Layla Lamrani - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/l-lamrani/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 02 Apr 2025 19:18:17 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Nuit blanche : à quel prix? https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/nuit-blanche-a-quel-prix/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58056 Procrastiner au détriment de sa santé.

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E n tant qu’étudiant, il est souvent difficile de trouver le bon équilibre entre la pression académique, un emploi à temps partiel, la vie sociale et du temps pour l’exercice physique. Inévitablement, lors de la mi-session et de la fin de la session, l’une ou plusieurs de ces priorités sont négligées au profit d’autres. Il est impossible d’avoir un équilibre parfait pendant 24 heures, sept jours sur sept, tout au long de 12 semaines de cours en préservant sa santé. Alors, pour beaucoup en quête de la perfection ou tout simplement dans le but d’accorder une importance égale à toutes ces priorités, il leur arrive de faire des nuits blanches afin d’accomplir toutes leurs tâches, notamment académiques.

C’est cool, faire ça?

Le concept d’une nuit blanche à l’université est synonyme de panique. C’est une stratégie qui n’est utilisée que lorsqu’une échéance approche, et que chaque heure de travail est cruciale. Remise à midi, examen à huit heures du matin : dans ces situations, il n’y a pas de temps à gâcher à faire autre chose que se consacrer à atteindre l’objectif, et les seules heures restantes sont celles de la nuit. Lors d’une nuit blanche, la performance devient primordiale, quitte à prendre le dessus sur le sommeil. Les éléments clés sont essentiellement un café ou une boisson énergisante et des collations pour éviter de s’endormir. Le lieu idéal est la bibliothèque – notamment McLennan qui est ouverte 24 heures sur 24 lors des périodes d’examen – ou parfois sa chambre, pour se motiver à remettre son travail et aller dormir le plus vite possible. En théorie, passer la nuit sans dormir avec des amis ne semble pas si horrible que cela ; pour certains c’est même une partie intégrante de l’expérience universitaire. La réalité est qu’avoir eu peu d’heures de sommeil impacte le cerveau, la performance académique et l’humeur des étudiants. Qui est heureux après avoir passé la nuit à avoir écrit un travail final?

Afin d’obtenir un point de vue étudiant sur le phénomène, Le Délit s’est entretenu avec Léa*, étudiante en littérature française, qui a effectué plusieurs nuits blanches lors de ses semestres à l’université. L’étudiante mcgilloise explique que les nuits blanches sont une nécessité pour elle, surtout lors de périodes chargées : « C’est généralement parce que j’ai tellement procrastiné que ça devient ma seule option pour être capable de finir des travaux à temps. » En mettant de l’emphase sur sa propre procrastination, Léa admet que la qualité de ses travaux effectués lors de nuit blanche n’est pas à la hauteur de ceux effectués dans d’autres circonstances. En effet, le manque de sommeil et l’adrénaline associée à la nuit blanche peuvent donner l’illusion que les étudiants réussissent bien sous pression. Cependant, dans ces circonstances, l’état de l’étudiant nuit sans doute à la qualité du travail et à l’attention aux détails normalement effectués par les étudiants. Léa souligne les effets d’une nuit blanche sur sa santé physique et mentale : « Je remarque que je suis plus vulnérable aux situations stressantes, ce qui est normal puisque je n’ai pas dormi. À part cela, je ne me sens généralement pas bien, car j’ingère beaucoup de caféine pour rester éveillée. » Quant à l’idée que faire une nuit blanche est parfois un élément clé de « l’expérience universitaire typique », Léa n’est pas d’accord, car son « expérience universitaire se passe très bien sans avoir à passer 12 heures à la bibliothèque la nuit. »

En général, une nuit blanche est essentiellement due à la procrastination ou à un simple manque de temps pour faire toutes les tâches. Une journée sans sommeil, de nombreuses boissons caféinées et de la concentration à longue durée aboutissent à une combinaison néfaste pour le cerveau et le corps. Il est possible qu’une nuit blanche soit inévitable, mais cela ne fera que diminuer votre qualité de travail, votre productivité et bien-être, rendant difficile de finir sa session en pleine forme. Pensez‑y deux fois la prochaine fois que vous songez à faire une nuit blanche pour rendre un travail scolaire. N’y a‑t-il pas une autre option?

*Nom fictif

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24 heures sans téléphone https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/24-heures-sans-telephone/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57870 L’équipe du Délit relève un défi de taille.

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Q uelques membres de l’équipe du Délit ont relevé un défi de taille : 24 heures sans leur téléphone. Une journée entière sans musique, réseaux sociaux et même sans textos. Génération Z accro à notre téléphone, nous commençons à en avoir marre d’être dépendant d’un accessoire qui ne fait que voler notre temps, qui réduit notre habilité à nous concentrer, et qui augmente notre anxiété. Les règles du jeu étaient simples : déposer son cellulaire dans les locaux du journal, ne pas le récupérer pendant 24 heures et essayer d’utiliser son ordinateur le moins possible pour texter ses amis et sa famille. Alors, comment les participants ont-ils vécu cette trêve?

Les participant·e·s

Layla : Éditrice Bien-être

Juliette : Coordinatrice de la Correction

Béatrice : Éditrice Culture

Vincent : Rédacteur en Chef

Malo : Coordonnateur de la Correction

Jeanne : Éditrice Opinion

Pourquoi?

Le projet est venu d’un remue-méninge de toute l’équipe. Une idée banale s’est transformée en un réel défi. Semaine après semaine, l’équipe mentionnait l’idée de passer un 24h sans son téléphone, mais personne n’avait réellement la motivation de le relever. Obligations, examens, etc. : toutes les excuses étaient bonnes pour repousser la date. Mais pourquoi certains membres de l’équipe voulaient-ils tout de même participer à ce défi? La réponse est simple : nous sommes accros à nos téléphones et nous en sommes conscients. Au sein de nos conversations, la dépendance de notre génération à nos appareils était un fait que personne ne niait. Béatrice voulait se prouver à elle-même qu’elle pouvait passer 24 heures sans son téléphone. Juliette voulait arrêter de compter sur son téléphone pour des choses banales (Maps, Gmail) constamment, sans réel besoin de le faire. Du côté de Vincent, son téléphone était une source constante d’anxiété, donc, pour lui, l’idée de se déconnecter lui paraissait un soulagement possible. Il trouvait que son téléphone et surtout les réseaux sociaux étaient un poids pour lui, notamment la charge mentale nécessaire pour répondre à des textos toute la journée. Pour Jeanne, c’était un simple défi pour se prouver à elle-même qu’elle en était capable. Et pour moi? Toutes ces raisons combinées, car je suis sans cesse sur mon téléphone pour aucune bonne raison, et je rêve de m’en déconnecter sans me sentir démunie.

« La réponse est simple : nous sommes accros à nos téléphones et nous en sommes conscients »

Mais comment va-t-on faire?

Avant même de relever ce défi, plusieurs appréhensions se sont manifestées chez les joueurs. L’appréhension principale : comment vais-je me réveiller à l’heure? Une appréhension banale, mais pertinente. De nos jours, tout se retrouve sur le téléphone : Google Maps, la musique, la carte bancaire. Google Maps était une source d’inquiétude partagée par toute l’équipe, car nous sommes très dépendants de cette application pour nous dépanner dans nos trajets. Sans cela, il faut aller à l’arrêt de bus et attendre sans savoir combien de temps ou planifier son trajet sur son ordinateur en espérant que ni le bus ni le métro soient en retard. Mais ensuite, quel est le pire qui puisse arriver? Attendre 5–10 minutes de plus que d’habitude. Une appréhension qui n’a pas été soulevée, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, est celle des réseaux sociaux. Des six membres de l’équipe ayant tenté le défi, personne n’a mentionné avoir peur de manquer quelque chose d’important sur les réseaux. Pour une génération si accro aux réseaux sociaux, il semble donc que cette dépendance soit ancrée dans un simple automatisme plutôt que par pur intérêt pour ces plateformes.

« Pour une génération si accro aux réseaux sociaux, il semble donc que cette dépendance soit ancrée dans un simple automatisme que par pur intérêt pour les plateformes »

24 heures plus tard

Le défi enfin terminé, comment se sent l’équipe? Les participants ont-ils ressenti de l’anxiété sans leur téléphone ou, au contraire, en sont-ils ressorti indifférents? Une impression partagée par l’équipe était celle d’avoir perdu son téléphone. En effet, nous sommes tellement habitués à l’avoir constamment sur nous que, lorsqu’on le cherche dans nos poches et qu’on ne le trouve pas, un sentiment d’anxiété nous envahit. En parallèle, nous avons aussi ressenti une impression de liberté après quelques heures sans téléphone. Ne pas avoir de téléphone, c’est aussi synonyme d’être déconnecté du reste du monde et de vivre dans le moment présent. Vincent en témoigne : « Quand on n’a pas de téléphone, on se libère de cette charge mentale liée aux textos, car on ne peut tout simplement pas y répondre. Ça m’a fait énormément de bien. C’était très agréable, car le soir, tu peux vraiment profiter de l’instant présent. » J’ai moi aussi trouvé que, sans téléphone, le temps semblait passer plus lentement. En tant que génération hyperconnectée, nous ne nous laissons pas le temps de nous ennuyer. Il y a beaucoup de plateformes de divertissements pour échapper à l’ennui. Sans téléphone, je n’avais pas le choix de vivre l’ennui, et même si c’était inconfortable, j’ai aimé l’expérience, car l’ennui nous permet d’apprécier les moments palpitants de la vie et de faire autres choses. Pour Béatrice, au contraire, le fait de ne pas avoir son téléphone était surtout anxiogène : « Étant donné que cela ne durait que 24 heures, c’était plutôt l’inverse : j’étais stressée de ne pas l’avoir, car je me disais que, bientôt, je le retrouverais et que j’aurais beaucoup de messages auxquels répondre. » Cela témoigne que ce défi a soulevé des expériences uniques pour chacun. Pour Jeanne et Malo, le défi n’a pas été très difficile, seuls les sentiments de chercher son téléphone ou de vouloir écouter de la musique se sont manifestés occasionnellement.

Alors, on refait ça?

Conclusion : tout le monde a aimé ce défi et serait prêt à le refaire pour une plus longue durée. L’expérience m’a révélé que j’étais accro à mon téléphone tout simplement parce que j’y avais toujours accès, mais que, sans celui-ci, je suis moins distraite et j’apprécie plus les petits moments. De même pour Béatrice, qui aimerait faire un été sans réseaux sociaux, pour en avoir l’expérience la plus complète possible. Pour Juliette, ce défi lui a montré qu’elle dépend beaucoup trop de son téléphone lors de moments où elle n’en a pas besoin, par simple automatisme. Vincent a adoré le défi, mais souligne que c’est la courte durée de que 24 heures qui l’a rendu à la fois intéressant et excitant. Il justifie la facilité du défi par sa planification : texter les copains avant, planifier ses remises, ses sorties. Malgré tout cela, Vincent aimerait aussi faire ce défi pour une durée indéterminée, sans organisation, afin de voir les réelles répercussions d’une vie déconnectée. Pour Malo, le défi ne s’est pas avéré difficile, ça ne faisait pas vraiment changement de son quotidien. Finalement, pour Jeanne, ce défi lui a permis d’être plus consciente de l’utilisation de son téléphone à des fins pratiques, pas par simple automatisme pour combler l’ennui. Alors, on se revoit la session prochaine pour une semaine sans téléphone?

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Le brutalisme : appréciable ou détestable? https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/le-brutalisme-appreciable-ou-detestable-2/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57951 Critique du film The Brutalist de Brady Corbet.

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Le 2 mars dernier, le film The Brutalist (Le brutaliste) du réalisateur Brady Corbet a remporté trois Oscars : meilleur acteur pour Adrien Brody, meilleure musique de film ainsi que meilleure photographie. Avec ses 3 heures 45 minutes, entre le scandale d’intelligence artificielle et son choix audacieux d’un tournage en 70 mm, The Brutalist a su provoquer la discussion à Hollywood et marquer les esprits – ainsi que la saison des Oscars.

Renouveau à Hollywood

L’œuvre de Brady Corbet s’empare d’un sujet déjà largement traité à Hollywood, abordant le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et les migrations forcées qui ont suivi. Bien que The Brutalist n’innove pas en matière de récit, il apporte un angle inédit avec le thème du rêve américain. Le film raconte l’histoire de László Tóth, incarné par Adrien Brody, un architecte renommé d’origine juive hongroise, qui immigre à New York après la Seconde Guerre mondiale. Il travaille dans un premier temps dans un magasin de meubles, puis dans les mines de charbon, avant de refaire son prestige dans l’architecture en adoptant le style brutaliste des années 1950. L’œuvre est divisée en deux parties, chacune correspondant à une tranche d’années. La première (1947- 1952) offre un aperçu réel et brut de la réalité des immigrants des années 40 : de New York à Philadelphie, les tensions familiales, les banques alimentaires et la dépendance à l’héroïne sont tous des thèmes qui offrent un aperçu cru et sombre des réalités du « rêve américain ».

La deuxième partie (1953–1958) suit László Tóth dans son nouveau projet architectural : l’Institut Van Buren, financé par le riche homme d’affaires Harrison Lee Van Buren (Guy Pearce). Ce dernier souhaite construire un centre communautaire à l’architecture grandiose en Pennsylvanie, en l’honneur de sa mère. Au fil des années, les retrouvailles familiales, les tensions professionnelles entre László et Harrison Lee, ainsi que les traumatismes passés se croisent et s’entrelacent. Cette deuxième partie met en lumière l’exceptionnelle performance d’Adrien Brody, qui incarne un homme déchiré entre ses ambitions de grandeur et son identité d’immigrant, un conflit qui entrave son intégration dans la société américaine. Entre les retrouvailles familiales, les difficultés liées à l’identité et les luttes personnelles, tant physiques qu’émotionnelles, les traumatismes et le désir de renouveau se mêlent et se confrontent tout au long de l’histoire.

D’entrée de jeu, la qualité cinématographique de The Brutalist est évidente. L’oeuvre a été filmée avec une caméra 70 mm, un choix que le directeur Brady Corbet justifie : « La meilleure façon d’accéder [aux années 1950] était de filmer quelque chose qui avait été conçu dans la même décennie (tdlr) ». Cette décision artistique s’avère un franc succès. Dès le premier plan, l’immersion est parfaite : le protagoniste est dans un train, en route vers ce que l’on croit être un camp de concentration. Mais dès l’ouverture des portes, un plan sublime révèle la Statue de la Liberté, symbole d’espoir pour les immigrants. Grâce au format 70 mm, nous sommes instantanément projetés dans l’atmosphère des années 50. Tout au long de l’œuvre, les plans statiques (mines de charbon, chantiers de construction, carrières de Carrare en Italie, maisons grandiose de Pennsylvanie, ou encore plans d’architecture illuminés) se dotent d’une dimension sublime grâce au style de caméra et au travail du cinématographe Lol Crawley. Composée par le compositeur Daniel Blumberg, la bande originale de The Brutalist est aussi une partie clé de sa réussite. Les 10 premières minutes du film sont accompagnées d’une musique ininterrompue, qui établit l’atmosphère pour le reste de l’œuvre.

Un prix mérité ?

Les qualités esthétiques du film ne l’ont pourtant pas exemptées de scandale. En effet, en janvier dernier, l’éditeur de The Brutalist Dávid Jancsó a révélé que les voix d’Adrien Brody (László) et de Felicity Jones (Erzsébet) avaient été modifiées avec l’intelligence artificielle afin de peaufiner l’accent hongrois dans quelques scènes. Si certains ont critiqué cet usage, arguant qu’il diminue le talent du jeu d’acteur, d’autres y ont simplement vu une campagne de diffamation avant la saison des Oscars. Bien que cela n’altère en rien le travail des acteurs ni la beauté du film, nombreux sont ceux qui sont restés perplexes lorsque Adrien Brody a remporté l’Oscar du meilleur acteur, considérant que d’autres nominés, dont la performance n’avait pas été enrichie par l’intelligence artificielle, l’auraient davantage mérité.

Ce film comporte des scènes de violence sexuelle.

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Le Ramadan : un mois de foi et de communauté https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/le-ramadan-un-mois-de-foi-et-de-communaute/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57777 Démystifier le ramadan à travers le point de vue étudiant.

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La semaine de la francophonie célèbre la culture, le savoir et le partage. Le français, en tant que langue, est gage d’unité à l’international. Pour certains, comme les musulmans francophones, la francophonie représente une facette importante de leur identité. Ceux-ci mélangent au quotidien langue, culture et religion. Cette double identité prend un sens particulier en période de Ramadan, un moment sacré pour les musulmans. Ce mois, qui a débuté le 1er mars, représente une opportunité pour les individus de rééquilibrer la foi dans leurs vies, et de prendre du temps pour eux. Pour certains, le Ramadan se résume au jeûne : ne pas manger ou boire (oui, même de l’eau) du lever du soleil (sahur) jusqu’au coucher du soleil (maghrib). Évidemment, le jeûne est un élément important de ce mois, mais plusieurs autres coutumes s’y ajoutent.

Qu’est ce que le Ramadan?

Le Ramadan est le neuvième mois du calendrier islamique et est considéré comme l’un des mois les plus saints de l’année. Chaque année, la date de début du ramadan recule de 10 jours, donc en 2024, le mois spirituel a débuté le 10 mars. Ce décalage annuel crée donc une grande variation entre les heures de jeunes en été ou en hiver. En été, le jeûne peut durer plus de 19h, tandis que cette année, le jeûne est d’environ 13h. C’est pour cela que vous entendez parfois dire que le Ramadan est plus « facile » en hiver ou au début du printemps, car les journées sont courtes et plus faciles à gérer avec le travail et l’école.

Le Ramadan est une occasion pour les musulmans de se concentrer sur leur foi, d’accomplir les cinq prières quotidiennes, de réfléchir profondément et de renforcer les liens au sein de la communauté. Il est également habituel pour les musulmans de se rendre à la mosquée chaque soir pendant le Ramadan pour prier le Taraweeh, une prière non obligatoire qui se déroule en fin de soirée et qui réunit les croyants chaque nuit du mois. Lors d’une journée typique de jeûne, la tradition veut que ce dernier soit rompu avec des dattes lors de l’iftar, un terme en arabe qui signifie littéralement « rompre le jeûne ». Ces soupers regroupent quotidiennement des membres d’une famille, des amis, et même des voisins. L’iftar est un bon exemple de la dimension communautaire qui prévaut lors du Ramadan. L’entraide est également encouragée tout au long du mois, avec plusieurs initiatives organisées, souvent sous la forme d’iftars. Ces événements sont mis en place à des fins caritatives par des organisations afin de lever des fonds pour des causes nobles, ou par des associations étudiantes pour rassembler les étudiants qui passent le ramadan loin de leurs proches. Mais alors, comment détermine-t-on les échéances du mois saint? La date officielle de la fin du Ramadan est déterminée lors du premier aperçu du croissant lunaire, après 29 ou 30 jours dépendamment de l’année. Pour marquer la fin du mois de jeûne, les célébrations de l’Eid alFitr, commencent. Les célébrations traditionnelles incluent la prière à la mosquée, les retrouvailles familiales autour de pâtisseries et de café, ainsi que le port de beaux vêtements pour marquer la fin de ce mois.

Chez les étudiants

Le Délit s’est entretenu avec deux étudiantes de McGill, Myriam et Maya, pour partager leurs expériences lors du Ramadan, leurs impressions sur les attentes de ce mois sacré, la relation avec la spiritualité et la conciliation de la foi et des obligations universitaires.

En évoquant la signification de ce mois, Maya le décrit comme une occasion de se détendre, de reconnecter avec sa foi et sa famille, et de continuer à travailler sur soimême. Elle contraste aussi ce mois avec la dimension communautaire qu’il favorise, soulignant que, selon elle, «le Ramadan devient une affirmation silencieuse, mais puissante : celle de notre identité, de notre lien avec Dieu et de notre appartenance à une communauté qui, même dispersée, partage la même foi et les mêmes épreuves ». Il y a aussi la réalité de concilier les attentes de ce mois, tant sur le plan spirituel que religieux, avec les obligations professionnelles et scolaires. Les deux étudiantes reconnaissent que, en raison du jeûne, ce mois entraîne des périodes de fatigue, et elles soulignent qu’une bonne organisation est cruciale pour maintenir la réussite scolaire. Depuis plus de sept ans, le Ramadan coïncide avec les examens finaux, que ce soit au secondaire, au cégep ou à l’université, ce qui représente une véritable épreuve pour les étudiants musulmans. Maya affirme : « Le Ramadan n’est pas une épreuve insurmontable ou incroyablement difficile, même en tant qu’étudiante. » Elle fait allusion aux autres obligations spirituelles du Ramadan, car, pour elle, « le vrai défi, c’est de se rapprocher de sa foi et de préserver une bonne intention dans ses paroles et ses actions, même dans les moments de fatigue». Elle ajoute que, contrairement à ce que certains pourraient penser, elle a obtenu ses meilleurs résultats académiques pendant cette période, attribuant sa réussite à une clarté mentale accrue et à l’absence de distractions. Maya souligne aussi la flexibilité des professeurs durant ce mois : « J’ai aussi eu la chance de travailler dans des environnements où l’on respectait mon jeûne, en me permettant d’adapter mes horaires pour mieux équilibrer ramadan et travail ». Myriam abonde en ce sens, précisant qu’elle se sent beaucoup plus productive le matin, car, selon elle, « la gestion de l’énergie devient essentielle : il faut optimiser les heures de productivité en fonction des moments où l’on se sent le plus en forme ».

La dimension communautaire du Ramadan est également bien connue. Les repas partagés, l’échange de pâtisseries avec les voisins, et d’autres gestes de solidarité sont autant d’images associées à ce mois sacré. Maya témoigne de la beauté de cet aspect communautaire, en soulignant son importance particulière dans un cadre familial : « Quand arrive le Ramadan, tout change. On réorganise nos journées, on fait un effort conscient pour se retrouver, cultiver notre religion, s’asseoir ensemble à la table de l’iftar, et partager un moment qui va bien au-delà du simple repas. » Elle évoque aussi le sentiment d’appartenance que ce mois lui procure au sein de sa communauté. En tant qu’étudiante, Maya souligne que l’idéal du Ramadan et la réalité peuvent parfois diverger, notamment en raison de la charge de travail et du rythme effréné de la vie étudiante. Pour Maya, l’essence du Ramadan reste avant tout dans l’intention : « Que ce soit à travers un simple message pour souhaiter un bon iftar, un appel à un proche qu’on n’a pas vu depuis longtemps, ou un repas improvisé avec des amis, ce qui compte, c’est l’intention. » Myriam rejoint Maya sur ce point, car elle estime que la dimension communautaire du Ramadan est aussi importante que la foi elle-même. Selon elle, ce mois est crucial, car « nous nous soutenons dans notre cheminement spirituel en allant à la mosquée après les repas. De plus, se rassembler nous permet de recréer une ambiance conviviale qui nous rappelle nos villes natales et nos racines ».

Le Ramadan est un mois sacré, tant sur le plan spirituel que communautaire, pour les 5 % de Canadiens de confession musulmane. En tant qu’étudiant, il est essentiel de concilier ce mois de recueillement avec les exigences académiques et professionnelles. Il est donc évident qu’au fil des années et des expériences, les étudiants développent leurs propres stratégies pour vivre pleinement ce mois tout en respectant leurs obligations. Ramadan Moubarak à tous ceux qui le célèbrent!

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La saison de la grippe https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/la-saison-de-la-grippe/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57512 Guide étudiant pour vivre un hiver loin des virus.

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Depuis la rentrée scolaire hivernale, les seuls bruits qui semblent se faire entendre dans les salles de cours et à la bibliothèque sont de bruyants éternuements, des reniflements constants, ou alors le son de ceux et celles qui se mouchent sans relâche. La saison de la grippe est bien arrivée. Mais est-ce la grippe ou le rhume que tous les étudiant·e·s semblent avoir contracté? Ces deux termes sont utilisés de manière interchangeable ; personne n’est sûr du virus qui l’affecte. Difficile de consulter un médecin, ou de savoir quels médicaments prendre pour soulager ses symptômes : le temps des virus est un vrai casse-tête pour les étudiant·e·s de McGill. Alors que l’une des pires saisons de grippe au Québec en dix ans bat son plein, il est temps de démystifier ce sujet — bien sûr sans remplacer l’avis d’un·e professionnel·le médical — et de trouver des moyens de naviguer à travers la maladie afin de s’en protéger pour rester en bonne santé jusqu’à la fin de la session.

GRIPPE OU RHUME?

Comment savoir si vous avez la grippe ou un rhume afin de faciliter votre rétablissement? Commençons par distinguer les deux. Le rhume est une infection du nez et de la gorge, dont les symptômes principaux sont les éternuements, le mal de gorge, l’écoulement et la congestion nasale. Le rhume se propage par la voie aérienne, par le nez ou la bouche. Un rhume dure généralement entre trois et sept jours, mais les adultes enrhumé·e·s sont contagieux·ses dès l’infection et peuvent l’être jusqu’à six jours après le début des symptômes. Le rhume est souvent considéré comme une version plus bénigne de la grippe, car ses symptômes sont plus légers et les risques de complications moins élevés. De son côté, la grippe est causée par le virus influenza et est définie par l’institut national de santé comme étant « une infection des voies respiratoires avec une forte fièvre, de la toux, des frissons, des douleurs musculaires, des vomissements et de la diarrhée ». Ce qui distingue la grippe du rhume, c’est la gravité des symptômes, notamment la fièvre élevée, les frissons, les vomissements et les courbatures. Une fièvre entre 38°C et 40°C est un signe caractéristique de la grippe, selon le Gouvernement du Québec. Les symptômes de la grippe sont généralement plus intenses que ceux du rhume et la guérison peut prendre de une à deux semaines pour les cas typiques.

SE PROTÉGER

Il est bien beau de vouloir distinguer le rhume de la grippe, mais comment se protéger de celles et ceux qui sont malades, et protéger les autres de nos microbes? Ces virus courants, qui se propagent en hiver, sont transmis par voie aérienne. Donc, si vous êtes malade, et surtout si vous toussez à longueur de journée, pensez à rester chez vous afin de récupérer. Si vous ne pouvez pas vous permettre de rester à la maison et de manquer les cours, privilégiez le port du masque médical pour minimiser la transmission du virus aux autres. Les masques rappellent l’ère de la COVID-19, mais s’ils ont été rendus obligatoires, c’est pour une bonne raison : ils sont efficaces et réduisent la transmission des virus afin de garder les autres à l’abri de vos maladies. La saison hivernale et des fêtes, c’est aussi l’occasion de partager de l’amour, des bisous et des câlins. Lors d’une période comme celle-ci, où tout le monde autour de vous semble être malade, évitez de rester trop près des autres. L’amour, c’est beau, mais chacun ses microbes.

« Le Pôle bien-être (Wellness Hub) de McGill offre des services de santé et des rendez-vous avec des médecins, infirmier·ère·s, psychiatres et divers autres professionnel·le·s pour tous·toutes les étudiant·e·s »

VACCIN OU PAS DE VACCIN ?

Un sujet qui n’est que trop peu abordé est l’option de se faire vacciner contre la grippe. Et oui, il nous semble que ces maladies qui nous paralysent pendant quelques jours sont inévitables, mais il existe tout de même une façon de réduire la probabilité de souffrir de complications médicales. La campagne de vaccination contre l’influenza est organisée chaque année, principalement durant la période hivernale, car le virus mute chaque année et est réévalué en conséquence par les scientifiques. Cette campagne cible en priorité les personnes à risque élevé de complications, telles que les personnes âgées ou celles atteintes de maladies chroniques. Malgré tout, se faire vacciner, même si vous n’êtes pas à risque, présente des avantages pour vous et pour ceux qui vous entourent. Le vaccin stimule la production d’anticorps, protégeant ainsi le corps contre le virus, avec une efficacité moyenne de plus de 50%. Il contribue à réduire les complications de la grippe, les risques d’hospitalisation et aide à alléger le système de santé déjà surchargé au Québec. N’oubliez pas d’en parler à votre médecin de famille ou un·e autre professionnel·le de la santé pour obtenir plus d’informations.

CONSULTEZ

Vous sentez que votre maladie persiste? Vous avez une fièvre inhabituelle ou des symptômes aigus et souhaitez consulter un·e professionnel·le de la santé? Le Pôle bien-être (Wellness Hub) de McGill offre des services de santé et des rendez-vous avec des médecins, infirmier·ère·s, psychiatres et divers autres professionnel·le·s pour tous·toutes les étudiant·e·s. Si vous souhaitez consulter un·e médecin, contactez le Pôle bien-être par téléphone, de préférence en début de journée, pour obtenir un rendez-vous médical. Si vous n’y parvenez pas, vous pouvez également consulter un·e pharmacien·ne, lui expliquer vos symptômes et recevoir des conseils médicaux, ainsi que les prochaines étapes à suivre. Il existe aussi le service Telehealth, offert à tous·toutes les étudiant·e·s de McGill, qui permet de prendre un rendez-vous virtuel avec un·e infirmier·ère ou un·e médecin, sans frais. Consulter un·e professionnel·le de la santé dès que vos symptômes de grippe ou de rhume s’intensifient est crucial pour éviter toute complication. Votre santé doit passer avant tout.

Les renseignements présentés dans l’article sont fournis à titre informatif et ne peuvent en aucun cas se substituer à un avis, diagnostic ou traitement médical professionnel.

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L’aide aux étudiant·e·s https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/laide-aux-etudiant%c2%b7e%c2%b7s/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57375 Lumière sur les services étudiants d'accessibilité et d’aide à la réussite de McGill.

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Le Service étudiant d’accessibilité et d’aide à la réussite (SEAR) est l’une des huit initiatives des services étudiants de l’Université, qui ont pour but de « promouvoir le bien-être et la réussite de ceux-ci des étudiant·e·s ». Le centre d’aide a pour mission d’accroitre l’accessibilitéde l’éducation supérieure à McGill à une diversité d’étudiant·e·s, notamment celles et ceux ayant des troubles physiques ou mentaux, afin de garantir à chacun·e une égalité des chances pour l’obtention d’un diplôme. Les aménagements alternatifs offerts par le SEAR sont divers, du partage de notes de cours à l’usage pour les examens d’une salle aménagée à cet effet, ou par une prolongation de délai dans les remises de travaux universitaires.

Cette initiative de l’Université, qui a été mise en place dans la lignée de l’instauration de la Politique relative aux droits des étudiants en situation de handicap en 1995, a néanmoins été fortement critiquée par des étudiant·e·s, notamment sur la plateforme Reddit. Ce réseau social, fréquenté par beaucoup d’étudiant·e·s mcgillois·es, dénombre plus d’une chaîne de conversation concernant le SEAR et son mauvais fonctionnement. Pour mieux comprendre le mécontentement de la communauté étudiante concernée et les problématiques récurrentes, Le Délit a échangé avec deux étudiantes qui bénéficient des services du SEAR, Ashley* et Marie*. Ces dernières ont accepté de partager leurs expériences et leurs préoccupations, dans le but d’illustrer les critiques sur le SEAR au sein de McGill.

« J’ai eu l’impression de passer un entretien d’embauche en essayant de prouver que j’ai un handicap »
Ashley, étudiante bénéficiaire des services du SEAR

Premières démarches

Le SEAR, spécifiquement désigné pour les étudiant·e·s ayant des handicaps physiques ou mentaux, requiert un processus à plusieurs étapes, afin d’avoir accès aux aménagements offerts. D’après le site du SEAR, pour s’inscrire à ce service, les étudiant·e·s doivent fournir un document attestant de leur handicap. Il s’agit d’un document médical signé par un professionnel de la santé reconnu par la loi PL-21, rédigé en français ou en anglais. À la suite de l’obtention de cette documentation, les étudiant·e·s doivent prendre un rendez-vous en présentiel avec un·e employé·e du centre, afin de discuter de leur condition médicale et créer un dossier pour avoir accès aux services offerts. Questionnée par rapport au processus d’inscription auprès du SEAR, Ashley raconte ne pas avoir apprécié son expérience, citant la froideur des employé·e·s et le processus de vérification de sa condition médicale : « J’ai eu l’impression de passer un entretien d’embauche en essayant de prouver que j’ai un handicap. » De son côté, Marie, partage un ressenti similaire, qualifiant sa première rencontre avec le SEAR de « robotique » : « En tant que personne cherchant à obtenir des aménagements pour mes troubles mentaux, j’ai constaté que mes interactions [avec le SEAR, ndlr] manquaient de sincérité et d’empathie, ce qui m’a découragée. » Ashley détaille sa première rencontre : « Ils m’ont demandé de fournir un grand nombre d’exemples de la façon dont mon anxiété se manifeste dans la vie de tous les jours. J’ai dû raconter toutes les expériences anxiogènes que j’ai vécues. » Marie renchérit sur cette expérience en avouant qu’elle a aussi dû partager des détails privés de sa condition mentale avec les employé·e·s présent·e·s. En guise de réponse, elle obtenait simplement un « OK » monotone. Ce qui ressort du processus d’inscription auprès du SEAR, c’est le sentiment froid et inhospitalier, qui s’ajoute à la difficulté déjà éprouvée par les étudiant·e·s : oser demander de l’aide et se livrer à propos de leurs conditions respectives.

Un système affaibli

Les mesures d’accommodement offertes par le SEAR sont grandement appréciées par les étudiant·e·s qui en bénéficient, mais plusieurs lacunes sont révélées dans l’implémentation de celles-ci. Ashley critique le système de prolongation du temps alloué aux examens, qui oblige les étudiant·e·s à s’inscrire eux·elles-mêmes, au moins 14 jours avant la date de l’examen, pour obtenir une augmentation de temps, une salle différente, ou un délai pour la remise de travaux. Le poids de cette responsabilité peut s’avérer une source d’anxiété supplémentaire pour certain·e·s étudiant·e·s, selon Ashley : « Je souffre d’anxiété, et l’une des sources de mon stress est d’envoyer des courriels aux professeurs pour demander des extensions. J’ai expliqué à la personne qui m’a interrogée que cela faisait partie de mes préoccupations, et sa réponse a été que la seule façon pour moi d’obtenir des prolongations était d’envoyer des courriels aux professeurs, en mentionnant que le SEAR me soutenait. » Ce témoignage met en lumière la lenteur du système fréquemment critiqué, où la gestion des accommodations repose entièrement sur les étudiant·e·s. D’autre part, les deux étudiantes dénoncent les aspects physiques des aménagements, tels que l’accueil des employé·e·s, les conditions des salles et l’état du site internet actuel. Selon Ashley : « Le plus gros problème de ce système, c’est que les personnes qui l’ont conçu ne comprennent manifestement pas les problèmes de santé mentale et autres problèmes d’accessibilité. Les solutions ne sont pas conçues pour aider à résoudre les difficultés rencontrées à l’école. » Ashley donne l’exemple des réunions en présentiel et des délais dans la remise des travaux, qui ne sont pas automatiquement accordés et nécessitent l’approbation du·de la professeur·e, comme des solutions particulièrement incommodantes. De son côté, Marie fait allusion au site Clockwork du SEAR, par le biais duquel les étudiant·e·s doivent faire leurs demandes de prolongations et de rendez-vous, en notant que « le site pourrait être mieux présenté. Il est définitivement dépassé. »

De plus, concernant les installations physiques des aménagements, notamment les salles alternatives pour les examens, plusieurs usager·ère·s du SEAR ont exprimé sur la plateforme Reddit leur mécontentement quant à l’utilité de ces espaces. Ils·elles ont qualifié ces salles de « bruyantes » et « achalandées », ajoutant que certain·e·s étudiant·e·s ont reçu leurs horaires d’examen le jour même, parfois à la dernière minute.

Solutions offertes

Les témoignages d’Ashley et de Marie mettent en évidence plusieurs défauts à corriger au sein du SEAR afin de mieux soutenir les étudiant·e·s en situation de handicap. Tout d’abord, selon Ashley, il serait pertinent d’accorder automatiquement des prolongations aux étudiant·e·s inscrits au SEAR, sans passer par le contact aux professeur·e·s, afin d’éviter « de devoir envoyer des courriels aux professeurs pour chaque travail écrit », une démarche lourde et stressante, sans garantie. De plus, la vérification des handicaps pourrait être simplifiée. Une note médicale ou les résultats d’examens médicaux devraient remplacer les réunions en présentiel, « ce qui permettrait aux étudiants de mieux communiquer leurs besoins exacts ; cela pourrait également aider à réduire certains des longs délais d’attente pour les rendez-vous, ce qui aiderait les étudiants à obtenir des aménagements plus rapidement », explique Marie. De plus, Ashley, qui a effectué un semestre à l’étranger la session dernière, offre une perspective intéressante de son expérience avec les services d’accessibilité de son université hôte. Elle explique que son expérience en Angleterre au University College London était inclusive et accueillante, notant la courte durée de la réunion initiale qui s’apparentait davantage à une réunion de questions-réponses, explique Ashley : « Ils ont compris que les handicaps en eux-mêmes sont déjà assez difficiles, et que demander de l’aide peut être intimidant en soi. » Ashley témoigne que, selon sa perspective, les services du SEAR devraient se concentrer sur l’accompagnement et l’orientation plutôt que sur une procédure bureaucratique. Elle suggère ensuite que le processus de demande de prolongation devrait prendre en compte les circonstances imprévisibles liées à des troubles de santé mentale ou physique, ce qui permettrait ainsi aux étudiant·e·s de solliciter des ajustements supplémentaires en cas d’imprévus. Ces options d’amélioration pourraient alléger les délais d’attente et améliorer l’expérience globale des usager·ère·s du service de McGill.

« Les étudiant·e·s n’ont donc qu’une envie : avoir un sytème plus développé, moderne et accueillant, qui les poussera à demander du soutien quand ils·elles en auront besoin, sans avoir peur des obstacles ou des charges qui leur seraient imposées »

Bien que le SEAR offre des services précieux pour les étudiant·e·s en situation de handicap, il reste beaucoup à faire pour offrir une meilleure expérience aux usager·ère·s. Les témoignages des étudiantes ont révélé des lacunes dans l’accueil initial, le processus d’inscription complexe et la lourde charge imposée aux étudiant·e·s recherchant des aménagements d’accessibilité. Par contre, comme Marie témoigne auprès du Délit, son expérience globale au sein du SEAR a été positive et fluide, après le stade initial. Les étudiant·e·s n’ont donc qu’une envie : avoir un système plus développé, moderne et accueillant, qui les poussera à demander du soutien quand ils·elles en auront besoin, sans avoir peur des obstacles ou des charges qui leur seraient imposées. En prenant exemple sur des initiatives similaires ailleurs, McGill pourrait repenser ses services afin de mieux répondre aux besoins variés de ses étudiant·e·s.

*Prénoms fictifs

Il y aura une rencontre organisée par l’Association des étudiants de premier cycle en arts (ASUS) le mercredi 5 février de 18h30 à 20h dans le Common Room de l’Engineering Society afin de partager les expériences des étudiants concernant le SAER et de discuter des pistes d’amélioration pour l’expérience étudiante en général.

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La réalité du télétravail https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/la-realite-du-teletravail/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57168 Les pour et les contre du travail à distance.

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Cela fait maintenant deux étés que j’effectue des stages pour acquérir de l’expérience professionnelle. À ces deux reprises, ils se sont effectués majoritairement à distance. La première fois, je travaillais au gouvernement et mon équipe était située à Québec, c’est pourquoi je ne pouvais m’y rendre en présentiel. Ma routine consistait en une rencontre journalière sur Zoom avec toute l’équipe, des rencontres rapides entre collègues sur Teams et beaucoup de temps passé seule devant mon écran à retaper un document Word ou un fichier Excel. La deuxième fois, l’été dernier, j’ai eu la chance de trouver un stage de recherche auprès d’un professeur. C’était beaucoup de temps passé seule à travailler sur mon ordinateur portable et apprendre à coder sur le logiciel R. Au terme de ces deux expériences professionnelles, une conclusion m’est vite apparue : je ne me vois pas continuer à travailler à distance dans mes prochains emplois. Voici donc mon compte-rendu sur la réalité du télétravail, avec ses avantages et ses inconvénients, pour vous aider à déterminer quel mode de travail adopter cet été ou dans votre future carrière.

Fausse consolation

L’idée du télétravail est attrayante, personne ne peut le nier. Fini le temps perdu dans les trajets entre la maison et le bureau, vous avez la liberté de travailler en pyjama (à moins d’avoir une réunion virtuelle, bien sûr), et vous pouvez en profiter pour accomplir des tâches quotidiennes comme la vaisselle, le ménage ou même faire du sport, des choses que vous n’auriez pas le temps de faire pendant votre longue journée de travail au bureau. Lors de ma pause-diner, puisque je ne travaillais qu’en été, j’allais courir pendant trente minutes et je prenais ma douche, je mangeais et étais de retour à mon poste de travail à 13h tapantes. Une tâche de moins qui me laissait profiter du temps en famille et entre amis. J’avais l’impression d’avoir trouvé un bon équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle. Finalement, je noterais que je sentais un plus grand sens de contrôle sur ma routine de travail, car j’écoutais la musique que je voulais, je travaillais n’importe où et je sentais un grand sentiment d’indépendance, ce qui me rappelait beaucoup mon horaire atypique de l’université que j’aime tant. En général, le télétravail comme première expérience professionnelle m’a bien habituée à la charge de travail demandée en me laissant un sentiment de liberté et une opportunité pour pleinement profiter de mon été.

Un cercle vicieux

Avec autant de liberté et de temps pour soi, qu’est-ce qui pourrait rendre le télétravail problématique? Pour moi, le plus difficile et le plus radical, c’est cet aspect solitaire. Travailler seul à la maison peut vite devenir pesant, surtout sur le long terme. Cela peut convenir à certains, car ils ne veulent pas socialiser au travail ou préfèrent le confort de leur maison. Mais pour moi, ça a été tout l’inverse. Je suis passée d’une année entière à l’école à socialiser régulièrement avec des amis, des camarades de classe et à m’impliquer dans des activités parascolaires, et soudainement, mes journées ont été remplacées par un écran qui me demande huit heures de mon temps, sans aucun aspect social. Cette réalité peut être très normale pour certains, mais, personnellement, cela a grandement affecté mon moral. L’aspect du travail que certains aiment tant, dont les pauses-café entre collègues, les cinq à sept après le travail et les petits moments de discussions, n’y étaient plus ; donc le travail devant l’ordinateur portable a été tout ce que j’ai connu pendant un été entier. Mon premier été, j’étais sur un contrat de trois mois, et à partir de la quatrième semaine il me semblait que j’en étais à la dixième semaine, car toutes mes journées se ressemblaient. J’ai contrebalancé ce sentiment de solitude en voyant mes amis et ma famille de manière régulière, toutefois, je sentais que cela me prenait beaucoup d’effort et d’énergie pour remplacer un aspect qui aurait autrement été naturel et raisonnable à trouver dans un environnement de travail. Il y a aussi le fait que je n’ai jamais pu bâtir de relations professionnelles proches avec mes collègues ni participer à des événements, de réseautage, ce qui fait perdre une grande partie de l’attrait d’un stage professionnel à l’université.

Bref, le télétravail est un phénomène qui a gagné en popularité durant la pandémie et qui a révolutionné le monde professionnel, autant pour le meilleur que pour le pire. Pour les parents, les personnes âgées et ceux qui habitent loin de leur travail, travailler à distance est un excellent moyen de concilier travail et vie personnelle. En revanche, pour les jeunes qui débutent dans leur carrière et ceux qui veulent un travail dynamique et social, le télétravail n’est pas vraiment séduisant. En tant qu’étudiant, réfléchissez bien à ce que vous souhaitez pour votre prochain stage ou votre premier emploi : voulez-vous privilégier un excellent équilibre travail-vie personnelle axé sur le confort et la routine, ou préférez-vous une vie professionnelle plus stimulante et sociale, qui exigera davantage d’énergie et de sacrifices au quotidien ?

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Un hiver actif à McGill https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/un-hiver-actif-a-mcgill/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57031 Peut-on allier études, sport et bien-être?

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Nouvelle section, nouveaux articles. Depuis quelques mois, un nouveau phénomène enflamme les réseaux sociaux : l’arc de l’hiver (winter arc). Ce concept est né des influenceurs de mode de vie, principalement sur TikTok, qui ont lancé un nouveau défi santé : utiliser les mois les plus froids de l’année, soit la saison hivernale, pour améliorer sa santé physique et mentale afin de construire la vie que l’on souhaite pour soi-même. Plus simplement, l’arc de l’hiver propose de transformer les mois d’hiver, souvent perçus comme une période d’hibernation et de négligence, en une période transitoire vers un regain de confiance en soi et de prise en charge personnelle.

À quoi ressemble concrètement ce défi? L’arc de l’hiver peut prendre plusieurs formes : exercice quotidien, recalibrage du sommeil et de l’alimentation, réduction de l’usage des écrans avant de se coucher, lecture quotidienne, etc. L’objectif, similaire aux résolutions de la nouvelle année, est de devenir plus équilibré dans son quotidien, tant sur le plan physique que mental, afin de devenir la meilleure version de soi-même et de passer un hiver productif et harmonieux sur le long terme.

Bien que le défi de l’arc de l’hiver soit alléchant, est-il réaliste pour les étudiants de McGill? On ne va pas se mentir, l’hiver à Montréal est souvent synonyme d’hibernation et de dépression saisonnière pour beaucoup d’étudiants. Toutefois, n’assumons pas que l’expérience de l’hiver soit la même pour tous : pour plusieurs personnes, l’hiver est une opportunité de passer plus de temps à la salle de sport, de faire de la randonnée hivernale, ou bien évidemment de profiter du ski alpin chaque fin de semaine pour ceux qui en ont les moyens financiers.

Témoignages d’étudiantes

Alors, comment concilier la pression universitaire, le froid québécois et le manque de motivation sportive en hiver? Le Délit s’est entretenu avec deux étudiantes de McGill, Ema, étudiante de troisième année en Sciences politiques, et Juliette, étudiante de deuxième année en Sciences cognitives, afin de recueillir leurs points de vue et leurs astuces pour intégrer l’exercice physique dans leurs habitudes hivernales.

Les deux étudiantes admettent que, pour elles, l’hiver est un moment particulièrement difficile. Juliette exprime qu’elle a parfois l’habitude de s’isoler en hiver, ce qui peut accroître son anxiété. Pour pallier cet isolement, elle planifie des activités sportives et des sorties avec des amis. De son côté, Ema partage également l’idée que l’hiver peut être difficile pour la santé mentale, précisant que la température affecte radicalement sa motivation : « S’il fait très froid dehors ou si le ciel est nuageux, je trouve que c’est plus difficile de se motiver à faire du sport », explique-t-elle. Elle propose donc de s’initier aux sports d’hiver afin de rendre cette saison plus excitante : « Nous avons la chance d’avoir une variété de réseaux de ski accessibles au Québec, tant pour le ski alpin, que le ski de fond. Je recommande vraiment de prendre part à toutes ces activités. »

« Un équilibre entre la bienveillance envers soi-même, une constance dans la planification d’activités sportives avec des amis et et la motivation à sortir quelle que soit la température contribue au bien-être des étudiants »

Concernant l’intégration d’objectifs clairs, comme l’exercice quotidien et le sommeil, les deux étudiantes estiment qu’il est possible de se fixer des objectifs réalistes, mais qu’ils doivent être adaptés à chacun. Ema, par exemple, évoque les difficultés d’un étudiant à trouver un équilibre entre le sommeil, l’exercice et les études. Elle ajoute que son plus grand conseil serait de se concentrer sur un seul objectif à la fois : « Par exemple, commencer par réguler son sommeil pendant un mois, puis changer d’objectif une fois qu’une certaine stabilité est atteinte. » Juliette partage elle aussi cette idée, en soulignant également l’importance de trouver une façon de faire de l’exercice qui lui plait : « C’est réaliste d’établir des buts à atteindre, tant qu’ils sont adaptés à ton horaire, et surtout à tes goûts. Je ne pourrais pas me motiver à aller à la salle de sport chaque jour, car je n’aime pas ça, mais depuis le début de la session, je suis allée faire du ski de fond seule ou avec des amis au moins deux fois par semaine. »

En ce qui concerne la motivation pour faire du sport en hiver, l’effet de groupe est souvent cité comme une grande source de motivation. Les deux étudiantes mcgilloises confirment que l’aspect collectif joue un rôle clé pour elles. Ema pratique un sport individuel, le hot yoga, mais en profite tout de même pour y aller avec des amies qui ne l’ont jamais exercé, ce qui leur permet de se motiver ensemble. Elle souligne qu’ « organiser des activités hivernales à l’avance et en groupe est très important. La relâche est une excellente occasion pour profiter de l’hiver avec des amis. » Juliette ajoute que, pour elle, sa motivation a été renforcée par une inscription collective à une course de 30 km en ski de fond cet hiver : « Je ne l’aurais jamais fait seule. C’est motivant de faire cela en groupe.»

Réflexion sur la motivation hivernale

La conciliation des études et du bien-être physique semble être une préoccupation récurrente pour les étudiants. Comme l’illustrent les témoignages des étudiantes de McGill, un équilibre entre la bienveillance envers soi-même, une constance dans la planification d’activités sportives avec des amis et et la motivation à sortir quelle que soit la température contribue au bien-être des étudiants. Ce qui ressort, c’est que personne n’a les mêmes astuces ni la même routine sportive : pour certains, une simple marche hivernale suffit, tandis que, pour d’autres, une variété de sports d’hiver chaque semaine est essentielle à leur bien-être.

Ainsi, pour tous les étudiants qui ressentent une baisse de motivation en hiver et qui se trouvent pris dans un cercle vicieux, voici quelques idées d’activités à faire seul ou en groupe pour profiter pleinement de la saison hivernale, tout en préservant leur santé physique :

Ski de fond au Parc du Mont-Royal : Location d’équipement au pavillon du Lac-aux-Castors.

Patinage hivernal : Esplanade Tranquille, Lac-aux-Castors, Grande Roue du Vieux-Port.

Ski alpin avec le club de ski et de planche à neige de l’AÉUM : Sortie hebdomadaire organisée.

Escalade intérieure avec le club d’escalade de McGill : Chaque dimanche matin au Café Bloc, première entrée est gratuite pour les étudiants de McGill.

Activités diverses avec le club de plein air de McGill (MOC) : Rencontres tous les mercredis soir, activités offertes : ski de fond, escalade sur glace, raquette, etc.

Classes de sports en groupe au centre sportif de McGill : Cours offerts chaque session : pilates, yoga, natation et boxe.

Compétitions sportives intra-muros à McGill : Inscrivez-vous avec un groupe d’amis ou rejoignez une équipe pour participer à des parties compétitives tout au long de la session.

Personne ne vous demande d’intégrer le défi de l’arc de l’hiver dans votre routine quotidienne d’étudiant, surtout face au froid hivernal et à la pression liée aux études. Par contre, avec des objectifs réalistes et la motivation partagée d’amis, il est possible de transformer l’hiver en une période de bien-être et d’épanouissement personnel en attendant les mois d’été.

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L’actualité 2024 n’est pas finie https://www.delitfrancais.com/2024/03/27/lactualite-2024-nest-pas-finie/ Wed, 27 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55332 Quatre événements à suivre au cours des prochaines semaines.

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Cette session la section Actualités vous a tenu au courant d’événements tant locaux qu’internationaux. La grève des travailleurs du secteur public, le désinvestissement de McGill en ressources fossiles, la hausse des frais de scolarité pour les non-Québécois et tant d’autres sujets qui ont modelé la session d’hiver 2024 et occupé les pages de notre journal. Au nom de l’ensemble de la section, nous vous remercions de nous avoir lus et espérons vous retrouver en août prochain! En guise d’article pour la dernière édition du semestre, la section Actualités fait paraître la liste de quatre événements sur lesquels il faut garder l’œil, qui se dérouleront au cours des prochaines semaines et mois, et qui impacteront le campus, Montréal et le monde.

Grève des TA’s

Date : 25 Mars – 25 mai


Depuis le 25 mars, tous les auxiliaires d’enseignements communément appelés TAs, sont en grève à McGill. Cela signifie que les TAs n’exercent plus aucune de leurs responsabilités, notamment la tenue des conférences, la correction des examens et les heures de bureau. L’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM), syndicat qui regroupe plus de 1 600 auxiliaires d’enseignement, mettra aussi en place des lignes de piquetages devant différentes entrées du campus afin d’exercer une pression sur l’administration de McGill. Cette grève a pour but de faire prévaloir une nouvelle convention collective pour les auxiliaires d’enseignement, qui comprendrait une augmentation de salaire de 40%, une introduction des services de santé, l’ adaptation au coût de la vie et l’indexation des heures de travail en fonction du nombre d’étudiants. Dans les prochains jours et semaines, la décision de l’administration mcgilloise d’apaiser les tensions en proposant une offre satisfaisante à l’AÉÉDEM. Si McGill décide de ne pas céder, cela aura pour effet de faire perdurer la grève jusqu’à la fin des cours et des examens finaux, créant une perturbation de la fin du semestre pour tout le corps étudiant à McGill.

Vous pouvez suivre le compte Instagram de l’AÉÉDEM pour rester au courant des avancées de la grève : @agsem.aeedem

L’éclipse solaire


Date : 8 Avril


Dans un peu plus de deux semaines aura lieu une éclipse totale dans l’est de l’île de Montréal, qui aura pour effet de plonger la ville dans l’obscurité totale pendant quelques minutes. Ce phénomène astronomique extrêmement rare a lieu lorsque la lune s’aligne parfaitement entre le soleil et la Terre. La dernière fois qu’un tel évènement a eu lieu au Québec remonte à l’été 1972 et ce n’est qu’en 2106 (dans 80 ans!) que nous pourrons y assister de nouveau. Pour beaucoup, le 8 avril offrira donc l’opportunité d’une vie d’assister à ce phénomène rare. L’Institut Trottier de recherche sur les exoplanètes de McGill organise une soirée d’observation sur le campus et propose d’équiper les étudiants de lunettes de protection. L’événement se tiendra de 13h à 16h30 sur le Lower Field du campus du centre-ville. L’éclipse devrait débuter vers 14h et atteindre l’obscurité totale vers 15h20, pour une durée d’une minute et demie environ. Attention! Étant donné que Montréal se trouve parfaitement à la limite entre l’éclipse totale et l’éclipse partielle, votre position sur l’île aura pour effet de vous faire vivre différemment l’évènement. Afin d’en profiter le plus possible, il est donc conseillé de se diriger vers l’est de l’île et ainsi se rapprocher du Vieux-Port et du fleuve Saint-Laurent. Il est à prévoir que la majorité des étudiants manquera leurs cours afin de regarder l’éclipse, donc nous pouvons dire qu’il y aura aussi une éclipse scolaire qui se passera au même moment…

Attention : si vous souhaitez assister directement à l’éclipse solaire, il est impératif de porter des lunettes de protection. Même caché par la lune, le soleil pourrait vous brûler la rétine.

Les Jeux olympiques de Paris


Date : 26 juillet – 11 août


Dans quatre mois, les Jeux olympiques d’été débuteront à Paris, auxquels 206 pays et 10 500 athlètes participeront. La majorité des disciplines se joueront dans la capitale française, mais certains sports seront aussi organisés ailleurs en France : le surf à Tahiti, le soccer à Marseille au fameux vélodrome de l’Olympique de Marseille, ou encore le handball et le basket à Villeneuve‑d’Ascq dans le nord de la France. La France entière sera le théâtre d’une frénésie sportive au cours de laquelle des athlètes de haut niveau viendront représenter les couleurs de leurs pays et tenteront d’établir de nouveaux records mondiaux. Avec un décalage horaire de six heures, les Canadiens seront contraints de se lever plus tôt pour visionner toutes les compétitions sportives et soutenir les athlètes du pays, notamment au soccer, en nage synchronisée, en escalade ou encore en athlétisme. Ne manquez donc pas le rendez-vous, du 26 juillet au 11 août prochain!

La hausse des frais de scolarité


Date : dès la rentrée 2024


Le 23 février dernier, dans un communiqué envoyé aux étudiants de l’Université, l’administration de McGill a annoncé sa poursuite légale contre le gouvernement québécois suite aux nouvelles mesures d’augmentation des frais de scolarité annoncées le 13 octobre. En octobre dernier, le gouvernement Legault annonçait une augmentation de 50% des frais de scolarité pour les étudiants non-québécois dès la rentrée d’automne 2024. Cette mesure affecte principalement les universités anglophones québécoises, c’est-à-dire McGill, Concordia et Bishops. Depuis octobre, les manifestations étudiantes, grèves et messages de mécontentement des recteurs des universités se sont multipliés. Suite à ces soulèvements, le gouvernement québécois a annoncé une baisse de l’augmentation à 33% des frais, passant de 9 000$ à 12 000$. S’ajoutant à ces mesures, le gouvernement oblige désormais les universités anglophones au Québec à franciser 80% de leurs étudiants de premier cycle lors de leurs études. L’Université McGill estime que les mesures gouvernementales « constituent une forme de discrimination sous la Charte canadienne et québécoise des droits et libertés ». McGill prédit ainsi une baisse de ses revenus de 42 à 94 millions de dollars dès septembre en raison de ces mesures gouvernementales. La poursuite légale de McGill contre le gouvernement québécois débutera dans les prochains mois, mais les effets de ces mesures se feront ressentir dès l’automne 2024.

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L’escalade aux Jeux olympiques de Paris https://www.delitfrancais.com/2024/03/20/lescalade-aux-jeux-olympiques-de-paris/ Wed, 20 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55172 Une discipline sportive qui témoigne de sa popularité grandissante.

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Du 26 juillet au 11 août 2024, plus de 32 disciplines et 329 évènements sportifs seront mis à l’honneur à l’occasion des Jeux olympiques qui auront lieu à Paris. Parmi ces 32 disciplines, 28 sont des sports connus du grand public, et quatre sont des sports additionnels, proposés par des comités organisationnels dans l’optique de raviver l’intérêt des jeunes pour le sport. En 2024 ce sont le surf, le breakdance, la planche à roulettes et l’escalade qui s’ajoutent au monde olympique.

L’escalade comme discipline olympique

L’escalade a fait son entrée dans le monde olympique en 2021 lors des Jeux Olympiques de Tokyo. Ce sport était initialement présenté dans une épreuve combinant trois disciplines : la vitesse, le bloc et la difficulté. Le parcours de vitesse est un contre-la-montre en duel sur un mur de grimpe de 15 mètres. La discipline de vitesse a lieu en phases éliminatoires jusqu’à la dispute de la médaille d’or et d’argent. Le bloc est une épreuve beaucoup plus technique, où les athlètes grimpent le plus de routes possible sur une hauteur de moins de 4,5 mètres, le plus rapidement et avec le moins de tentatives possibles. Quant à l’épreuve de difficulté, elle exige aux athlètes de grimper le plus haut possible sur un parcours complexe d’une hauteur de quinze mètres dans un délai de six minutes. Les trois disciplines sont notées indépendamment par les juges. L’athlète avec le temps cumulatif le plus bas remporte les Jeux.

À l’approche de la seconde instance de ce sport aux Jeux Olympiques, de nouvelles règles ont été ajoutées par le Comité d’organisation des Jeux olympiques 2024 afin de prendre en compte la complexité de ce sport. Il y aura maintenant deux épreuves d’escalade distinctes : une compétition de vitesse et une compétition combinant le bloc et le parcours de difficulté. Ces changements au sein de la discipline s’expliquent par son caractère multidimensionnel, qui englobe l’agilité, la force, la vitesse et la résolution de problèmes. Au sein de ce nouveau format, deux champions olympiques d’escalade seront décernés, un pour chaque épreuve, afin de mettre en valeur les divers talents du sport.

Un coup de jeunesse

L’insertion de la discipline d’escalade sportive en 2020 s’inscrit dans la visée qu’ont les Jeux olympiques de combiner l’histoire et la tradition avec l’innovation et la jeunesse. L’escalade est un sport majoritairement jeune, avec 39% des athlètes ayant moins de 18 ans. De plus en plus de sportifs s’initient à cette discipline en raison de son originalité, qui la différencie des autres sports. Au Canada, la popularité de ce sport est évidente : Montréal et
ses environs comptent onze centres d’escalade intérieurs, et il en existe quarante à travers le Québec. Dû à cette montée en popularité, les Jeux olympiques ont cherché à modeler l’escalade en sport olympique afin de capter l’intérêt des jeunes, une décision qui s’avère essentielle pour maintenir la popularité et la pérennité des Jeux Olympiques.

La délégation canadienne

Les Jeux Olympiques de Paris approchent à grands pas et les qualifications pour la délégation canadienne sont imminentes. 68 places distribuées entre les hommes et les femmes sont à gagner lors de différentes compétitions de qualifications. En 2021, à Tokyo, la délégation canadienne des Jeux olympiques est parvenue à qualifier deux athlètes : Alannah Yip et Sean McColl, qui se sont positionnés 17e et 14e dans leurs épreuves respectives. Yip a d’ailleurs réussi à décrocher un record canadien dans l’épreuve de vitesse, avec un temps de 7,99 secondes.

Pour les Jeux de Paris 2024, la délégation canadienne a de plus grandes attentes. C’est lors des Olympic Qualifier Series, qui se tiendront à Shanghai du 16 au 19 mai et à Budapest du 20 au 23 juin, que les athlètes auront la chance de sécuriser leur place aux Jeux de cet été.

Trois athlètes canadiens prendront part aux qualifications olympiques, dans l’épreuve du bloc : Alannah Yip, athlète féminine de 30 ans, originaire de la Colombie-Britannique, participera à la discipline du bloc ; Sean McColl, athlète masculin de 36 ans, également originaire de la Colombie-Britannique ; et Oscar Baudrand, athlète québécois âgé de 18 ans. Il reste donc à voir si les athlètes canadiens parviendront à se qualifier pour les Jeux de cet été, faisant ainsi rayonner le Canada et l’escalade à l’international.

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Plus aucune heure gratuite pour les TAs! https://www.delitfrancais.com/2024/03/20/plus-aucune-heure-gratuite-pour-les-tas/ Wed, 20 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55178 Les auxiliaires d’enseignement de McGill votent « oui » à 87.5% pour une grève.

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Il est possible que depuis quelques jours vous ayez entendu une rumeur circulant au sujet d’une grève touchant les auxiliaires d’enseignement, appelés TA (en anglais, teaching assistant), de l’Université McGill. En effet, cette rumeur se concrétise bel et bien, puisque samedi 17 mars, l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM) a voté « oui » à 87.5% pour une grève au cours des prochaines semaines. Cette grève aurait comme but d’exercer de la pression sur l’administration mcgilloise afin d’obtenir le renouvellement d’une convention collective pour les auxiliaires d’enseignement dans un contexte d’inflation et de crise du coût de la vie.

Pourquoi une grève?

Depuis six mois, l’AÉÉDEM – le syndicat qui regroupe 2500 auxiliaires d’enseignement – est en négociation avec McGill afin de renouveler la convention collective qui assure des conditions de travail adéquates pour leurs membres. Leurs revendications touchent quatre points fondamentaux : les salaires, l’introduction des services de santé, l’adaptation au coût de la vie, et l’indexation des heures de travail en fonction du nombre d’étudiants. Les auxiliaires d’enseignement revendiquent une augmentation de salaire d’environ 40%, soit de 33,03$/heure à 46,36$/heure, un salaire similaire aux auxiliaires d’enseignement des autres provinces canadiennes. Le syndicat met aussi en avant l’importance d’indexer les heures de travail en fonction du nombre d’étudiants, expliquant que l’Université ne cesse de couper les heures de contrat de ses employés, et ce, tout en gardant ou augmentant le nombre d’étudiants par classe. À la suite de ces demandes, l’administration mcgilloise a répondu avec une contre-offre le 26 février : une augmentation salariale de 2,25% pour la première année et de 1,25% pour les années suivantes, représentant une augmentation salariale de moins d’un dollar. En ce qui concerne les services de santé et l’indexation des heures, aucune proposition n’a été avancée par l’Université. Considérant l’inflation de 3,4% en 2024, cette offre salariale équivaut à une baisse de salaire pour les auxiliaires d’enseignement de McGill, et est jugée décevante par l’AÉÉDEM.

« Le combat actuel des auxiliaires d’enseignement pour des meilleures conditions de travail équivaut directement à des meilleures conditions d’apprentissage pour les étudiants »

Mesures de pression

Dans ce contexte de dispute contractuelle, les membres du syndicat ont voté le 30 janvier pour passer à une autre étape dans leur négociation : l’autorisation d’augmenter les moyens de pression à l’aide d’une grève, dans le cas où l’Université ne leur offrirait pas un contrat de travail acceptable d’ici le 11 mars. La tenue d’une grève « démontre le pouvoir collectif en tant que personnel enseignant et souligne le rôle précieux que nous [les auxiliaires d’enseignements, ndlr] jouons à l’université », explique l’AÉÉDEM sur leur site internet. Le 11 mars, l’Université n’avait encore pas présenté une offre attrayante au syndicat. Conséquemment, le syndicat a tenu des séances de vote au sujet d’un futur mandat de grève les 13, 14 et 16 mars derniers. Lors de ces séances, tous les membres ont voté sur la question concernant la tenue d’une grève générale au cours des prochaines semaines. Ce vote, approuvé à 87,5%, autorise donc le comité de négociation de l’AÉÉDEM à tenir une grève s’il ne trouve pas une entente convenable avec McGill au cours des prochains jours. Le cas échéant, les 2 500 auxiliaires d’enseignement de tous les départements à McGill seront en grève dans les semaines à venir, jusqu’à ce que l’Université offre une convention collective qui satisfera toutes leurs demandes.

Conséquences pour les étudiants

Si McGill n’émet pas de proposition convenable d’ici les prochains jours, la grève des auxiliaires d’enseignement se déclenchera lors des dernières semaines de cours et des examens finaux de la session d’hiver. Cette période académique est le moment optimal pour amorcer une grève puisque c’est là où le travail des auxiliaires d’enseignement est le plus fondamental au succès des étudiants et à la réputation de McGill, explique l’AÉÉDEM sur leur site internet. Une grève signifierait que les employés « cesseront de noter, d’enseigner, de tenir des heures de bureau, de répondre aux courriels, ou tout ce qui figure sur les formulaires de charge de travail d’auxiliaires d’enseignement ». Cette grève aurait un impact indéniable sur les ressources offertes aux étudiants de l’Université. L’AÉÉDEM renchérit que le combat actuel des auxiliaires d’enseignement pour des meilleures conditions de travail équivaut directement à des meilleures conditions d’apprentissage pour les étudiants.

Il n’y a pas encore de date de grève confirmée par l’AÉÉDEM.

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Instrumentalisation de la religion à des fins militaires https://www.delitfrancais.com/2024/02/28/instrumentalisation-de-la-religion-a-des-fins-militaires/ Wed, 28 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55029 Un portrait du rôle de la foi dans le conflit Israël-Hamas.

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Le 18 février dernier, le ministre israélien Benny Gantz, du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou, a déclaré que « si d’ici le Ramadan, les otages ne sont pas revenus à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah ». Ce message s’inscrit dans le contexte de bombardements massifs de la bande de Gaza par Israël depuis le 7 octobre, tuant plus de 30 000 civils jusqu’à aujourd’hui. Environ 1,3 millions de déplacés gazaouis sont aujourd’hui coincés à Rafah, ville frontalière de l’Égypte. Des experts des droits humains condamnent les conditions de vie inquiétantes et la famine qui touche la population, constituée en grande partie de femmes et d’enfants. Alors que le Ramadan arrive à grands pas, le gouvernement israélien compte utiliser cette période religieuse pour faire valoir ses intérêts, et réaliser ses objectifs de guerre. Afin de mieux comprendre le rôle que la religion joue au sein du conflit Israël-Hamas, Le Délit s’est entretenu avec Norman Cornett, ancien professeur d’études religieuses à McGill.

Une instrumentalisation du calendrier

Le conflit actuel entre Israël et le Hamas s’inscrit dans le contexte de tensions historiques entre Israël et les pays arabes voisins, notamment avec la guerre des Six jours en 1967, ou encore la guerre du Kippour en 1973. Ces guerres ont des liens intrinsèques avec la religion, puisqu’Israël se situe sur le territoire de la Palestine, d’où proviennent les trois principales religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Cornett explique que les calendriers religieux ont joué un rôle historique dans l’ensemble des conflits militaires impliquant Israël et ses voisins. Le professeur donne l’exemple de la guerre du Kippour, qui tient son appellation en raison du moment où cette dernière a éclaté : le 6 octobre 1973, le jour du Yom Kippour, « la fête la plus saine du calendrier juif ». Le professeur revient par la suite sur l’attaque menée par le Hamas sur le territoire israélien en octobre dernier : « Rappelons quelle était la date de l’attaque du Hamas. Le 7 octobre 2023 c’était un samedi, donc le shabbat, la journée la plus vulnérable dans la semaine juive. »

En plus d’être stratégiques, le professeur considère que ces instrumentalisations des calendriers religieux correspondent à des « armes de destruction psychologique massive. Parce que vous touchez le tréfonds de ce qui est le plus cher en tant que musulman ou en tant que juif ».

« Puiser dans les écritures, qu’elles soient coraniques, ou qu’elles soient hébraïques, cela donne carte blanche pour atteindre n’importe quelles fins militaires et politiques »

La religion comme arme de guerre
Le professeur nous explique que depuis le 7 octobre, Netanyahou n’a cessé d’utiliser la religion pour justifier ses opérations à Gaza, décriées par de nombreux acteurs de la communauté internationale comme génocidaires et correspondant à des crimes de guerre. Pour Cornett, « les textes religieux de la Torah, la loi divine juive, sont devenus le leitmotiv de Netanyahou à Gaza ». Netanyahou cite de manière fréquente des textes hébraïques de la Torah dans ses discours, détournant les narratifs et les valeurs de la religion juive pour légitimer ses opérations militaires. Le professeur ajoute : « Puiser dans les écritures, qu’elles soient coraniques, ou qu’elles soient hébraïques, cela donne carte blanche pour atteindre n’importe quelles fins militaires et politiques. » Cette utilisation de la religion comme justification et sacralisation d’actes de guerre, de meurtres et de violation des droits de l’homme a un précédent, et se retrouve directement dans le concept de guerre sainte. Les croisades avaient déjà marqué le Moyen-Âge par des décennies de violences, et plus récemment, les actions de groupes terroristes comme Daech se sont aussi inscrites dans cette légitimation de violence et de haine. Pour Cornett, ce que fait Netanyahou actuellement est aussi « devenu une guerre sainte, et foncièrement haineuse. »

Cornett explique qu’alors même que cette instrumentalisation est basée sur les textes religieux, elle s’écarte justement de ces derniers : « Aussi bien dans le cas du Hamas que dans le cas de Benjamin Netanyahou, la religion est utilisée uniquement à des fins politiques. Pour le Hamas, est ce que c’est vraiment l’islam qui compte? Et dans le cas de Netanyahou? Il est juif sioniste, mais est ce qu’il se sert du judaïsme? Est ce que c’est vraiment le judaïsme qu’il veut préserver? »

Alors même qu’ils prétendent servir la religion, ceux qui s’en servent à des fins militaires contredisent directement ses principes. « Dans le cas de la Torah comme dans lecas du Coran, commettre un meurtre, c’est le crime capital. Il y a des conséquences extrêmement graves. » Mais le professeur Cornett explique que c’est une boucle bouclée : puisque c’est le crime capital, « il faut que ce soit commandé par Dieu, et cela vient donc non seulement justifier la mort, mais même la sanctifier, voire la sacraliser. »

« Si jamais Netanyahou se montrait ouvert à l’idée d’un apaisement ou d’un État palestinien, il perdrait les ministres de son cabinet »

Un ultimatum : Rafah et le Ramadan.


Le gouvernement israélien est rendu à un point de non-retour, la crise humanitaire s’accentue et l’offensive imminente contre Rafah inquiète tous les pays occidentaux. Maintenant, le gouvernement israélien est confronté à une impasse entre les puissances occidentales et les nationalistes ultra-religieux du gouvernement d’Israël, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, explique le professeur Cornett. Les puissances occidentales se sont montrées compréhensives envers Israël après le 7 octobre, puisque « tout le monde était d’accord qu’ils avaient le droit de se défendre. Par contre, il [le gouvernement Netanyahou, ndlr] est en train de brûler cette bonne volonté de la part des ÉtatsUnis, de l’Union européenne, de la GrandeBretagne, et cela est un grand danger. » Les puissances occidentales ont lancé plusieurs fois des avertissements à Israël afin que l’État cesse ses offensives contre Gaza, tandis que les nationalistes ultra-religieux réclament la poursuite des offensives, présentant même un plan d’après-guerre pour Gaza. Le professeur Cornett explique que les tensions montent au sein du cabinet israélien : « Netanyahou se trouve tellement coincé. Si jamais il se montrait ouvert à l’idée d’un apaisement ou d’un État palestinien, il perdrait les ministres de son cabinet, qui sont parmi les nationalistes religieux les plus farouches en Israël. » S’ajoutant à cela, il reste encore 129 otages sous l’emprise du Hamas et leurs familles intensifient leurs demandes au gouvernement israélien. Professeur Cornett inscrit l’ultimatum lancé au Hamas par Israël dans cette lignée : « il [Netanyahou, ndlr] doit satisfaire l’électorat qui est en colère, avec raison, contre lui. Il y a une épée à double tranchant et c’est la raison pour laquelle il a lancé les défis du Ramadan. » Le 10 mars, premier jour du Ramadan, sera une journée décisive dans le conflit Israël Hamas si le gouvernement israélien attaque Rafah, où plus d’un million de personnes sont entassées dans des conditions de vie horribles.

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Élections en Indonésie : entre autoritarisme et renouveau https://www.delitfrancais.com/2024/02/21/elections-en-indonesie-entre-autoritarisme-et-renouveau/ Wed, 21 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54900 Prabowo Subianto remporte les élections présidentielles.

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Le 14 février dernier, les Indonésiens se sont rendus aux urnes pour élire leurs prochains président et vice-président. En une journée, plus de 205 millions de suffrages ont été exprimés dans le pays avec le plus grand nombre de musulmans au monde. Prabowo Subianto, et son vice-président, Gibran Rakabuming Raka ont finalement remporté les élections. Avec une tendance de recul démocratique global et dans un climat marqué par la jeunesse de la démocratie indonésienne, la transition des 32 ans de dictature de Suharto date de seulement de 1998 ; ces élections marquent un chapitre décisif dans la politique indonésienne. Afin de mieux comprendre le contexte des ces élections et ce qu’implique l’arrivée au pouvoir de Prabowo, Le Délit s’est entretenu avec Erik Kuhonta, professeur au département de sciences politiques à l’Université McGill et expert en études de l’Asie du Sud-Est.

L’importance de ces élections

Ces élections dans la troisième plus grande démocratie du monde ont été suivies de près par de nombreux médias et gouvernements internationaux. L’Indonésie, située en Asie du Sud-Est, compte 273 millions d’habitants, dont 205 millions pouvant voter, répartis sur plusieurs milliers d’îles. Face aux nombreux et importants défis de développement, dont les inégalités économiques croissantes et les enjeux environnementaux qui ont forcé le déplacement de la capitale vers une autre île ; ces élections représentent un moment charnière pour le futur de l’Indonésie et de sa population.

Interrogé sur la dimension internationale de ces élections, Professeur Kuhonta a souligné leur importance à une échelle globale: « L’Indonésie est un pays très stratégique pour les États-Unis à cause de leur rivalité avec la Chine, donc géopolitiquement ce pays est très important dans sa relation avec les pays occidentaux. » Il ajoute par ailleurs que l’Indonésie a été présidente de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) jusqu’en 2023, ce qui en fait un pays d’autant plus influent à l’échelle régionale.

L’héritage présidentiel

Depuis 2014, Joko Widodo, communément appelé Jokowi, ancien gouverneur de Jakarta, est à la tête de la démocratie Indonésienne. Son mandat présidentiel a été marqué par une croissance économique annuelle supérieure à 5%. Le plan de développement économique de Jokowi s’est concentré sur l’exploitation des ressources naturelles du pays, dont le pétrole et le charbon, ainsi que la création de nouvelles infrastructures routières et ferroviaires. De plus, au cours de sa présidence, Widodo a débuté le projet pharaonique du déplacement de la capitale Jakarta vers l’île indonésienne voisine, Bornéo. Si Jokowi a été un innovateur dans le développement économique du pays, professeur Kuhonta nous a fait part de l’autre réalité de la présidence de ce dernier. En effet, le professeur nous explique qu’à l’arrivée en politique de Jokowi, ce dernier était perçu comme réformiste et différent des élites traditionnelles. En revanche, professeur Kuhonta note qu”« on a vu rapidement qu’il n’était pas très différent des autres politiciens. Il a notamment réprimé la société civile. Les analystes remarquent aujourd’hui que la démocratie indonésienne a subi un recul démocratique [donc un déclin graduel de la qualité des démocraties et de leurs institutions, ndlr]. »

Les acteurs clés

Le 14 février, avec plus de 55% des votes, c’est Prabowo Subianto et Gibran Rakabuming Raka qui se sont imposés comme président et vice-président respectivement. Ces deux hommes politiques ne sont pas inconnus de la scène indonésienne : Prabowo, âgé de 72 ans, est l’actuel ministre de la Défense et ancien commandant des forces spéciales (Kopassus) du régime autoritaire de Suharto . Le professeur Kuhonta explique ce que Prabowo à la présidence représente pour l’Indonésie : « Prabowo est très autocratique, ce n’est pas un général pragmatique et rationnel, il était aussi l’une des figures les plus autoritaires dans le régime de Suharto. » En effet, cet ancien général est accusé d’avoir bafoué de nombreux droits de l’Homme au cours de l’invasion indonésienne du Timor Oriental durant les années 1980, où 200 000 civils avaient été tués. Il est aussi accusé d’avoir participé à l’enlèvement de 22 partisants pro-démocratie en 1998, dont 13 sont encore portés disparus à ce jour. Le professeur note aussi que Prabowo a contesté les résultats des élections à deux reprises, en 2014, puis en 2019, après avoir perdu à la course présidentielle contre Jokowi, indiquant clairement que Prabowo « ne croit pas au processus démocratique ».

Aux côtés de Prabowo, Gibran Rakabuming Raka, fils de l’actuel président indonésien Jokowi et maire de Surakarta, est devenu le plus jeune vice-président de l’Indonésie, et ce, pour des raisons constitutionnelles. En effet, l’âge minimum pour se présenter à la présidence ou vice-présidence en Indonésie est de 40 ans, rendant donc Gibran, 36 ans, théoriquement non-éligible. Cependant, la cause a été contestée devant la Cour constitutionnelle et la règle a été modifiée afin de diminuer l’âge d’admissibilité aux élections présidentielles à 36 ans aux personnes ayant une expérience ultérieure dans la fonction publique. Étant maire de Surakarta depuis plus de deux ans, Gibran Rakabuming Raka a coché toutes ces cases et est devenu le partenaire politique de Prabowo. Cette baisse de l’âge d’admissibilité a été à l’origine d’une polémique dans le pays puisque le président de la cour constitutionnelle était le beau-frère de Gibran. La course à la vice-présidence de Gibran a donc été marquée d’accusations de népotisme dû au changement constitutionnel affairé à son égard et le soutien politique de son père. De plus, le fait que le fils de Jokowi puisse accéder au pouvoir directement après le mandat de son père inquiète la population indonésienne. L’entrée en politique de Gibran donne l’opportunité à Jokowi de créer une dynastie politique, phénomène récurrent en Asie du Sud-Est comme en Philippines et en Thaïlande et de maintenir une certaine influence en politique après la fin de son mandat par l’entremise de Prabowo et de Gibran. Professeur Kuhonta note que cela est peut probable, car « Prabowo est beaucoup trop puissant lui-même. Ce n’est pas Jokowi qui va l’influencer dans ses aspirations.» Il est aussi important de noter que Jokowi et Prabowo ont été ennemis politiques de longue date, ayant des idéologies politiques drastiquement différentes. En 2019 le président a coopté Prabowo dans sa coalition comme ministre de la Défense citant des « raisons d’unité nationale ». C’est suite à cette union que Prabowo a formé une alliance avec Gibran, le fils de Jokowi, afin de devenir président en 2024. Le professeur Kuhonta note que cette union à été établie en partie pour la raison suivante : « Pour Prabowo, Gibran légitimisait sa campagne, et lui donnait l’appui d’un président populaire comme Jokowi. » Cette légitimation est importante en raison du passé contesté de Prabowo au sein du régime dictatorial de Suharto.

« L’entrée en politique de Gibran donne l’opportunité à Jokowi de créer une dynastie politique, phénomène récurrent en Asie du Sud-Est, comme en Philippines et Thaïlande […] »

Le futur de l’Indonésie

Durant cette campagne électorale, Prabowo a mis en avant un plan d’action ayant comme principaux buts le développement des hôpitaux, les repas gratuits pour tous les écoliers et l’amélioration des services sociaux, nous explique le professeur Kuhonta. Prabowo a aussi insisté sur le désir de continuer les réformes économiques et de développer les infrastructures que Jokowi a mis en place depuis 2014. Afin de gagner le vote du public, il a travaillé son image à travers une campagne sur les réseaux sociaux comme sur la plateforme TikTok dans le but de se donner l’image d’une figure paternelle et inoffensive en laquelle le peuple indonésien pourrait faire confiance. Le professeur Kuhonta explique que Prabowo a beaucoup joué sur la jeunesse au sein du pays : « Les jeunes ne se rappellent pas du règne autoritaire de Suharto et cela joue en sa faveur. » Ses efforts ont porté leurs fruits. Prabowo remporte la majorité, plus de 30 ans après le règne autoritaire de Suharto auquel il a activement contribué.

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L’activisme étudiant pour les réfugié·e·s à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/02/14/lactivisme-etudiant-pour-les-refugie%c2%b7e%c2%b7s-a-mcgill/ Wed, 14 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54674 Portrait du programme d’Entraide Universitaire Mondiale du Canada (EUMC).

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Le Canada est le huitième pays au monde avec le plus grand ratio d’immigrant·e·s au sein de sa population. Plus d’un quart des personnes résidant au Canada actuellement ont eu par le passé un statut d’immigrant·e ou de résident·e permanent. L’Université McGill n’est pas exemptée de ce phénomène puisqu’elle compte plus de 12 000 étudiant·e·s internationaux, soit 30% de sa population étudiante. Au sein de cette population, certain·e·s sont des réfugié·e·s ayant eu l’opportunité de venir étudier à McGill à travers le programme de l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC).

L’EUMC est une association canadienne à but non lucratif qui a pour mission d’améliorer les opportunités éducatives, économiques et professionnelles offertes aux jeunes dans plus de quinze pays d’Asie, d’Afrique et des Amériques. Concrètement, son mandat consiste à améliorer l’accès à l’éducation, aux opportunités de travail et aux formations professionnelles pour les jeunes issus de pays en conflit, en leur offrant des opportunités d’étudier au Canada. L’association a aussi pour mandat de solliciter les jeunes résidant au Canada à s’impliquer dans leur communauté.

L’EUMC est composée de plus de 86 comités locaux présents dans différentes universités et cégeps, dont un à l’Université McGill. Ces comités locaux organisent des ateliers de sensibilisation aux problèmes d’éducation des réfugié·e·s et d’autres événements destinés à l’intégration des étudiant·e·s à McGill.

« Actuellement, le comité local de WUSC à McGill peut soutenir financièrement sept nouveaux·elles étudiant·e·s réfugié·e·s grâce aux fonds alloués chaque semestre par les étudiant·e·s de l’Université »

Programme d’étudiant·e·s réfugié·e·s

L’une des initiatives principales de l’association est son programme d’étudiants réfugiés (PÉR). Ce programme a été établi en 1978 en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour réfugiés (UNHCR), le ministère de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté du Canada (IRCC) et l’Organisation Internationale pour la Migration (IOM). Jusqu’à aujourd’hui, le projet a permis la venue de plus de 2200 étudiant·e·s réfugié·e·s au Canada afin de leur permettre d’y étudier et d’accéder à des opportunités professionnelles. Annuellement, le programme accueille plus de 150 étudiant·e·s réfugié·e·s réparti·e·s dans plus de 100 universités et cégeps canadiens. L’initiative de PÉR est de « combiner la réinstallation avec des possibilités d’enseignement supérieur ». Ainsi, les étudiant·e·s ayant un statut de réfugié·e·s sont choisi·e·s par l’intermédiaire d’un long processus de sélection et sont ensuite accueilli·e·s dans une université canadienne équipé·e·s d’une bourse couvrant la majorité de leurs frais de scolarité et de logement pendant cinq ans.

L’EUMC à McGill

Le comité local de McGill s’occupe de mettre en place le programme PÉR à l’université, c’est-à-dire tout ce qui a trait à la sélection des candidat·e·s, leur arrivée au Canada et leur intégration jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Le programme PÉR est entièrement financé « par un prélèvement de 4 $ auprès de tou·te·s les étudiant·e·s de McGill chaque semestre, sur la base d’un référendum étudiant, et les fonds accumulés sont administrés afin d’offrir des services des bourses et de l’aide financière aux étudiant·e·s ». Actuellement, le comité local de l’EUMC à McGill peut soutenir financièrement sept nouveaux·elles étudiant·e·s réfugié·e·s grâce aux fonds alloués chaque semestre par les étudiant·e·s de l’Université.

Portrait d’un étudiant boursier

Afin d’en connaître plus sur leur impact réel de l’association EUMC et de son programme PÉR, Le Délit s’est entretenu avec Behnam Yosufi, étudiant boursier de deuxième année en génie logiciel à McGill. Behnam, d’origine afghane, nous explique que le processus d’admission au programme est extrêmement compétitif : « Il y avait 4500 jeunes réfugiés issus de l’Afghanistan qui ont candidaté dans la même année que moi et à la fin, nous étions deux à être sélectionnés pour aller étudier à McGill. (tdlr) » L’étudiant explique qu’il était souvent incertain quant à l’état d’avancement de sa candidature en raison de ses conditions de vie, plus ou moins optimales : « On devait effectuer des examens de compréhension d’anglais en ligne, mais nos maisons ne sont pas insonorisées, le Wi-Fi s’éteint, les gens font beaucoup de bruit. Ça m’est arrivé d’être accusé de plagiat, car ils ont entendu quelqu’un parler dans une autre chambre, et ont supposé que je trichais ». À la suite de ce laborieux processus de huit mois, Behnam, comme 50 autres étudiant·e·s boursier·ère·s afghan·e·s, s’est envolé pour le Canada afin d’y commencer ses études en génie logiciel à McGill. Il nous explique que dès son arrivée à l’aéroport, il y avait quatre jeunes qui l’attendaient avec des pancartes et des chandails bleus, une image à l’effigie de l’EUMC et sa nature accueillante. « Dès que je suis sorti de l’aéroport je les ai vus, ils m’ont emmené manger et m’ont ensuite déposé à ma résidence étudiante. Le lendemain matin, ils sont revenus me voir et m’ont tenu compagnie. » Ce groupe de support a été un élément marquant de son expérience et son intégration à McGill.

« Grâce à leur portée impressionnante sur le campus mcgillois et dans le reste du pays, le comité local de McGill s’est vu décerner le prix du comité de l’année le samedi 10 février dernier, au congrès annuel de l’EUMC »

Intégration à McGill

Behnam raconte que ses débuts à l’université ont été très difficiles, dû au changement de système éducatif, au choc culturel et la rigueur des cours. Malgré cet ajustement massif, l’étudiant renchérit que l’EUMC McGill l’a équipé de tout ce dont il avait besoin pour réussir : un support moral et éducatif. Se caractérisant comme une personne de nature introvertie, Behnam fait part de sa grande difficulté à s’ouvrir aux autres et à partager ses défis, mais il explique que la communauté de l’EUMC lui a réellement permis de s’exprimer ouvertement et sans jugement : « Encore aujourd’hui, il sont comme une famille pour moi, une famille sur laquelle je peux compter. Ils ne me jugent pas et me supportent constamment. » Après plus d’un an et demi à Montréal, Behnam est maintenant un membre impliqué du comité local de l’EUMC dans lequel il occupe le poste de vice-président des événements. Il nous explique son intérêt pour ce nouveau rôle : « La mission du comité est d’intégrer les étudiant·e·s boursiers et j’ai adoré cette initiative et les événements organisés, donc je me suis poussé à entreprendre ce rôle. »

Futures ambitions

Lorsqu’on l’interroge sur ses aspirations futures, Behnam se dit très heureux d’avoir eu la chance d’être boursier au sein du programme, mais considère aussi la chance qu’il a d’être résident permanent au Canada, une opportunité offerte à tout·e·s les boursier·ère·s. Il compte s’épanouir à McGill, finir ses études en ingénierie logicielle et entreprendre une carrière professionnelle au Canada.

Grâce à sa portée impressionnante sur le campus mcgillois et dans le reste du pays, le comité local de McGill s’est vu décerner le prix du comité de l’année le samedi 10 février dernier, au congrès annuel de l’EUMC.

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L’héritage de l’engagement des étudiant·e·s noir·e·s à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/02/07/lheritage-de-lengagement-des-etudiant%c2%b7e%c2%b7s-noir%c2%b7e%c2%b7s-a-mcgill/ Wed, 07 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54467 Portrait du Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill (BSN)

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Le Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill (BSN) est l’une des plus anciennes associations étudiantes de l’Université. Elle a été fondée en 1970 dans le but d’unir les étudiant·e·s noir·e·s de l’Université, de leur offrir des services tels que des événements de réseautage et des événements sociaux, de les aider à rencontrer des nouve·aux·lles étudiant·e·s noir·e·s et de créer un sentiment de communauté entre les élèves noir·e·s au sein de l’Université. BSN opère sous l’Association des Étudiants de l’Université McGill (l’AÉUM) et est donc considérée comme une association qui assure un service aux étudiant·e·s. À ce titre, l’association a pour mandat de « travailler pour rendre le campus de McGill sûr et accessible aux étudiant·e·s noir·e·s afin de soutenir leur réussite scolaire ainsi que leur bien-être mental et physique […] et sensibiliser la communauté mcgilloise aux enjeux concernant les peuples noirs (tdlr) ». Ce mandat façonne tous les événements et initiatives de l’association depuis sa conception. Événements de réseautage pour les étudiant·e·s noir·e·s, journées de soins personnels et une cérémonie de graduation exclusivement pour les étudiant·e·s noir·e·s : BSN contribue activement à la prospérité de la communauté noire à McGill et au bien-être de ses membres. Afin d’exécuter un portrait de BSN et mettre de l’avant leurs initiatives ainsi que quelques-uns de leurs membres, Le Délit s’est entretenu avec quatre de ces derniers : Méshama Eyob- Austin – présidente, Simi Ogunsola – vice-présidente Social, Chloé Nyiligira directrice de projet au sein du portfolio social, Nkwanzi Banage – vice-présidente Plaidoyer.

« BSN contribue activement à la prospérité de la communauté noire à McGill et au bien-être de ses membres »

Une association au service des étudiants

L’Université McGill ne compte que 4,6% d’étudiant·e·s noir·e·s au sein de sa communauté étudiante. De ce fait, plusieurs étudiant·e·s se sentent isolé·e·s à leur arrivée à l’Université. Une association comme BSN est donc nécessaire et très appréciée par ces étudiant·e·s. Questionnée sur l’apport de cette association aux étudiant·e·s de McGill, Méshama, présidente de BSN, explique que BSN représente une opportunité « de constituer une communauté qui donne des conseils et de la joie à la communauté noire au sein du campus ». Ce sentiment est similaire pour Chloé, qui ajoute que BSN lui a apporté beaucoup en réseautage et contacts professionnels : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on nous met en contact avec des personnes ayant eu la même expérience et le même programme d’études que nous, et qui peuvent venir partager leur expertise. »

L’activisme noir à McGill

Historiquement, BSN s’est battu pour plusieurs avancées sociales et éthiques au sein de l’Université. L’un de leurs combats les plus important et médiatisé jusqu’à aujourd’hui a été leur campagne menée pour le désinvestissement par McGill de toute sociétée liée à l’apartheid en Afrique du Sud. Ce combat a été conjointement mené avec la Société des étudiants africains de l’Université McGill (MASS) et a entrainé, en 1985, la fin de tout investissement par l’Université dans les sociétés liées à l’apartheid. Depuis 1991, BSN
a aussi mené de multiples campagnes étudiantes afin d’établir un programme d’études Africana à McGill. Ce programme d’études se concentrerait sur l’enseignement de l’histoire, de la politique et des cultures des diasporas africaines à travers le monde. Actuellement, l’Université McGill n’a qu’un programme d’études africaines et un autre d’études d’Amérique latine et des Caraïbes. Pour Méshama, présidente de BSN, ces deux projets d’activisme ont forgé le mandat de l’association et son héritage qui la précède : « Nous essayons de faire tout notre possible pour offrir de la solidarité [aux peuples minoritaires, ndlr] […] La liberté pour les personnes noir·e·s découle du principe que nous ne sommes pas libres tant que tout le reste du monde n’est pas libre. » Pour Nkwanzi, ce mandat d’activisme au sein du campus mcgillois est réellement nécessaire : « BSN a une capacité impressionnante à combler les vides laissés par l’Université. Lorsqu’elle n’a admise que 15 étudiant·e·s noir·e·s en 1969, l’ensemble de la communauté noire de McGill a lancé le programme Across the Halls, un programme de mentorat et de tutorat par les pairs pour encourager les candidat·e·s noir·e·s. »

Le soutien de l’Université

BSN est l’une des associations les plus grandes et influentes de l’Université. Cette responsabilité ne peut se maintenir sans l’aide financière de l’AÉUM et l’apport stratégique de l’administration de McGill. Depuis 2017, l’Université honore tous les févriers, le Mois de l’histoire des Noir·e·s (BHM) avec une cérémonie d’ouverture, des conférences diverses et des événements de rassemblement pour la communauté noire de McGill. Ce mois est conçu en collaboration partielle avec les associations étudiantes BSN et MASS. Questionnée sur le support que l’administration mcgilloise offre à BSN et la communauté noire, Méshama souligne l’initiative des célébrations du Mois de l’histoire des Noir·e·s : « Les événements du Mois de l’histoire des Noir·e·s sont éducatifs, amusants, intéressants et importants. Cela donne aux étudiants l’opportunité de réseauter, de se rencontrer, de se sentir vus par l’établissement. » De son côté, Simi rajoute que tout au long de l’année et surtout durant le Mois de l’histoire des Noir·e·s, « McGill inclut beaucoup les étudiant·e·s noir·e·s. Ils nous donnent les ressources, l’argent et la capacité de faire ce que nous voulons avec l’association et ce qui convient le mieux à la communauté mcgilloise ». En lien avec les ressources offertes aux étudiant·e·s par l’Université, Chloé fait part des services du centre de bien-être et de son appréciation pour la présence des conseillers de bien-être noirs et autochtones ; une étape importante pour l’inclusivité au sein de l’Université selon elle.

« BSN a une capacité impressionnante à combler les vides laissés par l’Université »


Nkwanzi, vice-présidente de Plaidoyer

Des initiatives à souligner

Afin de promouvoir le Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill, il est indispensable de mettre de l’avant certaines de leurs initiatives qui permettent de rencontrer des nouveaux étudiant·e·s noir·e· et créer un sentiment de communauté. L’événement Soul Food, un repas-partage organisé tous les semestres, réunit des centaines d’étudiant·e·s dans le but d’apprendre à se connaître et manger de la nourriture originaire des différentes cultures de la communauté étudiante. De plus, BSN met progressivement en place un système de prêt de livres, en se servant de l’inventaire de l’association pour créer une bibliothèque communautaire. Nzwanki souligne cette initiative qui sera officiellement mise en place le 28 février prochain lors de l’événement Les Voix Noires en Publication : « Je souhaite partager cela avec d’autres étudiants de McGill qui n’auraient pas un accès facile à la littérature noire au sein ou en dehors du milieu universitaire. » Finalement, la cérémonie de graduation exclusivement pour les étudiant·e·s noir·e·s qui a pour but de « mettre en lumière les réalisations et exploits des étudiant·e·s noir·e·s malgré les obstacles institutionnels, économiques et socioculturels à l’accès à l’enseignement supérieur ». Ces initiatives sont quelques-uns des dizaines d’événements que BSN met en place au cours du Mois de l’histoire des Noir·e·s chaque année, et démontrent l’engagement de tous ses membres et leur volonté d’offrir un environnement propice à la réussite et l’inclusion de la communauté noire à McGill.

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JDSP et McMUN : Rayonnement de l’engagement étudiant à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/01/24/jdsp-et-mcmun-rayonnement-de-lengagement-etudiant-a-mcgill/ Wed, 24 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54381 Portrait de deux initiatives étudiantes sur le campus.

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L’Université McGill accueille plus de 40 000 étudiants, du baccalauréat jusqu’au doctorat. Il est souvent intimidant et difficile pour ces étudiants de rencontrer des individus avec des passions ou des intérêts similaires. Néanmoins, plusieurs initiatives étudiantes existent afin de rassembler les communautés, offrir des expériences enrichissantes et professionnalisantes aux étudiants au cours de leurs études. Le Délit vous offre dans cet article un portrait de deux initiatives étudiantes, les Jeux de la science politique et la simulation des Nations Unies, McMUN, qui rayonnent sur le campus mcgillois et ailleurs au Québec.

Les Jeux de la science politique

Law Games, Med Games, Jeux de la communication, Jeux du commerce, etc. : les jeux interuniversitaires ne se font pas rares au Québec. Ayant pour but de rassembler les étudiants d’un même programme une fois par année, les jeux interuniversitaires sont une expérience formatrice pour les étudiants et constituent une opportunité de réseautage.

Lors de la fin de semaine du 12 au 14 janvier, la 13e édition des Jeux de la science politique du Québec ont eu lieu à l’Université de Sherbrooke. L’Université McGill y a participé avec une délégation de 30 étudiants. Les Jeux de la science politique, communément appelés les JDSP, regroupent huit épreuves académiques et une épreuve sportive. Relations gouvernementales, coopération internationale, négociation, cas académiques, gestion de crise, journalisme politique, politique active et quiz : de nombreuses disciplines étaient mises en valeur afin de représenter les compétences des universités participantes. Mis à part le côté académique, les JDSP sont aussi un grand événement social permettant de rencontrer des étudiants en sciences politiques, venant de divers coins du Québec, et d’ailleurs au pays. Les JDSP sont exclusivement francophones, et rassemblent cette année neuf institutions universitaires à travers le Canada.

Le Délit s’est entretenu avec Jeanne Marengère, co-cheffe de la délégation de l’Université McGill, et l’a interrogée sur son expérience aux Jeux et ce qu’ils représentent pour elle au sein de son parcours universitaire. Questionnée sur ses motivations pour devenir co-cheffe à l’édition 2024 des JDSP, Jeanne explique : « Je cherchais une opportunité de rencontrer des gens qui étudiaient dans mon domaine, et qui partageaient mes intérêts pour la politique. C’est exactement ce que j’y ai trouvé : une communauté jeune et flamboyante, déterminée à faire rayonner le département de science politique mcgillois sur la scène francophone. » La communauté francophone à McGill est grande, mais nettement minoritaire comparativement à la population anglophone. Seulement 20% des étudiants mcgillois sont originaires d’un pays ou d’une région francophone. Pour Jeanne, les JDSP sont une opportunité incontournable d’offrir aux étudiants un sentiment de communauté au sein d’une grande université : « Les Jeux offrent aux étudiants francophones une opportunité de s’illustrer dans des épreuves conçues en fonction des préoccupations du milieu professionnel québécois. Les JDSP représentent un contexte extrêmement professionnalisant pour les étudiants francophones, chose qu’on croise rarement au sein des universités anglophones, comme McGill. »

«C’est exactement ce que j’y ai trouvé : une communauté jeune et flamboyante, déterminée à faire rayonner le département de science politique mcgillois sur la scène francophone »

McMUN

Une autre initiative étudiante qui mérite d’être mise en lumière au sein du campus mcgillois est The McGill Model United Nations Assembly (McMUN). Cette conférence, de simulation des Nations Unies, regroupera plus de 1 000 délégués provenant d’universités à travers l’Amérique du Nord, du 25 au 28 janvier. Ces simulations sont nombreuses et très populaires au sein des étudiants, tant au niveau collégial qu’universitaire. Au sein de ces conférences, chaque étudiant fait partie d’un binôme qui représente un pays ou un acteur et soutient une position ferme sur un sujet d’actualité décidé d’avance. Plusieurs comités symbolisant des enjeux importants sont présents à McMUN dont le Conseil économique et social (ECOSOC), les assemblées générales et les comités de crise. McMUN, l’une des conférences étudiantes les plus prestigieuses, se décrit comme étant un événement qui « inspire l’innovation chez les dirigeants de demain, renforce l’engagement et la sensibilisation des étudiants aux problèmes mondiaux et met nos participants au défi à travers des débats réalistes et créatifs (tdlr). »

La véritable plus-value de cette conférence, c’est qu’elle est organisée de A à Z par des étudiants œuvrant dans différents domaines d’étude à McGill. Cette conférence s’organise pendant plusieurs mois et recrute plus de 250 étudiants mcgillois afin d’y travailler de manière bénévole. Elle est donc parfaite pour des étudiants désireux de s’impliquer à long terme dans un projet important.

Le Délit s’est entretenu avec Julie Ferreyra, députée directrice des relations publiques et adjointe au contenu multimédia de McMUN. Julie explique que, pour elle, l’engagement étudiant est au coeur de son expérience universitaire : « Après avoir expérimenté avec d’autres clubs et avoir eu plus de responsabilités au sein de ces clubs-là, j’ai compris que ce qui m’intéressait vraiment c’était la partie organisationnelle! Donc j’ai choisi de m’investir auprès de McMUN, puisque j’avais déjà eu l’opportunité au lycée de participer à des simulations des Nations Unies organisés par des universités. »

McMUN,comme les autres initiatives étudiantes sur le campus, contribue non seulement à la création de liens entre les étudiants, mais aussi à l’Université elle-même, puisque ce genre d’événement est valorisant pour la communauté mcgilloise. Julie explique : « C’est important, je pense, de pouvoir avoir accès à ces occasions et de rencontrer des personnes qui ne font pas nécessairement partie de notre cohorte, ou qui ne sont pas dans notre environnement immédiat. J’entends souvent des gens se plaindre qu’être dans une si grande université peut vite devenir isolant, et je le comprends, mais des opportunités comme McMUN, JDSP, SSUNS, c’est des moments de connexions! » Julie explique qu’en plus des avantages sociaux, ce genre de simulation est une expérience formatrice qui permet de trouver ce qu’on aime dans ce domaine et quel type de responsabilité nous correspond le mieux : « Ça offre l’occasion de s’impliquer au sein d’un environnement bienveillant, au niveau qu’on le souhaite (si on veut juste participer pour la durée d’un week-end, ou vraiment à fond dès le mois de mars). Ça permet une grande flexibilité, de pouvoir tester si on aime être dans un environnement intense. Par exemple, quelqu’un peut être en charge des commanditaires, mais se rendre compte qu’il n’aime pas être en charge des gens. McMUN est une occasion de se découvrir! »

« Ces opportunités comme McMUN, JDSP, SSUNS, c’est des moments de connexions »

L’engagement étudiant est une partie importante d’une communauté universitaire. Certains s’y impliquent à fond, tandis que d’autres se concentrent sur des objectifs personnels ou tout simplement sur leurs études. Avec plus de 250 associations étudiantes, l’Université McGill aura toujours une association prête à accueillir les étudiants à bras ouverts. Cet article a mis en lumière seulement deux initiatives étudiantes, les JDSP et McMUN, plutôt liées au domaine des sciences politiques. Toutefois, chaque département à McGill a son association étudiante et son lot de comités portant sur son domaine d’étude, que ce soit la psychologie ‚la sociologie, l’histoire, la médecine, le droit, et bien plus encore. Des groupes étudiants plus ludiques, comme des troupes de comédies musicales, des groupes de ski ou d’escalade, sont aussi présents sur le campus. Il y a de tout, pour chacun ayant pour but de s’impliquer dans sa communauté et de rencontrer des gens tout autant passionnés.

Dès ce soir, le 24 janvier, l’Association étudiante de l’Université McGill organise « La Soirée des Activités », une soirée qui a pour but de présenter les centaines d’associations étudiantes présentes sur le campus. Le Délit y sera présent afin de répondre à toute vos questions et pour connecter avec sa communauté mcgilloise.

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Démission des présidentes des universités Harvard et de la Pennyslvanie https://www.delitfrancais.com/2024/01/17/demission-des-presidentes-des-universites-harvard-et-de-la-pennyslvanie/ Wed, 17 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54172 Une audition menée par le Congrès américain choque le monde universitaire.

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Au cours des derniers mois, deux présidentes influentes de l’Université Harvard et de l’Université de la Pennsylvanie (UPenn) ont démissionné après une audition médiatisée organisée par le Congrès américain. La démission de ces deux rectrices survient dans une foulée de débats concernant la montée de la polarisation sur les campus universitaires, notamment au sujet du conflit armé actuel entre Israël et le Hamas.

Une audience médiatisée

Le 5 décembre dernier a eu lieu une audience au Congrès américain, organisée par les membres du Parti républicain américain au sujet de la montée de l’antisémitisme au sein des campus universitaires, à la suite des événements du 7 octobre entre Israël et le Hamas. Cette initiative a été engendrée afin de déterminer si les universités américaines prenaient les démarches nécessaires pour protéger les étudiants juifs sur leurs campus. Pendant plus de cinq heures, un comité de la Chambre des représentants a interrogé trois présidentes : Claudine Gay de l’Université Harvard, Liz Magill de l’Université de la Pennsylvanie et Sally Kornbluth de l’Institut technologique du Massachusetts. Pendant plus de cinq heures, diverses questions ont alimenté l’échange. Les questions touchaient différents sujets d’actualité, tel que le Palestine Writes Back festival, qui s’est déroulé à UPenn jugé antisémite par certains donateurs de l’Université ainsi qu’une montée des tensions entre les groupes étudiants pro-palestiniens et pro-israéliens.

La polarisation aux États-Unis

Cette interaction entre la politique et le monde académique aux États-Unis s’impose dans un contexte de polarisation grandissante. Interrogé à ce sujet, Brendan Szendro, professeur au programme de sciences politiques de l’Université McGill, a partagé ses réflexions avec Le Délit sur cet événement qui prend d’assaut le monde universitaire depuis des semaines. Il explique que cette audition administrée par le Parti républicain américain est une façon d’utiliser la polarisation actuelle présente dans les campus universitaires en leur faveur : « Ils savent que le moyen le plus simple de jouer avec ces tensions est d’organiser une audience très publique comme celle-ci, lors de laquelle les divisions et la polarisation sont naturellement accentués (tdlr). » Cette audition a suscité l’émoi à travers les États-Unis, en raison de certaines réponses des présidentes de Harvard et UPenn. Une candidate républicaine, Elise Stefanik, a questionné la rectrice d’Harvard, à savoir si « appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard », et la rectrice d’Harvard a répondu que « cela peut [violer le règlement, ndlr] , en fonction du contexte, si c’est dirigé contre un individu ». À la suite de cette réponse, plus de 70 membres de la Chambre des communes des États-Unis et une partie de la population étudiante de Harvard ont appelé à la démission de la présidente de l’Université. Le professeur Szendro analyse cette réponse et les réactions qu’elle a provoquées : « Elle [ la présidente, ndlr ] essayait de donner une réponse qui n’allait pas être considérée comme une prise de position sur les manifestations elles-mêmes, mais ce faisant, elle finit par dire quelque chose qui est, sur papier, très problématique. »

« Lorsque vous faites appel à ces questions de type politique identitaire, ces questions qui polarisent les gens, vous pouvez détourner la conversation d’un plus grand enjeu »

Brendan Szendro, Professeur en sciences politiques

Une démission sous pression interne

Suite à l’audition du 5 décembre, la présidente Liz Magill de l’Université de la Pennsylvanie et Claudine Gay de l’Université Harvard ont remis leurs démissions, le 9 décembre et le 2 janvier respectivement. Par une certaine partie de la population américaine, les réponses données par Madame Magill et Madame Gay ont été jugées ambigues dans le cadre de la protection des étudiants juifs sur les campus universitaires. La raison officielle de la démission de Madame Gay n’est pourtant pas liée à ses réponses aux questions du 5 décembre dernier, mais plutôt à des « accusations de plagiat dans ses travaux universitaires ». Après ses réponses à l’audition du Congrès américain vivement critiqué, le passé de Madame Gay a été passé au peigne fin par la presse et les membres de la communauté universitaire, académique et politique. Ses accusations d’intégrité académique font référence à des travaux universitaires datant de 1993 et 2017. Après la démission de la présidente Gay, le Conseil d’administration de l’Université Harvard a inspecté ces accusations et a finalement confirmé que « ses travaux de recherche ne violaient pas les standards de l’Université ». À la suite de l’annonce de sa démission, Madame Gay s’est exprimée en soulignant que « lors de l’audience du mois dernier, j’ai négligé la nécessité d’exprimer clairement que les appels au génocide du peuple juif sont odieux et inacceptables, et que [dans le cas d’attaques haineuses] j’ aurais utilisé tous les outils à ma disposition pour protéger les étudiants ».

Interrogé sur l’intervention des acteurs politiques dans l’univers académique américain, le professeur Szendro
explique que selon lui, l’ingérence des institutions politiques, comme le Congrès américain, dans le milieu éducatif n’est pas un réel danger pour le monde académique : « Lorsque vous faites appel à ces questions de type politique identitaire, ces questions qui polarisent les gens, vous pouvez détourner la conversation d’un plus grand enjeu. Ce qui se passe actuellement est davantage un genre de théâtre politique. »

La démission des présidentes de l’Université Harvard et de l’Université de Pennsylvanie a donc soulevé la question de l’ingérence des institutions politiques dans le monde académique. Dans ce cas-ci, l’audition du 5 décembre dernier concernant l’antisémitisme sur les campus universitaires a été un terrain de jeu pour le Parti républicain américain, en recherche des mobilisations a travers cette hausse de polarisation des opinions au sein de la population.

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Syndicats et gouvernement Legault : Grèves et nouvelles ententes https://www.delitfrancais.com/2024/01/10/syndicats-et-gouvernement-legault-greves-et-nouvelles-ententes/ Wed, 10 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54009 Entretien avec le Professeur Barry Eidlin.

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Du 23 novembre au 29 décembre dernier, plus de 566 000 travailleurs du secteur public sont entrés en grève, perturbant ainsi de façon conséquente le système de santé et le milieu de l’éducation à travers la province. Plusieurs syndicats et fédérations de syndicats dans les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux ont participé aux grèves. Le plus grand regroupement est celui du Front Commun, composé de quatre centrales syndicates : la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la centrale des Syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des Travailleurs et Travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). On retrouve également la Fédération autonome de l’Enseignement (FAE), qui compte à elle seule 66 500 enseignants, ainsi que la Fédération Interprofessionnelle de la Santé du Québec (FIQ), rassemblant près de 80 000 travailleurs, deux fédérations qui se sont alliées au mouvement du Front commun durant les derniers mois.

Depuis décembre 2022, les différents syndicats tentent de négocier leurs conventions collectives respectives, c’est-à- dire un contrat avec le patronat établissant les conditions de travail des travailleurs dans le cadre de leur emploi. Les revendications générales des grévistes comprennent une amélioration des conditions salariales et de travail, une plus grande flexibilité des horaires de travail et une amélioration des services publics dans le domaine de l’éducation, de la santé et des services sociaux.

Néanmoins, les négociations n’ont pas avancé à un rythme jugé satisfaisant par les différents acteurs, malgré l’utilisation de nombreux moyens de pression, dont une manifestation qui comptait plus de 100 000 travailleuses et travailleurs du secteur public en septembre dernier. Pour remédier à la lenteur des négociations, les différents syndicats ont choisi l’option de la grève générale, dont cinq jours pour le Front Commun et la grève général illimitée pour d’autres avec un seul objectif : contraindre le Conseil du Trésor de Sonia LeBel (présidente du Conseil du Trésor) à négocier leurs demandes avec urgence.

À la suite de plusieurs semaines de grève, les négociations se sont intensifiées mi-décembre et ont conduit à des hypothèses d’ententes concluantes pour tous les syndicats impliqués. Du côté du Front commun, une augmentation de salaire de 17,4 % sur cinq ans a été conclue, accompagnée d’autres avantages, notamment des améliorations aux régimes de retraite et aux régimes parentaux. De plus, la FAE a mis fin à sa grève générale illimitée à la suite d’un accord de principe, dont les détails n’ont pas encore été révélés.

Interrogé sur les accords conclus entre les syndicats du secteur public et le gouvernement du Québec, Barry Eidlin, professeur au programme de Sociologie de l’Université McGill, a partagé ses réflexions avec Le Délit sur divers aspects de cette grève.

La réaction du gouvernement Legault

Durant les cinq semaines de grève au sein du secteur public québécois, impactant grandement l’éducation des enfants et le domaine de la santé, l’opinion publique, notamment de La part des parents d’élèves, était plutôt favorable à la grève. Syndicats et citoyens se sont alliés pour critiquer la gestion de la grève par le gouvernement Legault, ainsi que la lenteur du processus de négociation avec les différents syndicats. Pour le professeur Eidlin, la forte remise en question de cette gestion de la crise est principalement dû au fait que : « Le gouvernement de la CAQ n’a simplement pas l’habitude de négocier. Ils ont de grandes majorités parlementaires, donc ils vont discuter, prendre vos avis en compte, mais en fin de compte, auront les votes pour passer ce qu’ils veulent. »

Le Professeur Eidlin nous a fait part de l’importance du soutien des citoyens envers le mouvement qui a pris place au cours des dernières semaines. Plus de sept Québécois sur dix soutiennent les travailleurs et travailleuses en grève, selon la maison de sondage SOM. Pour le professeur, une grande partie de la réussite de la grève s’explique par ce support massif : « L’appui du public ne cessait de s’accroître et est plus fort parmi les plus impactés, dont les parents d’enfants d’âge scolaire, et le gouvernement a été obligé de négocier. » Ce soutien massif du public, couplé à la mauvaise gestion de la crise par le gouvernement a donc joué en faveur des grévistes.

« Le gouvernement Legault n’a simplement pas l’habitude de négocier »

Professeur Barry Eidlin

Les hypothèses d’ententes

La crise s’est conclue par plusieurs hypothèses d’ententes. Depuis le début des négociations entre les syndicats et le gouvernement québécois en décembre 2022, un accord sur les salaires a permis de nettes et concrètes augmentations. Pendant une grande partie de l’année, le Conseil du Trésor a offert une augmentation salariale de 9% dans le secteur public, ce qui, selon le professeur Eidlin, équivaut à une baisse de salaire pour les travailleurs et travailleuses du secteur public, si l’on considère l’inflation qui est de 9% seulement en 2023.

Peu à peu, les négociations ont fait augmenter les salaires de 9% à 12,7%, pour finalement aboutir à une entente sur une augmentation de 17,4 % sur cinq ans en décembre 2023 pour le Front Commun. À ce sujet, le Professeur Eidlin mentionne que même si l’offre salariale présentée a augmenté considérablement, « les demandes initiales des syndicats portaient sur une augmentation salariale de 24% sur 3 ans, donc l’accord conclu représente une réduction significative de leurs exigences ».

S’ajoutant aux augmentations salariales, des améliorations de conditions de travail et des avantages sociaux ont été négociés au sein de l’hypothèse d’entente du Front Commun. On y retrouve une amélioration du régime de retraite, une majoration salariale de 10% pour les psychologues dans le secteur public et des améliorations des régimes parentaux en place. Le Professeur Eidlin renchérit sur ces avancées : « Les détails dans ce cas-ci sont très importants et vont changer beaucoup de choses, car le plus important n’est pas nécessairement l’augmentation salariale, mais les conditions de travail, donc les heures supplémentaires, le personnel supplémentaire, etc., qui font une grande différence pour la qualité de vie des travailleurs. »

« C’est le vote des membres qui décidera si c’est un succès. On ne s’attend pas à gagner tout ce qu’on demande : c’est ça le but d’une négociation »


Professeur Barry Eidlin

Une victoire potentielle pour les syndicats

En date du 7 janvier, le Front commun a annoncé les précisions des accords de son hypothèse d’entente avec le gouvernement québécois. Ces détails ont été révélés afin d’informer les membres des plus de 300 syndicats respectifs, qui auront à leur tour, la chance de faire part de leurs opinions sur leurs ententes, lors d’assemblées générales organisées.

Lorsque nous lui avons demandé si ces accords peuvent être considérés comme une victoire pour les syndicats, le Professeur Eidlin nous répond que « c’est le vote des membres qui décidera si c’est un succès. On ne s’attend pas à gagner tout ce qu’on demande : c’est ça le but d’une négociation ».

Les membres des syndicats du Front commun seront appelés à voter d’ici le 15 janvier sur les hypothèses d’ententes conclues fin décembre avec le Conseil du Trésor.

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Hausse des frais de base de l’AÉUM? https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/hausse-des-frais-de-base-de-laeum/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53297 L’AÉUM souhaite offrir un salaire convenable à tous ses employés.

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Le 26 octobre dernier, le conseil législatif de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a adopté une motion afin d’augmenter les frais de base, qui prennent en charge les opérations du bâtiment, la dotation en personnel et divers services cruciaux, de 71% pour tous les étudiants de l’Université. Ainsi, les frais de base de l’AÉUM passeraient de 68$ à 117$ par semestre, pour les étudiants en baccalauréat à temps plein à McGill. Cette augmentation totalise près de 1000$ de dépenses sur quatre ans pour un étudiant à McGill.

Pourquoi une telle hausse ?

Dans le compte-rendu de la motion, l’’AÉUM a justifié cette hausse drastique, par le désir d’offrir un salaire convenable à l’entièreté de ses employés dans le contexte de hausse du coût de la vie. Un autre élément avancé par l’AÉUM est le montant des frais de base des unions étudiantes à McGill, largement en dessous de la moyenne des autres universités canadiennes. Il est aussi important de préciser que ces frais sont restés inchangés depuis cinq ans, alors que les besoins de l’association ne sont plus les mêmes qu’avant la pandémie et l’inflation.

Le rapport de la motion votée par l’AÉUM le 26 octobre rapporte que « les gains supplémentaires permettront à SSMU d’élargir la qualité et la quantité de ses services », et que si une telle hausse n’est pas appliquée, l’état financier de l’AÉUM se dégradera considérablement. Les frais de base passeront ainsi de 68$ à 117$ par semestre pour tous les étudiant à temps plein à l’Université. Cette hausse représente donc environ 1000$ de déboursés en quatre ans afin de couvrir les frais de bases imposés par l’AÉUM.

« Le vote contestataire de la Faculté des arts n’a pas été suffisant pour bloquer l’adoption de la motion en raison du vote unanime des autres facultés de l’Université, toutes en faveur de la hausse. »

Une décision qui divise

La motion sur la hausse des frais de base de l’AÉUM a été adoptée avec une majorité de votes en faveur au dernier conseil législatif de l’AÉUM et un seul vote contre, celui de la Facultés des arts.

Le Délit s’est entretenu avec Quinn Porter, le représentant de la Faculté des arts, qui a voté contre la motion. Quinn a expliqué qu’en tant que représentant des étudiants de l’Université, il défend leurs droits et insiste qu’ « il est essentiel que les étudiants sachent sur quoi ils votent ». Il est donc important selon lui d’informer davantage la population étudiante concernant cette hausse, car celle-ci aura un effet non négligeable sur les dépenses effectuées par les étudiants pour les frais universitaires. Le vote contestataire de la Faculté des arts n’a pas été suffisant pour bloquer l’adoption de la motion en raison du vote unanime des autres facultés de l’Université, toutes en faveur de la hausse.

Un contexte délicat

Cette hausse s’inscrit aussi dans un contexte particulier. En effet, elle coïncide avec la décision du gouvernement de François Legault d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants non québécois. Les étudiants canadiens non québécois et internationaux paieront, d’ici septembre 2024, 17 000$ et 20 000$ minimum respectivement, s’ils souhaitent entreprendre leurs études au Québec. À cela s’ajoute l’inflation importante du prix des loyers, de la nourriture et des autres dépenses quotidiennes. Quinn Porter fait part de cette réalité qui touche de nombreux étudiants en ce moment : « Je ne pense pas que l’étudiant moyen de la Faculté des arts soit prêt à donner 1 000 $ à l’AÉUM [sur quatre ans, ndlr]. »

Qui a t‑il à venir?

Maintenant que cette motion a été adoptée par le conseil législatif de l’AÉUM, la prochaine étape concerne les étudiants, qui pourront faire entendre leur voix au prochain référendum de l’association qui se tiendra du 14 au 24 novembre. Une telle hausse des frais est importante pour l’avenir de l’AÉUM et une campagne importante pour convaincre les étudiants peut être attendue dans les prochaines semaines sur le campus.

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La dépendance affective : un mal invisible? https://www.delitfrancais.com/2023/09/27/la-dependance-affective-un-mal-invisible/ Wed, 27 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52456 Le Délit s’est entretenu avec la docteure en psychologie Emmanuelle Roy.

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Dépendances rime toujours avec alcool, drogues, écrans ou jeux vidéo pour la plupart d’entre nous. Les conséquences néfastes et facilement identifiables de ces dépendances préoccupent avec raison. Pourtant, il existe aussi des dépendances plus subtiles, parfois plus vicieuses, telle que la dépendance affective, à laquelle Le Délit s’est intéressée. Qui ne s’est jamais senti « accro » à son amoureux ou à ses amis, à la recherche d’attention ou de validation? Ce type de dépendance est moins mis en avant et pourtant tout aussi présent dans notre société.

La dépendance affective apparaît lorsque l’estime de soi d’une personne est entièrement tributaire du regard de l’autre, notamment de l’attention et de la validation d’autrui. D’une manière plus concrète, on peut décrire cette dépendance comme étant la recherche constante de validation et d’attention d’une personne spécifique, tant amoureuse qu’amicale, afin de se sentir comblé et épanoui. La dépendance affective n’est pas une chose qui touche un individu à des moments spécifiques, mais bien quelque chose qui s’accumule et qui s’incorpore dans la vie quotidienne, ce qui rend la réalisation de son existence très difficile.

Cette semaine, Le Délit a pu s’entretenir avec la docteure en psychologie Emmanuelle Roy, pour en apprendre plus sur la dépendance affective. À la suite de l’obtention d’un doctorat en psychologie, docteure Roy a travaillé à Tel-jeunes pendant 10 ans, puis a enseigné des cours sur la psychologie de la sexualité au collégial, où le sujet de dépendance affective était abordé.

Le Délit (LD) : Comment se définit, selon vous, la dépendance affective et émotionnelle?

Emmanuelle Roy (ER) : Le terme dépendance affective est davantage utilisé que dépendance émotionnelle. On la décrit comme une relation addictive, compulsive et envahissante qu’une personne peut avoir avec une autre personne.

LD : Selon vous, la dépendance affective est-elle un concept scientifique reconnu dans le domaine de la psychologie?

ER : La dépendance affective ne fait pas partie de troubles officiellement reconnus dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques. Par contre, il s’agit d’une problématique reconnue par les psychologues. Si cette dépendance ne peut être traitée par une médication, elle peut cependant l’être lors d’une thérapie en accompagnant la personne dans le développement de son autonomie et de son estime de soi.

« La personne dépendante a de la difficulté à se sécuriser et à être autonome, en plus d’avoir souvent une faible estime d’elle-même »

LD : Comment se manifeste, selon vous, la dépendance affective auprès des personnes visées?

ER : La dépendance affective se manifeste le plus souvent dans les relations de couple et il est possible de l’observer dans trois types de variables. La première variable est individuelle, donc comment la personne se perçoit. La personne dépendante a de la difficulté à se sécuriser et à être autonome, en plus d’avoir souvent une faible estime d’elle-même. Elle se dévalorise régulièrement en se sous-estimant.

La deuxième variable est liée à l’autre, donc la façon dont la personne perçoit son ou sa partenaire. La personne est soumise et laisse l’autre prendre les décisions. Elle a de grands besoins d’intimité et de rapprochement, et d’être rassurée sur l’amour de l’autre qu’elle craint de perdre.

La troisième variable est relationnelle, donc comment l’individu perçoit sa relation. La plus courante est la relation fusionnelle, dans laquelle la personne a le besoin constant d’être en présence de son ou sa partenaire. Par exemple, elle va se priver de voir ses amis pour passer le plus de temps possible avec son partenaire. La dépendance affective peut aussi s’observer par des relations passionnelles ou encore, par de la drague compulsive ou des relations impossibles (par exemple, avec des gens déjà engagés dans une autre relation). Cela entraîne souvent du stress pour la personne, mais de la souffrance aussi, en plus d’avoir des répercussions négatives sur le couple. Il n’est alors pas rare qu’on se retrouve devant un cercle vicieux : les tactiques de séduction de la personne dépendante pour se rapprocher de son partenaire finissent par étouffer le besoin d’autonomie de ce dernier et par le faire fuir. Plus le partenaire a besoin d’air et prend ses distances, plus la personne a peur de le perdre et redouble d’efforts pour le séduire…

LD : Y‑a-t-il à des théories qui expliquent les facteurs qui pourraient générer de la dépendance affective chez quelqu’un? Par exemple, le manque d’attention de ses parents dans son enfance?

ER : La théorie de l’attachement de Bowlby est celle qui explique le mieux pourquoi certaines personnes vont être plus dépendantes que d’autres dans leur relation de couple. Selon cette théorie, dès sa naissance, la relation que le parent établira avec son enfant aura des impacts sur l’attachement de ce dernier et sur sa façon de développer ses relations avec les gens tout au long de sa vie. Si l’enfant se sent en sécurité avec un parent qui répond à ses besoins, il sera en confiance pour explorer le monde autour de lui. Il développera alors une conception positive du monde et des autres, et il aura une meilleure estime de soi. Ce type d’attachement est nommé sécurisant. Lorsqu’une personne est dépendante affective, c’est généralement parce qu’elle a un attachement de type anxieux-ambivalent. Ce type d’attachement se manifeste principalement quand une personne a eu une enfance gravée par une inconsistance de comportements de la part de ses parents, qui alternent entre des comportements intrusifs et attentifs. Cela se transformera en un attachement préoccupé à l’âge adulte. Son anxiété d’abandon sera élevée et ses besoins d’intimité et de rapprochement le seront aussi.

Comment traiter cette dépendance imperceptible?

Aujourd’hui, notre société a beaucoup évolué et a adopté une plus grande ouverture d’esprit et une meilleure sensibilisation à cette dépendance souvent invisibilisée. Grâce à cette conscientisation accrue, plusieurs solutions et ressources sont disponibles afin de venir en aide aux personnes atteintes de cette dépendance.

Comme la docteure Roy nous en a fait part, la dépendance affective peut être traitée avec l’aide d’un psychologue qui accompagne l’individu en question dans le développement de son autonomie et de son estime de soi. De plus, le Service de santé et psychologie de l’Université de Moncton offre des pistes de solutions dans le but de vaincre la dépendance affective. Celui-ci affirme que d’apprendre à s’affirmer sur ses propres opinions ainsi que faire des activités seuls est essentiel. En effet, mettre de l’avant sa propre personne et prioriser son bien-être permet d’apprendre à chaque individu souffrant de dépendance affective à mieux se connaître et s’aimer.

La dépendance affective s’imprègne dans la vie de plusieurs personnes qui la confondent pour de l’amour simple et intense. Les relations amoureuses et amicales servent à porter compagnie à autrui, à se supporter et à se rendre confiant. Hélas, les fondations de la confiance en soi ne doivent pas dépendre d’une autre personne, car être bien avec soi-même et se mettre de l’avant se fait seul, et non par l’aide d’autrui. Il est facile de tomber dans le piège de la validation abondante des autres, mais il est important de toujours prioriser sa propre personne et d’être alerte aux signes de la dépendance affective, et de consulter un psychologue au besoin ou d’en parler avec un proche si vous en souffrez.

Vous pouvez vous renseigner au sujet de la dépendance affective sur les sites des Dépendants Affectifs du Québec (DAA) et de Tel-jeunes ainsi que consulter un professionnel de la santé afin d’obtenir de l’aide.

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