L'équipe du Délit, L'équipe du Daily - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/le-delit/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 26 Nov 2024 22:43:55 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Pourquoi : Chez nous https://www.delitfrancais.com/2024/11/27/pourquoi-chez-nous/ Wed, 27 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56690 Le semestre touche à sa fin et pour nombreux d’entre nous à McGill, il est enfin temps de retrouver nos amis proches, notre famille et notre foyer. En tant qu’étudiants qui se sentent parfois coincés entre deux villes, deux provinces ou même deux continents, nous nous demandons souvent : qu’est-ce qu’être à la maison? Où… Lire la suite »Pourquoi : Chez nous

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Le semestre touche à sa fin et pour nombreux d’entre nous à McGill, il est enfin temps de retrouver nos amis proches, notre famille et notre foyer. En tant qu’étudiants qui se sentent parfois coincés entre deux villes, deux provinces ou même deux continents, nous nous demandons souvent : qu’est-ce qu’être à la maison? Où nous sentons-nous chez nous? S’agit-il de souvenirs de famille ou d’enfance? Est-ce un lieu ou une communauté? Pour notre dernière édition de l’année, The Daily et Le Délit vous proposent donc une édition commune sur le thème Chez nous, ou Home en anglais.

Traduire le mot « Home » en français sans perdre son caractère réconfortant et chaleureux n’a pas été une mince affaire. « Home » est un terme complexe qui a de multiples significations et qualités aux yeux de chaque individu ; cela en fait un thème riche à explorer dans le cadre de ce numéro spécial.

En français, nous avons pris la décision de traduire « Home » en « Chez nous » plutôt que « Chez soi ». Afin de rejeter une connotation d’individualité, nous avons volontairement remplacé le pronom « soi » par « nous », car nous pensons qu’un « chez-nous », aussi personnel soit-il, est quelque chose de partagé, qui se construit en communauté. Le « chez nous », souvent considéré comme un lieu physique, peut également être une communauté à laquelle on s’identifie, un groupe de personnes dont les valeurs nous correspondent, ou même un passe-temps qui nous rend profondément heureux. Peu importe ce que l’on considère comme un « chez-nous » ; tangible ou non, il s’agit d’un espace de confort, où chacun peut se retrouver. Ce « safe place » (espace sûr, tdlr), dans lequel vous pouvez être pleinement qui vous êtes, peut également être considéré à une échelle plus large. La société à laquelle nous appartenons, aussi imparfaite soit-elle, est, d’une certaine manière, notre « maison », notre « chez nous ». À travers ces 24 pages, nous nous interrogeons donc sur la signification du mot « home » et tentons de répondre à la question « qu’est ce que le chez-nous? »

Bien que tout le monde mérite un chez-soi sûr, nous reconnaissons que c’est aujourd’hui loin d’être le cas. Dans le monde, 120 millions de personnes sont forcées de quitter leur foyer en raison de conflits, de violences, de génocides et de catastrophes climatiques. Parallèlement, le sentiment anti-immigration grandit partout en Europe et en Amérique du Nord. Avec l’élection récente de Donald Trump, de nombreuses personnes qui se considèrent chez eux aux États-Unis depuis des années sont désormais confrontées à une menace accrue d’être expulsées vers un endroit totalement inconnu. Au Canada, le premier ministre Justin Trudeau a récemment annoncé une réduction du nombre d’immigrants entrant au pays. Le Québec a également suspendu deux voies majeures vers la résidence permanente. Ces mesures empêcheront d’innombrables personnes de trouver un logement et de poursuivre une vie meilleure au Canada.

Il est essentiel de reconnaître que le Canada, où beaucoup d’entre nous ont trouvé un foyer, est construit sur le génocide et le déplacement des peuples autochtones par les colonisateurs européens et l’État canadien. L’Université McGill est également complice. Pas plus tard que la semaine dernière, un groupe de femmes Kanien’kehà:ka se sont rassemblées pour planter un pin blanc, symbole de paix pour le peuple Haudenosaunee, sur le lower field de McGill, situé sur des terres Kanien’kehà:ka non cédées. Les organisateurs voulaient partager les enseignements Kanien’kehà:ka sur la paix avec les peuples autochtones et non-autochtones vivant sur cette terre. La plaque de bois à côté du jeune arbre indiquait que « cet arbre de la paix est un symbole de la solidarité du peuple Kanien’kehá:ka entre les étudiants de McGill et de Concordia qui ont établi un campement pacifique ici en 2024 au nom de la justice pour la Palestine et tous les peuples de notre planète (tldr) ». Le lendemain matin, McGill a confirmé au Daily que l’Université avait retiré l’arbre.

Du Petit Portugal au Quartier chinois en passant par le Village, Montréal est une plaque tournante pour diverses communautés, diasporas et cultures. À notre époque, se retrouver en communauté est plus important que jamais. En tant qu’étudiants, nous impliquer ainsi nous permet de jouer un rôle majeur dans l’évolution de notre chez-nous vers le monde dans lequel nous voulons vivre. En même temps, nous devons faire preuve de solidarité avec les personnes du monde entier qui se voient refuser leurs droits et lutter pour l’avenir de nos semblables et de notre planète. C’est notre « home », notre « chez-nous », et nous n’en aurons pas d’autre.

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Le Délit recrute ! https://www.delitfrancais.com/2024/01/17/le-delit-recrute/ Wed, 17 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54239 L’article Le Délit recrute ! est apparu en premier sur Le Délit.

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Payez 5$ pour continuer à lire https://www.delitfrancais.com/2021/11/30/payez-5-pour-continuer-a-lire/ Wed, 01 Dec 2021 02:43:43 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=45728 Tout au long de la pandémie, l’éducation aux médias a été essentielle : la propagation des fausses nouvelles, la méfiance à l’égard de la science et le manque de confiance envers les médias traditionnels ont donné lieu à un débat plus large sur l’importance de la pensée critique. Cependant, les solutions apparemment simples que plusieurs… Lire la suite »Payez 5$ pour continuer à lire

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Tout au long de la pandémie, l’éducation aux médias a été essentielle : la propagation des fausses nouvelles, la méfiance à l’égard de la science et le manque de confiance envers les médias traditionnels ont donné lieu à un débat plus large sur l’importance de la pensée critique. Cependant, les solutions apparemment simples que plusieurs présentent – « informez-vous » ou « allez à l’école » – ne tiennent pas compte du coût d’une éducation supérieure ou de l’accès à une information impartiale et de qualité. La question de la désinformation est complexe, et les solutions inaccessibles font partie du problème.

Alors que les frais de scolarité continuent d’augmenter au Canada (y compris ici, à McGill), les familles à faible ou moyen revenu sont obligées de choisir entre ne pas avoir de dette et ne pas avoir de diplôme, ou avoir un diplôme et une dette à long terme. Les frais de scolarité ont augmenté régulièrement chaque année au cours des trois dernières décennies, et comme l’aide gouvernementale varie énormément d’une province et d’un territoire à l’autre, de nombreux étudiants potentiels ne peuvent pas se permettre de fréquenter l’université. Le ratio entre les prêts et les bourses dépend de chaque province, tout comme les taux d’intérêt des prêts : alors que Terre-Neuve-et-Labrador a complètement éliminé les prêts étudiants en faveur de bourses non remboursables, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont toutes des taux d’intérêt préférentiels de 2,5 % pour leurs prêts. 

La question de l’accessibilité et de l’abordabilité a un impact encore plus important sur les étudiants marginalisés. Les étudiants handicapés sont statistiquement plus pauvres que la moyenne en raison des coûts liés à leur handicap, incluant le coût des médicaments, des aides à la mobilité, des soignants, et le coût pour pouvoir consulter des professionnels de la santé sans temps d’attente, ainsi qu’à cause du manque de possibilités d’emploi. Les personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) sont souvent piégées dans des cycles de pauvreté en raison du racisme systémique, ce qui a un impact sur leurs taux d’obtention de diplôme d’études secondaires ainsi que sur leur capacité financière de suivre des études supérieures. En général, les jeunes des classes sociales plus pauvres et ceux dont les parents n’ont pas fait d’études supérieures sont moins susceptibles d’en compléter eux-mêmes. Même si les étudiants des classes inférieures fréquentent l’université, ils sont souvent en situation d’insécurité financière. Le coût des manuels scolaires requis peut les empêcher de suivre certains cours – selon l’AÉUM, environ 23,5 % des étudiants de McGill considèreraient abandonner un cours en raison du coût du matériel didactique. 

Même les formes plus informelles d’apprentissage – comme la consultation de sources d’information fiables – peuvent être soumises à des obstacles économiques. Au cours des dernières années, de plus en plus de journaux ont commencé à mettre en place des paywalls (verrous d’accès payant) sur leurs sites web, qui demandent aux lecteurs de s’abonner ou de payer un frais pour accéder à leurs articles. Plus des deux tiers des principaux journaux de l’Union européenne et des États-Unis utilisent désormais cette méthode – et cette proportion est en forte hausse depuis 2017. Bien que cela constitue un moyen efficace de financer le journalisme, une industrie qui a vu ses revenus diminuer continuellement au cours des dernières décennies, cette pratique restreint l’information de qualité aux personnes qui sont financièrement en mesure de se l’offrir. Cela finit par contraindre la partie de la population qui n’a pas les moyens de payer divers abonnements – qui est aussi la population la plus vulnérable aux théories du complot – à s’en remettre à des médias de moindre qualité et plus sensationnalistes, qui n’utilisent souvent pas de paywalls, ainsi qu’aux médias sociaux pour s’informer.

«En tant qu’étudiants, nous devons faire pression sur notre institution pour rendre l’éducation plus accessible à tous»

Une tendance similaire peut être observée dans le monde de la recherche. Les grandes compagnies d’édition – telles que Springer Nature ou Elsevier, qui possède environ 2 700 revues scientifiques – exigent des abonnements annuels pour accéder à leurs articles, qui peuvent coûter jusqu’à des milliers de dollars. La plupart des étudiants et des chercheurs peuvent consulter les articles par le biais de l’abonnement payé par leur université – mais pour les personnes en dehors de ces institutions, l’accès direct à la recherche scientifique est pratiquement impossible. De plus, l’argent dépensé pour ces abonnements ne sert pas à financer la recherche. Les scientifiques, ainsi que la plupart de ceux qui effectuent un processus de révision par les pairs, ne sont pas payés pour leurs contributions à ces revues – ils doivent en fait payer des frais pour soumettre et publier leurs recherches – et la recherche elle-même est en grande partie financée par les contribuables. Les frais d’abonnement servent plutôt à financer les bénéfices toujours croissants des sociétés d’édition et de leurs actionnaires – en 2018, Elsevier a réalisé plus du double du bénéfice net de Netflix.

Tout d’abord, en tant qu’étudiants, nous devons faire pression sur notre institution pour rendre l’éducation plus accessible à tous. Ce sera bientôt le 10e anniversaire de la grève étudiante de 2012, la plus longue de ce type de l’histoire du Québec et du Canada. Avec l’augmentation générale des actions de grève à l’échelle mondiale au cours de la dernière année, une tendance forte se dessine. Il faut se battre pour une baisse des frais de scolarité, de meilleures options d’aide financière et davantage de possibilités de subventions et de bourses (avec une priorité accordée aux étudiants marginalisés).

Le deuxième problème est celui de la hiérarchie des institutions coloniales. L’université est généralement considérée comme d’une plus grande valeur et plus intellectuelle, tandis que les formes libres d’éducation et les systèmes de connaissance non coloniaux sont méprisés et rejetés. En tant qu’étudiants universitaires, nous devons contribuer à démanteler cette idée de supériorité de l’université et soutenir les connaissances alternatives et les ressources libres pour faciliter l’amélioration de nos communautés. À l’échelle locale, la bibliothèque de ressources alternatives de QPIRG McGill « fournit des livres, des périodiques, des médias et des zines difficiles à trouver » et « favorise le développement personnel et le renforcement de la communauté par le partage et la préservation de diverses formes de connaissances ». Le nouveau siège du Comité des citoyens de Milton Parc, situé au 3516, avenue du Parc, dispose d’un espace bibliothèque accessible.

En ligne, il existe de nombreux moyens de contourner et de supprimer les paywalls ou d’accéder à l’information d’une autre manière. 12ft.io est un service qui supprime les paywalls sur les sites d’information et les magazines : il suffit de taper une URL pour avoir accès au texte intégral. Sci-hub fonctionne de manière similaire, en contribuant spécifiquement à améliorer l’accès aux documents scientifiques et académiques. Library Genesis est un site de partage de fichiers pour les livres d’intérêt général et les manuels scolaires. Z‑Library est une grande bibliothèque parallèle, qui contenait 9 335 968 livres et 84 837 646 articles en date du 26 novembre. Le partage de ces ressources est essentiel pour éliminer les obstacles économiques à l’information et réduire la présence et la circulation de fausses informations en ligne.

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In Memoriam Raphaël Michaud https://www.delitfrancais.com/2021/10/19/in-memoriam-raphael-michaud/ Tue, 19 Oct 2021 16:03:57 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=44925 Ton cœur continue de battre à travers le mien et celui de tous ceux que tu as aimés Bertrand Guay À Montréal le 5 septembre dernier est décédé à l’âge de 27 ans Raphaël Michaud. Raphaël était un contributeur régulier et un membre de l’équipe éditoriale au Délit et espérait s’inscrire bientôt en maîtrise à… Lire la suite »In Memoriam Raphaël Michaud

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Ton cœur continue de battre à travers le mien et celui de tous ceux que tu as aimés

Bertrand Guay

À Montréal le 5 septembre dernier est décédé à l’âge de 27 ans Raphaël Michaud. Raphaël était un contributeur régulier et un membre de l’équipe éditoriale au Délit et espérait s’inscrire bientôt en maîtrise à l’École de journalisme de Sciences Po à Paris. Le 8 octobre dernier, ses parents, sa famille et ses amis se sont réunis pour livrer un dernier hommage à celui que les témoignages lus ce soir-là décrivent non seulement comme un jeune homme d’une rare érudition et d’une rigueur égale à sa droiture intellectuelle, mais également comme un humaniste.

Raphaël a vécu plusieurs vies et il a longtemps eu, disent ses amis, l’énergie folle pour le faire. Avant d’en venir aux sciences politiques et aux lettres, il a connu une carrière remarquée de pianiste classique. Son jeu musical parvenait àrendre exactement l’histoire de chaque pièce jouée. On ne rencontre pas tous les jours un étudiant capable d’interpréter avec le même brio le Sposalizio de Liszt et les Essais de Montaigne. Il était de ces étudiants qui font de vous un meilleur professeur. Les enseignants et les camarades de classe qui ont eu le privilège de le croiser en classe se rappelleront longtemps de cette vivacité d’esprit qui vous oblige à penser vite et qui vous donne envie de trouver des répliques à la hauteur d’une pensée déjà si mature. Il valorisait le savoir sous toutes ses formes et la musique autant que la littérature, le théâtre, le cinéma, les arts visuels et la gastronomie étaient pour lui autant d’occasions d’aller vers l’autre. Il ne voyait ni l’âge, ni la couleur de la peau, ni le milieu : il ne voyait que l’humain, qu’il accueillait avec un enthousiasme égal à sa gentillesse.

Au moment de te laisser partir, cher Raphaël, il nous vient l’envie de t’imaginer pour une dernière fois au piano ou souriant d’admiration devant une toile ou une sculpture, tentant d’en percer les mystères ; l’envie d’imaginer une dernière discussion enflammée sur des sujets brûlants d’actualité, devant lesquels tu ne reculerais pas et que tu nous donnerais envie d’aborder avec le même sérieux et le même esprit critique que toi. Ta quête de sens n’a eu cesse de te pousser à essayer de comprendre notre monde, à le rêver parfois autrement mais à rêver toujours grand, à l’échelle de la planète que tu aurais dû avoir le temps de parcourir.

Parents, amis, professeurs : nous sommes plusieurs à avoir reconnu en toi cet ardent et exigeant désir d’apprendre et cette vive soif de liberté et de justice qui font que l’on dit un jour des êtres comme toi : « C’est, c’était un grand homme ». Mais il en va parfois de la vie comme des printemps. Certains passent trop vite. Et ce sont souvent les plus beaux, les plus lumineux et les plus intenses. Bon repos, cher Raphaël.

Le présent hommage s’inspire des témoignages de gens que tu as marqués :

Tongchun Qin (Israël), Yvon Pomerleau (Montréal), Jennifer Liu (Ottawa), Bertrand Guay (Québec), Simon Gamache-Fortin (Rimouski), F. Roger Bélisle (Montréal), Isabelle Arseneau (Montréal)

Texte fourni par la famille de Raphaël Michaud. L’équipe du Délit offre ses condoléances à sa famille.

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L’impérative mobilisation pour la justice climatique https://www.delitfrancais.com/2020/02/25/limperative-mobilisation-pour-la-justice-climatique/ Tue, 25 Feb 2020 13:52:10 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35793 Un activisme jeune est un activisme de nécessité : dans un contexte de crise climatique, les voix s’unissent dans l’urgence d’un monde qui s’effondre. Celles et ceux qui feront nos sociétés de demain n’ayant pas accès au pouvoir de décision, c’est à travers l’organisation, la manifestation, parfois la désobéissance civile, que grandissent les luttes pour la… Lire la suite »L’impérative mobilisation pour la justice climatique

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Un activisme jeune est un activisme de nécessité : dans un contexte de crise climatique, les voix s’unissent dans l’urgence d’un monde qui s’effondre. Celles et ceux qui feront nos sociétés de demain n’ayant pas accès au pouvoir de décision, c’est à travers l’organisation, la manifestation, parfois la désobéissance civile, que grandissent les luttes pour la justice climatique. L’urgence est motrice de rassemblement, mais aussi d’une écoanxiété dont les jeunes sont particulièrement sujets, les poussant à l’action afin de traduire leurs maux en des dispositifs de luttes concrets (« Exprimer la détresse climatique », p.9). À McGill, et au Québec, ce phénomène est prévalent et c’est pour essayer de dessiner un nouvel horizon — sans pénuries massives, mouvements migratoires contraints, conflits politiques — que l’on se mobilise.

Mettre l’accent sur les conséquences humaines de la crise climatique permet alors de repenser une vision classique de l’environnementalisme qui, en séparant l’humain de la nature, ne porte aucune attention aux impacts différenciés des dégradations environnementales sur les populations. Effectivement, la crise climatique cause des déplacements forcés, des sécheresses, des inondations, des hausses de températures, qui affectent disproportionnellement les populations qui y ont contribué le moins. L’on peut notamment penser à la caravane de migrant·e·s en Amérique centrale ou à la fonte du pergélisol en territoires autochtones. Cette crise est causée et perpétuée par une logique coloniale d’invasion et d’exploitation des territoires (« Quand le vert est décidé par le blanc », p.10). Il nous semble donc obligatoire d’adopter la  justice climatique comme angle d’approche de cette édition.

L’engagement pour le climat s’infuse dans toutes les sphères — politiques, commerciales et même culturelles (« La culture, pilier de la transition », pp.13–14). La plupart du temps se déploient toutefois des efforts mineurs : recyclage, produits éco-conscients, fonds donnés pour l’environnement. Tout cela reste très flou et lorsque l’on s’attarde sur les exactions, réalisées sous couvert de développement durable, des institutions qui sculptent nos sociétés — les gouvernements, les entreprises, les universités — les constats sont graves.

Cet écoblanchiment atteint un tel niveau qu’il devient difficile de distinguer le réel engagement de celui qui n’est que façade. Pensons notamment à McGill, qui en juillet 2019 a été reconnue comme International Sustainability Institution of the Year par les Green Gown Awards — récompenses subventionnées par le programme des Nations Unies pour l’environnement — malgré ses investissements de plus de 50 millions de dollars dans des compagnies d’énergies fossiles (« Blocage et désinvestissement », p.3). Pensons aussi à des entreprises comme Teck Resources qui, dans la présentation de leur projet Frontier, mettent tout de suite l’emphase sur « leur pratiques pour la protection de l’environnement », des phrases qui masquent le plus souvent une inaction en proportion à la crise climatique.

La suppression du projet de mine Frontier a très certainement été accélérée par la mobilisation des groupes activistes, et notamment par l’usage de moyens de pression non-traditionnels comme l’occupation des bureaux du ministre Stephen Guibault. De façon similaire, l’invasion par la GRC du territoire Wet’suwet’en en Colombie-Britannique continue à faire les manchettes grâce aux blocages ferroviaires entretenus notamment à Tyendinaga, en Ontario. Ces exemples mettent en évidence l’efficacité incontestable des moyens de pression transgressifs.

L’activisme pour la justice climatique doit se faire à toutes les échelles, par le plus de moyens possible, et cela commence par une critique de chacune des institutions que l’on fréquente de près. En tant qu’étudiant·e·s à McGill — et notamment parce que Justin Trudeau en est diplômé — nous nous devons de réagir à l’éco-blanchiment de l’administration face à l’ampleur de la crise. Tout d’abord, en participant aux assemblées générales de nos facultés respectives, afin de faire voter la grève pour la Semaine de la Transition organisée par la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social, du 30 mars au 3 avril prochains. Ensuite, en rejoignant les étudiant·e·s de la quarantaine d’établissements québécois qui prévoient de participer à la Semaine de la Transition, afin d’envoyer un message clair au gouvernement et à nos dirigeant·e·s respectif·ve·s. Enfin, en étant prêt·e·s à envisager la grève illimitée comme dernier recours si ceux·celles qui possèdent le pouvoir décisionnel le plus fort persistent à ne pas céder.

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Battons-nous pour les droits des travailleur·euse·s de soutien éducatif https://www.delitfrancais.com/2019/11/25/battons-nous-pour-les-droits-des-travailleur%c2%b7euse%c2%b7s-de-soutien-educatif/ Mon, 25 Nov 2019 13:49:30 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35144 Depuis plus d’un an, l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM, AGSEM en anglais, ndlr) négocie avec l’administration de McGill en ce qui a trait à la convention collective des auxiliaires d’enseignement, arrivée à terme en juin 2018. Les auxiliaires d’enseignement (Teaching Assistant, en anglais, ndlr) sont actuellement confronté·e·s à de multiples problèmes qui ne… Lire la suite »Battons-nous pour les droits des travailleur·euse·s de soutien éducatif

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Depuis plus d’un an, l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM, AGSEM en anglais, ndlr) négocie avec l’administration de McGill en ce qui a trait à la convention collective des auxiliaires d’enseignement, arrivée à terme en juin 2018. Les auxiliaires d’enseignement (Teaching Assistant, en anglais, ndlr) sont actuellement confronté·e·s à de multiples problèmes qui ne sont pas pris en compte par l’Université. Parmi eux, une protection limitée vis-à-vis des auxiliaires d’enseignement transgenres, non-conformes au genre et non-binaires, une protection insuffisante contre le harcèlement sexuel et un manque flagrant de rémunération équitable.

En octobre 2019, Jessica Rose, titulaire de la chaire du TA Bargaining Committee, a expliqué au McGill Daily que selon le Département des ressources humaines de McGill, l’administration n’est pas obligée de considérer une relation romantique ou sexuelle entre un·e auxiliaire d’enseignement et son·sa superviseur·e comme une violation de la Politique sur les violences sexuelles de l’Université. En revanche, comme Rose l’a noté, la relation entre un·e auxiliaire d’enseignement et un·e superviseur·e de cours contient inhéremment une relation de pouvoir déséquilibrée, puisque « les auxiliaires d’enseignement peuvent avoir besoin de lettres de recommandations ou d’autres opportunités académiques données par le·a professeur·e, et dépendent forcément de ce revenu ». Elle a aussi remarqué qu’il y a eu « un certain nombre d’allégations ces dernières années impliquant des professeur·e·s qui ciblaient les étudiant·e·s qui travaillaient pour eux ».

De plus, Rose explique que les mesures de protection pour les auxiliaires d’enseignement transgenres, non-conformes au genre et non-binaires à McGill avaient été rejetées par l’Université. Sans politique en place, le mégenrage intentionnel des auxiliaires d’enseignement n’est pas reconnu comme étant du harcèlement par l’institution. En refusant ce changement, McGill refuse de reconnaître ou de valider les expériences des auxiliaires d’enseignement transgenres, non binaires et non conformes au genre, et participe activement à leur marginalisation.

D’autre part, le système de rémunération des auxiliaires d’enseignement les laisse souvent sans salaire. Cela est dû à leur contrat, qui couvre seulement 45 à 180 heures de travail pour tout un semestre ; lorsqu’il·elle·s excèdent ces heures de travail — ce qui est inévitable —, il·elle·s doivent soit travailler sans paie, soit laisser leur travail inachevé, ce qui affecte d’autant plus les étudiant·e·s. Selon des sondages menés par l’AÉÉDEM entre 2007 et 2017, il y a 40% de chances qu’un·e auxiliaire d’enseignement travaille sans rémunération avant la fin du semestre.

Alors que ces négociations sont toujours en cours pour les travailleur·euse·s protégé·e·s par le syndicat, un appel à la syndicalisation a été lancé pour encourager tous·tes les travailleur·euse·s en soutien éducatif à McGill, pas seulement les auxiliaires d’enseignement et les surveillant·e·s, à joindre l’AÉÉDEM.

« Nous sommes très, très, las des non-dits » écrivait l’AÉÉDEM dans le Daily. « Beaucoup de départements à McGill continuent de créer des emplois qui sont proches en leur nature de l’assistanat à l’enseignement, mais sans la sécurité d’emploi, les protections basiques et de meilleurs salaires que ceux auxquels les auxiliaires d’enseignement de McGill ont accès à travers l’AÉÉDEM. » Comme le syndicat l’explique sur son site Internet, « les évaluateur·rice·s à travers le campus ne sont payé·e·s qu’au salaire minimum, soit 12,50$ de l’heure, sans compensations pour les heures supplémentaires ». L’AÉÉDEM souligne de plus que dans certains programmes qui ne reçoivent pas de financement additionnel, les évaluateur·rice·s sont contraint·e·s de travailler sans être payé·e·s. Les preneur·euse·s de notes du Bureau de soutien aux étudiants en situation de handicap sont également lourdement sous-payé·e·s, si l’on se penche sur le temps qu’il·elle·s y investissent, sur les attentes associées à leur travail ainsi que sur l’importance qu’a celui-ci pour les étudiant·e·s qui dépendent de leurs services. L’AÉÉDEM explique sur son site Web que les compensations des preneur·euse·s de notes ont connu un déclin graduel, passant de 425$ à l’hiver 2017 à 50$ à l’hiver 2019, puis à 0$ à l’automne 2019 (avec l’ajout de 10 heures de service communautaire dans leur dossier extracurriculaire et de la chance de gagner une carte-cadeau de 50$). Ce tirage de cartes-cadeaux constitue un autre exemple de la tendance de McGill de présenter les coupures de budgets sous un jour plus positif qu’elles ne le sont réellement, ou de les désigner comme réallocations. Les problèmes de conditions de travail auxquelles font face les travailleur·euse·s sont inacceptables. Si l’Université continue d’établir des conditions de travail précaires, non seulement la qualité de l’enseignement s’en verra affectée, mais le stress généré chez ses employé·e·s empirera aussi. Le McGill Daily et Le Délit affichent leur solidarité pour l’AÉÉDEM ainsi que pour son désir de se syndicaliser et encouragent leurs lecteur·rice·s de faire de même. L’AÉÉDEM soumettra au Ministère de la Justice du Québec une demande de certification de syndicalisation le 3 décembre. La décision du Ministère sera annoncée au début de l’année 2020. Si vous êtes évaluateur·rice, tuteur·rice, preneur·euse de notes, ou si vous occupez tout emploi académique occasionnel non syndiqué à McGill, vous êtes admissible à la syndicalisation avec l’AÉÉDEM. Tous·tes les étudiant·e·s de premier, deuxième et troisième cycles ainsi que les travailleur·euse·s non étudiant·e·s sont les bienvenu·e·s.

Pour davantage d’information et pour joindre le syndicat de l’AÉÉDEM, visitez le www.agsem.ca/join.

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Soutien pour l’Indigenous Equity Fee https://www.delitfrancais.com/2019/11/12/soutien-pour-lindigenous-equity-fee/ Tue, 12 Nov 2019 16:05:21 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=34945 La période de vote pour l’Indigenous Equity Fee (Frais d’équité autochtone en français) commence ce mardi 12 novembre sur la plateforme web de l’AÉUM. La motion proposant ce frais avait été écrite en fin septembre par Tomas Jirousek, commissaire aux Affaires autochtones et avancée par la v.-p. aux Affaires universitaires Madeline Wilson. Le Délit appuie… Lire la suite »Soutien pour l’Indigenous Equity Fee

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La période de vote pour l’Indigenous Equity Fee (Frais d’équité autochtone en français) commence ce mardi 12 novembre sur la plateforme web de l’AÉUM. La motion proposant ce frais avait été écrite en fin septembre par Tomas Jirousek, commissaire aux Affaires autochtones et avancée par la v.-p. aux Affaires universitaires Madeline Wilson. Le Délit appuie la mise en place de ce frais qui, si accepté, devrait être appliqué en hiver 2020.

Le frais d’équité autochtone, pour lequel les étudiant·e·s des deux campus devront cotiser $1 par semestre de manière non-optionnelle, permettrait l’existence de projets liés aux luttes des étudiant·e·s autochtones sur le campus et garantirait une certaine autonomie au comité aux Affaires autochtones. Si l’on considère que l’exécutif de l’AÉUM est constitué majoritairement d’étudiant·e·s allochtones, il paraît évident que les décisions relevant de la protection et l’épanouissement de leurs pairs autochtones ne leur reviennent pas. Les raisons de la nécessité d’un tel frais sont plus amplement expliquées dans l’article « Autonomie des Affaires autochtones » (p.5).

Le Délit apporte son soutien au commissaire aux Affaires autochtones dans la campagne pour le vote de ce frais. La force de la campagne du changement de nom, et la violence de certaines réponses l’année dernière ont mis en évidence le manque de système de soutien pour les étudiant·e·s autochtones. Alors que certain·e·s se sont retrouvé·e·s face à un mur institutionnel et à un racisme anti-autochtone, il est aujourd’hui primordial que ces luttes ne se fassent plus au frais d’un épuisement physique, mental et financier de ceux·celles qui les portent. Le frais permettrait non seulement à ces étudiant·e·s de se reposer sur une structure plus stable et favorable à des conditions de travail plus saines, mais engage aussi une reconnaissance claire des enjeux qui les entourent. De plus, Le Délit reconnaît l’importance de cet ajout financier pour permettre l’épanouissement des étudiant·e·s autochtones sur le campus, à travers des aides financières individuelles et des passerelles solidifiées avec les communautés autochtones présentes à McGill et Tiohtiá:ke/Montréal. L’effort que constitue ce frais participe à la reconnaissance des discriminations et oppressions dont souffrent les étudiant·e·s autochtones à McGill et leur donnerait une chance de faire contre-pouvoir face à une administration inerte. La période de vote s’achève le 15 novembre à 17h et l’équipe du Délit encourage ses lecteur·rice·s à voter « oui ».

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McGill, ses étudiant·e·s et les élections: entre inertie et influence. https://www.delitfrancais.com/2019/10/08/mcgill-ses-etudiant%c2%b7e%c2%b7s-et-les-elections-entre-inertie-et-influence/ Tue, 08 Oct 2019 15:55:48 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=34613 Toute campagne électorale vient avec son lot de péripéties. Les agitations des partis et des électeur·rice·s défilent quotidiennement dans les journaux, mettant en évidence les ressorts d’une scène politique déchirée entre spectacle et gravité. L’accès au poste de Premier ministre donne l’impression d’un duel, entre un Scheer (Parti conservateur) inquiétant, et un Trudeau (Parti libéral)… Lire la suite »McGill, ses étudiant·e·s et les élections: entre inertie et influence.

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Toute campagne électorale vient avec son lot de péripéties. Les agitations des partis et des électeur·rice·s défilent quotidiennement dans les journaux, mettant en évidence les ressorts d’une scène politique déchirée entre spectacle et gravité. L’accès au poste de Premier ministre donne l’impression d’un duel, entre un Scheer (Parti conservateur) inquiétant, et un Trudeau (Parti libéral) qui se souhaite toujours platement consensuel. Autour des deux partis en tête des sondages, quatre autres : le Nouveau Parti démocratique, le Parti vert, le Bloc québécois, et le Parti populaire. Les débats qui polarisent les partis sont propices à la contention, autant vis-à-vis des questions d’immigration, de laïcité, que d’environnement. À moins de deux semaines du vote, les élections ont réactivé la brutale machine politique, éreintante pour les minorités prises d’assaut dans les débats et assez alarmante quant aux répercussions de la nouvelle composition de la Chambre des communes.

À McGill, la communauté étudiante est silencieuse vis-à-vis des élections de 2019, tout comme en 2018 pour les élections provinciales, ou en 2017 pour les élections municipales. Ce silence interroge quant à l’implication des étudiant·e·s mcgillois·es dans la vie politique canadienne, ainsi que celle de McGill. 

Nous aurions tort de nous féliciter de notre seule présence à l’université. S’il est vrai que cette institution accorde à plus d’un·e d’entre nous les compétences cruciales permettant de comprendre les joutes politiques et la gravité des enjeux, trop peu souvent agissons-nous en vertu de ces mêmes compétences. Il est facile d’oublier le rôle que peut jouer une institution aussi reconnue que McGill, sans oublier les acteur·rice·s y oeuvrant. Tant l’université, en tant qu’institution, que le corps étudiant qui la constitue, nous sommes à chaque année engagé·e·s dans des activités politiques larges, aux ramifications profondes. Les recherches y étant conduites et les chercheur·se·s y enseignant un corpus d’un certain genre collaborent ou non à la situation politique actuelle. Prenez ces professeur·e·s en économie classique, ces autres en génie des mines ; ils·elles sont activement impliqué·e·s dans la construction d’un Canada qui ne pourra respecter ses engagements écologiques. La politique politicienne reposant souvent sur le savoir constitué au sein d’une nation, le rôle politique des universités et des étudiant·e·s est, quoique dissimulé, décisif. Cela, c’est avec pragmatisme qu’il faut le concevoir. Que pouvons-nous en tirer au niveau de l’implication des jeunes?

Lors de la manifestation du 27 septembre dernier, l’on entendait de nombreux·ses jeunes s’exclamer qu’il·elle·s ne souhaitaient plus être ignoré·e·s par l’élite politique du pays. Par calcul stratégique ou par réelle conviction, Justin Trudeau, Elizabeth May, Yves-François Blanchet et Jagmeet Singh ont placé l’environnement au cœur de leur plateforme électorale, avec des engagements plus spectaculaires les uns que les autres. Il reste à voir si ces politiques rejoindront les 18–24 ans, qui historiquement ont le plus bas taux de participation de toute catégorie d’âge, et si elles les convaincront d’aller exercer leur droit de vote. Élections Canada explique ce désengagement des jeunes vis-à-vis de la vie politique notamment par un manque de confiance dans le système démocratique. Les mouvements au Canada prônant l’urgence et la justice climatique condamnent l’inaction du gouvernement, ou son action meurtrière sur l’environnement. Il est probable qu’un grand nombre de jeunes et d’étudiant·e·s ne souhaitent pas se saisir de leurs outils démocratiques et de s’engager au moment des élections, ne percevant pas la possibilité d’une influence réelle dans le processus décisionnel. Si leurs bottines ne suivent pas leurs babines, il est fort à parier qu’il·elle·s se retrouveront avec un parlement qui ne leur ressemble pas.

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Briser le singulier de la santé mentale https://www.delitfrancais.com/2019/03/19/briser-le-singulier-de-la-sante-mentale/ https://www.delitfrancais.com/2019/03/19/briser-le-singulier-de-la-sante-mentale/#respond Tue, 19 Mar 2019 13:54:01 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=33632 Mise en garde: La plupart des articles de cette édition traitent de thèmes liés aux « troubles de la santé mentale » et contiennent par-là des propos sensibles qui pourraient redéclencher un traumatisme psychologique et des réactions émotionnelles déstabilisantes. Les articles en question seront accompagnés de mises en garde. Nous avons voulu explorer ce que… Lire la suite »Briser le singulier de la santé mentale

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Mise en garde: La plupart des articles de cette édition traitent de thèmes liés aux « troubles de la santé mentale » et contiennent par-là des propos sensibles qui pourraient redéclencher un traumatisme psychologique et des réactions émotionnelles déstabilisantes. Les articles en question seront accompagnés de mises en garde.

Nous avons voulu explorer ce que l’on tait souvent, mettre au coeur de nos pages ce que l’on écarte de nos chemins pour ne pas, surtout pas, ralentir. Nous avons voulu écrire d’une voix plus personnelle et intime que celle avec laquelle l’on parle dans nos éditions habituelles.

Il nous a semblé nécessaire pour ce faire d’interroger le concept de « santé mentale » et le singulier auquel on le décline en permanence. Jeunes et étudiant·e·s, avec le privilège d’avoir cette tribune d’expression et un état de santé mentale adéquat pour écrire des articles, nous ne prétendons à aucune exhaustivité. Dans le contexte compétitif mcgillois, il est attendu de nous que l’on réussisse sur tous les plans et que l’on sache composer avec cette pression qui nous pèse. On attend de nous que l’on ait les outils à la fois pour atteindre les buts inaccessibles que l’on nous impose et aller mieux quand l’on n’y parvient pas, supposé·e·s se comprendre avec l’assurance illusoire dont on doit faire preuve dans nos travaux. Tout souci pour le bien-être des autres devient dans cette course effrénée presque toujours secondaire.

Nous reconnaissons la profonde complexité du sujet et nous avons donc tenté d’explorer ce qu’il est coutume d’appeler les « troubles de la santé mentale » sans prétendre n’en comprendre ni n’en aborder tous les aspects. Les guillemets sont là pour questionner le concept de trouble : est-il anormal de partir à la dérive sur une mer si violente où tout nous exhorte à viser sans fléchir ni réfléchir un perfectionnement permanent? Cette exhortation à être toujours plus heureux et le modèle unique de « bonheur » auquel nous devrions aspirer nous semblent dangereux, nous demandant d’accepter en souriant des dynamiques sociétales occidentales qui nous emmènent droit dans le mur.

Nous avons tenté de dépasser le cadre uniquement mcgillois. À de multiples reprises, nous avons critiqué l’inaction de l’administration pour le mieux-être psychologique des étudiant·e·s, et les actions qui l’empêchent, comme notamment le refus d’ouvrir la question de la semaine de relâche d’automne, les coupes intempestives dans le budget pour la santé mentale, et la pression académique toujours plus lourde mise sur nos épaules.

Nous avons aussi essayé d’éviter le piège de la banalisation des « troubles de la santé mentale », qui semble être l’effet fâcheux d’une sensibilisation pourtant souhaitable. Présenter la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeils comme rites de passage obligatoires et inévitables de l’expérience étudiante, particulièrement dans une université aussi compétitive, est dangereux. Il est tout aussi problématique d’utiliser ces termes constamment, les galvaudant, et rendant les « troubles de la santé mentale »  banals. Tout le monde ne souffre pas de dépression ou d’un trouble de l’anxiété. Ces mots ne peuvent et ne doivent pas être utilisés à tort et à travers quand sont tues les discussions qu’il faudrait vraiment avoir.

Enfin, les articles de cette édition ont pour vocation d’exprimer la complexité de nos identités et par-là des sources de nos états psychologiques, et de faire de notre statut d’étudiant·e un rôle parmi d’autres à assumer pour réaliser l’ambition d’être toujours à la hauteur d’attentes irréalistes. Nous avons tenté de mettre en évidence que les dynamiques de classe, de genre et de race, elles aussi, peuvent déclencher des  «  troubles de la santé mentale » et impacter de façon systémique ceux et celles qui se trouvent marginalisé·e·s par les structures politiques et de pouvoir à l’oeuvre dans les sociétés occidentales.

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Comprendre et lutter contre la violence des forces de l’ordre (établi) https://www.delitfrancais.com/2018/11/26/comprendre-et-lutter-contre-la-violence-des-forces-de-lordre-etabli/ https://www.delitfrancais.com/2018/11/26/comprendre-et-lutter-contre-la-violence-des-forces-de-lordre-etabli/#respond Mon, 26 Nov 2018 14:48:02 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=32685 Les dernières décennies ont été caractérisées par une augmentation des violences policières signalées par les médias nord-américains. Bien qu’elles puissent être attribuées à des relations conflictuelles entre la police et le reste de la communauté, elles sont en réalité symptomatiques «d’un système plus large de crime et punition, qui a provoqué l’incarcération massive de personnes… Lire la suite »Comprendre et lutter contre la violence des forces de l’ordre (établi)

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Les dernières décennies ont été caractérisées par une augmentation des violences policières signalées par les médias nord-américains. Bien qu’elles puissent être attribuées à des relations conflictuelles entre la police et le reste de la communauté, elles sont en réalité symptomatiques «d’un système plus large de crime et punition, qui a provoqué l’incarcération massive de personnes pauvres et membres de minorités». Pour aborder la question de la violence policière, il est nécessaire de prendre en compte les facteurs sociaux qui engendrent des comportements violents. Cette tâche compliquée et controversée ne nous semble pas pour autant impossible, à condition que l’on dépasse ensemble les tabous dans lesquels nous nous complaisons, qui nous protègent en nous incitant à rejeter la faute de cette violence sur un ennemi malveillant, plutôt qu’un système défaillant.

Pour aborder le problème de la violence policière à Montréal, il nous incombe de reconnaître les abus de pouvoir flagrants de la police dans des situations de crise, de proposer des alternatives à la police seule pour le maintien de l’ordre et la sécurité, de remettre en cause le monopole de l’usage légitime de la force que la police détient. Enfin, nous nous devons de prendre en considération les relations entre les minorités et les officier·ère·s de police qui les rendent plus susceptibles d’être sujettes à la violence que les autres. Cette analyse doit se fonder sur un questionnement des systèmes traditionnels de crime et de punition, des monopoles de l’usage de la violence, et des théories du Contrat Social, tout en les comprenant à l’aune du système capitaliste nord-américain actuel.

Le Code de déontologie des policiers du Québec stipule qu’un·e officier·ère de police ne doit pas “(4°) poser des actes ou tenir des propos injurieux fondés sur la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la religion, les convictions politiques, la langue, l’âge, la condition sociale, l’état civil, la grossesse, l’origine ethnique ou nationale, le handicap d’une personne ou l’utilisation d’un moyen pour pallier cet handicap; (5°) manquer de respect ou de politesse à l’égard d’une personne”. Le partage actuel des pouvoirs donne à l’État et notamment à la police le monopole de l’usage de la violence physique et le pouvoir de déterminer la légitimité de son utilisation. Une confiance aveugle est faite à la subjectivité de chaque officier·ère de police, le·la laissant en tout temps le·la seul·e juge des situations dans lesquels il·elle est impliqué·e. Du fait du monopole de l’usage légitime de la force, nonobstant les restrictions du Code de déontologie énoncés plus haut, les préjugés des policier·ère·s guident leurs décisions, et peuvent par-là différencier celui·celle qui sera tué·e de celui·celle qui ne le sera pas.

Le décalage entre le Code de déontologie et les actions individuelles des officier·ère·s de police tient de l’impossibilité pour eux·elles d’agir avec justice, de faire preuve d’objectivité en résistant aux préjugés, aux discriminations, et aux tentations de vendetta et d’abus de pouvoir. À Montréal, encore trop de personnes de couleurs et en situation de handicap sont tuées et violentées injustement chaque année par les forces de police. Nicholas Gibbs, Pierre Coriolan, Farshad Mohammadi, Joséphine Papatie, Joyce Thomas, et tant d’autres. Pour remettre en cause la légitimité de l’usage de la violence par la police canadienne, il est nécessaire de prendre en considération ces innombrables incidents. Cette reconnaissance doit s’accompagner du refus de voir ces événements comme des cas isolés plutôt que le reflet d’une épidémie sociétale généralisée.

Les violences policières racistes et classistes envers les minorités visibles nous apparaissent comme la marque du rejet de ce qui ne correspond aux idéaux de société des policier·ère·s concerné·e·s. Si les membres des minorités visibles et économiques sont si menacés, les préjugés auxquels ils·elles sont associé·e·s sont sans doute en cause. Perçus comme des êtres violents, dangereux, incontrôlables, etc, leur existence apparaît aux yeux des forces de l’ordre comme une menace directe au bon fonctionnement de la société capitaliste. En ce sens, il nous semble important de souligner que les actes de dissidence – ou vus comme tels – par rapport aux normes morales oppressives maintenues par l’action de l’État sont souvent violemment réprimés par la police qui agit ainsi comme une «police des bonnes moeurs». La répression violente des manifestations étudiantes, comme lors du Printemps Érable de 2012, et des pratiques perçues comme déviant de l’ordre moral traditionnel comme le cruising (“This is No Longer a Safe Place”, The McGill Daily) exemplifie ce phénomène.

Il est temps de se défaire de l’idéal de la police protectrice et voir d’un œil critique l’usage de la force des corps de police. En tant que journalistes, nous devons nous assurer que justice soit faite autour de la violence que la police exerce, et montrer comment cette violence s’est construite autour de marqueurs sociaux racistes, validistes, classistes… En tant que citoyen·ne·s, nous devons nous battre aux côtés de celles et ceux que cette violence affecte de façon disproportionnée et injuste. Nous devons et avons besoin de chercher d’autres manières de garantir à chacun sa sécurité que l’appel à la police seule afin d’interrompre le cycle de violence.
[police2018menu]

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La stérilisation des femmes autochtones nous empêche de croire en une réconciliation https://www.delitfrancais.com/2018/11/20/la-sterilisation-des-femmes-autochtones-nous-empeche-de-croire-en-une-reconciliation/ https://www.delitfrancais.com/2018/11/20/la-sterilisation-des-femmes-autochtones-nous-empeche-de-croire-en-une-reconciliation/#respond Tue, 20 Nov 2018 14:05:55 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=32585 Les élèves ayant voté aux derniers referenda ont voté à 78,8% en faveur du changement de nom de l’équipe sportive de l’Université, les Redmen. Ce vote était organisé au nom du respect des communautés autochtones, que nous sommes tenus de prôner après que l’Université a participé activement à leur humiliation. Les personnes impliquées dans le… Lire la suite »La stérilisation des femmes autochtones nous empêche de croire en une réconciliation

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Les élèves ayant voté aux derniers referenda ont voté à 78,8% en faveur du changement de nom de l’équipe sportive de l’Université, les Redmen. Ce vote était organisé au nom du respect des communautés autochtones, que nous sommes tenus de prôner après que l’Université a participé activement à leur humiliation. Les personnes impliquées dans le mouvement pour le changement de nom, que le Délit a soutenu et soutient encore, se réjouissent de cette avancée vers la réconciliation.

Dans un rapport publié en 2017, Yvonne Boyer et Dre Judith Bartlett documentaient la stérilisation des femmes autochtones à Saskatoon et demandaient qu’une enquête soit menée au niveau fédéral. Depuis, les chercheuses ont été contactées par de nombreuses femmes qui témoignaient d’avoir vécu la même expérience dans d’autres provinces.

Il est clair, d’après les témoignages des victimes, que le consentement n’avait pas été obtenu d’une manière juste et qu’elles avaient été poussées par le personnel médical à subir une ligature des trompes. En effet, la plupart des signatures ont été obtenues avec violence, sans que les femmes ne sachent que le résultat de l’intervention serait une stérilisation définitive.Un article de Radio-Canada souligne la violence du processus: “Durant cette opération, les extrémités des trompes sont sectionnées, scellées ou brûlées pour empêcher le transport des ovules vers l’utérus et empêchant ainsi la fécondation”.

Nous nous joignons à l’équipe du McGill Daily pour soutenir la demande d’Amnistie internationale et des chercheuses qu’un représentant·e spécial·e chargé·e d’entendre les femmes autochtones poussées vers la stérilisation par le personnel médical soit nommé·e pour qu’une enquête soit menée au niveau fédéral.

Il semble évident qu’une conception purement linéaire de l’histoire ne saurait représenter avec justesse la réalité des violences perpétrées à l’encontre des Autochtones au Canada. Penser un passé qui serait révolu, un présent qui serait ce que l’on vit à l’instant où l’on parle et un avenir qui ne serait pas encore sans que ces trois dimensions ne s’entrecroisent et ne s’entrechoquent semble profondément inadéquat.

Pourtant, cette conception du temps est souvent à la racine des discours de réconciliation avec les Autochtones, dans lesquels on se demande comment réparer les erreurs du passé. Pour penser une réconciliation, il semble nécessaire de pouvoir penser un passé qui serait révolu et que l’on s’évertuerait à ne pas oublier et de croire au progrès. Ou alors, pourrions- nous nous réconcilier avec le présent? Apprendre à aimer notre destin – l’Amor Fati que recommandait Nietzsche (“Nietzsche dans tous ses états”, p 10) – est-ce possible pour ces femmes ?

À la suite de cet énième scandale, une réconciliation réelle avec les Autochtones semble encore impensable, puisque le passé des violences envers les Autochtones est encore présent et que ce présent n’est aucunement désirable.

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Prendre l’effondrement écologique au premier degré https://www.delitfrancais.com/2018/10/23/prendre-leffondrement-au-premier-degre/ Tue, 23 Oct 2018 12:50:31 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=32090 Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévenait, début octobre, les décideur·euse·s politiques qu’il leur reste douze ans pour prendre des mesures radicales afin de prévenir les risques dramatiques d’un réchauffement climatique au-delà de 2 °C (« 12 ans pour changer », p. 3). Exhortant nos gouvernements à agir afin de limiter la… Lire la suite »Prendre l’effondrement écologique au premier degré

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Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévenait, début octobre, les décideur·euse·s politiques qu’il leur reste douze ans pour prendre des mesures radicales afin de prévenir les risques dramatiques d’un réchauffement climatique au-delà de 2 °C (« 12 ans pour changer », p. 3). Exhortant nos gouvernements à agir afin de limiter la hausse des températures par rapport au niveau préindustriel à 1,5 °C, les centaines de scientifiques ayant participé au rapport nous invitent à ne pas prendre le problème au second degré.

Dans cet esprit, l’équipe éditoriale du Délit a choisi de consacrer cette édition à l’effondrement écologique, partant du postulat que les décennies à venir seront celles de changements environnementaux radicaux — déjà amorcés — qui mèneront à une modification profonde de nos modes de vie et à la possible extinction d’une partie de l’espèce humaine. Les énumérations des désastres à venir se répètent et s’allongent toujours : vagues d’extrême chaleur, inondations,  sixième extinction massive des espèces, déstabilisation des calottes polaires, montée des océans, etc. Causant la migration forcée de plus de 250 millions de réfugié·e·s climatiques d’ici 2050 ainsi que l’épuisement des ressources sur lequel tous nos systèmes de production reposent, ces évolutions seront sans doute à l’origine de nombreux conflits.

Nous ne nous posons pas en figure d’exemple : le mode de vie que la plupart d’entre nous entretenons — en tant qu’étudiant·e·s internationaux·ales issu·e·s de milieux souvent très privilégiés — participe très largement à la destruction anthropogénique de l’environnement, et ce malgré notre ambition d’être plus « éduqué·e·s » que la majorité. Nous ne cherchons pas non plus à véhiculer un message unique, empreint de certitude quant à la marche à suivre. Les problématiques auxquelles nous nous sentons forcé·e·s de nous intéresser sont d’une infinie complexité, qu’il est d’autant plus difficile d’appréhender que nous sommes nous-mêmes les pièces du puzzle que nous cherchons à assembler.

Des sentiments contradictoires se sont bousculés en nous et parmi nous durant la préparation de ce numéro, qui naissent aussi lorsque les prédictions de l’effondrement nous frappent et que l’on pense prendre la mesure de ce qui nous attend. La tentation d’imprimer des pages teintées d’espoir se heurte à celle de les peindre en noir, le désir de crier haut et fort que nous condamnons fermement les responsables du cataclysme se bute au rappel que nous sommes nous-mêmes les moteurs du système que nous voulons transformer. Aussi,  pourquoi ne pas laisser le mal qui est déjà fait mettre un point final à la course effrénée dans laquelle l’espèce humaine est engagée? Au regard de ces dilemmes, laisser la destruction s’accélérer, contrit·e·s, mais impuissant·e·s, semble être parfois la seule option envisageable.

Si les générations plus âgées ne reconnaissent pas l’urgence dans laquelle nous vivons (« Le combat de toutes les générations », p. 8), les prédictions ne sont pas non plus connues parmi celles et ceux qui, encore étudiant·e·s aujourd’hui, vivront sans doute pleinement l’effondrement demain. Dans plusieurs éditions précédentes, nous avons condamné le manque de conscience écologique de la plupart des décideur·euse·s politiques actuel·le·s, notamment de la Coalition avenir Québec (« Si la tendance se maintient… », p. 9). Nous avons aussi critiqué à plusieurs reprises les institutions de l’enseignement supérieur, qui souvent, transmettent les logiques qui ont causé l’effondrement qui nous guette aujourd’hui, plutôt que de nous préparer à nous y adapter en nous donnant les clés pour l’appréhender.

Les expert·e·s du GIEC annonçaient en 2014 que les rapports et les réformes politiques s’étaient jusqu’alors concentrés sur l’atténuation du changement climatique (climate change mitigation, en anglais), mais que la priorité devait être mise sur l’adaptation aux inévitables changements présents et futurs. Selon le rapport du GIEC de 2014, les efforts d’atténuation du changement climatique demandent un effort mondial, l’adaptation demande des efforts locaux. L’adaptation des citoyen·ne·s, des gouvernements et des écosystèmes promet d’être très difficile. Les survivalistes de la Silicon Valley cherchent à s’armer jusqu’au cou pour échapper à l’apocalypse depuis leur bunker néo-zélandais, persuadé·e·s qu’il faut prôner l’indépendance radicale. Contrairement à eux·elles, il nous semble désirable de continuer à croire en la possibilité d’envisager des stratégies d’adaptation plus collaboratives.

Mais pour cela, les petites actions individuelles et les innovations technologiques partielles, aussi importantes soient-elles, ne suffisent plus (« Le mythe des voitures électriques », p. 10). Certaines ont même l’effet inverse : en utilisant le label écologique comme outil de marketing, elles alimentent le cercle vicieux de la surconsommation. « Avant d’avoir à subir les conséquences d’une décroissance imposée par la destruction en cours de ce qui rend possible la vie humaine sur Terre » (Entrevue d’Yves-Marie Abraham, p. 16), il semble urgent de renoncer collectivement à l’idéal de croissance infinie. Il est indispensable de réfléchir au long terme et d’inscrire sa trajectoire personnelle dans une responsabilité plus globale.  L’université, en tant que passerelle vers la vie active, est pour cela une période de réflexion cruciale. C’est à nous, aujourd’hui, de décider de notre engagement pour construire ou ramasser les débris du monde demain. Dans tous les domaines professionnels, que ce soit l’économie, la politique, de l’art ou de l’agriculture, le chantier en matière environnementale est colossal. Fonder notre réflexion quant à nos vies professionnelles futures sur la conscience de l’effondrement nous semble important aujourd’hui et se relèvera sans doute inéluctable demain.

En attendant, il est de notre devoir d’agir à notre échelle, en commençant par l’institution-même dans laquelle nous étudions. Nous insistons ainsi sur le devoir de McGill de désinvestir des énergies fossiles, afin de se poser comme un exemple d’engagement écologique (« Les écologismes de McGill », p. 4). Il n’est plus temps de poser des pansements « pour une plaie que l’on continue d’aggraver au couteau ».

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Signer pour briser le silence https://www.delitfrancais.com/2018/04/10/signer-pour-briser-le-silence/ https://www.delitfrancais.com/2018/04/10/signer-pour-briser-le-silence/#respond Tue, 10 Apr 2018 16:34:26 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31132 Le 4 avril, le comité exécutif de l’AÉUM a envoyé à l’administration de l’université une lettre ouverte pour demander qu’une enquête soit menée au sujet de la prise en charge des plaintes des étudiant·e·s à l’endroit des professeurs de la Faculté des arts. L’équipe éditoriale du Délit a fait le choix de signer cette lettre à… Lire la suite »Signer pour briser le silence

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Le 4 avril, le comité exécutif de l’AÉUM a envoyé à l’administration de l’université une lettre ouverte pour demander qu’une enquête soit menée au sujet de la prise en charge des plaintes des étudiant·e·s à l’endroit des professeurs de la Faculté des arts. L’équipe éditoriale du Délit a fait le choix de signer cette lettre à l’encre indélébile, ajoutant son nom à ceux de plus de 15 syndicats étudiants, 70 groupes étudiants et aux plus de 2 000 signatures individuelles.

Après avoir maintes fois condamné inlassablement les violences sexuelles et les abus de pouvoir des professeurs, ainsi que l’apparente immobilité de l’administration, nous sommes lassé·e·s de parler dans le vide. Cette lettre apparaît comme un moyen de pression efficace pour que soient prises des mesures claires et concrètes vers une plus grande transparence. De nombreuses plaintes dénoncent l’absence de clarté des règles concernant la conduite adoptée par les professeurs, et les mesures à prendre dans les cas où le comportement du corps enseignant se révèlerait inadéquat. Révéler aux étudiant·e·s la manière dont leurs plaintes sont administrées nous parait être nécessaire pour exposer au grand jour les nœuds des problèmes.

Aussi, ce rassemblement visible et massif empêchera quiconque de penser que ces accusations ne sont que mineures et ne concernent que quelques individus malchanceux. Alors que le problème semble avoir été relégué au fond du tiroir pendant trop longtemps, il est temps d’obtenir justice et transparence.

En tant que journal indépendant, nous prenons parti sur cette position, de la plus haute importance. Cet enjeu concerne le corps étudiant, que notre mandat nous demande de représenter. De cette manière, nous décidons de ne pas faire rimer indépendance et neutralité. Notre autonomie ne signifie pas que nous devions rester à l’écart des affaires, mais nous permet à l’inverse de fonder nos positionnements sur la volonté de l’équipe et non pas sur les demandes de l’administration ou de tel ou tel groupe étudiant.

Nous espérons sincèrement que le Doyen de la Faculté des arts écoutera les demandes de ses étudiant·e·s et que les autres facultés feront aussi face à leurs responsabilités en lançant de telles procédures en leur sein. Il faut que l’administration mcgilloise reconnaisse ses lacunes, reconnaisse que les mesures prises par le passé était insuffisantes, si l’on veut pouvoir ainsi porter de réels changements à cet enjeu qui nous concerne tous.

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Gagnants du concours d’écriture créative de la Francofête (Français première langue) https://www.delitfrancais.com/2018/04/05/gagnants-du-concours-decriture-creative-de-la-francofete-francais-premiere-langue/ Fri, 06 Apr 2018 02:49:16 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31114 Français première langue

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1er prix: Esther Laforge 

Le pouvoir des mots

Des mains attentives, qui façonnent la fille, En habillant l’enfant de rose et de fleurs

Je me tiens immobile comme une petite statue devant le miroir. La brosse file dans mes cheveux. Mes paupières papillonnent de contentement. Je sens la main douce de maman sur ma tête, «Te voilà prête, ma chérie».
La silhouette de ma mère se retire du miroir. Dans son cadre de fer, je reste le seul personnage.
Mon visage se découpe comme un portrait.

J’aurais pu rester longtemps à me contempler, à me raconter quelle jolie petite image je fais accrochée au mur.

Des années après, il m’arrive encore de jouer à la figurine. Lorsque je ravale mes mots timides, je me dis: reste bien droite et jolie.

Alors j’existe pour mon allure, faute de l’être pour ma parole.

Métamorphose adolescente, regard aigüe, Envie d’être aimée et peur de l’être

Il y a en moi cet impératif de beauté, cette obligation de susciter l’attention des autres. J’aime l’ivresse que me procurent les regards admiratifs. Parée de mes atours colorés, je sais, non je sens, quand on me regarde. Alors je baisse silencieusement les yeux pour vous ignorer. Il n’est jamais de bon goût de montrer cette fierté palpitant dans l’iris. Pourtant la crainte d’un regard rendu persiste. Je ne souhaite pas avoir l’œil trop engageant. Je suis une jeunesse qui se découvre, sent qu’elle peut plaire,
mais qui n’est pas encore prête à aimer.

Belle et chaste. Peut-être pas si modeste.

Les livres apprennent à penser Ma mère m’a appris à marcher

Éduquée pour être belle, je ne suis cependant pas de celles qui se laissent approcher.

Je me remémore les grandes personnes qui aiment les filles jolies et les garçons sportifs. Cadres implicites que l’on vous pose sur la tête – sois belle, souris, ma fille !

Sois fort, le monde t’appartient, mon fils! Je cultive l’élégance.

Et garde une bibliothèque pleine de livres. J’aspire à un certain héroïsme. Je rêve de femmes. Celles-là découvrent de nouveaux théorèmes, pensent sur la société, posent le pied sur la lune. Elles sont plus fortes que le regard des hommes.
Des mots de papier. Des mots silencieux qui ne se disent que dans la tête. Des mots que je conserve en moi. Ces mots qui m’habitent et que personne ne voit. Trop timide, je joue encore aux statues que l’on admire, mais auxquelles on ne parle pas. Puis, à obstiner le style, on obtient un désir tantôt flatteur, tantôt agressif.

Et ma bouche reste cousue.

Le miroir nous dit femme
Et les hommes nous disent désir

La joliesse attire la convoitise. Je joue avec les imprimés, la transparence et la peau nue. Jusqu’à la provocation.

Naïveté d’enfant croyant que la beauté confère l’amour. Elle ne suscite que désir. Une envie de ce charme, qui reste souvent dans les yeux, mais qui vient parfois

démanger les mains. Une tentative de contact, qui nous électrise l’échine. De belles paroles pour séduire laissant croire à des affections possibles et la prudence s’endort. Un corps, un corps, dont je prends soin pour le bien paraître, mais dont je ne suis plus tout à fait la maîtresse.

Je me heurte à des violences pernicieuses, que l’on laisse tourbillonner en soi, cachées, au point d’en avoir la nausée. Il n’y a pas de mot pour celles-ci. Je les écris dans ma tête, sans que cela ne franchisse mes lèvres.
Je pensais maîtriser l’élégance. Je ne savais pas que l’apparence me fausserait.

Résumée à un bel objet, j’ai peur de ne plus pouvoir en dépasser les limites. Je suis peau. Je suis chair. On m’appelle désir. Alors je demande au papier: «Pourquoi me suis-je fourvoyée? – Quand me suis-je égarée? – Comment me suis-je oubliée? – À jouer la statue, où suis-je donc passée?»

 


 (Version papier incomplète, ndlr)

2ème prix:  Claudia Rainheart 

attention

je ne suis personne encore

le service reprend graduellement

 

j’ai faim de parler dans la foule

 

j’attends un train pour faire semblant

d’avoir un arrêt qui me ressemble

un trottoir qui n’attende que moi

 

je cherche mon reflet sur le ciment

 

j’ai faim d’un écho qui me rassure

d’une seconde entre deux grands bras

qui me donne raison d’inspirer

 

je ne finis jamais de chercher

 

le service fige temporairement

et je vole des mots plein les poches

des passants qui ne sourient pas

 

j’essaie de les avertir à bord

attention

je m’accouche lentement

 


 

3ème prix: Eva-Meije Mounier 

Le vent se lève,
il faut tenter de vivre

Olivia se sent chez elle comme dans une citadelle assiégée. Sa chambre est le plus haut donjon, duquel elle perçoit et suit tous les combats. En sortir, c’est risquer la blessure ou pire, la mort.

Quand elle rentre le soir, elle passe rapidement par les toilettes, frôlant les murs, se mouvant telle une ombre, puis s’enferme derrière ses remparts. Des silhouettes noires se découpent dans le salon, avachies sur les canapés, pieds posés sur la table basse, télécommande à la main, semant sur son passage rires moqueurs, ou plus supportables mais plus insidieux, silences.

Les bruits de la guerre l’attristent et la fatiguent. Ils sont si forts qu’elle perçoit chaque mot, qui reste ancré dans son cœur, submerge son esprit, l’empêche de sombrer dans le sommeil la nuit venue, la font parfois tomber à genoux d’angoisse et de douleur, les mains nues dans la neige blanche, le visage rouge de honte, entourée de passants qui la frôlent, indifférents, étoiles filantes vaquant à d’autres occupations, alors qu’Olivia sûrement s’éteint, alors qu’Olivia sûrement implose, alors qu’Olivia sûrement abandonne, se mure dans le silence, laisse les reproches, les sous-entendus et les insultes couler le long de son corps.

Sous la douche, les larmes d’Olivia pourraient se mêler à l’eau savonneuse, ce serait une bien belle image, une séquence de film poignante, quelqu’un crierait «coupez» et on lui of- frirait une serviette, on réajusterait son maquillage, on lui dirait «tu as été formidable», on éteindrait les lumières et on irait boire un verre pour clôturer la journée de tournage.

A la place, le colocataire lance, confiant et rieur: «vous n’avez pas remarqué qu’elle pue?», et la gorge d’Olivia se serre, s’étrangle, elle suffoque, ses ongles s’enfoncent jusqu’au sang dans ses paumes.
Et derrière la fine cloison de répéter, plus fort: «vous n’avez jamais remarqué qu’elle pue? Quand j’entre dans une pièce je peux sentir sa présence. » Et Olivia de haïr son corps, d’englober de dégoût sa propre enveloppe charnelle au point d’en trembler, au point de se laisser envahir de bourdonnements, allongée, les membres écartés dans ses draps défaits, moites d’angoisse, n’aspirant qu’à disparaître.

Olivia rêve de goûter au silence, mais quand enfin les voix se sont tues, le bruit assourdissant de la ville resurgit. Au cœur de la mégalopole montréalaise, depuis cette résidence-hôtel sans âme, aux murs blancs d’hôpital et aux réceptionnistes froids, les klaxons des voitures se mêlent au brouhaha des travaux, au sifflement du vent et aux rires des passants. Alors, Olivia s’enfuit tous les week-ends, survolant à la vitesse de la lumière les pierres du pont-levis, se mêlant à la foule, écoutant d’une oreille les conversations des autres, prenant du plaisir à chaque mot puisqu’enfin ils ne sont pas dirigés contre elle, puisqu’enfin ils ne la désignent ou ne l’excluent pas, puisqu’enfin elle a le droit d’être et de se mouvoir sans qu’on lui reproche d’être là.

Sa valise reste ouverte sur le bord de son lit, passeport bien en évidence, paquets de mouchoirs éparpillés dans le filet, culotte propre du dernier voyage dans la poche latérale droite. Ses semaines lui donnent le vertige : un avion, un bus de nuit, un train, puis les cours, s’occuper jusqu’à une heure du matin ou deux, la peur de rentrer chez soi et de retrouver ceux qu’elle appelle encore ses colocataires, et que personne n’osera jamais appeler ses harceleurs, les soucis du quotidien et puis le départ à nouveau, pour une destination inconnue. En un mois, Olivia visite Boston, New York, Philadelphie et Toronto, nez à l’air, emmitouflée sous un gros manteau, plusieurs couches de pulls, une large écharpe et des gants de ski, traînant derrière elle sa frêle valise.

Un soir, en remontant la rue de l’Université sous la pluie pour «rentrer chez elle», Olivia ressent une douleur si vive dans ses côtes qu’elle doit se retenir à un poteau, titubante, pour ne pas tomber. Prise d’une mélancolie profonde, d’un sentiment de vide qui lui creuse le ventre, Olivia se rêve marchant le long des rues jusqu’au Saint-Laurent. Anonyme, perdue dans la nuit, elle aurait déambulé sur les quais, fouettée par le vent, le visage et les mains recouverts d’une fine pellicule de pluie. Elle serait passée devant les bars animés et aurait regardé avec tristesse les pintes s’entrechoquer, les lumières de la fête, elle aurait voulu danser, elle aurait eu besoin de se sentir vivante et aurait laissé le froid s’emparer d’elle jusqu’à en trembler, jusqu’à convulser sur les pavés humides, le nez en sang, le teint pâle, les poings crispés.

Lors d’une soirée, une connaissance lui confie, magnanime : «ne t’inquiète pas, on ne prend pas parti» et Olivia de la remercier, avec un grand sourire, et cette situation de se répéter encore et encore, des mois après le déménagement, et Olivia contrainte à rester dans le silence, à minimiser ce qu’elle a subi, parce qu’enfin elle a compris : les autres ne veulent rien savoir, et surtout ne rien entendre, parce qu’écouter ce qu’elle a à dire, c’est avoir à agir, sortir de son impartialité crasse – prendre acte du poids de ses paroles est effrayant. Les mots qu’elle rêve de déverser sur les autres sont encombrants de vérité et d’accusation, alors il faut les contenir, d’ailleurs on ne lui donne jamais l’occasion d’en dire trop – histoire de s’assurer que cette histoire tombe, pour le confort de tous, dans les méandres du silence.

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1er prix: Sarah Cole 

Toute ma vie je voulais avoir des aventures
Découvrir un autre monde existant au-delà de mes murs

Toute ma vie je faisais des lectures
Rencontrant de nouvelles idées cachées dans l’écriture

Et j’ai toujours eu des très bons amis
Et j’ai toujours eu l’amour de ma famille
Mais les personnages que j’ai rencontrés
Ont aussi influencé ma vie

Le premier dont je peux me rappeler
C’est le cygne Louis qui ne pouvait pas parler
Chaque nuit mon père et moi rencontrions avec la joie
Le cygne muet avec une trompette qui a découvert sa voix

Je me suis fait des amis avec Dorothy, la survivante du cyclone

Qui m’a amenée avec ses camarades sur la route de brique jaune

Ensemble nous avons trouvé un monde fantastique
Qui m’a montré comment penser à de nouvelles idées uniques

Mais aussi dans mon enfance j’ai fait un voyage historique
Avec Laura Ingalls à travers les prairies d’Amérique
En la rencontrant j’ai appris, non seulement l’histoire de mon pays,

Mais le courage de faire un voyage et explorer sans répit

J’étais plus âgée lorsque j’ai rencontré Liesel Meminger

Et son histoire puissante
La voleuse de livres dans une époque effrayante
Elle m’a montré le pouvoir de la parole écrite

Et l’importance de la littérature dans le monde où j’habite

C’était à ce moment dans ma vie un défi sans précèdent
Une blessure très sérieuse et rare, et pour une jeune, perturbante.
Elle m’a laissé pleine de douleur et assez handicapée
Je ne pouvais pas faire de sports, même pas marcher, mais je pouvais lire pour m’échapper

Et je n’étais pas toute seule au milieu de la souffrance
J’ai rencontré Elizabeth Bennett et son monde d’élégance
Un monde d’orgueil et préjugés, d’amour véritable
Un monde plein du beau langage, d’esprit, et d’écriture incroyable

Mademoiselle Bennett et bien sûr Madame Austen

M’ont montré la beauté pure des mots mêmes
Ma curiosité pour le langage était piquée
Une curiosité qui m’a conduite à l’université

Je voulais apprendre de nouvelles langues et de nouvelles cultures

Je voulais sortir de ma petite ville, je voulais avoir des aventures

Grâce à la littérature j’ai rencontré le Chili et Valparaiso
La destination de mes voyages qui je ferai bientôt

Donc un nouveau chapitre de ma vie a commencé
Et j’étais épuisée de la maladie jusqu’au début de l’université
Et je n’avais pas l’énergie d’être un personnage central dans ma vie

Perdue dans la vague de mauvaise santé qui m’a poursuivie

Mais j’ai retrouvé le bien-être et j’ai rencontré d’autres personnages

Qui habitent dans la ville de Macondo pour cent ans d’ermitage

Finalement je pouvais lire un classique en espagnol
Finalement je comprenais le sens des paroles

La douleur, la joie, les aventures, le choix
La langue et le langage toujours me suivent
Les personnages que j’ai rencontrés m’ont influencée

Et ils ont fait da ma vie un bon livre

 


 

2ème prix: Chloé Dunlap 

Je suis toujours là

Je voyage toujours sur la mer de la vie
Un chemin sans cesse que personne n’a fini

Chaque jour de la vie, le choix est à moi:

Choisir la tristesse ou bien la joie

Certains jours sont bons, d’autres mauvais
Et à la fin, ce sont mes amies qui m’ont sauvée

Après ce voyage de hauts et de bas
Je suis forte et vivante, je suis toujours là

Je veux une vie pleine d’expériences
Même si certaines enlèvent mon innocence

Je veux vivre, je veux rire, et je veux sentir

Toutes les choses que la vie peut m’offrir

Une gamine de race mixte, j’ai rencontré l’isolement

Parmi les autres enfants, j’ai senti la rancœur
Je me suis détachée de la culture occidentale
Et me suis plutôt plongée dans un monde oriental

À l’école je n’étais pas comme les autres
J’étais différente, mais ce n’était pas de ma faute

Je n’avais personne à qui parler, avec qui jouer Je sentais que personne ne me valorisait

Mais à la maison j’ai rencontré la sécurité

Jouant avec mon frère, c’était la liberté

Avec la nature, la télé et beaucoup de jeux

Mon enfance était absolument heureuse

Entrée au lycée, et tout a changé
J’ai rencontré des brutes mais aussi l’amitié

Je ne mangeais plus toute seule au déjeuner

C’était une nouvelle page que j’ai tournée

Au cours des années, j’ai rencontré la loyauté

Et j’ai découvert la beauté d’une communauté

Où on a accepté toutes mes nuances
C’était une étape importante de ma croissance

C’était au même moment que j’ai rencontré le conflit

Avec une mère qui ne m’a pas comprise
Il y avait beaucoup de clameurs, beaucoup de disputes

Durant lesquelles elle m’a appelé une fille sans gratitude

Avec le temps et des erreurs, j’ai rencontré la patience

Entre la colère et la justice, j’ai trouvé une équivalence

J’ai voulu une famille qui vivrait en paix
Au moins une famille basée sur le respect

Pendant ces années d’adolescence, j’ai rencontré la mort

C’était surréaliste, j’étais petite encore
Ma tante, ma grand-mère et mon grand-père
Ensemble, rapidement, ils ont quitté cette terre

Et puis à dix-sept ans, j’ai rencontré l’amour

Un sentiment qui m’a préoccupé tous les jours

Un mélange de doute, de félicité, et d’angoisse

J’ai pensé que rien ne pouvait prendre sa place

Avec cet amour, j’ai rencontré la peur

C’était une fille qui a capturé mon cœur

Pour garder ce secret très personnel
Je l’ai cachée de ma famille traditionnelle

Un peu après j’ai rencontré la trahison

Mon monde s’est effondré sans bonne raison

Soignant un cœur brisé, la rancœur, la souffrance

La blessure que je sentais a éprouvé mon endurance

Cette année j’ai rencontré aussi la dépression
Un état d’existence défini par l’oppression
Un désespoir, un vide, une noirceur qui m’a noyée
Je me suis sentie éloignée du monde, toute seule et isolée

Je me suis sentie paralysée et consommée
Avec de pensées suicidaires que je ne pouvais pas éliminer

J’ai pensé à Dieu et je lui ai lancé un cri
Enfin j’ai survécu à ce test de mon âme, de mon esprit

Il y a deux ans, j’ai rencontré la confiance

Arrivant à Montréal j’ai perdu la constance

C’était en croyant que j’avais fait le bon choix

Que j’ai réussi à trouver une nouvelle voix

Pensant à l’avenir, j’ai rencontré l’appartenance
Je cherche maintenant un sens de la permanence

Un pays, un peuple à appeler les miens
Pas une vie spéciale, simplement une vie moyenne

Je voyage toujours sur la mer de la vie
Un chemin sans cesse que personne n’a fini

Chaque jour de la vie, le choix est à moi:

Choisir la tristesse ou bien la joie

Certains jours sont bons, d’autres mauvais
Et à la fin, ce sont mes amies qui m’ont sauvée

Après ce voyage de hauts et de bas
Je suis forte et vivante, je suis toujours là

 


 

3ème prix: Yinong(José) Shi 

Le pouvoir des mots

Il y a quelques choses sans lesquelles personne ne peut pas vivre. Par exemple, l’air, l’eau et la lumière du soleil. Les mots ne font pas partie des nécessités absolues pour la vie. Cependant, tant qu’on vit dans une société, c’est-à-dire que tant qu’on fait des communications quotidiennes avec autrui, les mots sont absolument inévitables. Par «mots », je comprends aussi les mots silencieux dans les langues des signes et les expressions gestuelles qui ne sont pas exprimées explicitement. Les mots, ensemble avec les phrases qu’ils constituent, sont les uniques moyens qui nous permettent d’échanger nos idées, et c’est ça leur pouvoir, ce sur quoi je vais enquêter dans cette composition.

Il serait superflu d’expliquer, en détail, le pouvoir fondamental des mots, qu’ils peuvent porter ce qu’on veut exprimer et le déceler pour les autres. Je l’ai déjà présenté et nous le connaissons bien tous. À l’arrière de ce pouvoir, il y a autre chose que les mots peuvent faire: ils peuvent influencer les autres et leur esprit tellement fortement qu’ils peuvent changer complètement leur vie et leurs attitudes, peu importe si c’est vers une direction bénéfique ou nuisible.

J’apprends la philosophie. Comme étudiant de philosophie, j’ai eu l’occasion d’être témoin du pouvoir des mots. Dans un œuvre philosophique, chaque mot doit
être choisi avec soin. Un petit changement dans le choix lexical peut causer un grand déplacement dans le sens. Aussi, j’ai toujours des réponses pour les questions les plus bizarres et sophistiquées de la vie. Mes amis le savent, et me demandent souvent ces réponses. J’ai été engagé dans quelques situations où je leur ai donné les réponses cor- rectes, mais où j’ai mal utilisé quelques mots.
À cause de mon mauvais usage de ces mots, mes amis ont surpensé. Leurs problèmes non seulement n’étaient pas résolus, mais étaient en plus amplifiés. Par conséquent, maintenant, chaque fois que je donne des réponses à n’importe qui, je me rappelle d’être davantage prudent, parce que je sais bien que chacun de mes mots compte. Si je les utilise mal, ce sera ma faute si je cause quelques effets non désirables sur mes amis. Je dois penser d’une façon très critique sur ma propre parole pour éviter les mots non- appropriés. Je veux résoudre les problèmes, pas en causer plus.

Mon expérience personnelle suffit à illustrer le pouvoir des mots, mais pourquoi les mots ont ce pouvoir? Comment peuvent-ils produire ces effets? Ce qui est le plus important, ce n’est pas leur forme superficielle. Les mots expriment nos pensées. Cependant, les pensées ne se trouvent uniquement dans nos têtes et notre discours. Il se trouvent également dans l’esprit des autres. Quand deux pensées se rencontrent, il y a une possibilité mineure où rien ne se passe —en général, si on n’attache aucune impor- tance à ce qu’on a entendu. Dans la majorité des situations, néanmoins, ce n’est pas le cas, parce que quelles que soient les choses, elles ont de la valeur pour nous. Les mots nous influencent alors par le moyen des pensées.

On peut prendre le cas que j’ai décrit comme un exemple. Mes amis me présentent leurs pensées ouvertement afin que je puisse les examiner et les discuter avec eux en util- isant des mots. Puisqu’ils attachent de l’importance à leurs pensées et aux enjeux qui se cachent à l’arrière des pensées, mes mots déclenchent certaines réactions mentales chez eux, qui sont analogues aux réactions chimiques. Si les mesures qui conviennent sont  prises, on recevra les résultats désirés. De l’autre côté, si les réactions ne sont pas bien contrôlées, on va finir avec des conséquences non désirables, voire catastrophiques (par exemple, la destruction du laboratoire, ou bien beaucoup de blessés et de morts). Les mots peuvent causer un effet similaire, mais les pensées sont beaucoup plus sensibles aux stimulants extérieurs que les produits chimiques. Toutes les substances chimiques ont quelques autres substances avec lesquelles elles ne réagissent pas, mais les pensées ouvertes réagissent avec presque toutes les pensées, voire avec elles-mêmes. Même si les effets causés par les mots sont normalement moins violents que les effets chimiques (dans le sens qu’ils n’affectent que à une ou deux personnes), on ne doit pas les négliger. Si on se concentre sur une personne en particulier, les effets des mots sont plus sérieux que ceux des réactions chimiques. Après tout, on veut que tout le monde vive avec bonheur. Oui, les effets des mots ont une courte portée d’efficacité, mais serions-nous ravis si nous nous rendons compte que nous avons ruiné la vie de quelqu’un?

Notre discussion s’étend aux circonstances quotidiennes aussi. On ne sait jamais si ces mots vont provoquer une réaction mentale brutale chez quelqu’un. Certainement l’homme de la rue ne bougera pas pour notre discours, mais quelles seront les réactions de nos amis? Même dans la quotidienneté, on ne peut pas affirmer avec assurance que son discours ne va affecter personne. Nos amis ont confiance en nous, il est donc plus que probable que leurs cœurs et leurs pensées sont toujours ouverts pour nous. Nos mots causent donc les mêmes effets dans les circonstances quotidiennes que dans une discussion sérieuse.

Nous avons vu le pouvoir des mots, mais ce traité ne s’arrête pas ici. Un grand pouvoir nécessite un grand devoir pour le soutenir. On doit savoir comment régler les mots pour ne jamais détruire la vie de quelqu’un (ou au moins, pour réduire les dommages le plus que possible). Non, je ne prône pas une riposte contre la liberté de parole. Je ne veux imposer aucune contrainte sur l’usage des mots. Cependant, pour le bien d’autrui, bien que je puisse les utiliser de la manière que j’aimerais, je ne le veux pas. L’idée pivote ici, c’est de ne demander à personne sauf qu’à nous-mêmes. Plus précisément, moi, j’impose des limites seulement à moi-même. Je sélectionne mes mots prudemment pour éviter les effets non désirables. J’espère que tout le monde peut faire la même chose avec soi-même, mais je ne vais jamais le forcer. L’usage des mots est si établi dans notre vie qu’ils nous empêchent de demander aux autres —même les demandes que nous faisons portent la forme des mots! Leur omniprésence signifie qu’on doit être même plus attentif avec eux que les ingénieurs avec leurs calculs. Comme on doit pratiquer la prudence dans toutes les circonstances d’usage des mots, on doit le faire, déductivement, quand on fait des demandes aux autres.

Dans ce texte, j’ai présenté brièvement le pouvoir des mots. Mon explication peut paraître emphatique, mais si on réfléchit à celle-ci, on va constater sans difficulté qu’elle a, en fait, sous-expliqué ce pouvoir. J’ai donné seulement des exemples quotidiens. Dans des cas extrêmes, un mot mal utilisé peut entrainer une guerre, et un mot bien utilisé peut briser les obstacles de communication et faciliter le développement de l’amitié. Nous avons eu tous ces moments où nous rencontrons des mots qui rendent notre journée meilleur que jamais. Leur pouvoir est redoutable, ce qu’on sous-estime très souvent, mais aussi ce qu’on ne doit pas sous-estimer.

 

 

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Repenser l’Université à l’aune de la responsabilité https://www.delitfrancais.com/2018/03/27/repenser-luniversite-a-laune-de-la-responsabilite/ Tue, 27 Mar 2018 17:00:44 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=30975 Dans la nuit du 22 au 23 mars, des étudiant·e·s en grève de la Faculté de droit de l’Université de Montpellier se sont fait violemment expulser—à coup de planches de bois et possiblement avec des tasers par des hommes cagoulés— de l’amphithéâtre qu’ils occupaient en protestation au Plan Étudiants, une réforme du système d’éducation français.… Lire la suite »Repenser l’Université à l’aune de la responsabilité

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Dans la nuit du 22 au 23 mars, des étudiant·e·s en grève de la Faculté de droit de l’Université de Montpellier se sont fait violemment expulser—à coup de planches de bois et possiblement avec des tasers par des hommes cagoulés— de l’amphithéâtre qu’ils occupaient en protestation au Plan Étudiants, une réforme du système d’éducation français. Selon le récit de certains de ces étudiant·e·s, des membres de l’administration de la faculté, notamment son doyen, auraient facilité l’accès de la salle aux hommes cagoulés et se seraient enfermés dans les locaux avec eux une fois les étudiant·e·s mis dehors. Certains des manifestant·e·s disent même avoir reconnu deux de leurs professeurs de droit parmi les agresseurs. Pris de cours, plusieurs manifestants se sont retrouvés à l’hôpital suite aux coups assénés par le groupe d’hommes cagoulés. La violence de la scène, capturée sur téléphones et diffusée sur le web, secoue particulièrement et amène à de nombreuses réflexions.

Quelles sont les responsabilités d’une université, au sens institutionnel? D’une manière plus pratique, a‑t-elle une responsabilité dépassant toutes les autres qu’elle pourrait avoir? Outre constituer un lieu où la jeunesse est formée dans la transmission des connaissances et où le savoir se construit, l’Université s’inscrit dans un contexte beaucoup plus large: il s’agit d’un lieu social propice au bouillonnement. Dans cette perspective, il apparaît adéquat d’avancer que l’Université, en tant que lieu, ne devrait pas être si rigide, mais au contraire devrait favoriser un contexte modulable où elle se ré- organiserait sans cesse au fil des changements sociaux.

Au lieu de chercher à tout prix à assurer le déroulement habituel des cours en matraquant des étudiant·e·s, les agresseurs cagoulés auraient pu reconnaître les multiples rôles de cette institution, dont celui notamment de permettre l’expression à travers la manifestation. En ce sens, lorsque des étudiant·e·s québécois manifestaient en 2012 contre la hausse des droits de scolarité, il semble un peu trop simpliste de dire que ceux-ci bloquaient purement et simplement le bon fonctionnement de l’université. Plutôt, il conviendrait de penser que les luttes auxquelles se prêtaient ces étudiant·e·s — maintien de l’accès à l’éducation, gratuité scolaire— surplombaient en importance la fonction normale de l’Université, c’est-à-dire être l’un des lieux formels de la transmission unilatérale du savoir.

La responsabilité de l’Université, en tant qu’institution, tient dans sa capacité à être flexible, mais aussi un lieu propice aux changements. Ainsi, parfois loin de la normalité, la responsabilité de l’Université repose sur son indéniable particularité d’être un lieu de savoir où un contexte extraordinaire puisse émerger et où une créativité foisonnante permettra le règlement de l’inacceptable. La responsabilité de l’administration de la Faculté de droit de l’Université de Montpellier l’appelait donc à dialoguer avec les étudiants, ceux-là même qui contestaient ce qu’ils considéraient tenir de l’inacceptable, et non rester cois devant la situation, sinon en l’ayant exacerbée.

Dans ces circonstances, tout un chacun se doit d’être en mesure de comprendre d’autres perspectives que la sienne. Prendre une distance avec ses propres intérêts ouvre la possibilité d’une com- préhension des enjeux qui, au final, dépassent un groupe particulier. Cette demande de flexibilité est d’une grande importance aussi dans la manière dont chacun·e d’entre nous envisage la solidarité. Être solidaire envers autrui semble exiger de pouvoir être flexible: pouvoir peser l’importance de ses propres préoccupations et de ses propres buts pour s’engager dans des causes qui nous dépassent. Dans le cas du Québec, l’accessibilité aux études de milliers d’étudiant·e·s sur plusieurs années dépasse une session de perdue, aussi désagréable que cela puisse être. Dans le cas de Montpellier, le désir de mettre fin à l’occupation d’une salle de classe —au nom du déroulement normal des cours— ne justifiait en aucun cas une telle démonstration de violence. Quand vient le temps de se fier à la solidarité des autres, il est de notre responsabilité de se donner tous les outils pour l’assurer.

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Gagnants du concours photos de la Francofête 2018 https://www.delitfrancais.com/2018/03/20/gagnants-du-concours-photos-de-la-francofete-2018/ https://www.delitfrancais.com/2018/03/20/gagnants-du-concours-photos-de-la-francofete-2018/#respond Tue, 20 Mar 2018 20:40:34 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=30863 1er prix: Nature-Culture, par Hugo Roussely « Ce que j’ai voulu communiquer à travers cette photo est un mélange de différents types de langage: le langage chaotique de la nature, la symbolique du bras de poupée et le langage visuel englobant le tout dans une photographie?   2ème prix: Artificial Decay (Dégradation artificielle) par Joachim Dos… Lire la suite »Gagnants du concours photos de la Francofête 2018

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1er prix: Nature-Culture, par Hugo Roussely

Hugo Roussely

« Ce que j’ai voulu communiquer à travers cette photo est un mélange de différents types de langage: le langage chaotique de la nature, la symbolique du bras de poupée et le langage visuel englobant le tout dans une photographie?

 

2ème prix: Artificial Decay (Dégradation artificielle) par Joachim Dos Santos

Joachim Dos Santos

Une carcasse de poisson sur une plage du littoral de l’état de Sao Paulo montre la destruction des animaux marins à travers la pêche ou la pollution.

 

3ème prix: Ivresse du voyage par Evangéline Durand-Allizé

Evangéline Durand-Allizé

Les paupières alourdies, les sens indécis, Philippine invente.

Les secousses de la route, le corps en déroute, Philippine invente.

Ivre de voyage, libre de son message,

Fantasque dans les moindres drapés qui composent son image,

Dans son propre langage, Philippine invente

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Un an, et après? https://www.delitfrancais.com/2018/01/30/un-an-et-apres/ Tue, 30 Jan 2018 14:32:33 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=30228 KHALED BELKACEMI AZZEDDINE SOUFIANE ABDELKRIM HASSANE BOUBAKER THABTI MAMADOU TANOU BARRY IBRAHIMA BARRY Il y a un an déjà que ces hommes tombaient assassinés sous les balles d’Alexandre Bissonnette. L’horreur et l’effroi de cet attentat sordide dans la mosquée de Québec ont choqués la province et le Canada entier. Il y a un an déjà… Lire la suite »Un an, et après?

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KHALED BELKACEMI

AZZEDDINE SOUFIANE

ABDELKRIM HASSANE

BOUBAKER THABTI

MAMADOU TANOU BARRY

IBRAHIMA BARRY

Il y a un an déjà que ces hommes tombaient assassinés sous les balles d’Alexandre Bissonnette. L’horreur et l’effroi de cet attentat sordide dans la mosquée de Québec ont choqués la province et le Canada entier. Il y a un an déjà l’équipe du Délit, dans son éditorial du 31 janvier 2017, se promettait de ne pas céder à la terreur et de ne pas succomber à la haine et de rester solidaire. Certains espéraient que cet effroi secouerait la conscience nationale et alimenterait une réelle conversation sur les dérives de notre société québécoise et de son «vivre-ensemble». En effet, cette attaque prit place deux semaines après l’instauration de la première journée nationale du vivre-ensemble, le 15 janvier 2017. Malheureusement, force est de constater que les mois ont passé et que les choses n’ont pas changé. L’espoir auquel les Québécois ont tenté de s’accrocher s’est peu à peu transformé en amertume.

Et après?

Pour la plupart, il semblerait que cet événement n’eut pas les conséquences espérées; une alerte à la bombe au mois de mars ciblait les étudiants musulmans de Concordia; l’échec d’un projet de cimetière musulman à Saint-Apollinaire en juillet; l’adoption en octobre de la Loi 62, considérée par beaucoup comme islamophobe; un reportage erroné en décembre de la part de TVA avançait que certaines mosquées à Montréal avaient demandé à ce que les femmes soient exclues des chantiers, ce qui entraîna une montée de sentiments anti-musulmans sur les réseaux sociaux; puis encore cet incident étrange en octobre, où un partenariat entre le Centre de jeunesse à Montréal et La Meute —groupe xénophobe et ouvertement anti-musulman d’extrême droite créé en 2015— fut mis en lumière. Le centre s’est par la suite distancé du groupe suite au backlash. Tout cela est-il symbole d’une intolérance qui se normalise? 

En souvenir

La mémoire est la manière qu’a un peuple d’écrire entre parenthèses son passé afin de mieux envisager les prochains tracés de son futur. Compte tenu de cette dernière année pour laquelle nous ne pouvons que dénombrer de toujours plus nombreux et sinistres actes islamophobes, devons-nous croire que les prochaines lignes de notre histoire seront malheureuses? Le processus commémoratif ne peut se résumer au simple souvenir, et doit aller plus loin. Le cas du Québec ne tient évidemment pas du tragique et il serait aberrant de croire que nous ne pouvons rien y faire. Nous avons le pouvoir d’y changer quelque chose et notre statut d’étudiant nous confère d’autant plus le devoir de le faire. Ce devoir de mémoire, auquel l’attentat de la mosquée de Québec nous appelle, est placé dans la main que nous tendrons aux uns et dans les mots que nous porterons aux autres. Dans le silence que nous respecterons à la mémoire des victimes se dessinera aussi la voix qui nous entraînera à ne plus jamais demeurer silencieux face à l’intolérable.

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Tout va très bien, monsieur le premier vice principal exécutif https://www.delitfrancais.com/2017/11/28/tout-va-tres-bien-monsieur-le-premier-vice-principal-executif/ Tue, 28 Nov 2017 15:57:58 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29948 La semaine dernière, le premier vice principal exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante, Ollivier Dyens, prenait la parole sur la question longtemps débattue d’une possible semaine de relâche pendant la session d’automne à l’Université. Cela fait maintenant quelques années que le sujet est sur la table, sans pour autant évoluer. Promesses de… Lire la suite »Tout va très bien, monsieur le premier vice principal exécutif

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La semaine dernière, le premier vice principal exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante, Ollivier Dyens, prenait la parole sur la question longtemps débattue d’une possible semaine de relâche pendant la session d’automne à l’Université. Cela fait maintenant quelques années que le sujet est sur la table, sans pour autant évoluer. Promesses de campagne des candidats à l’AÉUM, motion votée à l’Assemblée générale, articles réguliers dans la presse étudiante — ce n’est pas faute du corps étudiant de pousser au changement.

Dans son entrevue avec le McGill Reporter, l’organe de presse de l’administration, Ollivier Dyens défendait pourtant une position déconcertante: d’après lui, l’idée d’implanter une semaine de relâche est certes pleine de bonnes intentions, mais impossible à implémenter et dénuée de bénéfices pour la santé mentale des étudiants. Vraiment? Un débat sur les bienfaits de l’implémentation d’une semaine de relâche nécessitant plus que la page qui nous est ici allouée, attardons-nous plutôt sur les failles des arguments présentés dans cette entrevue.

En mauvaise forme

Commençons peut-être par la question du format. Seulement quelques phrases, dénuées de sources ou de chiffres, afin de clore le dossier «semaine de relâche». Un comble, quand on connaît l’attachement de McGill à la rigueur scientifique et au référencement. Le professeur Dyens en vient même à se contredire quand il explique que les recherches sur le lien entre la santé mentale et la semaine de relâche ne seraient pas concluantes, alors que le rapport officiel qu’il cite un peu plus haut dans l’entrevue assure qu’obtenir une semaine de relâche réduirait le stress, l’absentéisme, et favoriserait l’ouverture des étudiants aux activités en dehors du campus (accommodate off-campus research and experiential learning, ndlr). Au vu du peu de temps apparemment alloué à l’évocation de cette question épineuse, comment ne pas assimiler cette économie de mots à une forme de dédain à l’encontre des préoccupations des étudiants?

Responsabilité des étudiants pour trouver une solution

Ces explications n’ont cependant pas fini de nous surprendre. Le professeur Dyens explique qu’il est de la responsabilité des étudiants de trouver une solution aux contraintes institutionnelles et pratiques qui empêchent d’implémenter une semaine de relâche. Ce transfert de responsabilités est tristement ironique, quand on sait que les étudiants mcgillois doivent déjà combler de nombreuses lacunes de l’administration — des services de santé mentale jusqu’à une politique sur la violence sexuelle — et tout cela de manière souvent bénévole, empiétant sur leurs études à l’emploi du temps des plus exigeants. Certes, l’administration semble multiplier les initiatives pour répondre à ces problématiques, notamment avec la création d’un bureau contre la violence sexuelle ou la mise en place d’un groupe de travail sur le respect. Cependant, ces actions sont toujours réactives, et souvent mises en place a posteriori. Trop peu et trop tard en somme?

Hygiène de vie, chienne de vie?

En guise de mot de la fin, le professeur Dyens nous enjoint à adopter une «hygiène de vie» équilibrée. Vaste programme! Les étudiants souffrent de stress, d’anxiété, les demandes au sein des services de santé mentale connaissent une croissance sans pareil ? Qu’à cela ne tienne! La solution proposée par le professeur Dyens est pourtant simple: cesser de boire du café et de consommer des drogues de performance, dormir huit heures par nuit, manger équilibré, faire de l’exercice régulièrement. Si ces recommandations ont sûrement des intentions louables, il nous semble cependant nécessaire de souligner que l’hygiène de vie déséquilibrée décriée par le professeur Dyens est souvent la conséquence, et non la cause, de la santé mentale chancelante des étudiants. C’est ce contexte universitaire — les horaires irréguliers, un sentiment de pression académique continu —  qui pousse certains à accumuler les nuits blanches, les tasses de café et les pilules de Ritalin. Comment faire face aux examens et aux essais qui s’accumulent pendant quatre longs mois, sans aucune possibilité de faire une pause pour échapper au rythme effréné du calendrier académique et se recentrer? Au-delà de la question du travail, ce sont les défaillances propres aux structures mcgilloises face aux besoins d’accompagnement des étudiants qui jouent un rôle important dans la détérioration de la santé mentale de nombre d’entre eux. Une défaillance structurelle à laquelle le premier vice principal exécutif adjoint aux études et à la vie étudiante est censé remédier.

S’il ne faut tirer qu’une leçon de l’entrevue du professeur Dyens, c’est que notre université semblerait toujours incapable de prendre la santé mentale de ses étudiants au sérieux.

Cette semaine, Le Délit  élabore un dossier sur la santé mentale pour sa dernière édition. Nous espérons que ces articles rappelleront à tous la nécessité de s’interroger sur les aspects structurels de l’Université susceptibles de porter atteinte au bien-être psychologique des étudiants.

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Le cirque de l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2017/10/24/le-cirque-de-laeum/ Tue, 24 Oct 2017 15:38:11 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29555 Le Délit revient sur les implications risquées de la Présidente de l’AÉUM.

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Le Tribune publiait le 19 septembre dernier un édito sur la relation souvent tumultueuse et empreinte de cynisme et de mépris entre les représentants de L’AÉUM et le corps étudiant. Ils appelaient à la clémence, de la part des élèves, des médias et autres groupes, rappelant que les exécutifs n’étaient, eux aussi, que de simples étudiants, qui ne méritaient pas que nous les crucifions pour les erreurs qu’avaient commis leurs prédécesseurs.

Et bien nous voilà rendus, à peine plus d’un mois et trois scandales de l’AÉUM plus tard, à revenir sur ces sages mots. Un vote sur la motion BDS qui déclencha une crise de constitutionnalité du Conseil des Directeurs, la vice présidente aux Finances Arisha Khan suspendue, la présidente Muna Tojiboeva apparemment sous les feux de ses collègues (voir p. 4), et l’AÉUM, tant bien que mal, finit encore une fois éventrée. Les conflits entre les exécutifs et les directeurs ne sont plus tenables et jaillissent des entrailles de cette institution, la presse étudiante semblant avoir asséné quelques coups de couteau.

Une rhétorique dangereuse

La presse est dénoncée par Muna dans une lettre ouverte publiée dans le Bull&Bear. Elle serait soit-disant victime d’une machination de la part des activistes, de la presse étudiante et de l’effrayant, invisible et omniprésent«establishement» (le système ndlr) – grondement de tonnerre – en ce mois d’halloween, voilà en effet un conte bien terrifiant. Dans sa lettre, la Présidente se place en victime: «Je ne pense pas comme eux et je ne reçois pas d’ordres de la presse étudiante ou des groupes militantistes.[…] La vraie raison pour laquelle l’Establishment de l’AÉUM ne m’apprécie pas c’est parce qu’il a peur qu’ils n’aient désormais plus de laquais fiable pour obéir à leurs ordres». Ses mots font échos à la rhétorique dangereuse de certains politiciens, qui se disent être des«outsiders» élus par le peuple pour “nettoyer le terrain». De plus, il semblerait à la mode de s’en prendre à la presse pour la décrédibiliser, un outil pratique surtout quand on veut passer ceux qui nous critiquent sous silence. La présidente plaint la campagne de dénigrement menée contre elle, sans pour autant hésiter à cibler tout particulièrement un des journaux étudiants à travers des accusations qui restent vagues.

Retour aux sources

«Une presse libre et indépendante est un élément indispensable d’un campus démocratique». Cette phrase, extraite de notre mandat, semble prendre tout son sens dans une situation comme celle-ci. La Présidente fait mention des affaires Sadikov et Aird; la presse étudiante avait non-seulement et bien évidemment couvert ces affaires, mais avait aussi travaillé avec les différents groupes étudiants pour partager les témoignages de survivantes. La presse n’est pas censée contrôler l’AÉUM, de la même manière que l’AÉUM ne contrôle pas la presse. Les exécutifs de l’AÉUM sont des étudiants, les journalistes de notre presse aussi. Nous pouvons évidemment commettre des erreurs mais nous nous devons d’adhérer, au meilleur de nos capacités, a une distribution de l’information de manière véridique et honnête. C’est pour cela que, quand la présidente se présente sur une plateforme dont l’un des points clefs est la transparence, elle sera évaluée en priorité sur ce point. C’est à de la transparence que l’on s’attend, pas à la suspension surprise d’un membre de l’équipe exécutive, ni à des réponses vagues aux questions de médias (et oui, nous tenons à le préciser, plus on essaye d’éviter de répondre à nos questions, plus il nous faudra envoyer de courriels pour essayer d’en obtenir, donc excuser notre «harcèlement médiatique»).

Instituions déconnectées

De plus la Présidente dit dans ce même article «Ils [les étudiants] voit l’AÉUM comme un club fermé. […] Je me suis présentée en tant que Présidente pour changer cela, et  j’ai gagné car j’ai mené une campagne qui a plu à la moyenne estudiantine, et non aux étudiants marginaux qui s’impliquent à l’AÉUM d’habitude.» Pourquoi parler d’un ton si hautain de ces «étudiants marginaux qui s’impliquent à l’AÉUM»? Voilà qui semble contre-productif alors que nos institutions ont maintes fois été accusées d’être déconnectées d’une population qui a du mal à s’intéresser à la politique étudiante. Qui plus est, la Présidente se dit représenter l’étudiant moyen. S’il est vrai qu’elle a été élue par 53% des votes, il ne faut pas oublier que le taux de participation à ces élections n’était de que 22%. Ce n’est donc pas 53% des étudiants qui ont voté pour elle, mais bien 53% de ces«étudiants marginaux».  La Présidente pouvait beau avoir d’excellentes intentions en commençant son mandat, comme en témoignent ses nombreux soutiens qui prirent parole pour louer son leadership et la défendent sur les réseaux sociaux et pendant le conseil législatif, le fait est de constater que la situation au sein de la direction de l’AÉUM sera difficile à réparer. C’est à se demander quel sera l’acte final de ce drame.

J’accuse!

C’est pourquoi Le Délit dénonce le manque de transparence du Conseil des Directeurs par rapport à la constitutionnalité de sa composition.

Le Délit dénonce aussi la manière dont l’affaire Khan a été menée par le Conseil des Directeurs et l’AÉUM. Un manque de communication avec les étudiants et la v.-p. concernée, le rapport d’enquête du directeur général non publié et un manque d’explications claires sur pourquoi la sévérité de la punition fut ainsi fixée. On espère que les minutes de ce conseil, une fois qu’elles seront publiées, apporteront un peu de clarté à cette affaire. 

Mais surtout, Le Délit prend au sérieux les accusations de la Présidente concernant le  comportement de ses collègues, et nous rappelons que Le Délit dénonce toutes formes d’intimidations et de harcèlements, surtout afin de décrédibiliser et de passer autrui sous silence.

L’équipe de rédaction du Délit tient à présenter ses excuses à Marie-Michèle Sioui pour les imprécisions et erreurs commises dans la retranscription de son entrevue, dans l’édition papier du 17 octobre 2017.

 

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