Geneviève Chantal-Hébert - Le Délit Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 09 Mar 2010 04:27:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Pellerinage à McGill https://www.delitfrancais.com/2010/03/09/pellerinage-a-mcgill/ Tue, 09 Mar 2010 13:00:50 +0000 http://delitfrancais.com/?p=2804 À l’occasion du séminaire de création littéraire «Tout doit apparaître», les professeurs Alain Farah et Robert Lalonde recevaient le conteur de Saint-Élie-de-Caxton Fred Pellerin.

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Toujours en tournée pour la présentation de son dernier spectacle L’Arracheuse de temps, Fred Pellerin a fait, vendredi dernier, un petit détour par Montréal pour parler de sa démarche artistique et semer un peu de magie dans nos quotidiens aseptisés. La salle très boisée du Cercle Universitaire (Faculty Club), où se tenait la rencontre, inspirait un respect presque solennel alors que la présence du conteur, fidèle à l’idée que l’on se fait de lui, appelait plutôt une fébrilité bon enfant.

Après une brève présentation de Robert Lalonde, Alain Farah s’est lancé dans une comparaison touchante entre la grand-mère de Fred et la sienne –comparaison s’articulant autour de la bouche édentée de l’une et de la dentition complète de l’autre– établissant ainsi un lien fraternel entre les oeuvres des petits- enfants. Entre deux gorgées de café, Fred a commencé à conter. Pris d’une irrésistible envie de se lever debout, il a expliqué à la tranquille audience d’où lui venait le désir de raconter et la manière dont il prépare ses histoires. Il a confié qu’il façonne ses récits de soir en soir, s’imposant parfois des contraintes langagières ou thématiques, et réajuste, transforme certains passages selon la réaction des foules. Il a avoué ne pas aimer rester dans «ses trails», et demeurer dans des zones déjà explorées et confortables. C’est ce qui le pousse à constamment se réinventer. C’est là aussi qu’il trouve son plaisir de conteur.

Sa grande originalité et ses récits mêlant humour et merveilleux, rendant la frontière entre le réel et la fiction véritablement floue, ne nous permettent pas de le classer dans une catégorie précise. Il n’est pas conteur au sens traditionnel du terme, surtout pas humoriste, mais cette situation ne le dérange pas le moins du monde. Au contraire, l’entre- deux lui convient bien.

Malgré sa peur de la fixité inhérente à la pratique de l’écriture, les livres et les spectacles de Fred Pellerin sont en fait des vases communicants qui, même s’ils s’opposent dans la forme, se nourrissent l’un l’autre. La langue se travaille différemment lorsqu’elle est placée dans un contexte où règnent la spontanéité et l’improvisation que lorsqu’elle est le fruit d’un effort de la rédaction, où l’on peut remanier les mots autant qu’il nous plaît, mais dont le résultat doit ultimement se réduire, se conclure à une construction figée sur papier. Quoiqu’il en soit, la langue de Pellerin, qui émousse la grammaire, poétise et déforme le réel, en est une «qui vernacule», donnant tout sons sens à l’expression qui qualifie la langue française de «langue vivante».

C’est en réclamant une «petite dernière» (question) que la rencontre s’est close –trop rapidement–, nous laissant l’agréable sensation que cet ailleurs de «paparmanes» roses évoqué par Pellerin est sûrement réel. «Oui: Saint-Élie, ça existe vraiment!»

À surveiller: la prochaine rencontre de «Tout doit apparaître», avec l’auteur et metteur en scène Olivier Kemeid et les acteurs de la pièce L’Énéide, adaptée d’après le texte original de Virgile. La discussion aura lieu après la représentation du 19 mars à 18h30 à l’Espace Libre.

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Escarmouche politico-littéraire sur les Plaines d’Abraham https://www.delitfrancais.com/2009/09/15/escarmouche-politico-litteraire-sur-les-plaines-dabraham/ Tue, 15 Sep 2009 17:16:45 +0000 http://www.delitfrancais.com/archives/676 Le Délit met l'épaule à la roue et vous abreuve de quelques mots sur le Moulin à paroles qui s'est tenu à Québec la fine de semaine dernière.

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Une foule bigarrée s’est rassemblée les 12 et 13 septembre derniers autour du kiosque Edwin-Bélanger, dans le parc des plaines d’Abraham, pour assister à un véritable marathon de lecture d’une durée totale de vingt-quatre heures, à l’occasion du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham.

Tel le soleil éblouissant de ce milieu d’après-midi de fin d’été, de chaleureux applaudissements ont accueilli les principaux instigateurs du Moulin à paroles dès leur arrivée sur la scène. Sébastien Ricard, Sébastien Fréchette et Brigitte Haentjens ont inauguré la séance avec un bref mot d’introduction et la lecture d’un court, mais non moins touchant extrait de l’autobiographie de Gabrielle Roy, La détresse et l’enchantement. Pierre-Laval Pineault, coorganisateur et «maître de cérémonie», a ensuite pris le micro pour la longue célébration des mots à venir.

Les nombreux lecteurs se sont succédé pour évoquer le Québec dans son ensemble de façon chronologique, depuis l’arrivée de Jacques Cartier jusqu’à nos jours, avec plus de cent textes différents. Cet effort de réminiscence historique se devait, pour tenter de se rapprocher de la réalité, d’être constitué d’une mémoire à la fois littéraire, sociale et politique, sans passer outre les pans de l’histoire qui sont un peu plus ombrageux.

Ce fut chose faite, puisque le Moulin s’est abreuvé à des sources aussi différentes qu’un texte de Marguerite Bourgeois, une chanson de Zachary Richard, une recette de Jehanne Benoît et des écrits d’auteurs plus contemporains, comme Gratien Gélinas ou Anne Hébert, pour n’en nommer que quelques-uns. S’y sont entremêlés des textes plus politiques: entre autres, des extraits de la correspondance entre Wolfe et Montcalm, des fragments de discours d’Honoré Mercier et un «certain» manifeste. On a lu tout cela, puisque, quoiqu’on en dise, ce sont ces événements, tantôt heureux, tantôt malheureux, qui ont façonné la province telle qu’on la connaît aujourd’hui.

La vie des mots est ainsi liée à la connaissance qu’a l’homme de son univers: elle est mobile et insaisissable. Les mots qui meurent (qui se souvient du Refus Global et des automatistes?) ne détruisent pas la réalité qu’ils ont déjà recouverte —et en ce sens demeurent des valeurs culturelles liées à l’histoire des civilisations—, mais ils sont les symboles de l’activité humaine qui remet sans cesse en question ses rapports avec la réalité qui l’entoure.

Somme toute, la célébration s’est déroulée de façon calme et dans une ambiance pacifiste. Malgré les remous que certains redoutaient, la foule s’est laissé emporter par la magie verbale et s’est immiscée dans la mémoire de nos ancêtres.

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