Chloé Francisco - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/chloefrancisco/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Fri, 12 Feb 2021 19:53:59 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Solidarité au delà de nos distances https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/solidarite-au-dela-de-nos-distances/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/solidarite-au-dela-de-nos-distances/#respond Tue, 17 Nov 2015 05:04:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24082 Que vaut votre vie dans la balance médiatique?

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Le matin du 2 avril dernier, en faisant défiler mon fil d’actualité, mes yeux endormis tombent sur une image effroyable. Parmi les vidéos de chatons, des douzaines de corps sans vie gisent dans une mare de sang. Je consulte immédiatement un journal fiable pour comprendre quelle catastrophe s’est produite dans la nuit, mais les victimes ne font pas la une. Aucun article ne leur est consacré. Nulle part.

Il faudra attendre de longues heures pour que les médias occidentaux éclairent le drame de Garissa. Dans les jours qui suivent, l’image de ces 147 morts, des étudiants comme moi, me hante. Mais pourquoi donc aucun bulletin d’information ne semble se mettre au diapason de mon émoi? Pourquoi le monde ne s’arrête-t-il pas un instant, comme il l’a fait pour Charlie? Où sont les manifestations internationales de solidarité?

On m’explique la loi journalistique du «mort-kilomètre»: pour les médias, il est plus fructueux de couvrir les morts géographiquement proches de leur lectorat. On a effectivement plus d’empathie pour son voisin que pour un inconnu au bout du monde. Pourtant, quelques mois plus tôt j’étais tenue informée en temps réel, minute par minute, de la prise d’otages à Sydney, bien plus éloigné que le Kenya. Car, au fond, la distance ne se mesure pas réellement en kilomètres.

Joachim Dos Santos

C’est une distance culturelle, psychologique, politique. Elle est renforcée par nos visions stéréotypées: en Afrique ou au Moyen-Orient, la violence nous paraît endémique et ne nous choque pas, ou moins. La gravité des attaques est gommée par leur récurrence. De plus, nous nous identifions plus facilement à des victimes dont le mode de vie et la culture sont similaires à la nôtre (d’ailleurs, les veillées pour Garissa étaient majoritairement organisées par des étudiants). Tous ces facteurs sont humains, mais dans quelle mesure justifient-ils notre ethnocentrisme médiatique?

Cet article ne se veut en aucun cas moralisateur, encore moins accusateur. La France vient de connaître les attentats les plus tragiques de son histoire et je suis, comme tout le monde, bouleversée au-delà des mots. La veille, en apprenant que Beyrouth venait d’être frappée par un attentat d’ampleur comparable, je n’ai pas posté de statut Facebook, ni changé ma photo de profil, ni participé à un rassemblement de soutien. C’est justifiable: ma sœur ou mes amis auraient pu être rue de Charonne, mais certainement pas dans un fief du Hezbollah. Je m’interroge pourtant sur la différence de traitement médiatique (hors de France) entre les deux événement. Et je ne suis pas la seule.

Une nouvelle tendance apparaît sur les réseaux sociaux. On constate qu’en plus de #PrayforParis (#PriezPourParis), nos amis nous enjoignent à #PrierPourBeiruth, à #PrierPourLeMonde. Ils rappellent que l’attaque sur Paris était une attaque contre l’humanité toute entière. Ils appellent à la solidarité avec les réfugiés, qui fuient les mêmes meurtriers que les rescapés du Bataclan. C’est le prolongement d’un mouvement qui avait déjà débuté lorsque les bougies de soutien pour Baga apparaissaient au côté des «Je suis Charlie». Beaucoup s’étaient alors demandé pourquoi 2 000 Nigérians passaient inaperçus alors qu’ils étaient assassinés au même moment qu’une poignée de journalistes français. Il ne s’agit aucunement de hiérarchiser la gravité de ces drames. Les marches de solidarité internationales et la couverture médiatique des attentats à Paris sont évidemment tout à fait justifiées! Il s’agit plutôt de comprendre pourquoi d’autres tragédies ne reçoivent pas une attention comparable. Sur les sources d’information informelles que sont les réseaux sociaux, notre génération globalisée prend conscience que nous appartenons tous à la même humanité. Notre empathie et notre solidarité s’étendent peu à peu au-delà des frontières géoculturelles. La loi du «mort-kilomètre» faiblit quand un français et un libanais sont victimes de la même guerre. Il est donc probable qu’à l’avenir les journalistes traitent l’actualité de manière plus équitable, pour répondre aux attentes d’un lectorat plus global et interconnecté. 

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Quelle justice pour Val d’Or? https://www.delitfrancais.com/2015/10/27/quelle-justice-pour-le-val-dor/ https://www.delitfrancais.com/2015/10/27/quelle-justice-pour-le-val-dor/#respond Tue, 27 Oct 2015 17:33:49 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23743 Retour sur les révélations d’abus de femmes autochtones.

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Jeudi 22 octobre, l’émission «Enquête»  de Radio Canada a créé l’émoi en mettant en lumière les violences faites aux femmes autochtones de l’Abitibi (une région au sud du Québec). Dans une succession de témoignages alarmants, les femmes rencontrées par «Enquête» racontent à visage découvert les sévices infligés par des policiers en charge de leur protection dans la ville de Val‑d’Or. Elles racontent, entre autre, comment des officiers auraient régulièrement embarqué des femmes la nuit pour les conduire dans les bois, où elles étaient contraintes de performer des actes sexuels sous peine d’être violentées. Bianca Moushoun rapporte avoir reçu «100 pièces pour le service et 100 pièces pour que je ferme ma gueule».  Elle avait déjà porté plainte en 2006, lorsqu’elle était mineure, car des officiers lui avaient cassé le bras. Mais sa plainte n’avait pas reçu de suite. Priscillia Papatie, elle, affirme qu’un policier aurait brisé son portable et jeté ses chaussures dans la neige avant de l’abandonner seule au bord de l’autoroute, à plus d’une heure de chez elle. Les victimes sont toutes des femmes des Premières Nations.

Les allégations d’abus de pouvoir et agressions sexuelles choquent non seulement par leur gravité mais surtout par leur prise en charge. Ces violences seraient perpétrées régulièrement par une poignée d’officiers depuis des années. Les dossiers examinés recensent des évènements arrivés entre 2002 et 2015. Douze des victimes ont porté plainte contre la Sûreté du Québec (SQ) le 15 mai 2015, le lendemain de leur rencontre avec les journalistes. L’enquête était menée par la SQ au sein de… la SQ. Les allégations ont été rapportées au ministère de la sécurité publique, comme le veut la procédure, mais les policiers visés sont demeurés en fonction.  C’est uniquement après les révélations de Radio Canada que la Ministre de la sécurité publique, Lise Thériault, est intervenue. L’enquête a été transférée au Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) et les huit policiers impliqués ont été suspendus. La direction du poste de Val‑d’Or a également été confiée par intérim à la capitaine Ginette Séguin.

Mahaut Engérant

Malheureusement, ces faits représentent seulement la partie émergée de l’iceberg. Le Centre de l’Amitié Autochtone rapporte d’ailleurs que plus de femmes sont venues présenter de nouvelles accusations depuis la diffusion du reportage. Edith Cloutier (Directrice du Centre de l’Amitié), explique qu’il ne s’agit pas simplement d’un problème au niveau de certains individus. Ces incidents s’inscrivent dans un cadre plus général, dans la «culture dans laquelle l’autorité policière interagit avec les autochtones». En effet, les femmes autochtones violentées sont souvent des femmes précarisées et donc vulnérables. Elles sont perçues comme non-crédibles (les agresseurs choisissent généralement des femmes alcooliques ou des travailleuses du sexe) et sans réseau. Comme elles n’ont pas confiance en un système qui non seulement échoue à les protéger mais perpétue lui-même certaines violences, elles doivent trouver d’autres manières de se défendre. Edith Cloutier souligne leur capacité à se lier entre elles et à briser le cycle du silence, comme le montre la vague de dénonciations cette semaine.

Ces événements braquent une fois de plus le projecteur sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Depuis les révélations, la famille de Cindy Ruperthouse (qui témoigne également dans le reportage de Radio Canada) a enfin été contactée par les enquêteurs, dont elle était sans nouvelles depuis des mois. Bien que Cindy ait disparu en avril 2014, son dossier prenait depuis la poussière, comme pour des centaines d’autres femmes autochtones. Au cours de la semaine dernière, Justin Trudeau a promis une enquête nationale sur ces femmes disparues ou assassinées. Les partis québecois d’oppositions (PQ et CAQ) demandent une enquête provinciale suite aux incidents de Val‑d’Or. Il faut dans tout les cas que ce scandale, quelques jours  seulement après son élection, rappelle au futur Premier ministre l’urgence de tenir ses promesses sur la sécurité des femmes autochtones. Il est inadmissible de tarder plus longtemps à leur rendre justice.

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Chantal St-Onge https://www.delitfrancais.com/2015/10/06/23387/ https://www.delitfrancais.com/2015/10/06/23387/#respond Tue, 06 Oct 2015 16:15:47 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23387 Bloc Québécois | Ville-Marie — Le Sud-Ouest — Île-des-Sœurs

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Le Délit (LD): Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parti brièvement?

Chantal St-Onge (CSO): Je m’appelle Chantal St-Onge, je suis enseignante et je me présente au parti du Bloc québécois aux fédérales pour défendre les intérêts et préoccupations de tous les Québécois et Québécoises.

LD: Comment définissez vous ces préoccupations?

CSO: Le gouvernement fédéral ne répond pas nécessairement à toutes les attentes et intérêts des gens ici au Québec. Ici, on n’a pas les mêmes intérêts que le gouvernement fédéral, c’est pour ça qu’il est important que le Québec devienne un pays. Le Québec doit pouvoir décider des meilleurs investissements pour leurs impôts. Il faut avoir le plein contrôle de notre argent pour pouvoir investir là où on en a besoin au Québec.

LD: Ville Marie est l’une des plus jeunes circonscriptions, elle englobe notamment les Universités McGill, Concordia et L’ÉTS: Quelles mesures proposez-vous pour les étudiants?

CSO: Justement, le gouvernement fédéral n’a pas à dire son mot sur les étudiants et sur l’éducation au Québec. C’est de l’ingérence.

LD: Les moins de 25 ans ont un fort taux d’abstention. Comment expliquez vous ce désintérêt et comment pensez-vous mobiliser les jeunes?

CSO: Les jeunes se désintéressent peut-être de la politique, mais moi j’ai vu avec le printemps érable les étudiants qui sont montés au front, qui ont fait des manifestations monstres à Montréal pour défendre leurs droits d’étudiants. Je pense que le désintéressement est de moins en moins présent.

Il faut amener les politiciens à rejoindre les étudiants sur les réseaux sociaux, à leur offrir une plateforme, une tribune d’expression, les informer… Mais surtout, il faut expliquer l’histoire du Québec, expliquer nos racines. Ils (les étudiants, ndlr) vont d’avantage comprendre les enjeux aux niveaux économiques et politiques au Québec. En connaissant notre histoire on est capable de comprendre ce qu’il se passe au niveau politique. Il y a quelqu’un qui a dit: «si tout le monde savait l’histoire du Québec telle que nos ancêtres l’ont vécue, on serait indépendants depuis longtemps.»

LD: Comment votre expérience d’enseignante impacterait-elle votre mandat?

CSO: Je suis enseignante et le premier rôle de l’enseignante, c’est d’être à l’écoute de ses élèves. Être à l’écoute des enfants ou être à l’écoute des citoyens, c’est prendre le pouls des gens. C’est être à l’écoute de leurs besoins et surtout défendre les intérêts de tous et chacun. Ne pas prioriser l’un plutôt que l’autre. Chaque personne a des besoins spécifiques et dans une société il faut essayer d’accorder la même attention à chacun.

LD: Pouvez-vous me parler de votre expérience en politique en tant que femme?

CSO: C’est vrai qu’il y a moins de femmes, nous sommes quatre candidates sur l’île de Montréal. Ça a toujours été comme ça en politique, ça a toujours été un milieu d’hommes, je trouve ça dommage. Les femmes ont une vision des choses qui est différente de celle des hommes. Moi, je pense que les femmes devraient un peu plus s’impliquer en politique. Ce n’est pas évident car c’est un monde d’hommes et il faut faire sa place. Au Bloc Québécois, je vois un grand respect envers les femmes, je ne me sens pas mise à l’écart, je fais partie de l’équipe et je me sens bien.

Il faut avoir du courage. En politique, pour les hommes comme pour les femmes, il faut avoir le courage de ses convictions. Je ne suis pas carriériste, je n’ai jamais voulu faire carrière en politique. Mais je me suis dit, je veux rester debout car il est temps que l’on prenne notre destin en main au Québec. Moi, citoyenne ordinaire, si je le fais cela va peut-être inspirer d’autres gens comme moi qui ne font pas carrière en politique mais qui veulent vraiment que le Québec avance.

Chloé Francisco | Le Délit

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#saveoursandwiches https://www.delitfrancais.com/2015/03/17/saveoursandwiches/ https://www.delitfrancais.com/2015/03/17/saveoursandwiches/#respond Tue, 17 Mar 2015 15:45:03 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22622 Brève.

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Une trentaine d’étudiants se sont réunis mercredi au SNAX de Leacock pour manifester leur soutien au café étudiant et réclamer qu’il puisse vendre à nouveau des sandwichs. Parmi eux, Michelle et Amina déplorent le bannissement de leur sandwich préféré, le délicieux BLT végétalien qui faisait leur bonheur pour seulement 3 dollars. «C’était un des seuls endroits où trouver des déjeuners végétaliens et peu couteux», regrettent les deux étudiantes. D’autant plus que son emplacement est particulièrement pratique pour les étudiants pressés. Bien que les participants aient été relativement peu nombreux, l’occupation des lieux s’est prolongée plusieurs heures et a attiré l’attention de CBC. D’autres étudiants ont également pu manifester virtuellement leur solidarité grâce au mot-clic #saveoursandwiches sur Twitter.

En entrevue avec Le Délit, Hassan Aizami, le gérant de SNAX, revient sur les détails des négociations avec l’Université. En octobre dernier, le collectif a reçu un courriel de l’administration leur ordonnant de cesser la vente de sandwichs immédiatement. La convention collective entre l’Association Étudiante de la Faculté des Arts (AÉFA) et l’administration, dont ils négocient présentement le renouvellement, interdit à SNAX de vendre des aliments transformés. Cependant, ce n’est qu’au semestre dernier que l’administration a commencé à appliquer l’interdiction. «Nous savions que nous étions en violation de la convention, mais pourquoi maintenant?» Les étudiants ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’un souci de responsabilité et le SNAX a fait certifier tous ses employés. L’Université a également signifié qu’elle ne se souciait pas de problèmes de compétition. L’administration parle maintenant d’une «pente glissante», parce que négocier avec SNAX ouvrirait la porte à de nouvelles requêtes de la part des services gérés par les étudiants.

L’argument paraît faible pour ceux qui soutiennent SNAX et mettent en avant le fait que SNAX fournit également aux étudiants des emplois aux horaires flexibles. De plus, le casse-croute n’étant pas motivé par le profit, tout surplus est réinvesti dans la communauté étudiante. En privilégiant une extorsion de revenus immédiate, McGill semble perdre de vue l’investissement à long terme que sont les services gérés par les étudiants.

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Vers une culture du consentement https://www.delitfrancais.com/2014/10/28/vers-une-culture-du-consentement/ https://www.delitfrancais.com/2014/10/28/vers-une-culture-du-consentement/#respond Tue, 28 Oct 2014 05:28:22 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=21624 Former de meilleurs communicateurs sur le campus.

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«Demande, écoute et respect mutuel». Tels étaient les trois axes clefs de la première semaine du consentement à McGill, qui s’est tenue du 20 au 24 octobre (et du 22 au 24 sur le campus  Macdonald). Cette campagne éducative est le fruit d’une collaboration entre le personnel de McGill et de nombreuses associations étudiantes. Le SACOMSS [Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society, Centre des Agressions Sexuelles de l’Association Étudiante de McGill, ndlr], le Bureau de l’équité sociale et de l’éducation sur la diversité (SEDE), le groupe Union for Gender Empowerment, le comité éthique de l’AÉUM ou encore, entre autres, Healthy McGill, ont mis en place une série d’ateliers, de discussions et de projections de films afin d’encourager la réflexion sur ce qu’est le consentement. Bien qu’il s’agisse principalement de prévenir les agressions sexuelles, la notion de consentement a été abordée dans un cadre plus général. En effet, «le consentement n’est pas toujours sexuel et affecte de multiples aspects de notre vie» rappellent les intervenantes de l’atelier Zones Grises et Consentement. En examinant divers scénarios ou lors de discussions sur l’écoute active, les participants ont donc réfléchi sur comment mieux communiquer, l’objectif étant de prendre conscience des rapports de pouvoir implicites et des contextes pouvant brouiller les limites du consentement dans nos interactions quotidiennes. Les discussions ont également porté sur les manières d’aborder le consentement, car l’aspect «demande» semble poser le plus de problèmes pratiques. Selon la facilitatrice Vareesha, les gens rapportent souvent qu’il est bizarre et gênant de demander à quelqu’un son consentement explicite. «Vous savez ce qui est encore plus gênant? Commettre une agression sexuelle», répond-elle en distribuant des exemples de phrases à utiliser pour clarifier une situation. Le comité d’équité de l’AÉUM a également organisé une discussion sur les mesures à prendre pour promouvoir une culture du consentement au sein de l’université.

Les événements ont eu un succès variable en termes de participation. Ainsi, l’atelier de mardi a attiré une quinzaine de participants tandis que celui du jeudi était principalement constitué des facilitateurs. L’écrasante majorité des participants était d’ailleurs composée de participantes, ce qui suggère qu’un important travail de sensibilisation reste à faire sur le campus. Certains interrogés par Le Délit regrettent que le contenu soit resté relativement superficiel. C’est le cas de Rose et Micah, qui disent ne pas avoir appris beaucoup plus que ce qu’ils savaient déjà. Il est vrai que le public touché par la semaine du consentement est en général déjà sensibilisé aux thèmes abordés. Toutefois, les étudiants ont activement pris part aux discussions et ont majoritairement apprécié ces activités.

L’intervenante Isabel, membre du comité de l’équité de l’AÉFA, explique en entrevue avec Le Délit que cette campagne constitue une réponse à une certaine passivité de l’université en matière de prévention des violences sexuelles. Elle rappelle que McGill n’a pas de politique officielle concernant ces cas et que ces agressions sont fréquentes sur le campus, bien que les gens n’en aient pas conscience. Des associations comme le SACOMSS pressent d’ailleurs McGill d’adopter une politique claire en matière d’agressions sexuelles, en particulier suite à la réaction très tardive de l’administration face aux accusations visant les anciens joueurs des Redmen. Selon les intervenants, la responsabilité de combattre la culture du viol sur le campus ne devrait pas incomber seulement aux étudiants.

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Servir et protéger? https://www.delitfrancais.com/2014/10/21/servir-et-proteger/ https://www.delitfrancais.com/2014/10/21/servir-et-proteger/#respond Tue, 21 Oct 2014 08:25:38 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=21548 Suite au regain des agressions dans les taxis, la réaction du SPVM fait debat.

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Une jeune montréalaise a été agressée par un chauffeur de taxi en fin de semaine dernière. C’est le 17e incident de ce type cette année. Selon Ian Lafrenière, le commandant du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), interviewé par Le Devoir, en 2013, 29 agressions sexuelles ont été reportées par des passagères et trois chauffeurs ont été arrêtés. Sachant que seulement une minorité de victimes dépose une plainte, ces chiffres ont de quoi inquiéter.

 Mais outre cette vague d’agressions, ce sont surtout les recommandations du SPVM qui ont fait débat. Les autorités conseillent aux jeunes femmes de ne pas prendre un taxi seule et de «limiter leur consommation d’alcool et rester en contrôle». Il est bien connu que lorsqu’on a bu il est préférable de prendre sa voiture, ou de rentrer seule à pied au milieu de la nuit…

La majorité des médias s’indigne de ces recommandations qu’ils jugent sexistes et accusent la police de blâmer à tort les victimes. 

Pour d’autres, ces consignes relèvent simplement du bon sens. Ils soutiennent que dans un monde parfait les femmes devraient être libres de circuler comme elles veulent; mais qu‘étant donné la réalité il faut s’adapter.

Aujourd’hui les femmes s’adaptent déjà: elles prennent un taxi car il s’agit de l’option la plus sécuritaire pour elles. Mais si l’on pousse ce raisonnement à l’extrême, «s’adapter» équivaudrait à ne plus rentrer en taxi, ne plus sortir de chez soi sans être accompagnée (d’un homme), et il ne nous resterait plus qu’à rester cloitrées chez nous le samedi soir. Nous avons atteint ici les limites de notre capacité «d’adaptation aux risques».

Au lieu de nous focaliser sur ce que devraient faire les victimes, il serait temps de se retourner et d’examiner ce qui ne va pas de l’autre côté: du côté des agresseurs, du côté des services d’ordre et de sécurité – qui sont censés protéger les citoyennes au lieu de leur laisser la responsabilité de leur sécurité – ,  du côté des discours ambiants qui considèrent cette situation comme une réalité injuste mais inévitable. Des recommandations comme celles du SPMV détournent l’attention du vrai problème: au lieu de se demander comment prévenir les agressions efficacement et condamner leurs auteurs, on se concentre sur les efforts à faire de la part des victimes.

 Une réaction plus appropriée aurait été de trouver des solutions pour améliorer la sécurité des passagers à l’intérieur même de la voiture de taxi. Montréal n’exige pas encore la vérification des antécédents criminels de ses chauffeurs de taxi, contrairement à Vancouver, Halifax ou Edmonton; malgré une demande du Bureau du Taxi pour l’application de la loi stipulant qu’aucune personne avec des antécédents criminels ne peut détenir de licence. 

Une autre réponse utile aurait été, par exemple, d’installer des caméras dans les taxis. Une mesure bientôt obligatoire annoncée par le maire Denis Coderre en juin dernier. 

Mais le problème se situe au-delà des réactions pratiques. À une plus grande échelle, nous devrions nous demander: pourquoi des chauffeurs pensent pouvoir agresser leurs jeunes passagères en toute impunité? C’est en partie car nous sommes entourés de discours comme celui du SPVM, qui répandent l’idée qu’il est de la responsabilité des femmes de ne pas tenter leurs agresseurs. Si l’on en vient à considérer que prendre un taxi seule relève d’un comportement inconscient et dangereux, c’est qu’il y a un dysfonctionnement dans notre raisonnement et notre normalisation des risques. Changer ces discours et ne plus entretenir la culture du viol est certes un processus plus long, plus complexe, pour lequel nous n’avons pas de consignes toutes faites et qui contraste avec les recommandations pragmatiques et immédiates des autorités. Mais c’est aussi le seul moyen d’endiguer ce problème efficacement. Adapter son comportement aux risques, aussi injustes soient-ils, paraît certes censé et efficace dans l’immédiat. Cependant sur le long terme il n’est plus possible d’exiger des victimes qu’elles s’adaptent indéfiniment et qu’elles restreignent leur liberté, sans par ailleurs s’attaquer aux causes de ces risques. Ces causes, rappelons-le, ne sont pas le comportement des victimes, mais le système qui encourage celui des agresseurs. 

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