Vincent Morreale - Le Délit https://www.delitfrancais.com/author/vincent-morreale/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 16 Mar 2021 12:42:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 Les carnets de l’underground https://www.delitfrancais.com/2021/03/09/les-carnets-de-lunderground/ Tue, 09 Mar 2021 14:15:15 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=42654 Entretien avec Gabriel Cholette et Jacob Pyne, respectivement auteur et illustrateur des Carnets de l'underground.

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Gabriel Cholette sillonne les scènes new-yorkaises, berlinoise et montréalaise de l’underground à la recherche de matériaux littéraire, qu’il travaille selon les codes d’Instagram. Il écrit aussi une thèse de doctorat sur l’imaginaire commercial dans la littérature française du Moyen Âge à l’Université de Montréal. Quant à l’artiste montréalais Jacob Pyne (@cumpug), il explore les thèmes de l’identité sexuelle, des relations et du sexe anonyme d’un point de vue queer. Ses scènes, intimes et chargées d’érotisme, sont inspirées de ses expériences et désirs personnels. Les deux ont collaboré sur la page @carnetunderground, dont le livre Les carnets de l’underground est partiellement issu. Le Délit rencontre ces deux créateurs afin de parler de l’ouvrage paru chez Triptyque Queer.


Gabriel Cholette, Auteur

Vincent Morreale | Le Délit Gabriel Cholette

Le Délit (LD): Alors que la théorie contemporaine littéraire souhaite détacher l’œuvre de son auteur·rice, vous semblez injecter vos expériences personnelles dans les péripéties des personnages. Quel rapport entretenez-vous à la fiction?

Gabriel Cholette (GC): Il faut dire que tout est pas mal vrai dans les Carnets. Je me suis inspiré de formes plus intimes comme le journal intime pour arriver à ma forme (,) et j’ai été complètement émerveillé par des livres récents de non-fiction, comme The Argonauts et Bluets de Maggie Nelson. En même temps, j’écris à propos de soirées où on ne peut plus trop se fier à sa mémoire. Et je saute les moments plates. Je ne raconte pas au lecteur ou à la lectrice les longs moments d’attente pour rentrer dans les clubs – à moins que ce soit pertinent –, la file aux toilettes, l’attente au bar. Mon amie Sophy m’a fait remarquer aussi que dans l’un des Carnets, je mélange des événements de deux soirées distinctes sans m’en rendre compte. C’est un oubli, mais aussi une mise en forme de mon vécu.

LD: La solitude est omniprésente dans vos textes. Bien que vos personnages soient toujours accompagnés d’ami·e·s ou de leurs relations intimes, vous orientez le·la lecteur·rice vers le fait qu’ils·elles se sentent détaché·e·s.

GC: Il y a un article qui circulait il y a quelques années et qui m’avait vraiment touché: The Epidemic of Gay Loneliness. Je le conseille vivement. Ça raconte un peu comment la montée de Grindr et des applications de rencontres se sont liées à un sentiment de solitude généralisé dans la communauté. Le genre de paradoxe du milieu de rave, c’est que c’est un lieu de socialisation intense, en même temps d’être un espace d’intériorisation assez important. Je pense que, dans les Carnets, mon personnage réfléchit beaucoup à son désir d’être à deux personnes, il en prend conscience quand il est seul, et il lutte un peu contre ce besoin. Il aimerait parvenir à être bien seul, mais il se ramasse toujours dans des aventures sans queue ni tête, à chasser quelqu’un.

LD: Les carnets de Berlin regroupent une grande partie des souvenirs les plus vifs du recueil. Pourquoi est-ce le cas, et qu’est-ce qu’un·e lecteur·rice non averti·e pourrait méconnaître sans avoir d’abord vécu l’expérience de la ville?

GC: Si les carnets de Berlin sont les plus vifs, c’est que les clubs berlinois ont trouvé des façons de se rendre mémorables, avec des décors époustouflants et avec des thèmes de soirées plus grands que nature, mais aussi parce que les clubs «trient» beaucoup à l’entrée. Ils choisissent ceux et celles qui vont rentrer. Ce sont des boys’ clubs inversés, dans le sens que les homosexuel·le·s entrent facilement et les hétérosexuel·le·s, difficilement. Ça peut-être assez frustrant, souvent, quand toi ou un·e ami·e se fait refuser. Mais quand tu rentres, le feeling aiguise tous tes sens. C’est comme s’il y avait une histoire mémorable qui se constituait devant tes yeux en live. Tout devient donc très «narratif», si je peux dire. Mais ça vient avec une inclusivité assez critiquable. 

LD: La place de la femme est omniprésente. Vous ouvrez avec la mention «n’envoyez pas ça à ma mère», vous faites référence à vos amies comme étant des vierges aux pieds du Christ, et les placez souvent comme étant celles en qui vous avez confiance. Êtes-vous en mesure de nous en dire plus sur ce rapport avec le sexe féminin ?

GC: J’ai remarqué aussi. Ce qui est fou, c’est que, pendant mes longs mois à Berlin, je ne suis pas systématiquement sorti avec des filles. C’est un milieu assez masculin et parfois, j’y étais juste «entre hommes». Souvent, je sortais seul aussi. Mais ce ne sont pas les histoires que j’ai décidé, instinctivement, de raconter. Je pense que la présence féminine avait une fonction révélatrice pour moi. En voulant introduire mes ami·e·s au Berghain, par exemple, je me rendais compte des codes de cet univers souvent macho et misogyne, et ça me faisait prendre un pas de recul. Tous les Carnets servent à dévoiler les codes de ce monde, donc je pense que les présences féminines ne sont pas anodines. Et je leur en dois beaucoup: comme je le raconte à plus d’une reprise, elles m’ont cherché pendant des heures alors que je frenchais des gars, elles se sont inquiétées pour moi, on a vraiment été une team. Pour ma mère, j’en parlerais une autre fois [rires, ndlr]. Mais disons simplement qu’au moment de décider d’écrire les Carnets, je me suis demandé: qu’est-ce que je raconte à mes ami·e·s que je ne raconte pas à ma mère?


Jacob Pyne, illustrateur

Vincent Morreale | Le Délit Jacob Pyne

LD: De quelles façons vos illustrations accompagnent-elles les textes? Avez-vous accès au texte avant d’illustrer, ou avez-vous seulement un thème global à partir duquel vous agencez ce que vous avez créé?

Jacob Pyne (JP): Gabriel et moi habitions ensemble pendant l’écriture du livre et j’ai aussi vécu plusieurs des récits du livre, ce qui a influencé mon art pendant cette période. Nous discutions aussi souvent des histoires, ce qui a fait qu’il était plutôt facile pour moi de créer et de joindre des illustrations aux textes.

LD: Plusieurs parties du texte ont une connotation graphique. C’est une chose de le lire, mais le montrer est une tâche qui doit être complexe. Comment avez-vous géré cette situation délicate? Avez-vous dû retirer certaines images?

JP: En tant qu’artiste queer, mon travail a toujours mis au défi et subverti les normes culturelles, et je suis habitué de travailler avec du contenu graphique. Gabriel et moi avons décidé d’opter pour une voie plus érotique pour ce projet, qui montrerait que les personnes queer peuvent avoir une sexualité libre, une liberté de montrer leur corps et une liberté d’aimer ouvertement.

LD: Vous utilisez une palette de couleurs qui tend vers le pastel; à d’autres moments, vous restez en noir et blanc. Est-ce que le texte oriente la colorisation ou l’absence de celle-ci pour vos illustrations? Sinon, qu’est-ce qui oriente votre choix?

JP: Le choix inattendu des couleurs est une façon d’exprimer la liberté sexuelle dans un style ludique, tandis que le noir et le blanc représentent une immédiateté et une frontalité qui est le miroir de la culture gaie du hook up («culture du sexe récréatif»). Ces deux thèmes sont exprimés dans le texte et sont définitivement des qualités qui faisaient et qui font partie de ma pratique. 

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Retour sur le référendum chilien https://www.delitfrancais.com/2021/01/12/retour-sur-le-referendum-chilien/ Tue, 12 Jan 2021 14:05:40 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=40362 Entrevue avec Chili s’est réveillé Montréal.

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Chili s’est réveillé Montréal (CSRM) est un collectif créé lors des premières manifestations montréalaises en appui au Chili, pays traversé par une crise sociale depuis octobre 2019. CSRM se décrit comme un groupe non-violent, inclusif, pluraliste et non-partisan engagé pour le respect des droits humains au Chili comme ailleurs. Le Délit s’est entretenu avec le groupe à la suite du référendum chilien du 25 octobre 2020. 

Le Délit (LD):  Pouvez-vous décrire ce pour quoi vous militez?

Chili s’est réveillé Montréal (CSRM): Le 14 octobre 2019, la décision du gouvernement chilien de Sebastián Piñera d’augmenter le prix de passage du métro à Santiago a été la goutte qui a fait déborder le vase. Cela fait 30 ans que l’État chilien vend le pays à de riches hommes d’affaires et à des compagnies étrangères pour atteindre une croissance économique profitant aux mieux nanti·e·s, au détriment de la majorité de la population.

Les pensions de vieillesse sont une vraie blague au Chili. Le salaire minimum équivaut à 540 dollars canadiens par mois, l’éducation universitaire est plus chère qu’au Québec et l’État a peu fait pour les immigrant·e·s. Sans compter que les peuples autochtones du Chili sont constamment victimes de discrimination et que l’homophobie, le classisme et la violence faite aux femmes sont loin d’être éradiqués faute de législation, de mesures de prévention et de prise en charge. Depuis une dizaine d’années, plusieurs cas graves de corruption ont fait les manchettes, et les fraudeur·se·s n’ont pas souvent été véritablement puni·e·s.

Chili s’est réveillé Montréal | Le Délit

À partir du 18 octobre 2019, des milliers de Chilien·ne·s ont pris la rue lors de marches pacifiques pour revendiquer leurs droits et exiger la rédaction d’une nouvelle constitution qui remplacerait l’actuelle, un héritage de la dictature. 

L’État chilien s’est chargé d’éteindre ce mouvement en décrétant l’état d’urgence, ce qui lui a permis de déployer l’armée dans les rues, d’imposer un couvre-feu et de donner un feu vert à la répression policière. Le tout s’est fait avec la complicité des médias, qui ont cherché à passer sous silence les revendications du peuple en présentant les activistes comme des terroristes et des délinquant·e·s.

«Le peuple chilien n’a obtenu pour seule réponse qu’une répression plus brutale que tout ce qu’a connu le pays depuis l’époque de Pinochet, une dictature déguisée en démocratie»

Bien qu’un référendum ait eu lieu le 25 octobre dernier afin de décider de l’avenir de la constitution de l’ère d’Augusto Pinochet, il est évident que le gouvernement chilien n’a aucune intention de répondre aux demandes du peuple, car tout changement au modèle actuel mettrait en péril les bénéfices que retirent le gouvernement et ses acolytes de leurs abus contre la classe ouvrière. Le peuple chilien n’a obtenu pour seule réponse qu’une répression plus brutale que tout ce qu’a connu le pays depuis l’époque de Pinochet, une dictature déguisée en démocratie. 

LD: Vous prenez action dans les rues de Montréal, notamment devant le consulat chilien. Tentez-vous de sensibiliser la population non chilienne à votre cause ou les membres de votre communauté? 

CSRM: Notre mandat est de diffuser l’information et de contrer le silence complice des médias traditionnels et du gouvernement qui, ni au Chili ni au Canada, ne rapportent la réalité de la situation chilienne. Nous considérons qu’il est de notre devoir de bien informer tant nos compatriotes que les Québécois·es et Canadien·ne·s, ces dernier·ère·s nous ayant toujours offert un appui solidaire. En tant que Chilien·ne·s à l’étranger, nous solidarisons avec les demandes de notre peuple et continuerons à dénoncer les violations des droits humains.

LD: Pouvez-vous nous parler des différents efforts que vous déployez pour servir votre cause et de leur efficacité? 

CSRM: Nos activités les plus connues sont nos manifestations, au moyen desquelles nous démontrons notre appui aux revendications de notre peuple et informons en même temps la population. Avant le confinement, nous organisions des conférences, toujours dans le but de donner le vrai pouls de la situation au Chili, ou encore des soupers à saveur «culturelle-politique» pour joindre l’utile à l’agréable. 

Avec le confinement, nous avons décidé d’aider notre peuple durement affecté par la pandémie et par le manque d’aide gouvernementale concrète aux plus démunis. Nous effectuons des levées de fonds pour appuyer les soupes populaires qu’on compte par centaines alors que la faim, fléau connu à l’époque de Pinochet, est réapparue partout à travers le Chili. 

LD: Le 25 octobre 2020 a eu lieu un référendum sur le changement de constitution au Chili. Comment votre organisme a‑t-il contribué à la tenue de ce scrutin pour la population chilienne de Montréal?

CSRM: Moins de deux semaines avant la tenue du référendum,  nous avons appris que le gouvernement du Québec refusait d’autoriser la tenue du vote à Montréal, car l’endroit retenu par le consulat chilien ne respectait pas les exigences sanitaires québécoises. 

Notre collectif s’est mobilisé et, après de nombreuses recherches et communications avec différents membres de la communauté chilienne à Montréal, deux lieux répondant aux critères sanitaires ont été identifiés. Dans les jours qui ont suivi, plusieurs membres des communautés chilienne et québécoise œuvrant dans les sphères politiques ont mis en commun leurs efforts afin de faire avancer le dossier. Quatre jours avant le référendum, nous avons été soulagé·e·s d’apprendre que le vote aurait finalement lieu à Montréal le 25 octobre 2020. Après un an de travail ardu de la part de notre collectif, nous avons été très satisfait·e·s de transmettre en direct le résultat du référendum: une très forte majorité en faveur d’une nouvelle constitution pour le Chili.

LD: Qu’attendez-vous pour le Chili après cette victoire du «Oui» lors du référendum?

CSRM: La rédaction d’une nouvelle constitution passe par l’élection des candidat·e·s qui formeront la convention constitutionnelle. Nous souhaitons, dans un premier temps, que celle-ci soit représentative de toutes les sphères de la société chilienne. Le processus électoral doit permettre la participation d’une grande partie des citoyen·ne·s, ce qui n’est pas le cas présentement en raison de la réglementation des candidatures. Nous avons besoin d’une convention constitutionnelle qui soutienne la volonté populaire et le droit légitime de la population de faire connaître sa vision politique afin de construire un Chili où tous·tes naissent, grandissent, vieillissent et meurent dans la dignité.

À nos yeux, la nouvelle constitution chilienne doit être le résultat d’un projet démocratique et doit être rédigée dans le respect des droits humains de tous·tes les habitant·e·s du Chili. Elle devra également faire prévaloir l’intérêt du bien public sur le bien privé et accorder une place prioritaire aux questions de l’environnement et des richesses naturelles du pays.

La population chilienne se rendra de nouveau aux urnes en avril 2021 afin d’élire les membres de la convention constitutionnelle. 

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Photoreportage https://www.delitfrancais.com/2020/11/10/photoreportage-8/ Tue, 10 Nov 2020 13:50:38 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=39150 Manifestation et marche en soutien au peuple Mi’kmaq.

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Le 1er novembre dernier avaient lieu la manifestation et la marche en soutien pour le peuple Mi’kmaq  «Pleins yeux sur le Mi’kma’ki», organisées par des membres de la communauté Kanienʼkehá꞉ka de Kahnawake. Les manifestant·e·s étaient aussi présent·e·s pour appuyer d’autres communautés autochtones comme les Six Nations, les Anishinabe du parc de La Vérendrye, les Wet’suwet’en et les Secwépemc. 

La tension est palpable en Nouvelle-Écosse où, depuis le 17 septembre dernier, le peuple Mi’kmaq est en conflit avec les pêcheurs commerciaux locaux. À l’origine de ce conflit – qui a fait des blessé·e·s et vu des infrastructures incendiées – se trouve le droit des Premières Nations de pêcher à l’extérieur des périodes prescrites pour les allochtones. Près d’une centaine de personnes se sont rassemblées dans les rues de Montréal pour témoigner de leur appui aux pêcheurs autochtones.

Vincent Morreale | Le Délit Chayanne Lahache (gauche) avec le drapeau de la confédération des Haudenosaunee (iroquoise) et Dakota Lachace (droite) avec un drapeau du Wampum à deux rangs.

«C’est en solidarité avec tous ces autres peuples et pour conscientiser les gens à ces enjeux que nous sommes présent·e·s aujourd’hui»

«Nous sommes ici car nous voulons mettre de l’avant les différents enjeux auxquels nous faisons face en tant que nation», a affirmé Chayanne Lahache, l’une des organisatrices de l’événement. «Nous croyons qu’il est important pour les non-autochtones de comprendre pourquoi nous nous battons et pourquoi nous sommes solidaires avec les autres communautés.»

Bien que les pêcheurs de la communauté Mi’kmaq étaient à l’avant-plan de la manifestation, les manifestant·e·s ont affiché leur soutien envers d’autres communautés autochtones, comme les Six Nations, qui sont présentement en conflit avec la police ontarienne, et les membres de la communauté Wet’suwet’en qui se battent contre le projet de pipeline Coastal GasLink. 

«C’est en solidarité avec tous ces autres peuples et pour conscientiser les gens à ces enjeux que nous sommes présent·e·s aujourd’hui», a terminé Chayanne Lahache alors qu’elle entamait la marche.  

«Pour moi, c’est important de non seulement connaître ces peuples, mais aussi de [les] faire connaître»

Parmi les manifestant·e·s se trouvaient des gens de différentes nationalités et de tous âges. Janet Lumb, sino-canadienne de 3e génération, se tenait au milieu de la foule et affichait le drapeau du Wampum à deux rangs. «Je crois beaucoup aux causes qui soutiennent les Premières Nations et je crois que ce sont des enjeux qui devraient être mieux couverts», a‑t-elle dit. «J’ai fait mes études universitaires sur les Premières Nations: pour moi, c’est important de non seulement connaître ces peuples, mais aussi de [les] faire connaître». 

«Je suis très honoré et ému aujourd’hui de voir autant de gens à ce rassemblement, autochtones et non-autochtones. Les gens se tiennent ensemble et c’est beau à voir»

«En tant que membre de la communauté Mi’kmaq, je voulais être présent aujourd’hui afin de montrer mon soutien aux pêcheurs de la Nouvelle-Écosse.» Don Burnaby portait un masque et une veste avec l’inscription «1752 treaty» (traité de 1752), une référence au traité de paix et d’amitié de la même année entre la Grande-Bretagne et le peuple Mi’kmaq. Ce traité, qui demeure en vigueur de nos jours, garantit les droits de chasse, de pêche et d’utilisation des terres des signataires autochtones et de leurs descendant·e·s. «Je veux parler aujourd’hui de ce que je connais de la situation et de ce que j’ai appris d’ami·e·s qui vivent des conflits où je ne peux pas être. Je vais aussi chanter le chant d’honneur Mi’kmaq afin d’honorer tous ces pêcheurs qui se battent tous les jours pour que nous préservions nos droits. Je suis très honoré et ému aujourd’hui de voir autant de gens à ce rassemblement, autochtones et non-autochtones. Les gens se tiennent ensemble et c’est beau à voir.»

«Nous devons reconnaître les droits des Premières Nations, c’est important d’appuyer ces différents peuples et de se montrer plus grands que les divisions qui nous déchirent»

Les allochtones étaient présent·e·s en grand nombre au parc Émilie-Gamelin. Des militant·e·s comme Jody Freeman ont dit y être en solidarité avec les pêcheurs, mais aussi pour accomplir leur devoir civique. Serge Lachapelle a affirmé être perturbé par le niveau de racisme et de violence que subissent les peuples des Premières Nations. «Nous devons reconnaître les droits des Premières Nations, c’est important d’appuyer ces différents peuples et de se montrer plus grands que les divisions qui nous déchirent.» 

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Photoreportage https://www.delitfrancais.com/2020/07/31/photoreportage-4/ Fri, 31 Jul 2020 14:24:56 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=36192 La manifestation du 19 juillet contre les violences à caractère sexuel en images.

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Khamala, représentante de l’association Femmes autochtones du Québec,  accompagnée de sa mère à la tête de la marche.

Le 19 juillet dernier se déroulait à Montréal la manifestation contre les violences sexuelles. C’est à partir du parc La Fontaine que les gens se sont réunis afin d’écouter des victimes d’abus prendre la parole, dans une visée de conscientisation et de soutien face à la vague de dénonciations d’agressions sexuelles ayant eu lieu sur les réseaux sociaux dans les dernières semaines.

Vincent Morreale | Le Délit

Miranda Kerridge, 21 ans : « Moins de 1% des violeurs ont passé une nuit en prison. »

« L’abus sexuel est un cycle qui doit cesser » dit Miranda. Interpellée par plusieurs à la manifestation, elle exprime haut et fort sa colère. Les manifestants et manifestantes demandent une justice équitable et inclusive pour toutes et tous, en affirmant les difficultés vécues notamment par les communautés trans, autochtones et racisées. Elle affirme aussi que « les travailleur‧se‧s du sexe peinent à recevoir de l’aide dans une société qui les rejette déjà. »

Vincent Morreale | Le Délit

Julie Leblanc, 51 ans, militante.

« Je suis ici pour montrer que je n’ai pas peur. Je veux manifester pour me libérer et représenter les femmes qui ne peuvent pas être ici aujourd’hui », exprime Julie Leblanc, une autre militante présente à la manifestation.

 

Vincent Morreale | Le Délit

C’est assez, le collectif en charge de l’événement, a pour mission de dénoncer les abus sexuels et psychologiques. Dans un communiqué annonçant l’événement, iels affirment : « depuis un peu plus d’une semaine, une vague de dénonciations déferle sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, c’est par centaines que nous avons eu le courage de témoigner et partager les abus dont nous et tant d’autres avons été victimes. Encore aujourd’hui, nous sommes frappé‧e‧s par la réalité du chemin qu’il nous reste à franchir. »

Selon les données recueillies par Statistiques Canada, « seulement 3 agressions sexuelles déclarées sur 1000 résultent à une condamnation ». Les données révèlent qu’en 2014, 633 000 agressions sexuelles ont été déclarées, alors que 1814 d’entre elles ont mené à une condamnation.

Vincent Morreale | Le Délit

Deux militantes avec des enseignes. À gauche, l’on peut lire « Arrêtons le harcèlement sexuel » et à droite « Les violeurs violent les gens, pas les vêtements. »

Le collectif C’est assez conclut son communiqué ainsi : « Tout le monde a un rôle à jouer pour contrer la culture du viol. Par cette manifestation, nous souhaitons conscientiser la population sur le problème systémique de la culture du viol et des violences sexuelles sous toutes leurs formes. »

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Botero en documentaire https://www.delitfrancais.com/2020/02/25/botero-en-documentaire/ Tue, 25 Feb 2020 15:22:50 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35864 Don Millar propose un récit biographique simple de l’artiste.

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Vous avez probablement déjà croisé une œuvre de Fernando Botero ; le style est unique en son genre, les formats des toiles sont impressionnants et les sujets nous poussent au rire. Botero est celui qui peint ces énormes personnages : il reproduit des scènes mythiques de l’histoire de l’art en y ajoutant une touche d’humour. À travers ses caricatures aux gros traits, il s’approprie des œuvres d’artistes qu’il admire et donne une seconde vie à des toiles bien connues du public. La caractéristique clef de son œuvre : des portraits reproduits par de gros traits et des personnages aux formes de ballons sans lignes droites (pensons à la Mona Lisa aux trois mentons, 1978).

Don Millar et Botero

Le documentaire de Don Millar explore la vie de Fernando Botero d’une façon simple et accessible, ce qui est bon et mauvais (selon les points de vue). Le documentaire est simple dans le sens où le·la spectateur·rice ne sera pas surpris·e par la forme : nous commençons par une exposition de l’enfance de Botero avec des entrevues avec l’artiste, des photos de famille, de courtes vidéos, bref, un survol biographique intéressant pour ceux et celles qui ne connaissent pas l’artiste. Bien que ce survol soit intéressant et nécessaire pour ce genre de documentaire, nous sommes malheureusement confrontés à cette forme tout au long du film. Millar est un ami de longue date de Botero et de sa famille, ce qui lui donne accès à une intimité profonde avec son sujet. Le documentaire présente une ouverture sur des informations qui viennent directement du cercle intime de l’artiste et de celui-ci même, ce qui est rafraîchissant, considérant que la plupart des documentaires qui explorent la vie et l’œuvre d’un artiste sont produits après le décès de ceux-ci.

Un documentaire agréable

La simplicité du documentaire n’enlève rien au fait qu’il soit agréable à regarder. C’est une excellente introduction à la vie et l’œuvre de Botero. Les images d’archives font en sorte que la trame narrative soit vibrante : nous voyons évoluer physiquement et artistiquement Botero, alors que l’artiste lui-même, sa famille, et les différents conservateurs de musées à travers le monde expliquent succinctement le processus créatif derrière les différentes œuvres.

Ce que je reproche à cette forme, bien qu’agréable et optimiste, est le fait que nous ne voyons qu’une version de la carrière de Botero : celle que ses amis et sa famille veulent montrer. Nous sommes constamment rappelés que Botero est un peintre et sculpteur incroyable et qu’il est l’artiste le plus important de mémoire récente. Les conservateur·rice·s et autres personnalités du champ de l’art balaient rapidement du revers de la main toutes les critiques négatives envers Botero et orientent le discours vers l’aspect quasi divin des œuvres présentées.

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Montrer le réel par la fiction https://www.delitfrancais.com/2020/02/18/montrer-le-reel-par-la-fiction/ Tue, 18 Feb 2020 15:19:55 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35772 Retour sur le film L’assistante de Kitty Green.

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L’assistante explore la routine d’une journée dans les bureaux d’une maison de production à New York. Nous suivons Jane (Julia Garner), une jeune femme fraîchement graduée de l’université qui aspire à devenir réalisatrice. Nous la voyons quitter son appartement, tôt le matin, afin de se rendre la première au bureau : ses tâches sont banales et nous comprenons rapidement qu’il n’y a aucun épanouissement professionnel ou personnel possible. Seule, elle est enterrée par la ville qui représente aussi, en quelque sorte, un personnage : le bruit ambiant ne s’arrête jamais et la cinématographie suggère que New York englobe tout. Nous pouvons remercier l’utilisation de lentilles grand-angle, choix judicieux du directeur photo Michael Latham (The Face of Ukraine, Strange Colours). Jane est enfermée dans une ville étouffante et dans un bureau où sa présence est quasi inutile. Rabaissée par ses collègues et ses tâches quotidiennes, Jane s’accroche à sa routine puisque sa famille lui rappelle constamment que travailler pour cette maison de production est une chance unique de gravir les échelons du domaine du cinéma.

L’oppression en milieu de travail

Weinstein, ou du moins la figure de ce patron abusif et prédateur, rôde derrière l’assistante. Le·la spectateur·rice n’est jamais confronté·e au personnage, hormis quelques ombres ou silhouettes qui apparaissent dans le bureau situé derrière l’assistante. Toutefois, nous avons peur de cet individu, puisque Jane nous révèle son angoisse à travers de subtils signes d’inconfort (des épaules voûtées, des yeux rivés vers le sol, la peur de décrocher le téléphone). Julia Garner joue Jane d’une façon fragile : elle est incapable de s’affirmer et vit de la pression non seulement de la part du patron, mais aussi des deux autres assistants masculins présents avec elle dans le bureau. L’assistante doit s’occuper de nettoyer l’environnement de travail, doit débarrasser les dîners de ses collègues, et le plus anormal : ramasser les sous-vêtements et s’occuper des taches sur le divan dans le bureau du patron. Ses collègues tournent à la dérision le fait que le patron rencontre de jeunes demoiselles dans son bureau, qu’il reçoit des photos d’actrices et qu’ils doivent s’ajuster autour de son horaire qui est constamment modifié afin de s’adapter à ses rendez-vous galants. Jane doit à la fois gérer ce qu’elle comprend être de l’abus envers des jeunes femmes, et le patron qui exprime voracement son mécontentement envers elle par téléphone : sa voix caverneuse et forte opprime l’assistante qui tente de se faire petite et espère continuer son travail.

Un commentaire

Le style documentaire, la cinématographie et l’oppression véhiculée par la performance physique de Julia Garner font en sorte que L’assistante marque le·la spectateur·rice et le·la pousse à être témoin du comportement du patron. Impuissant·e·s, tout comme Jane, nous sommes poussés à vivre le dilemme que l’assistante porte : dénoncer ou rester? Le rêve de Jane est de travailler dans le domaine du cinéma et elle se fait constamment rappeler que certes, son poste est difficile, mais qu’avec beaucoup de travail, le patron fera en sorte qu’elle gravira les échelons. Toutefois, est-ce un prix qu’elle décide de payer pour se réaliser professionnellement?

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Pluraliser nos histoires https://www.delitfrancais.com/2020/02/11/pluraliser-nos-histoires/ Tue, 11 Feb 2020 15:51:06 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35668 Retrouvez l’oeuvre marquante de la semaine : Elles ont fait l’Amérique.

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C’est lors de mes études collégiales que j’ai découvert Serge Bouchard. « Qui? », je vous entends me dire. Je vous définis cet auteur en vous orientant vers sa voix grave et caverneuse que nous pouvons entendre aux ondes de Radio-Canada le dimanche soir. « Ah oui! le monsieur avec les histoires oubliées ». Né à Montréal en 1947, Serge Bouchard est anthropologue, auteur et animateur, il communique sur toutes les tribunes sa passion pour l’histoire des Premières Nations,des Métis, pour la nordicité, et pour l’Amérique francophone. Serge Bouchard est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont L’homme descend de l’ourse, Mathieu Mestokosho, chasseur innu et C’était au temps des mammouths laineux. Ses deux derniers livres, Elles ont fait l’Amérique et Ils ont couru l’Amérique – un projet de trois tomes en collaboration avec Marie-Christine Lévesque – explorent l’envers de notre histoire. À travers cette chronique, j’aimerais vous présenter Elles ont fait l’Amérique, livre qui est selon moi une lecture nécessaire, non seulement pour les Québécois et les Québécoises, mais aussi pour tous ceux et celles qui sont curieux de découvrir une histoire qui témoigne des origines d’une jeune nation, portée sur les épaules de gens du commun.

Elles ont fait l’Amérique

Les auteur·rice·s Serge Bouchard, Marie-Christine Lévesque, et Francis Back, racontent à travers des récits sous la forme du conte. Elles ont fait l’Amérique relate les destins captivants de quinze femmes qui, chacune à leur manière, ont fait l’Histoire de l’Amérique du Nord. L’ouvrage est basé sur le constat suivant : les femmes sont absentes de l’histoire officielle de l’Amérique. Les femmes autochtones, mais aussi toutes les autres, sans distinction culturelle : Inuites, Canadiennes, Anglaises, Noires, Françaises et Métisses. Plusieurs d’entre elles sont des êtres d’exception dont le contact avec ce vaste continent a révélé l’intelligence et le caractère. Selon Hélène Talbot de la revue Les Libraires, ces femmes se démarquent par le fait qu’elles sont des pionnières, des résistantes, des scientifiques, des diplomates, des artistes, et des exploratrices : toutes ont été des héroïnes aux exploits invisibles. Les auteur·rice·s nous tracent des portraits bouleversants de toutes ces femmes, nous laissant étonné·e·s de ne pas avoir entendu parler d’elles auparavant. Nous découvrons une version de l’Histoire qui, du moins pour moi, ne m’était pas parvenue sur les bancs de l’école. Les auteur·rice·s prennent le soin d’exclure les mythes et les légendes urbaines en racontant avec passion la vie de ces femmes exceptionnelles, ces remarquables oubliées : je pense notamment à Mina Hubbard, la première femme à explorer et cartographier le Labrador avec un revolver à la hanche et un appareil photo sous son bras, ou encore au récit de Shanawdithit, connue comme la dernière des Béothuks, peuple éteint de ce que nous connaissons aujourd’hui comme étant Terre-Neuve.

Des lectures obligatoires

L’Histoire est pleine de récits de grands personnages. Cependant, ces récits semblent par moments tirés par les cheveux et nous perdons, en tant que spectateur·rice et lecteur·rice, de l’intérêt pour ces personnages puisque nous ne sommes pas en mesure de partager leur expérience du réel. Les femmes décrites dans Elles ont fait l’Amérique nous permettent de jeter un regard neuf sur les conséquences, positives et négatives, que peuvent poser les gestes de personnes du commun. Ces femmes sont la preuve que, même dans l’ombre, les femmes peuvent contribuer à de grands projets. Elles sont des exemples d’indépendance et d’intrépidité et méritent de se faire connaître par les habitant·e·s du pays qu’elles ont créé.

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Éduquer pour délivrer https://www.delitfrancais.com/2020/01/21/eduquer-pour-delivrer/ Tue, 21 Jan 2020 16:05:38 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35376 Retour sur la conférence par Zabi Enâyat-Zâda à la première de Les Hirondelles de Kaboul.

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Les questions de l’immigration et de l’intégration n’avaient, jusqu’à présent, jamais fait couler autant d’encre. Alors que l’accent est mis sur les notions de multiculturalisme et d’intégration culturelle, il devient malheureusement trop facile de se perdre dans l’océan d’informations (et de désinformations) qui nous parvient. C’est à travers des conférencier·ère·s tel·le·s que Zabi Enâyat-Zâda, auteur du livre autobiographique Afghan et musulman, le Québec m’a conquis (éditions Trois-Pistoles, 2015) que nous pouvons commencer à cerner une réalité qui peut nous sembler surréaliste, voir impossible. Né à Kaboul, en Afghanistan, Zabi Enâyat-Zâda a quitté son pays natal pour le Canada pendant la guerre entre les Russes et les Moudjahidines, durant les années 1980. Il avait dix-sept ans lors de son arrivée au Québec. Son récit est celui d’une lente intégration qui éclaire le·la lecteur·rice sur ce que vivent les immigrant·te·s ; leur déracinement, leur isolement, leur vertige devant l’existence qu’il·elle·s ont quittée et celle qui s’offre à eux·elles.

Une réalité portée à l’écran

Ce récit, nous pouvions l’entendre suite au visionnement du film Les Hirondelles de Kaboul, réalisé par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mevellec et présenté le 17 janvier 2020 au cinéma Beaubien. M. Enâyat-Zâda a pris la parole à suite du visionnement du film, devant une salle pleine où plusieurs générations de spectateur·rice·s étaient au rendez-vous. Le film nous plonge dans la ville de Kaboul sous le régime des Talibans. Par le truchement de différents personnages, comme Atiq, un ancien combattant moudjahidine présent lors de l’occupation soviétique et maintenant gardien de prison pour femmes, ainsi que Zunaira, qui s’oppose au régime qui lui est imposé en manifestant pacifiquement (et en secret) en peignant des fresques sur les murs de sa demeure en attendant d’aller vivre à l’étranger avec son mari.

Alors que le film aborde les différents enjeux socioculturels de la société afghane actuelle, il pourrait manquer à certain·e·s spectateur·rice·s les référents nécessaires qui permettraient de pleinement saisir les différentes nuances que Les Hirondelles de Kaboul tente de présenter. La présentation de Zabi Enâyat-Zâda permet de confronter les mœurs occidentales à la réalité du Moyen-Orient. Le choc culturel se voit notamment dans le traitement qui est réservé aux femmes, certes très bien documenté, mais tout aussi frappant lorsque nous le voyons sous une forme dramatisée et, dans le cas du film Les Hirondelles de Kaboul, imagée. Les jeunes filles ne vont pas à l’école, n’ont pas le droit de travailler, de faire du vélo, de sortir de la cour ni d’utiliser la piscine familiale même lorsqu’il fait 40 degrés. Il arrive encore qu’elles servent de monnaie d’échange en cas de conflit ou de dette.

Éduquer pour délivrer

Le constat de Zabi Enâyat-Zâda est donc le même que celui du film réalisé par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec : les quatre décennies de guerre ont ravagé l’Afghanistan et son peuple au point où l’espoir de voir, un jour, un semblant de paix, est presque impossible. Bien que la mort et la destruction poussent les citoyen·ne·s de Kaboul à s’exiler dans les pays avoisinants, Zabi Enâyat-Zâda et Les Hirondelles de Kaboul insistent que la délivrance est possible grâce à l’éducation de la population. Dans le film, Zunaira et son mari Mohsen souhaitent enseigner à l’école coranique afin de participer aux réseaux clandestins d’enseignant·e·s où ils peuvent donner des cours sur l’histoire de l’art, la littérature et l’histoire. Au Québec, Zabi Enâyat-Zâda poursuit ses tournées de conférences où il transmet son témoignage dans lequel il exprime le fait qu’il se « libère du fonctionnement de victime qui [le] gardait coincé entre [ses] deux mondes, celui du bon musulman afghan et celui du Québécois bien inséré dans la société » et qu’il est « possible de s’intégrer sans avoir à tout renier ».

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McGill College pourrait être rénovée https://www.delitfrancais.com/2019/02/26/mcgill-college-pourrait-etre-renovee/ https://www.delitfrancais.com/2019/02/26/mcgill-college-pourrait-etre-renovee/#respond Tue, 26 Feb 2019 13:37:06 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=33508 Une potentielle avenue semi-piétonne est toujours sur la planche à dessin.

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Le campus de l’Université McGill subit depuis plusieurs années une série de rénovations pour les infrastructures et le futur des établissements. Pensons aux travaux de décontamination d’amiante, à la reconstruction de la rue McTavish et de la façade de la bibliothèque Schulich. L’avenue McGill College est présentement sujette à une étude dans le but de rendre l’espace plus accessible aux piétons et ainsi créer une ambiance non seulement autour du campus, mais sur toute la longueur de l’axe routier.

L’étude de l’OCPM

Selon le rapport officiel de l’office de consultation publique de Montréal (OCPM) : « L’avenue McGill College s’étend de la Place Ville-Marie jusqu’à l’Université McGill [et] offre une vue unique sur le Mont-Royal : [elle] abrite les principaux édifices de prestige de la ville. Elle donne ainsi accès à une offre commerciale importante en surface et en galeries souterraines. » Avec le réaménagement actuel de la rue Sainte-Catherine et les futurs travaux de la station du réseau express métropolitain (REM), la ville de Montréal souhaite revoir la vocation de l’Avenue McGill College. L’OCPM, mandaté par le comité exécutif de la ville de Montréal, invite les Montréalais à imaginer l’aménagement de la place. Toutefois, cette avenue est considérée comme un axe important pour la circulation routière puisqu’elle relie, du nord au sud, l’Université McGill à la Place Ville-Marie : l’idée de la rendre complètement piétonne est donc quasi impossible. L’OCPM recommande la création de deux « lacettes » à chaque extrémité de l’avenue McGill College. L’espace serait donc partagé entre les piétons et les automobilistes avec les voies de circulation retranchées de moitié.

Une avenue, trois ambiances

Le rapport de 94 pages fait l’état des lieux et présente la possibilité de créer trois ambiances différentes. Au nord, un espace de séjour verdi et tranquille raccordé au campus de l’Université McGill. Au centre, un espace partagé entre l’avenue du Président-Kennedy et la rue Sainte-Catherine Ouest où se trouvera la future station du REM. Finalement, au sud, l’animation sera de mise avec plusieurs connexions aux commerces de la place et de l’esplanade de la Place Ville-Marie.

Selon le rapport de l’OCPM,  « La réflexion sur l’identité de cet espace doit à la fois traduire l’esprit du lieu et évoquer le dynamisme et la spécificité montréalaise. Elle pourrait, par exemple, se situer au confluent des divers labels de Montréal : Ville UNESCO de design, Ville de l’innovation, Ville de savoir, Métropole culturelle, Ville riche en capital social, etc. À l’instar des participants, la commission est d’avis que le réaménagement de l’avenue McGill Collège est l’occasion d’unifier et de renforcer, par différents aspects, ces diverses identités ».

Une occasion de mise en valeur

Selon le rapport, « ce réaménagement est une opportunité de mettre en scène le caractère unique de l’avenue McGill College ». Il s’agit donc de redonner aux Montréalais et Montréalaises la dimension patrimoniale naturelle (le Mont Royal), matérielle (la Place Ville Marie), et immatérielle (l’histoire de Montréal). Ces travaux traduisent une volonté de la part de l’OCPM et des participants à l’étude de créer une expérience au cœur de Montréal. Reste maintenant à savoir si l’administration de Montréal ira de l’avant avec de telles recommandations. Rappelons que l’administration Plante a repoussé la piétonnisation de l’avenue et qu’elle annonçait dans un communiqué transmis au début du mois de février 2019 que le mandat avait été donné à l’organisme Fondation Villes Nouvelles Canada. Le projet n’est alors, pour le moment, qu’une étude, un rapport, et plusieurs maquettes. La vision sur l’avenir de la place n’étant pas précisée, du moins pour le moment, le projet reste sur les planches à dessin.

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« Travailler d’arrache-pied » https://www.delitfrancais.com/2019/02/26/travailler-darrache-pied/ https://www.delitfrancais.com/2019/02/26/travailler-darrache-pied/#respond Tue, 26 Feb 2019 13:22:28 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=33492 Le Délit rencontre le compositeur numérique émergent, Jonathan Myst.

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Compositeur de musique indépendant, Jonathan Myst réalise des bandes sonores pour des projets personnels, mais aussi pour différents clients. Faisant partie des compositeur·ice·s émergent·e·s du Grand Montréal, Myst compose principalement à partir d’un clavier, d’une bibliothèque de son, et d’un logiciel composé de près de 40 000 instruments. Autodidacte et assoiffé de création, il partage avec Le Délit son processus créatif.

Le Délit (LD) : Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre parcours?

Jonathan Myst (JM) : Je suis Jonathan Myst, j’ai commencé au cégep en composition classique et j’ai quitté le programme et appris à composer par moi-même. Ça m’a pris beaucoup de temps, car évidemment je n’avais personne pour m’encadrer. J’ai donc passé des journées entières, soit de 8 à 10 heures, à composer sans m’arrêter. J’ai travaillé sur des projets dont j’étais fier sur le coup, mais pour lesquels, après un an, je me rendais compte que c’était tout à fait merdique – ce qui témoigne de mon évolution. Ce sont des heures et des heures de travail, certes, mais ça m’apporte de l’expérience aujourd’hui pour ce que je fais. J’occupe un emploi à temps plein, mais lorsque j’arrive chez moi je commence à composer.

LD : Par quoi commencez-vous pour ce genre de projet?

JM : La première étape, qui est pour moi la plus difficile, c’est de trouver l’idée directrice. C’est pendant cette étape que je fais les cent pas, que je me rassois, et que j’essaie plusieurs variations des bribes d’idées que j’ai eues. Il vient un point où une idée reste, et je travaille à partir de cela. Je regarde la vidéo que l’on me donne, parfois plusieurs fois sans arrêt, et des fois je n’y trouve rien, mais lorsque j’ai l’idée, tout s’enchaîne. Lorsque je commence à travailler, rien ne peut m’arrêter : je peux travailler 10 ou 12 heures en ligne et j’en oublie même de me nourrir (rires, ndlr). Le projet avance alors très bien et tout est complété : si je crée deux minutes de matériel, c’est une partie que je garde dans son entièreté sans la retoucher. Je me base sur ce début de mix audio afin de poursuivre mon travail le lendemain afin de me donner une ligne directrice, un plan à suivre. J’essaie de commencer mes projets lorsque j’ai plusieurs jours de congé pour ne pas arrêter mon élan créatif. Je peux parfois travailler près de 30 heures en 3 jours.

LD : Comment vous organisez-vous dans votre ébauche?

JM : Le projet sur lequel je travaille présentement comporte 41 sons, instruments et effets. Je n’ajoute jamais les 41 en même temps, sinon le fichier deviendrait beaucoup trop épais à gérer. Les différentes trames sont déjà complètes, les épaisseurs ajustées, et je les place dans la ligne du temps suivant le plan que j’ai de la vidéo sur laquelle je dois travailler.

LD : Est-ce qu’il vous arrive de créer du matériel que vous n’utilisez pas?

JM : Si vraiment ça arrive, je les mets de côté. Je prends le segment au complet et je le garde, car il arrive que j’efface certaines parties ou que je travaille pendant des heures sur mon idée initiale et que ça produise un autre résultat, mais avec la même forme. Par moment, ces transformations suivent exactement ce que j’avais en tête, mais la plupart du temps ces segments finissent effacés. Toutefois, il arrive que je retouche une partie de mon travail et que j’obtienne exactement ce que je désirais. Ce qui est difficile c’est que je débute à partir de rien, car aucune théorie ne peut s’appliquer parfaitement à un projet. Je préfère chercher un son qui sera unique au projet que l’on me propose. Je vais avoir une trentaine d’idées, il n’y a pas de problèmes, mais je suis constamment à la recherche de la trentième, la meilleure.

LD : Utilisez-vous un équipement en particulier?

JM : Au niveau de l’équipement, ce n’est rien de vraiment complexe. L’idée n’est pas d’avoir beaucoup de matériel, mais plutôt le bon. Personnellement, je n’ai pas acheté une multitude d’instruments ou d’appareils, mais plutôt fait une recherche à savoir ce qui allait me convenir. Je travaille avec un clavier de la marque Komplete avec des haut-parleurs JBL. Pour le son et les instruments, je fais affaire avec deux compagnies avec lesquelles j’ai un abonnement mensuel qui me permet de piger dans une banque de 40 000 instruments. Tous ces sons sont reliés à mon clavier et je peux les modifier selon mes besoins.

LD : Est-ce qu’il vous arrive de sortir de votre zone de confort?

JM : Le travail de compositeur est un apprentissage constant. Par exemple, pour la création de la trame sonore que l’on entend pour le jeu vidéo Gris, j’ai pris la vidéo, retiré le son, et ajouté la musique par-dessus. Je me suis rapidement rendu compte que la vidéo semblait étrange puisqu’en retirant le son, j’avais aussi retiré les effets sonores : mon mixage audio fonctionnait, mais il manquait le son ambiant ! J’ai donc dû m’improviser bruiteur pour pallier au problème. Lorsque le personnage atterrit sur un arbre métallique, j’ai utilisé le son d’une aiguille de gramophone et le son de feuilles au vent. En mélangeant les bonnes fréquences, j’ai été en mesure de reproduire le son hypothétique d’un arbre aux feuilles de métal.

LD : Avez-vous un conseil pour ceux et celles qui désirent s’initier à la composition musicale?

JM : Pour plusieurs compositeurs, ce genre de travail leur est très facile. En fait,  je dis facile, mais ce n’est pas vrai : ceux et celles qui ont fait plus d’étude dans la matière ont développé une oreille un peu plus fine et se sont construit une banque de ce qu’ils peuvent utiliser. Personnellement, j’ai appris à composer par moi-même, donc je sais que j’ai probablement un certain manque à ce niveau. Pour ceux qui veulent commencer par eux-mêmes, il faut beaucoup travailler afin d’arriver à des résultats. Cependant, il est normal qu’au début les résultats ne soient pas satisfaisants. C’est à force de mettre des heures dans la composition et les essais et erreurs qu’il est possible d’atteindre quelque chose qui sonne bien. C’est comme lors de l’apprentissage d’un instrument de musique : les débuts sont ardus et difficiles, mais c’est en y travaillant d’arrache-pied que nous arrivons à ce que nous voulons entendre.

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Buster Keaton célébré https://www.delitfrancais.com/2019/01/29/buster-keaton-celebre/ https://www.delitfrancais.com/2019/01/29/buster-keaton-celebre/#respond Tue, 29 Jan 2019 14:51:03 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=33041 Retracant la vie de Buster Keaton, le film analyse dix de ses premières œuvres.

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Le documentaire The Great Buster Keaton: A Celebration présente l’homme et son œuvre en bonne et due forme. Coïncidant avec la sortie de la restauration des films muets de Buster Keaton par la maison de production Cohen, ce film de 120 minutes est une façon d’introduire un nouvel auditoire au génie comique du « visage de pierre ».

Dès son enfance, avec la troupe de spectacle vaudeville de sa famille, Buster Keaton parcourt les États-Unis et développe une expertise dans l’art de la comédie. Réel casse-cou et cascadeur, il se forge rapidement une réputation et attire les foules avec son personnage sans expression et son pork pie hat. Dès 1923, il dirige et joue dans ce que l’on considère aujourd’hui comme des chefs‑d’oeuvre tels que Sherlock Junior, La Croisière du navigateur, et Le mécano de la « General ».

Réalisé par Peter Bogdanovich, déjà auteur de La Dernière Séance et Nashville Blues, le documentaire se divise en deux parties. La première dresse un panorama simple, mais efficace, de la vie de Keaton.  On y voit une énorme quantité de photos et vidéos d’archives. La seconde partie du film se concentre sur ce que la critique et la International Buster Keaton Association considèrent comme étant ses plus grandes créations. Nous avons donc droit à un traitement classique d’un documentaire biographique avec le narrateur qui nous prend par la main et qui nous guide à travers la vie de l’artiste. Nous retrouvons aussi plusieurs entrevues menées auprès d’amis de longue date de Buster Keaton, comme Dick Van Dyke qui nous parle du comédien avec amour et passion.

Le documentaire semble donc vouloir attirer un nouvel auditoire et je serais porté à dire qu’il vise une tranche d’âge beaucoup plus jeune. Cette tendance s’observe avec l’apparition de Quentin Tarantino (Django, Tuer Bill), Johnny Knoxville (Jackass), et Jon Watts (Spider-Man : Homecoming), des représentants du milieu cinématographique facilement reconnaissables pour la nouvelle génération. Ces derniers commentent le fait qu’ils empruntent dans leur art des techniques développées par Keaton et le cinéma muet : Tarantino et la présence du danger imminent qui crée le suspense, Knoxville et ses plans-séquences suivants de multiples cascades, ou enfin Watts et les différents niveaux d’émotions que l’expression ou le regard peuvent dégager.

Alors que le réalisateur inventait une forme d’art auprès de géants comme Charlie Chaplin et Harold Lloyd, le documentaire met en évidence le fait que les films de Buster Keaton n’ont pas uniquement diverti le public, mais bien influencé des artistes dans leurs créations cinématographiques, poussant ces derniers à considérer le comédien comme « l’essence du cinéma ». Les images restaurées par la maison de production Cohen sont tout simplement incroyables et, bien que les séquences présentées nous laissent sur notre faim puisqu’elles sont volontairement coupées, vous ne serez certainement pas déçu·e·s de retrouver ou de redécouvrir ces passages marquants du cinéma comique contemporain.ξ

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Herbert Bayer, père de l’art environnemental https://www.delitfrancais.com/2018/10/23/herbert-bayer-pere-de-lart-environnemental/ https://www.delitfrancais.com/2018/10/23/herbert-bayer-pere-de-lart-environnemental/#respond Tue, 23 Oct 2018 18:28:08 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=32160 De naissance autrichienne, Herbert Bayer débute comme apprenti dans un cabinet d’architecture et de graphisme, à Linz, puis à Darmstadt en Allemagne. L’éclectisme des disciplines est déjà pour Bayer une norme. En peinture, il cristallise les influences majeures et pourtant antagonistes du surréalisme, de l’expressionnisme et du constructivisme. En 1936, Bayer invente ce qu’il nomme… Lire la suite »Herbert Bayer, père de l’art environnemental

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De naissance autrichienne, Herbert Bayer débute comme apprenti dans un cabinet d’architecture et de graphisme, à Linz, puis à Darmstadt en Allemagne. L’éclectisme des disciplines est déjà pour Bayer une norme. En peinture, il cristallise les influences majeures et pourtant antagonistes du surréalisme, de l’expressionnisme et du constructivisme. En 1936, Bayer invente ce qu’il nomme ses Fotoplastiken: des éléments abstraits réalisés en sculpture, puis insérés par photomontage dans des paysages naturels ou architecturaux.

Ce détournement de la sculpture au profit de la photographie constitue le fond de l’art publicitaire de Bayer. En 1955, Bayer innove également dans un autre domaine : il invente le paysage sculptural. Son Grass Mound, œuvre de terre et de gazon tantôt concave, tantôt convexe, dans lequel le spectateur peut se promener, sera un modèle pour les jeunes sculpteurs américains des années 1960 et 1970. L’exposition, qui met à profit l’expérience acquise par Bayer, est conçue comme un parcours dramatique tenant constamment le spectateur en éveil : les sols sont envahis de flèches, de traces de pas et de figures directionnelles, les objets sont suspendus dans l’espace et d’immenses photographies créent des ruptures d’échelles. Conseiller artistique, il élabore des projets d’agencements intérieurs partout dans le monde et réalise des espaces en trompe‑l’œil qu’il transpose en de véritables espaces ouverts.

Il élabore ainsi l’une des premières formes d’art environnemental et annonce le mouvement du Land art à venir. Sur les pas de Bayer, des artistes du monde entier créeront des « earthworks », de l’art processuel, de l’art écologique. Leurs œuvres, aussi différentes soient les démarches et les interrogations qui les sous-tendent, s’articulent généralement autour de la notion de terrain, autour des réactions individuelles à celui-ci et des activités qui s’y déroulent. Les œuvres sont sculpturales (tridimensionnelles) et/ou fondées sur la performance (processus, site, temporalité) et la façon dont le temps, les forces de la nature, et les spectateurs agissent sur ces espaces.

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Rencontre avec Linedriver https://www.delitfrancais.com/2018/10/02/rencontre-avec-linedriver/ https://www.delitfrancais.com/2018/10/02/rencontre-avec-linedriver/#respond Tue, 02 Oct 2018 18:48:31 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31915 Le groupe de rock montréalais a sorti son troisième EP le 14 septembre.

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La scène artistique montréalaise est en constante ébullition. Le champ musical, entre autres, connaît présentement une croissance inédite, nous assistons à l’émergence d’une multitude de groupes étonnement variés. Le Délit a rencontré le groupe LineDriver afin de discuter de la vie quotidienne, des enjeux, et des visées d’un groupe de musiciens qui tente de se faire connaître.

Le Délit (LD) : Quel est l’historique de votre formation?

LineDriver : Nous sommes un groupe montréalais et nous existons depuis bientôt cinq ans. J’imagine que nous pourrions définir notre style comme étant du rock blues alternatif « stoner ». En fait, nous ne nous associons pas vraiment à un genre en particulier. Nous faisons définitivement du rock, mais nous jouons avant tout ce que nous aimons entendre, ce qui nous fait « tripper ». Nous avons beaucoup joué à Montréal et ses alentours, totalisant une trentaine de concerts environ. Nous pensons que les concerts sont définitivement notre meilleure façon de diffuser nos créations : on nous dit souvent que c’est notre plus grande force.

LD : Quelles sont vos visées dans le monde culturel montréalais et québécois?

LineDriver : Évidemment, nous aimerions avoir de plus en plus de reconnaissance dans le milieu. C’est beaucoup une question de contacts, car c’est à travers eux que nous pouvons avoir accès aux ondes des radios locales, participer à des festivals et des spectacles d’envergure au Québec et dans le reste du Canada. Nous espérons un jour percer aux États-Unis, ce qui serait extrêmement gratifiant et excitant. Nous ne pensons pas devenir des vedettes, mais être reconnus comme un groupe important du rock montréalais actuel, ça nous conviendrait très bien.

LD : Que représente pour vous le lancement de votre album?

LineDriver : C’est un nouveau chapitre de notre histoire! C’est toujours un moment important. D’une part, c’est notre carte de visite, mais c’est aussi un snapshot du groupe en 2018. Ça permet de voir notre évolution en tant que groupe, en tant que musiciens, et en tant que compositeurs. Off Killer Blue est définitivement notre album le plus diversifié et éclectique jusqu’à maintenant, et nous en sommes très fiers.

LD : Croyez-vous qu’il y a une saturation du marché des groupes émergents ?

LineDriver : Il y a clairement une plus grande accessibilité à la consommation et à la création musicale. N’importe qui peut créer sa musique et la commercialiser par lui-même. Les intermédiaires sont de moins en moins nombreux. Évidemment, cela favorise la création de groupes, mais selon nous, la clef du succès est la longévité. Certains groupes émergents deviennent très populaires pour une courte période et tombent tout aussitôt dans l’oubli. Les meilleurs sont souvent les plus persévérants, ceux qui cherchent à se réinventer.

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Kanata et la controverse https://www.delitfrancais.com/2018/09/18/kanata-et-la-controverse/ Tue, 18 Sep 2018 14:41:04 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=31631 Un nouveau coup de théâtre pour la pièce de Robert Lepage, de retour à Paris.

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Suite à la décision initiale d’annuler le projet théâtral Kanata de Robert Lepage due à la pression sociale et aux controverses alimentées par les médias ainsi que différents acteurs de la communauté autochtone, celui-ci revoit le jour au Théâtre du Soleil à Paris. Rappelons-nous que la pièce a été sous les feux des projecteurs en raison des polémiques entourant l’absence de comédiens autochtones quand cette même pièce vise à présenter une version de l’histoire du Canada à travers les relations entre les colons et les Premières Nations. Dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir, des membres de la communauté autochtone indiquent qu’ils se sentent «invisibles»:

«L’un des grands problèmes que nous avons au Canada, c’est d’arriver à nous faire respecter au quotidien par la majorité, parfois tricotée très serré, même dans le milieu artistique. Notre invisibilité dans l’espace public, sur la scène, ne nous aide pas. Et cette invisibilité, madame Mnouchkine et monsieur Lepage ne semblent pas en tenir compte, car aucun membre de nos nations ne ferait partie de la pièce. Nous ne souhaitons pas censurer quiconque. Ce n’est pas dans nos mentalités et dans notre façon de voir le monde. Ce que nous voulons, c’est que nos talents soient reconnus, qu’ils soient célébrés aujourd’hui et dans le futur.»

Cette lettre est signée par près de vingt autochtones, dont l’auteure Maya Cousineau Mollen, la réalisatrice Kim O’Bomsawin, et André Dudemaine, directeur de Terre en vue, un groupe qui fait la promotion de la culture autochtone et organise le festival annuel des Premières Nations.

L’arrivée du Théâtre du Soleil

Dans un communiqué de presse, le théâtre parisien annonce «[avoir] décidé, en accord avec Robert Lepage, de poursuivre avec lui la création du spectacle et de le présenter au public aux dates prévues, sous le titre « Kanata – épisode 1 : La controverse». De son côté, Ex Machina, la compagnie de Robert Lepage, indique que le Théâtre du Soleil financera lui-même la pièce. En tant que directeur, Robert Lepage s’investira personnellement dans le projet sans profiter d’un cachet quelconque. Selon ce même communiqué, ce n’est qu’après la représentation du spectacle que ses détracteurs seront en mesure de le juger et le critiquer, quitte à en appeler à la sanction suprême, à savoir la «désertion de la salle.»

Le communiqué du Théâtre du Soleil ne précise cependant pas si le spectacle sera présenté au Canada. L’avenir nous dira ce qui adviendra de cette pièce, mais les tenants du travail de Lepage pourront se réjouir de voir la créativité de l’artiste démuselé, lui qui avait déploré que son travail soit accusé d’ «appropriation culturelle» car la distribution était intégralement blanche.

Un message encore mal compris

L’artiste multidisciplinaire autochtone Émilie Monnet déplore tout de même le fait que plusieurs malentendus demeurent. Ayant signé la lettre ouverte et participé à la rencontre du 19 juillet, elle rappelle que les autochtones n’ont jamais demandé l’annulation du spectacle. «Malheureusement, malgré l’écoute de Robert Lepage et Ariane Mnouchkine, le public n’a pas vraiment entendu notre point de vue», témoigne celle qui prépare Okinum («barrage» en anishnabemowin), qui sera présenté à la salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en octobre. «Le danger, c’est de répéter la même histoire qui exclut notre vision des choses, surtout quand il est question de sujets délicats comme les pensionnats et la disparition

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Passer du rêve à la réalité https://www.delitfrancais.com/2017/11/28/passer-du-reve-a-la-realite/ Tue, 28 Nov 2017 16:53:05 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29984 Le Délit a rencontré BrainExploder, joueur d’airsoft, Youtuber, et créateur 3D.

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Le Délit (LD): Vous êtes reconnu dans la communauté sous le pseudonyme BrainExploder et vous créez du contenu à la fois pour Youtube et en impression 3D. Comment définissez-vous votre emploi?

BrainExploder (BE): J’approuve votre description. J’ai commencé cette carrière en jouant au airsoft (sport de tir, ndlr), d’où découle mon activité Youtube, où je partage et montre le sport. L’impression 3D vient donc d’un manque: plusieurs accessoires ou produits que je désirais n’existaient pas et j’ai été en mesure de créer tout cela moi-même par l’impression.

LD: Pour plusieurs, l’airsoft et l’impression sont des passetemps, des hobbies. Vous avez toutefois réussi à faire de ces deux disciplines votre emploi à temps plein. Est-ce que ça a toujours été votre intention?

« Il viendra un point dans le temps où chaque maisonnée aura une imprimante 3D comme une imprimante à encre traditionnelle »

BE: L’intention initiale était de combler un vide que j’avais. Je concevais continuellement des gadgets avec des éléments que j’avais à ma disposition: l’impression 3D était la solution la plus efficace et précise pour créer ces objets. J’ai dès lors investi dans une imprimante 3D afin de simplifier mon processus de création et j’ai été, par la suite, en mesure de vendre et partager mes créations.

LD: Vos créations deviennent de plus en plus populaires, toutefois, s’il y a un problème, vous en êtes tenu responsable. Est-ce que cette popularité vous aide en tant que créateur, ou préfériez-vous faire partie d’une industrie où vous ne seriez pas tenu responsable si problème il y avait avec l’un des produits?

BrainExploder: J’adore être indépendant et responsable de mes produits. En étant petit commerce, je suis en mesure d’être en contact avec tous mes acheteurs et entendre tous leurs commentaires. La majorité des commentaires sont positifs, mais s’il y a un problème ou un mécontentement, je m’assure de répondre à la demande en échangeant le produit ou même en modifiant complètement le produit afin de satisfaire le besoin du client. C’est ce qui est fantastique avec l’impression 3D: je suis en mesure de directement modifier mes plans et de tester le nouveau produit, comparativement aux façons traditionnelles des manufactures industrielles.

LD: Quel est votre processus créatif? Passez-vous beaucoup de temps sur la table à dessin, ou est-ce un processus d’essais/erreurs?

BrainExploder: Je passe généralement beaucoup de temps à penser au projet: j’essaie d’envisager toutes les erreurs ou embuches possibles qui pourraient se produire lors de la création. Une fois que j’ai un plan avec lequel je suis satisfait, je crée le modèle 3D avec un logiciel et c’est à ce moment que je découvre des défauts auxquels je n’avais pas pensé. J’imprime par la suite un prototype sur lequel je peux jouer physiquement, avec lequel je peux interagir dans un environnement réel, d’où je découvre d’autres problèmes que je peux corriger. J’imprime généralement une douzaine de prototypes avec différentes variations et je suis satisfait lorsqu’arrive le modèle, qui est d’une complexité telle que je ne suis plus en mesure d’y apporter des modifications.

LD: Comme mentionné plus tôt, vos produits sont parmi les plus populaires dans le monde de l’airsoft. J’imagine que, certains de vos produits se font copier illégalement par d’autres compagnies. Comment gérez-vous ce genre de situations?

BrainExploder: En effet, c’est quelque chose qui m’est arrivé à plusieurs reprises. La première chose à faire est de contacter directement la personne ou la compagnie qui crée des copies. La seconde étape est de contacter les revendeurs ou magasins qui tiennent ces produits et de leur montrer qu’ils tiennent en inventaire un produit illégal et souvent de piètre qualité. À ces magasins, je leur montre le vrai produit afin de prouver qu’ils sont dans l’illégalité. La dernière option est de traîner les copieurs en justice.

LD: Un autre aspect important de votre métier est la façon dont vous vous présentez et les plateformes (Facebook, Instagram, et principalement Youtube) que vous utilisez tous les jours pour le travail. Est-ce un défi pour vous?

BrainExploder: Les réseaux sociaux sont effectivement la principale façon que j’ai de présenter mes produits. C’est aussi une excellente façon d’interagir avec mes clients et ceux qui me suivent: ça me donne une vision en coulisse de l’utilisation qu’ils font de mes produits et je suis en mesure de m’adapter au besoin.

LD: Où voyez-vous le monde de l’impression 3D et son marché dans 5 ans? Croyez-vous que ce sera un jour démocratisé et simple d’utilisation pour l’utilisateur moyen?

BrainExploder: De ce que je constate, l’impression 3D devient de plus en plus commune et populaire et je ne crois pas que ça va ralentir. Il viendra probablement un point dans le temps où chaque maisonnée aura une imprimante 3D comme la plupart ont déjà une imprimante à encre traditionnelle. Une fois que l’impression 3D sera plus commune, je mettrai en vente les documents informatiques, ou en partage afin que les utilisateurs soient en mesure de les produire chez eux. Toutefois, un système doit être mis en place afin d’assurer que l’utilisateur utilisent le fichier sans le partager: le marché risquerait alors d’être injuste.

LD: Qu’est-ce qui vient en premier? Est-ce que vos idées vous viennent lorsque vous êtes en train de jouer, ou créez-vous un objet dans l’optique d’un besoin que vous pourriez avoir?

BrainExploder: Pour moi c’est toujours la première option. Quelque chose se produit sur le terrain qui me mène à la table de dessin, question de régler le problème.

LD: Vos produits sont utilisés par des célébrités du airsoft à travers le monde comme MattTheMusketeer et Swamp Sniper. Est-ce que leurs retours vous importent plus considérant qu’ils ont des exigences plus strictes puisqu’ils sont continuellement en train de jouer?

« Les réseaux sociaux sont effectivement la principale façon que j’ai de présenter mes produits »

BrainExploder: Je suis toujours ouvert aux commentaires, mais la majorité des «célébrités» utilisent mes produits parce qu’ils veulent le meilleur résultat. Si une meilleure option existait, ils seraient déjà en train de l’utiliser puisqu’ils sont à la recherche des meilleurs produits afin de réaliser leurs vidéos. Je suis en mesure d’offrir une gamme de produits aux joueurs qui ont des besoins spécifiques car je suis moi-même un joueur: je suis en mesure de tester ce que je fais directement sur le terrain puisque j’ai souvent les mêmes besoins.

LD: Vos champs d’intérêts passent de l’édition audio-visuelle à la création 3D, airsoft, caméra, et j’en passe. Planifiez-vous d’ajouter éventuellement d’autres cordes à votre arc ou travailler dans un champ contraire à ce que vous faite actuellement?

BrainExploder: Je ne veux en aucun cas me limiter à un champ de travail ou hobby que j’occupe prestement. Tout ce que je désire est de travailler dans quelque chose que j’aime. La création requiert de la passion et la passion crée les meilleurs résultats. Tant et aussi longtemps que je suis en mesure de créer avec passion, je continuerai à avoir d’excellents résultats, c’est le cas avec l’airsoft: j’aime le hobby et tout ce que je fais ne se présente pas comme une corvée.

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Gros projets mcgillois https://www.delitfrancais.com/2017/10/24/gros-projets-mcgillois/ Tue, 24 Oct 2017 15:59:39 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29565 McGill va possiblement acquérir l’emplacement de l’Hôpital Royal Victoria et du Fiat Lux.

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L’Université McGill cherche continuellement à améliorer la qualité de ses formations, ainsi que les complexes de son campus. L’administration de McGill propose deux projets d’envergure: le Fiat Lux pour la rénovation de la bibliothèque McLennan, et l’acquisition de l’Hôpital Royal Victoria.

L’avenir de la bibliothèque des sciences humaines et sociales

Selon Colleen Cook, Doyenne Trenholme des bibliothèques de McGill: «la Bibliothèque et les Archives de l’Université McGill ne se résument pas à une simple réserve d’ouvrages […] elles sont des lieux de travail et de convivialité […]. Elle se situe aujourd’hui à un tournant de son histoire, au point culminant d’une révolution technologique qui a profondément modifié les missions traditionnelles des bibliothèques. Pour perpétuer le rôle essentiel qu’elle joue dans la mission de l’Université et faire en sorte que McGill puisse continuer d’attirer et de fidéliser parmi les meilleurs étudiants du Québec, du Canada et du monde, la bibliothèque doit se transformer physiquement afin de pouvoir répondre à l’évolution des besoins de l’étudiant […]».

Selon l’administration, McGill doit ré-imaginer sa bibliothèque afin qu’elle puisse servir ses divers publics au fil des générations. Les enjeux contemporains ne peuvent toutefois pas être ignorés: le rôle de la bibliothèque évolue, donc ses infrastructures doivent également changer. Une plus grande variété d’espaces de travail modulables est nécessaire pour répondre aux besoins des études et recherches du 21e siècle. Informels et formels, individuels et collectifs, ces espaces intègrent des outils à la fine pointe de la technologie pour visualiser des données, stimuler l’ingéniosité et se connecter avec le reste du monde. Un éventail complet d’espaces d’enseignement et d’apprentissage novateurs est nécessaire pour promouvoir l’excellence académique, approfondir les études et dynamiser les échanges. L’espace actuellement réservé au personnel et aux partenaires manque d’efficacité et correspond à des modes de services obsolètes. Les services de la bibliothèque doivent être souples, innovants, technologiques et accessibles, pour répondre aux exigences contemporaines des universitaires. En effet, ce projet donnera «forme à un complexe architectural qui unifiera l’ensemble des facultés, ancrera fermement la bibliothèque aux confins de territoires nouveaux et audacieux et fera de McGill l’un des établissements phares de l’enseignement supérieur du 21è siècle». 

Afin de réaliser ce projet, la bibliothèque sera reconstruite de façon à fournir plus d’espaces de travail, ainsi que de construire un système automatisé de stockage et d’extraction (ASRS) sous la grande pelouse du campus pour stocker en toute sécurité des collections de documents et les archives de la Bibliothèque. Également, ce projet a pour but de rénover l’édifice de la bibliothèque McLennan pour en faire une structure robuste et polyvalente. Évalué aux coûts totaux de 330 millions de dollars canadien sur plusieurs étapes, il faut prévoir une fin des travaux pour 2050. Notez que la bibliothèque restera ouverte et le personnel et les services seront accessibles pendant toutes les étapes des travaux.

Vision pour l’Hôpital Royal Victoria

L’Hôpital Royal Victoria, immeuble emblématique de Montréal, est maintenant vide. Situé entre le campus du centre-ville de l’Université McGill et le mont Royal, cet hôpital offre à l’Université l’occasion de combler son déficit d’espace. Il reste à déterminer s’il serait possible d’exploiter ce site en partenariat avec le gouvernement du Québec.

Le groupe de travail a pour mandat d’explorer la façon dont McGill pourrait utiliser ce site. Il se penchera notamment sur les questions suivantes: quel type d’espace serait nécessaire pour appuyer les activités d’enseignement? Comment le site pourrait-il être utilisé pour favoriser les synergies entre les disciplines universitaires? Quelle est la responsabilité en matière de préservation des bâtiments historiques, des espaces verts, de l’accès au mont Royal, etc.? En ce qui concerne la vision pour l’Hôpital Royal Victoria, il est possible pour la communauté mcgilloise de soumettre des idées et commentaires à l’adresse suivante: rvh_vision@mcgill.ca.

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La technologie, ça me dépasse! https://www.delitfrancais.com/2017/10/17/la-technologie-ca-me-depasse/ Tue, 17 Oct 2017 16:56:55 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29514 Entrevue avec Sévrine Dumais, auteure et illustratrice de la bande-dessinée Les Dépassés.

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Le Délit (LD): Vous écrivez présentement une série de petites histoires mettant en vedette des personnages qui sont dépassés, mais par quoi exactement?

Sévrine Dumais (SD): Les deux personnages de la BD, Henriette et Gilbert, sont en fait des ainés dépassés par la technologie. Ils veulent suivre la tendance et faire partie de la grande conversation technologique de notre époque, mais ils ont parfois (lire: souvent) du mal à comprendre comment fonctionnent les réseaux sociaux et les différents appareils mobiles parce qu’ils ont leurs propres référents. Ils se retrouvent donc souvent au cœur de situations assez cocasses!

LD: Vous travaillez le texte en fonction des images, ou est-ce l’inverse? Où réside la capacité comique de votre bande-dessinée?

SD: J’ai commencé par écrire le texte. Au départ, les scénarios étaient destinés à la création d’une websérie. Puis, un producteur m’a suggéré d’en faire d’abord une bande dessinée pour faire connaître mes personnages. C’est de cette façon que la bande dessinée a vu le jour; j’ai donc travaillé les images à partir des textes, bien que souvent, les dessins influencent le texte aussi.

La capacité comique, elle, se situe surtout dans le désir profond qu’ont les personnages d’utiliser la technologie et dans leur façon très singulière de le faire. Henriette et Gilbert ne se rendent pas compte qu’ils utilisent les réseaux sociaux de la mauvaise façon, par exemple, et c’est ce qui fait rire dans la bande dessinée.

« Ils se reconnaissent dans leurs questionnements mais ne comprennent pas nécessairement toutes les bourdes qu’ils font avec la technologie »

LD: Il y a une dynamique qui s’opère entre le texte et les images: est-ce qu’un l’un peut exister indépendamment de l’autre?

SD: Comme le texte était, à la base, destiné à une production audiovisuelle, il a été construit de façon à ce qu’il soit mis en image. Il ne peut donc pas vivre seul, sans dessin ou sans vidéo. Pour qu’il existe de façon indépendante, il faudrait qu’il soit réécrit.

LD: Votre processus de création implique la collaboration du comédien Bernard Fortin: travaillez-vous en tandem ou chacun de votre côté?

SD: Nous travaillons en tandem! Bernard est arrivé dans l’équipe après que les textes aient été écrits. Il a donc révisé les textes pour faire ressortir davantage le côté comique. C’est une étape qui a été faite en équipe parce qu’il est très respectueux du travail que j’ai fait et ne voulait pas imposer ses idées. Il y allait à coups de suggestions. Nous lisions les textes à voix haute – son expérience de comédien a beaucoup aidé ici – afin de faire vivre les textes et de trouver les répliques parfaites. Sa contribution a été très bénéfique!

« J’ai toujours été influencée par les caricatures »

LD: Le texte et vos illustrations s’adressent à ceux qui se sentent dépassés par, principalement, l’engouement qui existe présentement pour les téléphones mobiles, ordinateurs portables, les médias sociaux, etc. De quelle façon est-ce qu’un lecteur conditionné peut mettre le pied dans votre œuvre?

SD: En fait, les aventures d’Henriette et Gilbert s’adressent à tous parce que chaque génération comprend les histoires de façon différente. Par exemple, plusieurs aînés vont trouver les personnages attachants parce qu’ils se reconnaissent en eux. Ils se reconnaissent dans leurs questionnements, mais ne comprennent pas nécessairement toutes les bourdes qu’ils font avec la technologie, alors que les plus jeunes vont se rendre compte de ces maladresses et en rire parce qu’ils vont reconnaître des membres de leur entourage. Tous les lecteurs peuvent donc se retrouver dans les histoires de la bande dessinée, qu’ils aient 7 ou 107 ans!

« Nous comptons intégrer de plus en plus Les Dépassés aux médias sociaux  »

LD: Vos illustrations se rapprochent de ces sketchs que nous retrouvons dans les journaux ou dans les coups de crayons des caricatures. Où situez-vous votre travail?

SD: Évidemment, j’ai toujours été influencée par les caricatures. La bande dessinée que je propose se conforme bien à cela parce qu’elle se base sur des observations comiques des comportements. Pourtant, je crois que Les Dépassés porte aussi une part de sensibilité qui se rapproche plus des romans graphiques récents. C’est donc une œuvre assez mixte.

LD: Votre bande-dessinée est humoristique et explore les relations des personnages avec la technologie. Est-ce que vos personnages trouvent leur situation drôle ou du moins, ont-ils conscience de l’aspect comique de leur situation?

SD: Pas toujours! Et c’est ce qui rend la chose comique! Henriette et Gilbert gaffent avec les réseaux sociaux mais ne s’en rendent pas compte parce qu’ils n’ont pas les mêmes référents que les générations plus jeunes. Et ils continuent leur vie sans s’en faire. Ils ne s’en font pas avec ça et je pense que c’est une leçon de sagesse que les aînés peuvent nous enseigner: ne pas trop s’en faire avec les réseaux sociaux!

« C’est une leçon de sagesse que les aînés peuvent nous enseigner : ne pas trop s’en faire avec les réseaux sociaux! »

LD: Votre projet comporte un volet web et vous diffusez vos illustrations sur les médias sociaux.

Pensez-vous explorer davantage ces plateformes?

SD: Oui! Nous comptons intégrer de plus en plus Les Dépassés aux médias sociaux, surtout lorsque la websérie va paraitre. L’équipe des Productions Gamet – qui chapeaute le projet – et moi-même trouvons que le sujet se porte très bien à la multiplicité des plateformes. À mesure qu’Henriette et Gilbert découvriront les réseaux sociaux, il est bien possible qu’on les voit de plus en plus sur les «zinternets»!

LD: Croyez-vous que ce soit une barrière pour certains lecteurs?

SD: Oui, c’est une barrière parce qu’un grand nombre d’ainés ne sont pas sur les réseaux sociaux, mais nous arrivons à rejoindre ce public de différentes façons; par le bouche à oreille, par les courriels, etc. C’est certain que, lorsque la websérie va sortir, nous allons exploiter des moyens de communication très variés pour rejoindre le plus de gens possible, du papier jusqu’au web.

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Rénover le passé pour le futur https://www.delitfrancais.com/2017/09/26/renover-le-passe-pour-le-futur/ Tue, 26 Sep 2017 11:54:49 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=29270 Un regard sur les projets d’aménagement de McGill.

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À votre arrivée sur le campus universitaire de McGill, vous avez très certainement remarqué, en plus des bâtiments historiques, la verdure, et le panorama du centre-ville de Montréal, les chantiers de construction. Ce sont des grues, des piles de mortier, des bâches bleues, et des travailleurs munis d’outils qui remplacent maintenant le paysage visuel que vous avaient promises les publicités de l’université.

Ces rénovations, une des priorités principales de l’administration, font toutefois partie d’un projet majeur qui englobe la restauration de plusieurs monuments clés du campus. Cela concerne le portail Roddick, la terrasse Leacock, plusieurs façades, toitures, et fenêtres, ainsi que la construction d’un nouveau bâtiment pour abriter des génératrices. L’administration de McGill a des projets d’envergure visant à supporter les recherches modernes, les nouveaux besoins pédagogiques, et à préserver l’héritage culturel qui fait le charme et la réputation de l’université. Avec autant de travaux sur place, Le Délit vous propose un court résumé de ce qui se passe sur le campus.

Les rénovations

Penchons-nous d’abord sur les travaux actuellement visibles. Le portail Roddick, monument maintenant centenaire, érigé en l’honneur du doyen Sir Thomas George Roddick, se voit presque entièrement restauré. Les pierres sont en cours de nettoyage, les joints de ciment refaits, et les pierres fracturées remplacées par des neuves. En bref, les travaux consistent à faire en sorte que cette arche reste en place et, une fois les travaux complétés, devienne une place où il sera possible de s’asseoir et contempler la rue Sherbrooke et ses rénovations. Évidemment, la pollution et l’écoulement du temps sont les causes de ces détériorations: le béton n’étant pas infaillible, l’apparition de fissures et les infiltrations raccourcissent rapidement l’espérance de vie de ces installations. C’est pour cette raison que la terrasse Leacock, ce chemin entre le côté Est du bâtiment Leacock et Ouest du musée Redpath, est en cours de restauration. Les fondations, les dalles, les poutres, et tout ce qui constitue la structure de la terrasse, se verront complètement remplacés. Ce n’est pas qu’une simple rénovation, c’est aussi une opportunité de revoir le style extérieur et de l’adapter pour les étudiants: des espaces pour s’asseoir ainsi que de nouvelles sources de lumière seront installées. Finalement, plusieurs façades de bâtiments sont mises à terre afin d’y installer une nouvelle maçonnerie, toiture, fenestration, etc. Ainsi, la faculté d’ingénierie Macdonald et le bâtiment Macdonald-Harrington auront droit à une enveloppe neuve et, espérons-le, durable pour les années à venir.

Regard vers l’avenir

Ce qui retient l’attention cet automne sur la rue University, entre le bâtiment Wong et Ferrier, est très certainement la construction d’un nouvel emplacement (toujours sans nom) où seront logés deux générateurs. Ceux-ci seront alimentés par du gaz naturel et remplaceront les génératrices mobiles diésel situées entre la bâtiment Ferrier et James. Ces génératrices assureront un approvisionnement en électricité sur le campus en cas de panne ou lorsque la demande en énergie atteindra des pics d’utilisation. Outre ces nouvelles commodités, l’administration mcgilloise tend vers de nouveaux horizons. Le site de l’ancien hôpital Victoria est présentement étudié afin d’éventuellement y aménager un projet urbain d’envergure dont la population de Montréal pourra bénéficier. De plus, les bibliothèques McLennan-Redpath vont être repensées afin de regrouper toutes les facultés au sein d’un même et seul bâtiment.

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L’Heuristique, une dissolution soudaine https://www.delitfrancais.com/2017/01/17/heuristique-une-dissolution-soudaine/ Wed, 18 Jan 2017 00:11:42 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27240 Le journal étudiant de l’ÉTS disparaîtra possiblement au 1er février prochain.

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L’Heuristique, journal étudiant dont la mission est de permettre aux membres de l’École de Technologie Supérieure (ÉTS), de s’exprimer et de transmettre de l’information à la communauté étudiante, se verra dissout dès le mois prochain. Cette dissolution soudaine du média étudiant nous pousse à revenir sur les évènements qui ont mené à cette situation en ayant en tête la recherche d’un comment et surtout d’un pourquoi. Les déboires au sein des organisations concernées, soit le Conseil administratif (CA), l’Association étudiante de l’ÉTS (AÉÉTS), et les membres exécutifs du journal L’Heuristique, débutent après la publication en novembre 2014 d’un article mentionnant de probables irrégularité entourant les négociations à propos de la nouvelle maison étudiante. En janvier 2015, le CA de l’AÉÉTS blâme le journaliste ayant reporté la nouvelle, Félix-Antoine Tremblay, ex-rédacteur en chef et précédemment engagé au sein de l’AÉÉTS. Ce blâme est ensuite invalidé lors de l’assemblée générale de l’AÉÉTS tenue le 4 mars 2015.

Un président d’association contesté

Après quelques autres articles publiés par L’Heuristique à l’égard de l’AÉÉTS, notamment quant à l’attitude de son président Mathieu Drolet vis-à-vis de la violence sexuelle à l’ÉTS, un avis de motion est diffusé le 19 octobre 2016 à l’égard du journaliste en question, Félix-Antoine Tremblay. M. Drolet avait déclaré au Devoir en mai 2016 que les violences sexuelles n’étaient qu’une problématique «très anecdotique» et qu’ «on ne peut pas changer l’être humain du jour au lendemain», ce qui mènera à une suspension dudit président par son Conseil exécutif (CE), une deuxième suspension étant significative d’expulsion, le CE sera ensuite blâmé par le CA de l’association pour cette décision.

L’association, et son président Mathieu Drolet, en réponse à ces articles, se défendent en s’octroyant, par un vote lors d’une réunion du CA tenue le 16 novembre 2016, un droit de véto effectif sur le contenu que publie l’Heuristique.

 

« Résolution CA20161116_37_009‑6.1 :

Considérant le changement de la nature du comité de la promotion en comité du bal ;
Considérant les plaintes de diffamation reçues à cause des textes dans le journal ;
Considérant que ces cas de diffamation se sont faits contre l’entité de l’AÉÉTS, certains de nos membres et employés de l’ÉTS ;
Considérant que l’AÉÉTS est propriétaire du journal et est ainsi susceptible de se faire poursuivre, malgré le fait que le journal mentionne que : “Les auteures et auteurs ont l’entière responsabilité de leurs articles et, lorsque ces derniers sont explicitement signés, n’engagent en aucune façon l’équipe de l’Heuristique ou l’AÉÉTS.” ;
Considérant qu’il est dans l’intérêt de l’AÉÉTS d’assurer un contrôle du journal pour éviter de se faire poursuivre ;
Que l’on adopte la version 1.2.2 du Volume V – Comités, clubs étudiants et délégations.
Pièce jointe: V – Comités, clubs étudiants et délégations 1.2.2

Proposeur : Mathieu Drolet
Appuyeur : Cédrick Pipitone
Adoption à majorité double
Sébastien Brunet s’oppose »

 

Est adopté l’article 2.2 de l’annexe V‑A du cinquième Volume-Comités, clubs et associations de la charte de l’AÉÉTS, qui stipule: «La publication du journal doit être confirmée par la vice-présidence des communications de l’AÉÉTS (…) Le respect est de mise et aucune attaque personnelle ou diffamation ne doit être tolérée.» Vincent Larouche, actuel vice-président des communications, affirme qu’il ne s’agit pas d’un «droit de véto arbitraire» mais que cette modification «permet la publication ou non, seulement si les règles qui l’entourent sont respectées ou non».

Ces propos ‘diffamatoires’ tenus dans L’Heuristique à l’égard des individus concernés tombent dès lors entre les mains d’avocats et une guerre juridique n’étant point désirée, le CA de l’AÉÉTS résout de dissoudre L’Heuristique, le 30 novembre dernier.

 

Résolution CA20161130_37_010‑6.1 :

Considérant que le CA reconnaît l’importance du journal étudiant L’Heuristique »;
Considérant que le CA désire que le journal étudiant « L’Heuristique » démarre un processus de réflexion;
Considérant l’avis juridique concernant la responsabilité de l’AÉÉTS face au propos tenu par le journal;
Considérant que les membres du journal exigent de ne pas être contrôlés par l’AÉÉTS;
Que l’on démarre le processus de dissolution du comité du journal;
Que la dissolution du comité du journal soit annoncée à partir du premier février 2017;
Que jusqu’au premier février, l’AÉÉTS coopère avec le comité actuel du journal pour mettre en place une solution bénéfique pour la communauté étudiante;
Que le Vice-président des affaires internes et la Vice-présidence des communications soient responsables du processus de dissolution du comité;
Pièce jointe: AÉÉTS – Avis juridique (2105–019).pdf

Proposeur : Mathieu Drolet
Appuyeur : Cédrick Pipitone
Adoption consensuelle

 

Félix-Antoine Tremblay fait l’objet d’une demande d’expulsion hors de L’Heuristique le 6 décembre 2016, par Samuel Simard, vice-président aux affaires internes de l’AÉÉTS. Simard accuse Tremblay de, entre autres, «vandalisme», «harcèlement», et «comportement inapproprié». Cette expulsion est refusée par le CA de L’Heuristique.

Néanmoins, à peine un mois plus tard, Tremblay démissionne de son poste de rédacteur en chef de L’Heuristique, suite au revirement du CA de L’Heuristique, qui décide de finalement se soumettre aux demandes de l’AÉÉTS, c’est-à-dire de ne rien publier sans son approbation. Il nous explique qu’en somme : «le CA de l’AÉÉTS ne ferme pas L’Heuristique, comme l’indiquent les résolutions adoptées par ce dernier. Le CA de l’AÉÉTS compte rendre le journal indépendant, puis le laisser se fermer de lui-même, faute de fonds». L’Heuristique, actuel comité interne à l’AÉÉTS, reçoit actuellement autour de 10 000 dollars de financement par année. Ce financement serait bien moindre en cas d’externalisation, et L’Heuristique aurait à faire la demande d’une bourse auprès de l’AÉÉTS.

Un avenir en pointillé

De son côté, l’AÉÉTS affirme n’entreprendre ce processus d’externalisation de L’Heuristique que dans l’intérêt mutuel du journal et de l’association. L’Heuristique deviendrait alors une entité indépendante, avec une ligne éditoriale propre et un statut légal clair. Cela le séparerait distinctement de l’AÉÉTS, la protégeant d’éventuelles poursuites judiciaires envers le journal. Mais comme l’explique Tremblay, externaliser L’Heuristique revient à le priver de financement direct, et mettre en péril son existence. L’AÉÉTS reconnaît qu’il serait difficile de maintenir une édition papier de L’Heuristique, mais explique que des discussions sont à venir sur la question du financement prochain du journal.

Ce résumé offre une chronologie globale entourant la dissolution prochaine du journal L’Heuristique de l’ÉTS qui est, selon les résolutions du CA de l’AÉÉTS, prévue pour le 1er février 2016. La situation reste néanmoins flexible, et Le Délit ne manquera d’en rapporter tout nouveau développement.

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Entretien avec Robert « Robo » Murray https://www.delitfrancais.com/2016/12/06/entretien-avec-robert-robo-murray-premiere-partie/ Tue, 06 Dec 2016 18:13:05 +0000 http://www.delitfrancais.com/?p=27031 L'Airsoft, une pratique méconnue mais sur l'ascendant: Robert Murray vous en explique les réalités et vous débarasse de vos préjugés.

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Le Délit a rencontré Robert Murray, un des pratiquants de l’Airsoft les plus connus au Canada, grâce, entre autres, à son activité parallèle de Youtubeur. Nous vous avions présenté cette activité il y a quelques semaines, en sa qualité «d’expérience ludique de la vie militaire». Murray partage avec vous sa conception de l’Airsoft, quelques réflexions sur la situation actuelle de cette pratique au Canada et sur la possibilité d’une professionnalisation de l’Airsoft au futur.


Le Délit (LD): Pour la communauté participant aux nombreux événements, l’Airsoft est un jeu. Toutefois, beaucoup de non-joueurs jugent ce jeu comme étant violent et incitant à la guerre. D’un point de vue professionnel, qu’en pensez-vous?                        

Robert Murray (RM) : Selon moi, le problème n’est pas en lien avec l’Airsoft, mais plutôt avec les préjugés que la société attribue à des activités comme le paintball ou l’Airsoft. Vous avez raison : l’Airsoft et le paintball (bien qu’à de faible degrés) sont des représentations d’activités que la société considère comme étant «violents». Par contre, la chose importante à retenir est que la violence est commune dans les sports populaires ou les autres formes de divertissements, ce qui nous pousse à nous demander : pourquoi l’Airsoft serait différent?                                                                                                                                      

L’Airsoft reproduit volontairement la guerre, des armes, et des situations que nous, en tant que citoyen, reconnaissons comme étant violentes. L’activité est entièrement basée sur ces concepts, la rendant donc violente. Par contre, si vous regardez de plus près des activités comme le football Américain ou le hockey, vous y trouverez des exemples de violence. De vrais exemples de violences physiques. Pour la plupart, ces actes font partie intégrante de ces sports même si le but du jeu ne consiste qu’à déplacer un objet d’un bout à l’autre du terrain de jeu. C’est ce qui rend les notion de sport et de violence biaisées : nous acceptons la violence sportive puisqu’elle fait «partie du jeu», et qu’elle ne se rapproche pas visuellement d’une représentation de la guerre . L’ironie est que sur le terrain de jeu, de ma vaste expérience, personne ne désire faire de mal aux autres. La plupart du temps, tout le monde termine la journée heureux et entre amis. Par contraste, il y a plusieurs preuves qui montrent que les joueurs de football Américain ou de hockey sont trop souvent encouragés à blesser les joueurs des équipes adverses ou de laisser aller leur rage sur le terrain.

LD: Bien que la majorité des gens pensent que l’Airsoft fait la promotion de la violence, beaucoup croient que ce hobby a la possibilité de devenir un sport au même titre que le hockey ou le baseball. Avec une communauté grandissante et des réglementations différentes pour chaque organisation, croyez-vous que ce soit possible?
RM: C’est toujours une question qui resurgit de temps à autre : est-ce que du Airsoft professionnel a la possibilité d’exister? Pour vous dire la vérité, je n’ai pas de réponse. L’idéaliste en moi désire son existence: je suis quelqu’un de compétitif et j’adorerais mettre mes habilités sous forme de statistiques. Le réaliste en moi, toutefois, croit que tant que nous n’avons pas une façon efficace, bon marché, et consistante de compter les points, l’Airsoft professionnel ne peut pas exister.
Ultimement, c’est un problème relié à l’individu même : si tout le monde pouvait être juste et honnête quand ils se font toucher, ce sport pourrait exister dès demain. Malheureusement, la tricherie et la malhonnêteté sont une plaie qui existe dans le jeu malgré le fait qu’il n’y ait rien d’important en jeu. Il ne faut pourtant pas croire qu’il n’y a pas de forme de compétition dans l’Airsoft : les compétitions de tir sur cible existent, et c’est le seul endroit où il est possible d’avoir une forme de profession : cela demeure honnête puisque le seul compétiteur est soi-même.

LD: Comparativement au Canada, les organisateurs états-uniens proposent une expérience de jeu dont la qualité dépasse largement ce que nous pouvons voir localement, je pense notamment à Milsimwest et à American Milsim. Pourquoi croyez-vous que de tels événements soient possibles aux États-Unis, et non au Canada. Est-ce un problème de popularité? De lois?
RM: Ce sont en fait ces deux points que vous avez soulevé qui sont à l’origine de cette problématique, mais avec une zone grise. Ce n’est pas vraiment un problème de popularité si l’on calcule la popularité par capita : c’est un problème de densité de population. Les États-Unis ont une population approximative de 319 million d’habitant, alors que le Canada n’en compte que près de 35 million éparpillé un peu partout sans avoir une grande concentration de population.

Si nous mettons la situation en perspective, l’état de Californie compte près de 38 million d’habitants, soit 3 million de plus que toutes les provinces du Canada réunies. C’est une de ces raisons pour lesquelles la Californie, en plus d’être un état clé dans l’exportation de biens à travers le monde, est le centre des activités reliés au Airsoft en Amérique du nord.

Alors, même si au Canada il y a un intérêt élevé pour ce hobby, l’éparpillement de la population crée des poches de vide dans certaines communautés. L’autre problème est que, en comparaison avec les Etats-Unis, les joueurs ont là-bas accès à une multitude de sites et de terrains de jeux dits «premium». Les lois aux États-Unis permettent l’accès au public à, par exemple, des bases militaires désaffectées. Alors qu’au Canada, bien que de tel endroits existent et soient abandonnés, le gouvernement y refuse l’accès au public.

LD: Quel est votre intérêt personnel par rapport à l’Airsoft?
RM: Mon intérêt pour l’Airsoft a débuté lorsque j’étais enfant : je me passionnais pour la sécurité civile et la simulation tactique. J’ai choisi une autre orientation professionnelle, mais j’ai toujours maintenu une passion, tant pour la sécurité civile que pour la simulation. C’est après mes études universitaires que j’ai pris pour hobby l’Airsoft, me permettant de mélanger les deux passions mentionnées plus tôt ainsi que de me garder physiquement en forme.

LD: Pour la plupart des joueurs, l’Airsoft est un passe-temps, un hobby de fin de semaine. Dans votre cas, vous avez fait du hobby une carrière : vous êtes commandité par de grandes entreprises et vous développez votre propre gamme de produits. Comment en êtes-vous arrivé là?
RM: Soyons clair : je ne suis pas payé pour jouer à l’Airsoft, alors je ne peux pas réellement considérer mes activités comme étant une carrière à proprement dire: j’ai un emploi à temps plein comme tout le monde. Par contre, je fais de l’Airsoft un hobby à temps plein, et passe la plus grande partie de mon temps libre à participer ou à produire du contenu pour l’industrie de l’Airsoft et pour la communauté.

Comment tout cela est arrivé? Par un mélange de hasards et de dur labeur. En 2010, je faisais du montage vidéo pour mon ancienne équipe et je publiais régulièrement des photos sur Instagram. Tranquillement, de plus en plus de personnes commencèrent à me suivre sur les réseaux sociaux et je voulais m’investir davantage dans la communauté, c’est alors que je suis entré en contact avec les figures dominantes de l’industrie. Plusieurs de ces figures devinrent mes mentors et m’apprirent à utiliser efficacement les réseaux sociaux et la plateforme qu’est YouTube.

La chance et la sociabilité valent pour beaucoup dans mon cheminement, mais si je pouvais exprimer une façon de faire en une phrase simple, je dirais: établissez-vous un but, trouvez ce dont vous avez besoin pour y arriver, et puis faite ce que vous aurez trouvé sans arrêt jusqu’à ce que vous y arriviez.

LD: Malgré la « carrière », avez-vous toujours autant de plaisir dans le jeu?
RM: Le plaisir est le même que lorsque j’ai commencé! Personnellement, je ferais le même contenu que je publie sur les réseaux sociaux même si je n’étais pas commandité: je faisais tout cela bien avant mes partenariats avec les entreprises. Y‑a-t-il des jours où je ne suis pas aussi motivé de travailler sur du contenu ou d’aller jouer?
Certainement, mais c’est comme cela pour n’importe quelle passion. Plusieurs peuvent se sentir écrasé par leurs responsabilités et se sentir obligé de publier du contenu régulièrement, la passion devenant alors un  travail. Pour moi, bien que je prenne le jeu au sérieux et que cela occupe une grande partie de ma vie, je n’en fais pas un boulet et des chaînes. C’est une activité créée pour être appréciée et peu importent les responsabilités que l’on y gère.

LD: Une question qui revient souvent dans l’industrie de l’Airsoft est la place que devrait avoir les enfants dans l’industrie. Par rapport à ce que nous nous sommes dit plus tôt en lien avec la promotion de la violence et de la guerre, que pensez-vous de cette situation?
RM: Bien que ce soit, du moins pour moi, une question à laquelle il est simple de répondre, c’est un sujet qui, en réalité, est difficile d’approche, principalement dû aux faits que j’ai illustrés précédemment sur ce que l’Airsoft représente et tente de représenter. Il va y avoir des groupes qui trouveront que l’Airsoft est mauvais pour les enfants puisque c’est basé sur la reproduction d’un environnement de guerre et d’armement.

Afin de vous montrer pourquoi je trouve qu’il est simple de répondre à cette question, laissez-moi réfuter : est-ce la responsabilité de l’activité de paraître d’une façon ou d’une autre, ou est-ce au participant de savoir comment bien appliquer un contexte à une activité? Certes, c’est un jeu qui ressemble à des combats d’arme à feu, mais il est important de rappeler que ce ne sont pas des armes à feu et ce n’est pas une zone de guerre: un film d’horreur présentant un monstre caché dans un lac ne peut pas être considéré comme étant un documentaire. Plus directement, le même contexte peut être appliqué à d’autres sports, comme de combat au corps à corps, ou de tir, peut être appliqué à l’Airsoft. L’Airsoft est une simulation de combat qui prend lieu dans un contexte de plaisir et se détache complètement d’une vrai situation militaire, au même titre que le tir-à-l’arc moderne se détache de la défense d’un château au XIIIe siècle. Malheureusement, ceux qui appliquent cette logique à cette activité perdent de vue les vastes bénéfices variées que ce hobby peut apporter à un individu en croissance. L’Airsoft étant basé sur des dynamiques d’équipes, les situations intenses, et la stratégie, un joueur développe des attributs qui lui sont bénéfiques, comme le travail d’équipe, l’entraînement physique, la coordination spatio-temporelle, et de l’initiative.

Selon moi, il existe peu d’activités qu’un individu peut prendre en tant que hobby qui lui développe autant de talents qui aident à devenir, non seulement un bon citoyen, mais aussi un bon sportif. Ultimement, si un parent est en mesure de bien expliquer le contexte du jeu et de rappeler que ce n’est pas une mise en situation réelle, mais bien une simulation, je ne vois pas comment l’aspect de la violence pourrait brimer le jeu, ni même la promouvoir. Pour ce qui est des jeunes enfants, la responsabilité revient aux parents.

LD: Être un joueur professionnel est dispendieux. Comme pour n’importe quel sport ou hobby, il est toujours favorable de s’équiper avec la meilleure qualité afin d’être le plus efficace possible sur le terrain de jeu. Comme dans le domaine du tir à l’arc, est-ce l’outil qui fait l’athlète? Est-ce que l’investissement en vaut la peine?
RM: Afin de répondre efficacement, laissez-moi diviser cette question afin de pouvoir appliquer certaines de ces affirmations dans leur contexte. L’homme versus la machine. C’est une question de tout temps : est-ce l’homme ou l’outil qui produit la performance ? Personnellement, je ne vois pas pourquoi c’est toujours une question : je crois qu’il existe suffisamment de preuves historiques qui prouvent qu’ultimement, c’est toujours l’homme qui définit le résultat.

L’outil ne permet que d’améliorer ou de créer cette performance. Une maxime circule dans le monde militaire qui dit: «le fusil est un outil : je suis l’arme». Ceci étant dit, il existe un point où un athlète extrêmement talentueux peut, de fait, avoir un avantage considérable par l’utilisation d’un meilleur équipement.

Si un joueur est déjà le plus rapide, le plus intelligent, le plus stratégique, et le mieux entraîné sur le terrain, il sera une menace encore plus grande s’il est équipé avec le meilleur équipement. L’inverse est toutefois impossible. Un joueur sans réel entraînement, malgré son utilisation d’un meilleur équipement et d’un équipement haut de gamme ne saurait égaler le joueur professionnel. Est-ce que cela vaut la peine ? Tout dépend de la fréquence à laquelle vous jouez.
Si vous ne participez qu’à quelques événements par année, un équipement standard fera l’affaire. Par contre, si vous voyagez partout à travers l’Amérique du nord pour jouer dans des événements qui coûtent cher, alors investir dans un équipement qui sera fiable et performant vaudra la peine puisque vous investissez déjà autant dans vos déplacements.

LD: Croyez-vous que la communauté grandissante de l’Airsoft est positive ou, au contraire, devrait-elle rester comme elle est présentement?
RM: Positive et seulement positive! – sans être sarcastique, j’ai moi aussi vu la mauvaise publicité que l’Airsoft, et plus spécifiquement sa communauté de joueurs, reçoit de la part des médias, et quelques-uns de ces «mauvais» joueurs existent dû à cette expansion rapide que connaît le hobby. Par contre, cela ne veut pas dire que l’expansion d’une industrie est mauvaise et ne devrait pas être supporté, au contraire. Le fait est que, plus il y a de participants dans une activité, plus elle se répand un peu partout, un plus grand pourcentage de personnes peuvent participer à ces activités.

En soit, il y a beaucoup d’êtres humains exécrables dans le monde, et plus une activité est grandissante, plus il y a de risques que ces individus prennent part à ses événements. Cela dit, mon affirmation revient à parler d’un aspect de la nature humaine, et non de l’Airsoft en général. Peu importe ce que vous faites, il est impossible d’échapper à ce phénomène tant et aussi longtemps qu’il y aura des êtres humains impliqués dans une activité. Le fait est que, plus l’industrie grandit, plus le nombre de magasins, de terrains, de manufactures, de joueurs, et d’emplois peuvent exister.

Pour résumer, l’industrie grandissante fait en sorte que l’activité-même devient davantage publique, faisant en sorte que le citoyen moyen y devient accommodé et insensible, l’acceptant comme étant l’activité qu’elle est. En encourageant cette expansion de l’industrie, nous assurons qu’elle survive et de fait, nous pouvons continuer à apprécier le support constant de la communauté pour un passe-temps et un hobby aussi divertissant et amusant.

LD: Un mot pour conclure M. Murray?
RM: Certainement! Alors comme je dis toujours, continuez à jouer à l’Airsoft, continuez à avoir du plaisir, à être de bons membres de la communauté : défendez ce que vous aimez.

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Vincent Morréale

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