Le Plan Nord et ses démons
Le Plan Nord dévoilé en mai dernier par le gouvernement Charest repose sur trois piliers : le développement économique, social et environnemental. Le 9 septembre dernier, le gouvernement libéral du Québec, par le biais du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, annonçait le début des audiences publiques destinées à informer la population sur « l’engagement gouvernemental de consacrer 50% de la superficie du territoire du Plan Nord à la protection de l’environnement ». Voici pour l’environnement. Bien.
Du côté de l’économie, on ne s’en sort pas trop mal non plus. En effet, on peut noter par exemple l’intérêt du ministre français de l’Industrie qui considère avec des grands yeux le « potentiel extraordinaire » du Nord québécois. Mais qu’en est-il du côté social ? Comme le met en lumière le rapport de recherche de l’IRÉC (l’Institut de Recherche en Économie Contemporaine) pour l’Accord économique et commercial global Canada-Europe et ses conséquences pour le Québec publié le 12 septembre, il faut rester prudent dans nos joyeux ébats de nation fringante. L’IRÉC souligne que « La disposition la plus problématique est certainement l’interdiction des prescriptions de résultats », une prescription qui autorise, sans restriction, les industries hors Québec à venir exploiter dans le Nord. Ce qui signifie insécuriser les retombées économiques et sociales pour les populations locales. Ce qui veut dire que l’engouement des Français ne doit pas être pris sans grain de sel.
Gaulois sur le campus de McGill
Le français, cette langue si chère à nos yeux de « linguistiquement minoritaire », fait couler tellement d’encre ces jours-ci qu’il serait traître à mon sang de ne pas écrire quelques lignes à ce sujet. Comme le dit un ami à moi : « Le français à McGill, c’est un peu comme le fromage dans le fond du frigo. On le sent, mais on le voit pas.
L’Office québécois de la langue française publiait un communiqué le 9 septembre sur les pratiques linguistiques au Québec. Notamment, l’Office met en lumière l’arrivée de plus en plus importante d’immigrants allophones et d’une baisse de la pratique de la langue française en général, et plus particulièrement à Montréal. Les francophones semblent être en voie de disparition si l’on se fie au discours alarmiste de Pauline Marois, de Françoise David, de Pierre Curzi et bien d’autres. Toujours, des menaces (extension de la loi 101 au Cégep), des pleurs (Madame Marois et sa grande peur de l’anglicisation urbaine) et des disputes (les membres du PQ qui claquent la porte) pour tenter de préserver notre langue.
Comme si apprendre une deuxième langue faisait oublier la première, comme si empêcher les gens d’apprendre l’anglais allait vraiment renforcer l’harmonie dans la culture québécoise, comme si démoniser l’Anglais avec un grand A pouvait régler quoi que ce soit.
Pour sauver le français, la Coalition pour l’avenir du Québec suggère de « réduire le nombre d’immigrants reçus au Québec à 45 000 par année pour une période de deux ans ». Impératif français, un organisme de promotion de la langue française, stigmatise une nouvelle loi qui vient récompenser monétairement (0,45 dollars par heure) les francophones bilingues à Gatineau : « On en revient à appliquer une discrimination linguistique entre francophones dans une ville francophone. C’est intolérable. »
Et pourquoi ? Pourquoi le bilinguisme ne serait-il pas encouragé ? Pourquoi ne deviendrions-nous pas tous bilingues en troisième année du primaire, célébrant les langues anglaise ET française à la fois ?
Certains discours me rappellent de manière brillante que je suis québécoise et réchauffent mon âme de « minorité culturelle ». Pourtant, me faire rabâcher les oreilles avec des discours passéistes au sujet de la survie de la langue française me turn off complètement. Quand Bernard Landry, lors de la remise du prix Pierre-Bourgault lance « Vive les Loco Locass, vive la culture québécoise », soutient-il la cause souverainiste ou fait-il la promotion de la langue ? Dans une société où on parle notre culture, il me semble primordial de savoir la communiquer à nos copains de l’autre solitude pour, peut-être, joindre les ponts linguistiques.