À l’image de ses multiples champs d’intérêt, Régine Robin nous offre une œuvre riche et diversifiée, pleine des saveurs des différentes villes qu’elle a visitées. Entre le récit de voyage et l’autofiction, Mégapolis nous fait voir cinq villes à travers le regard d’une flâneuse d’expérience. En parcourant New York, Los Angeles, Tokyo, Londres et Buenos Aires, l’auteure s’intéresse à une question qui revient sans cesse dans les récits de voyage : en quoi les villes que nous habitons nous habitent-elles, elles aussi ? Pour répondre à cette question, Régine Robin a vu grand, et concentre son attention sur les mégapoles, des villes plus qu’immenses, se situant aux quatre coins du globe. Elle a pris soin de ne pas choisir des villes trop proches de sa propre vie, comme l’aurait été Paris, là où elle est née, afin que cette proximité avec les lieux n’altère pas ses impressions.
L’ouvrage de Régine Robin montre bien que la ville est au centre même de l’âme, qu’elle façonne chaque personne qui s’en inspire. Comme le dit elle-même l’auteure, « il faut se laisser envahir par cette mégapole, accepter d’emblée de n’y rien comprendre ». La flâneuse se plaît à laisser les villes l’envahir dans toute leur grandeur, leur complexité et leur imperméabilité.
Régine Robin explique la relation particulière qu’elle entretient avec ces mégapoles, lesquelles ont souvent laissé sur elle des marques indélébiles. La ville est vue comme une autobiographie, comme une partie intégrante de la personne. La perception d’une ville est tout à fait personnelle, certes, mais elle occupe aussi dans l’imaginaire de chacun une place toute particulière. Régine Robin se penche sur la nostalgie du flâneur qui, même dans la plus belle ville du monde, ne peut s’empêcher de rêver à une autre ville. Lorsqu’on se trouve à Paris, on s’ennuie de l’effervescence de New York, alors qu’une fois dans la Grosse Pomme, on désire retrouver l’accent de Londres.
Tout est mémoire et perception dans ce dernier ouvrage de Régine Robin ; autant la mémoire de la flâneuse que la mémoire de la mégapole est sollicitée. On peut penser à la mémoire d’Ellis Island, à New York, lieu qui représente un moment historique fort de la ville.
Alors que l’on dit généralement connaître une ville pour y avoir passé beaucoup de temps, Régine Robin s’attarde plutôt aux bonheurs que les mégapoles offrent aux flâneurs, nouveaux ou habitués, sans lésiner sur les détails. Les villes, souligne-t-elle, n’appartiennent pas qu’à ceux qui y habitent et, bien souvent, c’est à travers l’imaginaire et le regard du visiteur qu’elle trouve toute sa beauté, son âme. L’auteure visite ces mégapoles à travers leur système de transport public, en traversant les différentes lignes afin d’étudier ce que chacune d’entre elles a à apporter. La mouvance est explorée dans toutes ses avenues : les balades en taxi, la traverse piétonne de la ville… Toutes les façons de découvrir une ville sont bonnes ! À travers les différents parcours, les détails et les anecdotes, Régine Robin capture l’insaisissable, sans jamais perdre de vue son objectif premier, celui de démystifier les mégapoles. Elle admire ces cités pour la richesse des cultures qu’on y trouve, pour la multitude de réalités qui y cohabitent. Pourtant, cette infinité de possibilités offertes par les mégapoles surprend tout le temps : on y trouve rarement ce que l’on croyait y trouver, et la surprise est toujours de taille dans une ville aux proportions démesurées.
Régine Robin effectue une traversée géographique des villes tout comme elle explore les genres narratifs. En effet, Mégapolis est un véritable recueil de récits prenant leur source dans tout ce que les mégapoles ont à offrir. Que ce soit par l’intégration du cinéma ou par celle de la littérature, Régine Robin repousse les limites des genres, et réinvente l’imaginaire du flâneur.
Cet été, que vous comptiez partir au loin ou encore rester bien sagement dans la métropole, Régine Robin vous propose de voyager à travers son Mégapolis. Si l’ouvrage donne instantanément l’envie de partir, il se conclut sur ces quelques mots de l’auteure : « Et pourquoi pas Montréal ? » Et oui, pourquoi pas ?
Quelques occasions de rencontrer Régine Robin :
8 avril à 19h à la Librairie Olivieri (réservation nécessaire)
9 avril à 9h30 à la salle W‑160 de la Faculté des arts (entrée libre)