Le conseil législatif de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a voté pour la signature du protocole d’entente (Memorandum of Agreement). Ce document régissant les relations entre l’administration et l’association est valable cinq ans. Arrivé à échéance l’an dernier, les négociations pour renouveler celui-ci avaient commencé dès le début du mandat de l’équipe exécutive précédente, menée par Zach Newburgh.
Depuis janvier 2010, les pourparlers sont au point mort. La cause ? Le nom de 132 clubs dont l’administration exige le changement. La raison principale invoquée est l’utilisation de la marque McGill. L’AÉUM a publié un communiqué expliquant la logique de l’administration.
Selon l’AÉUM, cinq arguments sont le plus souvent avancés.
Premièrement, la collecte de fonds : l’administration s’inquiète de ce que des donateurs aient l’impression de financer McGill quand, dans les fait, ils financent un groupe étudiant. La crainte est que des mécènes potentiels refusent de faire un don parce qu’ils ont déjà donné.
Deuxièment, la responsabilité : l’administration qui ne veut être poursuivie en justice suite aux actes commis par des étudiants membres de groupes portant le nom de McGill. L’AÉUM, qui a un contrat d’assurance pour tous ses clubs et services, estime que l’argument est infondé.
Troisièmement, la réputation, l’argument le plus controversé : McGill exige que certains groupes qui ne portent même pas le nom de McGill changent leur nom. L’AÉUM en conclut que l’activité même des groupes est ce qui dérange l’administration. Parmi eux, Animal Liberties qui devra troquer son nom pour Students for Animal Liberties.
Quatrièmement, la clarté : l’administration veut s’assurer que personne, à aucun moment, puisse penser qu’un groupe d’étudiants fasse partie de McGill. Nul groupe, dont le nom comporte la marque McGill ou pas, ne peut dire faire partie de McGill. Une exigence qui laisse un goût amer dans la bouche de bien des étudiants. Josh Redel, président de l’EUS, l’association des étudiants en génie, était venu au conseil législatif avec une dizaine d’autres ingénieurs pour manifester son inquiétude. Citant une affiche promotionnelle publiée par McGill il rappelait que : « nous sommes la raison d’être de l’université. Sans étudiants, tous ces administrateurs n’auraient pas d’emploi ».
Finalement, la cohérence : pour réduire le risque de confusion, l’administration veut que tous les clubs suivent le même modèle. Une liste d’options leur est proposée (« McGill Students for […]» ou encore «[…] @ Mcgill » pour les groupes politiques.
Le conseil législatif a donc décidé de mandater la présidente de l’AÉUM pour signer le document. La menace de l’administration de ne pas signer le bail du bâtiment Shatner aura sans doute pesé dans la balance.
Les 132 groupes concernés ont jusqu’au 10 novembre pour faire connaître le nom qu’ils choisiront. L’université a proposé de rembourser les coûts du changement de nom (nouveau nom de domaine sur internet, impression de nouvelles brochures, etc.) à hauteur de 25 000 dollars… à condition que l’argent soit dépensé avant le 15 novembre.
Maggie Knight s’est dite déçue d’avoir à signer ce document mais estime qu’il n’y avait plus grand-chose à faire. « Dans ces négociations, tout a été tenté ; mais l’administration ne souhaite tout simplement pas négocier. C’est non et puis c’est tout. » Carol Fraser, vice-président de l’AÉUM en charge des clubs et services expliquait dans son communiqué combien il était difficile pour elle d’accepter cet état de fait, puisqu’elle s’était engagée à défendre le nom des clubs pendant sa campagne.
Josh Redel vient de lancer avec l’EUS la campagne « We are all McGill » en écho au courriel envoyé il y a quelques jours par la principale pour fustiger les « menaces et les actes de vandalisme » des grévistes de MUNACA. Le président confie au Délit que « traiter les étudiants comme un risque, une responsabilité pénale, c’est dégueulasse ». Il assure que, quoi qu’il arrive, la campagne continue.