« Chacun pour soi et la beauté pour tous. » Voilà ce que pourrait être la devise de la Suède, pensais-je alors que je rêvais d’elle. On connaît tous les grandes blondes filiformes, les champions de sports d’hiver à la carrure découpée au laser dans un rocher de muscles, le design IKEA et la classe Volvo ; pourrait-on me reprocher d’avoir osé fantasmer sur un pays où absolument tout le monde serait beau et gentil ? Je préfère vous laisser répondre dans votre propre intimité.
C’est donc armé de 23 kilos de stéréotypes au bout de chaque bras, bien tassés dans deux valises flambant neuves, que j’ai mis les pieds le 16 janvier dernier à l’Aéroport international de Stockholm pour un séjour de six mois à l’Université d’Uppsala.
Seulement dix petits jours que je suis là et je ne saurais par quoi commencer. L’accueil avant tout : c’est un véritable truc de dingue. Les quelque 400 étudiants étrangers sont arrivés à deux jours d’intervalle, dans la petite ville glacée aux façades colorées d’Uppsala. À peine le temps de récupérer nos clés et de prendre nos quartiers dans nos appartements (meublés mur à mur par IKEA, bien sûr!) que la folle vie étudiante suédoise nous aspirait… De fikas en fikas (cafés et collations à la suédoise –un incontournable de la culture locale!), en passant par des dégustations gastronomiques, des visites de la ville, on ne nous a pas donné une seconde pour souffler. Et pour nous pousser à tisser des liens à la vitesse grand V, chaque jour a donné lieu à des soirées dans des boîtes et des pubs, le tout bien arrosé, il va sans dire.
Toutes ces activités sont organisées par les « nations ». Au cœur de la vie étudiante, ces associations étudiantes sont une sorte de fusion entre les associations étudiantes québécoises et les fraternités et sororités. Elles existent à Uppsala depuis plus de 400 ans (l’«uni » existe depuis 1477!) et rythment le quotidien estudiantin. Chacune à son propre pub, organise des fikas quotidiennes, entretient son restaurant, se transforme en boîte rock, hip hop ou techno du lundi au dimanche… Le tout en treize exemplaires et bien souvent dans des cadres idylliques : de vieilles bâtisses à l’architecture impressionnante, garnies de lustres et de gigantesques portes de bois sculpté.
Côté stéréotypes, il y en a qui hésitent à tomber. Certes, les Suédoises et les Suédois ne sont pas tous des méchants pétards, grands, blonds et athlétiques… Il reste que la population suédoise d’Uppsala (par ailleurs très étudiante, les enfants et les papies sont aussi rares qu’une grande blonde au fin fond de la Chine rurale) domine de loin, en nombre, le contingent de blondes et blonds peroxydés de Montréal. De plus, tout le monde se déplace à vélo, sans considération aucune pour les caprices de la météo. C’est déjà là un argument non négligeable pour alimenter le stéréotype de l’athlète scandinave ! Les cafés ultra-designs, quant à eux, côtoient une architecture vieille de plusieurs siècles.
Ce ne sont là bien sûr que les premières impressions d’un échange qui m’amènera inévitablement à connaître plus en profondeur un pays plutôt méconnu. Je suis désormais prêt à plonger en apnée dans la culture suédoise et je m’engage à partager avec vous mes futures découvertes. À commencer par les cours qui tardent à prendre leur envol, avec seulement deux petites heures d’introduction au compteur mercredi dernier… Hej Då (au revoir)!
Vanaka tient la chronique de la vie estudiantine depuis septembre dernier. Fou amoureux du Délit, il n’a pas voulu le laisser pour un grand et blond magazine suédois.