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Politi​.com

Un cliché vaut mille potins

J’adore les potins. Comme tout jeune homme, j’ai honte de l’admettre mais je ressens un malin plaisir voyeuriste à décrypter l’actu people. Ca me donne également un sujet de conversation assuré avec mes grands-mères qui sont tout aussi informées que moi sur le sujet. Bien qu’elles ne comprennent pas grand chose des nouvelles célébrités telles que Lady Gaga ou les Kardashian, une bonne petite discussion sur les infidélités du Prince Charles ou le nouveau look de Madonna reste parmi les incontournables du déjeuner du dimanche midi. Il y a deux semaines, je n’ai pas eu besoin de faire semblant de tomber par hasard sur perezhilton​.com ou de me retrouver « forcé » à lire People Magazine chez le coiffeur afin de découvrir le nouveau « scandale » du moment. Il m’a suffit de lire la colonne politique des journaux.

Alors que cette semaine là les dossiers « chauds » étaient en grand nombre avec l’Assemblée générale des Nations Unies, le sujet qui a le plus fait parler les blogues n’est rien d’autre qu’un simple cliché. Non, cette photo ne présentait pas un chef d’État en train de manger un beignet chez Tim Horton’s pendant le discours du Président américain, mais bien un banal portrait du couple Obama avec le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, sa femme et ses deux filles mineures. Premier ministre depuis 2004, Zapatero avait depuis réussi à protéger l’image de ses filles à l’abri de l’exposition médiatique, mais voilà : un petit moment d’inattention (l’image, mise en ligne sur le compte Flickr officiel de la Maison Blanche, a été retirée dans les heures qui ont suivi) et ça se paye cash le lendemain à la une des journaux.

La polémique ? Après avoir pris conscience de la bourde, l’administration espagnole a demandé à la Maison Blanche de retirer le cliché, et aurait prétendument demandé à l’agence de presse espagnole EFE de ne pas diffuser la photo de famille. Malgré ces efforts, la photo à terminé en couverture des quotidiens El Mundo et ABC, les visages des deux filles étant pixellisés. Cette image qui n’a quasiment aucun intérêt en termes d’information politique, n’a fait rien d’autre que d’engendrer un débat sur la tenue vestimentaire des filles, habillées dans un style pouvant être qualifié de « gothique sobre ». Bien que je doive avouer que pour un dîner officiel de chef d’État, les filles du Premier ministre espagnol auraient pu choisir autre chose que des chaussures militaires, leurs tenues n’étaient pas du tout choquantes. Des analyses politiques pertinentes ont ensuite fleuri sur Internet : « Si ce type n’est pas capable de convaincre ses filles de s’habiller décemment pour une photo, comment va-t-il sortir le pays du pétrin actuel ? », se demandaient certains. Durant une semaine bien chargée lors de laquelle on a vu Palestiniens et Israéliens reprendre les négociations et où on a appris la nucléarisation de l’Iran, il est intéressant de voir que c’est un sujet trivial d’ordre privé qui a fait la une de l’actualité.

Mais d’où vient ce besoin de « potiner » sur nos personnalités politiques ? Avant même Internet, il y a eu l’incident des reporters venus en nombre assister, tel un important événement médiatique, à la rentrée des classes de la fille du président américain Carter ou encore, l’an dernier, le scandale des poupées à l’effigie des enfants du couple Obama. De quelle protection jouissent donc les enfants mineurs de figures politiques ? Il n’y a pas vraiment de loi sur le sujet et les attitudes des uns et des autres peuvent être très différentes à cet égard. À part pour ce cliché, Zapatero a en quelque sorte établi un accord tacite avec la presse espagnole afin de protéger ses enfants de l’exposition médiatique. Mais aux États- Unis, Obama ne manque pas une occasion de faire référence à ses deux filles dans ses discours. Il a même utilisé leur image pendant sa campagne présidentielle. La seule chose certaine c’est qu’avec Internet, ayant devenu un véritable gisement de potins, et avec la vedettisation du politique, il est difficile pour une figure politique de rester discret au sujet de sa vie privée. La semaine prochaine c’est promis, je vous trouverai une photo d’Obama en pyjama.


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