Astghik Aprahamian - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/astghik-aprahamian/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 20 Oct 2015 21:03:05 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Ceci n’est pas un taxi https://www.delitfrancais.com/2015/10/20/ceci-nest-pas-un-taxi/ https://www.delitfrancais.com/2015/10/20/ceci-nest-pas-un-taxi/#respond Tue, 20 Oct 2015 21:01:56 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23643 Panahi expose la politique et les problèmes sociaux dans les rues de Téhéran.

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L’interdiction de tourner un film dans son pays natal n’aura pas empêché le réalisateur iranien Jahar Panahi (Le Miroir, Hors Jeu) d’en faire un troisième en cinq ans de bannissement officiel, après Ceci n’est pas un film et Pardé. Avec sa petite caméra installée dans une boîte de papiers mouchoirs en face de lui, Panahi sillonne les rues de Téhéran en tant que chauffeur de taxi, transformant les passagers et les connaissances qu’il rencontre sur son chemin en acteurs du film. On se demande à plusieurs reprises où s’arrête la réalité d’un simili-documentaire et où commence le jeu. Voici Taxi, film qui se voit décerné l’Ours d’or à la Berlinale. Panahi, face à l’interdiction de quitter son pays, s’est retrouvé évidemment dans l’impossibilité d’aller chercher lui-même son prix. C’est sa jeune nièce, figurante dans le film (petite écolière en tchador, balbutiante et énergétique, une caméra à la main pour un projet scolaire), qui le reçoit en son nom.

Mais quel piètre chauffeur de taxi, ce monsieur Pahani! Il connaît mal les rues, les monuments historiques, voire même l’emplacement des hôpitaux de Téhéran. Il trouve même pour quelques-uns de ses passagers un autre taxi qui les amènerait à destination avec plus de justesse que lui. Il refuse souvent tout paiement; et alors que tous ses passagers se plaignent de vivre dans la pauvreté, ils le paient quand même. Courtoisie iranienne oblige.

On rencontre, à tour de rôle, différents personnages. Un voleur qui est pour la condamnation à mort, un trafiquant de films occidentaux piratés, un homme gravement blessé et sa femme – qui tombera dans la misère si son mari meurt sans laisser de testament – un étudiant en cinéma à la recherche d’inspiration ou encore deux femmes transportant des poissons rouges à la fontaine d’Ali. On rencontre aussi Hana, la nièce de Panahi, et un ami d’enfance qui, après avoir subi un braquage, refuse de dénoncer les coupables, qu’il sait être dans le trouble financièrement, puis enfin la «dame aux roses», une avocate qui tente d’aider les prisonniers politiques dissidents et leurs familles. Elle évoque, au travers de sous-entendus, sa propre détention, jadis, qui la rend désormais incapable d’exercer son métier dans son pays…

Jafar Panahi Film Productions

Derrière le semblant de simplicité du film (un homme déguisé tant bien que mal en chauffeur de taxi, des figurants, une ville bondée, des histoires du quotidien), on retrouve des commentaires très clairs et francs et d’autres moins, plus nuancés et presque cachés, sur la situation sociopolitique en Iran. La place des femmes dans la République islamique d’Iran, sa situation économique, l’emprisonnement et les exécutions des dissidents politiques ou encore la censure du cinéma: tout y passe dans Taxi. Dans la seconde moitié du film, Panahi semble même avoir arrêté de jouer son rôle de chauffeur de taxi bienveillant, calme, souriant. Il entre dans un autre rôle: le sien. Celui du réalisateur banni qui parcourt nerveusement les rues de Téhéran, qui croit avoir entendu la voix de son interrogateur dans la foule… À la recherche de quelqu’un, ou peut-être cherchant à lui échapper? 

La salle du Cinéma du Parc était bien remplie en ce vendredi soir de première. Le film finit sans générique, puisqu’il est censuré par l’État. Impossible, donc, d’en nommer les acteurs, les producteurs, les assistants. Panahi inclut une courte note, sur l’écran noir, en guise de remerciements. Dans la salle, on se met à applaudir le réalisateur absent, comme si l’on espérait qu’il puisse entendre, de Montréal à Téhéran, le soutien d’un public à l’écoute. Malgré son statut de cinéaste banni, on n’oubliera pas de sitôt monsieur Panahi.

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Salsa Valentin https://www.delitfrancais.com/2015/02/17/salsa-valentin/ https://www.delitfrancais.com/2015/02/17/salsa-valentin/#respond Tue, 17 Feb 2015 16:57:02 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22404 Courrier du cœur et tendre colère au calendrier.

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C’est la première fois que je passe la Saint-Valentin seule. J’aimerais vraiment ne pas tomber dans le cliché Il-faut-se-valoriser-soi-même-avant‑d’en-aimer-un-autre. Personne n’est fort en tout temps et, des fois, ça peut être tellement pénible d’être seul que tu veux juste te rouler en boule sans rien faire que de penser: «mais bon sang pourquoi n’ai-je personne?» Ou te souvenir de toutes les fois où quelqu’un n’était pas intéressé ou encore pire: pas assez intéressé, ou pas assez clair.

Je suis née le jour du Noël occidental, le 25 décembre. Chaque année, ça me met hors de moi, ainsi soit-il, de partager ma journée avec une fête qui ne célèbre plus grand-chose à mes yeux, à part le capitalisme aveugle. J’ai appris à vivre avec, même si chaque année j’ai envie de donner une taloche aux personnes qui me souhaitent «Joyeux Noël :))) :PXD» au lieu de «Bonne fête!» sur mon bien-aimé Facebook. De la même façon, si Noël n’est plus une fête religieuse pour célébrer Jésus mais plutôt une occasion de vendre des produits dont on n’a pas tant besoin, la Saint-Valentin l’est aussi. D’accord, Noël est aussi un temps pour que les gens se retrouvent en famille et la Saint-Valentin peut aussi être un temps pour aimer les gens qui nous entourent, qu’ils soient des amis ou des membres de famille. C’est l’occasion, pour ceux qui n’ont pas le temps les 364 autres jours de l’année, de simplement dire aux gens: «yo! Je t’aime.» Et surtout, finalement, peut-être le temps d’apprendre à s’aimer, car trop souvent on classe notre amour propre très, très, très loin sur notre liste de priorités, après les devoirs, le ménage, le boulot et les autres. D’ailleurs, si on n’est pas encore prêt à se montrer à soi-même qu’on s’aime parce que ça fait un peu trop égocentrique et que ça nous donne envie de nous talocher nous-mêmes, ça reste l’occasion d’aimer les autres, et pas seulement une douce moitié, mais des amis, des parents, des grands-parents, que les mots «je t’aime» peuvent surprendre s’ils viennent de nous.

Je trouve ridicule de mettre tout son être entre les mains d’un autre, de se dédier complètement pour son chéri au point de se sentir vide si on n’en a pas un. Je ne dis pas qu’il faut complètement oublier le fait qu’on est humain et que de l’affection et des interactions sociales, on en a vraiment besoin. Il est temps de faire la nuance avec les sacrifices de temps, de pensées, d’heures de sommeil et de confiance en soi par amour pour une personne, ou par manque de personne… j’ai vu ce que ça m’a personnellement fait, je vois ce que ça fait à des amis, même à ceux qui prétendent que tout va bien. T’sais les couples 2 pour 1? Soit ils passent tout leur temps ensemble, soit le seul sujet possible de conversation quand on les sépare, c’est leur deuxième moitié? Et si l’un meurt, quitte, part en échange pendant un an, l’autre va faire quoi? Se rendre compte qu’on veut plus l’entendre parler de chéri, se taire, être absent?

On a assez décrié la société qui place les couples sur un piédestal et range le célibat dans le dossier des malédictions, entre la pauvreté des poètes et la détresse des artistes, donc je ne le referai pas. Non, être célibataire n’est pas la fin du monde, mais avoir quelqu’un n’est pas une fin en soi non plus.

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