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Les petites communautés de Montréal

Souvent, grande métropole rime avec multiculturalisme. Montréal abrite diverses cultures, mais ces communautés, faisant aujourd’hui partie intégrante de notre vie montréalaise, font de l’ombre sur d’encore plus petites collectivités. Le Délit est parti à la recherche de ces communautés plus discrètes. 

Webmestre, Le Délit | Le Délit

En attendant le Kurdistan

Nombre de membres : 1 175

Langues : sorani et kurmandji

Histoire : Que ce soit en Turquie, où ils sont très nombreux, ou en Irak, où ils revendiquent leur propre territoire, les Kurdes voient leurs droits réprimés et bafoués. Dans certains pays, les lois permettent cette exclusion : en Syrie, par exemple, les diffusions en langue kurde sont formellement interdites. Dans d’autres pays, c’est le déni qui règne. En Turquie, même si plusieurs lois favorisent l’émancipation kurde, celles-ci ne sont pas appliquées, et les Kurdes vivent rejet sur rejet et tentative d’acculturation.

L’Institut kurde de Montréal se donne pour mission de « sauvegarder la langue et la culture kurdes, intégrer la population kurde dans la société d’accueil, favoriser le dialogue interculturel, faire connaître à la population les Kurdes, leur histoire et leur situation actuelle, enfin promouvoir des relations étroites avec les pays d’origine ».

Cuisine : La cuisine kurde est très créative. Beaucoup de desserts kurdes sont faits à base de légumes. La noix est à l’honneur dans de nombreuses recettes kurdes, toutes aussi variées les unes que les autres. On dit qu’inclure des noix à un repas lui donne une grande valeur puisque, pendant longtemps, la plupart des Kurdes ne pouvaient se procurer cet ingrédient qui coûtait cher. Le restaurant Avesta (2077 Sainte-Catherine Ouest) offre des plats et des soirées de danse typiquement kurdes.

Découvertes : Point de vue santé, les chercheurs tentent de savoir si la shisha (narguilé) est pire que la cigarette, ou le contraire. Il ne semble pas avisé d’inhaler autant de fumée, mais, à l’occasion, il est très agréable de s’asseoir avec des amis autour d’un narguilé. Le café Gitana (2080 Saint-Denis) se veut un endroit pacifique où il est possible d’en faire l’expérience tout en buvant un café arménien ou un thé turc. Les débats et les frustrations politiques sont laissés de côté, Turcs et Kurdes cohabitent dans le respect au sein de ce café.

La communauté tibétaine

Nombre de membres : 110

Langues : tibétain, hindi, népalais

Histoire : Avant l’arrivée de l’armée chinoise, le Tibet vivait en harmonie selon un modèle féodal qu’on a brusquement chamboulé en 1949. Dix ans plus tard, le Tibet est annexé à la Chine et le Dalaï-Lama, ainsi que 100 000 Tibétains, s’exilent en Inde. De 1966 à 1976, les temples bouddhistes sont pillés et volés, on oblige les femmes à se faire avorter et stériliser, la langue et la religion tibétaines sont interdites. La destruction massive du Tibet fait écho à la Révolution culturelle chinoise. La plupart des grandes villes tibétaines ont fait du chinois leur langue principale, et c’est la Chine qui les gouverne. De nombreux Tibétains, très attachés à leur culture et au Dalaï-lama, se sont exilés ; à Montréal, ils ne sont que 110. Une soixantaine de Tibétains sont arrivés en 1971, dans les années 1980, près de 300 autres ont immigré au Canada, grâce au Dalaï-lama qui a convaincu Pierre Elliott Trudeau, alors premier ministre du Canada, d’accueillir ces derniers pour leur sécurité. Les Tibétains ne sont pas nombreux au Canada, mais ils sont très engagés politiquement et socialement. Ils ont d’ailleurs créé le Comité Canada-Tibet qui entend renseigner la population canadienne sur la situation du Tibet (www​.tibet​.ca/fr).

Cuisine : La cuisine tibétaine, très simple, est principalement constituée de riz et de légumes. Les seules viandes que l’on consomme au Tibet sont le bœuf et le mouton. Le secret de la cuisine tibétaine réside en un mélange d’épices : chili rouge, garam masala, cari et safran. À Montréal, le restaurant Chez Gatsé (317 Ontario Est) a servi de lieu de rencontre aux premiers arrivants, dans les années 1980. Maintenant, il existe d’autres restaurants tibétains, tels que le Shambala (3439 Saint-Denis), qui sert d’excellents dumplings, des mets végétariens et d’autres recettes typiquement tibétaines.

Découvertes : L’artisanat tibétain est centré sur la spiritualité. Les artisans représentent Bouddha sur des coffres, sur des tissus ou encore sous forme de statuettes. Les bijoux, également à l’honneur, sont sertis de pierres précieuses et semi-précieuses aux propriétés multiples. Assez populaires et peu dispendieux, les chapelets de prières tibétains, grands carrés de tissus colorés, décorent très bien un logis. Les mandalas, quant à eux, sont des dessins bien exécutés et d’une parfaite symétrie, qui servent à la méditation. L’art tibétain est certes intéressant pour ses formes et ses couleurs, mais encore davantage pour sa philosophie.

Pour les Tibétains, la religion est indissociable de la politique. Le Bouddhisme est pour eux une façon de vivre, et le Dalaï-Lama représente une autorité. Même si les Bouddhistes ont été chassés du Tibet, les Tibétains qui se sont réfugiés ailleurs continuent d’embrasser leur religion. Pour eux, l’attachement au monde matériel est vain et les émotions trop vives détruisent les hommes. Au contraire, l’amour des gens, de la nature et de soi-même est essentiel au bonheur individuel et collectif. Pour les Bouddhistes tibétains, la méditation est primordiale.

Pour approfondir ces réflexions, visitez Llasa Bhakor (2015 Saint-Denis).

Raphaël Thézé | Le Délit

Bangladesh, l’oublié

Nombre d’habitants : 5 975

Langues : bengali ou bangla

Histoire : L’histoire du Bangladesh est truffée de petites tragédies qui rendent compréhensible leur émigration : catastrophes naturelles et coups d’état se sont partagé la scène de ce pays économiquement pauvre.

Cuisine : Très présents dans le domaine de la restauration, les Bangladais affichent des noms de lieux indiens sur leurs enseignes. Cela dit, même si les mets bangladais sont associés aux mets indiens, ils possèdent des particularités qu’il serait dommage de passer sous silence. Les caris, notamment, diffèrent vraiment d’une région à l’autre. Les lentilles et le poisson sont on ne peut plus présents dans la cuisine bangladaise. On les retrouve accompagnés de riz dans plusieurs mets locaux, tels que le biriyani et le kchichuri. Le poulet, le mouton et surtout le bœuf sont aussi appréciés, le plus souvent cuisinés avec des épices typiquement bangladaises : le cari, l’ail, le gingembre, la coriandre, le cumin, le chili et le curcuma. Plusieurs types de farines ou de grains font également partie des recettes bangladaises. L’éventail de leurs desserts est, quant à lui, très alléchant. Riz, amandes, lait, beurre et fruits s’allient pour satisfaire les becs sucrés. Plusieurs épices se joignent à eux, principalement la cannelle et la cardamome. Le rafraîchissement par excellence des Bangladais est le lassi. Du « doi » est mélangé avec de l’eau, du sucre, et, bien entendu, un fruit ou un légume de son choix. La plupart des lassis sont sucrés, mais cette boisson peut aussi être salée : il y a des lassis au cumin ou au safran. On peut se délecter des mets bangladais au Buffet Maharaja (1481 boulevard René-Lévesque Ouest).

L’union fait la Réunion

Nombre de membres : 600

Langues : français, créole

Histoire : La Réunion est une île française située à l’est de Madagascar et au sud-ouest de l’île Maurice. Il existe, depuis 2004, un accord entre le Québec et La Réunion permettant aux Réunionnais d’immigrer au Québec afin d’y poursuivre des études supérieures. 95% des Réunionnais du Québec sont donc des étudiants. Leur immigration est facilitée par leur connaissance de la langue française et un réseau d’entraide déjà établi qui passe par l’association Réunion-Québec « Nou lé là ! ». Les valeurs que les Réunionnais promeuvent au Québec sont la convivialité, la créativité et le partage.

Cuisine : Les Réunionnais, tout comme les Tibétains, raffolent de grains, de cari et de safran, et leurs repas sont toujours accompagnés de riz. Toutefois, un élément qui démarque leur cuisine des autres est le rougail. Le rougail peut être, d’une part, une salade constituée de tomates en dés, de pistaches et de mangue verte qui sert de condiment aux repas. D’un autre côté, le rougail peut être une recette dans laquelle on retrouve cette salade, comme dans le cas d’un rougail saucisse. Le cari n’est pas seulement une épice utilisée dans les recettes réunionnaises. C’est également ainsi que l’on nomme le met constitué d’oignons, d’ail, de gingembre, de sel et de piments écrasés et qui, habituellement, inclut également une viande telle que le poulet, le porc, ou même des crevettes ou des langoustes. Les Réunionnais ne sont pas friands de desserts, d’entrées, de crudités, ni de fromages. Tout ce qui doit être mangé l’est en un seul service. Le seul restaurant réunionnais à Montréal est le Piton de la Fournaise (835 avenue Duluth Est).

Le Guide du Montréal multiple, par Laura-Julie Perreault et Jean-Christophe Laurence, publié chez Boréal, est indispensable pour découvrir les cultures qui forment un Montréal des plus colorés.

Et de votre côté, avez-vous entendu parler d’autres communautés méconnues ?

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