Aller au contenu

Le loup-garou du campus

Attention : travaux en cours

Le 14 septembre dernier,  la ministre québécoise de l’éducation Michelle Courchesne et le sénateur David W. Angus se sont rendus dans notre belle université avec un chèque de 103 millions de dollars. Une coquette somme destinée à être investie dans les projets de réparation et de construction de McGill. À titre de référence, la valeur de l’ensemble des bâtiments de l’université est estimée à 1,3 milliards par la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ). Autant dire que l’on n’a pas fini de voir des échafaudages à McGill !

Ces 103 millions proviennent du Programme d’infrastructure du savoir, subventionné aux niveaux fédéral et provincial. Ce programme est l’un des volets du Plan d’action économique du Canada, lancé en janvier 2009 pour stimuler l’économie durant la présente période de crise.

Le stimulus de cette subvention se fera probablement surtout sentir chez les entreprises du bâtiment : il faut dire que les travaux d’entretien des infrastructures ont été tellement négligés que cet argent servira plutôt aux réparations urgentes qu’au développement de laboratoires de pointe. Une exception cependant : 20 millions iront dans la construction d’un nouveau centre pour l’imagerie cérébrale au Douglas Mental Health University Institute.

Même si les réparations des bâtiments sont beaucoup moins « sexy » que ce projet, pour reprendre le mot de Heather Munroe-Blum, elles sont urgentes et exigent beaucoup d’argent. À cet effet, La Presse a publié en juin 2009 les conclusions d’un rapport de la CREPUQ sur l’état des infrastructures universitaires. D’après ce rapport, McGill devrait investir 622 millions dans l’entretien de ses infrastructures. En divisant ce chiffre par la valeur totale des bâtiments de l’université ‑citée plus haut dans l’article‑, on obtient « l’indice de l’état des installations ». Selon cet indice de décrépitude, notre université se place numéro un dans la province avec 46%. Or, l’article de La Presse précise que le « seuil critique » de décrépitude se situe à 10%. « Ce n’est pas surprenant ; de mémoire, depuis 30 ans, on n’a jamais investi ce qui était nécessaire en réfection » fait remarquer Jim Nicell, vice-principal adjoint aux Services universitaires de McGill.

La situation particulière de McGill provient aussi de la présence de bâtiments historiques. En effet, la ville de Montréal oblige l’université à rénover ses infrastructures en respectant leur aspect d’origine. Par exemple, les toits de la Mcdonald Stewart Library et du Old Chancellor Day Hall doivent être refaits avec des ardoises, ce qui coûte environ dix fois plus cher qu’un revêtement conventionnel. « On est toujours en discussion avec la Ville pour essayer de trouver des compromis afin d’entretenir nos structures en respectant le patrimoine tout en évitant des coûts astronomiques » a commenté le directeur général de la gestion des immeubles de McGill, Ron Proulx, interrogé par La Presse.

Même si ces 103 millions sont les bienvenus, ils sont donc loin de pouvoir combler le gouffre financier exceptionnel auquel McGill fait face. L’administration se veut pourtant rassurante et affirme que les gouvernements provinciaux et fédéraux ont à cœur d’en finir avec leurs travaux d’entretien en retard. « Au cours des trois prochaines années, nous projetons de dépenser en moyenne environ 100 millions de dollars par an sur nos campus » affirme Robert Stanley, directeur de la gestion de projets, des opérations des installations et du développement à McGill. Cet argent provenant de Québec et d’Ottawa est spécifiquement destiné à l’entretien des infrastructures et l’université ne peut pas choisir de l’investir ailleurs.

On peut, malgré tout, se demander si cet effort des autorités publiques va durer assez longtemps pour sortir McGill de la crise actuelle.


Articles en lien