Ronny Al-Nosir, Joseph Boju, Julia Denis, Inès Léopoldie-Dubois, Céline Fabre, Ikram Mecheri, Magdalena Morales, Chloé Mour, Matilda Nottage, Esther Perrin Tabarly, Théophile Vareille, Arno Pedram - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/matilda-nottage/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Thu, 14 Sep 2023 06:46:44 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Sauver la presse francophone https://www.delitfrancais.com/2017/11/14/sauver-la-presse-francophone/ Tue, 14 Nov 2017 16:46:23 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29857 40 ans après sa naissance, Le Délit risque de disparaître.

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Les universités québécoises, censées être le lieu du savoir et du débat d’idées, manquent à leur devoir de protection de la liberté d’expression. Sans presse libre et indépendante au sein des universités, cette liberté d’expression ne devient que façade. Nous demandons aux dirigeants de l’Université McGill d’abolir la mesure exigeant la tenue d’un référendum quinquennal sur les frais de cotisation de 3$ par session que chaque étudiant est tenu de payer aux journaux étudiants, Le Délit, The Mcgill Daily et le McGill Tribune

Nous pensons que cette mesure fragilise la liberté d’expression au sein de l’Université tout en marginalisant davantage les voix minoritaires, telles que les voix francophones qui sont représentées par Le Délit, le seul journal francophone de l’Université McGill. Nous demandons à l’administration de l’Université d’abolir cette obligation qui précarise la francophonie et les journaux étudiants sur le campus.

McGill néglige sa francophonie

Né sous le lys en 1977, Le Délit est la publication sœur du McGill Daily, créé en 1911, le plus vieux journal étudiant du Québec. Les deux rédactions forment la Société de publication du Daily (SPD), un organisme indépendant et à but non lucratif. Ce sont les éditeurs du Daily qui, lors des débats de la loi 101 sur le bilinguisme, ont reconnu la nécessité d’un journal entièrement francophone. Conséquement ils créèrent Le McGill Daily français, notre actuel Délit. Leur motivation était simple: favoriser l’entente entre les deux solitudes. 

À l’image des deux groupes linguistiques majoritaires du Québec, le Daily et Le Délit ont grandi dans l’interdépendance. Deux journaux, deux équipes, deux lignes éditoriales mais un seul bureau et une même vocation: proposer une presse libre et indépendante aux étudiants de l’université.

Jusqu’au 16 novembre, les étudiants doivent se prononcer sur la survie de ces deux institutions pour le référendum quinquennal. Un peu plus tôt ce mois-ci, le conseil législatif de l’Association des étudiants de l’Université McGill (AÉUM ou SSMU, en anglais, ndlr), a voté contre une motion de soutien au référendum d’existence de la SPD. Ce désaveu de la part des élu·e·s étudiants prouve leur absence de considération pour la francophonie à McGill.

Les francophones représentent pourtant 20% du corps étudiant, lequel est bilingue à plus de 50%. Pour tous ceux-là, Le Délit est un porte-parole et un acteur majeur de la vie étudiante. Dans ses pages, il couvre la scène et les coulisses de la politique étudiante mcgilloise, montréalaise et québécoise, désespérément cantonnée à la sphère anglophone. Dans la communauté, il joue un rôle prépondérant en co-organisant notamment la Francofête, une semaine de célébrations de la francophonie sur le campus. Il est aussi le représentant de McGill au sein de l’association de la Presse étudiante francophone (PrEF) et a remporté le prix du meilleur journal étudiant du Québec décerné par les Amis du Devoir. Ainsi, Le Délit relie nos étudiant·e·s francophones, parfois enfermés dans la McGill bubble, au reste du Québec.

De l’importance de la presse étudiante

Au cours de ces dernières années, les journaux étudiants mcgillois ont été d’utiles lanceurs d’alerte sur le campus. Agressions sexuelles, dysfonctionnement chronique des services de santé mentale, précarité ou encore malnutrition étudiante, autant de sujets mis en lumière par le Délit et The Daily.

Par ailleurs, en l’absence d’une école de journalisme à McGill, les journaux étudiants compensent et forment à chaque année des dizaines de mcgillois·e·s au journalisme en français et en anglais.

L’imposition de ce référendum menace les rédactions étudiantes comme une épée de Damoclès. Au lieu d’assurer leur fonction, elles se voient régulièrement contraintes d’allouer leurs maigres ressources à une campagne de survie. De plus, cette campagne devient en quelque sorte permanente, tant il faut se plier à la majorité et au bon vouloir des groupes de pression du campus. Comment, dans ces conditions, assurer la liberté de la presse et le fonctionnement même de la démocratie dans notre communauté étudiante?

Nous comptons sur la bonne volonté de l’administration de l’Université McGill pour mettre fin à ce système référendaire qui précarise les journaux étudiants et met en péril la seule voix francophone, indépendante et libre du campus.

Signataires : 

Ronny Al-Nosir, chef de section innovations, automne 2016

Joseph Boju, rédacteur en chef, 2014–2015

Julia Denis, rédactrice en chef, 2015–2016

Inès Dubois, coordinatrice réseaux sociaux, 2014–2016

Céline Fabre, chef de section culture 2015–2016

Ikram Mecheri, rédactrice en chef, 2016–2017

Magdalena Morales, coordinatrice multimédias, automne 2016

Chloé Mour, cheffe de section culture, automne 2016

Matilda Nottage, coordinatrice multimédias, 2015–2016

Esther Perrin Tabarly, cheffe de section société, 2015–2016

Théophile Vareille, éditeur de section actualités, 2015–2017

Arno Pedram, responsable multimédia Le Délit, hiver 2017, éditeur culture The McGill Daily, 2017–2018

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Québec vs le reste du Canada? https://www.delitfrancais.com/2017/04/07/quebec-vs-le-reste-du-canada/ Fri, 07 Apr 2017 13:47:44 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=28423 Enquête sur la perception du Québec dans les autres provinces et territoires.

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Qui dit Québec dit une histoire et une culture qui se distinguent des autres provinces. Le mouvement indépendantiste en est la preuve: selon le sondage Léger de mai 2016, 41% des Québécois voteraient pour la souveraineté du Québec si un nouveau référendum était organisé. De nombreux québécois ressentent donc que le Québec est assez différent du reste du Canada pour devenir un pays à part entière. Cependant qu’en est-il des canadiens des autres provinces et territoires? Que pensent-ils du Québec?

Andrew Potter et le «malaise social»

Difficile de parler de l’opinion des canadiens sur le Québec sans parler de la récente controverse liée à l’article d’Andrew Potter. Directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill depuis 2016 et originaire du Manitoba, Potter écrit un article pour Maclean’s à la suite de la récente tempête de neige qui a paralysé la province intitulé «Comment une tempête de neige a exposé le vrai problème du Québec: un malaise social». Dans cet article, Potter critique sévèrement la société québécoise, qu’il accuse d’être «pathologiquement aliénée». Il cite aussi le manque de solidarité entre les habitants, le manque d’implication de la population dans la vie civique, ou encore le manque de professionnalisme des policiers et des pompiers qui expriment leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement québécois suite au conflit «Libre Négo». Si Potter ne reflète évidemment pas l’opinion de tous les Canadiens des autres provinces, ses remarques ne sont néanmoins pas extraordinaires: Il y a bel et bien un décalage social et politique entre le Québec et les autres provinces.

Le Nouveau Parti Démocratique (NPD), parti social-démocrate, a eu plus de soutien au Québec que dans les autres provinces aux dernières élections fédérales, avec 16 de leurs 44 sièges fédéraux obtenus dans la province.

La question de l’identité nationale divise: selon Statistique Canada, près de 90% des répondants canadiens ont dit être fiers de leur pays, contre 70% des québécois.

On ne peut parler de l’écart entre le Québec et le reste du Canada sans parler de l’écart linguistique

La question de la religion

Un autre débat qui a récemment divisé le Québec et les autres provinces est celui du sécularisme. Le Canada est un État séculaire: il n’y a pas de religion officielle. Cependant il est important de faire une distinction entre deux différents types de sécularisme. Le sécularisme «positif» ‑au sens philosophique du terme, sans jugement de valeur- est l’équivalent de la laïcité «à la française»: l’État et la religion sont entièrement séparés. Le sécularisme «négatif», par opposition, implique que l’État n’a pas de religion officielle, mais qu’il confère sa place à chaque religion qui existe dans la société. Le gouvernement fédéral canadien se rapproche plus de ce dernier, alors que le Québec semble pencher pour la laïcité. Ceci a été illustré en particulier par la «Charte des valeurs québécoises», fameux projet de loi du Parti québécois (PQ), qui voulait, entre autres, interdire le port de signes religieux et les habits couvrant le visage dans la fonction publique. Bien que la Charte ait échoué de pair avec le PQ aux élections d’avril 2014, le fait qu’elle ait été suggérée montre qu’il y a une place pour la laïcité à la française dans la culture québécoise qui n’existe pas dans le reste du Canada. Selon une enquête du Devoir de 2015, 45% des québécois disent avoir une perception négative de la religion. L’aumônière ontarienne Diane Weber Bederman dénonce dans son article «Le Québec est-il digne du Canada?», le «sécularisme fondamentaliste» de la province. Elle accuse l’engouement du Québec pour la laïcité et la francophonie de créer un environnement anti-multiculturaliste avant de longuement décrire l’historique xénophobe du Québec; une conclusion rapide basée sur des préjugés douteux contre le Québec.

La francophonie

Enfin, on ne peut parler de l’écart entre le Québec et le reste du Canada sans parler de l’écart linguistique. Selon le Centre de la francophonie des Amériques, les francophones sont majoritaires au Québec, mais ne représentent que 4,5% de la population de l’ensemble des autres provinces canadiennes. Si l’enseignement du français est obligatoire à l’école dans certaines provinces et territoires –Ontario, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse, et Île-du-Prince-Édouard–cela n’est pas suffisant pour remédier au décalage entre le Canada anglophone et le Québec. Meghan, étudiante à McGill originaire de l’Ontario, témoigne: «Le Québec veut protéger le français et les droits de la langue à tout prix, ce que je respecte énormément. Cependant, il y a peu de soutien pour les communautés francophones dans les autres provinces, ce que je trouve dommage». Pour les Canadiens anglophones, la barrière de la langue peut être intimidante, en particulier en dehors de Montréal où le bilinguisme est moins courant.

La belle province

Bien que certains Canadiens se soient exprimés de manière critique vis-à-vis du Québec, et qu’il y ait des différences indéniables entre cette province et le reste du pays sur les plans politique, social, religieux et linguistique, il n’est pas possible de résumer en quelques phrases l’opinion des Canadiens envers le Québec. La population du pays est variée et les opinions varient d’individu en individu. Une étude Léger montre que 43% des Canadiens hors du Québec pensent que le Québec est un fardeau pour le pays, mais seulement 39% pensent que le Québec est un atout: l’écart n’est pas large. De plus, avec ses universités, son patrimoine historique et la réputation de Montréal comme capitale culturelle, le Québec attire: en 2015–2016, près de 20,000 personnes d’autres provinces ont immigré au Québec. Peut être alors sommes-nous trop enclins à retenir les remarques négatives que l’on entend, en oubliant que beaucoup de Canadiens apprécient grandement la belle province. 

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Pour le choix, pour la vie https://www.delitfrancais.com/2016/04/04/pour-le-choix-pour-la-vie/ https://www.delitfrancais.com/2016/04/04/pour-le-choix-pour-la-vie/#respond Tue, 05 Apr 2016 04:35:05 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=25273 Quand l’intimidation sert d’outil dans les campagnes anti-IVG.

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Le 24 février 2016, la députée péquiste Carole Poirier a déposé à l’Assemblée nationale du Québec le projet de loi 595, visant à créer un périmètre de sécurité autour des établissements pratiquant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). L’objectif est de protéger et faciliter l’accès aux cliniques pour les femmes qui souhaitent conserver leur anonymat et leur calme, tout simplement, pour une procédure qui leur revient de droit.

Il n’est pas rare que les groupes militant contre l’avortement manifestent devant de tels établissements. Selon la Fédération Nationale de l’Avortement, entre 1995 et 2013, le personnel des cliniques d’avortement américaines et canadiennes a  subi 103 agressions physiques, 350 traques et 203 menaces de mort. La Fédération relève aussi 14636 cas de harcèlement électronique. La mise en place de mesures pour garantir la sécurité des femmes et des professionnels de la santé, qui agissent en toute légalité et légitimité, paraît être une démarche nécessaire. Le projet de loi ne fait cependant pas l’unanimité. 

La réponse des groupes anti-avortement

La proposition de Mme Poirier n’est pas passée inaperçue auprès des groupes militants anti-avortement du Québec. La Campagne Québec Vie (CQV) a répondu dans un article qui dénonce l’inutilité du projet, déclarant que seuls les militants pacifiques seront touchés par sa mise en place. La CQV ajoute que la loi 595 ne servira «que de bâillon pour empêcher l’expression de vérités impopulaires». Bien que la CQV ne prône pas la violence, mais seulement les démonstrations pacifiques, l’intimidation des femmes avant une telle opération est aussi une forme d’agression symbolique. L’avortement est une décision difficile à prendre même si elle est nécessaire, et il est scandaleux que les mouvements pro-vie se servent des cliniques comme d’outils de propagande. Notons aussi que la CQV propose sur son site une liste de cliniques d’avortement pour les femmes inquiètes, une initiative qui semble faire preuve d’ouverture d’esprit. Cependant, avant d’accéder à la liste, les femmes se retrouvent confrontées à l’image sanglante d’un fœtus avorté à onze semaines, une image dérangeante qui a sans doute pour but de les décourager alors qu’elles doivent déjà faire face à un choix déchirant.

Luce Engérant

Protéger un acquis et un droit

Au Canada, l’IVG est légale depuis 1988, lorsque la Cour Suprême a jugé que l’article du Code criminel qui condamnait l’avortement était anticonstitutionnel. C’est ainsi que les tribunaux ont permis aux Canadiennes de disposer librement de leur corps. Cette intervention médicale devrait être entendue comme un droit fondamental, qui permet à chacune de choisir quand et avec qui elle procréera.

Les campagnes pro-vie se servent trop souvent d’arguments sexistes et blâment les femmes pour des décisions qui n’appartiennent qu’à elles. Dans sa rubrique Nouvelles, le site de la CQV titre: «Violée […], elle a refusé de se faire avorter et élève maintenant sa fille seule», ou encore «Atteinte d’un cancer, une mère refuse l’avortement et la chimio et donne naissance à des jumeaux en santé». Oui, peut-être qu’il est possible d’être heureuse en donnant naissance au fruit d’une agression sexuelle. Peut-être même qu’il est possible qu’une femme et sa progéniture survivent aux deux épreuves physiquement destructives que sont le cancer et l’accouchement. Ces success stories anecdotiques peuvent représenter une lueur d’espoir. Mais elles ne sont, en aucun cas, des sources d’information fiables et suffisantes pour prendre une décision telle que celle de devenir maman pour une femme qui ne se sent pas prête.

De plus, ces histoires glorifient le courage, la force d’esprit des femmes pour qui garder un enfant a été une réussite. Dans la suite logique, avorter, c’est refuser d’affronter l’épreuve, c’est être faible. N’est-ce pas de l’intimidation et de la violence psychologique que de faire croire à une femme qu’elle est criminelle de ne pas se sentir mère?

Outre les statistiques qui prouvent que certaines femmes qui se font avorter subissent des violences physiques, il faut élargir cette définition sémantique de l’agression. Lorsque les groupes anti-avortement défendent leur droits aux démonstrations «pacifiques» devant les cliniques, ils revendiquent la violence psychologique et la culpabilisation des femmes qui elles, exercent leur droit. 

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HONY humanise les prisons https://www.delitfrancais.com/2016/02/09/hony-humanise-les-prisons/ https://www.delitfrancais.com/2016/02/09/hony-humanise-les-prisons/#respond Tue, 09 Feb 2016 21:40:08 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24803 Servir la santé mentale pour prévenir les crimes?

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Cette semaine, Brandon Stanton, — photographe et créateur du célèbre projet Humans of New York- — a interrompu ses sujets citadins habituels et s’est faufilé derrière les barreaux de cinq prisons du Nord-Est des États-Unis. Pour encourager les personnes incarcérées à dévoiler leur histoire et leur ressenti, il a utilisé ce qui ne peut être que des pouvoirs magiques. Il a ainsi recueilli des témoignages variés, qui ont en commun une honnêteté et une intimité qui paraissent presque être en décalage, venant d’un groupe qu’il est plus facile d’ignorer et dont l’individualité et les émotions sont souvent noyées sous l’image des crimes qu’ils ont commis. Parmi ces détenus, l’histoire la plus courante est celle de ceux qui ont grandi dans des situations précaires et pour qui la vente de drogues est apparue comme seule solution pour échapper à la pauvreté. Un témoignage se démarque cependant des autres, tragique et indicateur d’un problème inhérent au système pénal. C’est celui d’une femme: abusée sexuellement dans son enfance, ignorée par ses proches, elle commence à entendre des voix. Jeune adulte, elle suit les ordres de ces voix, prend la vie de sa voisine et de la fille de cette dernière, s’éclipse en Jamaïque, et décide de se rendre à la police deux ans plus tard.

Luce Engérant

La prison, réponse à tout?

Les crimes commis par cette femme sont injustes, atroces et irréversibles, et il semble naturel qu’elle en paie les conséquences. Pour autant, lorsque la maladie mentale entre en jeu — en particulier une maladie comme la schizophrénie qui engendre des épisodes psychotiques — peut-on choisir de l’ignorer sous prétexte que la personne a commis un crime? Ce questionnement s’applique autant au système pénal américain qu’à son équivalent canadien. Selon une étude de Johann H. Brink, professeur de psychiatrie à l’Université de Colombie-Britannique, près de 32% des détenus souffrent d’un trouble de la santé mentale. Le Service correctionnel du Canada (SCC) affirme faire passer chaque délinquant ou criminel par un processus de dépistage à leur arrivée et offrir des soins de santé mentale.

Plusieurs questions demeurent. Ces soins sont-ils suffisants? Plus important encore: ces personnes seraient-elles derrières des barreaux si elles avaient eu accès à des soins avant de commettre un crime? Selon le ministère de la Sécurité publique du Canada, en 2013, un détenu fédéral au Canada coûte en moyenne 117 788 dollars par an au contribuable. De meilleures politiques de prévention du crime, une meilleure accessibilité aux services de santé mentale, des programmes de réhabilitation pour éviter la récidive: voici autant d’initiatives qui ont le potentiel d’améliorer la qualité de vie des personnes concernées, en plus de prévenir le crime et d’alléger le coût de ce dernier pour le reste de la société.

En attendant le changement

Humaniser les détenus, c’est comprendre les facteurs qui les ont menés à agir, qu’il s’agisse de précarité, des troubles mentaux, ou simplement d’intentions égoïstes et cruelles. Il ne s’agit pas d’excuser les crimes commis mais plutôt de se demander s’ils auraient pu être évités, et d’envisager des alternatives de prévention, de soins et de réhabilitation. Les projets comme celui de Brandon Stanton nous permettent également de se trouver face à un visage, à une histoire, plutôt que d’oublier l’existence de ceux que la société rejette. L’un des témoignages recueillis, celui d’un homme qui parle de son amitié avec un autre détenu, nous rappelle qu’être en prison n’oblige pas à tout abandonner: «Aux yeux de la société, nous avons déjà perdu. Tout le monde ici est un perdant. On peut soit s’énerver contre ça, soit continuer d’essayer de grandir.» 

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Solidaires https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/solidaires/ https://www.delitfrancais.com/2016/01/26/solidaires/#respond Tue, 26 Jan 2016 15:53:32 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24488 Éditorial.

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Prisonniers, coincés, piégés dans leur propre calvaire. La couverture du Délit tente d’illustrer la situation des 4,5 millions de réfugiés syriens récemment comptés par l’ONU. Contraints de quitter leur pays pour leur survie, beaucoup se sont installés dans des camps de réfugiés voisins, où les conditions sociales et sanitaires sont difficiles. D’autres ont pu bénéficier de programmes d’accueils dans des pays plus lointains, en Europe ou ailleurs; mais leur situation et leur intégration restent très difficiles — comme en témoignent les tensions actuelles en Allemagne. Plus de quatre millions d’humains demeurent enfermés entre quatre murs: celui de la menace constante en Syrie, celui de refus de leur accueil par un grand nombre de pays, celui de la stigmatisation et du racisme, et enfin celui de la difficulté de refaire sa vie ailleurs.

Le projet de Justin Trudeau qui prévoit l’accueil de 25 000 réfugiés au Canada d’ici la fin du mois de février, se présente comme une politique humanitaire, pour beaucoup une source d’espoir. Elle représente aussi un virement et un vent de changement pour le gouvernement canadien qui, ayant pourtant des précédents humanitaires, a pris un retard considérable en matière d’accueil des réfugiés depuis le début du conflit syrien

L’édition du Délit de cette semaine a pour but d’expliquer, décortiquer, louer, interroger et même critiquer cette politique d’accueil des réfugiés syriens au Canada par le gouvernement libéral.

Esther Perrin Tabarly (p.9) enquête les conditions d’accueil des réfugiés syriens sur le sol canadien. Elle interroge aussi deux associations – La Fondation d’Alep et l’Alliance Canadienne pour l’Aide aux Syriens (CASA) – qui viennent en aide aux arrivants.

Ikram Mecheri a réalisé une entrevue avec Danielle Létourneau (p.16) qui a lancé l’initiative de l’association 25 000 Tuques. Elle explique au Délit comment elle a décidé de tricoter 25 000 tuques pour les 25 000 réfugiés que Justin Trudeau a promis d’accueillir.

Enfin, dans un article d’opinion, Chloé Anastassiadis (p.8) nuance tout de même l’ovation qui se doit d’être faite quant à la politique du Canada vis-à-vis des Syriens. En effet, Chloé Anastassiadis rappelle que le gouvernement n’a pas encore arrêté les frappes en Syrie et a récemment vendu du matériel militaire à l’Arabie Saoudite.

Les étudiants membres de l’équipe du Délit ont conscience du privilège qu’ils ont: vivre en sécurité, étudier et, pour certains, avoir pu être intégrés immédiatement au sein de la société canadienne après avoir immigré pour leurs études. Nous souhaitons rappeler que l’éducation est un droit reconnu par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Nous tenons à exprimer notre solidarité avec ces Syriens de nos âges. Mais la sympathie seule ne suffira pas: il faut aussi appeler à l’action plutôt qu’être complices implicites de cette crise humanitaire.

La communauté mcgilloise tente de répondre à cette crise humanitaire et partager avec de jeunes Syriens certains des privilèges dont nous bénéficions. En partenariat avec EUMC (Entraide Universitaire Mondiale du Canada) et son Programme d’étudiants réfugiés (PER), McGill a récemment annoncé l’accueil de 19 étudiants syriens supplémentaires pour septembre 2016. L’association permettait déjà d’accueillir à McGill deux étudiants syriens par an. Ces derniers étaient alors aidés par une bourse financée par une cotisation des étudiants sur leurs frais de scolarité. Aux actions de EUMC s’ajoute l’initiative d’un groupe d’étudiants des résidences de McGill. Ces derniers ont organisé des sessions Skype, offrant des cours d’anglais à de jeunes Syriens déterminés à passer le TOEFL dans le but de poursuivre leurs études au Canada.

Il est important de saluer les efforts effectués par le gouvernement, les citoyens canadiens et les différentes associations impliquées sur le campus ou au-delà.

Toutefois, et malheureusement, il est aussi fondamental de souligner que ces efforts ne suffisent à aider qu’une petite minorité des populations touchées par les conflits. En décembre 2015, Le Délit et The Daily publiaient une édition spéciale sur la durabilité: ce concept s’applique aussi à la lutte quotidienne et de long terme contre les désastres humanitaires.

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La Suède ne comprend pas https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/la-suede-ne-comprend-pas/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/28/la-suede-ne-comprend-pas/#respond Sun, 29 Nov 2015 01:09:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24287 McGill, championne incontestable du développement durable.

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Le spectre du développement durable hante le Canada. L’Université McGill, confrontée à ce défi dans un passé récent, pourrait servir d’exemple au reste du pays. Au prix de politiques faisant fi de l’austérité ambiante et au mépris des conventions néolibérales en vigueur, le vaisseau de Suzie Fortier vogue aujourd’hui paisiblement sur les flots verts du triomphe.

Réinvestissons McGill

L’une des premières mesures de cette politique révolutionnaire a été la fermeture définitive des portes de la bibliothèque Redpath, il y a deux ans de cela. Nombre d’étudiants se plaignaient en effet de pouvoir circuler trop librement sur le campus, ce qui occasionnait une outrageuse déperdition de température au sein de la bibliothèque. Moins d’un an après avoir résolu ce problème, l’administration a porté son attention vers une autre difficulté à laquelle se heurtaient les étudiants, en interdisant la vente de sandwichs à SNAX, le café de l’Association Étudiante de la Faculté des Arts (AUS). En effet, de nombreux étudiants s’étaient plaints de ces casses-croûtes faits-maison. Madeleine, étudiante en deuxième année avec une majeure environnement, déclare au Délit: «Avant, je pouvais acheter un sandwich produit localement par des étudiants pour une somme modique… en plus, il n’y avait qu’une couche d’emballage! Je suis vraiment soulagée de devoir consommer chez Première Moisson cette année». Les mots de Madeleine ne sont qu’une goutte dans un océan de témoignages d’étudiants apaisés. Josh, étudiant en économie, ajoute «Il était temps, maintenant je peux payer deux fois plus pour la même quantité, et au moins Première Moisson accepte les cartes de crédit».

Le malheur de certains fait le bonheur de l’environnement

En plus du succès éclatant des mesures prises par l’université au cours des deux dernières années, on notera les efforts faits par l’administration de McGill qui visent à mettre le climat montréalais au service du développement durable. Un exemple saillant de cette initiative verte est le refus de saler les rues de l’université  — en particulier la pente entre McIntire et Sherbrooke, et celle qui lie les résidents d’Upper Rez au campus. En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre produits par les épandeuses, il s’agit de permettre aux étudiants de se rendre à leurs cours en patins ou en luge, offrant une méthode de transport alternative à la fois durable et divertissante. Outre les bénéfices pour l’environnement, le non-salage des rues offre l’opportunité aux étudiants en médecine de parfaire leurs techniques de pose de plâtres. Luigi, en troisième année de chirurgie plastique, explique ainsi au Délit que «l’université est vraiment soucieuse du bien-être de chaque étudiant, c’est formidable». À sa demande, McGill a d’ailleurs projeté de remplacer les escaliers à l’intérieur des bâtiments par des murs d’escalade, mesure qui en plus de lutter contre l’apathie estudiantine permettra par ailleurs à Luigi et à ses camarades de médecine d’améliorer leur technique, les chutes étant inévitables. Une chose est claire: McGill est une université futuriste, qui n’a pas fini de nous éblouir avec ses politiques durables.

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Hommages aux victimes à Montréal https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/hommages-aux-victimes-a-montreal/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/17/hommages-aux-victimes-a-montreal/#respond Tue, 17 Nov 2015 16:43:17 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24136 Ils étaient des centaines, devant le consulat de France, Place des Arts et à l’intersection Y pour honorer la mémoire des morts à Paris.

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Marc Blondeau, directeur de la Place des Arts: «Consternation d’apprendre qu’un tel carnage ait eu lieu dans une salle de spectacle. Nous avons pensé proposer un rendez vous simple, sobre, un rassemblement de solidarité pour la paix, contre la violence et la peur, un événement de recueillement (…) mais aussi, et peut être surtout, un événement de prise de parole par plusieurs personnes du milieu culturel.»

Louis Baudoin-Laarman

Margaux et Chloé, étudiantes mcgilloises françaises: «Parce qu’on est loin et que dans des moments comme ça, ça fait du bien de se réunir pour se serrer les coudes.»

Salomé Grouard

Adrien, étudiant parisien en visite à Montréal: «Je trouve ça bien qu’il y ait quelque chose comme ça qui se mette en place. Avec tout ce qui se passe, même depuis l’étranger, donner ne serait-ce qu’un peu de soutien c’est déjà ça. On fait ce qu’on peut de là où on est...»

Eléonore Nouel

Marily, étudiante à McGill originaire de l’Île-du-Prince-Édouard: «Je n’attendais pas autant de gens mais je pense que c’est très impressionnant, ça montre à quel point l’humanité est puissante, et que nous pouvons tous nous rassembler quand un événement aussi horrible arrive, et promouvoir tous ensemble la paix.»

Nouédyn Baspin

Emily, étudiante à McGill originaire de l’Île-du-Prince-Édouard: «Leur montrer que ça n’a pas marché, que nous n’avons pas peur et que, quoi qu’il arrive, ça ne nous empêche pas de sortir de chez nous.»

Inès Léopoldie-Dubois

Anne, originaire de Clermont-Ferrand: «Je trouve toujours ça très émouvant comme rassemblement. Et puis de se retrouver avec des gens de tous les horizons qui ne se connaissent pas, pour la même raison, c’est toujours un bon moment. J’espère juste que l’élan de solidarité ne va pas s’éteindre demain. Et puis on va essayer de faire en sorte de tous rester debout, ensemble, collectivement dans les prochaines semaines et mois parce que malheureusement ça risque de ne pas être la seule épreuve à laquelle on va être confronté…»

Louis Baudoin-Laarman

Michel Dumont, comédien et directeur du théâtre Jean-Duceppe: «Deux solutions: ou on se terre, on se cache, on plie, on arrête de vivre et on arrête de croire; ou bien on relève la tête, et on continue à avoir la foi en l’Homme, malgré toutes les folies dont il est capable.»

Eléonore Nouel

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Solidarité numérique https://www.delitfrancais.com/2015/11/16/solidarite-numerique/ https://www.delitfrancais.com/2015/11/16/solidarite-numerique/#respond Tue, 17 Nov 2015 04:38:35 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=24065 Là où les réseaux sociaux ont du bon.

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Que ce soit Facebook, Twitter, ou encore Instagram, les réseaux sociaux font partie inhérente de nos vies depuis de nombreuses années déjà. Ils s’immiscent dans nos routines, nos interactions, et ils divisent les opinions – du dépendant à celui qui les trouve trop courants ou vulgaires. Une chose demeure cependant indéniable: ces réseaux transforment les médias, le transfert de l’information, les relations humaines. Et quelle situation illustre cela plus nettement qu’une crise nationale et globale?

Vendredi dernier à Paris, les utilisateurs des réseaux sociaux ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme. Quelques instants après la première explosion, un spectateur au Stade de France parle sur Twitter du bruit retentissant des “pétards”, ignorant encore la réelle cause des détonations. Vingt minutes plus tard, dans la salle du Bataclan, un spectateur décrit la situation et appelle à l’aide par le biais d’un statut Facebook. Néanmoins, pendant et après l’attaque, les fausses rumeurs et spéculations non fondées ont été aussi présentes que les informations tangibles. Mais, plus intéressant peut-être que les fonctions parallèles à celles des autres médias, est l’aspect social des ces réseaux.

Fraternité virtuelle…

La communication d’être humain à être humain, ami ou inconnu, c’est là la force des réseaux sociaux en situation de crise. Cet outil conduisant parfois à l’individualisme et à l’égocentrisme s’est révélé être une source de solidarité et d’entraide. L’un des exemples les plus frappants de cet usage est le hashtag #PorteOuverte sur Twitter. En l’espace de deux heures, près de vingt-mille personnes ont offert d’héberger les passants en détresse à travers ce mot-clic. Après l’attaque, le hashtag #rechercheParis a permis aux proches de personnes disparues de faire circuler des avis de recherche. Nombre d’utilisateurs de Facebook auront aussi remarqué – et pour certains, employé – la fonction spéciale mise en place pour se signaler en sécurité. Introduite par Mark Zuckerberg aux suites du séisme au Népal en avril dernier, cette application a permis à tous les utilisateurs qui se trouvaient à Paris de confirmer leur sûreté et celle de leurs proches.

Il serait injuste de faire l’éloge de la réponse des réseaux sociaux et de leurs utilisateurs en faisant abstraction de leurs aspects plus sombres. En plus des cas de désinformation, certains commentateurs n’ont pas tardé à tirer des conclusions hâtives, à plonger dans l’amalgame, ou à suggérer de répondre à la violence par la violence. Les propos de cette nature ont cependant, pour le moment, été noyés par le flot de messages de soutien et de solidarité. Il va sans dire que les réseaux sociaux ont été une ressource inestimable pour ceux d’entre nous qui étaient loin des évènements, mais dont les proches étaient aux premières loges. Il s’agit également d’un lieu où rendre hommage, où exprimer ses pensées, ses émotions. Certes, changer les couleurs de sa photo de profil ne changera personne. C’est cependant pour certains un geste de respect, dans des moments où l’on veut aider, mais où il n’y a rien à faire. Les mots-clic  et signaux de sécurité donnent aussi l’espoir de pouvoir mieux s’entraider dans le futur lorsque survient une situation d’urgence, peu importe la cause du danger, peu importe le pays concerné. 

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Hélène Laverdière https://www.delitfrancais.com/2015/10/06/helene-laverdiere/ https://www.delitfrancais.com/2015/10/06/helene-laverdiere/#respond Tue, 06 Oct 2015 15:42:36 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23349 Nouveau Parti démocratique | Laurier — Sainte-Marie

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Le Délit (LD): Pouvez-vous brièvement présenter la perspective du NPD, sur l’échelle fédérale mais aussi sur celle de votre circonscription, Laurier?

Hélène Laverdière (HL): Il y a beaucoup de défis comme les inégalités sociales, un problème mondial, mais aussi spécifiquement canadien. Elles ont grandi tant sous les libéraux que sous les conservateurs depuis des décennies. Il y a la question de l’économie; en ce moment elle n’est pas assez diversifiée, il y a eu beaucoup de pertes de bons emplois. Il y a des enjeux globaux qui résonnent dans la circonscription: la lutte contre la pauvreté, l’accès au logement, l’enjeu de la sécurité ferroviaire (on est entouré de voies ferrées dans Laurier – Sainte Marie), renverser les coupes faites à Radio Canada… Autre enjeu, on a posé six différents projets de loi et motions pour défendre les droits LGBT (Lesbienne, Gays, Bisexuels et Transgenres, ndlr) et notamment les droits des personnes trans.

LD: Le programme du NPD promet la création de débouchés sur le marché du travail pour 40 000 jeunes Canadiens. Quelle est votre stratégie?

HL: Il y a maintenant sous le règne — c’est un beau lapsus (rires) — le gouvernement Harper, à peu près 60 000 emplois pour les jeunes qui ont disparu. On propose d’en créer 40 000, pour permettre aux jeunes d’acquérir une expertise, car c‘est difficile en commençant avec un CV presque blanc. Il s’agit par exemple d’avoir des quotas pour l’emploi des jeunes. Il y a aussi notre appui aux PME: c’est elles qui créent 80% des emplois. On veut pour les entreprises de juridiction fédérale hausser le salaire minimum à 15 dollars. Ma collègue Laurin Liu a essayé de faire passer un projet de loi pour la protection des stagiaires non rémunérés, avec les mêmes lois de norme et sécurité au travail que les travailleurs rémunérés.

LD: Le programme insiste sur l’importance du développement durable: avez-vous des projets concrets pour votre circonscription?

HL: On est vraiment prêts à mettre l’effort pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Les Libéraux étaient allés à Kyoto mais ont admis qu’ils n’avaient aucune intention d’atteindre leurs objectifs, les conservateurs ont été encore pires et nous ont retirés de Kyoto. Il faut investir dans les infrastructures, dans les transports en commun, transférer une partie de l’argent de la taxe sur l’essence pour la remettre aux municipalités. Mon autobus de campagne, c’est l’autobus 45 qui fait l’avenue Papineau, et j’en suis très fière (rires).

«Quand je parle à des jeunes je dis: “Votez pour qui vous voulez, mais s’il-vous-plaît, votez»

LD: La question de la santé mentale des jeunes canadiens est abordée dans le programme du NPD. Ce sujet n’est pas commun — il n’est d’ailleurs pas abordé par le Parti libéral ni par le Parti conservateur. Pourquoi pensez-vous qu’il est important d’agir au sujet de la santé mentale?

HL: C’est essentiellement de travailler en amont, sur la prévention. Quand on travaille du côté de la santé mentale auprès des jeunes on évite beaucoup de problèmes à l’âge adulte qui perdurent ou s’accentuent. Il y a 1,5 million de Canadiens de moins de 24 ans qui souffrent de problèmes de santé mentale, c’est quand même pas marginal. On veut avec un fond d’innovation de 100 millions travailler avec les Premières Nations, avec les organismes communautaires, avec les institutions publiques.

LD: L’Institut du Nouveau Monde dénonce le problème de l’abstention chez les jeunes électeurs, décriant un “suicide politique”. Lors des élections de 2011 seulement 38,8% des 18–24 ans ont voté. Les voix des jeunes et des étudiants ont-elles une importance particulière pour le NPD?

HL: C’est un point qui me tient particulièrement à coeur. Hier je suis allée participer à un débat dans une école secondaire; il faut commencer très tôt. Souvent les adultes, j’essaie de les convaincre de voter NPD. Quand je parle à des jeunes je dis: “Votez pour qui vous voulez, mais s’il-vous-plaît, votez”. J’utilise toujours une histoire qui vient de Rick Mercer, qui dit: “Est-ce que vous laisseriez vos grand-parents choisir vos amis? Vos vêtements? Votre musique?” La réponse est toujours non. “Alors, pourquoi est-ce que vous les laissez choisir votre gouvernement et votre avenir?” 

Matilda Nottage | Le Délit

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Les Élections en quelques chiffres https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/les-elections-en-quelques-chiffres/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/les-elections-en-quelques-chiffres/#respond Tue, 29 Sep 2015 19:28:08 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23256 Infographies.

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Matilda Nottage | Le Délit
Matilda Nottage | Le Délit

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À la recherche du bonheur https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/a-la-recherche-du-bonheur/ https://www.delitfrancais.com/2015/09/29/a-la-recherche-du-bonheur/#respond Tue, 29 Sep 2015 15:54:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=23171 État de l’utilisation et de l’utilité des antidépresseurs.

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Malgré la constance et l’ubiquité de la recherche médicale, certaines découvertes en particulier marquent des sociétés entières. Parmi ces dernières, on peut compter le vaccin par Pasteur en 1885, l’invention de l’aspirine par Hoffman à la fin du XIXe siècle, ou encore la pénicilline par Fleming durant le siècle suivant. En 1957, le psychiatre suisse Roland Kuhn découvrait le premier antidépresseur, l’imipramine. Ce n’est cependant qu’à partir de la fin années 80, avec l’apparition de la fluoxétine, que cette nouvelle classe de médicaments commença à impacter la société de manière remarquable. Cette pilule blanche et verte, mieux connue sous le nom de «Prozac», fut accueillie avec un enthousiasme sans précédent: pourrait-elle être la clef pour guérir la dépression? C’est le parti pris par la journaliste américaine Elizabeth Wurtzel dans son autobiographie intitulée Prozac Nation, sortie en 1994. L’histoire de sa lutte contre la dépression et de sa victoire permise par la fluoxétine devint rapidement un best-seller aux États-Unis et sera même adaptée pour le grand écran en 2001.

Le Canada est le troisième plus grand consommateur d’antidépresseurs de tous les pays membres de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), selon le rapport Panorama de la santé 2013. D’après ce même rapport, au sein des pays membres plus d’un adulte sur dix consomme des antidépresseurs. La consommation de ces médicaments a aussi fortement augmenté au cours des dernières années: elle a en moyenne presque doublé entre 2000 et 2011.

Pourtant, l’enthousiasme quasi-unanime s’est effacé depuis les années 1990, et le recul a laissé place à de nombreux doutes et controverses. Quels sont donc les facteurs à l’origine de cette augmentation? La consommation d’antidépresseurs est-elle toujours justifiée?

Davantage de diagnostiques?

Les troubles de la santé mentale ont un long précédent de stigmatisation. Aujourd’hui encore, 60% des gens souffrant de troubles mentaux n’ont recours à aucun service, selon la Commission de la Santé Mentale du Canada (CSMC). Il est cependant impossible d’ignorer le progrès effectué au cours des dernières décennies. Depuis 2009, par exemple, la CSMC œuvre avec les professionnels de la santé, les jeunes, la main‑d’œuvre et les médias pour éradiquer les préjugés liés à la maladie mentale, à travers l’initiative Changer les mentalités. Une acceptation grandissante de ces troubles, en plus de l’évolution des outils d’évaluation et de diagnostiques à la disposition des professionnels, pourrait expliquer les tendances à la hausse observées dans l’utilisation d’antidépresseurs. En effet, si plus de gens sont éduqués sur la santé mentale et les ressources qui sont à leur disposition, et si les professionnels peuvent mieux les évaluer, il s’ensuit que plus de gens reçoivent un traitement.

Pourtant, selon Marc Laporta, directeur du Centre collaborateur OMS pour la recherche et la formation en santé mentale et professeur adjoint à McGill, en entrevue avec Le Délit, «la hausse de diagnostiques est certainement une partie de la réponse, mais pas son intégralité.» Il explique que ces médicaments sont prescrits pour gérer des problèmes «tels que l’anxiété, qui incluent les troubles obsessionnels compulsifs, les phobies sociales et le stress post-traumatique», mais qu’«ils sont aussi malheureusement souvent prescrits dans des situations qui ne justifient pas leur utilisation, comme les formes légères de dépression, les réactions temporaires au stress, l’insomnie et autres».

Éléonore Nouel | Le Délit

Une solution rapide et lucrative

Si les antidépresseurs sont souvent prescrits pour des problèmes autres que la dépression, c’est en partie parce que les problèmes mentaux sont extrêmement complexes et variés. Il existe des troubles trop spécifiques pour mériter autant d’attention des chercheurs que la dépression. Dans ce type de cas, les antidépresseurs sont prescrits par manque d’alternative plus adaptée. La littérature scientifique montre pourtant un succès très mitigé de cette classe de médicaments sur les troubles autres que la dépression.

Le recours fréquent à la pharmacologie s’explique aussi par son côté pratique. Pour le patient, c’est un traitement concret qui a le potentiel pour agir vite, et qui ne demande ni autant de temps ni autant de travail que la thérapie. Pour le médecin, c’est aussi une économie de temps, une façon de satisfaire un patient qui attend une solution, et la prescription représente de plus parfois un intérêt financier.

Une grande partie de la controverse qui a entouré l’utilisation d’antidépresseurs ces dernières années est liée à une méfiance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique. De toute évidence, cette industrie gagne à encourager l’approche pharmacologique plutôt que la thérapie. «La santé est une industrie et les groupes d’intérêts ont beaucoup de moyens d’influencer plus ou moins subtilement la recherche, les diagnostiques et les tendances de traitements. On a besoin d’une vigilance constante de la part des organismes subventionnaires, et je pense qu’on le fait mieux qu’avant», commente Marc Laporta. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (plus connu sous le sigle DSM), ouvrage aux dimensions quasi-bibliques pour les psychologues en Amérique du Nord, l’industrie pharmaceutique a une forte influence qui va jusqu’à l’origine du diagnostique. Une étude réalisée en 2006 par Lisa Cosgrove de l’Université du Massachusetts révélait que sur 170 membres du comité responsable de l’édition du DSM-IV, 95 étaient associés financièrement avec des compagnies pharmaceutiques. Dans le comité des troubles de l’humeur, catégorie qui inclut les troubles dépressifs et bipolaires, premiers concernés par les antidépresseurs, tous les membres ont admis avoir des liens avec cette industrie.

Critique, mais pas cynique

Si les années 1990 ont été le point culminant de l’enthousiasme vis-à-vis de la fluoxétine et de ses cousins, ces dernières années ont vu naître un certain cynisme à l’égard de médicaments qui ne sont finalement pas la solution miracle tant attendue, qui ne sont pas toujours prescrits adéquatement, et qui semblent servir à alourdir les poches de l’industrie pharmaceutique. Il est aujourd’hui important d’être informé des risques et limites de ces médicaments et de connaître les possibles motivations de ceux qui les prescrivent. Il faut aussi être conscient de leur efficacité, prouvée bien supérieure à celle de simples placébos dans la littérature scientifique, en particulier pour les cas sévères. «Nous sommes tellement loin de pouvoir aider ceux qui en ont besoin que nous sommes heureux de voir une tendance vers plus de diagnostiques et de traitements», conclut Marc Laporta. Reste à explorer les possibilités de la psychothérapie, qui est souvent moins accessible; les meilleurs résultats observés sont obtenus en combinant cette méthode avec la pharmacothérapie. 

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Étudiants en quête de solutions https://www.delitfrancais.com/2015/03/24/etudiants-en-quete-de-solutions/ https://www.delitfrancais.com/2015/03/24/etudiants-en-quete-de-solutions/#respond Tue, 24 Mar 2015 17:26:16 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22710 Brève.

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Du 20 au 22 mars s’est déroulée dans les locaux de New Residence Hall la huitième édition de la Montréal World Health Organisation (MonWHO), une simulation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui se voulait cette année l’occasion d’aborder le thème de la santé mentale.

L’initiative de MonWHO, initialement appelée McWHO, a été lancée en 2007 par Martin Smoragiewicz, élève en médecine à McGill. L’événement, ouvert à tous les étudiants, rassemble chaque année des élèves de McGill et d’universités internationales. Il s’agit de sensibiliser les étudiants aux questions de santé mondiale, de les familiariser avec l’OMS et ses fonctions, d’offrir un moyen de jouer un rôle actif dans la politique de santé mondiale, et de souligner les déterminants sociaux de la santé.

La santé mentale est un thème qui a été longtemps négligé par rapport aux autres branches de la médecine. Marc Laporta a pourtant fait remarquer lors de son discours d’ouverture que 20 à 25% de la population mondiale souffre ou a souffert de troubles mentaux, soit sept millions de personnes au Canada, et que les suicides sont la cause d’un million de décès par an. 

La simulation a permis aux étudiants de se glisser pour trois jours dans la peau des représentants des pays membres de l’OMS. À ces rôles s’ajoutaient ceux du président, cette année endossé par Christopher Cadham, ainsi que de vice-président et d’ambassadeurs. La simulation incluait aussi des acteurs non gouvernementaux: journalistes, organisations non gouvernementales, et représentants de l’industrie pharmaceutique.

Les étudiants ont ainsi pu se pencher sur les questions qui remuent l’OMS, tentant de coopérer pour trouver des solutions globales, transcendant les limites de la culture, du genre ou du milieu social.

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Hommage aux femmes disparues https://www.delitfrancais.com/2015/02/17/hommage-aux-femmes-disparues/ https://www.delitfrancais.com/2015/02/17/hommage-aux-femmes-disparues/#respond Tue, 17 Feb 2015 16:47:07 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22400 Une marche à Montréal pour commémorer les victimes autochtones.

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Le samedi 14 février, la rue Sainte-Catherine est temporairement devenue piétonne pour laisser place à la Marche commémorative annuelle en hommage aux femmes disparues et assassinées. À l’appel du collectif Justice pour les femmes autochtones disparues et assassinées (Missing Justice, ndlr), les participants se sont rassemblés à 15 heures au square Cabot près de la station de métro Atwater. Sur place, de nombreuses voitures de police étaient stationnées. Les participants ont été accueillis au rythme de la musique traditionnelle des Premières Nations. Par la suite, plusieurs intervenants se sont succédés pour des discours avant de procéder à un moment de silence en hommage aux milliers de femmes disparues et assassinées. La marche a ensuite longé la rue Sainte-Catherine jusqu’à un mémorial où les noms des victimes étaient inscrits sur des étoiles de papier posées sur la neige.

Le lieu choisi pour débuter cette marche n’était pas anodin; le square Cabot, avant de récents projets de rénovation, faisait office de résidence temporaire pour de nombreux sans-abris à Montréal, nombre d’entre eux des Premières Nations. La date, non plus, ne relève pas du hasard: la Saint-Valentin, c’est aussi pour beaucoup un jour pour être avec ou se souvenir de ceux que l’on aime.

La marche faisait écho à la marche de Vancouver, qui a eu lieu en même temps sur la côte Ouest. C’est à Vancouver qu’a eu lieu la première marche de commémoration en 1991, à la suite du meurtre d’une femme salish de la côte. Selon un rapport de la Gendarmerie royale du Canada, depuis les années 1980, 164 femmes autochtones ont disparu et 1017 ont été assassinées. Selon le même rapport, les femmes autochtones représentent 4,3% de la population canadienne, mais 16% des victimes d’homicides. Ce sont ces chiffres disproportionnés, ainsi que le manque d’attention qui leur est accordé par les médias, la police et le gouvernement, que les organisateurs de la marche veulent dénoncer.

L’une des membres de l’association Missing Justice, dont le mandat est l’élimination de la violence et de la discrimination envers les femmes autochtones au Québec, a déclaré que «les femmes et filles indigènes continuent de disparaitre et d’être tuées de manière disproportionnée, et il y a peu, voire pas, d’actions qui adressent la nature coloniale systémique de cette violence». Viviane Michel, présidente de Femmes Autochtones du Québec, encourage à la prise de conscience. «Nous devons reconnaître que le problème des femmes autochtones disparues et assassinées est très complexe, il implique l’histoire de la colonisation, les lois d’assimilation qui ont toujours pris en cible les femmes aborigènes, et la violence continue à laquelle les femmes des Premières Nations font face dans leurs communautés et en dehors», a‑t-elle expliqué, avant d’ajouter: «Ce problème est la responsabilité de tous.»

Le premier ministre Stephen Harper, cependant, a rejeté l’été dernier la tenue d’une enquête nationale. «Nous ne devons pas y voir un phénomène sociologique», a‑t-il déclaré. Celui-ci a aussi avoué que le problème des femmes disparues et assassinées n’était pas pour lui la question la plus pressante lors d’une entrevue, affirmant «ce n’est pas très haut sur notre liste de priorités, pour être honnête».

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Montréal, rue Sexe-Catherine https://www.delitfrancais.com/2015/02/03/montreal-rue-sexe-catherine/ https://www.delitfrancais.com/2015/02/03/montreal-rue-sexe-catherine/#respond Tue, 03 Feb 2015 17:19:00 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22236 La face sombre de la prostitution confondue dans les néons.

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L’enseigne tape-à‑l’œil «Super Sexe» qui colore la rue Sainte-Catherine et les nombreux bars de danseuses qui parsèment le centre-ville de Montréal semblent indiquer que l’industrie du sexe y est active et féconde. Être exposé à ces vitrines du commerce sexuel amène cependant à une idée réductrice de la prostitution. Bien loin de ce que nous laissent voir les enseignes publicitaires, les ébats mercantiles ne semblent pas toujours être le lieu du libre arbitre.

Métier ou travail forcé

Au gré des enchantements: agences d’escortes, bars de strip-tease dits «exotiques», massages érotiques, projections de films pornographiques… voguent les clients. Pourtant, les institutions légales ne sont pas les seules à offrir de tels services. De larges réseaux de proxénètes et gangs de rue prennent part à un trafic d’êtres humains pour l’industrie du sexe, selon le rapport «Human Trafficking in Canada» publié en 2010 par la Gendarmerie Royale du Canada (GRC). La GRC estime à environ 600 par année le nombre d’individus trafiqués et victimes d’exploitation sexuelle au Canada. Le même rapport indique que la plupart de ces individus sont des femmes canadiennes âgées de 14 à 25 ans, souvent marginalisées et vivant sous le seuil de pauvreté. Les victimes de cette industrie sont aussi des sans-papiers, difficiles à recenser, et plus vulnérables en raison de leur statut.

Femmes autochtones, cible commode?

Il apparait toutefois qu’un groupe minoritaire est représenté de manière disproportionnée dans cette industrie: les femmes des Premières Nations. Il n’est pas simple d’estimer le nombre exact de personnes impliquées dans cette industrie illégale à Montréal. Le milieu est difficile d’accès, les preuves souvent anecdotiques, et les chiffres manquent. Une étude du Comité ADM sur la Prostitution et l’Exploitation Sexuelle des Jeunes, datant d’il y a presque quinze ans, estime que dans certaines communautés de Colombie-Britannique, les jeunes des Premières Nations composent jusqu’à 65% des jeunes exploités par l’industrie du sexe. Difficile de généraliser ces chiffres à Montréal en 2015, cependant les disparitions mystérieuses de femmes autochtones ne sont pas des évènements rares. Les marches pour les femmes autochtones disparues et assassinées témoignent aujourd’hui du silence qui a longtemps plané et plane encore sur les violences perpétrées à l’encontre de ces femmes.

Beverly Jacobs, ancienne présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), dénonce les échos des premières versions de la Loi sur les Indiens qui permettait au gouvernement canadien de légiférer sur les réserves: «La conséquence d’être confiné dans des réserves, c’est que les hommes et femmes ont perdu leur responsabilité traditionnelle et leur force, qu’elle soit mentale ou physique. Les femmes étaient alors considérées comme la propriété de ces hommes qui commencèrent à croire qu’ils devaient penser comme l’homme blanc.»

Selon le rapport «Aboriginal Victimization in Canada: A Summary of the Literature» de Katie Scrim, chercheuse au Département de Justice du Canada, entre 25 et 50% des femmes autochtones ont été agressées sexuellement lors de leur enfance, contre 20 à 25% en moyenne pour le reste de la population. Les traumatismes engendrés par ces agressions font de ces personnes des victimes faciles pour les proxénètes.

Lutte, aide et légalité

Il existe des associations telles que Love146 qui luttent au Canada et à l’international pour l’abolition de ce trafic à travers des campagnes de sensibilisation et d’éducation des potentielles victimes. Un suivi, un soin et une réinsertion de ces personnes sont aussi des techniques qui sont utilisées pour leur venir en aide; lorsque prévenir ne suffit pas, il faut guérir. D’autres associations telles l’AFAC luttent au niveau national pour le bien-être des femmes des Premières Nations en leur donnant une voix dans le monde politique. Le projet LUNE (Libres, Unies, Nuancées, Ensemble), «par et pour» les travailleuses du sexe, propose des hébergements d’urgence et des programmes d’éducation et de santé.

Le 6 octobre 2014, le projet de loi C‑36, qui vise à décriminaliser les travailleuses du sexe et criminaliser les clients et proxénètes, a été adopté par la Chambre des Communes. Éliane Legault-Roy, membre de la Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES), décrit les avantages et les limites de cette nouvelle loi: «Une étude récente menée par trois économistes dans 150 pays a démontré que la légalisation de la prostitution a pour effet d’augmenter la demande, mais comme la légalisation ne fait pas en sorte que plus de femmes sont dans le besoin ou que plus de femmes ont “envie” d’être prostituées, la légalisation augmente inévitablement la traite humaine pour répondre à la demande. De plus, c’est beaucoup plus facile de cacher des victimes de traite ou des mineures dans des lieux fermés comme des bordels que dans la prostitution de rue». Elle souligne cependant un bon côté des nouvelles mesures: «on voit enfin la prostitution non comme un crime, mais comme une atteinte à la sécurité des femmes. La loi vient avec un budget de vingt millions de dollars sur cinq ans et le gouvernement canadien est en appel de projet pour le soutien à la réinsertion des femmes: mesures d’employabilité, de santé, d’hébergement… on espère aussi qu’une partie des fonds va viser à sensibiliser les hommes, parce que ce n’est pas une fin en soi de les criminaliser, il faut plutôt les encourager à ne pas devenir clients à travers l’éducation et les campagnes de sensibilisation.»

Demain, plus rose?

Un Plan d’action directeur sur la prostitution et la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle pour les années 2014 à 2016 a été émis par le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM). Il cherche, entre autres, à approfondir les connaissances qui touchent au phénomène de la prostitution afin de faire des progrès malgré les changements continuels du milieu. Si Montréal ne cache pas son sexe, la police n’en est pas moins préoccupée par les abus de son industrie, et la solution miracle pour le défaire de son caractère parfois nuisible n’a pas encore vu le jour.

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Anonymous contre le SPVM https://www.delitfrancais.com/2015/01/20/anonymous-contre-le-spvm/ https://www.delitfrancais.com/2015/01/20/anonymous-contre-le-spvm/#respond Tue, 20 Jan 2015 16:25:24 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=22077 Les hacktivistes menacent la police de Montréal à la suite de l’expulsion de sans-abris.

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Le campement improvisé du square Viger, situé près du Vieux Port, un lieu choisi par beaucoup de sans-abris pour passer les nuits glaciales de l’hiver montréalais, a été démantelé par des bulldozers d’équipes de la ville sous la supervision du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) le 7 janvier dernier. «Ce soir, on ne veut pas qu’ils dorment ici. Ils devront dormir ailleurs», a déclaré à CBC News Laurent Gingras, le Sergent relations médias de la police de Montréal. La manière dont le démantèlement du camp a été conduite, plutôt violente et par un froid de ‑22 C, a choqué de nombreuses personnes, dont le groupe Anonymous qui a décidé de réagir en confrontant le SPVM.

Souci de santé, ou souci de beauté?

Difficile de discerner les réelles intentions derrière cette expulsion. Laurent Gingras avait défendu l’opération en invoquant la propreté et la santé publique. En effet, de nombreuses seringues utilisées par les habitués du square et autres déchets ont également été retirés le 7 janvier. Il est aussi possible que le but de cette opération ait été de forcer la population du square Viger à passer la nuit dans des foyers, plutôt qu’à l’extérieur où les conditions météorologiques auraient pu s’avérer fatales. Cependant, beaucoup de sans-abris préfèrent dormir dehors, malgré les températures extrêmes, plutôt que de dormir dans les foyers qui sont souvent surpeuplés et parfois dangereux. De plus, le choix de ce square situé près du quartier touristique du Vieux-Port plutôt que d’autres parties de la ville où les sans domiciles fixes trouvent aussi refuge semble indiquer un souci d’esthétisme plutôt que d’éthique. Enfin, l’opération n’a pas simplement consisté en un tri des objets dangereux telles les seringues contaminées: des photos montrent des bulldozers poussant une montagne de coussins, sacs de couchage, sacs à dos et autres objets variés.

Anonymous à la défense des itinérants

Les images de l’intervention ont consterné beaucoup de Montréalais. Elles ont poussé le groupe «hacktiviste» Anonymous à intervenir. Le groupe, dont la branche québécoise milite sous la bannière Op Safe Winter Montréal [Opération hiver en toute sécurité Montréal, ndlr], avait fait parvenir le 23 décembre dernier des couvertures et autres commodités aux sans-abris du square Viger, lesquelles ont été confisquées lors du démantèlement. En réaction, Anonymous avait appelé les internautes à l’occupation du square Viger le 11 janvier lors d’un communiqué accompagné d’un vidéo publié en ligne le même jour. Le groupe y a également dénoncé les actions du SPVM et accusé la police d’avoir commis «un acte de guerre contre les plus pauvres des pauvres». Le communiqué réclamait également un moratoire permanent, interdisant la destruction de camps de sans-abris pendant l’hiver, du 1er décembre au 1er mars. Enfin, le 12 janvier, Anonymous a attaqué le site du SPVM à travers une avalanche de courriels, le rendant temporairement inaccessible. Aucune donnée n’aurait été compromise. Anonymous n’a donc pas connu un grand succès dans sa campagne de soutien à la population itinérante du square Viger et contre le SPVM. Le groupe a cependant annoncé qu’il reviendrait occuper le square, cette fois en plus grand nombre. 

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Et maintenant, on va où? https://www.delitfrancais.com/2014/11/10/et-maintenant-on-va-ou/ https://www.delitfrancais.com/2014/11/10/et-maintenant-on-va-ou/#respond Tue, 11 Nov 2014 04:49:23 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=21760 Une enquête sur la désinstitutionnalisation psychiatrique au Québec.

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Il est difficile de ne pas se poser certaines questions lorsqu’on vit dans une ville comme Montréal. Au printemps dernier, je passais chaque jour par le square Cabot, un parc où l’herbe trop piétinée a laissé place à une étendue de poussière parsemée de bancs délabrés. De nombreux sans-abris y avaient trouvé un refuge temporaire, un groupe éclectique avec qui j’ai pu me familiariser au fil des semaines. Il y avait l’homme qui s’asseyait sur un banc et hurlait à toute voix des séries de monosyllabes variées, celui qui débattait des grandes questions économiques et sociales avec lui-même, le couple qui hélait des compliments aux passants, ainsi que d’autres personnes plus discrètes. Si certains d’entre eux étaient simplement excentriques, d’autres avaient de toute évidence besoin de l’aide d’institutions sociales et psychiatriques. Alors que faisaient ces derniers devant le métro Atwater plutôt que dans un hôpital ou un foyer? Peut-être qu’ils étaient là de leur propre gré, ou peut-être qu’ils étaient l’illustration même des effets d’un mouvement de réforme du secteur psychiatrique qui a commencé il y a plus de 50 ans au Québec.

Désinstitutionnalisation par vagues 

La désinstitutionnalisation, ou réduction des services médicaux dans les institutions psychiatriques, commence dans les années 1960 au Québec. Le mouvement a émergé en réaction aux traitements parfois brutaux administrés aux patients dans les hôpitaux. Le but est alors de leur rendre leur dignité et liberté, et de veiller à ce qu’ils s’intègrent à la communauté. À cela s’ajoutent des motifs économiques: les listes d’attente qui s’allongent et les institutions surpeuplées annoncent une augmentation signifiante des coûts. On pourrait aussi citer l’évolution de l’approche des maladies psychiatriques comme une troisième cause de mouvement. À cette époque, la découverte du potentiel de certaines drogues dans le traitement de ces maladies mène à une ferme croyance en la curabilité de certains types de maladies. Les séjours en institution ne paraissent alors plus essentiels pour certains patients. À Saint-Michel-Archange, aujourd’hui l’Institut Universitaire en santé mentale de Québec, le nombre d’admissions a diminué de 1 481 patients en 1963 à 571 patients en 1970. D’après Françoise Boudreau, auteure de De l’asile à la santé mentale: les soins psychiatriques: histoire et institutions, des personnes sorties de cet hôpital en 1970, 53% sont retournées dans leur famille, 39,8 % se sont retrouvées dans des endroits divers, 4,2 % ont été transférées vers d’autres institutions, et seulement 2,3 % ont été placées en foyer. Ces chiffres montrent l’importance du phénomène dès le début de la première vague de réformes, et le système n’a que très peu changé depuis. Les personnes qui sortent de telles institutions ont besoin de projets de réinsertion sociale; un soutien qu’ils ne trouvent que rarement.

Cette première vague de désinstitutionnalisation est suivie d’une deuxième vague, de 1970 à 1988. Celle-ci fait partie d’une réforme globale du système des services de santé et des services sociaux. En ligne de mire: la rentabilité des services. 

Un soutien absent, des malades toujours présents  

À première vue, ces réformes ne paraissent pas être basées sur de mauvaises intentions: redonner leur indépendance aux patients, s’adapter à une situation économique difficile et profiter des avancées de la médecine. Cependant, ce qui marche en théorie peut être contredit par la pratique. Le premier problème, et le plus évident, est que le nombre de personnes souffrant de maladies mentales ne diminue pas en proportion du nombre de lits disponibles en instituts de santé mentale (de 23 612 lits et 78,8% de taux d’occupation dans la province en 1991, à 15 831 et 85,9% en 2012). Ces personnes sont de moins en moins internées, mais les quelques patients qui ont encore accès à ces institutions psychiatriques manquent crucialement de soutien à leur sortie. Le rapport Bélanger de 1973 dénonce «l’absence quasi totale de suivi et de révision concernant les malades libérés du système hospitalier; l’absence aussi totale de contact avec la famille du malade, avec son employeur, son milieu de vie». 

La rue et la prison comme sorties de secours 

Par conséquent, un grand nombre de ces personnes, qui n’ont pas pu être institutionnalisées ou avoir le suivi dont elles avaient besoin à la sortie, finit à la rue ou en prison. Une étude de Côté & Crocker faite à l’Université McGill en 2007 révèle des statistiques alarmantes. Les gens atteints de schizophrénie ou de dépression majeure composent 6,6% de la population totale du Québec, 24% de la population des prisons et pénitentiaires, et 45,2% de la population sans-abris. Jonathan Bacon, bénévole auprès de 5 Days for the Homeless (5 Jours pour les sans-abris) à McGill, constate lui aussi un lien entre santé mentale et itinérance. «C’est un problème courant: l’itinérance est prise dans un étau entre la médicalisation et la judiciarisation. Ce qu’on entend par là, c’est que l’énorme gamme de problèmes vécus par les itinérants est placée dans deux catégories: soit le médical, qui perçoit l’itinérance comme curable par des traitements biomédicaux ou psychomédicaux […], ou le légal, qui place sur les itinérants le même fardeau de responsabilité sociale que nous éprouvons tous – donc, qui “punit” l’itinérance par des contraventions et des nuits au poste». Jonathan Bacon conclut en expliquant que «peu importe l’approche, les autorités ont tendance à mettre un grand poids sur les itinérants, qui eux manquent de ressources pour s’aider.» 

Il n’y a pas qu’au Québec que les proportions de personnes atteintes de maladies mentales en prison et dans la rue sont surprenantes. D’après un rapport du Treatment Advocacy Center, une ONG américaine qui a pour but de faciliter le traitement des désordres mentaux, plus de 356 000 personnes incarcérées sont diagnostiquées avec des maladies mentales sévères, contre seulement 35 000 dans les hôpitaux psychiatriques publics aux États-Unis. 

Des pistes pour changer d’approche

La situation qui a émergé à la suite de la désinstitutionnalisation des services psychiatriques québécois n’est donc pas idéale; on semble être loin des promesses de dignité, de liberté et d’intégration. On ne peut alors s’empêcher de remettre en question l’entièreté de l’argumentaire qui a mené à une telle réforme. L’idée d’une «curabilité» définitive à l’aide d’antidépresseurs, anxiolytiques et autres médicaments par exemple. Si les médicaments peuvent en effet être utiles dans le traitement des maladies psychologiques, il est temps de revoir notre dépendance quasi-complète à ces derniers. De plus, même si les raisons humanitaires qui ont mené à la désinstitutionnalisation étaient valides dans les années 1960, le sont-elles encore aujourd’hui, alors que les pratiques en institution ont grandement évolué? Et enfin, investir dans des moyens d’intégrer ces individus dans notre société et sur le marché du travail ne bénéficierait-il pas à notre économie?

Aujourd’hui, le square Cabot est fermé pour travaux. Un kiosque à café y sera bâti, les espaces verts vont remplacer le sol trop piétiné et de nouveaux bancs vont y être installés. Je ne pense pas y revoir les sans-abris que j’ai rencontrés au printemps dernier, et j’ignore où ils sont à l’instant présent. Ce que je sais, c’est qu’ils ne sont probablement pas en institution ou en foyer. Mais je sais aussi que cette situation peut changer pour le meilleur à condition d’une prise de conscience du problème, à l’échelle de la ville comme à l’échelle globale. 

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