas à distance de marche d’une station de métro. Ils se plaignent alors du manque décourageant de places de stationnement d’auto gratuites devant le REM, qui se fait ressentir de manière grandissante depuis la rentrée scolaire en septembre. « Récemment, si j’arrive à 7h30 du matin à ma station du REM, il n’y a déjà plus de places. Il faut que j’arrive avant 7h si je veux avoir une chance de trouver une place ! » raconte Sabrina*, étudiante en droit à McGill. Cette situation est d’autant plus frustrante puisque Sabrina, comme de nombreux autres étudiants, ne commence parfois ses cours qu’en début d’après-midi. Elle se retrouve donc malheureusement contrainte de partir tôt le matin afin de s’assurer d’avoir une place de stationnement.
L’incapacité du réseau à répondre aux besoins des étudiants se reflète notamment dans le service d’autobus transportant les résidents des zones plus éloignées de la Rive-Sud vers les stations du REM. Ces bus ne circulent que tôt le matin et en fin d’après-midi, suivant les horaires des travailleurs traditionnels, de 9h00 à 17h00. Dans le cas de Sabrina, le dernier bus passant devant chez elle le matin part à 8h09 et le dernier bus pouvant la ramener en soirée passe aux alentours de 18h00. Un véritable casse-tête pour un étudiant qui, par exemple, n’aurait cours qu’entre 17h00 et 19h00. « J’en ai souvent pour près de trois heures de transports par jour dans ces conditions », se désole Sabrina. « Ce système est peut-être pratique pour les parents travaillant de 9h00 à 17h00, mais certainement pas pour les étudiants ! » Face à cette situation, Sabrina est parfois tentée de reprendre sa voiture, espérant miraculeusement trouver une place de stationnement près de sa station REM. « Il y a quelques jours, je n’ai rien trouvé. J’étais tellement désespérée que j’ai garé ma voiture à une place interdite et j’ai eu une amende. »
Cette situation est d’autant plus problématique que le REM est désormais la seule option de transport en commun pour les citoyens de la Rive-Sud. Depuis la mise en service du REM le 31 juillet 2023, une clause de non-concurrence hautement controversée empêche les autobus de traverser le pont Champlain, ce qui contraint ainsi les utilisateurs à emprunter le REM, puisqu’il s’agit de la seule option leur étant offerte. Un choix politique lourd de conséquences, qui se traduit par un achalandage démesuré des stations et par des stationnements bondés de voitures.
En d’autres termes, les étudiants sont pris au piège, avec peu d’options pour des trajets sereins et efficaces. Que ce soit par une augmentation des services de bus circulant entre les stations du REM et les différentes zones de la Rive-Sud, un accroissement des places de stationnement ou un abandon de la clause de non-concurrence, des solutions doivent être envisagées !
*Nom fictif