Archives des Campus - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/actualites/campus/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 09 Oct 2024 16:26:56 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 Le 7 octobre à McGill : entre commémorations et revendications https://www.delitfrancais.com/2024/10/09/le-7-octobre-a-mcgill-entre-commemorations-et-revendications/ Wed, 09 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56204 Retour sur une journée lourde en émotions.

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Ce lundi 7 octobre a marqué un an depuis l’attaque du Hamas en Israël, qui a causé la mort de plus de 1 200 civils, et la prise en otage de 251 personnes. En réponse, le gouvernement israélien a engagé une opération militaire violente dans la bande de Gaza. Aujourd’hui, plus de 41 000 civils palestiniens sont morts dans le cadre de cette opération, la majorité lors de bombardements. Plusieurs cérémonies et manifestations se sont tenues le 7 octobre 2024, tant pro-israéliennes que pro-palestiniennes, autour du campus de McGill et ailleurs dans Montréal.

Mesures préventives

De nombreuses mesures préventives avaient été prises par la ville de Montréal pour s’assurer que la situation ne dérape pas. Sur Instagram, Valérie Plante, mairesse de Montréal, a déclaré qu’elle reconnaissait le droit des différentes personnes de manifester leurs opinions, mais que la police serait présente pour « désamorcer toute situation de tensions pouvant provoquer des dérapages ». La majorité de ces effectifs étaient composés d’agents du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), ainsi que de forces de la Sûreté du Québec (SQ). La rue Sherbrooke a notamment été fermée entre les rues Peel et University, au niveau du portail Roddick, et ce, pour une grande partie de la journée. Des mesures de sécurité ont également été prises sur le campus même : seulement deux entrées sont restées ouvertes, l’entrée sur le campus a été limitée aux étudiants, au personnel, et aux visiteurs importants. La présentation de la carte étudiante de McGill était nécessaire pour entrer dans la plupart des bâtiments, et la grande majorité des cours du 7 octobre ont été tenus à distance.

« Les larmes aux yeux, elle a rappelé l’inhumanité avec laquelle les attaques ont été menées, provoquant une forte émotion dans l’assemblée »

Commémoration des victimes du 7 octobre

À 12h30, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour commémorer les victimes mortes dans les attaques du 7 octobre 2023 et pour appeler à la libération des otages gardés captifs par le Hamas. Un nombre important des participants à la vigile faisaient partie de la communauté juive montréalaise. Arborant des drapeaux d’Israël et des pancartes dénonçant l’atrocité des attaques du Hamas, les personnes présentes ont écouté des témoignages personnels relatant les événements du 7 octobre, et ont entonné des chants religieux, ainsi que l’hymne national d’Israël. Une étudiante a partagé le quotidien de ses amis en deuil, et de sa famille en Israël, qui doit régulièrement se réfugier dans des bunkers. Les larmes aux yeux, elle a rappelé l’inhumanité avec laquelle les attaques ont été menées, provoquant une forte émotion dans l’assemblée. Pour clore son discours, elle a déclaré : « Certaines choses ne doivent jamais être oubliées. Nous devons faire en sorte qu’une attaque comme celle du 7 octobre 2023 ne se reproduise plus jamais, nulle part et pour personne. C’est en tirant des leçons de cette journée que nous honorerons les personnes que nous avons perdues. Sinon, leur mort se fera dans la douleur. Continuez à vous battre. Luttez pour la vérité, pour l’humanité (tldr). » Plusieurs manifestants ont soutenu ce témoignage, dénonçant les médias canadiens, qui selon eux représentent Israël de manière négative « alors qu’en réalité, nous [les Israéliens, ndlr] ne faisons que défendre notre peuple et le peuple juif ». Par la suite, un rabbin est monté sur l’estrade, encourageant tout le monde à entonner des chants religieux. La vigile s’est déroulée dans une ambiance calme et marquée par l’émotion des participants. Cependant, nous avons aussi remarqué quelques regards inquiets ou hostiles, portés à l’égard des quelques contre-manifestants pro-palestiniens situés à une cinquantaine de mètres plus loin sur Sherbrooke.

Margaux Thomas | Le Délit

Manifestation du collectif SPHR

Une manifestation organisée par les collectifs des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance, SPHR) a débuté peu de temps après la fin de la vigile commémorant les victimes des attaques du 7 octobre. Partant du campus de Concordia, une foule d’environ 1 000 manifestants s’est dirigée vers le campus de McGill, remontant à la course la rue Peel avant de descendre l’avenue du Docteur-Penfield, pour finalement aboutir sur la rue McTavish. Suivis par des agents du SPVM à vélo et à moto, certains manifestants couraient, alors que les organisateurs les avertissaient de rester en groupe et de ne pas se laisser disperser par le corps policier. La foule, bloquée par des agents du SPVM, s’est rassemblée devant les escaliers menant à la bibliothèque McLennan et a entonné divers slogans avec force, condamnant l’État d’Israël et l’Université McGill. Plusieurs manifestants portaient des keffiyeh pour cacher leurs visages, et certains revêtaient également des masques de ski, anticipant l’usage possible de gaz lacrymogènes pour disperser les foules.

Près de 20 minutes se sont écoulées sans que le groupe ne se déplace, lorsque les organisateurs l’ont soudainement redirigé dans une rue parallèle. Toujours en courant, les manifestants ont remonté la rue Peel, et se sont cette fois-ci rendus sur l’avenue des Pins, s’arrêtant devant le site de construction du futur Institut de recherche Sylvan Adams en sciences du sport. Devant la foule, l’un des intervenants a pris la parole et a dénoncé avec véhémence la volonté persistante de l’Université à utiliser des dons d’individus sionistes, faisant allusion au milliardaire et philanthrope controversé Sylvan Adams. Certains manifestants se sont ensuite emparés de barres de fer, et ont attaqué le site de construction lui-même. Certains se sont introduits dans le bâtiment, alors que d’autres se sont mis à casser des fenêtres.

Vincent Maraval | Le Délit

Des manifestants, pris de panique, se sont éloignés de la foule, tandis que d’autres applaudissaient les gestes des vandales. Des agents de police ont rapidement chargé dans la cohue, s’interposant entre le bâtiment et les manifestants, de manière à les empêcher de le détruire davantage. Dans un chaos général, les forces de l’ordre ont lancé des bombes de gaz lacrymogène sur les manifestants, qui se sont immédiatement dispersés dans les ruelles environnantes. Plusieurs ont exprimé leur surprise et leur mécontentement face aux actes de vandalisme commis par un petit groupe, et l’abandon conséquent du caractère pacifique de la manifestation. Immédiatement après, une deuxième manifestation a débuté devant le portail Roddick en direction de la rue Parc, organisée par les l’Association des étudiants musulmans de l’Université McGill indépendamment de celle des collectifs SPHR.

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Journée nationale de la vérité et de la réconciliation https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/journee-nationale-de-la-verite-et-de-la-reconciliation/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56105 Commémoration et événements sur le campus.

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Le 30 septembre marque la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, un jour férié fédéral au Canada depuis quatre ans, et institué six ans après la conclusion de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2008–2015). Cette commission avait pour objectif de poser les fondations de la réconciliation, en recueillant plus de 6 000 témoignages de survivants autochtones des pensionnats. Ces établissements avaient pour mission d’effacer la culture et les valeurs autochtones, tout en imposant une assimilation forcée des communautés autochtones à la société canadienne. Le rapport final de la commission désigne ainsi les écoles résidentielles comme des instruments ayant contribué à un génocide culturel. En ce 30 septembre, le Canada commémore ce préjudice commis par l’État canadien, et invite à une réflexion sur les effets persistants de ce chapitre de l’histoire canadienne sur les communauté autochtones.

Visite critique du campus

Dans le cadre de cette journée, plusieurs activités ont eu lieu sur le campus de McGill et dans Montréal. En matinée, la Faculté des sciences de l’éducation a organisé son annuelle « Visite critique du campus », un événement conçu pour susciter une réflexion sur les sites occupés par l’Université McGill. Afin d’introduire cet événement, plusieurs intervenants ont pris la parole devant près de 200 personnes, pour souligner l’importance de ce jour.

Celeste Pedri-Spade, vice-provost aux initiatives autochtones et membre de la Première Nation du lac des Mille Lacs, a pris la parole : « Aujourd’hui est un jour très lourd pour ma famille, ainsi que pour plusieurs membres des Premières Nations, Métis et Inuits qui ont été touchés par l’héritage des pensionnats (tdlr). » Dre Pedri-Spade a ensuite mis en avant les initiatives prises par l’Université au cours des dernières années, parmi lesquelles les 52 appels à l’action pour la vérité et la réconciliation à McGill, lancés en 2017.

L’éducation joue un rôle central lors de la Journée du chandail orange, une initiative dédiée à la commémoration des traumatismes causés par les pensionnats autochtones au Canada. Vivek Venkatesh, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation de McGill a affirmé qu’ « il est impératif que nous commencions à nous éduquer et à éduquer les nouvelles générations d’étudiants pour mieux comprendre l’impact dévastateur des pratiques coloniales qui visent à dénigrer et à décimer la vie et l’existence même de nos communautés autochtones ».

Un étudiant autochtone de troisième année de la Faculté des sciences de l’éducation a ensuite pris la parole : « L’éducation a été utilisée comme une arme pour détruire notre peuple. Mais aujourd’hui, nous la [l’éducation, ndlr] reprenons et nous allons l’utiliser comme un outil pour sortir notre peuple de la pauvreté. »

Après cette série de discours, deux groupes d’environ 70 étudiants ont parcouru le campus pour y visiter trois sites : la maison des Premières Nations et le parcours Peel ; la bibliothèque McLennan, ainsi que le rocher Hochelaga. À chacun de ces sites, des explications sur leurs significations respectives étaient offertes.

Panel et discussions

À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, l’École d’éducation permanente de McGill a organisé un panel intitulé « Perspectives autochtones sur la vérité et la réconciliation dans l’enseignement postsecondaire », modéré par Veldon Coburn, doyen de la Faculté de l’initiative de relations avec les Autochtones.

« L’éducation a été utilisée comme arme pour détruire notre peuple »
- Un étudiant autochotone de McGill

Les deux panélistes, Natasha MacDonald, professeure inuit à l’École d’éducation permanente de McGill, et Alicia Aragutak, récente diplômée inuit de l’École d’éducation permanente de McGill, se sont exprimées sur l’importance des institutions postsecondaires en ce qui a trait à la réconciliation. Celles-ci ont pu offrir une perspective pertinente sur la vérité et la réconciliation, fort de leurs expériences distinctes en tant que membres de la communauté inuite.

La discussion a été entamée avec une question simple, mais cruciale : comment définir la vérité et la réconciliation? MacDonald a été la première à prendre la parole, soulignant que l’histoire des écoles résidentielles – la raison d’être de la Commission de vérité et de réconciliation – n’est pas aussi lointaine que ce que nous sommes portés à croire. Faisant part d’une anecdote personnelle, elle a raconté que sa première année d’école primaire avait eu lieu dans un externat autochtone fédéral. Elle a par la suite affirmé que l’importance « d’inuitiser » les institutions du Nunavik « émanait d’un endroit réel et proche », référant à l’expérience récente et directe de son peuple avec le projet génocidaire de l’État canadien.

Aragutak a ensuite pris la parole, relatant l’expérience de sa propre famille, confrontée au massacre des chiens de traîneau et à la réinstallation des Inuits dans l’Extrême-Arctique canadien, deux politiques dévastatrices ciblant les communautés inuites. Elle a poursuivi en précisant que la vérité était désormais révélée au grand jour, mais qu’elle demeure un sujet sensible, difficile à aborder : « Pour les personnes autochtones, c’est épuisant de raconter son histoire sans cesse, mais c’est ce qu’il faut faire pour progresser vers la réconciliation. » Cependant, elle a soutenu que même « pour nous [les personnes Inuites, ndlr], c’est difficile de s’accorder sur ce qu’implique la réconciliation », mais qu’il était rassurant de voir que les universités comme McGill créaient un espace favorisant le dialogue.

Quant au rôle des institutions postsecondaires, le consensus entre les panélistes et le modérateur s’est rapidement éclairci, et se résume par la citation de l’honorable Murray Sinclair : « c’est l’éducation qui nous a mis dans cette situation, c’est elle qui nous en sortira ». À ce sujet, Aragutak et MacDonald soulignent néanmoins l’importance de l’accès à l’éducation postsecondaire dans les communautés inuites. Selon elles, la réconciliation nécessite, entre autres, l’auto-gouvernance des communautés autochtones, et ce, à travers l’éducation. MacDonald a conclu la conversation en citant l’importance de décoloniser l’éducation « en la rendant accessible à tous les jeunes autochtones, pas seulement à ceux qui osent quitter leurs communautés ».

Est-ce suffisant?

Malgré les initiatives prises par l’Université à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, certains continuent de questionner ses intentions, notamment en raison de la bataille juridique l’opposant aux Mères Mohawks. Des panels et des projets comme l’Initiative de relations avec les Autochtones sont-ils suffisants pour réparer l’ampleur des torts causés par l’Université envers les communautés autochtones? Une réponse sanctionnée par l’État colonial est-elle suffisante pour garantir aux peuples autochtones leur auto-détermination et la libération qu’ils recherchent? La réconciliation est-elle suffisante si elle se confine au 30 septembre?

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Apprendre le ventre vide https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/apprendre-le-ventre-vide/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56119 La clientèle étudiante des banques alimentaires a doublé en 10 ans.

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Entre crise du logement, hausse du prix des aliments et des frais de scolarité, il devient de plus en plus difficile pour les étudiants de vivre décemment au Québec. À McGill, tout comme dans les cégeps et les autres universités de la province, cette pression financière a des répercussions significatives sur la qualité et la quantité des aliments que les étudiants peuvent se permettre d’acheter. Beaucoup d’entre eux se voient contraints de faire des choix difficiles entre payer leur loyer et subvenir à leurs besoins alimentaires. Cette réalité se traduit par une alimentation souvent insuffisante et déséquilibrée, nuisant non seulement à leur santé, mais aussi à leur capacité à se concentrer sur leurs études.

Les données collectées dans le Bilan-Faim des Banques alimentaires du Québec illustrent bien ce phénomène : alors que les étudiants de niveau post-secondaire représentaient 5,8% de leur clientèle en 2013, cette proportion a plus que doublé, atteignant 9,5 % en 2023.

Le 21 septembre, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont donné le coup d’envoi à une campagne de mobilisation ambitieuse, visant à « renverser le poids de la précarité étudiante » à travers la province. Cet appel à l’action met l’accent sur la question de l’insécurité alimentaire, un problème de plus en plus préoccupant pour de nombreux étudiants. Les deux associations espèrent inciter les décideurs à prendre des mesures concrètes pour améliorer les conditions de vie des étudiants et garantir un accès adéquat à la nourriture pour tous.

McGill – un désert alimentaire?

Selon Lily, étudiante de deuxième année à McGill en environnement, il est difficile de se procurer un bon repas sain sur le campus : « La plupart des cafés et réfectoires vendent des plats très chers, et la nourriture n’y est pas très bonne, ni au niveau de la valeur nutritionnelle, ni au niveau du goût (tdlr). » Son amie Isabella, partageant ce constat, ajoute que les portions dans les cafés du campus sont souvent peu généreuses par rapport au prix demandé, rendant ainsi la recherche d’options abordables et saines sur le campus d’autant plus difficile pour les étudiants.

« Plusieurs déplorent que l’administration de l’Université McGill n’agisse pas suffisamment pour améliorer la situation, notamment en ce qui concerne les forfaits repas et les options de restauration disponibles sur le campus »

Par ailleurs, certains étudiants notent que les prix des aliments vendus dans les cafés et restaurants du campus sont souvent excessivement élevés par rapport à ceux du marché. Au café Redpath, dans le sous-sol du complexe Redpath-McLennan, les collations s’avèrent inaccessibles pour de nombreux étudiants. Par exemple, les barres Simply Protein sont affichées à 6,25 $, soit plus du double de leur prix habituel de 2,69 $ dans les magasins. Il en va de même pour les collations de la marque Clif, qui coûtent 4,05 $ au café Redpath et 3,09 $ en supermarché.

Plusieurs déplorent que l’administration de l’Université McGill n’agisse pas suffisamment pour améliorer la situation, notamment en ce qui concerne les forfaits repas et les options de restauration disponibles sur le campus. Les étudiants de première année habitant en résidence sont contraints par l’Université à acheter un forfait repas obligatoire, à hauteur de 6 300 $ pour l’année. Or, en raison des longues files d’attente dans les cafétérias, nombreux sont ceux qui n’ont d’autre choix que de se tourner vers des alternatives parfois coûteuses par manque de temps. Même si McGill essaie de combler les besoins alimentaires de tous, le forfait repas n’est pas accessible pour tous les étudiants, particulièrement ceux ayant des allergies ou des restrictions alimentaires.

Les associations étudiantes se mobilisent

De nombreuses associations étudiantes de McGill se mobilisent pour offrir des repas sains, équilibrés et bon marché aux étudiants du campus. Parmi elles, le Midnight Kitchen Collective est un organisme à but non lucratif, géré par des travailleurs et des bénévoles engagés qui se consacrent à améliorer l’accessibilité à la nourriture pour les étudiants. L’organisation œuvre sur le campus du centre-ville et parraine l’association Happy Belly, qui propose quant à elle des repas gratuits sur le campus MacDonald. Fondé en 2002, le collectif Midnight Kitchen a intégré les services de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) en 2003. Son fonctionnement repose en partie sur une cotisation étudiante par semestre, qui a considérablement augmenté, passant de 1,25 $ par étudiant en 2007 à 8 $ en 2023. Cette augmentation constitue une victoire significative pour l’association : grâce au financement supplémentaire, elle peut accroître son impact sur la communauté étudiante et diversifier ses services. Aujourd’hui, Midnight Kitchen propose une gamme d’initiatives, dont un programme de repas gratuits organisé une à deux fois par semaine, un service de restauration sans frais destiné aux associations alignées avec leur mission, ainsi qu’un jardin urbain communautaire au cœur du campus.

« Midnight Kitchen Collective est un organisme à but non lucratif, géré par des travailleurs et des bénévoles engagés qui se consacrent à améliorer l’accessibilité à la nourriture pour les étudiants »

Leur service de repas gratuits, qui se déroule tous les mercredis et parfois les jeudis, rencontre un franc succès auprès des étudiants. Lily, une des étudiantes interrogées, confie qu’elle récupère son repas gratuit presque chaque semaine depuis qu’elle a découvert le programme. Cet engouement s’explique non seulement par la gratuité des repas, mais aussi par leur valeur nutritionnelle. Nat Alexander, coordonnatrice du collectif Midnight Kitchen, explique que l’association s’efforce de proposer des plats équilibrés, savoureux et riches en protéines. Les recettes sont exclusivement végétaliennes et sans noix, permettant ainsi à tous les étudiants de bénéficier d’alternatives nutritives et écoresponsables. De plus, l’association travaille uniquement avec des fournisseurs locaux, tels que Moisson Montréal, qui récupère les surplus de produits alimentaires dans les magasins et fermes de la région.

La communauté reste sur sa faim

Cet automne, l’association est en mesure d’offrir 250 repas à chaque service, un chiffre qui représente presque le double de l’année précédente. Malgré cette hausse significative, l’organisme ne parvient pas toujours à satisfaire la demande croissante sur le campus. Nat Alexander confie qu’il y a des journées où les bénévoles se retrouvent à racler les fonds de plats pour pouvoir nourrir tous les étudiants qui se présentent pour réclamer leur repas.

Le collectif Midnight Kitchen opère sans frais dans un local de l’AÉUM, mais ce n’est pas le cas de l’association équivalente du campus MacDonald, Happy Belly. Celle-ci est contrainte de louer un espace de cuisine, ce qui restreint la quantité de repas gratuits qu’elle peut offrir aux étudiants. Nat Alexander déplore le fait que l’Université McGill ne prenne pas en charge la responsabilité financière de l’association. Elle affirme : « L’Université McGill ne finance pas ces initiatives autant qu’elle le devrait, ou qu’elle le pourrait. Il est nécessaire d’exercer une plus forte pression sur l’administration, car la question du financement ne devrait pas incomber aux clubs et aux services étudiants. »

Son témoignage illustre non seulement l’importance du collectif Midnight Kitchen au sein de la communauté étudiante de McGill, mais aussi le besoin urgent de trouver une solution plus durable à l’insécurité alimentaire au Québec.

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La SPHR sous un nouveau nom https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/la-sphr-sous-un-nouveau-nom/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55994 Photoreportage d’une des marches organisée pour la Palestine.

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Le 12 septembre dernier, lors de la journée d’action nationale pour la cause palestinienne, une marche a été organisée par la SPHR au centre-ville de Montréal.

Margaux Thomas | Le Délit La SPHR, qui signifiait autrefois « Solidarité pour les droits de l’homme palestiniens », a récemment changé son appellation pour « Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine », a annoncé le groupe mercredi dans un communiqué sur Instagram.
Margaux Thomas | Le Délit Plusieurs messages militants appelant à l’Intifada (soulèvement, tdlr) ont été exprimés par la SPHR.
Margaux Thomas | Le Délit
Margaux Thomas | Le Délit
Margaux Thomas | Le Délit Des dizaines d’étudiants-manifestants portant des keffieh, symbole de soutien à la Palestine.

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SPHR rayé des clubs de l’AÉUM https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/sphr-raye-des-clubs-de-laeum/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55932 Entrevue avec Dymetri Taylor, président de l’AÉUM.

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Le 16 septembre 2024, l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a diffusé une déclaration de son conseil d’administration à l’ensemble de la communauté étudiante du premier cycle, au sujet du collectif Solidarité pour les droits humains des Palestiniens, récemment renommé Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance, SPHR). Cette déclaration annonçait la décision du conseil d’administration de retirer au SPHR son statut de club de l’AÉUM, éliminant tout lien entre les deux entités. Le collectif SPHR perd donc son statut officiel, mais également son droit d’accéder au financement de l’AÉUM. Pourquoi? Selon l’Université, l’AÉUM aurait enfreint sa propre constitution en maintenant son soutien pour le collectif.

Le Délit s’est entretenu avec Dymetri Taylor, président de l’AÉUM, pour mieux comprendre les procédures et négociations internes qui ont mené à cette décision.

Dymetri Taylor explique que depuis le 7 octobre 2023, l’administration de l’Université a tenté à plusieurs reprises de contacter SPHR via l’AÉUM pour conclure des ententes concernant les activités du groupe. « L’AÉUM a établi que toute discussion entre l’administration de McGill et le SPHR se ferait uniquement avec l’AÉUM comme intermédiaire, en partie à cause de la confidentialité de l’identité des membres exécutifs du SPHR (tdlr) », précise Taylor. Selon lui, cependant, aucune vraie conversation ne s’est tenue entre l’Université et le collectif pro-palestine.

Il poursuit : « Au début de l’été nous en sommes arrivés à un point où l’administration avait fini de négocier. […] La vice-provost (vie étudiante et apprentissage) [Angela Campbell, ndlr] a donc envoyé un avis de défaut concernant le protocole d’entente (PE). » Un avis de défaut se réfère à une clause du PE entre l’Université et l’AÉUM, qui est invoquée notamment lorsqu’un élément du protocole n’est pas respecté, comme, par exemple, dans une situation où l’AÉUM enfreint la loi canadienne, ou québécoise, sa propre constitution, ou encore si une des parties enfreint les termes du protocole. Si la situation n’est pas rectifiée en 60 jours, deux options sont possibles. Si l’Université enfreint les termes du PE, celui-ci est automatiquement dissous. Si l’AÉUM enfreint les termes du PE, son budget est placé dans un fond fiduciaire administré par cinq représentants : deux de l’AÉUM, deux de l’Université et un représentant externe.

Une décision précipitée

L’Université McGill précise au Délit que le 10 juillet dernier, un avis de défaut a été envoyé à l’AÉUM, informant l’association « qu’elle avait 60 jours pour remédier à la situation en rompant ses liens avec le collectif Solidarité pour les droits humains des Palestiniens, notamment en révoquant le statut de club affilié de ce dernier et en cessant de le financer ». L’Université qualifiait le discours et les actions du collectif comme « contrevenant sans équivoque aux politiques de l’Université ainsi qu’à celles de l’Association ». Plus spécifiquement, l’Université revendique le non-respect du mandat principal de l’AÉUM tel qu’il l’est décrit dans le PE, soit la représentation des intérêts de l’ensemble des étudiants et étudiantes au premier cycle de l’Université et sa responsabilité de s’assurer que tous les groupes se conforment aux modalités énoncées dans le protocole d’entente. C’était donc ce non-respect que l’Université avait identifié comme étant un cas de défaut.

« Face à cet avis, l’AÉUM avait deux options pour déterminer s’il y avait réellement un défaut », explique Taylor. « Nous pouvions emmener McGill devant les tribunaux, ou négocier. Les deux auraient coûté du temps et de l’argent, mais en calculant les risques, une procédure juridique aurait été beaucoup plus nuisible aux 24 743 étudiants membres de l’AÉUM. » C’est donc dans ce contexte que l’association étudiante a rompu tout lien avec le SPHR, bien que son équipe légale continue d’affirmer que l’avis de défaut est sans fondement. Cependant, faute de rectification de la situation de la part de l’AÉUM dans les délais appropriés (60 jours), un fond fiduciaire aurait été établi pour gérer les fonds alloués à l’AÉUM, ce que Taylor explique vouloir éviter.

Selon Taylor, étant donné qu’aucune conversation ou action significative n’a été entreprise entre l’Université et le SPHR après l’envoi de l’avis, l’AÉUM s’est retrouvée avec des options limitées. La date limite du 8 septembre donnée à l’AÉUM pour remédier aux événements de défaut, l’absence de vraies négociations entre les trois parties, et des priorités concurrentes, laissaient seulement une fine marge de manœuvre à l’AÉUM. Taylor souligne notamment que plusieurs autres enjeux étaient prioritaires pour l’AÉUM, « notamment notre bail mensuel et notre relation avec l’Université. La question s’est posée de savoir si nous allions nous engager dans une bataille juridique avec McGill ou si nous allions accepter le défaut ». L’AÉUM a toutefois décidé de rompre ses liens avec le collectif, évitant ainsi un combat légal. Concernant la description des activités du collectif comme ayant des « comportements profondément troublants » dans l’avis émis par la vice-provost, l’AÉUM refuse d’exprimer leur accord ou leur désaccord avec une telle qualification.

Prochaines étapes

Le Délit a questionné Taylor sur les prochaines étapes pour l’AÉUM, concernant sa séparation du collectif Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine. Il explique que « l’AÉUM n’est ni en accord avec, ni en opposition à la situation [la séparation des deux groupes, ndlr], simplement c’est ce qui a été fait en fin de compte ». Il précise cependant que l’AÉUM cherche à regagner son indépendance politique en changeant certaines clauses du PE. « En ce moment, les questions incluses dans nos référendums doivent être approuvées par le bureau de la vice-provost. Nous essayons de reprendre de notre autonomie pour pouvoir faire voter la population étudiante sur n’importe quelle question, liée à la gestion de fonds de l’AÉUM, que ce soit politique ou non. » L’AÉUM affirme avoir mis en place une équipe de négociation, avoir envoyé une première version du nouveau PE à l’administration de l’Université, et attend maintenant une réponse de la part de l’Université.

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McGill sous les échaffaudages https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/mcgill-sous-les-echaffaudages/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56009 Photoreportage d'un campus en construction.

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Ysandre Beaulieu | Le Délit
Ysandre Beaulieu | Le Délit

Vues sur le campus du centre-ville depuis l’avenue du Docteur-Penfield.

Ysandre Beaulieu | Le Délit

Le bâtiment Leacock, sous construction.

Ysandre Beaulieu | Le Délit
Ysandre Beaulieu | Le Délit

Le projet New Vic en cours, à l’ancien Hôpital Royal Victoria.

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Les professeurs de la Faculté de droit en grève https://www.delitfrancais.com/2024/09/11/les-professeurs-de-la-faculte-de-droit-en-greve/ Wed, 11 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55700 La position de McGill suscite l'indignation du corps enseignant.

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Le 26 août dernier, les professeurs de la faculté de droit de McGill, rassemblés sous la bannière de l’Association McGilloise des Professeurs de Droit (AMPD), ont déclenché une grève importante, et ce pour une durée indéterminée. Seulement une infime proportion des cours de droit proposés par McGill pour ce semestre d’automne a été assurée. Le Délit s’est entretenu avec Kirsten Anker, professeure associée de la faculté de droit et vice-présidente de l’AMPD, pour mieux comprendre les causes, enjeux et conséquences de cette grève.

L’AMPD, créée en 2021 et accréditée en novembre 2022 par le Tribunal administratif du travail québécois, est le premier syndicat de professeurs à McGill. L’AMPD lutte pour différentes causes syndicales, au coeur desquelles figurent les conditions de travail, l’autonomie dans la gouvernance de la faculté, ou encore la juste rémunération. L’AMPD demande plus de transparence dans les décisions administratives et moins de centralisation au sein de l’exécutif, par exemple lors de l’allocation de mérites aux différents membres de la faculté. Depuis sa certification, l’AMPD négocie la signature d’une convention collective avec McGill afin de protéger les professeurs de droit et d’avoir une voix dans la gouvernance de la faculté. En entrevue, professeure Anker confirme que ce sont bien les préoccupations de gouvernance, et non monétaires, qui forment le coeur du combat de l’AMPD.

Obstacles aux négociations

Cependant, selon Anker, l’administration de McGill s’est montrée très réticente à faire avancer les négociations de bonne foi pour la convention collective. La professeure estime que McGill a développé des techniques antisyndicales basées sur l’augmentation du délai des procédures administratives, le report ou l’annulation de réunions, et les négociations de surface, qui s’attardent souvent sur des détails de langage et rallongent le processus. Pour ces raisons, l’AMPD avait déjà déclenché plusieurs grèves. La première, en février 2024, était due à la colère des membres de l’AMPD après que McGill ait à nouveau essayé de repousser les négociations. La deuxième, qui était de durée indéterminée, et qui a finalement duré huit semaines entre avril et juin 2024, était également due au refus de McGill de négocier la convention collective. L’AMPD avait décidé de terminer la grève après que McGill ait accepté d’organiser quatre sessions de négociation fin août et début septembre. En effet, selon Anker, le syndicat a souhaité créer à nouveau un environnement favorable à la discussion et l’écoute entre les deux parties. Cependant, l’administration de McGill a décidé de violer l’accord qui avait été trouvé, en ne se présentant pas dans la salle de réunion face à la l’équipe de négociation de l’AMPD lors de la date fixée en juin. Cela est d’autant plus décevant pour l’AMPD car Anker explique que les deux parties étaient arrivées à un accord sur la majorité des points de la convention collective, mais que McGill avait insisté pour inclure une clause lui permettant de modifier le contenu du document à n’importe quel moment, et ce unilatéralement. Évidemment, l’AMPD était opposé à cette requête, qui allait à l’encontre d’un des principaux objectifs de la convention, soit l’autonomie dans la gouvernance de la faculté.

« En entrevue, Kirsten Anker confirme que ce sont bien les préoccupations de gouvernance, et non monétaires, qui forment le coeur du combat de l’AMPD »

De lourds enjeux

Anker explique que les enjeux aujourd’hui sont énormes pour l’AMPD. En effet, McGill a lancé une procédure légale afin d’annuler la certification syndicale de l’AMPD, et le combat est ainsi devenu une question existentielle pour l’association. Les sessions judiciaires sont prévues pour le mois de décembre. La grève qui a lieu en ce moment, confie Anker, trouve son origine dans le refus de McGill de se consacrer à négocier de bonne foi la convention collective, mais est surtout une réaction à cette procédure légale engagée par McGill.

Anker confie qu’elle a l’impression que McGill s’obstine à dépenser son énergie, son temps et son argent à lutter contre l’AMPD. Selon elle, l’administration pourrait utiliser ses ressources pour faire en sorte que la négociation de la convention collective se passe en respectant les intérêts des deux parties à travers des négociations menées avec honnêteté. La professeure raconte par ailleurs que les actions de McGill ont des conséquences sur la réputation de l’institution, expliquant qu’elle a l’impression que cette bataille légale entre l’AMPD et l’Université fait de cette dernière le « paria » de l’éducation supérieure au Québec et au Canada.

Par ailleurs, si McGill remportait son effort de retrait de la certification de l’AMPD, d’autres facultés seraient directement impactées. En effet, après la création de l’AMPD comme premier syndicat de professeurs à l’université, la Faculté des arts et la Faculté d’éducation ont elles aussi lancé leur projet de syndicalisation, et sont actuellement au coeur du processus de certification. Anker avertit que si McGill parvient à obtenir une victoire en décembre contre l’AMPD, cela impacterait très négativement les efforts menés par les deux facultés pour certifier leurs associations – mettant fin pour une période indéterminée à la vie syndicale professorale sur le campus.

Des pratiques malhonnêtes

Selon Anker, McGill présente des arguments fallacieux pour justifier ses actions. McGill aurait donné comme justification à son combat contre l’AMPD que la multiplication des syndicats à l’Université deviendrait rapidement laborieuse au niveau administratif. Pourtant, rappelle Anker, l’AMPD est l’unique syndicat de professeurs certifié à McGill. Par ailleurs, beaucoup d’autres syndicats non professoraux existent, comme celui des auxiliaires d’enseignement (AEEDEM), et selon Anker, McGill parvient déjà à les gérer sans problème.

Début septembre, le Tribunal administratif du travail a ordonné à McGill d’arrêter d’interférer avec les actions de l’AMPD, après que des courriels aient été envoyés à ses représentants, remettant en question la crédibilité du syndicat, juste avant la réunion cruciale pendant laquelle les membres de l’AMPD devaient voter le début de la grève. Ces courriels de McGill ont été interprétés comme de l’intimidation par l’AMPD. Cité dans un article de CBC/Radio-Canada publié le 2 septembre, Richard Janda, secrétaire et négociateur en chef de l’AMPD, qualifie la déclaration du tribunal comme un « retournement de situation remarquable (tdlr) », et comme la première décision officielle qui montre que « l’Université agit de manière antisyndicale et contre la loi ».

Quelles conséquences pour les élèves ?

Il est important de comprendre que la grève de l’AMPD est totale et d’une durée indéterminée. Les professeurs, ainsi qu’une majorité d’auxiliaires d’enseignement, n’assureront pas leurs cours jusqu’à nouvel ordre. Anker confirme qu’il n’y a aucun moyen pour les élèves de suivre les cours de droit, et explique que l’AMPD estime que c’est la seule façon d’exercer une véritable pression sur McGill. Les professeurs s’engagent également dans des lignes de piquetage autour de la faculté de droit, rendant l’accès au bâtiment ardu. Les élèves sont obligés de suivre des cours dans d’autres matières, qui vérifient ou non les prérequis de leur diplôme. Certains élèves, relate Anker, se sont organisés pour différer le paiement de leurs frais de scolarité jusqu’à ce que les cours reprennent, refusant de payer pour des cours non offerts. La situation trouvera sa fin si McGill accepte les conditions de l’AMPD, souligne Anker, ou si la procédure d’arbitrage engagée par McGill se déroule bel et bien, faisant perdre à l’AMPD son droit de grève.

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74 jours d’occupation https://www.delitfrancais.com/2024/08/28/74-jours-doccupation/ Wed, 28 Aug 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55489 Une chronologie du campement pro-palestinien à McGill.

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Le Délit revient sur les faits concernant le campement pro-palestinien, en vous offrant une chronologie non-exhaustive des événements qui se sont déroulés au cours de ces 74 jours d’occupation. 

27 avril - Début du campement sur la partie inférieure du campus de l’Université, notamment mené par les organismes Solidarity for Palestinian and Human Rights (SPHR), et SPHR Concordia. Les groupes, qui s’identifient comme mouvements d’étudiants issus des universités McGill et Concordia, déclarent le campe ment « zone libérée », en y installant des tentes et des grillages en guise de délimitation. Leurs revendications sont claires : le désinvestissement des fonds des deux universités envers les compagnies « financant le génocide et l’apartheid en Israël (tdlr) » et la fin de toute relation académique entre les universités et Israël. 

27 avril - Le campement fait appel au soutien de la communauté, demandant à ceux et celles qui peuvent se le permettre d’apporter de l’eau, de la nourriture, et du matériel. Les membres du campement incitent également les étudiants à se joindre à eux pour accroître leur présence sur le campus. Ces appels font augmenter le campement d’une vingtaine de tentes, à plus d’une cinquantaine d’entre elles. Dès les premiers jours du campement, la présence policière augmente sur le campus. 

29 avril - Dans un courriel adressé à la communauté mcgilloise, Deep Saini, président et vice-chancelier de l’Université McGill, déplore le comportement des manifestants, citant des commentaires antisémites et affirmant que leur présence sur les terrains privés de l’Université enfreint non seulement a ses politiques, mais également la loi. Saini affirme également avoir essayé d’établir une entente en dialoguant avec les représentants étudiants du mouvement, sans succès. 

1er mai - L’administration de McGill propose aux manifestants de les convier à un forum pour discuter de leurs demandes, à la condition qu’ils abandonnent le campement de manière permanente. 

2 mai - Une manifestation pro-Israël s’organise devant le portail Roddick, pour contester le campement. Les manifestants remplissent la rue Sherbrooke, tandis que des contre-manifestants pro-palestiniens s’organisent de l’autre côté du grillage. Une présence policière importante sur le campus et dans les rues environnantes se fait remarquer dès le début des rassemblements, et les tensions augmentent au cours de la journée. Les manifestants sont séparés non seulement par le grillage et par les policiers, mais aussi par des bénévoles du campement, identifiés par des dossards jaunes. Les manifestations restent pacifiques, et les foules se dispersent en soirée. 

Ysandre Beaulieu | Le Délit

10 mai - McGill annonce son intention de déposer une injonction demandant le droit de démanteler le campement, et d’obtenir, si nécessaire, l’assistance du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour ce faire. L’Université cite plusieurs raisons, dont des inquiétudes vis-à-vis la santé et la sécurité publique, des tensions grandissantes, et le dérangement causé par la présence des manifestants. 

15 mai - La demande d’injonction provisoire se rend jusqu’à la Cour supérieure du Québec, qui décide de rejeter la demande de McGill, citant l’absence d’incident violent depuis le début de sa mise en place. Le juge, Marc St-Pierre, justifie cette décision en expliquant qu’une injonction ne peut être préventive et que les risques à la santé et à la sécurité publique cités par l’Université ne se sont pas matérialisés. 

26 mai - Au cours d’un événement pro-palestinien sur le campus lors duquel s’est mobilisé le SPVM, un portrait d’un politicien israélien « vêtu d’un vêtement à rayures évoquant un uniforme de prisonnier » est suspendu, comme l’explique un courriel du recteur à la communauté mcgilloise. L’incident est rapporté au SPVM, qui n’intervient pas

29 mai - Dans un courriel, Deep Saini dénonce des méthodes qu’il qualifie de « coercitives et discriminatoires ». À l’appui, il mentionne l’incident du 26 mai et associe le vêtement à rayures à l’uniforme revêtu par des millions de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. D’autres incidents sont décrits. Parmi eux, le harcèlement de certains membres du personnel de l’administration et des graffitis « blasphématoires » sur des murs des bureaux de l’Université. 

6 juin - Occupation du bâtiment James McGill. Vers 16h00, un groupe pénètre dans le bâtiment, s’y barricade, et dessine des graffitis sur les murs. Près d’une heure plus tard, c’est l’arrivée d’une présence policière, qui, vers 19h30, disperse la foule qui bloque l’accès à l’entrée du bâtiment. 

10 juin - L’Université McGill émet une nouvelle proposition, qui est refusée par les manifestants. Celle-ci inclut quatre éléments : un examen de la possibilité de désinvestir dans des entreprises de fabrication d’armes ; une divulgation de tous les placements de l’Université (incluant ceux inférieurs à 500 000 dollars) ; une prise en compte accrue des institutions et des intellectuels palestiniens et une offre de soutien, notamment financier, aux universitaires déplacés sous les auspices du réseau Scholars at Risk, ainsi qu’une amnistie pour les personnes qui occupent le campement. 

14 juin - Selon une porte parole du campement, l’Université refuse de répondre à l’appel des manifestants et de poursuivre les négociations. 

17 juin - Dans un courriel destiné aux étudiants de McGill, Deep Saini dénonce le programme d’été révolutionnaire de la SPHR, citant l’imagerie violente utilisée sur ses tracts (un individu portant un fusil automatique). Il demande également à l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) de dénoncer le programme, et de rompre tout lien avec la SPHR qui est inclus dans sa liste de clubs affiliés, le cas échéant étant interprété par l’Université comme support de la SPHR.

2 juillet - Sur leurs réseaux sociaux, le mouvement SPHR dénonce le manque de volonté de l’Université de répondre à leurs demandes, et déplore sa décision de cesser toute négociation.  

5 juillet - Des manifestants commettent des actes de vandalisme, « fracassant des vitres et les tapissant de graffitis où l’on pouvait lire slogans et obscénités », menant à l’arrestation d’un individu. 

9 juillet - SPHR émet un communiqué de presse dénonçant la réaction de McGill face à la mobilisation étudiante, notamment leurs négociations menées « de mauvaise foi » avec les représentants du campement et leurs tentatives de diviser l’intifada.  

Ysandre Beaulieu

10 juillet - Le campement pro-palestinien reste en place jusqu’au 10 juillet, lorsqu’une firme de sécurité privée, engagée par l’Université, initie son démantèlement. Dans un courriel diffusé à l’ensemble de la communauté mcgilloise, le recteur de l’Université, Deep Saini, annonce le démantèlement du campement situé sur la partie inférieure du campus, citant « de nombreux graffitis haineux et menaçants » et « des risques importants en matière d’hygiène, de sécurité et d’incendie ».

À la suite au démantèlement du campement, le campus est partiellement fermé avec une réouverture graduelle au cours de laquelle les points d’entrée sont limités aux individus détenant une permission. À partir du 5 août, le campus est accessible à tout le monde entre 6h et 22h, ainsi qu’aux membres du personnelet aux étudiants détenant une carte d’identité de l’Université en dehors de ces heures.

Malgré le démantèlement du campement, les tensions persistent sur le campus. Il est difficile de prédire les formes qu’elles prendront une fois les cours commencés. Cependant il est clair que des efforts importants de la part de la communauté mcgilloise seront nécessaires pour rétablir la stabilité.

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Plus aucune heure gratuite pour les TAs! https://www.delitfrancais.com/2024/03/20/plus-aucune-heure-gratuite-pour-les-tas/ Wed, 20 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55178 Les auxiliaires d’enseignement de McGill votent « oui » à 87.5% pour une grève.

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Il est possible que depuis quelques jours vous ayez entendu une rumeur circulant au sujet d’une grève touchant les auxiliaires d’enseignement, appelés TA (en anglais, teaching assistant), de l’Université McGill. En effet, cette rumeur se concrétise bel et bien, puisque samedi 17 mars, l’Association des étudiant·e·s diplômé·e·s employé·e·s de McGill (AÉÉDEM) a voté « oui » à 87.5% pour une grève au cours des prochaines semaines. Cette grève aurait comme but d’exercer de la pression sur l’administration mcgilloise afin d’obtenir le renouvellement d’une convention collective pour les auxiliaires d’enseignement dans un contexte d’inflation et de crise du coût de la vie.

Pourquoi une grève?

Depuis six mois, l’AÉÉDEM – le syndicat qui regroupe 2500 auxiliaires d’enseignement – est en négociation avec McGill afin de renouveler la convention collective qui assure des conditions de travail adéquates pour leurs membres. Leurs revendications touchent quatre points fondamentaux : les salaires, l’introduction des services de santé, l’adaptation au coût de la vie, et l’indexation des heures de travail en fonction du nombre d’étudiants. Les auxiliaires d’enseignement revendiquent une augmentation de salaire d’environ 40%, soit de 33,03$/heure à 46,36$/heure, un salaire similaire aux auxiliaires d’enseignement des autres provinces canadiennes. Le syndicat met aussi en avant l’importance d’indexer les heures de travail en fonction du nombre d’étudiants, expliquant que l’Université ne cesse de couper les heures de contrat de ses employés, et ce, tout en gardant ou augmentant le nombre d’étudiants par classe. À la suite de ces demandes, l’administration mcgilloise a répondu avec une contre-offre le 26 février : une augmentation salariale de 2,25% pour la première année et de 1,25% pour les années suivantes, représentant une augmentation salariale de moins d’un dollar. En ce qui concerne les services de santé et l’indexation des heures, aucune proposition n’a été avancée par l’Université. Considérant l’inflation de 3,4% en 2024, cette offre salariale équivaut à une baisse de salaire pour les auxiliaires d’enseignement de McGill, et est jugée décevante par l’AÉÉDEM.

« Le combat actuel des auxiliaires d’enseignement pour des meilleures conditions de travail équivaut directement à des meilleures conditions d’apprentissage pour les étudiants »

Mesures de pression

Dans ce contexte de dispute contractuelle, les membres du syndicat ont voté le 30 janvier pour passer à une autre étape dans leur négociation : l’autorisation d’augmenter les moyens de pression à l’aide d’une grève, dans le cas où l’Université ne leur offrirait pas un contrat de travail acceptable d’ici le 11 mars. La tenue d’une grève « démontre le pouvoir collectif en tant que personnel enseignant et souligne le rôle précieux que nous [les auxiliaires d’enseignements, ndlr] jouons à l’université », explique l’AÉÉDEM sur leur site internet. Le 11 mars, l’Université n’avait encore pas présenté une offre attrayante au syndicat. Conséquemment, le syndicat a tenu des séances de vote au sujet d’un futur mandat de grève les 13, 14 et 16 mars derniers. Lors de ces séances, tous les membres ont voté sur la question concernant la tenue d’une grève générale au cours des prochaines semaines. Ce vote, approuvé à 87,5%, autorise donc le comité de négociation de l’AÉÉDEM à tenir une grève s’il ne trouve pas une entente convenable avec McGill au cours des prochains jours. Le cas échéant, les 2 500 auxiliaires d’enseignement de tous les départements à McGill seront en grève dans les semaines à venir, jusqu’à ce que l’Université offre une convention collective qui satisfera toutes leurs demandes.

Conséquences pour les étudiants

Si McGill n’émet pas de proposition convenable d’ici les prochains jours, la grève des auxiliaires d’enseignement se déclenchera lors des dernières semaines de cours et des examens finaux de la session d’hiver. Cette période académique est le moment optimal pour amorcer une grève puisque c’est là où le travail des auxiliaires d’enseignement est le plus fondamental au succès des étudiants et à la réputation de McGill, explique l’AÉÉDEM sur leur site internet. Une grève signifierait que les employés « cesseront de noter, d’enseigner, de tenir des heures de bureau, de répondre aux courriels, ou tout ce qui figure sur les formulaires de charge de travail d’auxiliaires d’enseignement ». Cette grève aurait un impact indéniable sur les ressources offertes aux étudiants de l’Université. L’AÉÉDEM renchérit que le combat actuel des auxiliaires d’enseignement pour des meilleures conditions de travail équivaut directement à des meilleures conditions d’apprentissage pour les étudiants.

Il n’y a pas encore de date de grève confirmée par l’AÉÉDEM.

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Grève de la faim pour Gaza à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/02/28/greve-de-la-faim-pour-gaza-a-mcgill/ Wed, 28 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55033 Pression croissante sur l’administration de l’Université

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Le lundi 19 février à minuit, plusieurs étudiant·e·s de McGill ont entamé une grève de la faim afin d’inciter l’administration de l’université à « désinvestir et boycotter les entreprises qui contribuent au financement du génocide et de l’apartheid » qui prend place sur la bande de Gaza actuellement. Le Délit s’est entretenu avec les étudiant·e·s participant à cette action. Nous avons rencontré Rania, qui poursuit actuellement une grève de la faim à durée indéfinie, et Rox*, qui contribue à l’organisation administrative de l’action étudiante.

« Grève de la faim pour la Palestine »

La grève de la faim n’est pas organisée par une association étudiante en particulier, mais plutôt par un groupe d’étudiant·e·s qui se sont organisé·e·s de manière indépendante, autour d’un compte Instagram créé pour l’occasion : @mcgillhungerstrike. Rania précise la composition de leur groupe : « Actuellement, on a deux personnes, incluant moi, qui font une grève de la faim de manière indéfinie, et d’autres qui la font pendant 24h, ou pendant deux, trois ou quatre jours de suite. Et puis il y a aussi d’autres personnes qui font partie de l’équipe et s’occupent de l’organisation et des médias. »

Rania ajoute néanmoins que leur équipe devient « chaque jour de plus en plus grande. Donc ce nombre [douze personnes, ndlr] va définitivement augmenter ». En effet, le mouvement a rapidement eu un écho significatif sur le campus. Leur compte Instagram culmine aujourd’hui à plus de 700 abonné·e·s, alors que ce dernier a été créé « seulement une semaine avant le début de la grève », précise Rox.

« S’asseoir en classe, c’est difficile. Je n’arrive pas à me concentrer. Je suis toujours fatiguée. Honnêtement, juste le fait de bouger, comme la marche jusqu’à mon arrêt de bus, c’est très difficile »

Rania

Les demandes

Cette grève de la faim intervient dans le but de presser l’université à agir de deux manières. « Les demandes sont très, très simples. On fait juste reprendre les demandes d’autres groupes étudiants pro-palestiniens sur le campus de l’université. »

La première requête consiste à demander à McGill d’écouter et de se plier aux demandes des étudiants qui avaient été faites au travers du vote favorable de la « Politique contre le génocide en Palestine » par les étudiants de l’AÉUM, lors du référendum du semestre d’automne 2023. Cette politique demandait notamment à l’Université, au nom de tous le corps étudiant du premier cycle, de « condamner la campagne de bombardements génocidaires et le siège à l’encontre de la population de Gaza », ainsi que de « couper immédiatement les liens avec toute entreprise, institution ou personne complice de génocide, de colonialisme, d’apartheid ou de nettoyage ethnique à l’encontre des Palestinien·ne·s ».

En revanche, cette politique n’avait pas pu être adoptée par le conseil exécutif de l’AÉUM, en raison d’une injonction de la Cour supérieure du Québec, bloquant cette ratification jusqu’au 25 mars 2024.

Une deuxième demande est de mettre en place un « boycott académique », et de procéder à un arrêt des relations inter-universitaires entre McGill et les universités « problématiques ». Rox précise sa pensée : « Je dis “problématique”, mais c’est même un petit peu réducteur… on s’entend. On parle d’universités qui sont en territoire occupé, ce qui brise la quatrième convention de Genève. On ne veut pas que notre argent soit utilisé pour ce type d’investissements ni pour maintenir des liens académiques qui normalisent l’apartheid et l’occupation. »

Après cinq jours de grève de la faim – c’est-à-dire un arrêt total de l’ingestion de nourriture solide – Rania nous explique les impacts de cette action sur son quotidien. Elle explique : « s’asseoir en classe, c’est difficile. Je n’arrive pas à me concentrer. Je suis toujours fatiguée. Honnêtement, juste le fait de bouger, comme la marche jusqu’à mon arrêt de bus, c’est très difficile. »

La réponse de McGill

Les grévistes ont communiqué avec l’Université, et ont publié leurs échanges sur leur page Instagram. Dans les échanges, McGill semble surtout mettre en avant le fait que les grévistes doivent être prudent·e·s et faire attention à leur santé. Rania considère néanmoins que McGill fait uniquement cela pour « se protéger » , et se donner bonne image : « Nous, on aimerait plutôt qu’ils [l’administration, ndlr] adressent la raison qui nous pousse à faire cette action. » Rox ajoute qu’ « il y a une sorte de dissonance. Les gens s’inquiètent pour nous, mais on ne voit pas autant d’intérêt et d’inquiétude [pour la population de la bande de Gaza, ndlr]. C’est comme si c’était normal là-bas [la souffrance, ndlr], et qu’ici, ça ne devrait pas l’être, alors on remarque un double standard. »

*Nom fictif

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Suppression du poste de Floor Fellow https://www.delitfrancais.com/2024/02/21/suppression-du-poste-de-floor-fellow/ Wed, 21 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54905 Causes et conséquences de la décision : entrevue avec le SEOUM.

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Lors d’une réunion privée le 15 février dernier, le service des ressources humaines ainsi que Daniel Fournier, président associé de la branche « vie en résidence » du Service de Logement Étudiant et d’Hôtellerie (SLEH) de McGill ont informé les représentants du Syndicat des Employés Occasionnels de l’Université McGill (SEOUM), de la future suppression du poste de Floor Fellow. Les Floor Fellows sont des étudiants de deuxième année ou plus qui vivent dans les résidences universitaires de McGill et qui ont pour mission de servir la communauté des étudiants de première année afin de les aider à s’adapter à la vie en résidence. Mais quelles sont les raisons derrière la suppression de ce poste, et surtout, quelles en seront les conséquences? Le Délit s’est entretenu avec des membres de SEOUM pour mieux comprendre les tenants et aboutissants de la décision de McGill.

Une réunion froide

Les membres du SEOUM expliquent que la réunion informant le syndicat de la décision s’est faite dans une ambiance très froide, qui reflète le point de vue ferme de McGill au sujet des Floor Fellows. Avec amertume, Harlan Hutt, président du SEOUM, décrit la situation : « Il y avait déjà des rumeurs qui circulaient à propos d’une telle décision depuis quelques jours. Jeudi à 15h, Daniel Fournier et des représentants des ressources humaines ont organisé une rencontre Zoom en petit comité, et ont annoncé que McGill supprimerait le poste de Floor Fellow à partir d’avril 2024, dès la fin de nos contrats. Ainsi, non seulement nous ne serons pas réembauchés, mais le poste n’existera tout simplement plus (tdlr). » La même journée, à 18h, une réunion plus générale en Zoom avise les Floor Fellows de l’abolition imminente de leur poste. Harlan déplore qu’ « encore une fois, la réunion s’est déroulée par Zoom, et les caméras et micros des participants ont été coupés volontairement par l’administration. Il n’y a eu aucune possibilité de poser des questions ou de faire des commentaires. Daniel Fournier a fait un très court discours de cinq minutes pour expliquer la décision et c’est tout, aucun échange n’a été encouragé. »

« Ce n’est pas pour rien que ce poste existe dans pratiquement toutes les universités d’Amérique du Nord. En le supprimant, un préjudice irréversible sera infligé à la communauté mcgilloise »

Harlan Hutt, président du SEOUM

Quelles sont les raisons?

Une des raisons de cette décision est relativement simple, explique Harlan : « Ils [l’administration, ndlr] nous ont dit que c’était à cause de la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement québécois pour les étudiants hors-province, ainsi qu’à cause de coupes budgétaires. » La suppression du poste serait donc une question de finances pour McGill. Dans un courriel du 14 décembre 2023 adressé à la communauté mcgilloise, le recteur Deep Saini avait notifié que la hausse des frais de scolarité impacterait fortement le nombre d’élèves non-québécois inscrits à l’Université, évaluant les pertes monétaires entre 42 et 94 millions de dollars canadiens par an. L’administration n’a pas précisé les gains que la suppression du poste apportera à l’Université. En revanche, Graeme Scott, vice-président du SEOUM et responsable des Floor Fellows, précise que « la valeur qu’apportent les Floor Fellows ne peut pas toujours être inscrite sur une feuille de calcul, mais elle est formidable pour plein d’autres raisons. C’est crucial à l’expérience étudiante. » Par ailleurs, McGill semble justifier sa décision par une volonté de restructuration de la vie en résidence. En effet, dans un article du McGill Reporter datant du 16 février, le SLEH explique : « Une évaluation de la vie en résidence a montré que le rôle que [les Floor Fellows, ndlr] jouaient autrefois est aujourd’hui comblé par de nombreux autres services […]. L’éventail des services que nous proposons aujourd’hui est très différent de ce qu’il était il y a dix ans. »

Quelles seront les conséquences financières?

Supprimer la position reviendrait à priver les Floor Fellows d’un financement crucial à leur échelle, puisque que les élèves occupant ces postes n’auront plus accès à un salaire qui leur permet bien souvent d’alléger le prix élevé de la vie et des études. La suppression du poste pourrait également impacter l’Université elle-même, tant dans son environnement social que ses finances. Kevin Batsinduka, assistant en relations du travail au SEOUM clarifie l’avantage financier que ce poste constitue pour l’Université : « Beaucoup de jeunes, surtout lorsqu’ils quittent la maison pour aller à l’université, peuvent avoir une mauvaise première ou deuxième année, et comme ils se sentent inconfortables dès le départ, ils décident d’arrêter l’université. Dans ces cas-là, souvent, les Floor Fellows servent de mentor à quelqu’un qui aurait autrement décidé de partir. L’aide des Floor Fellows encourage ces étudiants à rester et à terminer leurs études, et donc à payer leurs frais de scolarité jusqu’au bout. »

Harlan considère que cette mesure n’aura pas un impact si significatif sur les finances de McGill : « Je vais être très honnête. Nous ne sommes pas très bien payés. Certes, nos logements coûtent de l’argent, et supprimer les Floor Fellows permettrait de libérer un certain nombre de chambres, mais si vous regardez, par exemple, à mon étage [de New Residence Hall, ndlr], il y a énormément de chambres qui ne sont même pas pleines, voire complètement vides. Les étudiants qui pourraient prendre nos chambres n’existent pas. S’ils existaient, pourquoi les résidences ne sont-elles pas déjà pleines? À mes yeux, cela n’a aucun sens. »

Y aura-t-il d’autres conséquences?

Supprimer les Floor Fellows aura également de nombreuses conséquences humaines et sociales. Graeme développe sur sa propre expérience en tant que Floor Fellow Noussommeslespersonnes qui vivent dans ces résidences et qui sommes en contact avec ces étudiants de première année. Nous sommes le visage qu’ils associent à quelqu’un de confiance, à qui ils peuvent s’adresser lorsqu’ils ont besoin d’aide. Tout le monde a besoin d’un point de repère. Les Floor Fellows effectuent ce travail inestimable. Et ce dont nous sommes absolument certains, c’est que nous allons assister à une baisse massive du sens de communauté et de sécurité, non seulement dans les résidences, mais aussi à McGill en général, parce que c’est dans les résidences que les étudiants arrivent à former des réseaux de soutien qui perdurent au fil de leur parcours universitaire. » Selon Graeme, l’Université estime que le système des Floor Fellows est dépassé, et compte le compenser avec des solutions qu’elle considère plus modernes, comme le Pôle bien-être étudiant ou le Bureau d’intervention, de prévention et d’éducation en matière de violence sexuelle (OSVRSE). Néanmoins, Graeme demeure sceptique quant à un tel remplacement : « Demandez à quiconque a déjà essayé de naviguer ces services s’ils sont adéquats. Regardez les commentaires sur le pôle bien-être étudiant sur Google Maps. Ils sont si mauvais que cela découragerait n’importe qui de faire une quelconque demande avec eux. » Interrogé sur les conséquences sociales du remplacement, Kevin ajoute que les étudiants internationaux pourraient se retrouver disproportionnellement affectés : « McGill a énormément d’étudiants internationaux qui viennent de très loin [environ 12 000, ndlr], il y a un nombre particulièrement élevé de personnes qui bénéficient d’un mentor, précisément parce qu’elles ne sont pas originaires d’ici. Les Floor Fellows peuvent servir de point d’ancrage pour mieux s’intégrer dans une société nouvelle. »

La suite du combat

Le SEOUM a confié au Délit avoir déjà fait appel à leur syndicat mère, l’Alliance de la Fonction publique du Canada pour avoir des conseils légaux sur la marche à suivre afin d’empêcher l’abolition du poste. Par ailleurs, un formulaire est disponible en ligne sur le site du SEOUM, qui vise à récolter des témoignages d’étudiants et leurs expériences avec les Floor Fellows afin de confronter l’administration de McGill quant à la nécessité de préserver ce poste. Selon Harlan, les témoignages déjà récoltés sont largement positifs et condamnent la décision de McGill. Harlan conclut : « Nous allons chercher à parler aux médias, bien sûr, mais surtout à parler aux Floor Fellows, à les impliquer, à faire passer le mot à tout le monde, et nous l’espérons, à organiser des actions futures, des actions directes pour s’assurer que McGill comprenne que les Floor Fellows sont cruciaux au bon fonctionnement de la vie étudiante. Ce n’est pas pour rien que ce poste existe dans pratiquement toutes les universités d’Amérique du Nord. En le supprimant, un préjudice irréversible sera infligé à la communauté mcgilloise. »

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Grève des professeur·e·s de la Faculté de droit https://www.delitfrancais.com/2024/02/21/greve-des-professeur%c2%b7e%c2%b7s-de-la-faculte-de-droit/ Wed, 21 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54898 Entrevue avec le président de l’Association mcgilloise des professeur·e·s de droit

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Mardi 13 février, l’ensemble des professeur·e·s de droit de McGill, uni·e·s au sein de l’Association mcgilloise des professeur·e·s de droit (AMPD), ont fait grève, provoquant l’annulation de tous les cours de la faculté pour l’entièreté de la journée.

Officiellement créée en 2021 et accréditée en 2022, l’AMPD est le premier syndicat de professeur·e·s de l’Université McGill. Ses mandats sont pluriels, et comprennent notamment un engagement à « être une voix indépendante et collective du corps enseignant [de la faculté de droit, ndlr] » à « promouvoir un environnement de travail positif et encourageant », et, de manière plus particulière à « obtenir la certification en tant qu’unité de négociation exclusive de nos professeur·e·s et négocier la toute première convention collective entre les professeur·e·s et McGill ». Ce dernier objectif a été central aux actions de l’association depuis sa création. Les difficultés rencontrées dans ce processus de négociation avec McGill ont suscité la consternation chez les membres de l’AMPD, les poussant finalement à réaliser une grève comme dernier appel. Le Délit a rencontré Evan Fox-Decent, professeur de droit à McGill depuis 2005, et actuellement président de l’AMPD.

Des négociations difficiles

« Depuis novembre 2022, nous tentons de négocier une convention collective avec McGill pour le bénéfice de nos membres ; et dans l’intérêt, bien sûr, de l’ensemble de la communauté mcgilloise (tdlr). » Concrètement, cette convention collective aurait pour but de mieux protéger les professeur·e·s de la Faculté de droit, en les unissant au sein d’une convention commune entre ces dernier·ère·s et l’Université. En effet, le professeur Fox-Decent explique qu’aujourd’hui « presque aucun·e professeur·e [d’autres universités, ndlr] ne travaille dans le cadre d’une convention collective. Nous travaillons sur la base d’un contrat individualisé avec McGill, qui stipule que nous sommes soumis·e·s aux règlements de l’Université, qui peuvent changer de temps à autre. »

Les revendications de l’AMPD dans ces négociations se rapportent plus spécifiquement aux conditions de travail, à la gouvernance de la faculté et aux propositions monétaires. Le syndicat demande notamment des améliorations sur les conditions d’emploi et d’enseignement, une hausse des salaires, des avantages sociaux et encore, une rémunération au mérite.

Néanmoins, ces négociations ne se déroulent pas comme le syndicat le souhaitait. Le professeur Fox-Decent nous explique : « Ces négociations ont débuté il y a plus d’un an. Malheureusement, au cours de cette année, nous avons été confronté·e·s à des retards systématiques. L’administration reporte ou annule des réunions, et nous donne très peu de dates pour nous asseoir à la table des négociations. Et lorsque nous nous rencontrons, McGill s’engage systématiquement dans ce que l’on appelle parfois des négociations de surface. Nous passons, par exemple, une journée entière avec eux, à nous demander ce que nous entendons par tel ou tel mot. » Le professeur explique que la grève a donc pour but premier de dénoncer ce manque de coopération de la part de l’Université dans les négociations, en particulier les retards constants, ainsi que la trop faible fréquence des discussions. « La prochaine date qu’ils nous ont proposée pour négocier est le 22 mars, ce qui est tout simplement scandaleux. La norme dans ce secteur, et la norme générale pour les négociations collectives, est de rencontrer les parties au moins une fois par semaine, afin de maintenir l’élan. En-deçà, il est très difficile de réaliser des progrès substantiels. »


Fox-Decent ajoute que la grève a aussi été motivée par un désaccord sur le contenu des négociations en elles-mêmes. « Nous sommes parvenu·e·s à un accord, pour l’essentiel, sur la substance de ces dispositions […] mais McGill refuse d’intégrer ces réglementations dans une convention collective qui les contraint [‘‘binding’’, en anglais, ndlr]. » En effet, la structure de la convention souhaitée par McGill pourrait s’avérer détrimentale pour les membres de l’AMPD : « Ils [l’administration, ndlr] insistent sur le fait que s’ils le souhaitent, au cours de la durée de la convention collective, ils pourraient en modifier les termes. Cela nous rend nerveux·euses, nous nous demandons, en quelque sorte, ce qu’ils ont en tête. » Le professeur ajoute que cet arrangement déséquilibré souhaité par McGill rend la signature de la convention légalement impossible pour l’AMPD. « Notre devoir de représenter nos membres nous interdit de signer une convention collective qui permettrait à l’autre partie d’en modifier les termes ou d’en imposer de nouveaux à sa seule discrétion. Même si nous voulions la signer, nous ne pourrions pas le faire légalement. »

La manifestation

Pour exprimer leur colère, l’ensemble des professeur·e·s de la Faculté de droit de l’Université ont donc fait grève pendant toute la journée de mardi, après avoir voté cette décision de mobilisation en décembre dernier. Les professeur·e·s ont piqueté, bloquant ainsi les deux entrées de la Faculté de droit. « Aucun cours n’a été donné pour autant que nous le sachions. Nos collègues, tous·tes les professeur·e·s à temps plein, sont resté·e·s à l’écart. Les étudiant·e·s ne voulaient pas franchir le piquet de grève. La Faculté de droit a donc bien été fermée ». Aux alentours de midi, les professeur·e·s regroupé·e·s se sont par la suite dirigé·e·s vers le bâtiment de l’administration, devant lequel ils·elles ont manifesté, et certain·e·s ont pris la parole. Le professeur Fox-Decent souligne l’ambiance positive ressentie au cours de la journée, et le soutient que d’autres professeur·e·s, n’appartenant pas à la faculté de droit, et les élèves leur ont apporté. « Un très grand nombre de personnes nous ont soutenu toute la journée. […] Nous avions des membres de MAUT [Association des professeur·e·s et bibliothécaires de McGill, ndlr], des membres de MCLIU, le syndicat des chargé·e·s de cours de McGill, et un important contingent d’au moins sept ou huit collègues de la Faculté d’éducation. De nombreux collègues d’autres facultés, dont celle des arts et celle d’ingénierie, ainsi que des représentants de la Fédération des professeur·e·s du Québec et de l’Association canadienne des professeur·e·s d’université sont venu·e·s rejoindre les piquets de grève afin de nous soutenir. […] C’était une atmosphère très festive, une sorte de carnaval. Tout le monde s’est beaucoup amusé. Nous avions des mégaphones, des cloches, des bruiteurs et un haut-parleur Bluetooth. Nous avons pu chanter des chansons syndicales amusantes toute la journée. De plus, nous avons eu la chance de bénéficier d’une belle journée ensoleillée et de ne pas avoir trop froid. »

La réaction de l’Université

Le professeur nous apprend la réaction atypique de l’université face à cette grève. « McGill a réagi sans nous prévenir. Ils nous ont coupé l’accès à nos courriers électroniques, Onedrive et MyCourses dès minuit, le jour de la grève. Nous avons donc été complètement bloqué·e·s. Nous n’avions pas accès à nos courriels, ni à quoi que ce soit d’autre, et il n’y avait aucun moyen pour les étudiant·e·s de communiquer avec nous pendant toute la journée. » Pour le professeur, l’administration a « en quelque sorte procédé à un verrouillage électronique assidu et minutieux » des membres de l’AMPD, sans même prévenir ces dernier·ère·s de la mise en place d’une telle mesure.

Et maintenant?

Aujourd’hui, les négociations entre l’AMPD et l’administration de McGill sont toujours en cours. Le professeur Fox-Decent conclut : « Tout ce que nous voulons, c’est amener McGill à la table, pour négocier de bonne foi avec nous, afin d’obtenir une convention collective. Nous avons dit à McGill que si nous n’avons pas de convention collective d’ici le 15 avril, nous referons grève. » En décembre, les membres de l’AMPD ont voté pour cinq jours de grève pouvant être utilisés de manière consécutive ou individuelle. Le syndicat dispose donc encore de ce recours pour défendre leur cause. Les prochaines négociations entre l’AMPD et McGill auront lieu le 22 mars prochain. Malgré une demande du Délit, l’administration de McGill n’a pas souhaité faire de commentaire.

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L’activisme étudiant pour les réfugié·e·s à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/02/14/lactivisme-etudiant-pour-les-refugie%c2%b7e%c2%b7s-a-mcgill/ Wed, 14 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54674 Portrait du programme d’Entraide Universitaire Mondiale du Canada (EUMC).

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Le Canada est le huitième pays au monde avec le plus grand ratio d’immigrant·e·s au sein de sa population. Plus d’un quart des personnes résidant au Canada actuellement ont eu par le passé un statut d’immigrant·e ou de résident·e permanent. L’Université McGill n’est pas exemptée de ce phénomène puisqu’elle compte plus de 12 000 étudiant·e·s internationaux, soit 30% de sa population étudiante. Au sein de cette population, certain·e·s sont des réfugié·e·s ayant eu l’opportunité de venir étudier à McGill à travers le programme de l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC).

L’EUMC est une association canadienne à but non lucratif qui a pour mission d’améliorer les opportunités éducatives, économiques et professionnelles offertes aux jeunes dans plus de quinze pays d’Asie, d’Afrique et des Amériques. Concrètement, son mandat consiste à améliorer l’accès à l’éducation, aux opportunités de travail et aux formations professionnelles pour les jeunes issus de pays en conflit, en leur offrant des opportunités d’étudier au Canada. L’association a aussi pour mandat de solliciter les jeunes résidant au Canada à s’impliquer dans leur communauté.

L’EUMC est composée de plus de 86 comités locaux présents dans différentes universités et cégeps, dont un à l’Université McGill. Ces comités locaux organisent des ateliers de sensibilisation aux problèmes d’éducation des réfugié·e·s et d’autres événements destinés à l’intégration des étudiant·e·s à McGill.

« Actuellement, le comité local de WUSC à McGill peut soutenir financièrement sept nouveaux·elles étudiant·e·s réfugié·e·s grâce aux fonds alloués chaque semestre par les étudiant·e·s de l’Université »

Programme d’étudiant·e·s réfugié·e·s

L’une des initiatives principales de l’association est son programme d’étudiants réfugiés (PÉR). Ce programme a été établi en 1978 en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour réfugiés (UNHCR), le ministère de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté du Canada (IRCC) et l’Organisation Internationale pour la Migration (IOM). Jusqu’à aujourd’hui, le projet a permis la venue de plus de 2200 étudiant·e·s réfugié·e·s au Canada afin de leur permettre d’y étudier et d’accéder à des opportunités professionnelles. Annuellement, le programme accueille plus de 150 étudiant·e·s réfugié·e·s réparti·e·s dans plus de 100 universités et cégeps canadiens. L’initiative de PÉR est de « combiner la réinstallation avec des possibilités d’enseignement supérieur ». Ainsi, les étudiant·e·s ayant un statut de réfugié·e·s sont choisi·e·s par l’intermédiaire d’un long processus de sélection et sont ensuite accueilli·e·s dans une université canadienne équipé·e·s d’une bourse couvrant la majorité de leurs frais de scolarité et de logement pendant cinq ans.

L’EUMC à McGill

Le comité local de McGill s’occupe de mettre en place le programme PÉR à l’université, c’est-à-dire tout ce qui a trait à la sélection des candidat·e·s, leur arrivée au Canada et leur intégration jusqu’à l’obtention de leur diplôme. Le programme PÉR est entièrement financé « par un prélèvement de 4 $ auprès de tou·te·s les étudiant·e·s de McGill chaque semestre, sur la base d’un référendum étudiant, et les fonds accumulés sont administrés afin d’offrir des services des bourses et de l’aide financière aux étudiant·e·s ». Actuellement, le comité local de l’EUMC à McGill peut soutenir financièrement sept nouveaux·elles étudiant·e·s réfugié·e·s grâce aux fonds alloués chaque semestre par les étudiant·e·s de l’Université.

Portrait d’un étudiant boursier

Afin d’en connaître plus sur leur impact réel de l’association EUMC et de son programme PÉR, Le Délit s’est entretenu avec Behnam Yosufi, étudiant boursier de deuxième année en génie logiciel à McGill. Behnam, d’origine afghane, nous explique que le processus d’admission au programme est extrêmement compétitif : « Il y avait 4500 jeunes réfugiés issus de l’Afghanistan qui ont candidaté dans la même année que moi et à la fin, nous étions deux à être sélectionnés pour aller étudier à McGill. (tdlr) » L’étudiant explique qu’il était souvent incertain quant à l’état d’avancement de sa candidature en raison de ses conditions de vie, plus ou moins optimales : « On devait effectuer des examens de compréhension d’anglais en ligne, mais nos maisons ne sont pas insonorisées, le Wi-Fi s’éteint, les gens font beaucoup de bruit. Ça m’est arrivé d’être accusé de plagiat, car ils ont entendu quelqu’un parler dans une autre chambre, et ont supposé que je trichais ». À la suite de ce laborieux processus de huit mois, Behnam, comme 50 autres étudiant·e·s boursier·ère·s afghan·e·s, s’est envolé pour le Canada afin d’y commencer ses études en génie logiciel à McGill. Il nous explique que dès son arrivée à l’aéroport, il y avait quatre jeunes qui l’attendaient avec des pancartes et des chandails bleus, une image à l’effigie de l’EUMC et sa nature accueillante. « Dès que je suis sorti de l’aéroport je les ai vus, ils m’ont emmené manger et m’ont ensuite déposé à ma résidence étudiante. Le lendemain matin, ils sont revenus me voir et m’ont tenu compagnie. » Ce groupe de support a été un élément marquant de son expérience et son intégration à McGill.

« Grâce à leur portée impressionnante sur le campus mcgillois et dans le reste du pays, le comité local de McGill s’est vu décerner le prix du comité de l’année le samedi 10 février dernier, au congrès annuel de l’EUMC »

Intégration à McGill

Behnam raconte que ses débuts à l’université ont été très difficiles, dû au changement de système éducatif, au choc culturel et la rigueur des cours. Malgré cet ajustement massif, l’étudiant renchérit que l’EUMC McGill l’a équipé de tout ce dont il avait besoin pour réussir : un support moral et éducatif. Se caractérisant comme une personne de nature introvertie, Behnam fait part de sa grande difficulté à s’ouvrir aux autres et à partager ses défis, mais il explique que la communauté de l’EUMC lui a réellement permis de s’exprimer ouvertement et sans jugement : « Encore aujourd’hui, il sont comme une famille pour moi, une famille sur laquelle je peux compter. Ils ne me jugent pas et me supportent constamment. » Après plus d’un an et demi à Montréal, Behnam est maintenant un membre impliqué du comité local de l’EUMC dans lequel il occupe le poste de vice-président des événements. Il nous explique son intérêt pour ce nouveau rôle : « La mission du comité est d’intégrer les étudiant·e·s boursiers et j’ai adoré cette initiative et les événements organisés, donc je me suis poussé à entreprendre ce rôle. »

Futures ambitions

Lorsqu’on l’interroge sur ses aspirations futures, Behnam se dit très heureux d’avoir eu la chance d’être boursier au sein du programme, mais considère aussi la chance qu’il a d’être résident permanent au Canada, une opportunité offerte à tout·e·s les boursier·ère·s. Il compte s’épanouir à McGill, finir ses études en ingénierie logicielle et entreprendre une carrière professionnelle au Canada.

Grâce à sa portée impressionnante sur le campus mcgillois et dans le reste du pays, le comité local de McGill s’est vu décerner le prix du comité de l’année le samedi 10 février dernier, au congrès annuel de l’EUMC.

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L’héritage de l’engagement des étudiant·e·s noir·e·s à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/02/07/lheritage-de-lengagement-des-etudiant%c2%b7e%c2%b7s-noir%c2%b7e%c2%b7s-a-mcgill/ Wed, 07 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54467 Portrait du Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill (BSN)

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Le Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill (BSN) est l’une des plus anciennes associations étudiantes de l’Université. Elle a été fondée en 1970 dans le but d’unir les étudiant·e·s noir·e·s de l’Université, de leur offrir des services tels que des événements de réseautage et des événements sociaux, de les aider à rencontrer des nouve·aux·lles étudiant·e·s noir·e·s et de créer un sentiment de communauté entre les élèves noir·e·s au sein de l’Université. BSN opère sous l’Association des Étudiants de l’Université McGill (l’AÉUM) et est donc considérée comme une association qui assure un service aux étudiant·e·s. À ce titre, l’association a pour mandat de « travailler pour rendre le campus de McGill sûr et accessible aux étudiant·e·s noir·e·s afin de soutenir leur réussite scolaire ainsi que leur bien-être mental et physique […] et sensibiliser la communauté mcgilloise aux enjeux concernant les peuples noirs (tdlr) ». Ce mandat façonne tous les événements et initiatives de l’association depuis sa conception. Événements de réseautage pour les étudiant·e·s noir·e·s, journées de soins personnels et une cérémonie de graduation exclusivement pour les étudiant·e·s noir·e·s : BSN contribue activement à la prospérité de la communauté noire à McGill et au bien-être de ses membres. Afin d’exécuter un portrait de BSN et mettre de l’avant leurs initiatives ainsi que quelques-uns de leurs membres, Le Délit s’est entretenu avec quatre de ces derniers : Méshama Eyob- Austin – présidente, Simi Ogunsola – vice-présidente Social, Chloé Nyiligira directrice de projet au sein du portfolio social, Nkwanzi Banage – vice-présidente Plaidoyer.

« BSN contribue activement à la prospérité de la communauté noire à McGill et au bien-être de ses membres »

Une association au service des étudiants

L’Université McGill ne compte que 4,6% d’étudiant·e·s noir·e·s au sein de sa communauté étudiante. De ce fait, plusieurs étudiant·e·s se sentent isolé·e·s à leur arrivée à l’Université. Une association comme BSN est donc nécessaire et très appréciée par ces étudiant·e·s. Questionnée sur l’apport de cette association aux étudiant·e·s de McGill, Méshama, présidente de BSN, explique que BSN représente une opportunité « de constituer une communauté qui donne des conseils et de la joie à la communauté noire au sein du campus ». Ce sentiment est similaire pour Chloé, qui ajoute que BSN lui a apporté beaucoup en réseautage et contacts professionnels : « Ce qui est intéressant, c’est qu’on nous met en contact avec des personnes ayant eu la même expérience et le même programme d’études que nous, et qui peuvent venir partager leur expertise. »

L’activisme noir à McGill

Historiquement, BSN s’est battu pour plusieurs avancées sociales et éthiques au sein de l’Université. L’un de leurs combats les plus important et médiatisé jusqu’à aujourd’hui a été leur campagne menée pour le désinvestissement par McGill de toute sociétée liée à l’apartheid en Afrique du Sud. Ce combat a été conjointement mené avec la Société des étudiants africains de l’Université McGill (MASS) et a entrainé, en 1985, la fin de tout investissement par l’Université dans les sociétés liées à l’apartheid. Depuis 1991, BSN
a aussi mené de multiples campagnes étudiantes afin d’établir un programme d’études Africana à McGill. Ce programme d’études se concentrerait sur l’enseignement de l’histoire, de la politique et des cultures des diasporas africaines à travers le monde. Actuellement, l’Université McGill n’a qu’un programme d’études africaines et un autre d’études d’Amérique latine et des Caraïbes. Pour Méshama, présidente de BSN, ces deux projets d’activisme ont forgé le mandat de l’association et son héritage qui la précède : « Nous essayons de faire tout notre possible pour offrir de la solidarité [aux peuples minoritaires, ndlr] […] La liberté pour les personnes noir·e·s découle du principe que nous ne sommes pas libres tant que tout le reste du monde n’est pas libre. » Pour Nkwanzi, ce mandat d’activisme au sein du campus mcgillois est réellement nécessaire : « BSN a une capacité impressionnante à combler les vides laissés par l’Université. Lorsqu’elle n’a admise que 15 étudiant·e·s noir·e·s en 1969, l’ensemble de la communauté noire de McGill a lancé le programme Across the Halls, un programme de mentorat et de tutorat par les pairs pour encourager les candidat·e·s noir·e·s. »

Le soutien de l’Université

BSN est l’une des associations les plus grandes et influentes de l’Université. Cette responsabilité ne peut se maintenir sans l’aide financière de l’AÉUM et l’apport stratégique de l’administration de McGill. Depuis 2017, l’Université honore tous les févriers, le Mois de l’histoire des Noir·e·s (BHM) avec une cérémonie d’ouverture, des conférences diverses et des événements de rassemblement pour la communauté noire de McGill. Ce mois est conçu en collaboration partielle avec les associations étudiantes BSN et MASS. Questionnée sur le support que l’administration mcgilloise offre à BSN et la communauté noire, Méshama souligne l’initiative des célébrations du Mois de l’histoire des Noir·e·s : « Les événements du Mois de l’histoire des Noir·e·s sont éducatifs, amusants, intéressants et importants. Cela donne aux étudiants l’opportunité de réseauter, de se rencontrer, de se sentir vus par l’établissement. » De son côté, Simi rajoute que tout au long de l’année et surtout durant le Mois de l’histoire des Noir·e·s, « McGill inclut beaucoup les étudiant·e·s noir·e·s. Ils nous donnent les ressources, l’argent et la capacité de faire ce que nous voulons avec l’association et ce qui convient le mieux à la communauté mcgilloise ». En lien avec les ressources offertes aux étudiant·e·s par l’Université, Chloé fait part des services du centre de bien-être et de son appréciation pour la présence des conseillers de bien-être noirs et autochtones ; une étape importante pour l’inclusivité au sein de l’Université selon elle.

« BSN a une capacité impressionnante à combler les vides laissés par l’Université »


Nkwanzi, vice-présidente de Plaidoyer

Des initiatives à souligner

Afin de promouvoir le Réseau des étudiant·e·s noir·e·s de l’Université McGill, il est indispensable de mettre de l’avant certaines de leurs initiatives qui permettent de rencontrer des nouveaux étudiant·e·s noir·e· et créer un sentiment de communauté. L’événement Soul Food, un repas-partage organisé tous les semestres, réunit des centaines d’étudiant·e·s dans le but d’apprendre à se connaître et manger de la nourriture originaire des différentes cultures de la communauté étudiante. De plus, BSN met progressivement en place un système de prêt de livres, en se servant de l’inventaire de l’association pour créer une bibliothèque communautaire. Nzwanki souligne cette initiative qui sera officiellement mise en place le 28 février prochain lors de l’événement Les Voix Noires en Publication : « Je souhaite partager cela avec d’autres étudiants de McGill qui n’auraient pas un accès facile à la littérature noire au sein ou en dehors du milieu universitaire. » Finalement, la cérémonie de graduation exclusivement pour les étudiant·e·s noir·e·s qui a pour but de « mettre en lumière les réalisations et exploits des étudiant·e·s noir·e·s malgré les obstacles institutionnels, économiques et socioculturels à l’accès à l’enseignement supérieur ». Ces initiatives sont quelques-uns des dizaines d’événements que BSN met en place au cours du Mois de l’histoire des Noir·e·s chaque année, et démontrent l’engagement de tous ses membres et leur volonté d’offrir un environnement propice à la réussite et l’inclusion de la communauté noire à McGill.

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JDSP et McMUN : Rayonnement de l’engagement étudiant à McGill https://www.delitfrancais.com/2024/01/24/jdsp-et-mcmun-rayonnement-de-lengagement-etudiant-a-mcgill/ Wed, 24 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54381 Portrait de deux initiatives étudiantes sur le campus.

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L’Université McGill accueille plus de 40 000 étudiants, du baccalauréat jusqu’au doctorat. Il est souvent intimidant et difficile pour ces étudiants de rencontrer des individus avec des passions ou des intérêts similaires. Néanmoins, plusieurs initiatives étudiantes existent afin de rassembler les communautés, offrir des expériences enrichissantes et professionnalisantes aux étudiants au cours de leurs études. Le Délit vous offre dans cet article un portrait de deux initiatives étudiantes, les Jeux de la science politique et la simulation des Nations Unies, McMUN, qui rayonnent sur le campus mcgillois et ailleurs au Québec.

Les Jeux de la science politique

Law Games, Med Games, Jeux de la communication, Jeux du commerce, etc. : les jeux interuniversitaires ne se font pas rares au Québec. Ayant pour but de rassembler les étudiants d’un même programme une fois par année, les jeux interuniversitaires sont une expérience formatrice pour les étudiants et constituent une opportunité de réseautage.

Lors de la fin de semaine du 12 au 14 janvier, la 13e édition des Jeux de la science politique du Québec ont eu lieu à l’Université de Sherbrooke. L’Université McGill y a participé avec une délégation de 30 étudiants. Les Jeux de la science politique, communément appelés les JDSP, regroupent huit épreuves académiques et une épreuve sportive. Relations gouvernementales, coopération internationale, négociation, cas académiques, gestion de crise, journalisme politique, politique active et quiz : de nombreuses disciplines étaient mises en valeur afin de représenter les compétences des universités participantes. Mis à part le côté académique, les JDSP sont aussi un grand événement social permettant de rencontrer des étudiants en sciences politiques, venant de divers coins du Québec, et d’ailleurs au pays. Les JDSP sont exclusivement francophones, et rassemblent cette année neuf institutions universitaires à travers le Canada.

Le Délit s’est entretenu avec Jeanne Marengère, co-cheffe de la délégation de l’Université McGill, et l’a interrogée sur son expérience aux Jeux et ce qu’ils représentent pour elle au sein de son parcours universitaire. Questionnée sur ses motivations pour devenir co-cheffe à l’édition 2024 des JDSP, Jeanne explique : « Je cherchais une opportunité de rencontrer des gens qui étudiaient dans mon domaine, et qui partageaient mes intérêts pour la politique. C’est exactement ce que j’y ai trouvé : une communauté jeune et flamboyante, déterminée à faire rayonner le département de science politique mcgillois sur la scène francophone. » La communauté francophone à McGill est grande, mais nettement minoritaire comparativement à la population anglophone. Seulement 20% des étudiants mcgillois sont originaires d’un pays ou d’une région francophone. Pour Jeanne, les JDSP sont une opportunité incontournable d’offrir aux étudiants un sentiment de communauté au sein d’une grande université : « Les Jeux offrent aux étudiants francophones une opportunité de s’illustrer dans des épreuves conçues en fonction des préoccupations du milieu professionnel québécois. Les JDSP représentent un contexte extrêmement professionnalisant pour les étudiants francophones, chose qu’on croise rarement au sein des universités anglophones, comme McGill. »

«C’est exactement ce que j’y ai trouvé : une communauté jeune et flamboyante, déterminée à faire rayonner le département de science politique mcgillois sur la scène francophone »

McMUN

Une autre initiative étudiante qui mérite d’être mise en lumière au sein du campus mcgillois est The McGill Model United Nations Assembly (McMUN). Cette conférence, de simulation des Nations Unies, regroupera plus de 1 000 délégués provenant d’universités à travers l’Amérique du Nord, du 25 au 28 janvier. Ces simulations sont nombreuses et très populaires au sein des étudiants, tant au niveau collégial qu’universitaire. Au sein de ces conférences, chaque étudiant fait partie d’un binôme qui représente un pays ou un acteur et soutient une position ferme sur un sujet d’actualité décidé d’avance. Plusieurs comités symbolisant des enjeux importants sont présents à McMUN dont le Conseil économique et social (ECOSOC), les assemblées générales et les comités de crise. McMUN, l’une des conférences étudiantes les plus prestigieuses, se décrit comme étant un événement qui « inspire l’innovation chez les dirigeants de demain, renforce l’engagement et la sensibilisation des étudiants aux problèmes mondiaux et met nos participants au défi à travers des débats réalistes et créatifs (tdlr). »

La véritable plus-value de cette conférence, c’est qu’elle est organisée de A à Z par des étudiants œuvrant dans différents domaines d’étude à McGill. Cette conférence s’organise pendant plusieurs mois et recrute plus de 250 étudiants mcgillois afin d’y travailler de manière bénévole. Elle est donc parfaite pour des étudiants désireux de s’impliquer à long terme dans un projet important.

Le Délit s’est entretenu avec Julie Ferreyra, députée directrice des relations publiques et adjointe au contenu multimédia de McMUN. Julie explique que, pour elle, l’engagement étudiant est au coeur de son expérience universitaire : « Après avoir expérimenté avec d’autres clubs et avoir eu plus de responsabilités au sein de ces clubs-là, j’ai compris que ce qui m’intéressait vraiment c’était la partie organisationnelle! Donc j’ai choisi de m’investir auprès de McMUN, puisque j’avais déjà eu l’opportunité au lycée de participer à des simulations des Nations Unies organisés par des universités. »

McMUN,comme les autres initiatives étudiantes sur le campus, contribue non seulement à la création de liens entre les étudiants, mais aussi à l’Université elle-même, puisque ce genre d’événement est valorisant pour la communauté mcgilloise. Julie explique : « C’est important, je pense, de pouvoir avoir accès à ces occasions et de rencontrer des personnes qui ne font pas nécessairement partie de notre cohorte, ou qui ne sont pas dans notre environnement immédiat. J’entends souvent des gens se plaindre qu’être dans une si grande université peut vite devenir isolant, et je le comprends, mais des opportunités comme McMUN, JDSP, SSUNS, c’est des moments de connexions! » Julie explique qu’en plus des avantages sociaux, ce genre de simulation est une expérience formatrice qui permet de trouver ce qu’on aime dans ce domaine et quel type de responsabilité nous correspond le mieux : « Ça offre l’occasion de s’impliquer au sein d’un environnement bienveillant, au niveau qu’on le souhaite (si on veut juste participer pour la durée d’un week-end, ou vraiment à fond dès le mois de mars). Ça permet une grande flexibilité, de pouvoir tester si on aime être dans un environnement intense. Par exemple, quelqu’un peut être en charge des commanditaires, mais se rendre compte qu’il n’aime pas être en charge des gens. McMUN est une occasion de se découvrir! »

« Ces opportunités comme McMUN, JDSP, SSUNS, c’est des moments de connexions »

L’engagement étudiant est une partie importante d’une communauté universitaire. Certains s’y impliquent à fond, tandis que d’autres se concentrent sur des objectifs personnels ou tout simplement sur leurs études. Avec plus de 250 associations étudiantes, l’Université McGill aura toujours une association prête à accueillir les étudiants à bras ouverts. Cet article a mis en lumière seulement deux initiatives étudiantes, les JDSP et McMUN, plutôt liées au domaine des sciences politiques. Toutefois, chaque département à McGill a son association étudiante et son lot de comités portant sur son domaine d’étude, que ce soit la psychologie ‚la sociologie, l’histoire, la médecine, le droit, et bien plus encore. Des groupes étudiants plus ludiques, comme des troupes de comédies musicales, des groupes de ski ou d’escalade, sont aussi présents sur le campus. Il y a de tout, pour chacun ayant pour but de s’impliquer dans sa communauté et de rencontrer des gens tout autant passionnés.

Dès ce soir, le 24 janvier, l’Association étudiante de l’Université McGill organise « La Soirée des Activités », une soirée qui a pour but de présenter les centaines d’associations étudiantes présentes sur le campus. Le Délit y sera présent afin de répondre à toute vos questions et pour connecter avec sa communauté mcgilloise.

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McGill et l’écologie : enfin un désinvestissement https://www.delitfrancais.com/2024/01/10/mcgill-et-lecologie-enfin-un-desinvestissement/ Wed, 10 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54022 Une victoire décisive dans la lutte pour une université écologiquement responsable.

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Le 14 décembre dernier, le conseil d’administration de l’Université McGill a voté en faveur d’un désinvestissement majeur. L’institution va abandonner toute participation directe dans les entreprises de combustibles fossiles figurant dans la liste Carbon Underground 200 (CU200) à compter de 2024, pour un abandon complet en 2025. Cette nouvelle décision représente une étape majeure dans la stratégie d’investissement socialement et écologiquement responsable de l’Université. Cette mesure met fin à plus d’une décennie de mobilisation étudiante, notamment incarnée par l’association étudiante Divest McGill, dédiée à la lutte contre les investissements dans les énergies fossiles et à la promotion de la justice climatique. Depuis sa création il y a douze ans, l’association est devenue le porte-parole des étudiants en désaccord avec le soutien de l’Université aux industries polluantes.

Maintenant ou jamais

Après plus d’une décennie de lutte pour le désinvestissement sans réelle action de la part de McGill, la possibilité qu’une telle demande puisse se concrétiser pouvait être questionnée. Dans une entrevue pour Le Délit, Naomi Pastrana Mankovitz, membre de Divest McGill depuis sa première année d’étude et porte-parole de l’association, nous a fait part de son ressenti face à cette avancée majeure : « C’était dur de s’attendre à une telle décision, mais on sentait qu’on n’avait jamais été aussi près [du but, ndlr], parce qu’on avait reçu des retours positifs du conseil d’administration et un soutien très important. (…) Toutes les circonstances étaient réunies, c’était maintenant ou jamais. (…) Tous les rapports environnementaux étaient en notre faveur et il n’y avait aucune raison de ne pas le faire. »

De plus, Naomi ajoute qu‘afin d’arriver à son but, la manière d’agir de Divest a dû évoluer au fil du temps : « Depuis des années, on était vraiment rigide et bruyants, on a fait des sit-ins, des pétitions, mais lors des derniers mois on était plus dans une approche où on parlait directement avec eux [le conseil d’administration, ndlr], en leur faisant des présentations. Il y a eu un dialogue et une collaboration. »

« Toutes les circonstances étaient réunies, c’était maintenant ou jamais (…) Il n’y avait aucune raison de ne pas le faire »


Naomi Pastrana Mankovitz

Une mesure symbolique

Dans ces circonstances très favorables de soutien massif et de climat apaisé, le vote en faveur du désinvestissement était donc plus attendu que jamais. Naomi nous a mentionné la portée très symbolique de ce vote : « Lorsque j’ai vu [les résultats, ndlr] j’ai crié, j’ai lancé mon cellulaire par terre. C’était incroyable parce que j’ai vu douze années d’efforts de la part de l’association se refléter sur une seule décision. Puis, partager ce moment avec les collègues qui travaillent encore dans l’association et penser à ceux qui ont gradué, c’était vraiment nice. » En effet, ce désinvestissement concrétise l’aboutissement d’un long travail. Naomi explique : «Des milliers de personnes ont été impliquées, pas juste des étudiants, mais aussi des professeurs. Toute l’université était derrière Divest à travers des lettres, des pétitions et des mobilisations. » Cette lutte a joué un rôle important sur le campus et a impacté la communauté enseignante et étudiante au fil du temps. Par exemple, le professeur de philosophie et d’éthique environnementale, Gregory Mikkelson, avait démissionné en 2020, face au manque d’action de la part de McGill pour le désinvestissement des énergies fossiles.

Malgré cette victoire, la porte-parole de Divest souligne que ce désinvestissement aura tout de même pris douze années, ce qui symbolise aussi selon elle un problème au sein de l’institution. : « Un point d’amélioration à considérer, c’est que l’on devrait démocratiser ces prises de décisions là. Une grande majorité [d’étudiants, ndlr], soutenus par la science, étaient pour ce désinvestissement depuis des années, mais ce n’est que quelques personnes haut placées de l’administration qui ont pu prendre cette décision. » Naomi ajoute que bien qu’elle soit très contente, il n’est pas normal que les étudiants aient à supplier le conseil d’administration pour que celui-ci daigne les écouter.

Et maintenant?

Maintenant que ce désinvestissement majeur a été annoncé, et le but de l’association atteint, le futur de Divest peut être questionné : que va devenir l’association? L’idée d’arrêter est d’abord venue à l’esprit de Naomi. « En septembre, on avait déjà pensé à une potentielle réussite, on se faisait déjà à l’idée que cette session serait peut-être la dernière », nous a‑t-elle confiés. Néanmoins, comme l’a affirmé l’association dans un communiqué sur Instagram suite à leur victoire le 17 décembre 2023, le travail de l’association « ne s’arrête pas ici ». En effet, bien que la trajectoire future de l’association soit pour le moment incertaine, Naomi nous a fait part de potentielles perspectives pour l’avenir. Premièrement, il y a la nécessité de finir le travail. Selon elle, il y a encore des choses à améliorer dans le portefeuille d’investissement de l’Université. Il y a encore 0,4 % des investissements du fonds commun qui sont indirectement liés à des industries fossiles. Parallèlement, Divest a aussi déclaré vouloir continuer à surveiller l’application du plan d’investissements « durables » de McGill. En plus de finir le travail de désinvestissement, Naomi nous mentionne l’envie de pousser à réinvestir l’argent libéré, et à mener des investissements plus responsables, verts et durables. Il faut « réinvestir l’argent qu’on n’investit plus dans les énergies fossiles, et continuer la communication qu’on a avec McGill par rapport à ces investissements ». Deuxièmement, Naomi a mentionné la volonté de continuer à faire pression pour des investissements socialement responsables. Comme le souligne Naomi, « Divest est un mot qui peut être appliqué à plein de causes ». Divest McGill s’est déjà engagé par le passé à soutenir d’autres causes, environnementales ou non. En 2021, Divest McGill s’était notamment joint aux côtés d’autres associations dans la foulée du mouvement « Divest for Human Right Campaign at McGill ». Plus récemment, l’association a aussi apporté son soutien au Kahnistensera (Mères mohawks) dans leur lutte pour l’arrêt provisoire du projet du Nouveau Vic, porté par McGill et la Société québécoise des infrastructures.

«Avec un peu de chance ça va se développer en quelque chose de plus large, qui couvre plus de sujets (…) les choses vont beaucoup changer »


Naomi Pastrana Mankovitz

Vers une coalition environnementale?

La porte-parole de Divest nous a partagé l’idée de créer « une coalition gouvernementale », « parce qu’en ce moment, il n’y a pas vraiment de groupes activistes qui font des actions directes à McGill ». Naomi mentionne la potentielle création d’un front uni pour l’environnement à McGill, qui compte déjà plusieurs autres associations luttant pour la cause environnementale comme ESG McGill, McGill Energy Association, Little Forest McGill, et bien d’autres. Divest McGill peut afficher aujourd’hui une grande victoire sur son palmarès. Cette victoire, ainsi que ses compétences de mobilisation et « la connaissance institutionnelle » acquise ces douze dernières années pourraient constituer un point de départ pour un nouveau mouvement de plus grande ampleur. « Avec un peu de chance ça va se développer en quelque chose de plus large, qui couvre plus de sujets (…) les choses vont beaucoup changer. »

Cette victoire montre finalement que les mobilisations étudiantes ne sont pas vaines, et peuvent avoir une influence déterminante sur les institutions. Pour Divest McGill, cette victoire signifie que « tout est possible » et que l’action environnementale doit se poursuivre coûte que coûte.

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Retour sur le projet du Nouveau Vic https://www.delitfrancais.com/2024/01/10/retour-sur-le-projet-du-nouveau-vic/ Wed, 10 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54027 Des recommandations du panel scientifiques mal respectées ?

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Coûte que coûte, les travaux de développement de l’ancien site de l’hôpital Royal Victoria se poursuivent. L’absence du panel d’archéologues indépendants se prolonge sur le site qui pourrait contenir des tombes anonymes, malgré une ordonnance de la Cour supérieure du Québec qui a exigé son rappel, le 20 novembre 2023. L’Université McGill, se considérant non tenue par les recommandations de son propre groupe d’experts, s’est interposée entre ces experts qui surveillaient l’excavation au site du Nouveau Vic et les travailleurs de la compagnie Ethnoscop, firme de consultation archéologique et patrimoine culturel, engagée par McGill et la SQI. Selon la formulation de l’accord de règlement rectifié, les recommandations formulées par les membres du panel doivent être respectées pour que le projet puisse avancer, bien qu’elles ne soient pas juridiquement contraignantes. Cela aurait fait avancer plus rapidement l’excavation des terrains sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria. Qu’est-ce que cela peut nous apprendre sur la formation d’un nouveau panel en 2024, comme l’a ordonné le juge Gregory Moore?

Le travail du panel, composé des archéologues Adrian Burke, Lisa Hodgetts et Justine Bourguignon-Tétreault, s’est terminé au milieu de l’été 2023, alors que les recherches archéologiques battaient leur plein. Le trio venait alors d’émettre des recommandations qui restent jusqu’à maintenant peu respectées selon Julien Falconer, avocat du Bureau de l’interlocutrice spéciale (BIS) de Kimberley Murray. Deux membres du panel sur trois sont aussi membres du Groupe de travail de l’Association canadienne d’architecture sur les sépultures non marquées (ACA).

Une convention sujette à l’interprétation

Le panel en question résulte d’une convention de règlement signée en avril 2023 devant le juge Gregory Moore, au terme d’un processus de négociation de six mois et de trois journées de médiation en cour.

Elle lie les Kahnistensera (Mères mohawks), qui exigent que le site soit fouillé afin d’investiguer la présence de tombes anonymes, et les promoteurs du projet de développement du Nouveau Vic : l’Université McGill et la SQI. Ces derniers ont pour leur part un échéancier de cinq ans et un budget de 870 millions de dollars à respecter pour accomplir leur projet selon la foire aux questions publiée par McGill sur le Nouveau Vic.

Selon la convention, le mandat de ce panel indépendant est d’identifier les techniques d’analyse archéologique appropriées et de recommander les experts les mieux qualifiés pour les appliquer. Les Mères mohawks, l’Université McGill et la SQI ont nommé les membres du panel conjointement. Cette approche de concertation entre les parties a néanmoins rencontré des difficultés au cours des derniers mois, comme l’ont dicté la partie demanderesse et la partie défenderesse au tribunal le 27 octobre.

Lors d’une entrevue, un membre du panel qui a souhaité rester anonyme, nous a toutefois confié s’être senti très tendu dans son rapport avec McGill. McGill et la SQI ont maintenu de fortes pressions sur les archéologues, qui « ne sont pas habitués à travailler avec quelqu’un qui regarde par-dessus leur épaule ». C’est donc dans ce contexte tendu que le panel intervient dès le départ. Dans une entrevue, Philippe Blouin, un doctorant en anthropologie qui accompagne les Mères mohawks dans leurs démarches depuis le début, nous a notamment avisé que « moins de deux semaines après la signature de la convention [McGill a, ndlr] voulu faire signer des contrats aux membres du panel, pour faire en sorte qu’ils travaillent pour eux, pour pouvoir les payer, mais sans le dire aux Mères mohawks, sans les faire passer par les Mères mohawks ». Ce n’est pas le genre de comportement malhonnête que McGill considère comme le sien, invoquant au contraire sa propre transparence avec les panélistes. Selon Christopher Manfredi, vice-principal exécutif et vice-principal aux études, « toutes les parties de l’entente de règlement ont reçu les rapports des experts réalisant les travaux archéologiques », et cela depuis le début des travaux en automne 2022.

« Les Mères mohawks, l’Université McGill et la SQI ont nommé les membres du panel conjointement. Cette approche de concertation entre les parties a néanmoins rencontré des difficultés au cours des derniers mois »

Autre accroc : « Nos recommandations étaient contraignantes [d’un point de vue juridique, ndlr], c’est ainsi que nous l’avons toujours compris (tdlr)», soutient le panéliste anonyme. Les promoteurs qui engagent le panel ne l’ont pas compris de cette façon. La SQI et McGill font front commun et soulignent le fait qu’elles « ne sont pas légalement tenues » de suivre les recommandations du panel, comme le plaide Me Mitchell en faveur de McGill lors de l’audience pour l’ordonnance de sauvegarde le 27 octobre dernier. Dans son analyse, le juge Moore rappelle aux parties qu’elles sont bel et bien liées (« bound ») par les recommandations sur les techniques de fouille et d’analyse.

Et sur le terrain?

Le panéliste anonyme, qui continue de suivre l’affaire de près, bien qu’il ne soit plus sous contrat, évoque un environnement tendu « qui va à l’encontre de la conduite d’un travail archéologique approprié ». Une des membres du panel, Justine Bourguignon-Tétreault, s’est d’ailleurs désistée le 3 août, à la suite du refus catégorique et répété de la SQI de faire réviser le rapport de relève géoradar produit par la compagnie Geoscan.

M. Simon Santerre est l’archéologue chargé de projet employé par Ethnoscop. Il est spécialisé en archéologie historique et préhistorique. Sur le site de travail, il est accompagné d’une archéologue spécialisée en bioarchéologie, c’est-à-dire l’analyse des restes humains et matières biologiques. Rapidement, ses relations avec les Mères mohawks et les moniteurs culturels qui les accompagnent s’enveniment. Le panéliste jette une partie du blâme sur les promoteurs, affirmant que McGill et la SQI, qui « ne comprenaient pas l’injonction », voulaient forcer Santerre à travailler plus vite. « Les archéologues ne sont pas habitués à travailler de cette manière », déclare le panéliste.

En cour le 27 octobre 2023, le représentant légal du Bureau de l’interlocutrice spéciale indépendante Kimberlay Murray (BIS), qui conseille la Cour en matière de sépultures autochtones non identifiées, déplore que Simon Santerre ne reconnaisse qu’une seule autorité, soit celle de la SQI. Me Falconer regrette la « réticence » totale de Simon Santerre à travailler avec les Mères mohawks dans un partenariat jugé « incontournable » par le BIS.

« Nos recommandations étaient contraignantes [d’un point de vue juridique, ndlr], c’est ainsi que nous l’avons toujours compris »

Des recommandations mal respectées

Au fil des événements, et alors que le panel indépendant est aujourd’hui absent du portrait pour rétablir la confiance, les Mères mohawks sont à couteaux tirés avec les promoteurs du projet. « Je trouve ça dérangeant que ces gens-là veuillent favoriser un développement effréné sur des terres où il y a possiblement des restes humains », lâche Philippe Blouin.

L’Université McGill dit avoir respecté « l’expertise recommandée par le panel indépendant d’experts, conformément à l’Entente de règlement » dans un courriel envoyé à la communauté étudiante et facultaire de McGill le 20 décembre 2023. À l’heure actuelle, le groupe ne s’est pas réuni à nouveau, malgré l’avancement des travaux sur le site du Nouveau Vic. Aucun élément ne confirme si McGill réintégrera ou non les deux anciens panélistes, la Dre Lisa Hodgetts et le Dr Adrian Burke. McGill n’a pas encore choisi de troisième membre et est en train de trouver un remplaçant approprié, selon une source qui s’est confiée à nous.

Les abords du pavillon Hersey, un périmètre rond situé à l’intersection des rues Docteur Penfield et des Pins, ont été dégagés par les archéologues. Nous avons visité le site le 12 décembre, et l’un des contremaîtres a déclaré : « L’inspection archéologique est déjà faite ici ». Les zones autour du pavillon Hersey ne sont pas une priorité de développement, car elles ne nécessitent pas de démolition ou de recâblage. Les travaux se sont arrêtés pour les fêtes le 22 décembre 2023, deux jours après l’envoi du courriel par McGill à la communauté étudiante et facultaire.

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Loi C‑18 et la désinformation sur le conflit à Gaza https://www.delitfrancais.com/2023/11/29/loi-c-18-et-la-desinformation-sur-le-conflit-a-gaza/ Wed, 29 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53789 Entretien avec trois professionnels en journalisme.

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Le 21 novembre dernier, la Cour supérieure du Québec a bloqué la politique contre le génocide en Palestine proposée par l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM), et adoptée à 78,7 % par les étudiants lors d’un référendum. Les tensions et la polarisation sur le campus de McGill sont évidentes, et maintenant plus que jamais, ce qui inquiète l’administration mcgilloise. Le projet de loi C‑18, qui vise à compenser financièrement les médias d’information canadiens, pourrait indirectement contribuer à la polarisation autour du conflit à Gaza, selon trois experts en communication interviewés.

Le projet de loi C‑18, annoncé en juin 2023 par le gouvernement fédéral et adopté par le Sénat et la Chambre des Communes, vise à établir un système d’indemnisations équitables pour les entreprises de nouvelles canadiennes, par les réseaux sociaux et autres plateformes intermédiaires qui tirent profit des clics d’utilisateurs vers ces sites d’information. Cette loi mettrait en œuvre des règlements pour instaurer un système de redevance des géants du web comme Meta, en faveur des médias d’information canadiens.

La loi prend effet le 19 décembre, mais Meta, la société mère de Facebook et Instagram, l’une des plateformes affectée par la loi C‑18, a déjà pris des mesures pour s’y opposer. En effet, dès le 1er août 2023, les Canadiens ont pu remarquer que le contenu journalistique était bloqué sur ces plateformes.

Trois experts ont été consultés afin de comprendre comment le blocage des nouvelles par Meta influence la perception des étudiants sur le conflit à Gaza : Alain Saulnier, directeur général de l’information à Radio Canada, professeur et journaliste de carrière, Jean-Hugues Roy, journaliste et professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et Patrick White, également professeur de journalisme à l’UQAM.

Plusieurs études menées sur l’utilisation des réseaux sociaux par les Canadiens révèlent qu’environ 25 % d’entre eux s’informent de l’actualité majoritairement par l’entremise des réseaux sociaux. Bien qu’on s’attende à ce qu’une majorité d’entre eux provienne du groupe d’âge 18–34 ans, il est fort probable qu’il y ait une certaine variation sur un campus universitaire. Le Délit a donc passé en entrevue au hasard une quinzaine d’étudiants sur le campus de McGill, pour mieux comprendre d’où ils obtenaient leur information sur le conflit, et plus spécifiquement, à quelles sources ils faisaient confiance.

La désinformation

Le plus grand risque associé au blocage d’information est celui de la désinformation. Alain Saulnier prédit que sans les entreprises de nouvelles établies sur les réseaux sociaux, la désinformation deviendra telle que les réseaux sociaux en deviendront inutilisables. Selon lui, c’est un phénomène que l’on peut déjà observer. Il explique que «la désinformation va prendre tout l’espace […] parce que quand un espace est disponible, il se remplit d’une autre façon, notamment par la propagande, les trolls et la désinformation ». Il prévoit un «appauvrissement de la connaissance des nouvelles et de la capacité des Canadiens à réagir correctement lorsque les événements comme ceux à Gaza surviennent ». Selon lui, les Canadiens doivent faire leur deuil de ces plateformes comme sources d’information fiables.

Cette observation est corroborée par Jean-Hugues Roy, qui ajoute que « dans les sociétés plus polarisées, la désinformation est plus visible sur les réseaux sociaux », et que « le conflit entre Israël et le Hamas est un cas de polarisation assez patent ». Comme nous avons pu le constater ces dernières semaines, les tensions entre les étudiants de McGill autour du conflit à Gaza sont élevées.

Néanmoins, la manière dont les étudiants mcgillois obtiennent leur information ne semble pas être directement influencée par la loi. En effet, plusieurs étudiants disent se fier de moins en moins aux médias établis, notamment le New York Times, le Washington Post, et la BBC. Certains expliquent avoir peu confiance en ce que ces médias avancent, citant la désinformation dont ils ont témoigné au début du conflit. Il serait donc possible de penser que leur perception du conflit ne sera pas affectée par la loi. Malgré cela, le blocage du contenu journalistique en réponse à la loi C‑18 crée un vide informationnel qui a des répercussions sur tous les utilisateurs de réseaux sociaux, qu’ils se fient aux informations provenant de sources établies ou pas. Jean-Hugues Roy explique que la présence de sources journalistiques sur les réseaux sociaux, même si elles ne sont pas consultées, joue un rôle médiateur. Ces informations limitent, en quelque sorte, la polarisation, en ajoutant de la nuance au contenu qui défile sur nos réseaux. D’après les entrevues avec des étudiants de McGill, ces derniers sont particulièrement à risque de sombrer dans cette désinformation. En effet, une grande majorité d’entre eux expliquent prendre de leurs nouvelles sur les réseaux sociaux. Bien que la plupart n’obtiennent pas exclusivement leurs nouvelles concernant le conflit à Gaza sur les médias sociaux, plusieurs en dépendent. Ceci met donc les mcgillois à risque de tomber dans la désinformation, qui augmente sans cesse sur les réseaux sociaux.

« Le blocage du contenu journalistique en réponse à la loi C‑18 crée un vide informationnel qui a des répercussions sur tous les utilisateurs de réseaux sociaux, qu’ils se fient aux informations provenant de sources établies ou pas »

Perte de crédibilité et normes d’informations

Patrick White, professeur de journalisme à l’UQAM, reconnaît la perte de confiance en la crédibilité des médias établis chez certains étudiants, et la nécessité de regagner cette confiance. Cependant, selon lui, l’abondance de désinformation liée au blocage de nouvelles sur les réseaux sociaux exige plus que jamais l’accès aux médias établis. Jean-Hugues Roy ajoute que les articles journalistiques produits par les entreprises de nouvelles, que Meta menace d’éliminer de manière permanente de ses plateformes, procurent aux utilisateurs le contexte et l’expertise journalistique nécessaires pour combattre cette désinformation et toute polarisation potentielle. Il explique que « ça fait partie des normes journalistiques d’admettre qu’on s’est trompé et de corriger ses erreurs. Ça arrive. Il faut être transparent ».

Cette désinformation, nous explique Patrick White, n’est pas seulement causée par le blocage des nouvelles sur les plateformes de Meta. Le conflit à Gaza carbure à l’émotion et à la désinformation, ce qui mène au «pullulement des comptes automatisés à l’intelligence artificielle qui propagent la désinformation ». Bien que ce problème ait toujours été présent, le blocage de contenu journalistique enlève ce que Jean- Hugues Roy qualifie de « rempart » ou de « bouclier » contre la désinformation. Du moment que l’information est présente, qu’elle soit consultée ou non par les utilisateurs, elle fait partie du paysage numérique. En bloquant ce contenu bouclier, Meta envoie, en quelque sorte, un message comme quoi « l’information pour l’intérêt public n’existe pas », nous affirme Jean-Hugues Roy.

«la désinformation va prendre tout l’espace […] parce que quand un espace est disponible, il se remplit d’une autre façon, notamment par la propagande, les trolls et la désinformation »

Alain Saulnier, directeur général de l’information à Radio-Canada

Il est clair que les étudiants de McGill passés en entrevue ne se fient pas exclusivement aux réseaux sociaux. En effet, plusieurs sont conscients de l’enjeu de la désinformation, et disent corroborer l’information qu’ils partagent sur les réseaux. Certains lisent des articles académiques sur l’histoire de la région touchée par le conflit. Le contexte, qui manque si clairement sur les réseaux sociaux à la suite des mesures prises par Meta, n’est donc pas nécessairement absent.

Il semblerait que la perception de certains étudiants continue à être ancrée dans la recherche et les faits. Bien que cette prise de conscience soit importante, la plupart des étudiants trouvent leur information à l’intérieur des chambres d’écho médiatiques. Celles-ci amplifient les croyances des utilisateurs à travers un algorithme qui propose rarement de l’information contraire à ces croyances. En effet, la plupart des étudiants passés en entrevue disent rarement obtenir de l’information avec laquelle ils ne sont pas d’accord sur les réseaux sociaux, mais qu’ils ont plus tendance à la corroborer s’ils sont en désaccord. La polarisation sur le conflit à Gaza en est donc intensifiée. Indépendamment de la bonne volonté des étudiants, il devient difficile de sortir de ces chambres d’écho, exacerbées par le blocage du contenu sur les réseaux sociaux.

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Le volontourisme https://www.delitfrancais.com/2023/11/22/le-volontourisme/ Wed, 22 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53495 Entre volontariat et tourisme, quelle est la frontière?

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Dans une ère où le volontourisme – un néologisme formé des mots volontariat et tourisme – gagne en popularité, Le Délit a voulu se pencher sur les motivations et conséquences de cette forme d’engagement. Pour cela, nous avons rencontré Charlotte Laverne, étudiante en troisième année à McGill et Clémence, ancienne étudiante de McGill.

« Je suis quelqu’un de bien »

L’engagement civique associé à l’entreprise d’activités bénévoles comme faire des maraudes ou distribuer de l’aide alimentaire par l’association de son quartier peut paraître pour certains trop « banal ». Depuis quelques années, certains ont trouvé un moyen de rendre leur engagement plus dépaysant ou « exotique » : partir à l’étranger pour aider. Dans un monde inégalitaire où près d’un milliard d’individus vivent dans l’extrême pauvreté, des personnes des pays riches et développés, désireux de s’engager pour une cause, veulent venir en aide aux communautés les plus vulnérables. Moyennant des sommes parfois exorbitantes, des associations proposent des expériences humanitaires, dont les impacts sur les communautés locales sont parfois loin d’être positifs. Voyager (souvent en Afrique ou en Asie) pour aller aider les populations locales est une ambition qui suscite des questionnements et des critiques. Outre son but qui consiste à apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin, cette activité peut souvent être accompagnée d’intentions parallèles, notamment pour satisfaire sa bonne conscience, passer des vacances légitimes et pouvoir affirmer à tout son entourage : « Je suis quelqu’un de bien.» Ce phénomène de légitimation moral est aussi appelé « syndrome du sauveur blanc ».

Dans le cadre universitaire, les opportunités de volontariat à l’étranger sont nombreuses, et mises en avant au sein de la communauté étudiante. Interrogée sur la popularisation du volontourisme, Clémence nous a confié :
« Je pense qu’un facteur important, c’est que ce type d’expérience est valorisé dans les universités. On nous encourage davantage au volontariat à l’étranger, qu’au volontariat local. » Ce phénomène s’est popularisé à travers l’instagrammabilisation de nos voyages, cette envie de montrer et d’étaler notre vie sur les réseaux sociaux. Pour Clémence, « quand on voit d’autres gens le faire, on se dit que ça peut être bien, sans comprendre les conséquences du volontourisme. Donc, au final, c’est faire un voyage en se donnant bonne conscience ». Les gens iraient-ils à l’autre bout du monde pour aider des enfants s’ils ne pouvaient pas l’afficher sur les réseaux sociaux?

L’influence sur les populations locales

Charlotte est partie deux mois en Tanzanie, près de la ville de Mikungani, pour aider dans une école. Celle-ci fait partie de l’association, Life Support For Change, créée par Myriam, une femme du village, ayant pour le but s’occuper des enfants en bas âge.

D’abord affectée aux classes, Charlotte s’est ensuite occupée de l’administration et de la rédaction de rapports pendant le reste de son séjour au sein de l’association. Elle explique qu’au cours de la période, des groupes d’une vingtaine de Sud-Américaines sont arrivées à plusieurs reprises, pour faire ce qu’elle considère du volontourisme. Elles ont voyagé pendant deux semaines avec cette même association, pour un montant exorbitant de plus de 1 000 dollars américains, dédié à l’association Travelers with Cause. Charlotte considère cela comme du volontourisme, car ces personnes « estimaient vraiment les enfants comme des attractions. Elles les appelaient souvent pour s’afficher sur les réseaux, en leur disant “venez par ici, on fait un selfie” ».

L’impact du volontourisme sur les enfants est documenté et dénoncé par l’association ChildSafe Movement, qui a lancé une campagne de sensibilisation : « Les enfants ne sont pas des attractions touristiques! (tdlr) » Que ce soit pour prendre une photo ou pour créer des liens d’affection, ces enfants revivent – volontaire après volontaire – la même expérience traumatisante de voir ces affinités déchirées lors du départ de ces bénévoles, que ce soit pour deux semaines ou trois mois.

« L’idée, c’est d’insister sur un suivi, de ne pas partir un mois et ne jamais en reparler »

Clémence, ancienne étudiante de McGill

Bénéfice ou préjudice?

Au-delà du comportement avec les enfants, Charlotte dénonce un autre problème rencontré avec les volontouristes : « On a eu affaire plusieurs fois à des filles qui disaient “non, je n’ai pas envie de travailler aujourd’hui”, alors qu’elles ne travaillaient déjà qu’une demi-journée, et avaient leur week-end de libre. » Charlotte avait interrogé Myriam, la directrice de l’association à ce sujet, celle-ci lui a confiée rechercher activement d’autres sources d’argent pour s’émanciper de ces groupes, afin de clairement séparer volontariat et tourisme, parce que ces refus trop récurrents au travail perturbent le fonctionnement de l’école. Malgré tout, l’association avoue avoir besoin de ces fonds pour lancer le projet : « Ces filles, quand elles viennent, elles apportent énormément d’argent. Je dirais qu’en moyenne, chacune de ces filles permettait de sponsoriser trois enfants. Et même quand elles sont sur place, elles dépensent énormément dans l’économie locale. Donc, au sein de l’école, il y a un petit magasin qui a été mis en place pour que les groupes puissent acheter des souvenirs. »

Pour Charlotte, le volontourisme est un phénomène répandu et une entreprise florissante pour les associations bien intentionnées, ou non. « J’ai rencontré d’autres gens qui pensaient faire du volontariat au Togo. Au final, en s’engageant dans l’association, elles se sont rendu compte que les sommes payées par les volontaires n’étaient pas du tout reversées aux enfants. » De son côté, Clémence identifie plusieurs niveaux de volontourisme : « Il y a le niveau financier. Donc, le volontourisme, c’est vraiment comme payer pour faire du tourisme, mais pour faire du bénévolat. Il y a aussi le bénévolat dans un cadre où la personne n’a pas les compétences pour ce qu’elle fait. Puis il y a aussi la structure dans laquelle tu le fais. Est-ce que tu le fais dans une structure qui est en train de vraiment remplir un besoin? Es-tu vraiment en train de remplir un besoin qui ne peut pas être rempli par des locaux, soit parce qu’il y a un manque de compétences, un manque de main d’œuvre, ou un manque de formation? Quelque chose qui peut être fait sur place, c’est du volontourisme. » Le volontariat à l’étranger doit ainsi prendre en compte l’impact sur les communautés locales : est-ce réellement un bénéfice ou alors un préjudice? La durabilité du projet de volontariat ne peut être à court terme, et une prise de conscience est absolument nécessaire avant de s’engager.

Des alternatives?

Alors, comment faire du volontariat sans tomber dans les travers du volontourisme? Nous avons posé la question à Clémence, qui s’était engagée dans un projet à l’étranger via le scoutisme. « L’idée, c’est que les projets qu’on doit construire sont en collaboration avec des associations. On doit vraiment apporter quelque chose. On n’a pas le droit de juste payer une association pour faire du bénévolat. L’idée, c’est d’insister sur un suivi, de ne pas partir un mois et ne jamais en reparler. L’idée, c’est potentiellement de lever des fonds après, de faire un suivi, de pousser d’autres équipes à aller faire du bénévolat avec les mêmes associations. » Cependant, Clémence considère que la démarcation avec le volontourisme reste fine. « On reste des gens de 19 ans, qui vont faire un projet à l’étranger pendant une période courte d’environ un mois, sans avoir beaucoup d’expérience. Je pense que le but est principalement éducatif, c’est surtout de nous apprendre à ne pas avoir peur de partir à l’étranger et d’aller à la rencontre d’autres communautés. Mais pour les locaux, je ne vois pas toujours l’intérêt. »

Quelle est la nécessité de parcourir des milliers de kilomètres si le but principal est de nourrir son propre égo? L’engagement local pourrait finalement être la meilleure solution aux problèmes posés par le volontourisme, afin de tirer une ligne claire entre volontariat et tourisme, entre aide et divertissement. En effet, comme nous l’a expliqué Clémence, le volontourisme est fondé sur le syndrôme du « sauveur blanc », qui découle du racisme et de la suprématie blanche, plaçant ces derniers dans une position de privilège et ayant le rôle de
« sauveur » vis-à-vis de ceux qui ont été historiquement opprimés et exploités.

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Rentrez en sécurité! https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/rentrez-en-securite/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53310 Présentation du service DriveSafe.

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Cette semaine, Le Délit s’est entretenu avec Alice Dubois, vice-présidente (VP) des bénévoles de DriveSafe. Cette initiative présente sur le campus offre un service gratuit à tous les étudiants pour qu’ils puissent rentrer chez eux le soir en sécurité.

Comment ça marche ?

Les étudiants peuvent appeler un numéro ou remplir une page sur Google Docs en indiquant leur adresse et leurs coordonnées. Un dispatcher reçoit les appels, indique les temps d’attente et transfère les informations aux équipes composées d’un conducteur et d’un copilote. Trois ou cinq voitures opèrent ainsi du jeudi au samedi soir, de 23h à 3h, sur toute l’île de Montréal.

En entrevue avec Le Délit, Alice a tenu à rectifier la supposition commune que DriveSafe ne s’adresse qu’aux personnes alcoolisées et aux filles, plus susceptibles d’être victimes de harcèlements de rue. « C’est une initiative pour tous les étudiants, il n’y a pas de restriction. Je voudrais que les gens sachent que ça ne s’adresse pas qu’aux filles qui ne se sentent pas en sécurité le soir ; ce n’est pas seulement si tu sors de soirée, si tu es alcoolisé ou sous l’emprise de drogues. Peu importe qui tu es, [tu peux utiliser ce service, ndlr]. » Interrogée sur les effectifs et le recrutement, Alice nous a confié que le Covid-19 a beaucoup impacté DriveSafe, qui recommence seulement depuis l’année dernière à recruter et à se faire connaître.

DriveSafe compte aujourd’hui 112 volontaires, et cherche toujours de nouvelles recrues. « Notre but, c’est de recruter et former le plus de volontaires possibles, pour refuser le moins d’appels et réduire les temps d’attente. En ce moment, on est occupé à former les nouveaux volontaires du mois d’octobre. Là, on pourra avoir entre trois et cinq voitures par soir. » Interrogée sur son expérience en tant que conductrice, Alice nous a confié que faire partie de DriveSafe est aussi l’occasion de tisser des liens avec d’autres volontaires et de rencontrer d’autres étudiants : « Je pense que c’est vraiment la connexion avec les passagers qui est sympa. Le soir, les gens se confient différemment. Ils te racontent des trucs. Après, il y a des moments compliqués. Il y a des moments où les personnes ne sont vraiment pas bien, ou alors elles ont vécu des choses compliquées qui font qu’elles ne se sentaient pas en sécurité. Les aider, c’est vraiment le but de l’association. Mais ce n’est pas toujours facile à gérer. »

« C’est une initiative pour tous les étudiants, il n’y a pas de restriction. Je voudrais que les gens sachent que ça ne s’adresse pas qu’aux filles qui ne se sentent pas en sécurité le soir »

Alice Dubois, vice-présidente (VP) des bénévoles de DriveSafe
Témoignage d’une utilisatrice

Camille, étudiante mcgilloise, a bien voulu témoigner de son expérience avec DriveSafe. Alcoolisée en rentrant de soirée, ses amis lui ont conseillé d’appeler ce service. « C’était la première fois. Par réflexe je ne me sentais pas légitime. Je me disais que probablement d’autres personnes en auraient plus besoin que moi et qu’il y avait sûrement beaucoup de gens qui appelleraient et que je ne serais pas prioritaire. Mais ils ont répondu et, en quelques minutes, ils sont arrivés, et m’ont ramené juste devant chez moi. Je trouve ça génial. Je suis rentrée et je me suis dit : c’est à refaire ». Interrogée quant à son sentiment d’insécurité à Montréal, Camille nous a confié : « Un peu. Surtout quand je dois traverser l’avenue du Parc. Je peux me sentir un peu anxieuse de passer par là, mais sinon dans l’ensemble, pas tellement. »

Pour utiliser DriveSafe, appellez au (514) 398‑8040

Pour devenir volontaire, envoyez un email à volunteers. drivesafe@ssmu.ca.


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