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La tension monte d’un cran

Une enquête confirme la présence de briseurs de grève. En parallèle, McGill obtient une ordonnance d’injonction contre les grévistes. 

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Hasard du calendrier, c’est quasi simultanément et après vingt-trois jours de grève que les deux nouvelles sont tombées. Après sa visite du campus, un enquêteur du Ministère du Travail a confirmé la présence de briseurs de grève. Sur les 109 employés interrogés, l’enquêteur relève quinze infractions au code du travail.

Victor Tangermann
Michael Di Grappa, VP Administration et Finances, indique que l’administration conteste chacune des quinze allégations. « Il y a un nombre d’erreurs factuelles dans ce rapport. Ce document n’a pas de valeur légale, seule la Commission des relations du travail peut statuer. Demander la venue d’un enquêteur est une vieille tactique bien connue des grévistes. »

Kevin Whittaker, président de MUNACA, est satisfait des conclusions et confirme que le syndicat portera l’affaire devant la commission dans les jours qui viennent.

Le même jour un juge accédait à la demande de l’université en émettant une ordonnance d’injonction interdisant aux grévistes de MUNACA entre autres de se tenir à moins de quatre mètres de toute propriété de McGill en groupe de plus de quinze personnes ou encore d’utiliser un mégaphone à moins de vingt-cinq mètres de ces mêmes propriétés.

Michael Di Grappa indiquait dans un courriel envoyé à l’ensemble de la communauté mcgilloise que l’université avait soumis cette requête « avec réticence ». Il explique au Délit par téléphone : « Nous avons agi avec pour seule préoccupation la sécurité de nos étudiants, employés et visiteurs. Le nombre même de grévistes qui piquetaient sur Durocher ou University, près de 400, empêchait l’accès au campus de certains camions de livraisons. Parfois cela forçait les gens à marcher sur la piste cyclable ce qui pose un problème évident de sûreté ».

Le syndicat tente d’y voir le signe d’une avancée. Sur le site internet de MUNACA, on peut lire « Premier constat : nos mesures de grève ont porté fruits puisque l’employeur s’est adressé à un tribunal pour nous faire taire. » Kevin Whittaker est en désaccord avec la décision du juge. Il estime que celle-ci limite leur droit d’expression. « Cela va changer la façon dont nous formons les lignes de piquetage. Il va nous falloir être plus créatifs dans la façon dont nous diffusons notre message. »

Ce lundi, premier jour de piquetage depuis l’entrée en vigueur du jugement, les grévistes étaient éparpillés en petits groupes de moins de quinze personnes sur Université, Sherbrooke et les autres axes bordant le campus.

Beaucoup se disent sidérés par l’attitude de l’Administration. Ce matin, semblait-il, la pression avait monté d’un cran et les grévistes avaient retrouvé un nouveau souffle pour la poursuite de la grève. « On va respecter l’injonction parce qu’on a pas le choix mais on ne va sûrement pas se laisser faire » martèle une employée en grève. Kevin Whittaker conclut : « C’est quand même ironique qu’une institution académique fasse appel à une ordonnance d’injonction pour réduire au silence des individus et leurs idées ».
Interrogées sur les conséquences de ces deux événements à la table des négociations les deux parties veulent croire que l’ambiance des pourparlers n’en sera pas affectée.


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