Annie Li - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 03 Apr 2012 13:28:31 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 La mode est au muet https://www.delitfrancais.com/2012/04/03/la-mode-est-au-muet/ Tue, 03 Apr 2012 13:16:36 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=12481 Après le succès du film muet The Artist, Jabbarnack! s’inscrit dans cette tendance au mime.

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Omnibus est une compagnie de théâtre montréalaise, fondée il y a plus de quarante ans, qui verse dans le mime, et qui fait donc figure de pionnière dans le domaine du théâtre gestuel. La pièce Jabbarnack! est leur plus récente production. Pour qui n’est pas familier avec le mime, la pièce peut s’avérer un peu déroutante; l’économie de répliques est en effet assez surprenante.

Photo: Catherine Asselin-Boulanger

Tout d’abord, à l’origine de la pièce repose le célèbre poème Jabberwocky de Lewis Carroll, paru en 1871. Les illustres vers font appel à une langue inventée, et donc à des interprétations multiples autour de l’action-clé où un fils, à la demande de son père, coupe la tête d’un monstre, le Jabberwock.

Pour la production d’Omnibus, Jean Asselin, co-fondateur de la compagnie et metteur en scène avec Réal Bossé, a traduit le poème en version québécoise en respectant l’esprit de Carroll. Ainsi, au début de la pièce, Sylvie Moreau et Marie Lefebvre, respectivement la deuxième fille et la mère, récitent les poèmes en version québécoise et anglaise. Les vers se feront réentendre par la voix du père sur une bande sonore tout au long de la pièce.

Grâce à la gestuelle éloquente des comédiens, il est facile d’imaginer l’histoire qu’Asselin et Bossé ont voulu mettre en scène: la fondation d’une famille, dont les membres s’avéreront tous être fous, au point d’en venir à l’inceste. Pourquoi avoir choisi d’exhiber des rapports aussi tordus reste incertain, cela découle peut-être de la mystérieuse première strophe du poème.

Les mimes font preuve d’une belle richesse des mouvements, quoique les différents comportements des comédiens laissent parfois songeur, comme la mère se mettant soudainement à miauler. Après quelques minutes, les incessants coups, claques et ricanements hauts perchés, formant la majeure partie des premiers quarts d’heure de la pièce, finissent par lasser.

Puis, le jumeau, cadet et mouton noir de la famille incarné par Anne Sabourin, sera bien entendu envoyé dans la forêt par le père pour tuer le monstre Jabbernack. Sabourin, qui ne dit pas un mot de la pièce, a les meilleures expressions faciales, qui, tout en subtilité, personnifient un jeune homme frêle et résigné qui deviendra pourtant le plus brave d’entre tous. La forêt est adroitement symbolisée par le début d’un labyrinthe aux hauts murs.

Photo: Catherine Asselin-Boulanger
Jabbarnack n’est pas une créature horrible, mais plutôt le monstre caché au fond de nous: «Moi, dans le métro, je fais semblant de dormir pour ne pas céder ma place aux vieux». «Moi, je l’ai acheté le Magic Bullet». Le jumeau tirera son épée sur tous les êtres humains qui, dévoilant littéralement leur visage, crachent des hypocrisies de tous les jours: « Je ne te juge pas, je t’accueille».

La scène avec les deux connaissances qui se rencontrent par hasard et qui se lancent des convenances dégoulinantes de malaise est particulièrement réussie. Les comédiens sont aussi confortables avec leurs corps souples qu’avec leurs répliques lancées avec conviction.

Mais ce qui s’annonçait comme une critique cinglante de notre société faussement complaisante et pleine de bons sentiments, malgré une bonne lancée (avec en prime Sylvie Moreau qui chante l’Internationale), ne va toutefois pas très loin. On aurait voulu en avoir plus à se mettre sous la dent.

Il y a disproportionnellement trop de mimes qui racontent la petite histoire par rapport aux répliques étayant le Jabbarnack d’aujourd’hui. Il n’empêche que l’interprétation d’un classique de la poésie en mime à laquelle s’ajoute une critique sociale actuelle est une idée qui a du mérite.

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Road trip en Minganie https://www.delitfrancais.com/2012/03/27/road-trip-en-minganie/ Tue, 27 Mar 2012 14:49:59 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=12192 À la découverte de la Côte-Nord et de ses habitants

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À la recherche d’une destination exotique pour vous dépayser cet été? Pourquoi donc pas la Minganie? Il ne s’agit pas d’un département français d’outre-mer, mais bien d’une région peu connue du Québec, faisant partie de la Côte-Nord, et dont le joyau est l’Archipel-de-Mingan, géré par Parcs Canada. De grands espaces à explorer en perspective, le nombre d’habitants étant si peu élevé qu’on s’imagine être le premier aventurier arrivant dans une contrée vierge… en voiture. Voyager en Minganie, c’est aussi l’occasion de se familiariser avec la culture innue, de se mettre au parfum des luttes sociales et du développement économique d’une région qui a tant à offrir.

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En partant de Québec, la route est facile à suivre: il n’y en a qu’une, la 138 ou la célèbre Transcanadienne. Cap vers le nord-est. Il faut faire attention, on y roule très vite, les habitants de la Côte-Nord étant des champions des longues distances. Pour eux, conduire est une seconde nature.

La route est longue lorsque l’on part de Montréal. Une petite pause dans la région de Manicouagan avant d’arriver en Minganie est de mise pour s’acclimater au rythme de la Côte-Nord. À Bergeronnes, on peut s’arrêter pour la nuit au camping rustique Mer et monde Écotours, où les sites de camping offrent une intimité toute chaleureuse. L’écotourisme ou le tourisme responsible est une forme de tourisme qui vise à faire découvrir un milieu naturel tout en préservant son intégrité, qui comprend une activité d’interprétation des composantes naturelles ou culturelles du milieu (volet éducatif), qui favorise une attitude de respect envers l’environnement, qui repose sur des notions de développement durable et qui entraîne des bénéfices socioéconomiques pour les communautés locales et régionale. En effet, le tourisme hors des sentiers battus est une façon pour les petites entreprises de la Côte-Nord d’attirer les visiteurs du Québec et de France et le camping de Bergeronnes en est un bon exemple. Il est possible de s’installer sur des plates-formes de bois à flanc de rocher, avec une superbe vue sur le fleuve. Lorsque le soleil se lève, on a l’impression d’entendre des chevaux s’ébrouer à l’extérieur de la tente. On sort alors en courant; ce sont plutôt les baleines qui offrent un merveilleux spectacle dans le St-Laurent.

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C’est aussi l’occasion de s’initier au kayak de mer. Le kayak de nuit est une manière originale d’observer de près le phénomène de la bioluminescence marine. Grâce à des organismes microscopiques émettant de la lumière et vivant en symbiose sur les baleines, celles-ci deviennent visibles sous l’eau la nuit. Pour les initiés ou les intéressés, il est aussi possible de suivre la Route des baleines en pagayant de Tadoussac à Natashquan.

S’ensuit une longue route de neuf heures pour arriver à Havre-St-Pierre, la «métropole» de la Minganie, forte de ses 3301 habitants, et situé à 651 kilomètres de Tadoussac. Avant d’y arriver, on s’abreuve des magnifiques paysages, toujours en longeant le fleuve. On traverse les magnifiques falaises du secteur des Panoramas entre Franquelin et Baie-Trinité. Les gourmands sont facilement comblés en s’arrêtant aux cantines qui offrent, en plus des éternelles frites, des spécialités locales comme la guédille au crabe frais (variante du hot-dog avec du crabe à la place de la saucisse). Si on a le temps, on arrête à Sept-Îles pour visiter la Maison de transmission de la culture innue, ou Shaputuan. Les Innus, ou anciennement Montagnais selon la désignation européenne, sont la nation autochtone la plus populeuse au Québec. À la sortie de Sept-Îles, une poignée d’Innus manifestent contre le Plan Nord et le barrage de la Romaine sur les rebords de la route 138 et ce malgré le fait qu’Hydro-Québec ait élaboré une opération de charme auprès de la population en promettant des retombées économiques par la création de plusieurs centaines d’emplois.

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Madame Dupuis, qui opère le Gîte Dupuis dans sa maison d’Havre-St-Pierre, dit dépendre de l’afflux de travailleurs saisonniers, c’est-à-dire de la construction, afin de boucler son budget annuel. En Minganie, on est conscient des répercussions environnementales et des impacts sociaux du méga-projet hydro-électrique et de l’exploitation minière. Par contre avec les travailleurs, arrive l’argent. Gilles, l’homme-à-tout-faire du Camping de la Minganie, dit cependant que le projet de la rivière Romaine ne profitera pas tant à la région, puisque ce sont surtout des travailleurs de l’extérieur qui seront embauchés.

Après Sept-Îles, les villages et les réserves innues se font plus éloignés les uns des autres. Les descendants d’Européens qui peuplent la côte sont les Paspéyas originaires de Paspébiac en Gaspésie, et les  «Cayens», les Acadiens des Îles-de-la-Madeleine, entre qui règne une rivalité amicale. En traversant les réserves innues, on y voit parfois des pancartes prévenant de l’effet de l’alcool et des drogues sur la santé. Elles mentionnent aussi que ces derniers n’ont pas leur place dans les communautés.

Les Innus avaient toujours subsisté de la pêche et de la chasse, pour ensuite se tourner vers la traite des fourrures et la pêche commerciale contre des biens matériels. Avec le retrait de la Compagnie de la Baie‑d’Hudson, le vingtième siècle voit arriver l’industrie forestière, puis hydro-électrique, et finalement minière. Après ces brusques changements, les amphétamines, la marijuana et l’inhalation d’essence font aujourd’hui des ravages chez les jeunes. Il reste donc encore bien du travail à faire pour améliorer l’équilibre entre transmission du savoir ancestral et vie moderne, tout en favorisant des liens étroits avec les cellules familiale et communautaire, et en maintenant une participation active dans le Québec actuel. Une des solutions apportées est la mise en œuvre en 2011 du Programme de langue innue au primaire, élaboré par l’Institut Tshakapesh et le Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport, afin de renforcer l’identité linguistique et culturelle des jeunes Innus.

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Après la traversée de l’embouchure de la rivière Romaine, c’est l’entrée de Havre-St-Pierre qui vous accueille. C’est l’endroit idéal pour découvrir la Réserve de parc national du Canada de l’Archipel-de-Mingan, parc d’une trentaine d’îles et d’un millier d’îlots de calcaire, merveille unique au monde trop bien cachée du public. Le centre d’interprétation, où tous les kiosques des compagnies touristiques ont pignon sur rue, est facilement accessible. On monte sur le navire fabriqué des mains du fondateur de la compagnie et après un voyage de 45 minutes, on débarque sur l’île Niapiskau, qui abrite parmi les plus beaux monolithes, et où une guide de Parcs Canada explique l’histoire géologique de l’Archipel-de-Mingan, formé de calcaire il y a de ça 400 à 500 millions d’années. Par la suite, une petite formation botanique est donnée sur l’île Fantôme, où on peut reconnaître des dizaines de plantes de bord de mer. Certaines sont uniques en raison du calcaire dans le sol. Il y pousse entre autres la campanule à feuilles rondes, l’iris à pétales aigus, le thé du Labrador, la mertensie maritime au délicieux goût d’huître, et le séneçon faux-arnica. En fait, la flore de l’Archipel compte 400 espèces différente, dont 100 qui sont considérées rares. On y trouve de plus des fossiles de céphalopode et de gastropode dans la roche.

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De retour sur le bateau, le guide pêche des oursins en plongeant une vadrouille dans le fleuve. Il faut oser goûter à ce délice des mers, la partie orange goûtant comme un caviar fin et délicat, une véritable révélation. Le guide dit d’ailleurs que les pêcheurs de la Côte-Nord font du commerce d’oursins à fort prix avec le Japon.

Il faut rester plusieurs jours dans le coin pour profiter pleinement de ce que l’Archipel a à offrir. Les plus aventureux parcourront les îles en kayak et camperont seuls sur une île, alors que les biologistes en herbe feront une sortie en mer avec les scientifiques de la Station de recherche des Îles Mingan. D’autres découvriront les fonds marins du golfe du St-Laurent en plongée sous-marine : concombres de mer, longs laminaires, étoiles de mer, anémones, méduses.

Plusieurs compagnies offrent à partir de ce village des excursions en pneumatique vers l’île aux Perroquets en passant par des îlots occupés par des guillemots, des mouettes, des macareux moines, emblème de l’Archipel, et des loup-marins (phoques), jadis chassés par les Innus. Par la suite, on débarque sur l’île Nue avec la possibilité de faire le tour de l’île à pied pendant quatre heures (7km). Les paysages sauvages sont d’une extrême beauté et ce, tout le long du littoral formé de roches et parfois de sable. L’île est dite nue car il n’y pousse aucun arbre, seulement de la végétation de lande. L’écosystème est si fragile que le visiteur n’a le droit que de marcher en bordure de mer. Par journée ensoleillée, le décor semble irréel, les monolithes saillent clairement dans l’air pur, la blancheur du rivage et le lapis-lazuli de l’eau n’ayant rien à envier à Cuba. Entourés de ces géants de calcaire, on ne peut que se sentir humble devant une nature si majestueuse.

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Au gré de ces journées de découverte paisibles, il pourrait arriver de vouloir rouler jusqu’à la mythique Natashquan. Dans ce cas, il faut penser au niveau d’essence de la voiture car les stations-service sont rares le long des 150 kilomètres de tourbière qui séparent Havre-St-Pierre du village de Gilles Vigneault. Jamais autant de mouches ne se sont écrasées sur un pare-brise… On songe aussi à louer l’audioguide routier  Sur la route de Natashqua au bureau d’information touristique de Havre-St-Pierre avant de partir.
Natashquan est un joli village en bord de mer, entouré de dunes de sable rouge et noir et de hautes graminées. L’eau de l’océan plus chaude qu’ailleurs crée un microclimat particulier dans cette ville. La Minganie est aussi le pays de la chicoutée, petite baie arctique de couleur orange poussant à ras le sol. À la Crèmerie La Chicoutai, il est possible de déguster des tartes et de la crème glacée molle à la chicoutée tout en longeant la mer sur une promenade de bois. Au campement Montagnais Manteo Matikap à Natashquan, on a l’occasion unique de se familiariser avec l’univers des Innus en dormant dans une de leur tente traditionnelle sur du sapinage. D’autres activités offertes permettent aux voyageurs de déguster des mets traditionnels en compagnie d’aînés, une initiation à l’artisanat et à la préparation de la banique, un pain amérindien sans levure, et du poisson fumé.

Loin de tomber dans la folkorisation des Innus, Manteo Matikap permet d’améliorer la cohabitation fragile entre Innus et descendants d’Européens et de favoriser le dialogue en faisant tomber les préjugés. Natashquan n’est évidemment pas le seul village qui vaille le détour: si on veut repousser les limites, il faudra alors prendre le bateau pour sillonner la Basse-Côte-Nord, ou aller visiter l’intrigante île d’Anticosti qui hante la brume au loin.

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À l’été 2011, le nombre de touristes était généralement en baisse en Minganie, selon les opérateurs rencontrés. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs dévoilé en novembre dernier la Stratégie touristique québécoise au nord du 49e parallèle: Culture et espaces à découvrir, dotés de futurs investissements de 70 millions de dollars. Ce sera à nous d’aller à la rencontre du Québec et ses multiples nations, ses richesses naturelles cachées, ses saveurs inattendues et pourtant si près d’ici. Le tourisme responsable est une belle façon de faire tourner l’économie locale et de bâtir des ponts entre les régions du Québec.

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Disparu(e)(s): un travail inachevé https://www.delitfrancais.com/2012/03/27/disparues-un-travail-inacheve/ Tue, 27 Mar 2012 14:34:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=12229 L’auteur français Frédéric Sonntag présente au Théâtre Prospero une pièce futile et mal adaptée au contexte.

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Frédéric Sonntag est un jeune auteur français dont les pièces font le tour du monde. Disparu(e)(s) est la première pièce à être montée au Québec. L’intrigue semblait d’abord prometteuse, tournant autour de la disparition d’une gamine dans un stationnement en zone industrielle. Cinq jeunes personnages sont irrésistiblement attirés par l’endroit du mystère et s’y rencontrent malgré le couvre-feu. Même si le metteur en scène présente la pièce en parlant d’espoir, de désillusion, de poésie et de quête d’absolu, la trame s’avère bien mince. Les rebondissements du scénario sont prévisibles et le script tombe à plat.

Photo: Jeremie Battaglia

Le défaut central de cette pièce est de ne pas avoir adapté le texte franchouillard pour des acteurs du Québec. Il est franchement irritant d’entendre ces jeunes habillés en ados de banlieue québécoise parler avec un pseudo-accent français forcé qui dénature la pièce. Les personnages sont donc peu crédibles et l’ensemble fait décrocher du texte à plusieurs reprises. Les comédiens auraient sans doute joué juste s’ils avaient eu la possibilité de s’exprimer de façon plus naturelle. Pas besoin de jouer aux Parisiens pour faire dans la poésie. Et c’est avec bonheur que la conception sonore efficace de Navet Confit donne quelques instants de répit.

Les personnages, qui sont tous de grossières caricatures antipathiques de par leur médiocrité, ont une psyché assez simple. Sonia, par exemple, est une jeune fille qui passe ses journées sur son canapé «pas encore payé» et qui se dit «faite pour disparaître», car elle deviendrait quelqu’un pour les autres et sa vie aurait ainsi un sens. Elle semble en être là car sa mère disait toujours qu’«elle n’arrivera jamais à rien». Bloody Pink, la victime disparue du fait divers, que tous imaginent pure et innocente, participait plutôt à un jeu dangereux et cupide. La meilleure amie de Sonia est la cruche de service, mais aussi la plus saine d’esprit. Freddy, possible tueur, amène la dimension que toute victime est aussi prédateur et vice-versa. Le jeune travesti, quant à lui, veut tellement se faire aimer qu’il souhaite être un objet de désir au point de se faire tuer. C’est bien tout le jus qu’on puisse extraire de la pièce.

Les personnages ne servent qu’à faire avancer le récit, la plupart du temps sans apporter d’autre dimension, et Sonntag finit seulement par leur faire prononcer quelques répliques philosophiques bancales. Par exemple, Vincent-120, le jeune bum, confie à la fin, faire de la course de voitures afin de «s’oublier le temps de quelques secondes». La réplique «On ne joue que pour provoquer l’inconnu», est plus inspirée alors que «La mort est la fiancée du diable», laisse de glace.

Le metteur en scène Martin Faucher a choisi d’intégrer de la danse contemporaine dans la pièce: comédiens qui courent en cercles d’un pas lourd, d’autres qui se jettent contre le mur; tremblotements sur place, roulades sur le sol… du remâché. Le concept du théâtre physique aurait eu du potentiel, puisque les personnages tentent de créer l’évènement, de donner une direction au vide ambiant, mais il était plutôt agaçant de voir les comédiens gesticuler en tous sens tels des poules sans tête.

Le décor minimaliste constitué d’un panier d’épicerie, d’un bout de terrain vague et du réverbère numéro 7, phare dans la nuit et seul point de repère, remplit bien sa fonction symbolique du vide de la consommation, malgré le fait qu’en contrepartie, le stationnement désert n’ait pas été occupé par un jeu scénique concluant. Le propos voulu sur la vie et la mort est trop dilué, nous donnant dès le départ une impression de travail inachevé.

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L’envol des Ukrainiens https://www.delitfrancais.com/2012/03/13/lenvol-des-ukrainiens/ Tue, 13 Mar 2012 12:35:52 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11826 Le Lac des cygnes par le Ballet national d’Ukraine: une performance solide

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La compagnie qui a été renommée récemment est mieux connue sous le nom de Ballet de Kiev. Elle compte une riche histoire depuis 1860 et les danseurs ukrainiens sont éparpillés dans les grandes compagnies de ballet du monde. La compagnie invitée par les Grands Ballets Canadiens a offert du 8 au 11 mars une performance qui a respecté toutes les règles de l’art, couronnée par l’excellent premier rôle d’Odette/Odile, interprété par Natalia Matsak lors de la représentation de vendredi dernier.

Photo: Alexandre Putrov
Fadeur et manque de tonus
Le rideau se lève sur la cour du prince, dans un décor mièvre et aux costumes paysans désuets pour les yeux nord-américains. La robustesse et l’homogénéité du corps de ballet féminin parvient toutefois à les faire oublier, alors que le corps de ballet masculin manquait généralement de tonus.

Denis Nedak, dans le rôle du prince Siegfried, a la noblesse et le lyrisme nécessaires pour exprimer la pureté des intentions princières. Sa technique est par contre plus faible: en dépit d’une bonne élévation et de la puissance de ses sauts, le danseur manque de précision, et ses mouvements sont mal définis. Le soliste Ievgen Lagunov arrive à éclipser ce dernier lors du «pas de trois», par son contrôle absolu, notamment lors des tours en l’air, et par la finesse de ses mouvements.

Lors du passage au deuxième acte, le même décor insignifiant devient soudainement majestueux grâce aux éclairages bleutés, conférant des tons aigue-marine envoûtants à la forêt et au lac enchantés. Le sorcier Rothbart, incarné par Jan Vania, a juste ce qu’il faut de sinistre et menaçant, sa technique étant aussi impeccable que celle de Lagunov.

Photo: Alexandre Putrov
Un duo émouvant
La rencontre entre Siegfried et Odette est émouvante, et c’est Natalia Matsak qui occupera le feu des projecteurs pour le reste de la soirée. L’exécution des pas est quasi parfaite, la danseuse se montre d’une exquise délicatesse et d’une belle retenue, les extensions sont hautes et les mouvements de bras de cygne sont aériens. Le «pas de deux» blanc ne déroge pas à la tradition et constitue un des meilleurs moments du ballet avec son romantisme raffiné.

Lors du bal au château médiéval, quatre princesses sans éclat font la cour à Siegfried, alors que Rothbart arrive avec sa fille Odile, vêtue d’un tutu noir somptueux, et qui se fait passer pour Odette. Des danses folkloriques slaves font patienter avant la perfide danse de séduction d’Odile.

Matsak réussit à se métamorphoser sans surjouer. Le menton est haut, le regard perçant, le sourire malicieux, mais tout en subtilité. Là encore, le «pas de deux» noir, l’élément central du ballet, est solide et d’une grande beauté, comme la série de fouettés bien exécutée, pas vraiment spectaculaire, mais propre.

La dernière scène fait la part belle au corps de ballet féminin, toujours constante, avec ses grandioses nuées de cygnes attristés par la promesse de Siegfried d’épouser Odile. La version du Lac des cygnes dansée par le Ballet national d’Ukraine opte cependant pour un dénouement heureux.

Soulignons l’interprétation réussie de la partition de Tchaïkovsky par l’Orchestre des Grands Ballets canadiens de Montréal et le premier violon Geneviève Beaudry, conduits par le chef invité Oleksiy Baklan.

Finalement, il s’agit d’un classique que les amateurs de ballet connaissent par cœur et le Ballet national d’Ukraine leur a bien servi l’enchantement qu’ils voulaient.

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Songe d’une nuit éclatée https://www.delitfrancais.com/2012/03/13/songe-dune-nuit-eclatee/ Tue, 13 Mar 2012 12:35:44 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11831 La Manufacture nous convie à une joyeuse soirée de théâtre intimiste à la Licorne.

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Titre: Midsummer, une pièce et neuf chansons. Les protagonistes: Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant, duo qu’on avait remarqué dans le film Borderline. Le titre et les comédiens suffiraient sans doute à attirer les curieux. La pièce s’avère être une comédie folk, portée avec bonheur par deux complices entre qui la chimie fait des étincelles.

Gracieuseté de La Manufacture
Le texte coloré de David Greig a été traduit par Olivier Choinière dans un français québécois qui retranscrit avec justesse l’auto-dérision et ses gags incessants. Le thème de la sempiternelle crise de la trentaine et le ton désopilant ne sont pas sans rappeler le film Les poupées russes de Cédric Klapish. Bob est un homme désillusionné qui vit de la pègre. Helena est une avocate spécialisée dans le divorce, délaissée par son amant. Grâce au texte de Greig qui donne accès aux pensées décalées des personnages, ils deviennent tous deux irrésistiblement attachants.

La mise en scène de Philippe Lambert est d’une simplicité redoutable qui met à contribution l’imagination des spectateurs: avec une chaise, une table, deux lampes et un paravent, il arrive à faire voyager le spectateur à Édimbourg, le temps d’une fin de semaine autour du solstice d’été. La course de Bob contre la mort représentée par des marionnettes d’ombres chinoises est à la fois prenante et loufoque. Vu l’étroitesse de la scène, la proximité des spectateurs et l’ambiance bon enfant, on se croirait convié à un cabaret maison chez deux amis artistes parmi les plus talentueux de leur génération.

Le plaisir sincère des deux comédiens à jouer sur la petite scène ne fait qu’ajouter à ce charme. On note toutefois, lors de la deuxième représentation, quelques hésitations lors de l’échange des répliques. Les comédiens naviguent habllement entre la narration externe de leur propre histoire et la personnification de leurs rôles. Ils se glissent dans la peau de leurs personnages somme toute typiques et passent à travers les gammes d’émotions avec un naturel déconcertant; Brillant laisse bien percevoir la tristesse derrière la muraille alors que la toujours radieuse Blais est une romantique dans le déni. Tous les deux sont pris dans leurs histoires sans lendemain, dans la poursuite inavouée de leurs rêves fanés. C’est à croire qu’à 35 ans, la vie est finie, que tu seras jamais ce que tu es pas déjà». Et pourtant, il reste encore de la place pour la folie, ou le légendaire 48 heures de perdition», grâce aux 15 000 dollars que Bob a en sa possession. Le talent des musiciens-chanteurs vu chez les groupes Batteux-Slaques et Caïman Fu se confirme également sur la scène de la Licorne. Gordon McIntyre a composé les pièces aux mélodies et paroles simples («l’amour brise les cœurs»), sympathiques et humoristiques («si ma gueule de bois était un sport/ce serait le dard»), à l’image de la pièce, et interprétées à deux guitares.

Midsummer est donc une pièce plus attendrissante qu’acidulée, dont on connait l’issue et qui ne renouvelle rien dans son genre, mais qu’on regarde avec un sourire béat jusqu’à la réplique finale.Pièce qui vaut le détour grâce à ses acteurs de rêve dans un «deux pour un» de théâtre et de chanson.

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Sortir de la noirceur https://www.delitfrancais.com/2012/03/06/sortir-de-la-noirceur/ Tue, 06 Mar 2012 14:43:38 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=11609 Dans Les Aveugles, Denis Marleau résume les questions existentielles de l’humanité. en mettant en scène les mots de l’écrivain Maurice Maeterlinck.

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La pièce vient boucler la boucle après avoir parcouru le monde pendant 10 ans, après sa création en 2002 au Musée d’art contemporain de Montréal par le Théâtre UBU.

Le spectateur pénètre dans une salle carrée plongée dans le noir, avec comme seule source d’éclairage les visages projetés des comédiens Céline Bonnier et Paul Savoie. Ils sont à la fois irréels, tels des fantômes flottant dans les airs, et réalistes, tant on croirait à la présence physique des acteurs grâce à la technologie 3D conçue par la collaboratrice artistique Stéphanie Jasmin. Les deux acteurs incarnent à eux seuls douze personnages aveugles égarés de leur hospice situé sur une île isolée.

Photo Richard-Max Tremblay
Les femmes et les hommes sont installés face à face, perdus dans la forêt après que le prêtre qui les accompagnait eut disparu. Les masques des acteurs ne bougeant nullement durant la pièce, le procédé aurait pu être d’un statisme laborieux, mais le spectateur s’accroche plutôt d’une bouche à l’autre, hypnotisé par les répliques qui rebondissent comme sur un court de tennis.

C’est donc sur une «scène» dépouillée de toute matérialité que surgissent les mots, vrais protagonistes de la représentation, qui, de toute leur cérébralité, arrivent toutefois à faire remonter des sentiments viscéraux à la surface, comme la crainte reliée à l’incertitude inhérente à la vie, à  l’inconnu, à la perte des repères: «il faudrait savoir où nous sommes», dit un des Aveugles, alors que le groupe tente de choisir entre attendre sur place les secours qui ne viendront pas, ou à se mettre en marche pour trouver de l’aide.

Chaque réplique de la pièce issue du mouvement symboliste et écrite en 1890 par Maeterlinck fait partie d’une allégorie sur les questions communes que se pose tout humain. À savoir, d’où il vient et le pourquoi de son existence. Denis Marleau réussit aussi à monter une habile tension dramatique pour la «petite» histoire. On perçoit aisément les discordes entre les membres du groupe, qui n’arrivent pas à se cerner, tant mentalement que physiquement.

Bonnier et Savoie sont excellents dans leur performance respective, contraints à l’immobilité mais aux inflexions de la voix et aux traits du visage expressifs. Grâce à leurs accents et leurs tons de voix différents, on pourrait soupçonner être face à différents acteurs. L’environnement sonore simule les bruits qu’on pourrait percevoir sur une île sauvage, de façon néanmoins impressionniste, laissant place à l’imagination.  Pour le spectateur, il s’agit aussi d’une expérience immersive à la croisée du théâtre et du cinéma, où, déstabilisé comme les Aveugles, les sens en alerte, il tente de déchiffrer les sons qui l’entourent et de ressentir les mêmes touchers sur la peau.

Les Aveugles, abandonnés par leur guide quoique perdus par leur propre faute, veulent retrouver le confort de la banalité de leur existence, mais ils doivent finalement affronter la finitude des hommes. Ainsi, les aveugles, ce sont nous tous, devant la tâche tragique qu’est d’apprendre à mourir.

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Une Montréalaise, deux Africaines, trois féministes https://www.delitfrancais.com/2012/02/07/une-montrealaise-deux-africaines-trois-feministes/ Tue, 07 Feb 2012 15:45:03 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10888 Valérie Blass, Wangechi Mutu et Ghada Amer au Musée d’art contemporain de Montréal.

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Le Musée d’art contemporain de Montréal vient tout juste de dévoiler de nouvelles expositions, comprenant le travail de trois artistes féminines. Valérie Blass, Ghada Amer et Wangechi Mutu présentent chacune une exploration d’importants thèmes de notre société, en utilisant toutes une voix unique.

Valérie Blass

Richard-Max-Tremblay, gracieuseté de la Gladstone Gallery, New York
Valérie Blass présente une juxtaposition aguichante d’éléments traditionnels et innovateurs de la sculpture. Ses œuvres prennent la forme de bricolages abracadabrants composés d’objets trouvés et achetés par l’artiste. Dans le cas des sculptures de Blass, le tout est plus grand que la somme des parties. Sa manière de rassembler des objets discordants pour créer quelque chose de nouveau tend vers le cocasse et entraîne une critique de notre société de consommation. En tant que sculpteure féministe, elle évite justement le piège de représenter les idéaux de beauté et décline le corps désexualisé comme autant de facettes d’un bestiaire imaginaire. Par exemple, L’homme souci, aux allures de gorille, prend forme grâce à une longue barbe noire nattée et perchée sur des escarpins Miu Miu. La rigolote Femme panier est l’exception, avec ses jambes tirées d’un mannequin de plastique chaussées de bas-collants. Serait-elle une auto-caricature de l’artiste elle-même, lui manquant une tête, mais en ferme position d’attaque, avec une moufette en guise de main et un outil de sculpture dans l’autre?
Gracieuseté de Cheim & Read, New York

Ghada Amer

Ghada Amer est une artiste née au Caire et ayant fait les beaux-arts à Nice. L’exposition au MACM est assez uniforme dans sa présentation d’œuvres somme toute très similaires. Comme Andy Warhol et sa dénonciation du consumérisme à travers le pop art, Ghada Amer dénonce la femme en tant qu’objet sexuel par ses broderies pornographiques représentant la femme anonyme en séries banales. On sent chez elle le désir paradoxal de montrer la femme assumant son plaisir solitaire et, en même temps, son rejet de la nudité dégradante. Ses œuvres sont particulières du fait qu’elles présentent des angles différents selon qu’elles sont vues de près ou de loin. Par exemple, dans Revolution 2.0, de loin, on voit des fils de broderies orientés de façon à évoquer la conduction de l’électricité, alors que de près, ce sont des motifs de femmes en position explicite qui se dévoilent, suggérant que derrière l’effet spectaculaire, se cache un message à portée sociale. Ghada Amer se démarque aussi en utilisant des titres d’œuvres puissants, comme Qui a tué les demoiselles d’Avignon ou encore De beaux rêves qui opposent personnages de dessins animés naïfs et pornographie, mettant en évidence la perte de l’innocence.

David Regen, gracieuseté de la gladstone Gallery, New York

Wangechi Mutu

Wangechi Mutu est une artiste originaire du Kenya ayant fait des études en anthropologie. Par ses collages et ses installations, elle exprime les chevauchements entre les différentes cultures et espèces du monde. Elle rappelle par des éléments taxonomiques, incluant des cheveux et des plumes, le système de classification que nous appliquons aux espèces et même aux peuples humains. L’artiste prend parti pour l’africanité de la femme, la nature, la déconstruction des critères de beauté et y oppose domination et consumérisme à l’occidentale. La sensation allégorique est renforcée par l’ampleur de ses installations, qui utilisent l’espace de manière envahissante. Les murs, les plafonds, le sol, tout est une toile pour l’expression de Wangechi Mutu.

L’exposition au Musée d’art contemporain de Montréal s’avère être d’une belle richesse puisque chaque œuvre mérite qu’on s’y attarde pour sa lecture de l’histoire coloniale et des tiraillements contemporains de l’Afrique.

Harenet, fort dans sa symbolique, montre un lapin fait de matériaux mixtes tels que la céramique et le feutre, orné d’une ceinture de perles, observant d’en bas un renard empaillé dans un cadre et arborant des tresses de cheveux blonds. Blackthrone est une installation, au titre évocateur,  de plusieurs chaises avec extensions rappelant les pattes d’une girafe. Elles sont toutes parées de noir, que ce soit de ruban adhésif, plumes, sacs de plastique ou cheveux crépus.

Show me your city and I’ll show you mine est peut-être le tableau-collage le plus accessible de Wangechi Mutu, montrant à l’avant-plan une savane asséchée où se trouve une femme noire en bikini au motif de léopard, agrémentée d’énormes diamants et d’une perruque de cheveux blonds. À l’arrière-plan figure une ville avec ses tours et sa hutte modernisée.

Sa technique de peinture mélange aérographe, pochoir et spills ce qui crée une esthétique remarquable, entre tribalité et chic occidental. Dans une autre installation, nommée Untitled, des bouteilles de vin rouge suspendues au plafond grâce à des harnais sont pointées vers le sol, où des assiettes émaillées font figure de cibles tachées de vin et/ou de sang. Finalement, le triptyque Moth Girls, récemment acquis par le Musée, est  au cœur de l’exposition. Les mites sont des femmes faites en céramique, qu’on croirait enceintes, couchées sur le ventre, portant des ailes de cuir sur le dos et des antennes de plumes. L’ensemble est sujet à de multiples interprétations, qui mélangent fascination et répulsion.

Ces trois expositions se marient bien grâce à leurs thèmes et leurs techniques complémentaires, un partage qui les rend favorables à une visite combinée. Les artistes amènent le visiteur à une contemplation de la matérialité d’une société marquée par la consommation et la mondialisation ainsi qu’à une réflexion sur la place des femmes dans la société.

Valérie Blass, Ghada Amer et Wangeshi Mutu

Où: Musée d’art contemporain de Montréal
185 Ste-Catherine Ouest
Quand:
jusqu’au 22 avril

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De l’inconstance amoureuse https://www.delitfrancais.com/2012/01/31/de-linconstance-amoureuse/ Tue, 31 Jan 2012 14:05:47 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10726 Le retour de Foutrement, chorégraphie de Virginie Brunelle, met en scène deux danseuses sur pointe et un danseur, tous en slip blanc.

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Il est rare que de nouvelles créations en danse contemporaine soient rediffusées. Foutrement, présenté au Théâtre Quat’sous, a eu cette chance après avoir été présentée en 2010 à La Chapelle.

Dans le noir, une danseuse sur pointes amorce un tour sur scène, puis, sur un air d’opéra de Puccini, fait des pas de bourrée sur place. Un homme arrive et l’imite. Ils enfilent leurs équipements sportifs Cooper, ce qui laisse présager la suite des événements. Leur parade nuptiale entomologique a lieu à trois reprises, l’homme laissant littéralement tomber la femme, mais ils finissent par se désarmer.

Photo: Tobie Marier Robitaille

Le deuxième tableau offre un contraste saisissant (la pièce entière étant d’une intensité en montagnes russes) avec le même couple, l’éclairage tamisé et la musique pour piano seul du compositeur Goldmund, laissant deviner l’intimité d’une chambre à coucher. Virginie Brunelle y intègre des portés spectaculaires et novateurs, à faire pâlir d’envie les grands chorégraphes de ballet d’aujourd’hui. Les portés au mur qui suivent apportent aussi une dimension surprenante. La chorégraphe a pensé à des détails, comme les doigts de l’homme formant un cœur sur le sexe de la femme lorsque celle-ci glisse entre ses bras. Les ondulations du dos de Simon-Xavier Lefebvre sont particulièrement charnelles et son effleurement d’un mollet féminin du bout des doigts se montre d’une belle délicatesse. On peut s’imaginer deux amoureux parfaitement complices.

La réalité s’avère tout autre. Dans la scène suivante, le même homme danse avec une danseuse différente mais portant une coupe de cheveux similaire, sous un éclairage néon bleuté. Sur la célèbre ballade «Love Hurts», l’entrejambe est plus exposé, le pied est haut, les mouvements coïtaux sont crus.

On revoit plus tard la première danseuse vêtue de ceintures lui comprimant la poitrine tel un corset. L’autre la rejoint et ensemble elles exécutent pieds nus une danse sauvage suggérant un défilé sur podium, juchées sur d’imaginaires talons hauts.

Les ceintures finissent par tomber, ce qui nous donne enfin droit à des baisers échangés entre le couple principal. Évidemment, la tendresse ne peut durer et fait place à une pluie orageuse de ceintures. L’homme reste seul à se battre contre lui-même, sur une musique pour piano préparé.

La pièce tire vers sa fin sur la chanson «To Build a Home», du Cinematic Orchestra avec Patrick Watson, ce qui illustre bien là où la chorégraphe veut en venir.

Les deux danseuses s’en tirent correctement mais sans plus au niveau de la technique sur pointes (pieds mollement pointés ici et là, arabesques en attitude qui manquent d’aplomb). Reste que c’est un rare plaisir de voir de la danse sur pointes à Montréal, sachant que peu de chorégraphes veulent fournir les efforts nécessaires. Foutrement est d’une belle physicalité, le pouvoir évocateur reposant plus sur la danse en tant que telle que sur la performance et la théâtralité, qui sont aussi bien maîtrisées soit dit en passant. Les pièces musicales et les éclairages accompagnent à merveille les intentions de la chorégraphe. Mais ce qui fait sa plus grande force est le mélange bien dosé de l’esthétique classique ponctué de trash contemporain.

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Après le mariage, le déluge https://www.delitfrancais.com/2012/01/31/apres-le-mariage-le-deluge/ Tue, 31 Jan 2012 14:01:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10728 Le Groupe de la Veillée rediffuse La Noce de Brecht dans une mise en scène bric-à-brac de Gregory Hlady.

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Le texte, écrit en 1919 par Brecht, décrit un repas de noces rassemblant le Marié avec sa Mère et son Ami, la Mariée avec son Père et sa Sœur, et un autre couple marié (l’Homme et la Femme). Tout au long de cette soirée pénible pour tous, la scène résonne de rires gras, de moqueries cruelles, de récits stériles, et se salit de crème chantilly et d’alcool coulant à flot. Les invités finissent par s’enfuir alors que la soirée est encore bien jeune, laissant les mariés abattus. On peut facilement s’imaginer la nouveauté pour l’époque. Brecht ne fait pas dans la dentelle dans sa critique sociale de la bourgeoisie de son temps, qui comporte de multiples dénonciations: la virginité avant le mariage, la famille patriarcale, la femme au foyer, sans oublier  la cruauté et l’animalité de l’homme.

Photo: Dominique Lafond

La mise en scène, à l’exception de la direction des acteurs, laisse un sentiment d’ambivalence. La pièce démarre pourtant en grand avec l’arrivée des convives, déjà trop bruyants pour être vrais, trop grotesques pour être authentiques. Le spectateur s’attend déjà à voir jaillir les incivilités, les pulsions, les cris gutturaux et les malaises de toutes parts. Pourquoi le metteur en scène et le scénographe choisissent-ils de rajouter du symbolisme? Ce dernier, illustré par l’ésotérisme d’une grande lanterne chinoise qui clignote soudainement d’un bleu électrique pour tétaniser l’assemblée, la Mariée pratiquant la télékinésie, la Mère qui occupe le trône du Père en faisant du tricot en silence, l’arrivée impromptue d’une poupée-cadavre, le corbeau géant qui perd ses yeux ‚laissant ainsi passer la lumière derrière le mur, est superflu.

Le choix des répliques présentées en boucle et la scène de la toilette semblent aussi douteux. Autant de choix de mise en scène éparpillés qui sont peut-être porteurs de sens mais qui restent trop hermétiques à la compréhension des spectateurs par rapport au texte. Ainsi, les spectateurs rendus perplexes, les moments potentiellement comiques passent inaperçus. D’un autre côté, on peut saluer le choix de ponctuer le chaos de moments silencieux suspendus dans le temps, créant des malaises sournois. La métaphore de Brecht des meubles qui se brisent tout comme les valeurs de l’époque est aussi bien transposée sur scène.

Les costumes d’époque paraissent plus appropriés à la pièce, sauf l’habit contemporain de la Femme, dont les collants d’un fuchsia agressif jurent avec le reste, et le visage poudré de l’Homme. Il faut aussi souligner l’inutilité de l’écran vidéo faisant office d’aquarium. L’environnement sonore ajoute bien à l’ambiance tout en cherchant trop à faire le tour du monde, en passant des chants bouddhistes tibétains à la musique de nô japonais.

Du côté des acteurs, chacun nous offre une performance honorable. Enrica Boucher réussit particulièrement bien à irriter dans son rôle de la Femme détestable. Le tour de chant de l’Ami, Paul Ahmarani, constitue quant à lui une belle performance.
En bref, le texte de Brecht a jadis été avant-gardiste et montre maintenant quelques rides. Heureusement, au fil des ans, il a fait d’innombrables petits et les thèmes et variations autour du mariage ont été maintes fois actualisés. Quant à Gregory Hlady, sa volonté de surligner les non-dits et d’étoffer le texte par un symbolisme appuyé est louable mais inattendue ici et se prêterait mieux à d’autres pièces.  La mise en scène souffre de sa bestialité, dénaturée par son suremballage dans un bric-à-brac confus.

La Noce de Bertolt Brecht
Où: Théâtre Prospero
1371 rue Ontario Est
Quand: jusqu’au 11 février

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Dans la cour des grands https://www.delitfrancais.com/2012/01/17/dans-la-cour-des-grands/ Tue, 17 Jan 2012 14:48:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10349 Prends ça court! présente Québec Gold 11, une sélection des neuf court-métrages québécois les plus remarqués de l’année.

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L’événement ratisse large en cherchant à combler tous les goûts cinéphiles, à commencer par la danse contemporaine pour terminer par le gore. Il vient donc clore une bonne année pour les amateurs de court-métrages.

Image tirée du film Ora du réalisateur Philippe Baylaucq

D’abord, Ora de Philippe Baylaucq. On a déjà beaucoup décrit la technique innovante de Philippe Baylaucq pour filmer la danse chorégraphiée par José Navas avec une caméra thermographique. Cette dernière donne au film des allures de documentaire animalier. L’introduction montre des cellules qui se divisent, puis des créatures aux reflets chatoyants se fondent dans un univers de fonds sous-marins avec des effets sonores d’océan et de ruissellement. On note au passage un clin d’œil au Pas de deux du grand Norman McLaren avec ses effets stroboscopiques.

Image tirée du film Hope du réalisateur Pedro Pires

Hope, du réalisateur prometteur Pedro Pires, un collaborateur de Robert Lepage, est inspiré de la célèbre pièce de théâtre Jimmy, créature de rêve de Marie Brassard. On y découvre un général qui, proche de la mort, rêve d’un barbier androgyne dans un salon de coiffure où les clients sont des cadavres. L’œuvre muette est tournée au ralenti, dans des tons sépia et dans une esthétique des années 50 qui témoigne de l’immense talent de Pedro Pires à la réalisation comme à la direction photo. La remarquable trame musicale originale de Robert Lepage alterne entre drones à la Godspeed You! Black Emperor et clarinette jazz.

Le mythique Alexis le Trotteur. Image tirée du film Le Trotteur du réalisateur Francis Leclerc.

Trotteur est une collaboration entre Arnaud Brisebois, (son premier film et scénario) et Francis Leclerc, réalisateur confirmé (Un Été sans point ni coup sûr). Le synopsis est bien sûr inspiré de la légende d’Alexis le Trotteur, selon laquelle l’homme, risée du village, affronte en duel une locomotive dans une course sous la neige. Le résultat est un élégant film onirique, embrumé, jouant avec de forts contrastes de noir et blanc, comme la fumée de la locomotive qu’on croirait dessinée au fusain. Les acteurs sont maquillés de façon à leur donner un air de personnage de bande dessinée. Une autre bande sonore marquante accompagne le film: celle de Luc Sicard avec, au violoncelle, nul autre que Claude Lamothe.

La Ronde est le quatrième court-métrage réalisé par Sophie Goyette, produit par micro_scope (Incendies, Monsieur Lazhar) et présenté entre autres au Festival de Locarno. Vingt-trois minutes pour décrire l’errance d’une jeune femme à la suite d’un événement décisif. L’ambiance du film est particulière; l’action se déroule à l’extérieur pendant toute une nuit, et ce dans une banlieue ensommeillée. Les objets du quotidien sont transformés en poésie nocturne, du plat congelé aux néons d’un terrain de football. Le film s’avère un peu trop chargé, multipliant les scènes et les rencontres de courte durée, comme si la réalisatrice avait voulu faire un long-métrage dans un court.

Ce n’est rien est un film de Nicolas Roy qui avait été sélectionné en compétition officielle à Cannes pour la palme du meilleur court-métrage. La caméra suit l’acteur Martin Dubreuil, dont la performance est convaincante, en père vivant un drame familial, pris entre sa fille et son propre père. Les thèmes lourds, la caméra réaliste, l’économie de mots, la désolation et les tons mornes et gris sont dans la même lignée des films québécois encensés par les festivals internationaux.

Image tirée du film Nostradamos du trio de réalisateurs Bradley-Lampron-Tremblay

Sur une note plus joyeuse, Nostradamos est le court-métrage ayant gagné le concours du Festival du DocuMenteur de l’Abitibi-Témiscamingue, réalisé par le trio Bradley-Lampron-Tremblay. La ville d’Amos y est présentée comme la planche de salut lors de la fin du monde prochaine. On y fait la rencontre d’un agent immobilier faisant fortune grâce à l’immigration massive, un employé du Refuge Pageau projetant de construire une arche de Noé et un maire hilarant dans son sérieux implacable (chapeau à Ulrick Chérubin!). D’heureux moments de folie en perspective…

Sang froid de Martin Thibaudeau, une production de Kino Kabaret Montréal, avait remporté le prix du meilleur court métrage canadien au Worldwide Short Film Festival à Toronto. En quatre minutes, il aborde les problèmes de communication entre parents et enfants. Par le biais des regards échangés, de prises de vue à hauteur d’enfant, le réalisateur construit habilement une tension dramatique entre mère et fils.

Image tirée du film The Legend of Beaver Dam du réalisateur Jérôme Sable

Pour clore, The Legend of Beaver Dam, une comédie musicale hard rock gore à la tournure imprévisible de Jérôme Sable, saura plaire aux amateurs du genre. Il a fait partie du Toronto International Film Festival 2010 et du dernier Sundance. Il met en scène un moniteur et ses scouts autour d’un feu de camp, qui sera le théâtre d’un affrontement dégoulinant. Parions que l’efficace chanson «Stumpy Sam», au cœur du film, tournera longtemps dans vos têtes.

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Qui m’«M» me boive! https://www.delitfrancais.com/2011/11/27/qui-m%e2%80%99%c2%abm%c2%bb-me-boive/ Mon, 28 Nov 2011 04:56:20 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=10061 Peter Peter, Fanny Bloom et The Barr Brothers à M pour Montréal

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Peter Peter

Peter Peter est ce jeune hipster (frange comprise) qui nous avait gratifiés d’un magnifique premier album de rock lo-fi vaporeux, en grande partie des chansons d’amour nostalgiques, en mars 2011 sous l’étiquette Audiogram.

Il se dit être l’émule de Jim Morrisson; sa plume ressemble à celle d’un certain Bertrand Cantat et sa musique à celle d’Elliot Smith. Par exemple, le premier titre de son album éponyme, intitulé Homa, envoûtait par son spleen inspiré par une nuit dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Gracieuseté: M pour Montréal
C’est un Peter Peter en bonne forme qui s’est présenté le 19 novembre au Café Campus, débutant son spectacle avec la très belle «Tergiverse», qui sur disque est interprétée avec les voix de Basia Bulat et de Cœur de Pirate. Le doute remplace le contentement lorsque Peter Peter annonce le titre de sa prochaine pièce, intitulée «Salope» et dédiée à «une personne qui a eu beaucoup d’importance dans sa vie». «Si tu étais un oiseau, tu serais un pigeon» chante-il en faisant des mimiques qui se passeront de détails ici.

En espérant que cette vengeance enfantine lui passera sous peu, mettant de l’ombre dans un concert où il maîtrise pourtant autant les caresses chuchotées que les défoulements à la guitare électrique.

Le drink suggéré en écoutant sa musique:
London Fog (thé Earl Grey, vanille et lait) et Cointreau – romantique et parfait pour accompagner une journée pluvieuse

Fanny Bloom

Fanny Bloom! Son retour est attendu impatiemment depuis l’annonce crève-cœur de la séparation de son défunt groupe la Patère rose, il y a à peine quelques mois. C’est qu’ils allaient se rendre loin, la Patère. Ils avaient lancé un excellent premier album éponyme électro-pop, puis un album d’été (Waikiki en 2010) pour nous remettre l’eau à la bouche après qu’ils avaient terminé leur tournée européenne.

Or, ce qui devait arriver arriva, les deux comparses de Fanny, nuls autres que Roboto et Kilojules de Misteur Valaire ne sont pas parvenus à accommoder les besoins respectifs de chacun des groupes. On ne doutait pas que Fanny allait arriver à s’en remettre, et la voilà donc réinvitée à M pour Montréal.

Gracieuseté: M pour Montréal
Il s’agissait de son deuxième spectacle seulement en compagnie de son band tout neuf, composé d’un claviériste, d’un batteur, d’un guitariste et d’une bassiste. L’ouverture était un peu hésitante, mais la voix et la prestance de mademoiselle Bloom se portaient de mieux en mieux sur scène au fil des pièces, jusqu’à redevenir la Fanny drôle, pétaradante digne d’une diva qui nous manquait.

Le style musical de ses nouvelles chansons s’annonce plus ou moins semblable à son précédent projet; des approches sont reconnaissables comme l’électro et certaines pièces axées sur le piano-voix, mais dans l’ensemble, c’est beaucoup plus éclectique, plus dansant, plus rock, moins pop, moins léger. Malheureusement, les instruments enterraient un peu trop la voix pour pouvoir commenter sur les textes.

N’empêche que le tout est suffisant pour se précipiter cet hiver sur son prochain disque, intitulé Apprentie-guerrière.

Le drink suggéré en écoutant sa musique:
Kir au Fragoli et Prosecco – frais et pétillant comme la chanteuse.

The Barr Brothers

The Barr Brothers est la nouvelle coqueluche indie de Montréal, ayant lancé leur galette le mois dernier sous le label Secret City.

Comme cela arrive parfois (souvent), il s’agit de musiciens hors Québec qui se sont installés dans la métropole il y a quelques années. L’un d’entre eux, Andrew le batteur, a accompagné Lhasa (on note la présence de la belle pièce «Cloud (for Lhasa)» sur le disque).

Ce qui fait leur marque est la diversité toujours maîtrisée de leurs styles musicaux (folk, delta blues, gnaoua, rock). Par exemple, «Deacon’s Son» impressionne par sa fusion du rock occidental avec le blues sahélien. On note la harpe qui fait office de kora. Ainsi, l’autre distinction du groupe est l’incorporation dans plusieurs pièces de la harpe, instrument plutôt original dans les groupes de ce genre; toutefois la présence de l’instrument est subtile si on la compare à la musique de la reine du folk psychédélique Joanna Newsom.

Gracieuseté: M pour Montréal
Leur concert a débuté au Métropolis avec la magnifique «Beggar in the Morning», la harpiste et le cymbaliste utilisant tous deux des archets, le guitariste tirant sur les cordes de sa guitare avec de longs fils, ce qui donne un effet de bourdon, à la joie de la foule, et les pièces, très différentes les unes des autres, se sont succédées dans une égale harmonie. Les Barr Brothers ont su soulever les spectateurs avec le blues émouvant de «Lord, I just Can’t Keep from Crying». Vers la fin, le groupe a interprété une nouvelle pièce, «Even the Darkness has Arms», à deux guitares acoustiques et un mini-banjo autour d’un micro sur pied, suscitant l’émerveillement de l’auditoire.

Le drink suggéré en écoutant leur musique:
Tchapalo ou dolo (bière de mil servie dans une calebasse) – folk et rythmes africains réconfortants

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Peuples autochtones du monde, unissez-vous! https://www.delitfrancais.com/2011/11/22/peuples-autochtones-du-monde-unissez-vous/ Tue, 22 Nov 2011 15:05:35 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9910 L’Institut d’étude du développement international de McGill tenait sa première Conférence internationale sur les droits des peuples autochtones.

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En 2007, l’Organisation des nations unies avait frappé un grand coup en adoptant la Déclaration des droits des peuples autochtones. Après des siècles d’oppression, il était temps que les peuples autochtones du monde entier profitent d’une reconnaissance internationale. Plusieurs sessions ont été organisées lors la conférence internationale tenue à McGill, dont un panel sur le chemin parcouru depuis l’adoption de la Déclaration et les défis à venir, de même qu’une discussion rapportant des expériences vécues sur l’accès aux soins de santé adaptés à la culture.

D’abord, le panel sur la Déclaration a rassemblé trois intervenants des Amériques et de l’Afrique: Tarcila Rivera, femme autochtone du Pérou ayant fondé le CHIRAPAQ (Centre des cultures des peuples autochtones du Pérou) et l’Instance internationale des femmes autochtones, Hassan Id Belkassm, de la minorité marocaine amazigh et ancien membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, et Robert Watts, un Mohawk et Ojibway, vice-président du //First Peoples Group//. Ce dernier pense que la Déclaration a permis aux autochtones de profiter d’une attention internationale et de défendre enfin leurs droits. Auparavant, «le reste du monde pensait soit que les peuples autochtones n’existaient pas, soit n’étaient pas des humains, soit n’avaient pas de droits». Le professeur de sciences politiques à McGill, le docteur Philip Oxhorn, a résumé les idées du panel en quatre points principaux: premièrement, la reconnaissance n’équivaut pas à des droits, mais elle inspire des idéaux et des buts à atteindre. Deuxièmement, l’idée de l’adhésion à une double citoyenneté (autochtone et nationale) telle que défendue par madame Rivera est à poursuivre. Puis, concernant l’impact de la mondialisation, les peuples autochtones souffrent en particulier de l’exploitation de leurs ressources naturelles par exemple, mais la mondialisation a aussi permis la création de nouveaux réseaux menant à l’autonomisation. Finalement, l’accès égal à l’éducation et à la santé doit être fait de façon à respecter la culture.

La discussion sur l’accès aux soins de santé a permis à quatre conférenciers de partager des expériences somme toute similaires. D’abord, Emmanuel Nengo, membre de la minorité autochtone Batwa (un groupe de pygmées africains) du Burundi, explique pourquoi la santé est tant reliée aux autres secteurs de développement humain. Par exemple, le peuple Batwa, pris dans la pauvreté, l’éloignement, l’analphabétisme et ne sachant pas défendre ses droits, utilise très peu les services de médecine moderne. Pour contrer ce problème, monsieur Nengo propose non seulement de susciter un engouement pour la médecine moderne tout en la conciliant avec leur riche médecine traditionnelle, mais aussi d’avoir une politique claire sur l’éducation formelle des enfants et l’alphabétisation des adultes, d’assister les Batwa dans la construction de logements et la sécurité alimentaire et finalement de permettre aux Batwa de gérer eux-mêmes leurs terres et ressources naturelles.

Krystina Bishop, de la Banque interaméricaine de développement, intervenait ensuite sur les peuples autochtones et la santé en Amérique latine. De façon semblable à monsieur Nengo, elle cible quatre éléments qui expliquent les faibles taux d’utilisation des services de santé: les coûts de transport, les services limités lorsqu’ils sont accessibles, la barrière de la langue et le faible lien entre médecine allopathique et traditionnelle. Madame Bishop tente d’offrir des pistes de solutions par des programmes //side-by-side// (alliant tradition et modernité), une législation reconnaissant la pharmacopée traditionnelle et l’augmentation de la recherche et de la collecte de données portant sur les autochtones.

Par la suite, Sonia Martinelli Heckadon raconte son expérience avec l’adaptation culturelle des soins d’accouchement au Pérou, par exemple en offrant le placenta aux familles et en permettant l’utilisation de costumes traditionnels, ce qui a permis d’augmenter le nombre de naissances institutionnalisées et le nombre de familles adoptant par la suite la planification familiale. Madame Martinelli frappe fort lorsqu’elle dit que nous devons considérer les peuples autochtones comme étant des acteurs sociaux et non des bénéficiaires.

Finalement, Connie Siedule, du //Tungasvvingat Inuit Family Health Team//, nous parle de son expérience avec les Inuits vivant en zone urbaine à Ottawa, qui souvent ont d’importants problèmes de santé, n’ont pas de médecin de famille et ont une culture différente, comme la perception du temps. Son organisation offre des services de première ligne, comme l’éducation nutritionnelle et sur les conditions à haut risque tels que l’hépatite C et le diabète, un programme pour les patients qui souffrent de dépendances et offre de l’aide pour les jeunes et les familles, pour la formation et l’emploi. Ils ont de plus récemment ouvert un centre médical dont l’avantage est d’avoir des gestionnaires de cas aussi interprètes, de même que la présence d’une sage-femme inuit.

Comme le professeur Oxhorn l’a dit, nous avons devant nous une grande opportunité pour un monde meilleur!

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Cuivres cubains et guitares islandaises https://www.delitfrancais.com/2011/11/22/cuivres-cubains-et-guitares-islandaises/ Tue, 22 Nov 2011 14:45:45 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9912 Philémon chante et For a Minor Reflection au Quai des brumes

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La sixième édition de M pour Montréal est une vitrine montrant les showcases de 40 artistes émergeants en quatre jours afin de les faire connaître à des représentants de l’industrie de la musique provenant d’une quinzaine de pays.

Gracieuseté de Philémon chante
Philémon chante
Philémon chante, le nom de scène de Philémon Bergeron-Langlois, avait lancé de façon indépendante en 2010 un joli album enregistré au vieux studio l’Egrem à la Havane, rempli de douce nostalgie et de sonorités folk et cuivrées. Le disque intitulé Les Sessions cubaines avait été enregistré en deux jours sur une machine à ruban, grâce à des musiciens cubains trouvés à l’improviste. Si Philémon chante s’était fait discret l’année dernière, il a multiplié les concerts depuis l’été 2011. Au Quai des brumes, Philémon a offert une belle performance, lui-même au chant et à la guitare, avec deux comparses apportant de la chaleur avec leurs instruments, l’un à la contrebasse et l’autre à la trompette, reprenant ensemble des ballades comme «Vaincre l’Automne» et «Dors Poupée dors». Alors que les pièces sont des quasi-berceuses sur disque, le chanteur réussit à les rendre entraînantes sur scène. Il a aussi chanté deux nouvelles pièces qui laissent présager la sortie d’une nouvelle œuvre. Son expressivité faciale appuyée, l’homme n’ayant pas peur de dévoiler ses émotions montre une implication totale envers ses textes sensibles, et on croit même entendre un pleur par là. Philémon donne dans les arrangements à fleur de peau et a une voix un peu brouillonne qu’on peut trouver charmante… ou pas.

Gracieuseté de M pour Montréal
For a Minor Reflection
For a Minor Reflection est un groupe encore méconnu de post-rock instrumental formé de quatre Islandais dans la jeune vingtaine: deux guitaristes-pianistes, un bassiste et un batteur. À leurs débuts en 2006, ils jouaient du hard rock dans un garage, puis après quelques égarements se sont vite tournés vers le post-rock, puisque personne parmi eux ne savait chanter. Ils ont lancé un EP, tourné en Europe avec leurs concitoyens de Sigur Rós, puis ont enregistré l’album Höldum í átt að óreiðu (En allant vers le Chaos) et ont récemment joué au festival South by Southwest à Austin. Leur biographie mentionne que Sigur Rós considère le potentiel de For a Minor Reflection comme étant «supérieur à celui de Mogwai». L’anecdote est amusante; chauvins les Sigur Rós? Peut-être pas! La prestation du groupe de Reykjavik au Quai des brumes, dans le cadre de leur 5e participation au Iceland Airwaves Festival, est un vrai coup de cœur. Voir les quatre musiciens prendre autant de plaisir à jouer, concentrés sur la petite scène, comme une boule d’énergie et de fureur, amène un vent de fraîcheur dans le monde du post-rock. On ne s’ennuie pas une seconde, le sentiment d’urgence découlant des mélodies nous tenant toujours en haleine. Le piano à quatre mains en jette tout simplement. Les montées en puissance des motifs musicaux, timbres et textures font de For a Minor Reflection le digne successeur des Explosions in the Sky et Red Sparowes de ce monde. For a Minor Reflection a averti le public au début de son concert: «We play very loud music». Ils nous en ont mis plein les tympans et nos cils auditifs en redemandent!

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Entre noirceur et lumière https://www.delitfrancais.com/2011/11/08/entre-noirceur-et-lumiere/ Tue, 08 Nov 2011 12:47:04 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9543 L’artiste multidisciplinaire Stéphane Gladyszewski présente Corps noir ou l’inconscient convié.

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Depuis que Jack Udashkin est devenu son directeur artistique, La Chapelle ne cesse de confirmer son statut prépondérant dans la diffusion de l’art avant-gardiste et éclectique à Montréal. En ce début de mois de novembre, la continuité s’amorce avec une série de spectacles multidisciplinaires regroupés sous la bannière du Festival Artdanthé. Le premier spectacle est une reprise de Corps noir du danseur et artiste visuel Stéphane Gladyszewski, d’abord monté chez Tangente en 2008. Gladyszewski s’est fait connaître depuis quelques années à Montréal comme l’un des meilleurs artistes de la scène, qui marie technologie et performance.

Œuvre de Stéphane Gladyszewski. Crédit photo: Nicolas Minns

Ce spectacle solo se veut autobiographique, adoptant une approche documentaire. Mais Gladyszewski n’est pas seul sur scène; il est aussi accompagné de lumière, sa partenaire idéale, qui le suit sous de multiples formes. De par une vidéo montrant un bébé à qui on fait prendre un bain, on sent que l’artiste nous conduit à ses sources. S’ensuivent des vidéos émouvantes projetées sur des rideaux coulissants où l’on voit interagir père et fils après des années d’absence. La lumière se fait plus tard ingénieuse lorsque Gladyszewski, dans une scène plongée dans le noir, fait mine de s’enfoncer dans une trappe souterraine alors qu’il s’agit en fait d’un congélateur horizontal dont l’ampoule s’allume lorsqu’on ouvre la trappe. La lumière devient par après impressionnante lors des projections où l’artiste semble peindre et façonner l’espace avec la lumière numérique, technologie aussi vue chez Robert Lepage. À d’autres moments, la lumière est plutôt utilisée comme body-painting digital grâce à la vidéo thermique (technologie reprise dans le court-métrage Ora de Philippe Baylaucq). Lorsque Gladyszewski se trouve dans un aquarium en position fœtale, demandant à sa mère si elle l’entend, la lumière se fait saillante en rendant l’eau fluorescente. L’artiste se sert aussi de divers autres supports matériels pour montrer des pans de son intimité, comme la glace, la vapeur, un gros morceau de glaise transformé en sexe féminin donnant naissance à une tête, des billes de bois qui se métamorphosent en bébé qu’il baigne à son tour. D’autres objets comme une pipe à eau ou un nettoyeur à vapeur occupent des fonctions poétiques et narratives. Le tout prend une allure d’immersion expérimentale, et ce ne sont pas tous les instants tirés de l’inconscient du concepteur qui sont totalement accessibles au spectateur.

Il n’est pas rare de voir des spectacles contemporains faire un usage à mauvais escient des technologies multimédia: soit flamboyant à outrance, soit peu esthétique, bon marché et mal intégré. Gladyszewski excelle à maîtriser la lumière et l’incorpore de façon fluide, d’un simple faisceau bien placé à l’image 3D hautement technologique mais toujours raffinée. De même, l’autofiction qui aurait pu être redondante et imbue d’elle-même est exposée en objet artistique mûrement réfléchi et poétique.

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L’amour impossible https://www.delitfrancais.com/2011/10/25/l%e2%80%99amour-impossible-2/ Tue, 25 Oct 2011 11:50:22 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9188 Le roman La Ballade de l’impossible d’Haruki Mueakami adapté par Tran Anh Hung

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Qu’arrive-t-il lorsque le réalisateur franco-vietnamien de L’Odeur de la papaye verte entre en collision avec le roman universel de l’écrivain japonais Haruki Murakami? On croit rêver; c’est un film au charme irrésistible et envoûtant. Les attentes élevées créées par l’annonce de cette adaptation sont comblées. Bien sûr, beaucoup de passages du roman ont dû être coupés, et des personnages comme Reiko sont relégués à l’arrière-plan, mais reste que l’adaptation est plus que satisfaisante. Comme il l’a lui-même expliqué lors de la période questions-réponses de la projection au Festival du nouveau cinéma, il n’adapte pas l’histoire mais les émotions qu’il a ressenties lors de la lecture du roman.

Crédit photo: Pretty Pictures
L’intrigue se déroule à la fin des années 60 au Japon. Le narrateur, Watanabe, qui approche la vingtaine, part à Tokyo après que la tranquilité de son adolescence ait été rompue par le suicide de son meilleur ami Kizuki. Watanabe débute ses études en littérature et retrouve par hasard l’ex-amoureuse de Kizuki, Naoko. L’équilibre mental de celle-ci s’est fragilisé depuis le départ de Kizuki, et ne cesse de se détériorer, au point que le jeune homme doit s’exiler dans une communauté retirée du monde. Les images tournées dans les montagnes sont magnifiques, et les tons de vert et la beauté de la nature soulignent les sentiments amoureux non-réciproques de Watanabe envers Naoko et rappellent l’esthétisme des films précédents de Tran Anh Hung. La scène où le couple marche sans répit à travers les hautes herbes et celle où ils sont assis sous un arbre parmi les gouttes de pluie sont parmi les plus touchantes du film.

Les courtes scènes s’enchaînent dans un rythme soutenu, illustrant en images instantanées le quotidien de Watanabe, nous gavant de superbes couleurs et de plans cinématographiques. Arrive ensuite dans la vie de Watanabe sa camarade de classe, l’exubérante Midori, antagoniste de Naoko. C’est elle qui fait rigoler les spectateurs avec ses lubies d’une douce folie et son aplomb. Elle se lie d’abord d’amitié à Watanabe, puis, à force de mieux le connaître, tente d’aller plus loin dans leur relation, se qui laisse Watanabe dans un dilemme difficile.

Crédit photo: Pretty Pictures
Le film est porté par une bande sonore réussie, réalisée par le guitariste de Radiohead Johnny Greenwood. Les acteurs rendent bien leurs personnages; Ken’ichi Matsuyama (Watanabe) joue bien la carte de la nostalgie et de l’apparent calme malgré les tourments intérieurs. Rinko Kikuchi (Naoko) subit avec détresse les ravages de l’amour perdu. On trouve par contre Kiko Muzuhara (Midori) un peu trop souriante et pas assez sûre d’elle par rapport au personnage du roman. Par ailleurs, le spectateur n’ayant pas lu le livre aura peut-être quelques difficultés à suivre la trame du récit. La grande force du film réside toutefois dans les compositions équilibrées entre photographie d’un esthétisme impeccable (Lee Ping Bin, aussi derrière In the Mood for Love), émotions et grâce du moment présent, entre passé douloureux et futur incertain.

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L’envers du progrès https://www.delitfrancais.com/2011/10/18/l%e2%80%99envers-du-progres/ Tue, 18 Oct 2011 15:44:51 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=9001 Harold Crooks et Mathieu Roy présentent un documentaire grand public.

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Le film est inspiré de l’intelligent essai Brève histoire du progrès, de l’auteur Ronald Wright. Si pour l’altermondialiste moyen le documentaire n’est qu’une synthèse d’idées connues depuis des années et discutées par divers penseurs contemporains, le choc est ailleurs: ce sont de puissants médias qui se chargent de promouvoir auprès du grand public le film au sujet relativement radical, dans la lignée du documentaire La Corporation. Lors de la soirée d’ouverture, des représentants de nul autre qu’Alliance Vivafilm, distributeur détenu par CanWest Global Communications, puissant monopolisateur de médias, ont pris le micro à tour de rôle pour vanter les mérites du film: «C’est un film important, essentiel, pour vous faire réfléchir».

Crédit photo: Surviing progress
Le film débute avec des images de chimpanzés jouant sommairement avec des blocs, opposées à des images du sophistiqué Bras canadien dans l’espace, pour ensuite nous présenter différentes définitions du progrès. On nous introduit alors au concept des «trappes du progrès» selon lequel combler les besoins à court terme mène au désastre. En obtenant toujours plus par le progrès technologique, nous avons accès à un confort certain. C’est cependant une arme à double tranchant, nous prévient la primatologue Jane Goodall. Notre faible capacité à penser à long terme fait que nous omettons ce qui est bon non seulement pour l’individu, mais aussi pour «la société, la planète».

Le documentaire aborde aussi la surpopulation, qu’on dit être un sujet tabou parce qu’il touche la religion, la famille et les libertés individuelles. Il touche de même la surconsommation en s’attardant particulièrement sur la classe moyenne et la situation environnementale en Chine. Ensuite, la romancière Margaret Atwood dénonce le parallèle fait par les décideurs économiques entre la nature et les cartes de crédit illimité. Le film enchaîne ainsi sur la crise économique de 2008 et l’endettement des pays en voie de développement. On y fait l’analyse des civilisations complexes qui se sont effondrées dans le passé, ayant eu en commun une dévastation écologique, une concentration des biens et un contrat social brisé. On y affirme que la lutte politique du XXIe siècle se penchera sur la question de la dette, les intérêts dus par les pays en voie de développement atteignant maintenant neuf fois les sommes empruntées. Le film poursuit l’exploration du progrès en revenant sur le passé dictatorial de l’ex-Zaïre et sur la déforestation amazonienne en dénonçant les politiciens qui se font aussi agro-industriels au Brésil. Lorsque les solutions au problème arrivent, les points de vue s’opposent quant au rôle des manipulations génétiques qui pourraient sauver le monde et on conclut plutôt qu’il faut réduire sa consommation et poser des limites au progrès technologique et matérialiste.

Allons-nous survivre à tous les problèmes qui menacent notre monde? Contrairement aux précédentes civilisations, la nôtre est mondiale et interdépendante, mettant en péril l’humanité entière. Survivre au progrès met en scène des images soignées, tournées autour du monde et fait une bonne synthèse de points de vue, qu’ils soient progressistes ou non, rassemblés en un bouquet habilement monté de variations sur le thème des travers du progrès. Espérons que l’étonnant changement de vent dans la puissante industrie des médias porte fruit!

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Danser les pas de sa vie https://www.delitfrancais.com/2011/09/27/danser-les-pas-de-sa-vie/ Tue, 27 Sep 2011 05:15:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8712 Dans le film Les rêves dansants... sur les pas de Pina Bausch, les documentaristes Anne Linsel et Rainer Hoffmann enseignent la célèbre chorégraphie Konthakthof à un groupe d’adolescents.

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Le grand public avait eu un bref accès au génie de la chorégraphe allemande Pina Bausch dans le film Parle avec elle de Pedro Almodovar, où on voyait des extraits de la chorégraphie Café Müller dressés en parallèle avec la trame du film. Le style développé par Bausch, décédée en 2009, appelé danse-théâtre, est expressionniste et évoque constamment les rapports homme-femme. Cette année sera faste pour faire une découverte approfondie de son travail avec la sortie prochaine de l’époustouflant film Pina de Wim Wenders, ainsi qu’avec Les Rêves dansants… sur les pas de Pina Bausch un documentaire touchant présentement en salles.

Crédit Photo: Yves Renaud

La première image du film révèle un groupe de jeunes de toutes morphologies, vêtues de robes soyeuses et de costumes masculins, exécutant des pas sur une scène. On comprend plus tard qu’il s’agit d’adolescents, néophytes de la danse, «une terre inconnue», qui, pendant un an et demi, s’apprivoiseront en même temps qu’ils intègreront le travail de Bausch élaboré en 1978 et transmis par deux danseuses de la troupe Tanztheater. Le même concept avait eu lieu en 2000 avec des danseurs amateurs de plus de 65 ans.
La caméra suit de près leur évolution dans la pièce Kontakthof, où justement, les apprentis danseurs apprennent «le contact avec les autres et les corps […], les caresses» et à «se laisser aller». Les jeunes expérimentent les sentiments amoureux, comme dans une scène où ils sont «gênés de se déshabiller et font du charme», alors que certains d’entre eux n’ont jamais encore fait l’expérience de l’amour dans leurs propres vies.

«La Pina» n’arrive que beaucoup plus tard dans le film, reconnaissable entre tous, avec sa mine sérieuse et sa cigarette à la bouche. Elle n’est pas la vedette du film, laissant la place à la relève, aux autres, ceux qui seront là lorsqu’elle ne sera plus, personne ne se doutant de sa disparition subite quelques mois plus tard.

Aussi nous revenons vite aux danseurs candides, à qui on somme de s’amuser, d’être au naturel devant la prêtresse de la danse venue les observer. Un jeune danseur avoue ne pas connaître la signification des mouvements, mais on voit qu’ils apprendront petit à petit, la jeune femme tenant le rôle principal expliquant plus tard comment elle cerne son personnage: «elle cache qui elle est vraiment, elle est timide et triste», alors qu’une autre explique que son personnage est une «femme hystérique, jamais contente, qui critique tout», un rôle qui lui va bien parce qu’elle a appris la colère, la même haine que son «grand-père a dû ressentir à sa mort», lorsqu’il s’est fait brûler pendant la guerre du Kosovo.

À la fin, il est frappant de contempler les adolescents vêtus de chics costumes du soir sur scène, ayant soudainement grandi, jouant le manège des adultes dans des rondes infinies, bouclant la boucle depuis l’ouverture du film.

Nous ressortons du cinéma aussi heureux que les deux danseuses-enseignantes, ravies de voir «différentes personnalités s’investir ensemble», donnant d’eux-mêmes, laissant tomber les préjugés, gagnant en confiance et se posant des questions existentielles. C’est là tout l’héritage de Pina Bausch, celui d’un trésor dansant né de ses observations sur les interactions humaines.

Les Rêves dansants… sur les pas de Pina Bausch
Cinéma du Parc dès le 1er octobre.

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L’Amour, toujours l’Amour! https://www.delitfrancais.com/2011/09/13/lamour-toujours-lamour/ Tue, 13 Sep 2011 13:56:57 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=8351 La jeune chorégraphe Virginie Brunelle peaufine son art d’évocation des relations de couple dans Le Complexe des genres.

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Les rapports amoureux ambivalents entre hommes et femmes ont toujours inspiré les créateurs. Virginie Brunelle s’inscrit dans la lignée, puisque ses chorégraphies traitent du sujet depuis ses débuts sur la scène contemporaine en 2007. Le sujet est passionnant, peut être creusé à l’infini et saura toujours renouveler l’imagination artistique des générations à venir. La question étant de refouiller le thème sans répéter ce qui a déjà été fait, chose difficile, surtout en danse contemporaine. Dans Le Complexe des genres, Virginie Brunelle nous offre quelques belles trouvailles sur le plan de la forme, mais ne parvient pas à faire passer un message de fond, par manque de consistance.

Mathieu Doyon
La performance s’annonce pourtant prometteuse lors des scènes initiales. Une première image marquante présente trois poupées désarticulées formées de jambes masculines et de troncs féminins habillés de tutus. L’illusion d’optique est réussie et étonne par l’étrangeté du mélange des genres. Puis, les poupées mixtes se désintègrent et deviennent trois hommes machos, rigolant et fiers de leurs prises, portant à leur taille des pénis plus grands que nature, s’avérant être des femmes aux seins nus, pendues la tête en bas et gloussant d’une joie puérile.

Par la suite, un homme assis sur une chaise attend une femme pour un tête-à-tête. Après moins de deux secondes à s’être regardés sans rien exprimer, la femme lui saute à la taille. S’ensuit une représentation ludique d’ébats charnels. La scène se répète deux fois, marquant la futilité d’une relation purement physique.

Le reste de la pièce est débalancé par l’omniprésence des mouvements de danse pure et abstraite par rapport au symbolisme et à la théâtralité des premiers instants. Il faut dire que la danse en soi est très belle; Virginie Brunelle, en peu d’années, a évolué pour le mieux en tant que sculpteure du mouvement. Elle a mis de côté les images simples et gratuites pour aller vers la subtilité, une griffe que l’on souhaite voir se développer.

Les portés qu’elle a imaginés sont inventifs et donnent une véritable impression d’envol. Les trois corps d’hommes qui ondulent au gré des archets d’un quatuor à cordes offrent un beau moment d’introspection. Une femme fragile et dénudée danse avec abandon sous le regard du trio masculin, qui accourt pour la rattraper, lorsque, telle une flamme vulnérable qui vacille, elle semble vouloir s’éteindre. Le duo subséquent dansé par Frédéric Tavernini et Isabelle Arcand est remarquable par sa fluidité et son intensité dramatique. Par contre, les instants où les corps s’agitent sur place et gesticulent dans tous les sens pour figurer un débat intérieur, ou encore lorsqu’ils entrent en collision à toute vitesse, ont une odeur de réchauffé depuis quelques années en danse contemporaine.

Par ailleurs, le Complexe des genres est porté par des morceaux de musique instrumentale, allant de Schubert à Eluvium en passant par Philip Glass. Le contraste entre la musique classique se frottant à une chorégraphie résolument contemporaine est un agréable mariage. Un exercice à répéter.

Enfin, la scène finale s’éloigne de tout cynisme pour nous faire sourire bonnement, comme des enfants; ce qui nous laisse toutefois perplexes: tous ces déchirements n’étaient alors qu’un jeu?

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Les maladies tropicales au radar https://www.delitfrancais.com/2011/02/01/les-maladies-tropicales-au-radar/ Tue, 01 Feb 2011 19:00:18 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=5827 Les maladies tropicales sont négligées par les chercheurs. Entrevue avec Timothy Geary.

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L’Institut de parasitologie de McGill, avec le Dr Timothy Geary à sa tête, a reçu une subvention d’un million de dollars pour lutter contre les maladies tropicales, et principalement contre celles causées par les helminthes, qui affectent plus d’un milliard de personnes dans les régions à faibles ressources.

Le Délit: En quoi consistent vos recherches sur les helminthes?
Dr. Timothy Geary: Notre objectif est de découvrir de nouveaux médicaments (antihelminthiques) pour traiter les infections causées par des nématodes parasites. Ce genre d’infections se propage dans le tractus gastro-intestinal ou dans les autres tissus humains et engendre des maladies comme la cécité des rivières (onchocercose) et l’éléphantiasis (filariose lymphatique). Bien que nous possédions déjà certains médicaments très utiles contre ces infections, nous avons besoin de remèdes à long terme afin de mieux faire face à ces maladies issues des pays pauvres.

Owen Egan

LD: Comment comptez-vous utiliser le montant qu’on vous a alloué?
TG: L’argent sera en partie utilisé à Montréal, mais l’objectif principal est de procéder à la découverte de médicaments dans les laboratoires de l’Université du Botswana et de l’Université du Cap, en Afrique du Sud. La plus grande somme d’argent sera utilisée pour la formation de personnes compétentes, le transfert d’outils technologiques et le développement de programmes de dépistage en Afrique.

LD: Les médicaments commercialisés seront-ils faciles d’accès?
TG: La recherche et le développement de médicaments constituent un processus d’une dizaine d’années en général. L’un des avantages de notre projet est que nous allons mettre les résultats des essais directement entre les mains des scientifiques locaux. Nous ferons en sorte que les droits de propriété intellectuelle restent sur place, afin d’appuyer et de soutenir le développement d’une nouvelle entreprise commerciale qui se concentrera sur la recherche et le développement de médicaments. Nous ne voyons aucun problème à ce qu’un bénéfice raisonnable dérive finalement de ce travail, tant que cela reste en Afrique et que ce soit utilisé pour renforcer les capacités scientifiques et technologiques locales. Aucun profit tiré de nos recherches ne nous reviendra.

LD: Dans combien de temps pensez-vous voir les fruits de vos recherches?
TG: Il s’agit d’un projet à long terme. Pour nous, il s’agira d’abord d’identifier des molécules actives («hits») potentiellement utiles au développement de nouveaux médicaments. Nous essaierons ensuite d’attirer des sources de financement supplémentaires pour soutenir et étendre le projet en Afrique. Enfin, la réussite sera complète si nous parvenons à identifier, à recruter et à former des scientifiques africains prêts à assumer un rôle de leadership dans le projet.

LD: Pourquoi la recherche sur ces maladies tropicales est-elle subitement subventionnée?
TG: Les infections par les vers ne sont pas glamour, elles ne causent pas de létalité aiguë et ne sont donc pas sous les «radars d’urgence» des donateurs et des gouvernements. Cependant, nous savons que ces infections contribuent grandement au cycle de la pauvreté. Ils réduisent la fréquentation scolaire et la performance, contribuent à une baisse de productivité et provoquent des pathologies débilitantes. Le monde occidental a pris conscience des conséquences dévastatrices de ces maladies tropicales, y compris de celles qui, comme les infections aux helminthes, sont appelées «maladies tropicales négligées».

LD: Que veut dire «traitement issu de la biodiversité africaine»?
TG: La plupart des antibiotiques, des antifongiques et des médicaments anticancéreux proviennent de ce qu’on appelle les produits naturels; ce sont des produits chimiques créés par des microbes ou par des plantes. Cela est également vrai pour de nombreux médicaments antiparasites. Le continent africain possède une flore très riche et est l’hôte d’une énorme faune microbiologique encore inexplorée. En Afrique, un grand nombre de chimistes de talent se concentrent sur la caractérisation des produits chimiques issus des plantes. Notre objectif est d’exploiter ces ressources chimiques pour trouver de nouveaux composés pouvant potentiellement donner naissance à de nouveaux médicaments contre les infections helminthiques de l’homme.

LD: Pourquoi ce partenariat avec des scientifiques africains?
TG: Nos partenaires en Afrique sont nécessaires à la réussite. Sans eux, il n’y aurait pas de projet. Les scientifiques avec lesquels nous travaillons, principalement les Drs. Kelly Chibale, Berhanu Abegaz et Kerstin Marobela, sont des leaders mondiaux dans leur domaine. Nous sommes extrêmement chanceux qu’ils veuillent participer au projet et ils seront mis au premier plan de la recherche.

Owen Egan
LD: Comment choisissez-vous les priorités dans la lutte contre les maladies tropicales négligées?
TG: Il y a tant de besoins dans ce domaine qu’il est difficile de choisir. Nous nous sommes concentrés sur les helminthes parce que j’ai travaillé dans ce domaine pendant de nombreuses années dans l’industrie pharmaceutique américaine. Mon groupe du Michigan (The Upjohn Company, qui a été acquis par Pfizer) a inventé une technologie très sophistiquée de recherche de médicaments dans les milieux à faibles ressources. Pfizer nous a généreusement fait don de ce programme technologique, sans exiger de droits à la propriété intellectuelle. Nous avons également la chance de profiter de la coopération de Cadus, Inc. Cela nous permet d’utiliser la technologie que nous avons mise au point, en Afrique. Je tiens également à mentionner le soutien essentiel que les parasitologues du Québec reçoivent du gouvernement provincial; le FQRNT soutient généreusement un réseau de scientifiques d’ici à travers le Centre de recherche sur les interactions hôte-parasite. Ce genre de recherches de base est essentiel pour nous permettre de comprendre comment créer de nouveaux médicaments contre ces agents pathogènes envahissants et pernicieux.

Propos recueillis et traduits par Annie Li.

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La multipixelité de la SAT https://www.delitfrancais.com/2011/01/25/la-multipixelite-de-la-sat/ Tue, 25 Jan 2011 19:19:24 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=5557 Lundi dernier marquait le coup d’envoi des festivités entourant le 15e anniversaire de la Société des arts technologiques (SAT).

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Le lancement de la série d’activités qui se dérouleront tout au long de l’année était marqué par l’inauguration de l’œuvre d’art PIXINESS, qui ornera désormais la façade de la SAT, nouvellement rénovée du boulevard St-Laurent. L’ouvrage digital a été conçu par l’artiste visuel Axel Morgenthaler. Il s’agit d’une persienne robotisée couvrant la longueur de la vitrine séparant la rue de l’intérieur du bâtiment. Chaque lamelle de la persienne est composée d’une surface miroir et d’un côté couvert de lumières (dites pixels, 960 au total) en forme de dôme. Les lamelles tournent sur elles-mêmes à l’horizontale, offrant la SAT à la rue et vice-versa, et créent des jeux et vagues qui reflètent les humains dans leur environnement urbain grâce à ses miroirs. L’ensemble forme aussi une horloge inusitée, car les lumières prendront des formes spécifiques lors des heures piles et à chaque quinze minutes, marquant le rythme de l’urbanité montréalaise. Le tout se veut interactif, puisque les passants pourront animer les lumières –mais seulement s’ils sont les heureux propriétaires d’un iPhone.

Dominic Paquin

L’œuvre s’inscrit dans le «Parcours lumière», la signature visuelle du Quartier des spectacles, qui lui permet de se distinguer parmi les autres quadrilatères culturels du monde. Les concepteurs du projet tiennent à rassurer les écolos, clamant respecter les principes de protection du ciel étoilé en utilisant la technologie DEL, qui consomme quatre-vingt-trois fois moins d’énergie qu’une ampoule conventionnelle.

Ce n’est que le début du renouveau pour la SAT, fondée en 1996 et installée sur le boulevard St-Laurent depuis 2003. Le centre transdisciplinaire s’acharne à promouvoir la recherche, la création, la formation et la diffusion des arts numériques, et ce tant à l’échelle locale qu’internationale. La SAT a pour mission de repousser les limites de la création artistique en s’appuyant sur des idées et projets multidimensionnels s’aventurant en territoire inconnu, à la croisée de l’art et de la science. La Société se veut un laboratoire vivant, un lieu d’échange et de rencontre, autant pour les initiés que pour les néophytes. Cette institution culturelle devenue incontournable pour la métropole offre dans les prochains mois des créations présentées en ses nouveaux lieux. Beaucoup sont curieux de découvrir le nouvel étage de la SAT, le Sensorium, qui mariera arts technologiques et culinaires. L’étage comprendra aussi un théâtre immersif permanent, dédié à la création artistique, où le public sera invité à interagir: la Satosphère, dôme intriguant trônant sur le toit de la SAT et que l’on peut apercevoir depuis la rue.

La SAT, qui n’a pas encore terminé les travaux de son chantier, nous réserve encore bien des surprises en lien avec la culture numérique.

Espérons que son succès certain saura émuler d’autres diffuseurs et protagonistes citadins afin de vitaliser la Main et le Quartier des spectacles!

Soyez présents à la soirée d’ouverture officielle et restez informés des événements à venir en vous inscrivant à www.sat.qc.ca/inauguration.

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