La semaine dernière, McGill a été mise en vente. Il s’agit d’une des actions symboliques lancées par l’Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante (ASSÉ) pour amorcer les protestations visant à faire reculer le gouvernement Charest sur la hausse des frais de scolarité de 325 dollars par année et par étudiant. Les fédérations étudiantes universitaire et collégiale du Québec (FEUQ et FECQ) ont suivi de près avec notamment l’annonce d’une présence renforcée sur le web, au travers de la campagne 1625canepassepas.ca. Ces fédérations n’ont cependant pas osé emboîter le pas à l’ASSÉ quant à l’appel à une grève illimitée proposée pour le début de la session d’hiver.
Grève ou pas grève ?
Pour l’ASSÉ, une grande manifestation prévue pour le 10 novembre fera office d’ultimatum. Cette manifestation sera accompagnée d’une journée de grève. Par la suite, l’association syndicale passera à un appel au vote, en novembre et décembre, directement auprès des associations étudiantes des différents établissements postsecondaires. Comme beaucoup, Joël Pedneault, VP externe de l’AÉUM, espère que des moyens de pressions plus « doux » suffiront à faire reculer le gouvernement. Cependant, il ne rejette pas la possibilité que les étudiants de McGill participent à cette grève car il estime « qu’il est possible que ce soit nécessaire pour changer la donne ». Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l’ASSÉ affirme ne pas être inquiet de la timidité des autres regroupements nationaux puisqu’il affirme : « Nous n’attendrons pas que la FEUQ ou la FECQ entrent en grève pour le faire. » Afin de concrétiser son plan d’action, l’ASSÉ compte former une coalition de grève, la CASSÉ, qui permettra aux associations étudiantes qui ne sont pas membres de l’ASSÉ de s’y affilier temporairement pour se joindre à la lutte. Gabriel Nadeau-Dubois compte sur l’élan de la première vague de grèves pour rallier les plus timides. Il dit ne pas s’attendre « à ce que tout le monde soit en grève en même temps ». « Mais on est quand même confiants parce qu’on voit, notamment à Concordia et à McGill, des volontés de mobiliser qui n’étaient pas là en 2007. »
Cette annonce a néanmoins avivé le débat sur la hausse des frais de scolarité, comme en témoignent les commentaires en tribune téléphonique ou dans les quotidiens montréalais et régionaux. Dans l’éventualité d’une grève, il reste à voir ce sur quoi l’ASSÉ, les fédérations et les associations s’entendront quant aux revendications à faire pour mettre fin au projet du gouvernement.
La gratuité de l’éducation postsecondaire
Les différentes associations et regroupements sont unis dans leur argumentaire et dans leur désir de faire passer des informations durant la période de campagne imminente sur les campus déjà entamée le semestre dernier. Comme but ultime, ils prônent la gratuité de l’éducation à tous les niveaux pour atteindre l’égalité des chances. Ceci fait déjà partie de la position officielle adoptée par les deux associations étudiantes de McGill, au premier comme au deuxième cycle. À McGill, ce sera principalement le comité de mobilisation (le « mobsquad ») qui sera chargé de la campagne d’information de septembre. Au programme, un panel sur « une université différente » le 28 septembre, une journée entière de discussion sur la hausse des frais de scolarité le 30 septembre et, lors de l’assemblée générale de l’AÉUM, une possible motion de participation à la manifestation du 10 novembre. De telles mesures visent à informer ceux qui, comme le laisse entendre Joël Pedneault, « ne sont pas au courant qu’il va y avoir une hausse au Québec ».
Guérir par l’AFE
Contrairement aux membres de la Commission Jeunesse du PLQ qui soutiennent la décision de leur warti de pallier à la hausse par une bonification du système de prêts et bourses, ni l’ASSÉ, la FEUQ, la FECQ ou la TaSCEQ ne croient à ce pansement. Le porte-parole de l’ASSÉ explique que la hausse cible la classe moyenne qui recevra, au mieux, une augmentation du plafond de prêts. La bonification du système de prêts et bourses « laissera 20% de la population indemne, donc ne nuira pas au plus démunis », mais n’aidera en rien la situation des 80% restant. Bien que cela reste quelque peu en marge du débat, l’ASSÉ a toujours dénoncé les failles de l’Aide Financière aux études, qui repose et reposera de plus en plus sur un système d’endettement.