Si vous ouvrez le Manuel publié par l’AÉUM cet automne à la page 78, vous trouverez dans la section « your health », après quelques pages consensuelles sur la santé mentale, le sexe et le harcèlement sexuel, et toute une page sur l’alcool, un article habilement intitulé « drugs ». Ce billet, « provided by McGill Health Promotion », nous emmène au pays joyeux des drogues récréatives les plus souvent rencontrées, selon eux, par les étudiants mcgillois au cours de leur scolarité.
L’initiative est louable, et les conseils non dénués de bon sens ; cependant, les informations données, imprécises et inexactes, sont de celles que l’on peut trouver en quelques clics sur n’importe quel site internet. Nous apprenons donc, à notre grande surprise, que la cocaïne est un stimulant, que le LSD fait tripper, que le cannabis donne faim, et que les smart drugs ne sont pas si utiles que ça.Ce qu’on aurait aimé entendre, ce sont des informations ou des conseils spécifiques à notre université ou à Montréal, des trucs que les nouveaux étudiants de McGill, d’horizons très divers, ne peuvent apprendre sur Erowid ou Wikipédia. Ce que vous voulez savoir, c’est que la drogue est partout à McGill et à Montréal.
D’abord il y a l’herbe, et notre charmante école est très largement fournie en cannabis de qualité, de culture hydroponique et des meilleures variétés, notamment à travers un incroyable service de livraison dans le ghetto. Oui monsieur, livraison : on appelle, et en moins d’une heure un mec arrive avec un grand sac et tout ce dont vous avez besoin en herbe, hasch, et champignons, tout ça à des prix pas tout à faits concurrentiels.
Ensuite, et là c’est plus risqué, il y a ces première année ou deuxième année qui décident de fournir leur résidence (en quantités très importantes) en cannabis, MDMA, stimulants et tout ce qu’ils peuvent vendre aux nouveaux venus qui ont le budget et qui ne demandent que ça. Enfin, ce que le manuel dont nous parlons ne dit pas, c’est que la drogue est surtout dans la rue, dans les parcs, dans les soirées, partout dans la jungle urbaine on se voit proposer tout et n’importe quoi. Pour le crack, allez voir les putes.
Ce que McGill Health semble ignorer, c’est l’utilisation pas tout à fait illégale de substances tout à fait légales parce que pas encore illégales, à l’état de tests, qu’on appelle research chemicals, et qui sont largement disponibles à n’importe qui sur internet en tant que nourriture pour plantes. Parmi eux, au Canada, le MDPV, le Méthylone, le 5‑MeO-DMT, l’interminable liste des 2C (pas tous), et étonnamment la Méphédrone.
Ce qu’il aurait fallu écrire, c’est aussi les bonnes adresses, au cas où vous souhaiteriez renoncer à l’usage de psychotropes, ou si vous avez besoin d’aide. Vous pouvez bien sûr vous rendre aux services de santé mentale de McGill, au fin fond de l’aile Ouest du bâtiment Brown, ou à d’autres adresses, plus aptes à répondre aux besoins d’usagers de drogues récréatives, comme le Centre Dollard-Cormier d’études sur les dépendances, coin Prince-Arthur et Saint-Urbain, où vous verrez une porte « Urgence Toxico », l’organisme Dianova, qui aide les toxicomanes à retrouver leur autonomie, coin Saint-Laurent et René-Lévesque, et enfin le célèbre Cactus, rue Sanguinet, où usagers de drogues injectables et autres désœuvrés trouvent asile, un îlot de sécurité, de prévention et de tolérance, dans la droite ligne des principes de Harm Reduction.