Du « brass metal », voilà ce que nous suggèrent les membres du groupe montréalais Falstaf. Accompagné d’un joueur de trombone, surnommé affectueusement le « tueur à gages », le groupe nous propose leur premier album, Bastard sons of a pure breed, une tentative d’innovation dans un genre musical déjà saturé de sous-genres.
La combinaison heavy metal et instruments cuivres n’est pas une première sur la scène musicale (pensons notamment au Diablo Swing Orchestra), mais Falstaf ne prend pas une tournure avant-gardiste extrême comme certains de ses contemporains. C’est plutôt auprès des amateurs de la scène metalcore locale que le groupe tente de se faire connaître, ayant d’ailleurs déjà tourné avec des groupes tels que Blind Witness ou Arsenic 33.
C’est donc piqué par la curiosité que je suis allé assister au lancement de leur album, celui-ci ayant eu lieu samedi dernier au Café Chaos. Le groupe avait fait suivre une copie virtuelle de l’album au préalable, ce qui m’a permis de me donner une idée de la dégustation auditive qui m’était promise.
Pour la première partie de la soirée, c’est le groupe neometal Kintra qui était chargé de la mission de réchauffer la salle, ce qui a été fait avec succès. J’ai d’ailleurs été très rapidement séduit par les textes profonds et réfléchis (malheureusement mal entendus en raison de la nature musicale du groupe), qui, contrairement à bien d’autres groupes locaux, avaient le mérite d’être en français.
C’est vers 10 heures 45 que le plat de résistance a fait son apparition sur scène. Alors que le groupe entame une pièce introductive, le fameux tromboniste, habillé en complet et couvert d’une cagoule pour l’occasion, fait une entrée solennelle à travers la foule. S’en est suivi un flot incessant de musique brutale, merveilleusement accompagné par leur compatriote insolite, mais au combien juste avec son instrument. Une performance bien de chez nous, avec des musiciens chaleureux et bons vivants.
L’ensemble du son de Falstaff n’est pas doté d’une originalité totale, surtout compte tenu de ce que la scène metalcore nous offre présentement. Malgré tout, sans redéfinir le genre, Falstaf livre un opus bien rendu, avec quelques pièces vraiment intéressantes. Des chansons telles que « My demons » ont donné grande satisfaction à mes oreilles. Un trombone aux airs des bons vieux groupes punk/ska mélangés à un métal lourd et énergique m’ont donné foi en la capacité de Falstaf de créer un certain renouveau dans un style de musique qui s’essouffle. En ce qui concerne la version CD de l’œuvre du groupe, légère déception : le son si particulier du trombone est bien timoré comparé à la belle prestation à laquelle j’ai assisté, ternissant par la même occasion le plaisir d’écouter l’album.
Falstaf est un groupe talentueux, mais qui pour le moment passera probablement inaperçu, faute de sonner un peu générique à côté des autres groupes du genre. Falstaf n’est pas à négliger pour autant, et saura plaire aux amateurs de Blind Witness et autres groupes metalcore locaux. Je crois qu’un potentiel certain sommeille encore, et qu’un futur opus avec un trombone plus présent pourrait nous donner un résultat plus intéressant, comme ce fut le cas avec « My demons ».