Les Québécois ont voté massivement aux dernières élections fédérales pour un parti de gauche ultra-centralisateur et semblent vouloir bouder le PQ ainsi que son option séparatiste. Pourtant, la bête ne semble pas vouloir mourir.
Je parle ici de l’ambition de l’Office québécois de la langue française (OQLF) de franciser les raisons sociales des entreprises. S’attaquer à ce phénomène linguistique est ridiculement farfelu.
Je ne vois absolument pas en quoi la survie de la langue française au Québec passe par le fait que New Look s’appelle Lunetterie New Look. Vouloir s’acharner de la sorte sur un aspect purement esthétique d’une compagnie, c’est s’attaquer à un symptôme plutôt qu’au problème et faire croire qu’en masquant la plaie, on a guéri l’infection. Le problème ne vient pas de l’extérieur, il vient de l’intérieur. Il réside dans la mauvaise relation que les francophones ont avec leur langue, puisqu’ils en ont été dépossédés par le gouvernement.
En fait, ce souhait de l’OQLF semble avoir été motivé par autre chose que la seule « protection » du fait français. « À cause de la mondialisation, les grandes surfaces viennent de plus en plus s’installer au Québec où elles utilisent leur marque de commerce (en anglais)» disait la présidente-directrice générale de l’OQLF, Louise Marchand, à la Presse Canadienne. Ici, l’autre motivation apparaît mieux. Il est observé et bien connu au sein des domaines d’étude s’intéressant aux nationalismes que ces mouvements voient comme des menaces la libre entreprise et les investissements étrangers.
L’OQLF pointe donc du doigt la mondialisation. Quoi de mieux pour contrer cette idéologie que du protectionnisme ? À quoi bon des tarifs, des quotas et des subventions quand on peut tout simplement nuire aux entreprises étrangères en leur imposant le fardeau futile de changer leur nom ?
Faut-il vraiment s’en étonner ? Au Québec, le libre-marché n’est pas notre tasse de thé. La responsabilité individuelle non plus, puisque la proposition ne semble pas avoir rencontré trop d’opposition.
Autrement dit, pour l’OQLF, la survie du français ne repose pas dans l’enseignement convenable de la langue dans nos écoles, alors que 54,6% des Québécois ne savent pas lire suffisamment bien pour obtenir un emploi nécessitant de la lecture, et ce n’est pas pour donner le goût aux Québécois de se soucier de leur langue et de la défendre par eux-mêmes. Elle reposerait dans la réglementation de l’affichage et de la raison sociale des entreprises. Ça ne devrait pas être une priorité. Ça ne devrait même pas être un souci.
Frédéric Bastiat, célèbre économiste français, a bien résumé la situation en écrivant que « Protectionnisme, […] Socialisme et même […] Communisme, […] ne sont qu’une seule et même plante, à trois périodes diverses de sa croissance ». Nous pouvons nous féliciter, car nous avons déjà les deux pieds dans la première période et nous sommes à mi-chemin de nous enfoncer dans la seconde.
Et certains appelleront ça du progrès !