Tel un livre d’art, l’exposition L’artiste et son poète présente quinze artistes de diverses disciplines (gravure, sculpture, peinture…) dont l’œuvre a été jumelée à un poète de leur choix. C’est une pratique courante en art que d’avoir un artiste et un écrivain qui, dans une création commune, lient un texte à une œuvre d’art plastique. Généralement, le texte offre une certaine profondeur à l’œuvre en proposant une réflexion supplémentaire qui nous mène dans une direction parfois inattendue. Inversement, une œuvre illustrant un texte donne de nouveaux horizons à l’imagination et colore les mots.
Cette exposition, malheureusement, est une combinaison de textes et d’œuvres préexistantes qui, malgré leurs qualités respectives, manquent parfois de cohésion. Ainsi, le spectateur évolue d’un duo à un autre en essayant de se laisser porter par les évocations subtiles, mais il passe hélas plus de temps à essayer de trouver des liens –qui ne sont pas forcément évidents, au premier abord–, jusqu’à en oublier le sens de l’œuvre.
L’exposition n’est peut-être pas aussi « fusionnelle » que la galerie le souhaiterait, mais elle reste malgré tout une belle expérience visuelle. La découverte simultanée de plusieurs artistes est toujours intéressante, car elle offre une grande diversité. La galerie Orange nous offre une aventure qui manque peut-être de structure, mais reste une sortie culturelle fructueuse.
Parallèlement, la galerie Occurrence propose une nouvelle exposition du photographe Jean-Jacques Ringuette, dont le vernissage a eu lieu samedi dernier. Sur le thème de la mascarade, l’artiste se met en scène en tant que personnage de cirque, tantôt clownesque, tantôt macabre. Ici, le personnage traditionnellement drôle et rieur devient un personnage grotesque, illustrant peut-être le ridicule du monde adulte. Par des expressions faciales exagérées, des postures scabreuses –trop, diront certains–, il évoque l’univers des fêtes foraines où règnent les monstres de foires. En effet, dans ses mises en scènes, le photographe devient un être inquiétant ou obscène qui nargue le spectateur.
Une deuxième section de l’exposition est composée de clichés d’un être hybride : la tête de l’artiste est posée sur le corps d’un ours en peluche. Oscillant entre une créature malicieuse et innocente, les mises en scènes surchargées évoquent une enfance brisée. C’est le thème récurrent de l’exposition, l’enfance transformée au point d’en devenir grossière.
L’artiste souhaite-t-il entreprendre un périple psychologique dans sa propre enfance et revenir sur des événements troublant qui ont parsemé une quête d’identité ? Le caractère statique d’une image photographique ne fait pas ressortir au mieux la dynamique des mises en scène, et finalement, les œuvres les plus marquantes sont les plus simples. Un visage, un drapé, une émotion voilée. C’est cette simplicité qui fait appel à notre for intérieur, et dans laquelle on réussit le mieux à se retrouver et à identifier l’être humain. N’en voulez cependant pas trop à l’artiste ; il respecte ici sa thématique de la mascarade, il est donc de mise de déformer et d’amplifier tout ce qui peut être simple.
Figures de mascarade ou La vie passionnante de Félicien est une histoire racontée et un conte pour enfant réécrit, mais avant tout, c’est le récit de la rupture d’un mythe symbolique.