Pour sa deuxième édition, le Forum Social Québécois s’est déroulé cette année à Montréal du 8 au 12 octobre. Cet événement, qui se veut avant tout un espace collectif permettant de partager et de débattre d’enjeux sociaux, s’adresse, comme le décrit l’organisation sur son site Internet, à « toutes celles et ceux qui croient en une société plus juste, qui s’opposent aux avancées du capitalisme néolibéral et à toutes les formes d’oppressions, que ce soit au Québec ou dans le monde, et qui désirent construire ensemble le projet d’une société démocratique et solidaire ».
Avec ses 350 ateliers, soit trente-cinq de plus qu’en 2007, l’organisation a souhaité attirer au moins 5000 personnes. Bien qu’une estimation de la participation soit difficile à effectuer avec précision, le forum a été un succès selon Ariella Orbach, bénévole pour le Forum, dans la mesure où il a su attirer des gens qui ne venaient pas nécessairement du réseau activiste qui s’implique régulièrement dans ce type d’événement. Mme Orbach explique que « le mot s’est passé en dehors des grands médias », le mécanisme du bouche-à-oreille ayant bien fonctionné.
Même si des efforts ont été déployés pour encourager le rapprochement des experts et des organismes, notamment à travers des « soirées de convergences » où des panélistes de différents milieux étaient encouragés à débattre de solutions à divers enjeux –comme la crise du capitalisme–, il semble que ces activités conjointes n’aient pas été aussi populaires qu’espéré. Ariella Orbach explique qu’«il y a tellement de sujets que les gens sont éparpillés ». À cela s’ajoute également le fait que le Forum ait dû être tenu dans deux sites différents, soit à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et au Cégep du Vieux Montréal, à cause du manque de locaux. Malgré tout, « l’événement s’est bien déroulé », a affirmé Mme Orbach.
Pour terminer le forum en beauté et attirer l’attention de la population sur les nombreuses problématiques sociales qui sont toujours d’actualité, une marche de manifestation a été organisée au centre-ville. Petits et grands étaient au rendez-vous. À voir les slogans sur les pancartes, les causes qui les unissaient étaient bien diverses : droits des autochtones, abolition du capitalisme, émancipation de la femme et même utilisation de produits hygiéniques réutilisables !
Liliane Dufour, une manifestante, a affirmé que si rien ne change, « on va le regretter : il n’y aura plus rien à faire ». Bien qu’elle trouve que peu de changements politiques ont été réalisés depuis dix ans, elle demeure optimiste, car « nous sommes de plus en plus nombreux à nous soulever ». D’autres comme Guy Desrosiers sont plutôt pessimistes face à nos chances de survie avec le capitalisme. Pourquoi s’impliquer dans les mouvements sociaux alors ? « Parce qu’on retrouve une certaine béatitude à être en action », explique-t-il.
Simon Mullen, un Innu de la Côte- Nord, s’est quant à lui retrouvé à la manifestation par pur hasard. Ce qu’il souhaite par-dessus tout pour la cause autochtone, c’est que ce peuple « soit égal à tout le monde », qu’il y ait moins de discrimination. Il encourage la tenue d’événements comme le FSQ parce que « ça peut réveiller le monde ».
Ana-Maria D’Urbano, une Argentine vivant au Québec depuis plus de vingt-cinq ans et impliquée dans la Fédération des femmes du Québec (FFQ), est une éternelle optimiste, bien qu’elle soit consciente que la tâche qui les attend est ardue. « Il faudra provoquer un effet de bascule pour faire une pression mondiale », estime-t-elle. Elle ne croit pas qu’un changement arrivera par la sphère politique, mais plutôt par la communauté et elle souhaite que les États endossent davantage leur rôle social.
Finalement, bien que le FSQ en soit seulement à sa deuxième édition, il semble que l’idée d’un espace collectif de débat pour les causes sociales en séduise plus d’un. Même si peu de changements concrets sont amorcés après une fin de semaine, le Forum a au moins l’avantage de réunir les associations et citoyens engagés sous un même toit et de leur donner l’opportunité de penser à une stratégie d’action plus globale.