L’acharnement, si la cause est juste, on appelle ça de la persévérance. On dira peut-être que je m’acharne contre la servilité libérale et sa détestable propension à faire de la politique un risible culte de la personnalité. Pouvez-vous vraiment m’en vouloir ? À peine débarrassés du fanatisme frénétique pro-Trudeau, les Québécois vont devoir subir une énième campagne de séduction importée cette fois-ci au provincial. Les dignitaires et attachés (pour ne pas dire ligotés) de presse du Parti libéral du Québec (PLQ) ont jeté leur dévolu sur Pablo Rodriguez – ancien ministre de l’Assimilation québécoise (plus formellement, du Patrimoine canadien) et ministre des Transports sous Trudeau. Moi, l’Honorable Pablo Rodriguez, je le trouve parfaitement correct, parfaitement libéral. Il est aussi parfaitement digne de s’incliner devant un Parti Québécois renaissant de ses cendres. Mais de là à déclencher la Pablomania, à faire de moi (ou quiconque de minimalement sagace) un Pablophile : il y a tout de même des limites !
L’insipide et artificielle partisanerie dont est affublée la politique québécoise paralyse toute possibilité pour le Québec de s’arracher à l’emprise de l’oppresseur fédéral par mesure référendaire. Chaque minuscule enjeu fait l’objet d’une décortication chirurgicale suivie d’une prise de position plus ou moins cohérente, contribuant à la polarisation toujours plus excessive de l’électorat québécois. En voulant faire des gains modérés au prix de pertes mineures, chacun des partis se crée une base militante toujours plus radicale et intolérante au message d’autrui. On veut nous voir voter pour la meilleure politique migratoire, économique, socio-développementale – secteurs essentiels, mais voués à une éphémérité dépendante des allégeances politiques du parti au pouvoir. La plateforme caquiste (CAQ) devient alors complètement incompatible avec les valeurs promulguées par le Parti québécois (PQ) ou Québec Solidaire (QS) – les Québécois reléguant l’idéal indépendantiste au rang d’enjeu secondaire, minable, inatteignable.
Aux charognards fédéralistes de se pourlécher devant la carcasse que devient le camp du OUI. La mort de l’identité québécoise passe par une incompréhension de ce qui la garde réellement en vie. Les trois partis dont la plateforme n’exige pas une soumission humiliante à un Canada néocolonial anglophone sont incapables de délaisser leurs différends idéologiques dans la poursuite de l’indépendance. Un Québec socialiste, dadaïste, anarchiste ou gaulliste : quelle importance s’il est placé sous le joug étouffant d’un Poilièvre ou d’un Carney – deux maudits « francophones » de téléprompteur ! La valorisation du Québec comme une nation francophone et identitairement détachée du Canada est une partie intégrante (à des degrés variables) de l’idéologie de la CAQ, du PQ et de QS – comment orienter leurs électorats vers la souveraineté ?
Dépolitiser l’indépendance
Ma hantise de la partisanerie factice m’amène à présenter une solution focalisée sur la simple formation d’un Québec par un parti dont c’est le seul objectif. Pas de plateforme compliquée et orchestrée par le désir du plus offrant : un message, une promesse de poursuite acharnée de l’indépendance. Un parti qui, si élu démocratiquement, prévoit le déclenchement d’un référendum – permettant à un éventuel Québec souverain de décider de ses propres fondations par la suite. Il ne faut pas s’imaginer qu’en gagnant son indépendance, le Québec perdrait l’immense richesse politique qui le compose, mais plutôt qu’il serait enfin maître de toutes les facettes de son existence. La protection de la langue, de la culture et de l’autodétermination ne peut se faire autrement que par un référendum, pouvant n’être gagné que par l’union idéologique des Québécois pour la survie de leur identité.
Les fédéralistes dotés d’une capacité pour la lecture insisteront sur le fait qu’une telle initiative est un gaspillage de temps, l’appui référendaire étant d’à peine 34% en date de février 2025. Si seulement ils savaient interpréter ce déclin, forcé par la politisation de l’enjeu de l’indépendance ! Si le PQ est encore le meilleur vaisseau disponible pour la sauvegarde du Québec, il reste imparfait, étant donné son incapacité à faire de l’indépendance son unique objectif. Il gagne de précieux votes en se prononçant sur différents enjeux pour gagner une bataille, l’élection de 2026 : en agissant ainsi, est-il en train de perdre la guerre pour la souveraineté du Québec ? De ce questionnement émane la pertinence de proposer une alliance nationaliste, souverainiste, indépendantiste (peu importe la désignation de notre libération) : le futur du Québec en dépend. Peu importe le nom qu’elle porte ou le poids idéologique qu’elle sous-tend, notre nation doit prioriser le rejet de l’opprobre fédéral et la création d’un pays francophone.
Le réel combat
Il pourrait m’être proposé qu’être un fédéraliste n’empêche pas d’aimer le Québec, de vouloir son bien par sa présence dans un Canada fort et uni. Quelle manifestation épouvantable du syndrome de Stockholm ! Quelle idée insensée de suggérer que le Québec s’épanouit au sein de la Royal Colonial Administration : toutes les mesures prouvent le contraire ! Son identité s’effrite, sa langue disparaît inexorablement et sa richesse est partagée avec des profiteurs canadiens qui ne professent leur amour pour le Québec que pendant les campagnes référendaires. Les adorateurs commandités du système fédéral assurent que l’unité est la seule manière de résister à des despotes comme Donald Trump, mais ils plient lâchement l’échine dès la première confrontation ! Comment oser prétendre que le Canada ferait mieux que le Québec alors que sa gestion étouffante le détruit de l’intérieur ?
Nous, Québécois et Québécoises, plions l’échine depuis 265 ans face au colonialisme, tantôt britannique, depuis canadien. Non pas par lâcheté, mais à cause de l’influence pernicieuse qu’ont exercée le Doric Club, le PLQ et leurs sous-fifres dans la répression des Québécois nés pour la libération de leur peuple. Il est primordial de le constater et de passer outre les divisions artificielles créées dans des efforts de gain en capital politique. Qu’on ne me dise pas que je soutiens un Québec gouverné de manière totalitaire, par une idéologie monolithique ! Je veux simplement l’alliance de la multitude pour un objectif qui va permettre la survie de la nation, qui continuera de voir sa politique fluctuer d’un côté à l’autre du spectre politique. L’indépendance, ce n’est pas une idée de droite, de gauche, du centre : c’est une valeur fondamentale de l’existence humaine.
Ce que les Québécois doivent comprendre lorsqu’ils exercent leurs droits démocratiques, c’est que la survie du Québec qu’ils aiment dépend de son indépendance, de sa libération de l’assujettissement fédéral anglophone. La disparition de la culture et de l’identité nationale serait la pire catastrophe dont notre peuple pourrait être la victime : elle est déjà solidement enclenchée. Battons-nous pour l’indépendance, envers et contre tous les opposants fédéralistes qui veulent étouffer la volonté d’exister d’un peuple francophone ! La prochaine fois approche… saurons-nous enfin nous unir ?