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De la xénophobie sur scène

Greg MacArthur offre dans Toxique une pièce à sauts et à gambades.

Valérie Remise

Le récit : une mère prend l’autobus du centre-ville un samedi matin ; le nombre de passagers est minimal ; un supposé terroriste d’origine indienne ou pakistanaise contamine l’air d’une substance toxique mystérieuse. Toute la diégèse est ficelée autour de la paranoïa que la mère (Élise Guilbault) développe quant à une maladie qui se révèle psychosomatique, voire fantasmée.

S’ajoutent à ce squelette, un mari et un père (Guy Nadon) malhabile, tourmenté et faible face à la grandeur apparente et à la complexité continue des événements, un fils dans la vingtaine obsédé par son amour pour la télé et le succès social, une fille d’âge semblable tourmentée par la pauvreté en Afrique et l’aide humanitaire ; enfin trois autres personnages : une médecin insensible, un enquêteur stoïque et un dernier personnage, une survivante ridicule de l’accident –encore faut-il que ce soit un incident !

Valérie Remise

La mise en scène de Geoffry Gaquère opte pour des moyens de haute technologie visuelle : de la fumée assombrissant certaines scènes, un toit-écran se transformant d’après les moments de la représentation, un décor futuriste ; tout pour rappeler certains romans d’aventures ou d’espionnage écrits au milieu du siècle dernier et fantasmant les années 2000.

Le discours de la pièce est donc multiple : la xénophobie que les parents développeront envers les peuples des « autres races », l’obsession de la jeunesse pour le glamour, la sensibilité nouvelle pour les pays pauvres, la médecine devenue dénouée d’humanité, etc.

Porté peut-être par une trop grande ambition narrative, ou idéologique, le texte de MacArthur, traduit par Maryse Warda est lourd et sans approfondissement. Le discours théâtral est éparpillé et regorge de clichés : de la xénophobie naissante envers l’Orient, à la sensibilité répandue des jeunes occidentaux quant à la pauvreté mondiale (sensibilité qui d’ailleurs demeure superficielle puisqu’elle répond d’abord, et surtout, à une recherche identitaire individuelle) en passant par la dépossession et l’impuissance des maris et pères d’aujourd’hui. La pièce critique aussi la classe policière et son manque d’humanité ainsi que le monde médical et son mauvais rapport aux patients.

Le texte est lourd et le jeu des personnages ne réussit malheureusement pas à le rendre profond : un des plus grands comédiens du Québec, Guy Nadon, est épuisant et certains de ses déplacements –bien sûr voulant illustrer ses propres préoccupations– tournent hélas au ridicule ! Sans parler des autres personnages dont le jeu demeure douteux : certains dialogues portés d’une façon trop mièvre ou trop dramatique, dans le cri notamment, sont fâcheusement téléromanesques.

La présence d’Élise Guilbault, sa maîtrise du jeu théâtral, sa force à jouer la mort psychologique et physique sauve un peu la pièce et nous aide à passer outre ces quasi deux heures de confusion dramatique et de tumulte imaginaire.


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