Des étudiants dormant cinq nuits à même l’asphalte devant la bibliothèque McLennan-Redpath : l’image est pour le moins frappante et inattendue sur le campus d’une université de l’envergure de McGill. C’est pourtant bien l’effet choc qu’ont voulu dix étudiants dans le cadre de l’événement 5 days for the homeless du 13 au 18 mars. Lancé en 2005 par l’Université de l’Alberta, cette action collective est organisée simultanément cette année sur une vingtaine de campus à travers le pays, et espère récolter 200 000 dollars tout en sensibilisant au problème grandissant de la précarité chez les jeunes. Le bilan de l’événement est encourageant, mais nous pousse encore à nous interroger sur notre réel sens de la solidarité.
Malgré les réactions positives, et un encouragement important des étudiants que n’a pas manqué de souligner Nadav Slovin, l’un des participants à l’événement à McGill, l’objectif de collecte de 10 000 dollars sur notre campus n’a pourtant été atteint qu’à 72%. L’hypothèse de l’effet de réaction ou de sensibilisation évidemment plus important lorsqu’il s’agit d’un visage familier ; Nadav Slovin s’interroge sur les raisons qui rendent impossible un aussi haut niveau de soutien pour la cause à Montréal vis-à-vis d’inconnus. « Les citoyens sont très forts pour se voiler face aux problèmes qui ne les touchent pas directement », ajoute Erin Lord en faisant référence au cas de sa propre province (elle est chargée en communication de l’Université de la Saskatchewan et participait à une nuit de l’événement sur son campus). Souvent lié à des situations familiales délicates, le problème est en fait alarmant puisqu’il affecte certains jeunes auxquels on n’aurait pas pensé. En effet, à en croire les statistiques fournies par les pages en ligne de l’événement, 6 à 12% des jeunes hommes et jeunes femmes sans abris fréquentaient l’université ou suivaient une formation de type postsecondaire.
Ne noircissons toutefois pas trop le tableau de l’opération. Au-delà de l’ampleur pan-universitaire, nationale, qu’a pris l’événement, seulement six ans après son lancement, on peut tout de même souligner que l’Université de l’Alberta a dépassé son objectif de collecte de 20 000 dollars cette année. Même constat chez nos voisins de l’Université Concordia où une impressionnante somme de pas moins de 35 000 dollars a été collectée. Autrement dit, tout laisse à penser qu’aucune communauté n’est à court de générosité et que notamment avec une plus grande longévité dans l’organisation de l’événement, McGill et d’autres ne devraient plus rester à la traîne dans leur participation à l’opération durant les années à venir.
Comme le suggère Cédric Moore, chargé de l’organisation à l’Université Carleton, il faudrait « commencer la période de recrutement [de participants] plus tôt » pour gagner en efficacité. Quoiqu’il en soit, chaque Mcgillois ou Montréalais peut d’ores et déjà contribuer à la lutte contre ce fléau tout au long de l’année par le biais de dons sur le site danslarue.com, organisation locale à laquelle les fonds réunis pour 5 days for the homeless à McGill ont été remis.