Quand tout fait du bruit, l’être humain lui se tait, ne s’entend plus. Mais sous sa carapace, il gronde. » La compagnie Omnibus et le « maître d’œuvre » Hugues Hollenstein plongent dans les remous intérieurs de l’être contemporain avec … sous silence.
L’Espace Libre s’est transformé, pour ce spectacle, en une arène hydraulique ceinte de deux niveaux de gradins. Sur une scène dépouillée et un immense mur de béton, des projections de chutes d’eau et de flux de marées créent un univers aqueux hallucinatoire évoquant les mouvements psychiques de l’être humain.
Les spectateurs sont d’abord submergés par un bruit assourdissant, comme lors d’un brouillage des images à la télévision. Divisée en quatre segments mélangeant danse, théâtre, improvisation et mime, … sous silence est une expérience sur le déséquilibre ressenti lorsqu’on s’immobilise après avoir soutenu un rythme effréné. De scènes de lutte en scènes d’enlacement, deux hommes (Pascal Contamine, Sacha Ouellette-Deguire) et deux femmes (Catherine de Sève, Anne Sabourin) crapahutent dans cet espace métaphorique à la recherche de l’Autre, mais surtout à la recherche de leurs voix noyées dans le vacarme urbain. Tous vêtus de différentes nuances de bleu, les couples se forment et se séparent, métaphore du flux de l’existence.
Le texte émerge le temps d’une confidence, avec quelques pointes d’humour, mais n’est toutefois pas essentiel, la force de …sous silence reposant davantage sur les émotions suggérées par l’expérience du corps. L’environnement sonore (Nicolas Letarte), ponctué de musique diverses et de silences, permet de mieux voguer sur ces mouvances de l’âme et sur ces pulsions corporelles. L’usage des lampes et l’éclairage dans son ensemble (Mathieu Marcil), ainsi que les vidéos (Eddie Rogers), signalent un travail recherché qui ajoutent une dimension visuelle à la traduction des émotions.
Le propos de …sous silence, porté par la gestuelle et renforcé par les concepteurs, reste malgré tout une œuvre complexe, mais sans aucun doute réussie.