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La sélection d’actus du Délit

Stu Doré | Le Délit

TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS

Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria à Montréal. Cette décision marque une étape décisive dans le combat juridique mené par ce groupe depuis 2022, ayant pour but d’interrompre les travaux d’excavation conduits par l’Université McGill. Selon les Mères mohawks, ces travaux auraient lieu sur un espace contenant des sépultures anonymes d’enfants autochtones, victimes d’expériences psychiatriques menées entre 1954 et 1963 dans le cadre du projet MK-Ultra, un programme controversé de la CIA. Le collectif avait exigé qu’une supervision archéologique rigoureuse soit mise en place pour prévenir ce qu’elles qualifient d’« effacement des injustices du passé (tdlr) » et éviter de raviver les traumatismes des survivants et des communautés concernées.

Les travaux d’excavation en cause s’inscrivent dans le cadre du projet New Vic, porté par l’Université McGill. Celui-ci vise à réaménager une partie de l’ancien hôpital Royal Victoria pour agrandir le campus universitaire. En 2019, le gouvernement du Québec a cédé une partie de la propriété à McGill, et a promis un investissement de 620 millions de dollars pour rénover les bâtiments historiques et aménager les terrains. Le projet inclut des excavations substantielles, nécessaires pour transformer le site en un espace moderne et fonctionnel pour l’université.

Les Mères mohawks avaient entamé leur combat juridique en 2022, en intentant une poursuite contre l’Université McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI). En 2023, un accord entre les parties a été conclu, prévoyant la présence d’un panel d’archéologues pour superviser les excavations et détecter d’éventuelles sépultures. Cependant, cet accord a été remis en question le 16 août 2023, lorsque la Cour d’appel du Québec a autorisé la reprise des travaux sans supervision archéologique externe. La décision de la Cour suprême de ne pas entendre l’appel du collectif scelle le sort de cette affaire. Pour les Mères mohawks, il s’agit d’une défaite amère dans leur quête pour préserver la mémoire des enfants autochtones et exiger justice face à un passé douloureux. 

CRISE DE L’ITINÉRANCE À MONTRÉAL : FERMETURE DU REFUGE TEMPORAIRE DU YMCA

Le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) du YMCA centre-ville, refuge pour sans-abris mis en place par la Ville de Montréal afin de répondre aux grands froids, a fermé ses portes ce samedi 11 janvier, après moins d’un mois d’activité. Ce refuge temporaire, ouvert le 21 décembre, avait été conçu comme une mesure exceptionnelle dans le cadre du Plan particulier d’intervention – Froid extrême, déclenché par le Centre de coordination des mesures d’urgence de Montréal. Initialement prévu pour accueillir un maximum de 50 personnes, le centre a dû faire face à une demande bien supérieure durant la courte période où il était en activité. Les 5 et 6 janvier, le CHU a accueilli plus de 150 personnes en une seule nuit, soit trois fois sa capacité prévue. Le refuge a enregistré un total de 1153 visites en moins de trois semaines, illustrant l’ampleur de la crise de l’itinérance à Montréal.

Stu Doré | Le Délit

L’ouverture du centre avait à l’origine été annoncée comme une mesure temporaire. En temps normal, le Plan particulier d’intervention – Froid extrême est seulement déclenché lorsque la température descend sous les ‑27°C, et les mesures cessent dès que les conditions météorologiques s’améliorent. Le 21 décembre, la ville de Montréal a donc pris une décision exceptionnelle en ouvrant le centre avant que ce seuil ne soit atteint, et en s’engageant à le garder ouvert aussi longtemps que possible, en raison de la demande alarmante.

Cette mesure temporaire reste néanmoins insuffisante. Ceux qui passaient leurs nuits au CHU sont désormais contraints de se redistribuer dans les refuges de la ville – qui sont déjà débordés et doivent refuser l’entrée à plusieurs personnes chaque soir – ou d’affronter les températures glaciales de l’extérieur.

ARRESTATION HISTORIQUE : LE PRÉSIDENT SUD-CORÉEN YOON SUK-YEOL FACE À LA JUSTICE

Le mardi 14 janvier, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été arrêté dans le cadre d’une opération menée par les autorités judiciaires du pays. Il s’agit de la première fois qu’un chef d’État en exercice est arrêté en Corée du Sud. Avant l’aube, des agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police se sont présentés en grand nombre devant la résidence présidentielle. Après une courte confrontation, le président Yoon a accepté de se rendre, diffusant peu après un message vidéo où il déclarait : « J’ai décidé de répondre aux autorités du Bureau d’enquête sur la corruption (tdlr) », tout en réaffirmant qu’il contestait la légitimité de l’enquête. Il a ajouté qu’il se soumettait à cette arrestation afin d’« éviter toute effusion de sang malheureuse ». Cette arrestation marque un tournant dans une affaire politique explosive et survient moins de deux semaines après une première tentative d’arrestation échouée, le 3 janvier. Ce jour-là, le Service de sécurité présidentielle (PSS), chargé de la protection des chefs d’État, avait empêché les enquêteurs du CIO d’exécuter un mandat d’arrêt initial contre Yoon Suk-yeol.

Stu Doré | Le Délit

Le dirigeant sud-coréen est la cible de plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Cette inculpation repose principalement sur sa décision controversée de proclamer la loi martiale le 3 décembre, une initiative qu’il avait justifiée en invoquant la nécessité de défendre le pays contre « les forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État ». Cette tentative de concentration du pouvoir a été rapidement mise en échec par les députés, qui ont voté un texte exigeant la levée de cette mesure d’exception.

L’arrestation de Yoon Suk-yeol plonge la Corée du Sud dans une crise politique sans précédent, exacerbant les divisions au sein du pays. Les prochains développements dans cette affaire détermineront sans doute l’avenir de la présidence et l’équilibre démocratique de la nation.


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