Margaux Thomas - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/margaux-thomas/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 30 Oct 2024 16:40:34 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 Derrière l’objectif, sommes-nous objectifs? https://www.delitfrancais.com/2024/10/30/derriere-lobjectif-sommes-nous-objectifs/ Wed, 30 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56360 Le photojournalisme : une question d'éthique.

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Tout autour de nous, des images racontent des histoires. Dans un monde qui en est saturé, il est essentiel de s’interroger sur celles qui dépassent le simple visuel pour devenir des récits porteurs de sens. Derrière chaque image se cache l’intention de dévoiler une réalité, parfois brutale, parfois inspirante. Là où d’autres images capturent l’esthétique d’un moment ou le souvenir d’une émotion, le photojournalisme s’impose comme un regard sur le monde, destiné à informer plutôt qu’à séduire. À la croisée des chemins entre art et engagement, cette discipline ne se contente pas de capturer des instants : elle forge notre compréhension des enjeux contemporains.

Photo. Journalisme. Une rencontre entre l’instantané et l’information. Comme son nom l’indique, la distinction entre le photojournalisme et toutes autres formes de photographie réside dans l’intention derrière l’image. C’est lorsque l’image a un mandat publique, celui de fournir des informations précises et honnêtes au public, qu’elle devient photojournalistique. Contrairement aux idées reçues, cette différenciation ne repose pas sur le caractère artistique de l’image. Toutes les photos comportent un aspect esthétique significatif, sans nécessairement être journalistiques. Cela soulève une question essentielle sur la place des artistes dans le journalisme et sur notre rapport à l’information visuelle. Pour répondre à ces questions créatives, techniques et éthiques, Le Délit a interrogé Jasmine, photojournaliste et activiste montréalaise.

La photo comme outil d’information

Aujourd’hui, notre rapport obsessionnel au numérique et aux réseaux sociaux a radicalement changé la manière dont les gens s’informent, suscitant un sentiment de méfiance et de scepticisme à l’égard des médias traditionnels. Ceux qui font le choix de payer un abonnement hebdomadaire au New York Times se font rares. Instagram défie cette barrière sociale élitiste et malgré les restrictions de Meta, la plateforme offre un accès à l’information quasi-universel.

Les médias traditionnels comme Radio-Canada rapportent l’actualité locale d’un point de vue souvent précis, avec un titre accrocheur qui cherche à vendre au lecteur l’intérêt de lire l’article. La confiance du public dans ces médias traditionnels diminue, dû notamment à la quantité d’informations produites quotidiennement. « Nous vivons dans un monde où les gens ne font plus confiance aux journalistes », rapporte Jasmine. Selon elle, c’est cette perte de confiance qui offre à la photo une place comme moyen pour continuer à s’informer. Même si les images peuvent être modifiées sur PhotoShop, ou alors par un usage de l’intelligence artificielle, les photos issues de sources indépendantes sont vitales à une société en quête d’information authentique et démocratisée.

Éthique du photojournalisme

Certains principes des chartes de déontologie du photojournalisme sont particulièrement importants pour Jasmine : ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des photographies, traiter les sujets avec respect et dignité, et ne pas faire intrusion dans les moments intimes de chagrin. Elle souligne également l’importance d’un usage impartial de ces clichés, afin d’éviter toute utilisation dans un contexte éditorial orienté. Pour ces raisons, Jasmine fait le choix de cacher le visage des enfants et de toute autre personne pour qui une image publique pourrait s’avérer nuisible : « L’esthétique de la photo reste importante, alors je vais m’assurer de choisir une photo où le visage est détourné. » Si au Canada, il est légal de photographier des manifestants, pour Jasmine, « il y a des choses qui ne se font pas. » À l’inverse, si quelqu’un se met en position plus visible, en montant sur un podium par exemple, alors ce geste traduit une volonté de détonner de la foule, une adhésion publique à la cause. Il est ainsi évident que le cliché peut être pris.

« Pour bon nombre de photojournalistes, il y a une part d’émotion et d’intérêt personnel et donc de subjectivité dans l’art du photojournalisme, et c’est justement ce qui humanise l’information »

Derrière l’objectif, il y a des rencontres, des êtres humains. Certes, l’objectif principal est d’obtenir la photo qui représente au mieux le message désiré. Pourtant, pour pouvoir photographier un sujet – qu’il s’agisse d’une seule personne, d’un groupe de manifestants, ou d’un événement quelconque – il y a un temps pour écouter, observer, et analyser la situation. Il faut pouvoir mettre à l’aise la personne qui fait face à l’objectif, rester discret et ne pas gêner les actions entreprises, se protéger et protéger son sujet, tout en réfléchissant au bon angle, à la lumière, et à l’esthétique de notre image.

L’objectivité n’existe pas

Pour bon nombre de photojournalistes, il y a une part d’émotion et d’intérêt personnel et donc de subjectivité dans l’art du photojournalisme, et c’est justement ce qui humanise l’information. Mais comment gérer les émotions, les pressions, les biais et les attentes qui accompagnent la couverture d’événements émotionnellement chargés? L’objectivité journalistique est un idéal qui vise soit la neutralité, soit la pluralité d’opinions. Pour assurer cette objectivité, il faudrait préconiser un détachement total, or pour Jasmine « c’est impossible, nous ne pouvons pas être complètement détachés du monde ». C’est pour cela qu’elle décide de couvrir des événements plus partisans comme les manifestations pro-Palestine, ainsi que les campements présents sur le campus de McGill l’été dernier. « Je choisis consciemment à qui et à quoi j’attribue une plateforme malgré mes quelques centaines d’abonnés [sur Instagram, ndlr], parce que ça vaut le coup d’être partagé. » Son but, et celui de beaucoup d’autres photojournalistes indépendants, est de varier les représentations médiatiques, de porter son regard sur les peuples sous-représentés. Au fil de l’histoire des mouvements socio-politiques, des révolutions et des guerres, la photographie a été fondamentale au partage des narratifs. Sans ces images, les acteurs de ces révolutions et les victimes d’injustices systémiques n’auraient pas pu être reconnus à leur juste valeur.

Margaux Thomas | Le Délit

Le risque des manifestations

Jasmine précise qu’elle ne cherche pas à monétiser ses photos. Elle les partage souvent sur Instagram ou les transmet gratuitement aux organisations impliquées, parfois sous couvert d’anonymat – par souci de sécurité. Sous ces publications se retrouvent parfois des commentaires critiques, qu’elle ne censure pas. Avant chaque événement, elle se questionne donc sur les conséquences potentielles de sa participation, même en tant qu’observatrice. C’est justement l’aspect sécuritaire qui demeure un défi constant. Elle reste vigilante, observe le comportement des forces de l’ordre et des manifestants pour anticiper les risques, qui sont d’autant plus élevés sans accréditation de presse officielle. À Montréal, en tant que journaliste, que l’on soit accrédité ou non, identifiable ou non, il est possible d’être agressé et arrêté au même statut qu’un manifestant. Face à une rangée de policiers en armure de combat – comme c’était le cas le 7 octobre dernier sur notre campus universitaire – un appareil photo peut vite être confondu avec une arme par la police. Cela souligne l’importance de l’image dans notre construction de la vérité. Pour Jasmine, il est vrai que les sujets portés par les manifestants sont chargés d’émotions, mais c’est la peur des forces de l’ordre qui lui pèse tout particulièrement. Elle considère que son appareil photo est un outil contre un système défaillant où les violences policières sont en hausse.

Le photojournalisme se situe ainsi à l’intersection de l’émotion et de l’engagement personnel, des éléments qui humanisent l’information tout en posant des défis éthiques. En naviguant entre la nécessité de documenter des événements remplis d’émotions et les risques inhérents à sa présence sur le terrain, la démarche de Jasmine souligne l’importance de la responsabilité éthique dans la couverture médiatique. En fin de compte, le photojournalisme ne se limite pas à capturer des images ; il s’agit de contribuer à une compréhension plus profonde de la vérité, même dans un contexte où la perception et la réalité peuvent se heurter violemment.

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La SPHR sous un nouveau nom https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/la-sphr-sous-un-nouveau-nom/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55994 Photoreportage d’une des marches organisée pour la Palestine.

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Le 12 septembre dernier, lors de la journée d’action nationale pour la cause palestinienne, une marche a été organisée par la SPHR au centre-ville de Montréal.

Margaux Thomas | Le Délit La SPHR, qui signifiait autrefois « Solidarité pour les droits de l’homme palestiniens », a récemment changé son appellation pour « Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine », a annoncé le groupe mercredi dans un communiqué sur Instagram.
Margaux Thomas | Le Délit Plusieurs messages militants appelant à l’Intifada (soulèvement, tdlr) ont été exprimés par la SPHR.
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Margaux Thomas | Le Délit Des dizaines d’étudiants-manifestants portant des keffieh, symbole de soutien à la Palestine.

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Commissions de vérité et réconciliation https://www.delitfrancais.com/2023/11/29/commissions-de-verite-et-reconciliation/ Wed, 29 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53808 Quelles mémoires écrivent la vérité ?

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Entre les replis de l’Histoire, là où les souvenirs s’entremêlent avec les ombres du passé, se trouve un terrain chargé d’émotions, de vérités enfouies et de quêtes de rédemption. Les Commissions de vérité et réconciliation – connues au Canada pour avoir dévoilé les récits murmurés des pensionnats autochtones – sont éclairées par la mémoire. Le Délit a voulu plonger dans ce processus mémoriel où la vérité devient une boussole, et où la réconciliation tente de se dessiner entre les lignes de l’Histoire. Pour cela, nous avons discuté avec le professeur en sciences politiques, Daniel Douek.

Au cœur des débats sur la vérité et la réconciliation, la mémoire émerge en tant qu’élément central, définissant les contours de notre histoire collective. Les Commissions de vérité et réconciliation (CVR), à travers le monde, se sont engagées dans une exploration profonde de la mémoire, cherchant à éclairer les zones d’ombre, révéler les injustices et façonner un chemin vers la réconciliation.

De quelle vérité parlons-nous?

Au sein des débats philosophiques, la vérité a souvent été conceptualisée comme une réalité objective et indépendante de nos perceptions individuelles. Cependant, son essence demeure énigmatique. La vérité pourrait être considérée comme l’objectif d’une quête perpétuelle, un horizon inaccessible, mais qui guide perpétuellement notre exploration intellectuelle. Sa nature réside en une recherche constante de compréhension, et en une remise en question continue de nos croyances et perceptions. La vérité, dans cette optique, devient un processus dynamique plutôt qu’une destination fixe, qui est influencée par notre compréhension du monde, nos expériences individuelles et les contextes culturels. Le souvenir que l’on a de cette vérité sera, par conséquent, forgé par nos mémoires. Quand je dis « les mémoires », c’est pour souligner la pluralité et la diversité de celles- ci. Mais, peut-on dire « à chacun sa vérité »? Devons-nous parler d’une vérité collective ou individuelle? Je pense que c’est l’ensemble des vérités individuelles qui peuvent former une vérité collective.

Les commissions pour conserver la mémoire

Les Commissions de vérité et réconciliation sont des institutions et organisations mises en place dans des contextes post-conflit ou post-régime autoritaire pour examiner les violations des droits de l’Homme qui ont eu lieu pendant ces périodes spécifiques. Leur objectif principal est de faire émerger la vérité sur ces violations, de promouvoir la réconciliation entre les communautés autochtones et l’autorité coloniale afin de faciliter la reconstruction de la société. Par exemple, de 2007 à 2015, les membres de la commission canadienne ont passé six ans aux quatre coins du Canada pour écouter plus de 6 500 témoignages. Ils ont également tenu sept événements nationaux dans différentes régions du pays afin de mobiliser la population canadienne.

Dans ce processus, la mémoire individuelle et collective joue un rôle crucial. Les CVR contribuent à la reconstruction de la mémoire collective d’une société en confrontant les réalités souvent douloureuses du passé. En exposant les vérités souvent dissimulées, ces commissions cherchent à éviter l’oubli sélectif et à encourager une compréhension partagée de l’histoire. Les victimes, les témoins et même les auteurs des violences partagent leurs souvenirs, contribuant ainsi à la construction d’une vérité historique la plus complète possible. La vérité, dans le contexte des CVR, va au-delà de la simple correspondance avec les faits. Elle englobe la révélation des motivations derrière les violations et la contextualisation des événements dans le cadre sociopolitique de l’époque.

Néanmoins, le rôle principal des CVR est de permettre la reconnaissance des responsabilités, et l’initiation d’un processus judiciaire. À travers cela, les CVR visent à l’apaisement, et à faciliter la réconciliation nationale. En effet, la reconnaissance des souffrances passées et l’assignation des responsabilités accélèrent la guérison des blessures sociales, et permettent ainsi à la société de progresser vers un avenir plus juste et éclairé. Mais la création des CVR, mène-t-elle réellement à la vérité? Lorsqu’on parle des Commissions de vérité et réconciliation, on ne prend pas un point de vue métaphysique de vérité absolue, mais de vérité relative.

Que ce soit sur le continent africain ou ce qui est aujourd’hui considéré comme le Canada, les CVR ont tenté d’enluminer la mémoire de ceux qui ont souffert. En Afrique du Sud, la CVR a été mise en place après la fin de l’apartheid pour confronter les abus des Droits de l’Homme commis pendant cette période. Au Canada, la CVR a particulièrement ciblé le système des pensionnats autochtones, soulignant les injustices historiques et les séquelles de la colonisation. Le professeur Douek a évoqué des corrélations dans leurs objectifs, leur approche et leurs répercussions entre les CVR en Afrique du Sud et au Canada : « Bien que ce ne soit en aucun cas identique, il existe des dynamiques similaires (tdlr) ». Les CVR ont accordé une place centrale aux témoignages des victimes et des responsables – parfois amnistiés en échange d’une prise de parole – et cette implication directe a contribué à la construction de la vérité et à la prise de conscience collective des conséquences des politiques passées. En ce qui concerne la question délicate de l’amnistie en échange de vérité, il est important de questionner la facilité à accepter le « pardon » des criminels. Comment trouver le juste milieu entre la nécessité de rendre des comptes et la promotion de la réconciliation?

« Les victimes, les témoins et même les auteurs des violences partagent leurs souvenirs, contribuant ainsi à la construction d’une vérité historique la plus complète possible »

Pour le professeur Douek, interrogé sur la CVR au Canada, « le fossé entre le récit officiel, étatique, et les récits des peuples colonisés peut être énorme ». Dans le communiqué de la Commission de vérité et réconciliation du Canada–qui a eu lieu en 2008– Margaret Simpson, une survivante des pensionnats autochtones, explique cette dissimulation de la vérité : « J’ai appris à mentir pour pouvoir faire tout ce que ma “sœur” voulait que je fasse et lui dire tout ce qu’elle voulait entendre .» Margaret fait référence aux Bonnes sœurs présentes dans les pensionnats. Elle explique que l’une des techniques de survie consistait à cacher la vérité, cacher leurs sentiments, cacher leur culture, cacher leur identité. Le rôle de ces commissions est donc de rétablir la vérité – même si celle-ci est relative – sur l’étendue des dommages causés par les pensionnats, afin de « proposer des solutions et prévenir de futurs abus envers les communautés autochtones ». Toutefois, c’est le processus en lui- même qui est important. Comme Douek le souligne : « Si vous ne faites pas connaître les histoires des gens qui ont vécu le système des pensionnats, vous n’aurez jamais une idée complète de ce qui s’est passé. Et leurs expériences, leurs souvenirs sont primordiaux. » La commission au Canada a permis une réflexion d’autant plus globale du démantèlement, de la dissolution, de la suppression totale des cultures autochtones à travers le pays, qui ont eu lieu par la force et la violence.

Alors, quel est le risque d’oublier? Le risque est de raconter l’histoire d’un peuple d’une manière qui renforce non seulement son asservissement, mais aussi son effacement de l’imaginaire collectif. Les CVR sont un moyen de conserver cette mémoire, de la faire vivre et c’est notre responsabilité en tant que communauté, en tant qu’individu, de dévoiler des histoires souvent cachées, mais dont l’écho résonne à travers les époques.

Serons-nous capable de nous souvenir?

Les commissions en Afrique du Sud ont été considérées comme des succès. Au Canada, les avancées continuent, même si elles sont loin d’être parfaites. En juin 2015, la commission canadienne a tenu son événement de clôture, au cours duquel elle a rendu public le sommaire exécutif de son rapport final, énonçant « 94 appels à l’action » afin de favoriser la réconciliation entre les Canadiens et les peuples autochtones. Pour le Professeur Douek, il y a un besoin de partager l’histoire du Canada. Il faut rendre compatibles les revendications et la mémoire des autochtones avec les institutions et les autorités dominantes canadiennes, « il faut atteindre un point où ils disent, “oui, nous devons trouver une solution, quoi qu’il arrive, nous sommes dans la même équipe ici”. Cela fait partie de l’histoire du Canada ».

Si nous voulons construire ensemble, il faudra reconnaître et assumer entièrement notre passé, et cela passe à travers la mémoire de l’ensemble des personnes touchées. Pour cela, il faut que les institutions soient capables et déterminées à révéler cette vérité. Une question s’est posée avec les commissions au Canada et dans d’autres autres pays : s’agit-il d’un exercice cosmétique visant à nettoyer le passé, afin de rétablir un statut quo dans lequel le pays peut avancer et être stable, et ainsi rassurer les élites dans leur bonne conscience? Ou existe-t-il un véritable engagement en faveur de l’égalité, de la transformation, de l’équité, de la réconciliation? Le professeur Douek, optimiste, laisse une certaine marge à la possibilité qu’un tel changement soit possible, et que celui-ci soit approfondi.

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Quand l’encre a sêché… https://www.delitfrancais.com/2023/11/22/quand-lencre-a-seche/ Wed, 22 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53737 Fragments de souvenirs d’une inconnue.

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Il existe une pratique délicate qui se perd parfois dans le tumulte numérique de notre ère moderne : l’envoi de cartes postales.

Ces cartes entament un voyage subtil entre l’écriture et la découverte, entre celui qui envoie et celui qui reçoit. L’acte de choisir une carte postale représente une tentative de capturer une parcelle d’émotion, un souvenir, un paysage, qui d’une manière ou d’une autre, raconte une histoire. Les étagères poussiéreuses des boutiques de cartes postales deviennent des fenêtres sur des cultures inconnues, et parfois réconfortantes.

Écrire une carte postale est tout un art : peser ses mots, ceux qui se poseront sur le papier et voyageront jusqu’à leur destinataire. Ce n’est pas une simple transmission d’information, mais une façon de partager une expérience, de tisser un lien entre deux personnes séparées par la distance, en attendant une réponse sans jamais savoir si elle à été livrée, ou perdue.

En recevant une carte postale, les images et les mots se mêlent pour créer un souvenir palpable, cartonné, une connexion physique avec un lieu lointain. Chaque carte postale est une promesse de présence, un morceau de papier qui dit : « Même à des kilomètres, je pense à toi. » La carte en tant que telle importe peu, c’est la valeur sous-jacente de l’attention qui compte, lorsque l’on pourrait aujourd’hui envoyer un message instantané qui se perdrait tout autant dans le flux constant de données. Écrivons, envoyons, recevons.

Margaux Thomas | Le Délit

Celles jamais reçues

C’est ici que j’aimerais mettre en avant des cartes postales qui n’ont jamais été reçues, des souvenirs jamais partagés, et des mots jamais dévoilés, bref, des histoires perdues que j’aimerais que l’on retrouve, dont on se souvienne.

Parmi les cartes postales égarées que j’ai récupérées, certaines ont été envoyées à une mère, un fils, un grand-père ou encore à un amour. Elles ont donné des nouvelles en temps de guerre en Pologne, en Italie, en France, au Québec, aux États-Unis et bien d’autres régions du monde. Parmi elles, il y a ces sept cartes envoyées par « Aunt Mimi » à Miss Hilda Hellmich. Elles datent toutes de 1941 et ont été retrouvées chez un antiquaire à New York, il y a quelques semaines.

En cherchant son nom sur Internet, je suis tombée sur une certaine Emily Hilda Hellmich Hofhine, qui aurait été âgée de 41 ans lorsque ces cartes postales ont été écrites, et qui, comme l’indiquent également les tampons de ses cartes, vient de la ville de Salt Lake City dans l’Utah. Hilda Hellmich aurait eu dix petits-enfants et dix-neuf arrières petits enfants. Elle est décédée en 1981. Aunt Mimi quant à elle, semblerait être plus âgée que Hilda, mais nous ne saurons jamais quel âge elle avait lorsqu’elle a écrit.

Margaux Thomas | Le Délit

La plus ancienne de ces sept cartes date du 25 juin 1941, et la plus récente du 5 novembre 1941. Dans la première carte, Aunt Mimi demande « Comment va maman? Répondez-moi bientôt », et elle continuera d’écrire «Répondez-moi bientôt » ou « Donnez-moi des nouvelles s’il vous plaît » dans toutes les cartes qui suivront. Aunt Mimi s’addressera a Miss Hilda Hellmich, qui, au fur et à mesure des cartes, devient « Hulda, » puis « Helda ». L’envoi de certaines cartes est espacé de seulement deux, parfois cinq jours. Tout cela laisse penser qu’Aunt Mimi a des problèmes de mémoire, et qu’elle n’a peut-être jamais reçu de réponse de la part de cette Hilda. Peut-être que son adresse a changé, sans qu’elle ne soit au courant. Peut-être qu’Hilda, surnommée la « cowgirl » par Aunt Mimi, n’a jamais reçu ces cartes, et c’est pour cela qu’elles se sont retrouvées chez un antiquaire.

Toutes ces questions sans réponses nous laissent libres d’imaginer la vie de ces deux femmes appartenant à une époque passée. Nous laisser toucher du bout des doigts un fragment de vie sans pouvoir le saisir complètement, c’est tout le mystère des cartes postales.

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Les poils : silence ça pousse! https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/les-poils/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53303 L’égalité de genre, à un poil près.

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On parle de pousse, de repousse, de trimming your bush, de jardin secret, de jungle…Un vocabulaire finalement très fleuri pour parler des poils pubiens, de pilosité sur les jambes et sous les aisselles. Pourquoi le poil féminin est-il si tabou? Et comment faire pour le déconstruire quand tout semble nous indiquer que ces poils n’ont rien à faire sur le corps des femmes?

Parmi mes amies, l’épilation est considérée comme un rituel ennuyeux, ardu, souvent douloureux, mais nécessaire. La plupart se force à s’enlever les poils des jambes avant d’enfiler une jupe ou un short, et rechigne à l’idée de porter un maillot de bain sans se raser ni épiler la ligne du bikini. L’épilation est considérée comme essentielle pour certaines, à un point tel qu’elles refusent de participer à des activités quotidiennes, telles que faire du sport ou aller à un rendez-vous, si elles n’ont pas prêté attention à l’épilation de leur corps. Entre dégoût, désir, tabou et interdits, le poil est d’abord une affaire d’identité et de pouvoir.

L’Histoire du poil

Des statues de la Grèce Antique aux peintures de la Vénus de Botticelli, l’art a toujours eu tendance à représenter les corps féminins imberbes. La mode, en exposant les corps plus dénués, a suscité de nouvelles injonctions. En 1915, la marque Gillette sort son premier rasoir pour femmes, The Woman’s Gift, et les magazines de mode, les publicités, les mannequins et leurs aisselles lisses, ont contribué petit à petit au diktat de ce standard de beauté. Les femmes « ordinaires » ne s’épilaient pas toutes encore, jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale crée une pénurie de nylons et de bas, obligeant les Américaines à sortir les jambes nues et à se raser de manière systématique. L’apparition du bikini a également initié une tendance à l’épilation du maillot.

Cette transformation des normes de beauté féminines sest produite de manière descendante en Occident, avec des décisions prises au plus haut niveau et communiquée au reste de la population. Les normes changent en fonction de ce que les gens considèrent de beau ou laid, de propre ou sale. Depuis quand les poils ne sont pas hygiéniques? Au contraire, les scientifiques considèrent la pilosité comme un mécanisme de protection des muqueuses génitales contre les risques d’infection.

Pour revenir à l’histoire du poil, ce n’est qu’après la Covid-19, que de nombreuses femmes ont délaissé le rasoir et l’épilateur. L’Institut français d’opinion public (IFOP) a révélé qu’en 2021, plus d’un tiers des femmes de moins de 25 ans ont déclaré s’épiler « moins souvent qu’avant le premier confinement ». Celles qui ont franchi le pas parlent de « liberté », d’« un gain de temps et d’argent! » ; « moins de douleur ». C’est le cas de Pénélope* qui a ressenti une réappropriation de son corps après s’être laissée pousser les poils sur les jambes et sous les aisselles. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

C’est chiant, mais bon…

Près de 73% des femmes en France estiment qu’il est important qu’une femme s’épile pour être séduisante, et nombreuses sont celles qui font part d’un malaise à la vue de certaines formes de pilosité. Ève, 23 ans, dit avoir commencé à se raser vers 16 ans, dès qu’elle a commencé à avoir des relations sexuelles : « Avec la pression des réseaux sociaux, je me suis dit, “ça enlève de mon charme ces petits poils”. » En effet, pour beaucoup, il s’agit d’un choix esthétique. C’est chiant, ça fait mal – la repousse, quand on se coupe sans faire exprès, l’épilation, suivie de ses cris de douleurs – mais bon, c’est nécessaire et puis on s’y habitue n’est-ce pas? Pour Hortense, 20 ans, l’épilation est presque une évidence : « Je ne me suis jamais posé la question. Je ne sors jamais sans mascara, et bien pour les poils c’est pareil. » Elle qui fait de la danse classique, un milieu où les poils sont interdits, elle dit se sentir plus féminine épilée, car elle l’associe à la beauté de manière générale. À titre personnel, Hortense dit s’imposer ce diktat car elle trouve cela plus esthétique. Elle ajoute néanmoins qu’elle « s’en fiche de ce que font les autres, chacune fait ce qu’elle veut ». En effet, on est conscientes aujourd’hui que personne n’est obligé de s’épiler. Mais est-ce qu’un corps sans poils est véritablement un choix personnel, esthétique? 

C’est ton choix, vraiment? 

L’assertion « chacune son choix » empêche la réflexion. Tu te rases « pour toi », mais pourquoi? Parce que tu trouves ça plus joli ? Mais pourquoi ce serait plus joli? Est-ce que ce sont vraiment tes goûts personnels ou est-ce intrinsèquement biaisé par les goûts que la société t’a imposés? La masculinité du poil et la normalité du corps féminin glabre sont des modalités de la socialisation corporelle. Ces normes patriarcales et coercitives sont construites, appliquées, et acceptées. La honte de ses poils pubiens fait son apparition lors des relations sexuelles, mais aussi dans les cabinets gynécologiques, à la plage ou encore chez les sportifs de haut niveau. Ève dit avoir ressenti de la joie après être allée chez l’esthéticienne – malgré la douleur – « parce que j’allais à la plage, donc je me sentais plus à l’aise de me mettre en maillot de bain ». Ce sentiment de soi-disant confort d’être épilée provient selon elle d’une peur d’être jugée par quelqu’un l’observant. Lorsque l’on est rasée, personne ne nous juge, étant donné que cela est conforme aux normes, ce qui devient réconfortant.

« Entre dégoût, désir, tabou et interdits, le poil est d’abord une affaire d’identité et de pouvoir. »

L’épilation intégrale est également intimement liée à l’infantilisation du corps féminin. Inspiré du porno, le rasage total du pubis et des lèvres s’est malheureusement installé dans les mœurs et est devenu une mode.

De plus, il semblerait qu’encore aujourd’hui, la femme doit être parfaite pour monsieur. Ève a demandé en 2021 à son copain de l’époque : « Est ce que les poils sous les aisselles te dérangent? » Elle dit également ne pas avoir été surprise lorsqu’il lui a répondu que « ce n’était pas dérangeant en soi, mais que c’est l’hygiène, ça ne sent pas forcément très bon. » Sauf que pourquoi exiger cette « hygiène » de la part des femmes alors que les poils masculins sont universellement acceptés?

Toutefois, les hommes ne sont pas les seuls à mépriser les corps féminins au naturel. Nos sœurs, nos mères, nos grands-mères sont souvent les premières à nous faire des commentaires sur ce qu’on doit faire ou ne pas faire avec nos poils. « Le poil est une affaire bizarrement familiale, voire communautaire, les gens s’insèrent, donnent leur avis », dit Ève. Dès le collège, les mères de certaines de mes camarades prenaient rendez-vous pour leur fille chez l’esthéticienne, à 14 ans. Selon une étude de Dove, six femmes sur dix admettent juger les autres femmes sur leur pilosité aux aisselles.

Déconstruction du diktat corporel

Non, les poils ne sont pas sales, la pilosité féminine n’empeste pas plus que celles des hommes. Non, une femme qui refuse de s’épiler n’est pas une « féminazi ». Oui, on peut être poilue et séduisante. Juger les femmes qui vivent avec leurs poils librement, c’est les empêcher d’être une partie d’elles-mêmes.

​​Ce diktat a aussi un prix. Les prix des esthéticiennes sont exorbitants, et les rasoirs roses « pour femmes » sont plus chers que les rasoirs « pour hommes ». Le capitalisme a encore frappé, mais cette fois-ci sur le marketing de la honte, où les multinationales se font des millions sur les crèmes dépilatoires, les bandes de cires, les rasoirs et toutes les nouvelles machines qui existent pour parvenir à lisser nos peaux. Ce marché maintient les femmes dans une situation d’insécurité et de subordination. Et présenter le poil comme objet de dégoût ravive une haine du corps féminin, qui n’est malheureusement pas toute neuve.

Les avancées vers un avenir plus poilu
En 1999 déjà – ou seulement – Julia Roberts défilait sur les tapis rouges avec des aisselles naturellement poilues. Toutefois, le chemin vers la démocratisation du poil est encore long et les initiatives de militantisme restent nécessaires. La marque Dove a ainsi récemment lancé la campagne #freethepits pour encourager la confiance des femmes en leurs aisselles poilues lors de la Fashion Week de New York. Au-delà du besoin d’en parler, l’image a un rôle transcendant dans l’éradication du tabou autour de la pilosité. Plus on verra des corps féminins poilus sur les panneaux d’affichage de Times Square ou dans les métros, plus on acceptera nos propres pousses. Le mouvement Maipoils créé par la comédienne canadienne Paméla Dumont, invite également à laisser tomber le rasoir et la cire pendant le mois de mai, ce qui est déjà un début. Des chiffres récents issus d’une étude de Mintel ont révélé que le pourcentage de jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans se rasant les poils des aisselles est passé de 95% en 2013 à 77% en 2016. Pour moins se sentir seule dans l’acceptation de sa pilosité, le compte Instagram @payetonpoil rend disponible des témoignages de sexisme pilophobe, avec pour but de défier le statu quo en matière de beauté. Alors, cette nouvelle prise de conscience permettra-t-elle de mettre fin à des siècles d’intolérance envers la pilosité?

*Prénom fictif

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Reportage photo https://www.delitfrancais.com/2023/11/01/reportage-photo-2/ Wed, 01 Nov 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53136 Retour sur l’activisme montréalais : Enraciné au sein de la communauté étudiante.

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25 octobre 2023
Manifestation sur le campus de McGill en soutien à la Palestine et aux communautés autochtones.

Margaux Thomas | Le Délit

23 septembre 2022
Marche pour le climat organisée en partie par des étudiants de McGill.

Dominika Grand’Maison | Le Délit

30 octobre 2023
Manifestation contre la hausse des frais de scolarité pour les étudiants hors province, dont ceux à McGill.

Véronique Martel | Le Délit

25 octobre 2023
Manifestation sur le campus de McGill en soutien à la Palestine.

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« On vous ment! » https://www.delitfrancais.com/2023/11/01/mohawk-mothers/ Wed, 01 Nov 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53139 Les Mères mohawks donnent une conférence à McGill et le procès avance.

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Invité par l’Association des étudiants en anthropologie le 26 octobre dernier, le collectif des Mères mohawks (Kanien’keha:ka Kahnistensera) a tenu une conférence dans un amphithéâtre de McGill. La conférence nommée « On vous ment! » avait pour but d’informer les mcgillois sur le projet du Nouveau Vic, qui prend place sur un espace suspecté de contenir des tombes non marquées d’enfants autochtones. Ces derniers auraient subi les expériences scientifiques du programme MK-Ultra au cours des années 1950. Lors de la conférence, les Mères mohawks ont dit vouloir « rétablir la vérité (tdlr) » sur la responsabilité de McGill et de la Société Québécoise des Infrastructures (SQI) – organisations avec lesquelles le collectif est encore actuellement en procès – dans des travaux archéologiques qu’elles qualifient d’« inacceptables ».

Une conférence pour rétablir la vérité?

Lors de la conférence, les femmes autochtones, accompagné de l’anthropologue Philippe Blouin et d’une des personnes représentant les moniteurs culturels (qui sont présents sur le site du Nouveau Vic lors des travaux) sont revenus sur l’histoire des travaux au Nouveau Vic ainsi que sur la bataille juridique qu’ils mènent depuis plus d’un an contre McGill et la SQI. En s’adressant aux étudiants de McGill, Kwetiio, une des Mères mohawks, a déclaré : « Vous ne voyez que ce qu’ils veulent que vous voyiez, pas ce qui se passe vraiment. » Ces dernières ont dit vouloir répondre aux informations publiées dans les courriels officiels du vice-principal exécutif de McGill, Christopher Manfredi. Dans un courriel adressé à l’ensemble de la communauté mcgilloise, l’Université a affirmé qu’ « aucune trace de la présence de sépultures anonymes n’a été décelée », une affirmation démentie par le comité des Mères mohawks. Dans une publication Instagram sur le compte de l’Association des étudiants en anthropologie, ces derniers affichent leur soutien pour les Mères mohawks et s’adressent aux étudiants de McGill en affirmant : « Nous vous exhortons à faire de même. » La conférence a donc eu lieu dans un bâtiment de McGill réservé pour l’occasion par l’Association des étudiants en anthropologie, indépendante de l’administration de McGill. Contactée par Le Délit pour leur avis sur cette conférence, l’Université n’a pas répondu à nos sollicitations.

« McGill et la SQI ont interprété ce document et les données archéologiques dans leur propre intérêt »

Philippe Blouin, anthropologue et orateur à la conférence

Un soutien palestinien

Sachant que la conférence a eu lieu le même jour que le rassemblement pro-palestinien sur le campus de McGill, les deux mouvements se sont rejoints. Juste après la conférence, les organisateurs et orateurs de ce rassemblement ont invité les Mères mohawks à s’exprimer devant les participants du rassemblement. Kwetiio et sa mère, toutes les deux membres du comité des Mères mohawks, ont fait entendre la cause menée par les populations autochtones, faisant un lien avec la cause palestinienne : « Nos terres sont violées et c’est inacceptable. C’est pour cela que nous sommes là, pour nos terres. »

Des avancées dans le procès

Au mois de septembre, les Mères mohawks avaient déjà eu une audience mais avaient perdu le procès par manque de preuve. Deux jours après la conférence, le vendredi 27 octobre, les Mères mohawks ont assisté à une deuxième audience devant le palais de justice de Montréal. Grâce à cette dernière, le procès contre les promoteurs du projet Nouveau Vic – soit McGill et le gouvernement du Québec – a pu se poursuivre. Le but des Mères mohawks est de retarder les futurs travaux de l’ancien Hôpital Royal Victoria jusqu’à ce qu’une enquête archéologique plus approfondie soit menée. Ceci permettrait de sauvegarder toute preuve potentielle – encore cachée dans la terre – de tombes anonymes. Une des priorités du groupe autochtone est de garantir que les protocoles de Kaianere’kó:was (la Grande Loi de la Paix) soient respectés et compris lors du procès.

« Vous ne voyez que ce qu’ils veulent que vous voyiez, pas ce qui se passe vraiment »

Kwetiio, une des Mères mohawks

Les Mères mohawks affirment avec conviction que McGill et la SQI ne respectent pas les termes de l’accord conclu en avril. Malgré le fait que McGill et la SQI soient engagés à mener une enquête qui serait co-dirigée par les autochtones, les Mères mohawks estiment que cet engagement a été bafoué. Lors de l’audience, la SQI a de son côté soutenu fermement qu’elle s’est conformée à l’accord et accuse les Mères mohawks de tenter de modifier ce dernier. Le point de discorde majeur réside dans la clause 17 de l’accord, qui concerne les « découvertes inattendues » et stipule que dans de tels cas, un comité doit être convoqué. Philippe Blouin, anthropologue et l’un des orateurs de la conférence, considère qu’il y a beaucoup de zones grises dans cet accord : « McGill et la SQI ont interprété ce document et les données archéologiques dans leur propre intérêt. » Une des personnes faisant partie des moniteurs culturels a mentionné le passé des terres sur lesquelles reposent le projet du Nouveau Vic, y compris les horreurs du projet MK-Ultra, et affirme que McGill et le gouvernement québécois « s’entêtent toujours et ne collaborent pas ».

De son côté, la SQI argumente que la seule interprétation plausible d’une découverte inattendue serait la découverte de corps, bien que cette spécification ne figure pas dans l’accord. En revanche, les Mères mohawks soutiennent que la détection par des chiens renifleurs constitue une « découverte inattendue ». Une étude de 2021, présentée lors de l’audience par les Mères mohawks, a révélé que lorsqu’au moins deux chiens renifleurs détectent les mêmes odeurs au même endroit, la probabilité d’un faux positif est inférieure à 0,06%. Cependant, McGill et la SQI rejettent catégoriquement ces résultats, présentant des chiffres divergents, provenant d’une étude datant de 2011. Cette pluralité de sources qui se présente comme expertes complexifie la situation.

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Rassemblement pro-Palestine à McGill https://www.delitfrancais.com/2023/11/01/activisme-palestine/ Wed, 01 Nov 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53147 Manifestation et réaction de la communauté mcgilloise.

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Le mercredi 25 octobre dernier, les étudiants de McGill se sont rassemblés pour exprimer leur solidarité envers la cause palestinienne et demander à l’administration « d’écouter les avis des étudiants et d’agir en conséquence (tdlr) ». Le groupe de Solidarité pour les Droits Humains Palestiniens (SPHR) a organisé ce rassemblement sur le campus de McGill pour dénoncer les bombardements israéliens, qui ont causé plus de 8 000 morts palestiniennes. Le siège total imposé par Israël a jusqu’à présent forcé 1,4 million de Gazaouis à se déplacer au sein même de la bande de Gaza.

McGill et le gouvernement canadien sous pression

Ce mercredi, vers 14 heures, devant le bâtiment des arts McCall MacBain de McGill, des centaines de personnes ont répondu à l’appel de la SPHR en se réunissant pour montrer leur soutien à la Palestine. Le groupe a appelé au « désinvestissement immédiat de l’Université vers les fabricants d’armes qui soutiennent le génocide israélien à Gaza » et demande que McGill se positionne en faveur de l’arrêt du siège de Gaza, et l’arrêt du soutien financier canadien et américain pour Israël. Enfin la SPHR appelle à « cesser les programmes d’échanges avec les institutions israéliennes et couper les liens avec les donateurs sionistes ».

Du début à la fin de la marche, des membres de la SPHR ont déclaré dans un microphone « Libérez, Libérez », laissant place à la réponse « Palestine », de la foule. Plusieurs personnes – y compris des étudiants, d’anciens élèves de plusieurs associations et des professeurs – ont pris parole afin de questionner ce qui peut être fait pour réellement s’éduquer et participer activement à la justice sociale. Parmi les orateurs, Lucas*, un membre de La Riposte Socialiste, a pris le micro pour dénoncer ce qu’il considère comme une deuxième Nakba – en référence à l’exil de 700 000 Palestiniens en 1948. Lucas a appelé les étudiants qui souhaitent soutenir la lutte palestinienne à se joindre à des groupes syndicalistes, et a souligné le fait qu’un cessez-le-feu ne suffit pas. Il a affirmé : « Je ne veux pas revenir au statu quo du 6 octobre. Ce n’était pas la paix, c’était la guerre sous un autre nom. » Il pointe du doigt le gouvernement canadien ainsi que le Conseil d’administration de McGill. Lucas considère que ces derniers « profitent de l’assujettissement, de l’oppression et du meurtre continus des Palestiniens ». L’un des orateurs a fait référence à d’autres combats, comme celui contre la colonisation des continents de l’Amérique et de l’Afrique. « Notre mémoire collective est terriblement courte et nous oublions souvent les atrocités commises au nom de la conquête de territoires. » Entre ces discours, des chants et des slogans tels que « McGill, McGill, prends position, ne soutiens pas les terres volées » et « Solidarité avec la Palestine » ont résonné sur le campus.

Un peu plus tard dans l’après-midi, les manifestants se sont dirigés vers le bâtiment des Arts pour de nouveaux discours. Des participants considèrent qu’il y avait environ 700 personnes présentes à ce moment-là. Au même moment, les Mères Mohawk, un collectif de mères autochtones présentement en procès contre McGill, sont intervenues pour afficher leur solidarité avec la Palestine. Kwetiio, l’une des Mères Mohawk, sortait d’une conférence d’information à McGill, et a rejoint le rassemblement palestinien. Invitée aux côtés des orateurs, elle a fait un lien entre la cause menée par les populations autochtones – y compris les Mères Mohawk – et celle des Palestiniens face à Israël. « Nos terres sont violées et c’est inacceptable. C’est pour cela que nous sommes là, pour nos terres. » Leur combat a été grandement honoré par des orateurs du rassemblement pro-palestinien, qui leur ont dit : « Vous nous apprenez le sens de la résilience. Nous avons de l’admiration pour vous. » Ensuite, les manifestants ont marché et se sont rassemblés devant l’entrée du bureau de l’administration James, où ils ont continué les discours et ont entrepris un sit-in pour confronter l’administration. Une dizaine d’étudiants – pour la plupart masquant leur visage pour cacher leur identité – se sont assis devant les portes du bâtiment pour empêcher l’administration de sortir. Un manifestant a grimpé sur les échafaudages du bâtiment pour y accrocher un drapeau palestinien. La professeure d’histoire islamique, Rula Abisaab, a exprimé une grande fierté de la jeunesse présente, « qui lève la voix et dit “non” au génocide, “non” à l’injustice raciale, “non” au colonialisme et “non” à l’apartheid ». Le professeur en sciences politiques et philosophie, William Clare Roberts, a également effectué un discours condamnant le manque de réactivité de nos gouvernements : « Nous devons nous adresser aux humains et non aux États qui ne réagissent pas. Nous devons les réveiller. Nous devons obliger notre gouvernement à arrêter la guerre ». L’Association étudiante des études du monde islamiques et du Moyen-Orient (WIMESSA) s’est exprimée lors d’un discours pour dénoncer l’administration de McGill, qui a appelé à « faire preuve de compassion en ces temps de grands tumulte » mais qui, selon WIMESSA, n’a pas, une seule fois condamné explicitement le génocide commis par l’État d’Israël. L’association a rappelé le rôle majeur des associations étudiantes et de l’activisme étudiant dans l’histoire de McGill. Dans une entrevue avec Ruby, nouvelle membre la SPHR, elle a affirmé avoir assisté à la manifestation, car « il est nécessaire que McGill comprenne que nous ne resterons pas les bras croisés pendant que notre Université soutient un génocide ».

« Notre mémoire collective est terriblement courte et nous oublions souvent les atrocités commises au nom de la conquête de territoires »

Des réactions variées à McGill

Cette manifestation n’a toutefois pas fait l’unanimité au sein de la communauté étudiante de McGill. La communauté juive pro-israélienne de McGill a démontré sa solidarité avec Israël, à la suite des 1 400 morts, victimes des attaques du Hamas. À côté du rassemblement, des étudiants présents sur le campus ont débattu avec des petits groupes de manifestants sur la notion de génocide et sur la convenance de certains messages inscrits sur des pancartes. Un des étudiants n’était pas d’accord avec la pancarte inscrivant « Israël est un État d’apartheid », et a ainsi déclaré que « nous existons [la communauté juive, ndlr] depuis 3 000 ans, et nous avons été expulsés d’Israël ». Quelques heures plus tard, Le Délit s’est entretenu avec Julia*, une étudiante juive prenant régulièrement part aux événements de Chabad – une organisation qui offre des dîners de Shabbat, met en place des événements pour les fêtes juives et d’autres activités sociales pour les étudiants juifs de McGill et de Concordia.

Julia nous a fait part de ses inquiétudes quant à la croissance de l’antisémitisme sur le campus et à Montréal depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas. Interrogée sur son sentiment de sécurité sur le campus, Julia a d’abord mentionné : « J’ai récemment commencé à m’habiller plus visiblement comme une femme juive et je porte fièrement mon collier en forme d’étoile de David. Je ne vois aucune raison de cacher mon appartenance à la communauté juive. » Puis, elle nous a fait part d’un événement qui a eu lieu la semaine dernière sur le campus : « Alors que je participais à une table d’information avec Chabad la semaine dernière, la plupart des passants étaient respectueux, mis à part un incident qui m’a choquée ; plusieurs étudiantes portant des keffiehs (foulards traditionels arabes, dont la déclinaison en noir et blanc est utilisée comme symbole national palestinen) se sont subtilement rassemblées autour du stand et ont commencé à prendre des vidéos de nous. Quinze minutes plus tard, un étudiant est passé devant la table et a crié “les Juifs sont dégoûtants, Israël devrait mourir en arabe, puis a commencé à cracher sur nous.»

Selon Julia, l’administration et la sécurité du campus ont ouvert une enquête.

Margaux Thomas | Le Délit

La SPHR condamnée par McGill

Dans un courriel adressé à toute la communauté mcgilloise par le vice-principal exécutif, Christopher Manfredi, le 10 octobre dernier, McGill a annoncé s’être dissociée de la SPRH. L’administration de McGill a condamné des publications faites par la SPHR, considérant que celles-ci célébraient des actions de terreur et de violence, et a révoqué le droit de la SPHR d’utiliser le nom de l’Université. Les participants de la manifestation ont exprimé que cette décision met en évidence la position pro-israélienne de l’Université. SPHR a souligné l’importance
de la liberté d’expression dans le milieu académique, et aussi dans des lieux publics, au sein et hors du campus. Ruby estime qu’« en affirmant que la SPHR soutient le terrorisme, McGill ignore le contexte de violence historique exercée sur les Palestiniens par l’occupation israélienne depuis 75 ans ». Interrogée sur sa réaction face à la réponse de l’Université, Julia a observé que « la déclaration du vice-principal Manfredi était justifiée, et je suis heureuse qu’il ait reconnu qu’elle était nécessaire. Je pense que l’administration doit faire davantage pour responsabiliser les étudiants qui tiennent des propos haineux. »

Contactée par Le Délit pour réagir sur les accusations portées lors de la manifestation, l’Université nous a répondu qu’à l’heure actuelle, « notre priorité porte sur le maintien d’un discours respectueux et sur la préservation du bien-être de notre communauté universitaire ».

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Chaque enfant compte https://www.delitfrancais.com/2023/10/04/chaque-enfant-compte/ Wed, 04 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52608 Une journée d’action pour la vérité et la réconciliation.

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Chaque année, le 30 septembre marque la Journée nationale de la vérité et la réconciliation, un jour férié fédéral au Canada depuis trois ans. Cette journée honore les survivants des pensionnats autochtones, les enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux, ainsi que leurs familles et communautés, afin de commémorer le préjudice intergénérationnel que ces écoles ont causé. Cette année, le Foyer pour femmes autochtones de Montréal ainsi que l’organisation Résilience Montréal ont organisé une marche partant du monument Cartier jusqu’à la place du Canada.

« Nous marcherons ensemble »

Au début de la marche, au pied du Mont Royal, les orateurs se sont succédé au micro pour tenir des discours, entonner des chants traditionnels et partager des témoignages émouvants de plusieurs survivants des pensionnats et de leurs descendants. Beaucoup portaient des chandails oranges, symbolisant les souffrances des peuples autochtones causées par les pensionnats autochtones, et brandissaient des pancartes indiquant « Chaque enfant compte », « Ramenez nos enfants à la maison (tdlr) » ou « Soutien à la Kahnistensera » – le groupe de mères Mohawk qui tente d’arrêter les travaux de forage et d’excavation sur le site que l’Université McGill souhaite réaménager. En passant par la rue Milton où se rassemblent de nombreuses personnes sans-abris, en majorité autochtone, les organisateurs de la marche ont encouragé les participants à donner de la nourriture et des vêtements à ceux qui en avaient besoin.

Victor Bonspille, élu chef du conseil de Kanehsatà:ke, territoire Mohawk, a exprimé lors d’un discours très émouvant, le besoin de se souvenir et d’honorer ces enfants, femmes et hommes perdus à cause du système des pensionnats. Bonspille a abordé la question de la reconnaissance des langues, des croyances et des cultures autochtones. Il a aussi demandé que ne soient pas oublié les traditions, les histoires et le passé, car « dès que nous oublions, nous perdons ». En évoquant directement le gouvernement québécois et canadien, il a déclaré : « Ils ont essayé de nous effacer, par le biais du système des pensionnats, par le biais du système judiciaire, et nous ne partons pas. Nous sommes là depuis des générations et nous n’irons nulle part. » C’est en finissant son discours sur une note d’harmonie et d’unité qu’il a remercié « tout le monde ici, toutes les Premières Nations, tous les non-Autochtones, j’apprécie que vous soyez tous venus et que vous manifestiez votre soutien ».

Margaux Thomas | Le Délit

Résilience autochtone

Lors de la marche, alors que les slogans « Nous sommes résilients pour nos enfants, pour la huitième génération » fusaient, Le Délit s’est entretenu avec David Chapman, directeur exécutif et cofondateur de Résilience Montréal, l’un des groupes ayant organisé la marche. Il s’agit d’un centre de jour pour le bien-être des plus vulnérables et constitue un lieu accueillant et sûr. Les personnes traumatisées des difficultés de la rue y sont honorées, défendues et peuvent accéder à des services qui répondent à leurs besoins. Créé en 2019, ce projet communautaire soutient la population autochtone sans- abri à l’angle des rues Atwater et Sainte Catherine. David Chapman parle des Autochtones comme « la population sans-abri la plus marginalisée ». L’objectif global est de restaurer le bien-être physique, émotionnel, spirituel et psychologique [des individus, ndlr].

« Ils ont essayé de nous effacer, par le biais du système des pensionnats, par le biais du système judiciaire, et nous ne partons pas »



Victor Bonspille,
Chef du conseil du territoire Mohawk Kanehsatà:ke

David Chapman explique qu’il s’agit d’une organisation qui « comble les manques ». Son but premier est d’offrir de l’accessibilité : « Vous pouvez être ivre, vous pouvez avoir un partenaire avec vous, un chien ou un rat de compagnie, personne ne vous posera de questions. » Les travailleurs d’intervention – qui sont pour la plupart des travailleurs autochtones – accueillent les personnes qui franchissent leurs portes et répondent à leurs besoins. Parfois, ils doivent refaire « une pièce d’identité, une carte d’assurance maladie, [ils doivent trouver, ndlr] un moyen de retourner chez eux dans le Nord [territoires autochtones du Nunavik, ndlr], de trouver des billets d’avion, un logement, une place en cure de désintoxication et même de les conduire à l’aéroport à cinq heures du matin », et Résilience Montréal s’en occupe. Ils fournissent également des vêtements, un endroit pour se reposer, l’accès à une douche, à Internet ou au téléphone.

Le problème, c’est que l’organisation manque de moyens financiers : « Certains coûts deviennent astronomiques, lorsque nous dépensons plus de 13 000 dollars canadiens par semaine en nourriture (avec 1 000 repas par jour) et que le loyer [de Résilience Montréal, ndlr] est de 20 000 dollars par mois. » Il est toutefois possible de faire des dons pour aider l’organisation.

La communauté mcgilloise mobilisée

Le 29 septembre dernier, la Faculté d’éducation de McGill s’est également mobilisée, comme chaque année depuis cinq ans, lors d’un petit rassemblement sur le campus pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation et la Journée du chandail orange. La cérémonie a été ouverte avec le discours de l’aîné invité, Ka’nahsohon Kevin Deer, suivi d’un événement interactif intitulé « Visite critique du campus », développé au sein de la Faculté et guidé par des étudiants autochtones en plein air sur le campus. Parmi les initiatives autochtones que l’Université met en place, il y a trois nouveautés cette année dans les ressources humaines, la reconnaissance de l’excellence autochtone et le renforcement des partenariats. Quinze nouveaux professeurs et employés autochtones ont été accueillis à McGill à l’hiver dernier. Trois membres des Premières nations, Inuits et Métis (PNIM) ont été décernés des doctorats honorifiques en mai et juin 2023. Enfin, McGill a créé un premier Comité consultatif autochtone dont la composition comprendra des leaders communautaires et des parties prenantes internes et externes à McGill.

Margaux Thomas | Le Délit

Les Mères Mohawks « trahies »

Deux jours après la marche de commémoration des survivants des pensionnats et de leur descendants, l’Université McGill ainsi que la SQI (Société des Infrastructures du Québec) ont entamé les travaux de construction du Nouveau Vic « dans une zone où les chiens renifleurs ont détecté des restes humains », d’après la représentante des Mères Mohawks lors d’une conférence de presse le lundi 2 octobre 2023. Il semblerait que McGill et la SQI refusent de coopérer en fournissant des informations de base permettant à l’enquête de conserver un minimum de crédibilité, « alors que les artefacts sont malmenés et que les preuves sont niées sans aucune explication », d’après un avis aux médias que les Mères Mohawks ont fourni pendant la conférence de presse. Les Mères Mohawks se sentent trahies, et affirment que malgré tout le soutien reçu il y a seulement deux jours, lors de la marche, « tout le monde s’en fiche, ils portent leurs chandails oranges, mais c’est tout ».

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Le cartel d’Adderall et de Ritalin https://www.delitfrancais.com/2023/09/27/le-cartel-dadderall-et-de-ritalin/ Wed, 27 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52445 Des médicaments pour mieux réussir ses examens?

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S’adapter à la vie universitaire n’est pas toujours facile. Les pressions de performance liées aux études, combinées à une nécessité de travailler pour une grande partie de la nuit, ont rendu l’utilisation de stimulants sur ordonnance tels que l’Adderall plus répandue que jamais. Le plus inquiétant est peut-être le fait que presque tous les étudiants ayant admis avoir utilisé de l’Adderall sans ordonnance ont déclaré avoir reçu ou acheté le médicament de la part d’un pair.

Connu sous d’autres noms commerciaux pharmaceutiques comme Ritalin ou Concerta, l’Adderall fait partie des psychostimulants composé d’amphétamines et de dexamphetamine. Principalement utilisé pour traiter le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et la narcolepsie, l’Adderall est la plupart du temps efficace. Toutefois, il est de plus en plus utilisé sans prescription médicale, avec une augmentation de 67% en six ans aux États-Unis. C’est chez les étudiants que cette augmentation est la plus présente. Une recherche menée par l’Université Johns Hopkins en 2016 a démontré que pour l’ensemble des utilisations non médicales d’Adderall, 60 % concernaient les 18 à 25 ans, soit l’âge moyen des étudiants du cycle supérieur.

Consommation étudiante

Le Délit a rencontré des étudiants à la fois consommateurs et non consommateurs sur le campus McGill – qui ont souhaité rester anonymes – afin de comprendre pourquoi et comment ces étudiants achètent et consomment cette drogue cognitivement amélioratrice. Mina* est une ancienne étudiante de McGill de la promotion de 2022, qui n’a pas consommé de stimulant lors de sa scolarité, mais qui passait des nuits entières à étudier dans les bibliothèques de McGill. C’est ainsi qu’elle s’est rendu compte de l’ampleur de la consommation d’Adderall et d’autres substances. Mina désigne en particulier « le sous-sol de la cyberthèque à Redpath » de même que « le cinquième et le sixième étage de la librairie McLennan » comme étant des lieux propices à l’échange et à la consommation d’Adderall. Avec des gélules qui ressemblent à des médicaments lambdas, les transactions se font sans même devoir se cacher, à la vue potentielle des caméras de surveillance des bibliothèques.

Pour en savoir plus sur l’utilisation des stimulants, Le Délit a rencontré Sophie*, une étudiante en troisième année à McGill qui considère avoir une consommation d’Adderall « très occasionnelle » étant donné qu’elle ne souffre pas de TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec hyper- activité). En discutant avec une de ses amies qui a le TDAH, et après s’être renseignée sur Internet sur les risques pour la santé, elle avoue avoir « un peu foncé tête baissée ».

Sophie note qu’avec le temps passé sur les écrans, soit sur un ordinateur ou sur un téléphone, elle ressent ses capacités de concentration et d’attention plus limitées. C’est pourquoi elle a décidé d’essayer afin de voir à quel point ça impacterait sa capacité de concentration et sa productivité, « mais en me disant que ce serait probablement la première et dernière fois que j’en prenais ». Mais Sophie a décidé d’en reprendre pendant les examens finaux de la session d’automne 2022. Les effets lui ont semblé être immédiats et très utiles : « J’arrivais à rester concentrée pendant quatre heures, comme si j’étais dans une bulle et que rien autour de moi ne m’atteignait. » Puis, pendant la session des examens finaux d’hiver 2023, elle prenait un comprimé par jour en moyenne.

Sophie souligne que sa consommation se limite à la période d’examens finaux, et elle compte bien faire en sorte que ça n’aille pas plus loin : « Je ne veux pas avoir mon diplôme grâce à un médoc. » Son objectif est de diminuer sa consommation pendant la session d’examens qui s’en vient. Toutefois, la consommation régulière d’Adderall ou de Ritalin donne l’impression de ne pas pouvoir performer et être productif sans ces substances, ce qui, pour Sophie, la pousse à en reprendre à chaque fois. Même si Sophie considère que les effets secondaires sont presque inexistants, la consommation de telles substances peut entraîner de la nervosité, de l’agitation et de l’anxiété, qui ont un impact sur les habitudes de sommeil. Les utilisateurs peuvent aussi se plaindre de maux de tête, ainsi que de problèmes de sécheresse de la bouche et de l’estomac.

Pour Sophie, l’utilisation d’Adderall à McGill est définitivement très répandue, les résultats sont immédiats et « boostants », ce qui correspond exactement à ce que les étudiants recherchent. Parce que cette consommation est souvent associée à la triche, Sophie note avoir ressenti du jugement de certaines personnes lorsqu’ils apprennent qu’elle prend des amphétamines lors de ses examens.

Le Délit se dégage de toute incitation à consommer ces substances.

*Noms fictifs

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Le point sur les initiatives autochtones de McGill https://www.delitfrancais.com/2023/09/20/le-point-sur-les-initiatives-autochtones-de-mcgill/ Wed, 20 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52191 Une table ronde avec la vice-principale adjointe Celeste Pedri-Spade.

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À l’approche de la semaine de sensibilisation aux causes autochtones, Le Délit a rencontré la vice-principale adjointe du Bureau des initiatives autochtone, Celeste Pedri-Spade, entrée en poste afin de rassembler les causes autochtones à McGill. Érudite et artiste ojibwé, Pedri-Spade est originaire de la Première Nation du Lac des Mille Lacs, dans le nord-ouest de l’Ontario. Pedri-Spade a complété son doctorat en anthropologie visuelle à l’Université de Victoria et sa maîtrise en culture et communication à l’Université Royal Roads. Ses intérêts de recherche comprennent l’art autochtone et la décolonisation ; le colonialisme de peuplement et l’indigénéité ; la culture visuelle et matérielle autochtone ; la régénération des Anishinabemowin ; et des méthodologies de recherche autochtones créatives. Artiste de textile formée en suivant les pas de sa mère, elle dit avoir obtenu ce nouveau poste académique grâce à l’art. Elle occupe aujourd’hui cette nouvelle position, étant donné que c’est la première fois que McGill instaure un Bureau d’initiatives autochtones.

Quel est l’objectif de son mandat ?

Son mandat vise à répondre aux demandes d’un groupe de travail sur les études et l’éducation autochtone à McGill. En 2017, ce groupe de travail a lancé une série d’appels à l’action, qu’ils jugeaient essentiels au projet de reconnaissance et de réconciliation de McGill avec les peuples autochtones. Le bureau de Pre Pedri-Spade a rassemblé ces 52 objectifs d’action séparés en cinq catégories : recrutement des étudiants, représentation physique, programmes académiques, recherche et universitaires, et renforcement des capacités. Pour Pedri-Spade, ce plan ambitieux exige que tout le monde travaille dans la même direction. La première année de son mandat a pour but de développer une structure d’équipe appropriée pour rassembler et rencontrer les mcgillois en consultant auprès de la communauté universitaire et des partenaires autochtones de l’Université. Étant donné que McGill est une institution « très décentralisée (tdlr) » d’après Pre Petri Spade, une partie du travail consiste à apprendre à connaître et à regrouper les différents interlocuteurs autochtones sur le campus. Cette institutionnalisation va permettre aux plus petites organisations de faire entendre leur voix de manière systématique, et pas seulement sur demande. Ce comité siégera et a pour ambition d’être la référence pour toutes consultations en lien avec les initiatives autochtones.

Pour la Pre Pedri-Spade, il est important de constituer une équipe d’autochtones pour accomplir ce travail. Elle dit s’inspirer en faisant une « analyse comparative avec d’autres universités » puisque cette initiative n’est pas nouvelle au Canada, elle existe déjà à l’Université de Queen’s en Ontario par exemple. C’est également à travers la National Indigenous University Senior Leaders’ Association que Celeste Petri-Spade dit pouvoir échanger – avec des personnes ayant les mêmes responsabilités, mais dans d’autres universités – sur les problèmes similaires et les solutions à apporter. Son but est donc de former une équipe solide avec une structure et une croissance appropriées.

Engagement auprès des étudiants et personnel autochtones

Pre Pedri-Spade note l’importance de l’inclusion et de la représentation des populations autochtones au sein de son institution. Avec ces 52 appels à l’action en tête, l’Université poursuit activement ses efforts pour attirer davantage d’étudiants et de personnel autochtones.

Au cœur de cette initiative se retrouve l’une des cinq catégories d’appel à l’action, « le recrutement et la rétention des étudiants autochtones ». La création de postes dotés d’un mandat spécifique comme celui de Pedri-Spade représente déjà une étape significative pour le bureau dédié à cette cause. Lorsque Celeste Pedri-Spade est entrée en poste, il lui était crucial de clarifier les rôles de chacun en se détachant de la direction associée des Initiatives autochtones, pour créer une « véritable première gestion des personnes ». Néanmoins, elle considère que puisque l’initiative du Succès Autochtone existe depuis 1997, celle-ci demeure un point de ralliement essentiel à l’engagement de l’Université envers ses étudiants autochtones.

« Cette démarche s’appuie sur la reconnaissance du rôle essentiel du mentorat et de l’écoute des expériences des diplômés autochtones, afin de mieux guider et soutenir les étudiants actuels.»

Les efforts n’ont pas uniquement été menés au sein de la faculté des études autochtones, ils se sont étendus au-delà, avec la mise en place d’un soutien dédié aux étudiants autochtones dans chaque faculté et département d’études. Ces initiatives ont également ouvert la voie à des discussions essentielles concernant le soutien financier, notamment pour les étudiants provenant des territoires Haudenosaunee et Anishinaabeg – les terres où se situe l’Université McGill. Cependant, l’engagement ne se limite pas à des incitations financières ; il englobe également d’autres formes de soutien continu, telles que l’accès et l’opportunité, ainsi qu’une évaluation des besoins des étudiants autochtones. De plus, dans le but de favoriser la santé mentale de ces étudiants, un poste de conseiller dédié à les accompagner lors de leur parcours universitaire sera instauré.

L’Université McGill travaille en collaboration avec les communautés locales pour répondre aux 52 appels à l’action, y compris l’engagement envers la dispense des frais de scolarité. Ce processus implique des partenariats avec les autorités éducatives et leurs alumnis pour développer une véritable association avec d’anciens élèves autochtones – initiative qui n’existait pas auparavant. Cette démarche s’appuie sur la reconnaissance du rôle essentiel du mentorat et de l’écoute des expériences des diplômés autochtones, afin de mieux guider et soutenir les étudiants actuels.

Semaine de sensibilisation autochtone

À quelques jours de la semaine de sensibilisation aux autochtones, qui aura lieu du 18 au 30 septembre, Petri-Sade nous a rappelé l’importance des prochains jours, et les défis que son organisation a surmontés. Elle souligne le rôle essentiel de cette semaine en ce qui a trait à la visibilité accordée au Bureau des affaires autochtones, ainsi que l’importance de la collaboration inter-faculté, pouvant donner accès à des partenariats potentiellement pérennes. La semaine autochtone a un programme ambitieux, mais est, selon elle, un bon moyen d’entrée pour en savoir plus sur l’érudition autochtone et leur enseignements : « C’est vraiment un hommage à la souveraineté des connaissances autochtones. » Favorisant la collaboration entre les facultés, un panel de trois femmes autochtones est prévu – organisé par la Faculté de Droit – sur l’éducation et la responsabilité dans le contexte de la violence systémique dans les soins de santé.

Après avoir parlé de sujets comme le racisme et la discrimination vécus par les communautés autochtones dans le domaine des soins de santé, il y aura le 22e Pow Wow annuel de McGill – une manifestation festive célébrant l’héritage culturel des danses et chants autochtones. Il y aura également des ateliers sur la chasse de lapins et la fabrication de bijoux en peau de poisson, une projection de film, et même un spectacle humoristique. Pre Pedri-Spade a souligné l’organisation de scènes d’humour autochtone, et de leur importance au cœur du processus de guérison des peuples et de la connaissance : il est bien plus agréable selon elle de se réunir autour d’autres formes d’expressions et de savoirs autochtones, moins ciblés et moins sérieux.

Un calendrier des activités est disponible pour en savoir plus sur les dates, les lieux et l’inscription à un événement qui vous intéresse lors de la semaine de sensibilisation aux autochtones.

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À la découverte des échanges universitaires https://www.delitfrancais.com/2023/09/13/a-la-decouverte-des-echanges-universitaires/ Wed, 13 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52040 Réflexions sur les opportunités à l’étranger.

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Le Délit a rencontré deux étudiant·e·s de McGill, Pierre et India, pour qu’ils·elles nous racontent leur expérience sur les échanges à l’étranger dans l’une de nos universités partenaires. Pierre est un ancien étudiant de la promotion de 2022 ayant fait un échange avec l’Université de Hong Kong lors de son baccalauréat en sciences politiques et de développement international. India étudie en sciences politiques et en étude du Moyen-Orient et du monde islamique, et elle a récemment été acceptée pour étudier à l’Université de Bogazici en Turquie au semestre d’hiver prochain.

McGill propose trois types d’opportunités à l’étranger : l’étude de terrain, le stage et les cours. C’est sur ce dernier que nous allons nous concentrer. Les échanges universitaires sont proposés dans cinq régions différentes ; les Amériques, l’Asie, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Océanie avec plus de 150 universités dans 39 pays.

Un processus d’entrée accessible, mais complexe

Afin de trouver le menu des universités disponibles pour les échanges, les étudiant·e·s doivent aller sur la page « Étudiant » du logiciel Minerva, puis sur « Menu Dossier des étudiants » ainsi que « Programme d’échanges/études à l’étranger » – un chemin périlleux. Il leur faut ensuite inscrire leurs quatre choix d’universités parmi lesquels les étudiant·e·s peuvent postuler et c’est selon l’ordre des préférences inscrites qu’il·elle·s seront sélectionné·e·s. Les demandes se font généralement six mois avant le début du semestre d’échange, ce qui laisse du temps pour préparer le départ. Pour le semestre d’automne 2024, les demandes se font du 5 décembre au 15 janvier 2024.

Cependant, pour beaucoup d’étudiant·e·s, le processus de sélection est relativement embêtant et compliqué à comprendre, avec un système d’équivalence de cours étrangers et un système de loterie. Ce programme nécessite aussi une moyenne pondérée cumulative (GPA) minimum de 3.0. Pour India, malgré l’existence de conseiller·ère·s disponibles pour répondre à ses questions, elle se sent « vraiment laissée toute seule » face à la planification de son diplôme, qui s’est complexifié lorsqu’elle a choisi de faire un échange. Ces inquiétudes concernent principalement l’équivalence entre les cours à McGill et ceux proposés lors de l’échange. De fait, India estime étrange de devoir trouver des cours similaires à ceux de McGill, alors que le principe même d’aller en échange est de découvrir des cours qui n’existent pas forcément à McGill. Or, ne pas trouver d’équivalence de cours lors de cet échange pourrait nécessiter un semestre supplémentaire à son retour d’échange, afin de finaliser son diplôme et compléter ses crédits manquants.

Aubaine pour certain·e·s

Même si le coût des billets d’avion vers l’autre bout du monde peut en décourager certains, les frais de scolarité des universités partenaires sont les mêmes que ceux de McGill, ce qui, pour Pierre – étudiant payant les frais de résident canadien hors Québec – était « un gros avantage », sans lequel il n’aurait pu étudier à l’Université de Hong Kong. Pour India, qui a également demandé un échange dans l’Université de Californie à Los Angeles (University of California Los Angeles, UCLA), « c’est financièrement une super opportunité » de pouvoir faire des échanges avec des universités comme UCLA, qui coûtent habituellement très chères – aux alentours de 47 000 dollars américains pour une année académique de neuf mois. En comparaison, pour une étudiante comme India payant les frais canadiens non québécois de 11 426,28 dollars canadiens pour une année à McGill, c’est avantageux. Toutefois, McGill prévient sur les frais d’hébergement, de nourriture, de transport local, le coût du passeport et des visas, des livres et fournitures, et des fonds d’urgence en cas de besoin. Le programme d’échange de McGill offre également des opportunités de financement comme des bourses et des prix comme le MIEA (McGill International Experience Award) afin d’aider les étudiant·e·s. Mais encore une fois, ces bourses sont majoritairement distribuées en fonction des notes, et sont ainsi moins accessibles aux étudiant·e·s les plus précaires.

« C’est financièrement une super opportunité de pouvoir faire des échanges avec des universités comme UCLA qui coûtent habituellement très chères »


India, étudiante à McGill

Opportunité unique, qui a pourtant ses défauts

Au-delà des finances, ces échanges sont des opportunités incroyables, à la fois pour Pierre et pour India. La vie de Pierre à Hong Kong était similaire à la première année à McGill, où tout le monde se mélange et où « pour rencontrer des gens, tu n’as pas le choix, tu dois aller vers eux ». De plus, pour certain·e·s comme Pierre, faire un échange dans une université prestigieuse comme celle de Hong Kong est « une belle ligne sur le CV ». Toutefois, c’est évidemment le lieu de cet échange qui lui importait. Vivre en Asie pendant six mois lui ouvre des portes pour ses études de commerce international. Suivant une question sur la facilité d’intégration, Pierre précise que Hong Kong est « assez spécial » en termes de culture, mais que McGill offre la possibilité d’aller dans des régions moins lointaines du Canada, qui ont par exemple comme langue nationale officielle l’anglais, facilitant les rencontres pour un·e étudiant·e anglophone.

Sachant qu’India étudie le Moyen-Orient et le monde islamique, elle considère que « partir à l’étranger dans le cadre d’études qui te plaisent et en plus dans une région logique par rapport à ce que tu étudies » est une opportunité qui a énormément de sens. Sélectionnée pour aller en Turquie, India a choisi « un endroit central à toute l’histoire et la politique du Moyen-Orient ». De plus, en termes d’expérience de vie, « se dire “je déménage pour quatre mois toute seule où je ne connais personne”, c’est aussi un défi que je trouve génial ». D’autant plus que les cours suivis dans les universités partenaires sont automatiquement classifiés en option S/U, ce qui selon India, permet de prioritiser l’expérience de découverte en ayant moins de pression que lorsqu’on étudie à McGill.

« Proposer uniquement deux destinations au Moyen-Orient [dont] l’Israël et la Turquie, et aucune en Afrique, est […] dommage »


India, étudiante à McGill

Toutefois, pour une université comme McGill qui a un institut renommé du Moyen-Orient et du Monde Islamique, proposer uniquement deux destinations au Moyen-Orient, soit Israël et la Turquie, et aucune en Afrique, est selon India « dommage ». McGill se défend en précisant qu’il s’agit d’une question de sécurité, étant donné qu’il est conseillé pour certaines destinations d’« éviter les voyages non essentiels » ou d’« éviter tous les voyages ». En discutant de ces restrictions, India a noté que ce n’est pas toujours le cas dans d’autres universités montréalaises, comme Concordia, où sont proposés des échanges dans des universités en Égypte, par exemple. Elle dit ne pas comprendre pourquoi McGill, qui est une université soi-disant « ouverte d’esprit », priorise des destinations occidentales. Le fait que McGill ne mette pas en avant les connaissances et les universités du Moyen-Orient et de l’Afrique est selon elle « comme si les universités là bas n’étaient pas assez bonnes pour (McGill, ndlr) ». Au contraire, India trouve que ce qui donne du sens aux études et au parcours professionnel ou scolaire, c’est de partir dans un nouvel endroit avec de nouvelles cultures, et de ne pas forcément se retrouver dans un cadre anglophone. Ce qui a poussé India a choisir la Turquie c’est justement cette quête de dépaysement du Canada, ce désir de découvrir autre chose.

Pour plus d’information, visitez le site d’échanges de McGill ou contactez des conseillers du Bureau des échanges internationaux.

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Dilemme : CV, économies ou plaisir? https://www.delitfrancais.com/2023/08/30/dilemme-cv-economies-ou-plaisir/ Wed, 30 Aug 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51791 Que font les étudiants de McGill pendant leur été?

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Pour certains, l’été est synonyme de vacances, pour d’autres, il signifie plutôt une période propice pour gagner de l’argent ou améliorer son CV.

Le Délit s’est entretenu avec trois étudiant·e·s de McGill sur leurs projets d’été 2023. Détente, travail ou stage, pour eux, c’est un vrai dilemme. Parmi les doutes, les « que vais-je faire cet été? », la pression des annonces LinkedIn et les peurs de ne pas réussir à payer ses études, son loyer ou encore ses propres vacances, les étudiant·e·s doivent faire des choix.

Gagne-pain

Étant donné qu’en première, deuxième ou troisième année de baccalauréat à McGill, les étudiant·e·s n’ont généralement pas assez d’expérience ni de qualifications pour être rémunéré·e·s en travaillant dans le domaine lié à leurs études, il leur faut se rabattre sur un emploi alimentaire. Les étudiant·e·s travaillent majoritairement dans le domaine des services et commerces comme les cafés, restaurants ou encore les supérettes. Le Délit a passé une entrevue avec Morgane, une étudiante de McGill travaillant dans une crêperie de Montréal pendant l’été. Elle dit être rémunérée d’un salaire horaire de 12,20 dollars et précise que l’obtention des pourboires font, selon elle, la majorité de son salaire.

Ce genre de salaire est considéré comme étant une bonne rémunération pour un emploi dans la restauration. Il permet à l’étudiant·e de payer l’épicerie, ses loisirs et déplacements, mais il n’est malheureusement pas suffisant pour payer les plus gros frais comme le loyer. En outre, ce dernier est une charge en hausse de 3% à 4% en 2023 au Québec. Le salaire minimum nécessaire pour une personne vivant seule au Québec est d’environ 27 948 dollars canadiens par an à Montréal. Mais, en plus de devoir surveiller leurs dépenses et respecter un budget, les étudiant·e·s doivent penser à leurs frais de scolarité – qui représentent, eux aussi, une facture assez salée.

Lors d’une entrevue avec Mason, étudiant en psychologie, sciences du comportement et environnement à McGill, la question du plaisir à été mise en avant. Souhaitant combiner plaisir et travail, Mason a choisi de travailler pour le service des parcs de sa ville natale, Whitehorse, dans le Yukon. Mason dit vouloir faire ce travail d’été « parce qu’en plus d’être thérapeutique, il me rend heureux et il paie bien (tdlr) ».

Pour Mason, « la priorité numéro un est d’économiser suffisamment d’argent pour passer l’année universitaire sans avoir à contracter de prêts ». Une année scolaire de baccalauréat pour un étudiant de nationalité canadienne mais non québécois revient à la somme conséquente de 11 426,28 dollars canadiens. Pour Mason, le Territoire du Yukon, le gouvernement du Canada ainsi que sa banque parentale lui offrent une aide financière. Afin de s’organiser, il fait un budget chaque été, dans lequel il tient compte de ses revenus et dépenses prévus pendant l’été et pendant l’année universitaire. Cela lui donne une idée de sa marge de manœuvre financière et lui permet de savoir s’il aura besoin d’un travail à temps partiel pendant l’année scolaire. Malgré cette organisation calculée, son été « serait nul si je ne sortais pas pour quelques voyages de camping ou si je ne me permettais pas une petite bière de temps en temps ». Mason conclut qu’évidemment, ce serait bien de voyager tout l’été ou de faire du bénévolat, « mais ce ne sont pas des options réalistes étant donné que mon objectif principal est d’obtenir un diplôme, pas des dettes ».

« Mon objectif principal est d’obtenir un diplôme, pas des dettes »


Mason, étudiant à McGill

Expérience professionnelle

Au-delà du besoin vital de recevoir un salaire, certains étudiant·e·s cherchent à faire un stage dans le domaine de leurs études afin d’acquérir de l’expérience et d’améliorer leur CV. Et pour cause : en sortant de l’université, les dossiers des étudiant·e·s ayant fait un stage pendant leur cursus sont généralement mis en avant. Benjamin, un étudiant de McGill entrant en troisième année, a échangé avec Le Délit sur ses incitations et motivations. Stagiaire dans un centre de recherche de sciences politiques à Bordeaux, l’idée de faire un stage n’était pas forcément une évidence, mais plutôt une pression. Il explique : « On est dans une période de notre vie où il faut expérimenter. » Ne sachant pas quel métier il souhaite exercer plus tard – comme la grande majorité des jeunes de vingt ans –Benjamin a pour but d’explorer, de découvrir « pour voir si la recherche en sciences politiques serait quelque chose qui pourrait l’intéresser ». Toutefois, Benjamin se garde deux mois de vacances après son stage rémunéré.

Cette pression dont Benjamin parle, est la même que celle qu’a ressenti Hugo, étudiant stagiaire journaliste chez Écran du Monde à Bordeaux. Elle ne provient pas – malgré ce que l’on a tendance à penser – de la famille, mais plutôt d’une exigence vis-à-vis de soi-même et d’une compétition intra-étudiante. Pour beaucoup, le réseau se construit grâce à LinkedIn, et ses dizaines de publications par jour décrivant en détails les bienfaits de chaque expérience professionnelle. Dans ces publications, on retrouve sans cesse des phrases comme : « Je suis extrêmement reconnaissant·e d’avoir pu contribuer et apprendre… » Ces stages doivent tout de même être à la hauteur, car, pour Hugo, il ne s’agit pas d’accepter un stage quelconque, mais de réellement trouver quelque chose de pertinent, d’autant plus s’il n’est pas rémunéré.

Outre l’académique

Pour d’autres, qui ont décidé de mettre leur CV de côté pour un été, une culpabilité de ne rien faire se crée. C’est le cas de Sophie, une étudiante qui entame sa quatrième année à McGill. Elle a vécu, comme beaucoup d’étudiant·e·s, les exigences de mettre en avant sa carrière professionnelle dès le jeune âge de 18 ans, sans même encore savoir vers quoi se dirigerait cette carrière. Pourtant, elle a décidé d’aller voir « le monde réel pour contraster avec ses études très théoriques » en sciences environnementales. Ne souhaitant pas rester deux à quatre mois assise à un bureau pour passer sa journée « à faire des photocopies » lors d’un soi-disant stage, elle a choisi de travailler dans des cadres différents, en étant nourrie et logée, et d’apprendre quelque chose de manuel, ce qu’elle nomme « vrai ». Elle postule donc dans des endroits insolites, comme une auberge qui propose des camps de surf au nord de l’Espagne, pour des périodes plus courtes. Cela lui permet de voyager, un sac à dos sur les épaules.

« Pourtant, elle a décidé d’aller voir ‘‘le monde réel pour contraster avec ses études très théoriques’’ en sciences environnementales »

Reste-t-il un dilemme : CV ou plaisir? Quand, pour certain·e·s, le choix est radical, d’autres se culpabilisent de leur choix, parce qu’en faisant un choix, ils mettent de côté un rêve ou une opportunité de carrière. Dans tous les cas, peu importe comment les étudiant·e·s auront choisi de passer leur été, il·elle·s seront tous·tes de retour en salle de classe début septembre.

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Viagra, 25 ans d’érections https://www.delitfrancais.com/2023/04/05/viagra-25-ans-derections/ Wed, 05 Apr 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51600 Un regard sur l’importance de la performance sexuelle masculine.

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Le 27 mars 2023, la pilule bleue, aussi appelée Viagra, a fêté ses 25 ans. Cette pilule en forme de losange est petite, mais elle a pourtant une drôle d’histoire. Tout commence en 1998, lorsque des chercheurs du laboratoire américain Pfizer développent une pilule pour traiter les maladies cardiaques comme l’hypertension, grâce à une molécule appelée citrate de sildénafil, qui au lieu d’augmenter la circulation sanguine vers le cœur, l’augmente vers le pénis. Cette erreur a finalement été bénéfique pour des milliers de personnes.

Bénédiction scientifique…

En ce qui concerne son mécanisme d’action sur les dysfonctionnements érectiles, la molécule de sildénafil relaxe le muscle lisse du pénis et augmente ainsi l’influx de sang dans le corps caverneux, permettant au sang d’arriver plus rapidement et d’ainsi obtenir une érection plus forte. Néanmoins, le Viagra ne traite pas le désir sexuel, les problèmes d’éjaculation ou les difficultés de couple. À 15 dollars l’unité à sa sortie sur le marché, le prix a gonflé à plus de 50 dollars jusqu’en 2017, où une version générique est arrivée, faisant chuter le prix à environ un dollar le cachet. Son concurrent, le Cialis, sorti en 2011, est un médicament à base de molécule de tadalafil, qui a relativement les mêmes fonctions, favorisant la circulation sanguine dans le pénis.

Cette pilule est cependant associée à des risques, notamment sur ses effets secondaires et sa potentielle influence sur la maladie d’Alzheimer. La dose habituellement recommandée est de 50 mg, à prendre approximativement 30 minutes à une heure avant l’activité sexuelle. Le médicament peut toutefois être pris de quatre heures à 30 minutes avant l’activité sexuelle, étant donné qu’il y a un temps moyen de 27 minutes avant d’agir. Selon l’efficacité du médicament et ses effets secondaires, la dose peut être augmentée jusqu’à 100 mg, ou diminuée jusqu’à 25 mg. Néanmoins, ces pilules ont un désavantage; les effets secondaires associés au sildénafil et au tadalafil incluent des migraines, maux de tête, des rougeurs au visage, une irritation ou congestion du nez, des problèmes de digestion, des étourdissements ou encore une modification temporaire de la perception des couleurs, encore plus si la prise du médicament est combinée à une consommation d’alcool ou de drogue. Cependant, l’utilisation du Viagra est en hausse pour les personnes consommant des drogues dures, afin de contrer les effets néfastes des drogues sur la fonction érectile, comme la cocaine, la MDMA ou le cannabis. Les consommateur·rice·s voient le médicament comme une solution pharmaceutique simple au défi de maintenir une érection, tout en utilisant des drogues.

…ou tabous de performance?

Depuis la mise sur le marché du Viagra aux États-Unis – qui a connu un succès immédiat – 65 millions d’ordonnances ont été prescrites dans le monde. Les utilisateur·rice·s se sont jeté·e·s sur le produit dans l’espoir de démultiplier leurs performances, de faire durer leur plaisir et celui de leurs partenaires. Pour certains, l’utilisation du Viagra est synonyme de solution facile permettant de libérer la libido des individus ayant un appareil génital masculin. Toutefois, une aussi grande popularité pour la pilule bleue pourrait être symptôme d’une société qui s’accroche à la performance. La dysfonction érectile est également appelée « impuissance sexuelle » par certains – focalisant le plaisir sexuel autour d’une pénétration par un pénis. Cette pression liée aux prouesses sexuelles touche majoritairement les hommes.

Le Délit a rencontré Martin*, un jeune homme de 23 ans, pour discuter de la pression associée à l’érection masculine lors des relations sexuelles. En questionnant Martin sur cette pression, il répond avec certitude que l’anxiété et l’appréhension s’appliquent à la fois à l’érection et à la performance lors de l’expérience globale. De façon générale, la pénétration – et donc l’érection – est perçue comme la source principale de plaisir sexuel. Pour Martin, « avoir une érection n’est pas non plus la seule manière de se procurer du plaisir, mais c’est primordial ». Ce qui est projeté dans les médias et dans l’opinion sociale, c’est que le plaisir sexuel est basé sur la pénétration d’un pénis dans un vagin. De manière très crue, « il y a cette idée que – même si on sait que c’est pas la seule source de plaisir chez les femmes – ton pénis doit faire plaisir à tes partenaires sexuel·le·s· » explique Martin.

Il est déconseillé d’utiliser le Viagra chez les jeunes hommes qui ne présentent pas de problèmes d’érection, et pourtant, beaucoup de jeunes comme Martin pensent que le médicament permet d’avoir une érection plus dure et plus longue. Pfizer, l’entreprise qui produit le Viagra, a confirmé que l’âge moyen d’un utilisateur typique de ce médicament est de 53 ans, sachant que la société ne détient pas de registre pour les utilisateurs de moins de 33 ans, vu qu’ils n’expérimentent généralement pas de dysfonction érectile. Martin affirme ne pas avoir discuté de l’utilisation du Viagra avec ses amis proches, parce que « chez les hommes en général, c’est un peu tabou. C’est vu comme une forme de faiblesse de devoir recourir à cette pilule plutôt que de naturellement bander ». Si l’effet placebo du médicament peut faire monter la tension sexuelle des utilisateur·rice·s, le fait de devoir prévoir à l’avance ses rapports sexuels enlève l’aspect authentique et fougueux de ces derniers.

« Chez les hommes en général, c’est un peu tabou. C’est vu comme une forme de faiblesse de devoir recourir au Viagra plutôt que de naturellement bander »

Martin*

Et pourquoi pas une pilule rose?

Le révolution sexuelle et médicale a pendant longtemps négligé les femmes souffrant de dysfonctionnements et de perte de libido, comme la sécheresse vaginale due à la ménopause, qui peut causer des douleurs pendant les rapports sexuels. Le Vyleesi, ce nouveau médicament améliorant la libido des femmes, est considéré comme le «Viagra féminin ». Ce produit, destiné aux femmes pré-ménopausées souffrant d’un faible désir sexuel, a été approuvé en 2019 par l’Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). Cependant, il est question de son efficacité réelle ainsi que des préoccupations de santé qui y sont associées. Cette innovation a été considérée comme une avancée majeure pour la santé sexuelle des femmes alors qu’un manque d’intérêt régulier et persistant pour l’activité sexuelle touche entre 6% et 10% des femmes en âge de procréer aux États-Unis. Cependant, la pilule rose a également ravivé le débat sur le rôle des médicaments dans des questions aussi complexes que le désir sexuel et la libido. Le médicament vise à réduire l’anxiété et à améliorer le désir sexuel en contrôlant les niveaux de deux neurotransmetteurs : la présence de dopamine et la libération de sérotonine, souvent appelée « l’hormone du bonheur ». Le nouveau médicament Vyleesi sera en concurrence directe avec l’Addyi, vendu par Sprout Pharmaceuticals, qui est pris sous forme de pilule quotidienne et a été approuvé par la FDA en 2015. Les utilisateur·rice·s d’Addyi affirment vouloir des effets secondaires plus doux et une action plus rapide, car la nausée a été signalée chez 40 % des sujets, souvent dans l’heure suivant l’injection de la dose, impactant ainsi le rapport sexuel.

Si le Vyleesi et l’Addyi sont surnommés « Viagra féminin », leur mécanisme est bien différent étant donné qu’il agit directement sur le cerveau. Même si certain·e·s des utilisateur·rice·s retrouvent plus de désir grâce à l’activation de neurotransmetteurs, les scientifiques avertissent qu’il ne faut pas s’attendre à un miracle et que son efficacité n’égale en aucun cas celle du Viagra.

*Nom fictif

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Biden approuve un projet pétrolier en Alaska https://www.delitfrancais.com/2023/03/22/biden-approuve-un-projet-petrolier-en-alaska/ Wed, 22 Mar 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51338 Projet Willow : extraire du pétrole pour $8 milliards de bénéfices, mais à quel coût?

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Lundi 13 mars dernier, l’administration Biden approuvait le lancement du projet Willow – la construction d’un champ de forage pétrolier en Alaska qui rapportera $8 milliards en revenus aux États-Unis. Ce projet, présenté par le géant ConocoPhillips, éveille la colère des défenseurs de l’environnement, qui avaient pourtant critiqué ses conséquences néfastes. Le Délit a rencontré le professeur d’économie et maître de conférence Moshe Lander, ainsi que plusieurs membres de l’organisation du chapitre Greenpeace de McGill.

Pourquoi ce projet pétrolier?

Le projet de forage pétrolier aura lieu dans la réserve nationale de pétrole située dans le nord-ouest de l’Alaska, sur des terres extrêmement riches en hydrocarbures appartenant à l’État américain. ConocoPhillips – l’une des plus grandes sociétés pétrolières et gazières au monde – découvre et développe les vastes ressources pétrolières du versant nord de l’Alaska depuis 1965, et le projet Willow dans la partie nord-est de la réserve nationale de pétrole de l’Alaska (NPR‑A) est le projet de développement majeur le plus récent de la société.

Le Délit a rencontré le professeur et maître de conférence en économie à l’Université Concordia Moshe Lander pour discuter des avantages d’un tel projet pétrolier pour les États-Unis, et plus particulièrement pour l’état d’Alaska. Le professeur insiste sur la rareté de ce genre de projet. Avoir accès à un aussi grand puits de pétrole aujourd’hui est « surprenant voir inhabituel (tdlr) ». Grâce à des avancées technologiques, ce qui était auparavant soit impossible, soit trop coûteux, est désormais viable. Pour les États-Unis, ce projet permettrait d’accroître leur sécurité et leur indépendance énergétique face à d’autres régimes qui alimentent la pétro-économie.

Avec le projet Willow, ConocoPhillips permettra la production de 180 000 barils de pétrole par jour sur une période d’environ 30 ans. Cette quantité de production correspond à environ 1,5% de la production américaine totale. Au niveau légal, l’administration Biden était dans l’incapacité de refuser ce projet, sachant que ConocoPhillips détient le droit de forer. Une annulation de ses baux entraînerait un procès qui coûterait des millions de dollars au gouvernement et aurait peu de chances de succès pour arrêter le forage pétrolier. L’administration Biden a alors conclu un accord avec la société pétrolière afin de réduire la superficie totale du projet Willow de 60%.

Malgré les idées préconçues, le professeur Lander définit l’Alaska comme l’un des États les plus riches, au vu de sa richesse en hydrocarbures et en ressources naturelles « alors que presque personne n’y vit ». Les partisans de Willow y voient ainsi une source de revenus, d’emplois, ainsi qu’un pas de plus vers l’indépendance énergétique des États-Unis. D’après le professeur, « l’Alaska est l’un de ces endroits où tout le monde aimerait faire une croisière, mais où personne ne voudrait vivre ». Le projet Willow a pour but de protéger l’existence de l’État, même si cela inclut puiser dans ses fonds jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Il s’agit également d’une question géo-politique de sécurité nationale, alors que la Russie est un voisin proche des terres d’Alaska. Professeur Lander mentionne la sécurité nationale canadienne, qui est aussi en jeu : « Vous avez besoin de gens qui vivent là-bas, sinon n’importe quelle superpuissance peut y entrer avec désinvolture et planter un drapeau. » Les reproches sur la flambée des prix de l’essence survenue après l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont potentiellement influencé la décision d’approbation du projet de la part de l’administration Biden. Néanmoins, ce projet a plus à offrir que de simplement générer 2 700 emplois et des recettes fiscales : il crée une sécurité à long terme.

« Si vous dites aux gens que pour prendre soin de l’environnement, il faut fixer le prix du pétrole en conséquence, vous constaterez rapidement que les gens ne se soucient plus tellement de l’environnement »


Professeur Moshe Lander

Interrogé sur les alternatives de production énergétique accessibles en Alaska, le professeur Lander répond que le pétrole reste la solution la plus simple. La production d’énergie solaire serait trop compliquée à conserver et à transporter à travers l’océan Pacifique et les terres autochtones de la Colombie- Britannique. Quand bien même les États-Unis seraient capables de construire des lignes électriques vers le centre du continent, le coût serait aujourd’hui si prohibitif qu’il annulerait tout avantage de six mois d’ensoleillement continu en été. De plus, ConocoPhillips a déjà accès au Trans-Alaska Pipeline System (TAPS), un oléoduc de pétrole brut de 800 miles du versant nord de l’Alaska à une marine terminale située au port libre de glace de Valdes, en Alaska. Le pétrole coûte ainsi bien moins cher que l’énergie solaire, rien qu’en ce qui concerne le transport.

Sur la page « Développement durable » du site internet de ConocoPhillips est inscrit un engagement varié pour un « développement écologiquement et socialement responsable » incluant la reconnaissance des organismes de réglementation et des communautés locales afin d’atténuer les impacts potentiels liés aux émissions atmosphériques, aux perturbations de surface, à l’utilisation de l’eau, à la faune et à la vie humaine. Le professeur Moshe Lander parle de la règle générale pour les entreprises pétrolières de restituer la masse terrestre telle qu’elle a été trouvée avant son exploitation – malgré la grande possibilité de créer des catastrophes environnementales. Respecter l’environnement pendant la période de forage n’est pas nécessairement le défi majeur, ce qui pose problème est le sous-produit de ce qui est rejeté dans l’atmosphère – les émissions de CO2. Moshe Lander pense également que ConocoPhillips – en tant que compagnie internationale – a une réputation à tenir, et se montrera ainsi responsable des conséquences de ce projet, sans manquer de respecter ses obligations. Pour l’économiste, le réel problème pour beaucoup de gouvernements – que ce soit avec Biden ou Trudeau – est l’aspect financier : « Quand nous appelons les citoyens et leur demandons « Vous souciez-vous de l’environnement? », inévitablement la réponse est oui. Cependant si vous dites aux gens que pour prendre soin de l’environnement, nous devons fixer le prix du pétrole et de ses sous-produits en conséquence, vous constaterez rapidement que les gens ne se soucient plus tellement de l’environnement. »

« Ce projet a plus à offrir que de simplement générer 2 700 emplois et des recettes fiscales, il crée une sécurité à long terme »

L’exploitation pétrolière au détriment de l’environnement

En arrivant au pouvoir, le président Joe Biden avait fait la promesse de ne pas autoriser de nouveaux projets de forages pétroliers et gaziers sur les territoires fédéraux, dans le cadre de son grand plan d’énergie verte. Toutefois, le professeur Moshe Lander confirme que les promesses des politiciens doivent être prises à la légère, et que les États-Unis ne peuvent se permettre de refuser un projet qui rapporterait des milliards de dollars simplement pour tenir une promesse. Interrogée par Le Délit, une des représentants de l’organisation Greenpeace McGill nous parle d’une « trahison » de la part du président Biden. Malgré la pression politique subie par l’administration Biden pour approuver ce projet, la réalité environnementale ne change pas. Y a‑t-il de la place dans le budget carbone américain pour ce type de mégaprojets?

Pour Greenpeace McGill, ces données sont préoccupantes, car cela rendrait la crise climatique encore plus difficile à atténuer. Cela créerait également un dangereux précédent quant à la manière dont le gouvernement américain fera avancer les projets liés au pétrole. Lorsque nous leur avons demandé ce qu’ils ressentaient vis-à-vis du projet Willow, beaucoup de membres de Greenpeace McGill ont exprimé un sentiment général de tristesse et de désespoir face à cette décision : « C’est frustrant de voir non seulement un manque d’action positive de la part du gouvernement, mais une prise de décision directement négative à la place. »

Jade Lê | Le Délit

Concernant les mesures prises et l’impact environnemental du projet, l’administration Biden a également déclaré qu’elle prévoyait envisager des protections supplémentaires pour les 5,3 millions d’hectares de la réserve pétrolière, qui sont désignées comme zones spéciales pour leur valeur faunique. Toutefois, les détails de ces « protections » ne sont pas clairs.

D’après Greenpeace McGill, l’accueil est mitigé quant aux retombées sur les communautés autochtones. Certains disent que cela pourrait créer plus d’opportunités économiques pour les habitants du Nord, tandis que d’autres s’inquiètent de l’impact environnemental. Des groupes environnementaux et des représentants de groupes autochtones ont d’ailleurs annoncé mardi le 15 mars vouloir poursuivre en justice l’administration Biden pour leur autorisation du projet. Le procès, intenté par Trustees for Alaska au nom d’une coalition de groupes environnementaux et autochtones comme Environment America ou encore the Northern Alaska Environmental Center a demandé au tribunal de district américain de l’Alaska d’annuler l’approbation, parce que le gouvernement fédéral n’aurait pas pris en compte les risques climatiques indirects et directs du projet, y compris les dommages à la faune, tels que la chasse des ours polaires et de subsistance. Les groupes ont affirmé que l’approbation de Willow par le Bureau de Gestion des Territoires violait les dispositions de la Naval Petroleum Reserves Production Act, de la Alaska National Interest Lands Conservation Act, du droit procédural ainsi que d’autres lois fédérales.

« Sur environ 30 ans, ce projet émettra un total de 239 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de 64 centrales au charbon durant une année »

Enfin, questionnés sur le rôle et la capacité d’action de Greenpeace et des étudiants mcgillois, les représentants de l’organisation insistent sur le pouvoir de l’éducation : « Face à des décisions aussi importantes, nous pensons que l’une des choses les plus importantes que nous puissions faire est de nous éduquer, puis d’éduquer le plus de gens possible. Plus les gens connaissent et s’intéressent à cette question, plus nous gagnons en pouvoir en tant qu’organe électif, ce qui est l’un des principaux moyens d’influencer les décisions gouvernementales. » Pour eux, il est nécessaire de rendre public leur mécontentement. Selon une étudiante en deuxième année en environnement à McGill, les zones de forage sont situées dans des territoires très sensibles écologiquement : « Y’a pas photo : c’est un projet qui va polluer. » L’étudiante nous explique que l’impact environnemental de Willow va être d’autant plus dramatique puisqu’il se situe à l’intérieur du cercle arctique et que son écosystème est déjà extrêmement vulnérable. Malheureusement, la majorité des gouvernements comme les États-Unis sont encore très dépendants du pétrole, et les solutions renouvelables sont loin d’être parfaites.

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Les mcgillois sauvent des vies https://www.delitfrancais.com/2023/03/15/les-mcgillois-sauvent-des-vies/ Wed, 15 Mar 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=51237 Une collecte de sang sur le campus.

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Le lundi 6 mars dernier se déroulait la première collecte de sang organisée par trois organisations mcgilloises : la Société d’étudiants de médecine (MSS), l’Association étudiante de dons de sang de McGill (MSBDA) et le Club AÉUM MedLife McGill.

Préparatifs et organisation

Les étudiants de McGill ont organisé cette collecte en collaboration avec Héma-Québec – le service partenaire stratégique au service du système de santé québécois – qui a pour mission d’organiser et de récolter les donations de sang et autres produits biologiques d’origine humaine, comme le plasma par exemple. Le Délit a rencontré Natasha Odessa Grimard, étudiante en médecine et membre du Comité de santé mondiale au sein de l’Association étudiante de dons de sang de McGill. Natasha note une envie grandissante depuis quelques années de la part de ces groupes d’organiser une collecte au sein même du campus. Étant donné les difficultés liées à l’organisation et au lancement d’une telle campagne de don de sang, les trois différents groupes ont décidé en septembre dernier de s’allier pour préparer ensemble cette collecte de sang, en partenariat avec Héma-Québec. Natacha a résumé : « Ça avait plus de sens de le faire ensemble. »

Depuis septembre 2022, les démarches avaient débuté afin de contacter Héma-Québec, et de se mettre d’accord sur les effectifs, et les besoins requis par cet événement, mais plusieurs difficultés avaient ralenti l’organisation. Un des principaux problèmes fut de trouver un lieu sur le campus pour accueillir les donneur·se·s.

Le lancement de la campagne a aussi été retardé par le refus de l’AÉUM d’accepter les restrictions imposées par Héma-QC, qui excluaient les donneurs ayant eu des relations sexuelles non hétérosexuelles.

Déroulement de la collecte et restrictions plus inclusives

Le Délit a échangé avec Jeanne, une étudiante en deuxième année à McGill, qui s’est rendue à la collecte sur le campus en tant que donneuse. Dès 10 heures du matin, dans la salle de réception du troisième étage du bâtiment de l’AÉUM, des dizaines d’étudiants comme Jeanne répondaient présents. Pour beaucoup, donner son sang est relativement facile : « Ça faisait un moment que j’y réfléchissais, et je me disais que le don de sang était un acte simple qui pouvait avoir des répercussions importantes et utiles. » Parmi les différentes plateformes pour promouvoir l’événement, c’est à travers les affiches postées dans les couloirs de la bibliothèque Redpath que Jeanne en a entendu parler. Pour elle, l’inscription a eu lieu à McGill et les rendez-vous ont pu être pris en très peu de temps. Elle nous a raconté le déroulement d’un don de sang : au moment de donner son sang, les donneur·se·s sont installé·e·s sur un siège et le personnel médical s’occupe de la prise de sang, tandis que les bénévoles mcgillois venant des différentes associations – comme Natasha – supervisent la fluidité des rendez-vous et se tiennent à la dispositions des donneur·se·s pour tout soutien moral. Le corps médical fait une rapide vérification de plusieurs restrictions au préalable, comme une analyse qui confirme que le taux d’hémoglobine des donneur. se.s est suffisamment élevé à l’aide d’une piqûre sur le doigt. Il y a également d’autres critères de qualification à prendre en compte avant de s’inscrire, comme les voyages récents, qui exposent le donneur au risque de de maladies sanguines, comme la malaria ou encore des conditions par rapport aux relations sexuelles.

« Je me disais que le don de sang était un acte simple qui pouvait avoir des répercussions importantes et utiles »


Jeanne, étudiante à McGill

D’après Natasha, ces critères semblent être plus inclusifs qu’ils ne l’étaient par le passé, mais sont toutefois « toujours questionnables ». Aujourd’hui, les critères d’admissibilité aux dons de produits sanguins ne sont plus basés sur l’orientation sexuelles d’un groupe ciblé, mais sur les pratiques sexuelles ainsi qu’une évaluation individualisée des comportements à risque, comme la pratique du sexe anal.

« Les critères d’admissibilité aux dons ne sont plus basés sur l’orientation sexuelles, mais sur les pratiques sexuelles comme la pratique du sexe anal »

En 1992, le Canada avait opté pour une interdiction à vie de dons pour les hommes homosexuels. C’est seulement en 2013 que les dons étaient permis pour les hommes qui s’abstiennent d’avoir des relations sexuelles avec un autre homme « pendant au moins cinq ans ». Ce délai avait été réduit à trois mois en 2019. Depuis 2022, les questionnaires d’Héma-Qué- bec pour vérifier sa qualification aux dons ont aussi été remplacés par des questionnaires non-genrés et de plus en plus inclusifs. Héma-Québec affirme que« grâce à ce changement, chaque personne répond aux mêmes questions, quel que soit son sexe, son genre et son orientation sexuelle ». La plateforme de dons assure que ce changement apporte une approche « plus inclusive pour les personnes issues des communautés LGBTQ+ ». Les fondements scientifiques qui attestent que le sexe anal est intrèsequement incompatible avec le don de sang demeurent trop flous pour plusieurs. La seule réponse serait que les relations sexuelles anales présentent un risque élevé d’acquisition d’infections transmissibles sexuellement et par le sang – plus élevé que lors de relations sexuelles orales ou vaginales.

Pourquoi donner?

Interrogée sur l’intérêt du don du sang, Natasha n’a pas hésité : « C’est nécessaire. » En effet, elle explique que le sang, comme le plasma ou encore les cellules souches, servent à une variété de procédures médicales, des plus banales aux plus complexes. Que ce soit pour des cas extrêmes et urgents, comme lorsqu’une personne donne naissance et qu’il y a un risque d’hémorragie, ou dans des cas moins urgents, comme pour des traitements du cancer, la collecte de sang est indispensable au quotidien dans les services médicaux. L’étudiante en médecine explique que ce n’est pas seulement le sang qui est nécessaire, mais également ses nombreuses composantes qui sont des éléments essentiels à plusieurs procédures médicales. « On a besoin de plus de donneurs, sinon les gens meurent », affirme Natasha.

De manière générale, Jeanne note un personnel très accueillant qui a rendu son expérience bien plus agréable que ce à quoi elle s’attendait : « Malgré mon appréhension initiale – sachant que c’était mon tout premier don – ça s’est super bien passé et je le referais absolument! » Étant donné le succès de la collecte, avec 100% des rendez-vous comblés par des donneur·se·s, les organisations mcgilloises souhaitent replanifier d’autres collectes de sang sur le campus. Celles-ci n’auront probablement pas lieu avant la prochaine session d’automne, considérant le travail nécessaire en amont d’une campagne et la diminution des effectifs sur le campus durant l’été. En attendant, Natasha rappelle qu’il y a plein d’autres cliniques permanentes et tournantes à Montréal vers lesquelles les étudiants peuvent se tourner afin de donner plus régulièrement.

Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site internet d’Héma-Québec ainsi que les associations MedLife, MSS et MSBDA.

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Sidechat s’incruste sur les téléphones mcgillois https://www.delitfrancais.com/2023/02/22/sidechat-sincruste-sur-les-telephones-mcgillois/ Wed, 22 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50985 Une nouvelle application mobile pour procrastiner à McGill.

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Écartez-vous, Spotted : McGill University – il y a une nouvelle plateforme anonyme qui prend d’assaut
le campus. Parmi les comptes Instagram et les sites de réseaux sociaux populaires sur le campus, le dernier à émerger est une application appelée SideChat.

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L’apparition rocambolesque de l’application rose

La semaine dernière, le campus à été assiégé par des donneurs de biscuits transportant des chariots roulant décorés de ballons roses. Ces derniers offraient des biscuits gratuits en échange du téléchargement de l’application SideChat grâce à un code QR. Suivant un plan d’affaire bien développé, ils distribuaient également une carte portant l’inscription « Besoin d’une excuse pour procrastiner? Rejoignez la communauté privée de McGill (tdlr) ». Conçue pour aider les étudiants à connecter avec leurs camarades de campus, SideChat permet à ses utilisateurs de partager des memes, des blagues et des confessions – principalement en anglais – sur un forum imitant Reddit, avec ceux qui fréquentent la même université. Déjà présent sur d’autres campus comme celui de Harvard, ce type d’application permet aux étudiants de s’inscrire via leur adresse courriel universitaire, ce qui leur donne accès au forum propre à leur université. Cela permet aux étudiants de profiter d’un espace exclusif, en intimité. Une fois connectés, les utilisateurs peuvent voir, réagir et créer leurs propres publications. Ils peuvent également répondre aux publications des autres et envoyer des messages privés à d’autres utilisateurs. L’identité de chacun reste complètement anonyme, ce qui retire toute responsabilité vis-à-vis des propos écrits. Charlotte*, une élève interviewée sur le campus de McGill, dit avoir peur des dérives de harcèlement que cette application peut engendrer, en raison de l’aspect anonyme de ses contenus.

« Les publications se moquent de l’Université Concordia (et du) snobisme des frat boys de Desautels »

Le désir des étudiants de poster ou d’envoyer des messages anonymes à leurs pairs n’est pourtant pas nouveau. Comme Sidechat, le compte Instagram Spotted : McGill University permet aux étudiants de soumettre des messages anonymes, mais ceux-ci doivent passer par un formulaire à partir duquel les administrateurs choisissent quoi publier, en filtrant les confessions qui violent les directives de la bienséance d’Instagram. Le compte Instagram est public et n’importe qui peut envoyer des messages. Parce que la publication sur Spotted : McGill University n’est pas instantanée, les confessions ont tendance à être publiées de manière groupée à des moments aléatoires. De plus, le moyen le plus simple de répondre à un message est de répondre publiquement, ce qui fait qu’un seul sens de communication est anonyme. SideChat résout ces deux problèmes et a donc le potentiel d’accroître le niveau d’engagement des utilisateurs. L’application fonctionne comme une extension de la vie sociale sur le campus, ou plutôt, une plateforme spéciale où les étudiants peuvent se connecter de manière virtuelle. Il permet aux utilisateurs de se tenir au courant des blagues et des tendances ainsi que de contribuer à la culture du campus. La plupart des publications sur SideChat de McGill présentent des memes et des blagues uniques à McGill, se moquant souvent d’une gamme de sujets allant des étudiant·e·s concurrent·e·s de l’Université Concordia au snobisme des frat boys de Desautels. Les messages sont également centrés sur la discussion des événements actuels qui se déroulent sur le campus, tels que les soirées au Café Campus ou au Bar des Arts. La plateforme inclut des catégories auxquelles les utilisateurs peuvent s’abonner – toujours de manière anonyme – comme « Rencontre et Relations Amoureuses », « Ask Sidechat », « LGBTQIA+ », « K‑Pop » et pleins d’autres encore. Malgré le refus d’entrevue de la part de McGill SideChat, la promotion de l’application sur la page Instagram de Spotted : McGill University laisse penser qu’ils sont loin d’être en concurrence. Au contraire, certains questionnent le niveau d’implication qu’aurait l’équipe du compte Instagram dans le développement de SideChat à McGill.

SideChat sera-t-elle mise de côté?

Si Sidechat parvient à décoller, ce ne serait pas la première fois qu’un service de médias sociaux trouve son origine sur un campus universitaire. Étant donné que les campus universitaires sont des groupes denses d’individus interconnectés, ce sont des terrains propices à la propagation de tendances. Plus particulièrement, Facebook a commencé comme un site permettant aux étudiants de communiquer entre euxSideChat reste une plateforme restreinte pour des étudiants qui ont sûrement déjà accès à d’autres moyens pour procrastiner. Pour l’instant, une seule question demeure : l’utilisation de l’application SideChat à McGill va-t-elle réellement durer à long terme? 

*Nom fictif

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Espoir à bout de souffle https://www.delitfrancais.com/2023/02/15/espoir-a-bout-de-souffle/ Wed, 15 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50910 Portrait d’une jeune fille juive pendant l’Occupation.

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Une jeune fille qui va bien est le premier long métrage de Sandrine Kiberlain. L’actrice accomplie passe désormais derrière la caméra en tant que réalisatrice. Sorti en 2021 en France, le film fut sélectionné dans la section « semaine de la critique » au Festival de Cannes de 2021. Interprétée par Rebecca Marder de la Comédie-Française, également connue pour son rôle dans Simone, le voyage du siècle, la pétillante Irène nous emporte dans un élan d’espoir alors même que le spectateur est désillusionné par la réalité de l’Histoire.

En plein été 1942 sous l’Occupation, Irène est une jeune Française juive de 19 ans. Passionnée de théâtre, elle prépare le concours d’entrée au conservatoire avec pour ambition de devenir comédienne. Sa famille l’observe découvrir la vie, les relations amoureuses et amicales et le monde du théâtre. À l’écran, on la voit courir dans Paris entre ses répétitions de L’Épreuve de Marivaux, son travail étudiant et sa vie sociale. Très complice de sa grand-mère Marceline, jouée par Françoise Midhoff, qui fait office de mère de substitution, Irène lui livre les détails de son quotidien et reçoit ses conseils. Marceline est une femme résistante, qui désobéit fièrement aux lois antisémites de Vichy : « il ne faut jamais avoir peur », dit-elle. 

Naturellement, Irène a peur de se tromper, de ne pas avoir choisi le bon amour, peur de ne pas réussir, de ne pas être à la hauteur, mais elle a avant tout peur pour sa vie et celle de sa famille. En dépit de son humour, il se cache bien souvent derrière son sourire une larme, démarquant la justesse du jeu de Rebecca Marder. Sa joie de vivre et son audace se voient constamment freinées par la machine implacable des mesures imposées par le régime de Vichy à l’encontre des familles juives. On la voit d’abord forcée à mentionner son identité juive sur ses papiers, puis on constate la nécessité de cacher les coupons dans un mouchoir et d’empaqueter leurs effets personnels avant que le gouvernement ne les confisque. « Ils vont nous prendre tout ce qui nous relie à l’extérieur, la radio, les vélos… » dit Marceline. 

« Elle fait luire la ferveur, la vie, la jeunesse et ses rêves, la fougue amoureuse et l’insouciance, l’amour familial, l’amitié mais surtout, la passion pour le théâtre »

La bande-son du long métrage – faite par Marc Marder, le père de l’actrice principale – est inspirée par la musique yiddish. C’est d’ailleurs par le biais musical que j’ai moi-même versé une larme lorsque Irène, son frère et sa grand-mère ont chanté, émus, une chanson d’anniversaire en yiddish au père tout en sachant qu’à tout moment, ils pourraient être séparés de force.

D’une beauté délicate et d’une sensibilité infaillible, Sandrine Kiberlain semble réussir son passage derrière la caméra. Elle crée une capsule temporelle qui – même en connaissant l’atrocité de la condition juive sous l’Occupation – fait luire la ferveur, la vie, la jeunesse et ses rêves, la fougue amoureuse et l’insouciance, l’amour familial, l’amitié mais surtout, la passion pour le théâtre. Sans faux pas, elle ne tente pas d’apporter de la légèreté à un sujet bien trop douloureux, mais elle souligne plutôt une simple humanité, une histoire parmi tant d’autres qui met en lumière la vie de ceux qui l’ont perdue.

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Justice pour Nicous D’André Spring https://www.delitfrancais.com/2023/02/15/justice-pour-nicous-dandre-spring/ Wed, 15 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50918 Manifestation à McGill lors du Mois de l’histoire des Noir·e·s.

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Le 25 décembre 2022, un jeune homme noir de 21 ans est décédé dans un hôpital après avoir subi d’importantes blessures. La veille, les agents correctionnels l’avaient aspergé de gaz poivré et cagoulé d’un masque anti-cracha alors qu’il était à la prison de Bordeaux à Montréal, ce qui a mené à son décès. Initialement, Nicous D’André Spring devait être libéré le 23 décembre. Au moment de sa mort, sa détention avait passé la date de sa sortie, et était donc illégale. Le Délit a assisté à la marche en son hommage, qui s’est tenue aux portes de McGill, le 10 février, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noir·e·s.

« Les circonstances de l’altercation semblaient être disproportionnées »

Une marche symbolique jusqu’au palais de justice

Pour la communauté noire et pour la famille de Spring, la mort du jeune homme dans la prison montréalaise n’est pas une exception. Au contraire, c’est la preuve d’un système judiciaire québécois défaillant. «C’est quelque chose qui n’aurait jamais dû arriver (tdlr)», a prononcé son amie Nicole Celeste George. Les circonstances de l’altercation semblaient être disproportionnées, sachant que le gaz poivré utilisé sert à neutraliser des individus ou des animaux en provoquant une cécité temporaire, une gêne et une brûlure des poumons, ce qui provoque un essoufflement. Si utilisé en combinaison avec une cagoule anti-crachat – comme c’était le cas pour Spring –, le tout peut mettre en danger la santé de l’individu. Malgré les appels concrets de sa famille pour que justice soit faite au niveau systémique, les obstacles au sein des institutions québécoises ont rendu leur combat difficile à mener. Le Comité d’Action de Justice pour Nicous – qui a organisé la marche – demande des excuses de la part de la ville de Montréal, de son service de police (SPVM) et du ministère correctionnel provincial. Le comité souhaite également que les agents correctionnels impliqués soient « licenciés et poursuivis dans toute la mesure de la loi ». À l’entrée de McGill, des pancartes demandant « rendez la vidéo publique » étaient brandies par les membres de la famille de Nicous Spring. En effet, selon les membres du comité, les violences vécues par le jeune homme auraient été filmées par des caméras de surveillance, mais ces images restent encore aujourd’hui inaccessibles à la famille de la victime et à leurs avocats. L’accès aux vidéos de l’altercation est demandé afin d’obtenir des réponses et un sentiment de paix pour les proches de Nicous, qui soutiennent que « Sa vie a été prise sans raison ». Sarafina Dennie, la sœur du jeune homme, affirme avoir « du mal à comprendre ce qui a conduit à sa mort », ce qui explique leur manque de confiance dans le système judiciaire québécois. Selon elle, ce système est «injuste». Sarafina dit « en (avoir ndlr) vraiment marre d’être maltraité par la police au Québec». Certaines pratiques provinciales poussent à identifier le système comme étant raciste, avec par exemple la catégorisation des teintes de peau (pâle, clair, moyen, foncé) des prisonniers par les services correctionnels. Ainsi, le Comité « À Deux Mains »,  également présent lors de la marche, a distribué des dépliants aux participants, suggérant des ressources juridiques à utiliser en cas d’arrestation ou d’interrogation par la police. «À Deux Mains» – dans lequel Nicous Spring se portait volontaire – a pour mission de fournir de l’aide aux jeunes de Montréal, y compris des services juridiques.

« Les violences vécues par le jeune homme auraient été filmées par des caméras de surveillance, mais ces images restent encore aujourd’hui inaccessibles à la famille de la victime »

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Margaux Thomas | Le Délit

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Célébrons la vie de Nicous

En ce Mois de l’histoire des Noir·e·s, cette manifestation démontre l’unité de la communauté noire et de leurs allié·e·s, parmi lesquel·le·s compte la communauté autochtone. « Ce mois est censé être une période de célébrations, et aujourd’hui, nous allons célébrer. Nous célébrons la vie de Nicous ensemble. Montrez que vous êtes là les uns pour les autres », a dit une membre du Comité d’Action de Justice pour Nicous.

En face du palais de justice, le message qui clôtura la marche était : « L’éducation est politique. »  Comme mentionné le 1er février dernier lors de la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s, c’est l’éducation, y compris à l’université, qui forme nos générations futures. Une des intentions de cette marche était de  «résister, organiser et créer », pour reprendre les mots de Professor Rinaldo Walcott durant la cérémonie. Beaucoup d’élèves de McGill étaient aussi présents lors de la marche, et parmi eux étaient des membres du groupe mcgillois Black Students’ Network. L’association avait au préalable accroché des affiches sur le campus et posté sur leur compte Instagram les informations sur la marche, afin d’unir et de mettre au courant la population mcgilloise sur cet événement important.

« Devant les grilles, avec un regard grave et le poing levé, se tenaient debout la mère, les sœurs, les tantes et la grand-mère de Nicous »

Devant les portes de McGill, les gens criaient : « Justice pour Nicous, maintenant! » Cela fait maintenant plus d’un mois que la famille attend, sans réponse. La représentante de « À Deux Mains », Blain Haile, s’indignait en réalisant qu’il fallait attendre la mort injuste d’un jeune homme noir pour que des manifestaions éclatent et pour que les gens s’intéressent à la souffrance et aux inégalités que la communauté noire vit tous les jours. Aux côtés de la mère de Nicous se trouvait Marilyn, une représentante de la communauté autochtone, elle aussi mère. Après avoir fait vibrer les participants de la marche à l’aide d’un teueikan (tambour), Marilyn affirmait avec beaucoup d’émotion « (qu’ndlr) une mère ne devrait jamais avoir à endurer la mort de son fils ». Devant les grilles, avec un regard grave et le poing levé, se tenaient debout la mère, les sœurs, les tantes et la grand-mère de Nicous. Certaines d’entre elles ont réussi à prendre la parole, et ont ainsi mentionné ses nombreux talents, y compris l’écriture, où il était connu sous le nom de YK Lyrical. Après avoir énoncé les multiples actions qu’avait entrepris Nicous pour les jeunes de sa communauté, un ami de Nicous à également rappelé la notion de dignité humaine, afin de préciser que les actions du jeune homme ne définissent en aucun cas la valeur de sa vie : « Oui, c’était une âme profondément gentille, mais c’est la vie d’un être humain et de sa famille qui a été bafouée.» Selon lui, même si son décès est la conséquence d’un système nécessitant des réformes plus larges, Nicous D’André Spring était un fils, un frère, un ami, et c’est pour lui que cette marche a été organisée.

« Même si son décès est la conséquence d’un système nécessitant des réformes plus larges, Nicous D’André Spring était un fils, un frère, un ami »

Ami de Nicous D’André Spring

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Margaux Thomas | Le Délit

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La famille de Nicous Spring a depuis créé une page GoFundMe en l’honneur de Nicous et afin de couvrir les frais funéraires. Pour plus d’informations au sein de McGill, référez-vous aux organismes comme le Réseau des Étudiants Noir·e·s (Black Students’ Network), le Black Youth Outreach Program, le Group d’Action contre le Racisme Anti-Noir, l’Association Noire des Anciens Élèves de McGill, la Société des Étudiant·e·s Africain·e·s, la Société des Étudiants des Caraïbes ou l’Équipe d’Équité à McGill.**

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McGill célèbre le Mois de l’histoire des Noir·e·s https://www.delitfrancais.com/2023/02/08/mcgill-celebre-le-mois-de-lhistoire-des-noir%c2%b7e%c2%b7s/ Wed, 08 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50737 Retour sur la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s à McGill.

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Chaque année, le Mois de l’histoire des Noir·e·s de McGill rassemble des élèves, employé·e·s, anciens élèves et membres de la communauté noire mcgilloise à travers des événements à but éducatif. Le Délit a assisté à la cérémonie d’ouverture et a relevé les propos des participants.

Coup d’envoi pour 28 jours de célébrations

Le 1er février dernier, McGill organisait la septième cérémonie annuelle d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s en vidéoconférence et en personne, en partenariat avec la Faculté d’éducation de McGill. Après une brève réception en présence de l’artiste et musicienne Fatima Wilson, la cérémonie a lancé son coup d’envoi avec Shanice Yarde, la Conseillère principale de l’éducation contre le racisme et pour l’équité. Le public était constitué d’élèves, d’anciens élèves, de professeur·e·s, d’employé·e·s et de membres des facultés. Cette cérémonie a bénéficié de la présence du professeur, écrivain et directeur du Département d’Études Africaines et Américaines (Department
of Africana and American Studies
) de l’Université de Toronto, Dr. Rinaldo Walcott.

En plus d’un moment pour réaffirmer l’engagement de McGill contre le racisme, ce mois de février est décrit
par le Principal, Christopher Manfredi, comme « un temps pour célébrer les diverses expériences et le travail de la communauté noire de McGill (tdlr) ». Pour Osman Omer, président de l’Association des étudiants en éducation permanente de l’Université McGill (MACES), ce mois permet de « mettre en lumière non seulement les réalisations extraordinaires et les précieuses contributions que les Canadiens noirs ont apportées à l’histoire du Canada, mais c’est aussi un moment pour reconnaître ce que d’autres Noirs accomplissent présentement ». Osman Omer, d’origine nubienne, dit profiter de cette occasion pour partager avec d’autres étudiant·e·s les nombreuses histoires de réussite, avec par exemple Adrian Harewood, un ancien de McGill qui est maintenant un journaliste et universitaire canadien primé, ou encore les obstacles rencontrés que les Noir·e·s ont faits dans une variété de domaines tels que la politique, les sciences, la musique, le sport et l’éducation.

« Nous méritons notre place sur ce campus […] Nous méritons d’être heureux »

Ashley Jonasainte

Ashley Jonasainte, présidente du Réseau d’Étudiants noirs à McGill, ayant pour but de promouvoir et de soutenir les élèves noir·e·s sur le campus, a ensuite pris la parole. Elle a raconté son arrivée difficile à l’Université et un sentiment de manque d’appartenance. C’est en rejoignant le groupe dont elle est désormais présidente qu’elle dit avoir trouvé sa place. Avec les 24 autres membres de son organisation, Ashley dit être fière de créer des évènements et des ateliers pour sa communauté permettant de «préserver un sentiment d’appartenance, car nous méritons notre place sur ce campus ». Elle soutient également que ce mois est une période difficile émotionnellement, « mais (qu’elle, ndlrne veut pas oublier qu’il s’agit aussi d’une période de célébration, de reconnaissance et qui permet d’avancer. Nous méritons d’être heureux ».

Passé, présent et futur

Invité de marque à la cérémonie, le professeur Walcott – né sur l’Île de la Barbade dans les Caraïbes –  a critiqué le retard accusé par les universités canadiennes comparées aux universités américaines : « Le long retard des études sur les Noirs au Canada est symptomatique du déni et du malaise plus profond envers les Noirs et la noirceur en tant que constituants du Canada. »

Lors de la cérémonie, Shanice Yarde a quant à elle souligné le lien entre les combats des populations autochtones et ceux de la communauté noire au Canada. L’organisatrice a questionné notre responsabilité collective par rapport au territoire canadien et aux personnes natives de ce territoire. La présidente du Réseau des Étudiants noirs mentionne également que « les systèmes d’oppression qui nous ont rendu esclaves sur l’Île de la Tortue sont les mêmes que ceux qui ont volé et renommé ces territoires “Canada’’ ». Après un passé majoritairement déterminé par une vision « euro-américaine », et par conséquent partielle du monde, avance Walcott, « notre tâche est de prendre ce récit de condamnation (dans lequel, ndlr) l’eurocentrisme dit que les Noirs n’ont rien apporté au monde, et d’y mettre fin ».

Comme l’a souligné Ashley Jonasainte lors de la cérémonie, les célébrations, la reconnaissance et le combat contre le racisme anti-noir ne peuvent se limiter à un mois dans l’année. Toutefois, cette mise en valeur à travers différents événements a pour but de former un campus plus fort et de « tisser de nouvelles relations entre l’Université et les étudiants pour créer des liens avec leurs pairs », dit Osman Omer. Le tout contribuerait selon lui à la construction d’un environnement inclusif et diversifié.

« Les célébrations, la reconnaissance et le combat contre le racisme anti-noir ne peuvent se limiter a un mois de l’année »

En 2020, le plan d’action contre le racisme anti-noir avait été mis en place par McGill afin d’approfondir les engagements de l’Université vis-à-vis de l’équité, la diversité et l’inclusion. Ce plan se structurait
en trois sections : un examen du passé, une réévaluation du présent et une révision du futur, notamment afin d’augmenter le nombre de professeur·e·s noir·e·s au sein de l’Université. Malgré la reconnaissance du nombre croissant de ces derniers à McGill, la directrice des Affaires Noires de l’AÉUM affirme qu’il y a un besoin indispensable d’avoir plus de professeurs noir·e·s, « des professeurs qui nous (les étudiant·e·s noir·e·s, ndlr) ressemblent, car ce sont des personnes qui participent intégralement à notre développement personnel ».

Margaux Thomas | Le Délit Osman Omer

Une série d’évènements aura lieu durant ce mois de février : une conférence « Africa Speaks » le 10 février ; une discussion avec le professeur Kyle T. Mays le 16 février ; ou encore un rassemblement communautaire et une exposition d’art le 23 février. Osman Omer espère que « ces événements encourageront la population mcgilloise à explorer davantage, à découvrir et à faire connaître les Noirs et les autres communautés racisées ». Pour le président de MACES, le mois de février est une excellente occasion pour chacun d’étudier notre passé afin de façonner notre avenir, lequel doit se baser sur l’« équité sociale pour tous ».

Pour plus d’informations, référez-vous aux organismes comme le Black Students’ Network, le Black Youth Outreach Program, le Group d’Action contre le Racisme Anti-Noir, McGill Black Alumni, la Société des Étudiant.e.s Africain.e.s, la Société des Étudiants des Caraïbes ou l’Équipe d’Équité à McGill. 

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