Archives des Actualités - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/actualites/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Mon, 02 Dec 2024 23:06:05 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Solidarité sans logement https://www.delitfrancais.com/2024/11/27/solidarite-sans-logement/ Wed, 27 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56685 Un point sur l’itinérance à Montréal avant l’arrivée de l’hiver.

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Le 18 novembre, un avis d’éviction a été envoyé à quelques individus logeant dans un campement de sans-abris de la rue Notre-Dame, dans le quartier d’Hochelaga. Le jeudi suivant, le ministère des Transports devait procéder au démantèlement d’une partie du campement, une décision déplorée par certains, compte tenu du manque de place dans les refuges de la ville, particulièrement en hiver.

À la suite de l’appel de la mairesse, Valérie Plante, la ville de Montréal a mis à jour son plan hivernal pour les personnes itinérantes. Ce plan inclut la création de comités d’aide et l’établissement de centres d’hébergement temporaires, ainsi que la distribution de 500 000$ aux organismes de la ville offrant du soutien et des services aux personnes en situation d’itinérance. Malgré ces mesures, les défis auxquels se heurtent les itinérants de la ville restent importants. Un recensement datant de 2022 révèle que Montréal compte plus de 4 500 sans-abris, mais malgré les infrastructures d’hébergement de la ville, près de 1 000 personnes dorment dans l’espace public chaque nuit. Avec des risques particulièrement élevés durant les mois d’hiver et des ressources insuffisantes, comprendre et réparer les failles du système de bien-être social est essentiel.

Ce sont des gens très seuls qui ont besoin d’accompagnement. Cette solidarité ne remplace pas le sentiment d’un vrai chez- soi.

Communauté et logement

Le Délit a discuté avec Matthieu*, qui est en situation d’itinérance à Montréal depuis près de quatre ans. Après s’être fait licencié et avoir quitté Chicoutimi pour trouver un emploi à Montréal, il s’est retrouvé à la rue. « J’ai pas trouvé [d’emploi, ndlr] à temps. Au début, je dormais chez des gens que je connaissais, mais ça n’a pas duré. Je ne parle plus à ma famille, donc je ne peux pas rentrer, mais je suis mieux dans une grande ville comme Montréal qu’ailleurs. » Plusieurs se rendent vers les centres urbains de la province en espérant trouver un emploi, ou encore pour avoir accès à des services sociaux plus développés.

En parallèle, un processus d’aliénation et d’isolement s’installe progressivement, affirme Emma Cyr, étudiante à la maîtrise en travail social et intervenante dans une clinique pour les personnes ayant des problèmes de dépendance – une population dont la majorité se trouve en situation d’itinérance. Selon elle, « certains se retrouvent dans la rue par concours de circonstances, ils commencent à consommer [de la drogue, ndlr], et sans téléphone, ils perdent la connexion avec leurs proches. Ils finissent par vouloir avoir assez d’argent pour continuer à consommer, ce qui fait souvent en sorte qu’ils se retournent contre leur propre famille, et deviennent très isolés ».

Emma constate la présence d’une communauté solidaire entre les personnes en situation d’itinérance, mais clarifie que « ce sont des gens très seuls qui ont besoin d’accompagnement. Cette solidarité ne remplace pas le sentiment d’un vrai chez-soi. Ils veulent une communauté qui n’est pas juste entre personnes itinérantes, cette communauté là n’est pas suffisante. Elle ne comble pas les besoins fondamentaux ».

Malheureusement, ces besoins restent inaccessibles pour beaucoup. Les temps d’attente pour l’obtention de logements à loyer modique à Montréal varient, mais en fonction des circonstances individuelles, ils peuvent aller jusqu’à plusieurs années. La crise du logement dans les grandes villes a exacerbé cette pénurie de logements accessibles, et Emma explique avoir dû annoncer à plusieurs personnes qu’ils auraient à attendre près de 10 ans pour y accéder : « Quand j’ajoute des gens à la liste pour accéder à ces logements [subventionnés, ndlr] je suis dans l’obligation de leur déclarer le temps d’attente. Ces gens survivent au jour le jour, ils sont découragés d’entendre qu’ils devront attendre aussi longtemps. »

L’hiver à l’approche

L’arrivée de l’hiver est redoutée par beaucoup, et la pression sur les services de logement et d’aides aux personnes sans-abri augmente. Matthieu explique certains des problèmes présentés par les refuges : « Il y a pas mal d’endroits qui ne te permettent pas de rentrer avec tes affaires, mais pour moi, au début, mes affaires c’est tout ce que j’avais. C’était mes vêtements, mes chaussures, les choses que j’avais amenées avec moi. J’avais rien d’autre, je pouvais pas m’en débarrasser, alors je dormais dans la rue. Mais quand l’hiver s’en est arrivé, je n’avais plus vraiment le choix, il faisait trop froid pour rester dehors. » En effet, certains refuges interdisent à ceux qui les fréquentent d’y rentrer avec des biens personnels, généralement pour des questions sanitaires. Cependant, ces critères d’admissibilité empêchent plusieurs personnes d’avoir accès aux logements d’urgence de la ville, d’autant plus que posséder des biens matériaux est un défi en soi. Matthieu raconte s’être fait voler certains de ses biens, et conclut que « le moins de choses t’as, le moins t’es ciblé ».

Le manque de ressources et de financement peut être tenu responsable de l’insuffisance des services, surtout l’hiver. Matthieu raconte lui-même avoir des difficultés d’accès à ces services : « des fois, il y a des refuges qui ont de la place et des fois ils n’en ont pas. Quand j’ai assez de sous, je fais la file pendant longtemps pour m’assurer d’avoir une place, mais j’arrive pas tout le temps. Il n’y a pas la place pour tout le monde, donc il y a des périodes où je dors dehors. »

Il n’y a pas d’argent pour la création de logements à loyer modique, et quand les personnes en situation d’itinérance finissent par avoir un logement, il faut qu’elles continuent d’être accompagnées.

« Quand il commence à faire froid, ça se sent dans les organismes », explique Emma. « Autour du mois de novembre, des centres de répit ouvrent dans des églises, des centres communautaires, et des arénas, mais ce n’est pas tout le temps des endroits pour dormir, » poursuit-elle. Beaucoup de ces refuges sont des logements à court-terme, et n’offrent finalement pas de solution permanente.

Un secteur sous-financé

Plus tôt cet automne, Québec a alloué 4,2 millions de dollars pour lutter contre l’itinérance à Montréal, une somme visant spécifiquement à gérer des profils plus complexes. Malgré cela, plusieurs acteurs dans le secteur communautaire déplorent les subventions insuffisantes de la part du gouvernement. Selon Emma, le financement manque à tous les niveaux : « Il n’y a pas d’argent pour la création de logements à loyer modique, et quand les personnes en situation d’itinérance finissent par avoir un logement, il faut qu’elles continuent d’être accompagnées. Ce n’est pas juste avoir un logement, c’est être capable de le garder. C’est facile d’oublier de payer son loyer, ou de laisser d’autres gens rentrer. »

Cet accompagnement social, explique-t-elle, est sous-financé. Les salaires bas et les conditions de travail difficiles des intervenants et des travailleurs sociaux y sont pour beaucoup. « Il y a tellement de retournement d’employés, c’est difficile de garder des gens dans ce milieu-là. C’est un secteur qui ne reçoit pas beaucoup d’attention dans le domaine politique, » conclut-elle.

*Nom fictif

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Rendez-vous en planète inconnue https://www.delitfrancais.com/2024/11/27/rendez-vous-en-planete-inconnue/ Wed, 27 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56701 Peut-on envisager un futur « chez nous » dans l’espace?

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Ce lundi 18 novembre, The Exploration Company (TEC), société spatiale franco-allemande, a annoncé le montant du financement accordé au développement du service de transport cargo européen à destination de la Station Spatiale Internationale (SSI). La levée de fond de 150 millions d’euros est avant tout stratégique pour l’Europe, qui n’a pas de module lui permettant d’accéder à l’ISS en toute autonomie, contrairement à ses homologues américains, russes et chinois, qui disposent respectivement des capsules Dragon, Soyouz et Shenzhou. Le vaisseau spatial financé, nommé Nyx Earth, est supposé être opérationnel en 2028.

Une compétition spatiale modérément impactée

Avec ce projet, les Européens ont pour but de s’affranchir de leur dépendance vis-à-vis des Américains, ce qui implique une certaine hausse de la compétition spatiale, notamment sur le marché des vaisseaux spatiaux. Cependant, cette menace pour les acteurs spatiaux est limitée, puisque comme l’affirme Upasana Dasgupta, professeure spécialisée dans le droit de l’espace et membre de l’Institut de droit aérien et spatial de McGill, l’Europe est moins efficace en ce qui concerne lesprisesdedécision:« Il y a un certain push and pull (pousser-tirer) qui se déroule entre les pays Européens, et certains disent que le marché Européen est très fragmenté. À moins que cette fragmentation disparaisse, ils ne peuvent pas concurrencer au même niveau que les Américains, (tdlr). »

De plus, les objectifs poursuivis par les puissances spatiales sont différents : « Le marché spatial Européen se concentre sur des activités très niches, notamment la durabilité spatiale », souligne Prof. Dasgupta. Les acteurs du projet Nyx Earth ont en effet pour but de concevoir un vaisseau spatial entièrement réutilisable, une mission en accord avec leurs activités tournées vers la protection environnementale spatiale. L’engin disposerait d’un bras articulé dont le but serait de nettoyer l’espace des débris qui l’encombrent actuellement.

Pour ces raisons, la « menace » européenne sur le marché spatial est faible : « les Européens ne peuvent pas grandir de manière exponentielle comme les États-Unis », affirme Prof. Dasgupta. « Ils en ont les capacités et le talent, mais ils n’ont pas l’argent ni l’efficacité. »

Une exploration critiquée et risquée

Encourager la compétition spatiale reste sujet aux débats, notamment en ce qui concerne la question des débris spatiaux : « Depuis que Spoutnik est allé dans l’espace, les pays ont négligemment laissé les parties des fusées dans la “litière” spatiale », explique Prof. Dasgupta. « Si on laisse de tels débris, ils vont entrer en collision et créer davantage de débris qui ont plus de chances de toucher des objets spatiaux opérationnels et les rendre inutilisables. »

L’absence de précisions dans les traités internationaux, qui sont les principaux régulateurs des activités spatiales, s’ajoute au problème. Le Traité de l’Espace, qui réunit plus de 112 signataires, définit la plupart des lois concernant la gouvernance spatiale sur les corps célestes, comme la Lune, mais reste vague en ce qui concerne le reste de l’espace. Prof. Dasgupta souligne notamment l’ambiguïté de l’Article 4 : « Il explique que l’on ne peut pas placer des armes conventionnelles sur la Lune et tous les autres corps célestes. Mais l’article ne dit rien à propos du reste de l’espace, et certains pays ont donc testé leurs armes pour détruire les satellites défaillants, ce qui crée des débris. »

Il y a des guerres en 2024, on se bat encore pour des territoires, donc comment peut-on être prêt pour réunir l’humanité dans cette aventure unificatrice?

En ce qui concerne l’exploration sur Mars, Dr Richard Léveillé, professeur associé au Département des sciences de la Terre et des planètes de McGill, explique que l’exploration d’une potentielle zone habitable par un engin terrestre entraînerait des risques de contamination : « Certaines régions sont considérées spéciales parce que ce sont des endroits qui pourraient contenir de la glace ou de l’eau souterraine, donc qui pourraient peut-être aujourd’hui supporter la vie. On sait que c’est presque impossible de stériliser une fusée, donc la réglementation dit que pour le moment, on ne va pas dans ces régions-là, tant qu’on ne peut pas être plus certain qu’on ne va pas contaminer les potentielles traces de vie. »

De plus, Prof. Dasgupta affirme qu’il y a un certain devoir de l’humanité à apprendre de ses erreurs passées, notamment la colonisation des territoires, qu’il y ait présence de vie ou non : « la colonisation en ce sens est différente de celle perpétrée par les Européens sur Terre, puisqu’il y a des chances que nous ne trouvions aucun être-vivant dans l’espace. Mais cela veut-il dire que nous avons le droit de changer cet environnement et d’estimer que tout est à notre disposition pour le coloniser? »

Coopérer dans un contexte incertain et instable

Sur le plan scientifique, les explorations récentes sur Mars donnent des résultats peu conclusifs quant à la probabilité que la vie ait déjà été présente : « Il faut faire la différence entre possibilité de vie existante ou de vie ancienne, ce sont deux questions assez différentes », explique Dr Léveillé. « On sait que Mars aujourd’hui est très peu propice à la vie ; au niveau des conditions qui existent en ce moment, il n’y a pas vraiment d’eau liquide à la surface, il fait très froid et sec, mais on sait que dans le passé il y avait des lacs. C’était une planète différente qui aurait pu abriter la vie, mais le fait de trouver des traces d’eau ne démontre pas forcément qu’il y ait pu avoir de la vie ». Quant aux missions destinées à explorer des corps célestes probablement capables d’accueillir la vie existante, elles restent confrontées à des limites technologiques : « Pour ce qui est de la vie actuelle, peut-être qu’il y a d’autres endroits comme Europe ou Encelade, des lunes avec des océans sous la glace, qui pourraient être peut-être plus propices à la vie », affirme Dr Léveillé. « Sauf qu’on en connaît encore moins sur ces endroits parce qu’ils sont plus loin. »

De plus, la situation géopolitique actuelle crée des doutes concernant la possibilité future de parvenir à une collaboration internationale : « Nous vivons dans une période très conflictuelle avec beaucoup de polarisation », déplore Dr Léveillé. « Il y a des guerres en 2024, on se bat encore pour des territoires, donc comment peut-on être prêt pour réunir l’humanité dans cette aventure unificatrice? Je garde espoir, mais nous ne sommes peut-être pas prêts. »

Cependant, l’existence de la station spatiale internationale rappelle, selon Prof. Dasgupta, que la coopération scientifique et les tensions diplomatiques ne sont pas incompatibles : « Il existe évidemment des différences idéologiques entre les pays, mais même avec cela, la SSI existe. Elle existe au moment où nous parlons, alors qu’il y a la guerre en Ukraine, et pourtant, la Russie et les États-Unis collaborent ensemble dans la station. »

Bien que L’ISS représente un espoir de coopération spatiale, son arrêt définitif est prévu par la NASA d’ici 2031, notamment en raison de son obsolescence et des coûts élevés liés à sa maintenance. Il reste donc à déterminer si un régime de gouvernance internationale peut réellement être défini et accepté par tous, puisque la collaboration semble inévitable, si l’Humanité veut accomplir une nouvelle fois un projet d’une telle envergure.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2024/11/13/la-selection-dactus-du-delit-6/ Wed, 13 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56611 ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AMÉRICAINES: LE « RETOUR DE DONALD TRUMP » Ce mercredi 6 novembre, l’ex-président républicain Donald Trump a été élu 47e président des ÉtatsUnis, signant son retour à la Maison Blanche. Avec un total de 312 grands électeurs, Trump a dépassé le seuil des 270 nécessaires à la victoire, face à la candidate démocrate… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AMÉRICAINES: LE « RETOUR DE DONALD TRUMP »

Ce mercredi 6 novembre, l’ex-président républicain Donald Trump a été élu 47e président des ÉtatsUnis, signant son retour à la Maison Blanche. Avec un total de 312 grands électeurs, Trump a dépassé le seuil des 270 nécessaires à la victoire, face à la candidate démocrate Kamala Harris qui a remporté 226 voix. Les acteurs clés de cette élection étaient les sept États pivots (swing states), caractérisés par leur tendance à basculer d’un camp à l’autre à chaque élection, et ce de manière imprévisible. Ensemble, ils comptabilisaient 88 des grands électeurs, et représentaient un enjeu crucial pour les deux candidats. Les résultats des votes en Arizona et au Nevada, attendus ce samedi, ont confirmé la victoire de Trump dans les sept États clés.

Donald Trump a été félicité par de nombreux dirigeants internationaux. Compte tenu du contexte géopolitique, la réaction de certains représentants était impatiemment attendue par la communauté internationale. Côté européen, le président ukrainien Zelensky espère obtenir l’aide des États-Unis pour aboutir à une « paix juste ». Côté russe, Poutine a félicité Trump pour sa victoire ce jeudi, se disant prêt à reprendre contact avec la Maison Blanche. Finalement, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a chaleureusement félicité Donald Trump pour sa victoire, la qualifiant du « plus grand retour de l’Histoire (tdlr) ».

Lors de son discours officiel, le futur président des États-Unis a affirmé vouloir « mettre fin aux guerres », déclaration dont les actions associées sont attendues par les autres pays dès le début du mandat de Trump, le 20 janvier 2025.

Eileen Davidson | Le Délit

CONGÉDIEMENT INATTENDU DU MINISTRE DE LA DÉFENSE EN ISRAËL

Le mardi 5 novembre, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a annoncé le limogeage de son ministre de la Défense Yoav Gallant. Cette déclaration survient dans un contexte géopolitique plus instable que jamais pour le pays toujours engagé dans plusieurs opérations militaires à Gaza et au Liban, nécessitant la mobilisation constante de l’armée.

Nétanyahou justifie cette décision par l’érosion de sa relation avec Gallant, dans une situation où « la confiance est plus que jamais requise entre le premier ministre et son ministre de la Défense ». Ces propos témoignent d’une augmentation des divergences entre les deux hommes sur plusieurs sujets. Concernant les otages détenus dans la bande de Gaza, notamment, M. Gallant avait plaidé pour une trêve avec le Hamas afin d’obtenir leur libération, tandis que le premier ministre priorise avant tout l’anéantissement du mouvement palestinien.

Ce vendredi 8 novembre, Gallant a officiellement laissé sa place à l’ancien ministre des Affaires étrangères, Israel Katz. Nétanyahou justifie ce choix en expliquant que leurs positions sont alignées dans le domaine militaire, ce qui permettra de résoudre les conflits avec son prédécesseur.

L’annonce a déclenché des manifestations à Tel Aviv dès mardi soir, pour protester contre le limogeage de Gallant et pour prier son successeur de prioriser la libération des otages à Gaza. Le président israélien Isaac Herzog, quant à lui, qualifie ce renvoi comme « la dernière chose dont l’État d’Israël a besoin », compte tenu du manque d’unification au sein du pays.

L’OTAN FAIT PRESSION SUR OTTAWA AU NOM DE LA DÉFENSE COLLECTIVE

Eileen Davidson | Le Délit

Le gouvernement canadien a annoncé ce vendredi 8 novembre vouloir prendre des « mesures efficaces » concernant l’atteinte des 2% de dépenses militaires promis à l’OTAN, cible fixée en 2006. Le premier ministre Justin Trudeau, ainsi que les 32 autres pays membres, se sont engagés à atteindre l’objectif de dépense de 2% du PIB alloué à la défense collective, principe fondateur de l’alliance atlantique.

Cependant, jusqu’ici, le Canada fait partie des huit pays qui n’ont pas atteint la cible. Trudeau subit la pression des alliés pour contribuer de manière égale à cet effort économique, et la prise de mesures accélérée du gouvernement canadien pourrait être influencée par la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles, bien que cette hypothèse ait été niée par le ministre de la Défense canadien Bill Blair. En effet, Trump avait averti par le passé que les États-Unis ne viendraient pas en aide aux pays qui ne respectaient pas la cible de 2%.

Pour le moment, le Canada conserve un retard de 0,42% avec l’objectif final. Combler cet écart impliquerait une hausse des dépenses militaires canadiennes jusqu’ à 81,9 milliards de dollars d’ici 2032–2033, un montant deux fois plus élevé que celui fixé pour 2024–2025, mais atteignable selon le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est entretenu ce jeudi 7 novembre avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, afin de réaffirmer l’engagement du Canada pour atteindre les dépenses attendues pour la défense militaire. Malgré cette promesse, le gouvernement canadien est toujours appelé par Rutte et les autres pays membres à se présenter avec un plan clair concernant la manière d’atteindre cette cible, qui n’a pas été clarifié pour le moment.

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Inondations en Espagne : entre colère et solidarité https://www.delitfrancais.com/2024/11/13/inondations-en-espagne-entre-colere-et-solidarite/ Wed, 13 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56568 Retour sur un épisode meurtrier.

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Les 29 et 30 octobre derniers, plusieurs régions espagnoles, notamment Valence, Castille-La Manche et l’Andalousie, ont été touchées par des pluies torrentielles provoquant de violentes inondations. En date du 5 novembre, ces dernières avaient causé la mort de 219 personnes, ainsi que la disparition de 89 autres individus, un bilan encore provisoire. Cette catastrophe a entraîné de très lourds dégâts matériels dans l’ensemble de la région, dont la destruction de nombreux logements et infrastructures. Dans la région valencienne, ce sont principalement les villages de la banlieue de Valence qui ont été touchés et ravagés par les inondations.

Selon une première étude du World Weather Attribution, le réchauffement climatique serait une des causes principales de ces pluies diluviennes associées au phénomène DANA (Dépression Isolée à Niveau Élevé). Ce phénomène est un système météorologique destructeur et fréquent dans le bassin méditerranéen, dans lequel l’air froid et l’air chaud se rencontrent et produisent de puissants nuages de pluie. Néanmoins, cet épisode d’inondation constitue, selon le premier ministre Pedro Sánchez, « le plus grave que [l’Europe] ait connu depuis le début du siècle (tdlr) ». Selon l’analyse, les pluies qui ont frappé l’Espagne ont été 12% plus importantes que si le climat ne s’était pas réchauffé. De nombreux spécialistes ont aussi pointé du doigt « l’urbanisation incontrôlée » de la région, qui a accru l’imperméabilité des sols, provoquant une augmentation des risques d’inondation et de sécheresse.

« À 20h seulement, l’alerte d’urgence que l’on reçoit sur les téléphones portables s’est déclenchée. Mais à ce stade, tout s’était déjà produit : dès 18h, les gens étaient en train de se noyer dans tous ces villages »

Vanessa Verde, enseignante

À la suite des inondations, les habitants des zones sinistrées se sont mobilisés afin de commencer à réorganiser les villes, de retrouver les personnes disparues, et de venir en aide aux plus nécessiteux. Le gouvernement espagnol a également mobilisé l’armée et débloqué des fonds d’urgence pour venir en aide aux victimes ; cependant, beaucoup ont jugé cette réponse trop lente et inadaptée, et ont exprimé leur mécontentement. Afin de mieux comprendre la situation, Le Délit s’est entretenu avec Vanessa Verde, une enseignante vivant à Valence et qui, avec sa famille, s’est mobilisée pour venir en aide aux sinistrés.

Une colère grandissante

Plus de 10 jours après les inondations, la colère des habitants des communes touchées ne diminue pas. Le 9 novembre dernier, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans Valence pour protester contre la gestion défaillante des institutions du pays. Dans les rues de la ville, les pancartes des manifestants illustrent la colère des survivants : « Nous sommes couverts de boue, vous avez du sang sur les mains. » En chœur, ils demandent la démission du président de la région autonome, Carlos Mazón. Celui-ci avait attendu plusieurs heures avant de lancer l’alerte à la communauté. Vanessa affirme en effet que le soir du 29 octobre, « à 20h seulement, l’alerte d’urgence que l’on reçoit sur les téléphones portables s’est déclenchée. Mais à ce stade, tout s’était déjà produit : dès 18h, les gens étaient en train de se noyer dans tous ces villages ». L’agence météorologique espagnole Aemet avait de son côté communiqué les risques d’inondations plusieurs jours auparavant, et sonné l’alerte rouge dès le mardi 29 octobre au matin.

Selon Vanessa, la révolte se fait ressentir au sein de la communauté espagnole au niveau régional comme national : « Nous sommes en colère contre tout le monde. » En effet, beaucoup reprochent également au gouvernement du premier ministre Pedro Sánchez d’avoir été passif. En effet, celui-ci attendait la demande du président de la région autonome pour envoyer de l’aide militaire supplémentaire. Néanmoins, « selon la loi espagnole, lorsque plus d’une communauté est en danger, le gouvernement [central, ndlr] doit prendre les commandes. Et dans ce cas-ci, il y avait trois communautés particulièrement affectées : Valence, Castille-La Manche et l’Andalousie ». L’opinion publique concernant le Roi, quant à elle, est divisée. Si certains admirent sa venue dans les villages touchés et son soutien aux habitants dans les jours suivant la catastrophe, d’autres ont exprimé leur colère en l’accueillant avec des jets de boue lors de son passage à Paiporta, l’épicentre des inondations.

Élan de solidarité

Les inondations ont marqué une élan de solidarité importante au sein de la population, et à travers toute l’Espagne. Dans la région de Valence, des foules impressionnantes de bénévoles se sont rendues dans les villages dans l’espoir d’aider les habitants à la reconstruction de leurs communautés. Vanessa et sa famille se sont rendus dans un village près de Valence, Picaña, pour prêter main forte aux sinistrés. « C’était comme une zone de guerre », explique-t-elle. Avec émotion, elle loue les efforts de tous, mais particulièrement ceux des jeunes : « Tous ces gens ont commencé à traverser les ponts, et c’était émouvant, tous ces jeunes qui aidaient : ils les appellent maintenant la “génération cristal”. C’était impressionnant. » Sa fille Bianca, étudiante en orthodontie, s’est elle aussi rendue dans plusieurs villages pour aider les personnes dans l’incapacité de se déplacer en besoin de services médicaux. « Il y avait des personnes qui, par exemple, avaient des points de suture parce qu’elles avaient subi une opération dentaire, alors [Bianca, ndlr] est allée les retirer à leur domicile. »

Lors du nettoyage des communes, les citoyens continuent de reprocher aux gouvernements locaux et nationaux d’avoir été cruellement absents dans l’aide aux survivants et à la gestion des dégâts matériels. Dans les jours suivant le 29 octobre, l’arrivée tardive des secours et les moyens insuffisants pour reconstruire les villes ont laissé les habitants hors d’eux : « On ne voyait pas de pompiers, pas de militaires, rien ; juste des bénévoles. Juste des citoyens, comme moi, comme ma fille, comme tous les amis de ma fille, qui sont allés aider. » Selon Vanessa, le peuple se sent abandonné par son gouvernement. « C’est de là qu’est née l’expression : “Le peuple sauve le peuple” : les seuls à pouvoir vous sauver, ce sont vos voisins. »

Et maintenant?

L’éducation est aussi directement touchée par les événements. De nombreux écoles, collèges et lycées ont été entièrement détruits par le passage de l’eau, laissant enfants, parents et enseignants désemparés. Certaines communautés tentent de trouver des solutions pour que les élèves bénéficient d’une éducation d’une manière ou d’une autre : « Il y a des endroits où des centres sportifs ont été sauvés parce qu’ils se trouvaient dans une zone plus élevée », permettant ainsi aux enseignants de les transformer temporairement en salles de classe, explique Vanessa. Mais cette initiative ne suffira probablement pas à reloger l’entièreté des nombreux élèves sinistrés.

À la suite des inondations, le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé une aide d’urgence de plus de 10 milliards d’euros pour soutenir les victimes et les entreprises de la région. Cette aide a pour but premier de permettre la remise en état des grandes infrastructures affectées, ainsi que la restauration des logements. Bien que le premier ministre n’ait pas fait appel à l’aide des autres pays de l’Union européenne pendant les inondations (notamment aux propositions d’envoi de pompiers et d’équipes d’assistances), il a annoncé avoir pris contact avec la Commission européenne pour demander de l’aide financière auprès du Fond de solidarité européen. Vanessa soupçonne néanmoins que les aides ne soient pas aussi rapides que l’affirme le gouvernement : « Ils ont dit qu’il n’y aurait pas de bureaucratie, espérons que ce soit le cas, mais j’en doute. » Au cours des prochaines semaines, les yeux seront donc rivés sur les actions du gouvernement, et sa capacité à mettre en œuvre ses promesses aux espagnols.

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SOS d’un activiste en détresse https://www.delitfrancais.com/2024/11/06/sos-dun-activiste-en-detresse/ Wed, 06 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56471 La France est-elle la planche de salut attendue par Paul Watson?

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Cela fait un peu plus de trois mois que le militant écologiste Paul Watson est incarcéré dans la prison de Nuuk, au Groenland. Il a été arrêté le 21 juillet 2024, alors qu’il était en route pour intercepter un baleinier japonais et faisait escale sur le territoire autonome danois. La cause de son arrestation découle du mandat d’arrêt déposé en 2012 par le Japon à son égard, via l’Organisation internationale de police criminelle, Interpol. Le pays l’accuse de conspiration d’abordage et plus généralement de blocage volontaire des routes empruntées par leurs baleiniers. L’affaire reprend de l’ampleur après la demande de Watson d’obtenir le droit d’asile, puis la nationalité française au président Emmanuel Macron ce 24 octobre. À travers ces deux requêtes, l’activiste tente d’éviter l’extradition au Japon après la fin de son emprisonnement, prévue le 13 novembre.

Paul Watson, défenseur des baleines

L’activiste américano-canadien est connu pour avoir fondé l’association Sea Shepherd, une Organisation Non Gouvernementale (ONG) déployant des méthodes de lutte à grande échelle pour la protection des océans et de la vie marine. Depuis la création de l’association en 1977, Watson s’est battu pour dénoncer la chasse à la baleine, en s’interposant sur les lieux de pêche pour en empêcher l’activité, notamment face aux baleiniers japonais. Les tensions entre l’ONG et Tokyo ne font qu’augmenter depuis quelques années, particulièrement depuis la collision entre un navire nippon et un voilier Sea Shepherd en 2010, dont Watson est tenu responsable par les autorités japonaises. Depuis son lieu de détention, Paul Watson affirme que cette requête d’extradition sur le territoire japonais ressort plus du domaine politique que judiciaire, car le militant est devenu un symbole « gênant » pour les autorités japonaises et danoises.

Une extradition contestée

Le Japon est l’un des seuls pays qui pratique encore à ce jour la chasse aux baleines, avec la Norvège et l’Islande. Le pays avait pourtant adhéré à la Convention baleinière internationale créée en 1986, qui avait pour but d’interdire la chasse commerciale de la baleine, notamment par la création de deux sanctuaires dans les océans Indien et Austral. Cependant, après avoir contourné ces interdictions en justifiant la nécessité d’activités scientifiques, le Japon s’est finalement retiré de la Convention en 2019. De plus, les conditions d’extradition sont questionnées par la Fondation Captain Paul Watson (CPWF), puisque la notice rouge d’Interpol – l’avis international émis par le Japon aux autres pays membres afin d’appréhender Paul Watson plus facilement – a été rendue confidentielle par l’archipel nippon. Autrement dit, Paul Watson ne figurait plus visiblement sur la liste des notices rouges lorsqu’il a accosté au Groenland, lui faisant croire que le mandat d’arrêt contre lui n’était plus en vigueur. On parle ici d’instrumentalisation des notices rouges d’Interpol, une pratique contre laquelle le Parlement européen s’est positionné dans le passé en dénonçant cette dérive comme une violation des droits de l’Homme. De plus, selon Me (Maître) Juliette Chapelle, avocate au barreau de Paris, le fait que la notice ne soit plus visible pourrait représenter un motif d’annulation de la demande d’extradition formulée il y a plus de 10 ans.

« Selon Paul Watson, le vrai “pirate” demeure le Japon qui continue d’exercer la chasse à la baleine, pratique pourtant déclarée illégale par la Cour internationale de justice de la Haye en 2014 »

Deux bouteilles à la mer lancées à la France

Le 16 octobre 2024, l’activiste a fait une première demande de droit d’asile à la France, un choix qui n’a pas été fait au hasard. Étant donné que le pays possède la deuxième plus grande interface maritime mondiale, il a comme devoir de se présenter comme pilier dans la préservation des milieux marins, ce qui inclut indirectement la protection du fondateur de Sea Shepherd. Ce choix repose également sur le lien affectif que Paul Watson éprouve envers la France, qu’il considère comme « son port d’attache ». Cependant, comme l’explique la ministre française de la Transition écologique, la demande de droit d’asile en France ne peut être formulée que par des individus étant déjà situés sur le territoire français, condition que Watson est dans l’incapacité de remplir pour le moment. Si une exception pouvait être envisagée, les chances demeurent incertaines, étant donné l’issue de la demande de droit d’asile formulée par Julian Assange en 2021. La France avait rejeté la demande du lanceur d’alerte australien alors qu’il tentait d’éviter l’extradition aux États-Unis, après avoir libéré des informations confidentielles concernant des activités diplomatiques et militaires américaines sur son site WikiLeaks. Les circonstances de son incapacité à pouvoir se trouver sur le territoire français n’étaient, selon les autorités françaises, pas assez exceptionnelles pour faire entorse à la règle régissant le droit d’asile. Bien que le contexte entourant l’emprisonnement de Watson ne soit pas identique à celui d’Assange, le facteur clé reste sa libération.

En ce qui concerne la demande de nationalité française formulée huit jours plus tard, le 24 octobre, une disposition du code civil français permet qu’à titre exceptionnel, et seulement par décret du ministre de l’Intérieur, la nationalité française puisse être accordée à des personnes ayant des liens particuliers ou contribuant de manière significative à la société française. Dans le cas de Paul Watson, cette contribution est environnementale. Selon Me François Zimeray, l’un des avocats de Watson, la demande a des chances d’aboutir puisqu’elle est juridiquement possible. Pour le moment, la requête est toujours en révision.

Une position française délicate

Ayant le deuxième plus grand taux d’importation d’Asie, le Japon est un partenaire commercial essentiel pour la France, et revêt une importance stratégique dans la région indo-pacifique. Ce lien a été renforcé par la signature d’un pacte de sécurité et de défense ce 1er novembre, qui tente de consolider les domaines de sécurité et de défense entre le Japon et l’Union Européenne. Si la France décide de protéger le militant, il est probable que les relations entre les deux pays se refroidissent, et que des représailles soient attendues du côté japonais, que ce soit sur le plan diplomatique, ou plus indirectement, à travers des régulations commerciales.

En ce qui concerne l’opinion publique, son soutien envers Paul Watson est visiblement exprimé lors des manifestations organisées pour exiger la libération de l’activiste, notamment celle du 4 septembre 2024 sur la place de la République à Paris, avec un slogan scandé par tous et partout : « Sauver les baleines n’est pas un crime ». Une pétition a été signée par plus de 388 000 personnes, dont des écologistes et des figures politiques, et une musique a même été créée en soutien au militant, Le Dernier mot. Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot affirme que la cause défendue par l’américano-canadien est « juste et noble », et qu’elle est partagée par la France.

Un avenir incertain

L’emprisonnement de Watson doit prendre fin le 13 novembre 2024, mais la suite reste pour le moment incertaine. En effet, si la nationalité française était acceptée, elle ne garantirait pas pour autant la non-extradition au Japon, ce qui laisse l’avenir de Paul Watson entre les mains des autorités danoises. « Il faut que les Danois se positionnent et comprennent que ce que cet homme subit est totalement disproportionné par rapport à ce qu’on l’accuse d’avoir fait, qu’il n’a pas commis », affirme Me Zimeray. Paul Watson a d’ailleurs déclaré que « si [la justice danoise] [l]’envoie au Japon, [il] y mourrait », compte tenu des conditions d’emprisonnement particulièrement sévères auxquelles il s’attend sur le territoire japonais. Me Zimeray estime qu’une décision d’extradition de la part du Danemark reviendrait à « violer leur propre Constitution ». Les avocats de Watson ont promis de saisir la Cour Suprême danoise, voire la Cour Européenne des Droits de l’Homme si l’extradition a lieu. Selon le militant, le vrai « pirate » demeure le Japon qui continue d’exercer la chasse à la baleine, pratique pourtant déclarée illégale par la Cour internationale de justice de la Haye en 2014. Comme le cite la chanson créée pour lui, si justice est accordée pour Paul Watson, « le dernier mot, c’est la mer qui l’aura ».

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Le dilemme Russie-Europe https://www.delitfrancais.com/2024/11/06/le-dilemme-russie-europe/ Wed, 06 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56469 Retour sur les élections législatives en Géorgie et présidentielles en Moldavie.

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Depuis la chute de l’URSS, les anciennes républiques soviétiques se cherchent. En effet, ce choc majeur, qui à l’époque ne tombait pas sous le sens, a apporté un vent de changement sans précédent pour ces pays. Dotés d’une indépendance nouvelle, ils ont été confrontés à un nouveau défi : un défi identitaire. Comment se redéfinir au sortir de la période soviétique? Comment réécrire leur histoire? Surtout, quelle serait leur orientation géopolitique? Préféreraient-ils se rapprocher d’une identité européenne, ou alors s’aligner avec la Russie, principale héritière de l’URSS? Ces derniers jours, ces dynamiques identitaires et géopolitiques qui tiraillent encore de nombreux pays post-soviétiques se sont manifestées à travers les élections législatives en Géorgie et les élections présidentielles en Moldavie. En entrevue avec Le Délit, Magdalena Dembinska, professeure de science politique à l’Université de Montréal et spécialiste des politiques identitaires dans l’espace post-soviétique, discute des dynamiques cachées derrière ces élections.

Le paradoxe Géorgien

Selon Dembinska, une majorité de la population géorgienne – environ 80% – soutient l’adhésion à l’Union Européenne (UE). Cependant, durant les élections législatives du 26 octobre, c’est le Rêve Georgien, parti conservateur proche de la Russie au pouvoir depuis 2012, qui l’a emporté avec environ 54% des suffrages. De
son côté, la coalition pro-européenne a obtenu un score décevant, avec environ 37% des voix
. Pourquoi, si ses habitants sont tant pro-européens, la Georgie continue-t-elle d’être dirigée par le Rêve Georgien? Pourquoi le pays continue-t-il de s’orienter vers la Russie, alors que les deux camps se sont affrontés en 2008 dans un conflit violent qui reste très présent dans la mémoire des Géorgiens? Dembinska explique que la couverture médiatique occidentale des élections en Géorgie se concentre beaucoup, et même trop, sur l’orientation géopolitique du pays. « Il y a un paradoxe, effectivement : si 80% de la société est pro-européenne, pourquoi les citoyens n’ont-ils pas voté massivement pour l’opposition? Simplement parce que les enjeux électoraux ne tournent pas juste autour de la géopolitique. Nous, en Occident, on se dit “le choix est entre l’Union européenne et la Russie”, mais il y a d’autres enjeux pressants pour monsieur et madame tout-le-monde, probablement plus importants à leurs yeux que la géopolitique. »

Ainsi, même si au niveau identitaire, une majorité de Géorgiens sont favorables à l’intégration européenne, au niveau domestique, c’est une politique basée sur la préservation du statu quo qui l’emporte. Dembinska raconte en effet que la Géorgie est une société qui demeure conservatrice, où l’Église orthodoxe a toujours une place importante. La stabilité offerte par le Rêve Georgien séduit plus que l’incertitude associée à la coalition de l’opposition, qui est « très fragmentée » : « Le programme de l’opposition reste relativement obscur. Outre le fait d’avoir une orientation pro-européenne, le programme socio-économique au niveau domestique reste flou. Parce que l’opposition est une coalition, elle s’entend sur l’orientation géopolitique, mais pas sur d’autres enjeux qui sont importants dans l’agenda des électeurs. En parallèle, le Rêve Géorgien présente un visage rassurant pour de nombreux citoyens. »

Par ailleurs, les ambitions du Rêve Géorgien sont claires : bien que le parti ne soit pas explicitement anti-européen, sa politique ressemble de plus en plus à celle de la Russie. En mai dernier, l’adoption de la loi sur « l’influence étrangère » avait beaucoup fait parler, notamment à cause de sa ressemblance avec la loi russe sur les « agents de l’étranger », utilisée comme un outil de contrôle de la société civile par Vladimir Poutine. En Géorgie, cette loi impose maintenant aux ONG et aux médias qui bénéficient de plus de 20% de financement international à s’inscrire comme organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère et de subir un contrôle administratif.

« Si les 80% de la société est pro-européenne, pourquoi les citoyens n’ont-ils pas voté massivement pour l’opposition? Simplement parce que les enjeux électoraux ne tournent pas juste autour de la géopolitique »


Magdalena Dembinska, professeure de sciences politiques à l’Université de Montréal

Quelle relation Géorgie-Europe?

Alors que la Géorgie s’était vue accorder le statut de candidate à l’adhésion à l’Union Européenne en décembre 2023, depuis le passage de la loi sur l’influence étrangère, les relations entre la Géorgie et l’UE sont froides. Au vu de ses idées, la nouvelle victoire du Rêve Géorgien ne favorisera probablement pas de rapprochement avec Bruxelles. Par ailleurs, la visite du premier ministre hongrois Viktor Orbán à Tbilissi du 28 au 30 octobre remet en question non seulement les relations Europe-Géorgie, mais également les divergences politiques au sein même des institutions européennes. En effet, le dirigeant hongrois, dont le pays préside le Conseil de l’UE depuis juillet, a envoyé un signal clair en félicitant le Rêve Géorgien, présentant une vision différente de l’UE, qui se retrouve dans un certain conservatisme.

Selon Dembinska, le message du premier ministre hongrois est clair, et prône une vision identitaire qui n’est ni complètement pro-russe, ni complètement européenne : « Ce n’est pas la première fois qu’Orbán manifeste un intérêt pour la Géorgie, parce qu’il la voit comme une potentielle alliée dans sa vision de l’Europe et sa manière de faire de la politique. Avec la Géorgie, il veut renforcer cette vision européenne alternative, non-progressiste, et un peu plus autocratique. Qu’Orbán se déplace en Géorgie, ce n’est pas très étonnant. » La visite d’Orbán a été vivement critiquée par les observateurs européens et de nombreux Géorgiens, qui s’étaient réunis à Tbilissi pour manifester contre la victoire du Rêve Géorgien, qu’ils estiment illégitime. Le résultat des élections reste un enjeu disputé, source de division entre acteurs politiques et citoyens.

Et la Moldavie?

La Moldavie ressemble à la Géorgie en raison de sa nature post-soviétique. Cependant, les ressemblances se limitent à cela, puisqu’au niveau de l’intégration européenne, la Moldavie est nettement plus polarisée. La Transnistrie, république sécessionniste auto-proclamée proche de la Russie, située sur le territoire moldave à la frontière de l’Ukraine, illustre parfaitement cette profonde division. En parallèle, Maia Sandu, présidente du pays depuis 2020, est très pro-européenne. Vers la fin du mois d’octobre, elle a notamment organisé un référendum national qui visait à inclure la volonté de rejoindre l’UE dans la constitution moldave. Ce référendum s’est conclu par une victoire du « oui » d’extrême justesse, avec 50,46% des voix. Cependant, au niveau domestique, le référendum est contesté, car c’est le vote de la diaspora qui a fait pencher la balance en faveur du « oui » : le référendum n’a donc que peu de légitimité au sein du pays. Par ailleurs, lors du premier tour des présidentielles du 20 octobre, Maia Sandu et l’Union Européenne ont dénoncé des irrégularités systématiques et une forte ingérence russe. Il a été plus tard prouvé qu’un système massif d’achat de votes avait été déployé par un oligarque moldave réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude.

Au dimanche 3 novembre, et avec 97% des votes comptés, Maia Sandu est réélue pour un deuxième mandat avec environ 54% des voix. Encore une fois, les autorités moldaves ont dénoncé une forte ingérence russe. Cependant, le futur pro-européen de la Moldavie, candidate à l’adhésion depuis juin 2022, est toujours incertain. En effet, il faudra garder un œil sur le résultat des élections parlementaires de 2025 : si les forces conservatrices pro-russes parviennent à prendre le contrôle du Parlement, « toutes les réformes risquent d’être beaucoup plus difficiles à mener. La Moldavie sera toujours sur la route de l’adhésion à l’UE, mais cette route risque d’être très longue et sinueuse », explique Dembinska. Le futur de la Moldavie sera aussi influencé par Moscou : la récente ingérence dans les élections, ou la possible instrumentalisation du statut de la Transnistrie montrent que la politique intérieure moldave peut à tout moment être déstabilisée.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2024/11/06/la-selection-dactus-du-delit-5/ Wed, 06 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56499 VISITE CONTROVERSÉE DE FRANCESCA ALBANESE À MCGILL Le 4 novembre 2024, la Faculté de droit de l’Université McGill accueillera le Maxwell Cohen Moot Court. Le « moot court », une activité parascolaire tenue dans de nombreuses facultés de droit, consiste en la tenue d’un procès fictif, lors duquel des étudiants participent aux plaidoiries et à… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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VISITE CONTROVERSÉE DE FRANCESCA ALBANESE À MCGILL

Camélia Bakouri | Le Délit

Le 4 novembre 2024, la Faculté de droit de l’Université McGill accueillera le Maxwell Cohen Moot Court. Le « moot court », une activité parascolaire tenue dans de nombreuses facultés de droit, consiste en la tenue d’un procès fictif, lors duquel des étudiants participent aux plaidoiries et à la rédaction de mémoires. Cette année, la faculté de droit de l’Université McGill a invité Francesca P. Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur le territoire palestinien, à cette simulation. Au vu de cette apparition controversée, quelques groupes étudiants de l’Université, notamment Chabad McGill, Hillel McGill, l’Association des étudiants juifs en droit à McGill, Israël on Campus McGill, et Students Supporting Israel McGill, représentés par la firme légale Spiegel Sohmer, ont posé un ultimatum à l’Université et ont publié le texte sur leurs réseaux.

L’ultimatum accordait à McGill jusqu’au 1er novembre à 14 heures pour annuler la visite d’Albanese. Il souligne en plus les principes légaux supportant la demande et fait référence à l’obligation de l’Université de s’assurer que ses étudiants soient en sécurité, indépendamment de leurs origines, religions, et ethnicités. Cette lettre, envoyée au président de l’Université, Deep Saini, et à Albanese ellemême, conclut que si McGill manque de confirmer la réception de la lettre et de prendre action pour annuler la visite, des procédures judiciaires contre l’Université seront initiées.

Le 1er novembre, Albanese devait également prononcer le discours inaugural à une conférence tenue à Montréal, Coordinating Council 4 Palestine, mais s’est retirée. Charlotte Kates, fondatrice du mouvement Samidoun, groupe récemment qualifié d’entité terroriste par le gouvernement canadien, a également participé à cette conférence en tant que panéliste.

À l’heure de l’écriture de l’article, il n’est pas clair si Albanese a fait apparition à la simulation.

ÉLECTIONS : CHANGEMENTS AU NIVEAU DES GOUVERNEMENTS PROVINCIAUX

Eileen Davidson | Le Délit

Les deux dernières semaines ont été significatives quant aux élections de nouveaux gouvernements provinciaux à travers le Canada.

Le 2 novembre, Susanne Holt est devenue officiellement première ministre du Nouveau-Brunswick. Le Parti Libéral de Susanne Holt forme désormais la majorité au parlement du Nouveau Brunswick, et remplace les progressistes-conservateurs de Blaine Higgs, au pouvoir pendant deux mandats consécutifs de trois ans depuis 2018. Holt devient également la première femme à diriger la province des Maritimes, un fait souligné par le premier ministre Justin Trudeau après son élection. Peu après l’annonce de sa victoire, Holt a promis aux néo-brunswickois de mener la province avec équilibre, et de prioriser les services de santé, l’éducation ainsi que l’abordabilité du marché immobilier.

Les élections au Nouveau-Brunswick ont été précédées par des élections provinciales en Colombie-Britannique, les résultats desquelles ont été annoncés le 19 octobre. Le parti néo-démocrate de David Eby a remporté 47 des 93 sièges au parlement provincial, une victoire serrée menant la province dans un troisième mandat consécutif sous le Nouveau Parti Démocratique.

Le 28 octobre, la Saskatchewan a également tenu ses élections provinciales, lors desquelles a été élu pour son cinquième mandat consécutif le Saskatchewan Party, parti conservateur mené par Scott Moe. Ce dernier concède toutefois quelques sièges au parti d’opposition, le Parti néo-démocrate de la Saskatchewan.

NOUVELLE LOI SOUS LES TALIBANS : ATTEINTE À LA LIBERTÉ DES FEMMES

Eileen Davidson | Le Délit

Ce 26 octobre, le ministère pour la Promotion de la vertu et de la répression du vice, un ministère du gouvernement afghan mené par les Talibans, passe une nouvelle loi concernant les droits de la femme. Selon celle-ci, les femmes n’ont désormais plus le droit « d’entendre la voix d’autres femmes », ce qui signifie, entre autres, que les femmes n’auront plus le droit de discuter entre elles. Le ministre du Vice et de la vertu, Khalid Hanafi, affirme qu’il est interdit pour une femme de réciter des versets du Coran devant une autre femme adulte, et que d’autres chants religieux seront également interdits. Cette loi sera implémentée graduellement, et toute personne qui l’enfreindra fera face à des conséquences, bien que celles-ci restent floues.

Ce nouveau décret fait partie d’une série de lois adoptées par les dirigeants talibans qui visent à « prévenir le vice », et qui contraignent et régulent les comportements et la conduite personnelle des femmes. Ces lois contrôlent notamment l’apparence des femmes en public, les obligeant à dissimuler leur corps et leur visage. Les femmes, déjà exclues de plusieurs sphères de la vie publique, souffrent de conditions de vie de plus en plus inhumaines et cette nouvelle loi témoigne d’une dégradation inquiétante de la situation. Selon Amnistie Internationale, la reprise du pouvoir des Talibans en 2021 a été dévastatrice pour les femmes et les filles. Ces dernières se font progressivement effacer de la sphère sociale et de la sphère publique, une loi à la fois.

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Choisir entre prospérité et sécurité https://www.delitfrancais.com/2024/10/30/choisir-entre-prosperite-et-securite/ Wed, 30 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56320 Les relations Inde-Canada dégénèrent.

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Le 14 octobre, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, annonce que des avis d’expulsion du territoire canadien ont été envoyés à six diplomates indiens, incluant le haut-commissaire. Quelques heures plus tard, le gouvernement indien riposte, faisant de même avec le haut-commissaire canadien à New Delhi, et cinq autres diplomates canadiens. Ces développements représentent l’aboutissement de tensions croissantes entre l’Inde et le Canada, et remettent en question la solidité de la relation entre les deux pays du Commonwealth.

Résumé des tensions

Le 18 juin 2023, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) retrouve Hardeep Singh Nijjar, un Canadien Sikh impliqué dans le mouvement indépendantiste du Khalistan, fatalement atteint de balles tirées depuis un véhicule à Surrey, en Colombie-Britannique. Le 18 septembre 2023, Justin Trudeau annonce à la Chambre des communes que les agences de sécurité canadiennes auraient démontré l’implication d’agents du gouvernement indien dans l’assassinat de M. Nijjar. Le refus du gouvernement indien de coopérer dans l’enquête mène à l’expulsion d’un de ses diplomates du territoire canadien. Cette décision du gouvernement canadien reste controversée, considérant l’absence de preuves divulguées au public pour soutenir une telle accusation. Bien que l’Inde continue de nier toute implication dans l’affaire, le Canada retire le deux tiers de ses diplomates et leurs dépendants de l’Inde en octobre 2023.

Le 3 mai 2024, la GRC procède à l’arrestation de trois ressortissants indiens impliqués dans le meurtre de M. Nijjar. Le 11 mai 2024, un quatrième ressortissant est arrêté en lien avec l’affaire. Le 14 octobre 2024, le gouvernement Trudeau publie une déclaration concernant plusieurs enquêtes menées sur le meurtre de M. Nijjar. Selon le bureau du premier ministre, « la GRC dispose de preuves claires et convaincantes que des agents du gouvernement indien se sont livrés, et continuent de se livrer, à des activités qui constituent une menace importante pour la sécurité publique ». Ces activités inclueraient des « techniques de collecte d’informations clandestines, des actes coercitifs visant des Canadiens d’origine sud-asiatique, et la participation à plus d’une douzaine d’actes violents et menaçants, incluant le meurtre ». Ces accusations mènent donc à l’expulsion mutuelle de diplomates du 14 octobre 2024, annoncée par la ministre Joly.

« Le Canada a été confronté à un choix difficile entre la sécurité des Canadiens et sa propre prospérité économique »

Quelques jours avant, selon le Globe and Mail, David Morrison, sous-ministre délégué des Affaires étrangères, ainsi que Nathalie Drouin, conseillère à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre, se seraient entretenus avec le Washington Post. Lors de cet entretien, les deux fonctionnaires auraient divulgué à la publication américaine des informations sensibles concernant l’implication possible du gouvernement indien dans le meurtre d’un deuxième leader sikh canadien, Sukhdool Singh Gill. Cette information devait être divulguée par Mike Duheme, commissaire de la GRC, lors d’une conférence de presse, et les deux fonctionnaires fédéraux affirment que cette information n’était pas classifiée. Le 14 octobre, Duheme a affirmé que des agents du gouvernement indien avaient joué un rôle dans des actes de violence « répandus » au Canada, incluant des homicides. Cependant, il n’a pas spécifié si l’affaire Gill faisait partie de ces actes de violence, et les circonstances et la nature de l’information divulguée lors de l’entretien entre Morrison, Drouin et le Washington Post, ainsi que le déroulement même du breffage, restent incertains.

Risques pour l’économie

L’effet de ces tensions diplomatiques sur les relations économiques entre les deux pays n’est pas encore clair. L’Inde représente le dixième partenaire commercial du Canada, faisant d’elle un marché prioritaire, selon Affaires mondiales Canada. L’importance des relations économiques est illustrée par l’Accord de partenariat économique global Canada-Inde (ou l’APEG), renégocié pour la dernière fois en 2017. On peut aussi citer à l’appui les partenariats entre les deux pays dans le domaine de l’éducation, avec 41% des étudiants internationaux au Canada étant originaires de l’Inde.

« Dans ce cas-ci, il est clair que le Canada a décidé de mettre au devant son discours sur la souveraineté de l’État et la lutte contre l’ingérence étrangère »

Mais le Canada peut-il se permettre de mettre fin à ses relations économiques avec l’Inde? Le Délit s’est entretenu à ce sujet avec Catherine Viens, professeure associée à l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire de l’UQAM et chercheuse postdoctorale des Fonds de recherche du Québec – Société et culture.

Selon elle, « d’un point de vue économique et géopolitique, le Canada a beaucoup à perdre » en rompant ses liens avec l’Inde. Les allégations émises par Justin Trudeau en septembre 2023 ont notamment interrompu les négociations en cours de l’APEG, et qui auraient permis « d’accroître le commerce bilatéral de 8,8 milliards de dollars par an, augmentant le PIB annuel de 0,25% d’ici 2035 ». Cependant, Viens note que malgré l’importance de l’Inde pour l’économie, le risque posé à la souveraineté canadienne par cette situation est assez conséquent « pour voir dans la position du Canada une tentative de remettre au premier plan son refus de se faire piler sur les pieds ».

Une situation sans précédent

Bien que le Canada ait mis fin à des relations diplomatiques auparavant, cette situation, selon Viens, est sans précédent. Elle explique que l’élément surprenant de cette affaire concerne sa nature publique. En effet, il est très inhabituel que la GRC rende publiques des accusations lorsqu’une enquête est toujours en cours. C’est cependant ce qu’elle a fait avec l’affaire du meurtre de M. Singh Nijjar. Selon Viens, ceci démontrerait le sérieux des allégations faites par la GRC, qui soutient avoir pour but de « défaire le réseau qui s’est mis en place par le gouvernement indien pour orchestrer des activités criminelles en sol canadien ».

Il semble que l’inhabituel de la situation s’étende au-delà de la question de la sécurité. Comme Viens le souligne, « ce qui est aussi surprenant et assez rare pour un pays qui souhaite accroître ses liens économiques comme le Canada, c’est de prendre une décision diplomatique de ce genre, en sachant très bien qu’elle affectera ses liens diplomatiques de manière importante et drastique ».

Un choix difficile

Viens affirme : « Le Canada est surtout tiraillé entre poursuivre des allégations publiques, ou coopérer avec l’Inde, malgré les circonstances. » En d’autres mots, le Canada a été confronté à un choix difficile entre la sécurité des Canadiens et sa propre prospérité économique. D’une part, s’abstenir d’accuser l’Inde d’avoir enfreint à la souveraineté canadienne aurait établi un précédent dangereux quant à la sécurité des Canadiens sur leur territoire. D’une autre, accuser l’Inde et mener des enquêtes publiques sur son implication dans le meurtre de M. Nijjar met à risque d’importants liens diplomatiques et économiques. Viens soutient que « dans ce cas-ci, il est clair que le Canada a décidé de mettre au devant son discours sur la souveraineté de l’État et la lutte contre l’ingérence étrangère ».

Dénouements

La possibilité d’un dénouement des tensions diplomatiques entre les deux pays est intrinsèquement liée au rôle d’autres acteurs internationaux. « L’une des seules manières par laquelle le Canada pourra s’extirper de cette fracture diplomatique, c’est s’ il réussit à avoir le soutien d’autres pays occidentaux, dont les pays des Five Eyes [une alliance des services de renseignements de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni, et des États-Unis, ndlr]. » Toutefois, comme le précise Viens, le soutien de ces pays risque d’être étroitement lié à la menace directe que leur pose l’Inde. Le résultat des enquêtes menées aux États-Unis concernant un assassinat similaire en territoire américain sera donc décisif quant aux relations diplomatiques Inde-Canada.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2024/10/30/la-selection-dactus-du-delit-4/ Wed, 30 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56319 CONFÉRENCE DE PARIS POUR LE LIBAN : QUEL BILAN ? Le 24 octobre dernier, une conférence en soutien au Liban a eu lieu à Paris. Organisée par le président français Emmanuel Macron, la conférence s’est tenue en réponse au conflit qui oppose le Hezbollah, organisation reconnue comme terroriste par le Canada, localisée au Liban, et… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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CONFÉRENCE DE PARIS POUR LE LIBAN : QUEL BILAN ?

Le 24 octobre dernier, une conférence en soutien au Liban a eu lieu à Paris. Organisée par le président français Emmanuel Macron, la conférence s’est tenue en réponse au conflit qui oppose le Hezbollah, organisation reconnue comme terroriste par le Canada, localisée au Liban, et Israël. En effet, le conflit a largement fragilisé les institutions libanaises et déplacé près d’un million de personnes. Par ailleurs, selon les estimations du ministère de la Santé libanais, plus de 2 546 personnes auraient été tuées depuis octobre 2023, dont près de 127 enfants. L’objectif de la conférence était de pousser pour un cessez le-feu entre les deux belligérants, et d’encourager à l’application de la résolution 1 701 de l’ONU prescrivant le désarmement du Hezbollah et le retrait des troupes israéliennes au Liban.

Au total, la conférence a permis de réunir 800 millions de dollars d’aide humanitaire ainsi que 200 millions de dollars pour l’armée libanaise. Par une contribution directe à l’armée, les donateurs de la conférence espèrent lui donner les moyens de faire respecter son autorité sur le territoire. Actuellement, cette autorité est largement affaiblie par la présence du Hezbollah. Comme le rapporte Courrier International, Najib Mikati, le premier ministre libanais, a déclaré que « l’autorité libanaise doit s’exercer sur l’ensemble du territoire et il ne doit y avoir d’armes que dans les mains de l’armée libanaise et de l’État ». Les États-Unis, la France ou encore l’Allemagne faisaient partie des donateurs majeurs de la conférence. Selon Le Devoir, le Canada n’a pas contribué, mais Affaires mondiales Canada a rappelé que presque 50 millions de dollars d’aide humanitaire avaient déjà été envoyés au Liban cette année.

Stu Doré | Le Délit

SOMMET DES BRICS À KAZAN : QUEL AVENIR POUR LE GROUPE?

Cette année, le sommet des BRICS s’est déroulé du 22 au 24 octobre à Kazan, en Russie. L’acronyme BRIC (pour Brazil, Russia, India, China) est apparu dans les années 2000 pour définir ce groupe de pays « émergents » à la croissance rapide. Le « S » s’est ajouté une décennie plus tard avec l’adhésion de l’Afrique du Sud (South Africa). Cette année, le groupe s’est élargi pour devenir le BRICS+, incluant l’Egypte, l’Iran, les Emirats Arabes Unis, et l’Ethiopie. En tant que groupe géopolitique se revendiquant du « Sud Global », le rôle des sommets des BRICS est de réaffirmer leur poids politique et économique sur la scène internationale.

La conférence de Kazan intervient dans un contexte géopolitique tendu, marqué notamment par l’invasion russe de l’Ukraine. La Russie, qui a accueilli de nombreux dirigeants mondiaux clés, tels que Xi Jinping ou Narendra Modi, s’est présentée comme un acteur clé, mettant en scène chaque interaction entre les participants pour donner une bonne image. Moscou a voulu envoyer un message à l’Occident, que la conférence présidée par Vladimir Poutine était un franc succès. Cependant, aucun réel accord n’a été signé entre les participants, et ces derniers étaient incités par Poutine à ne pas aborder la question de l’Ukraine. De plus, l’image lisse de la conférence a été troublée par la présence d’Antonio Guterres, secrétaire des Nations Unies, qui n’a pas hésité à condamner fermement l’agression russe. Lors de la conférence, il a profité de son statut pour rappeler que l’invasion russe en Ukraine constituait une grave violation à la Charte des Nations Unies et au droit international.

Stu Doré | Le Délit

COUP D’ÉCLAT ENVIRONNEMENTALISTE SUR LE PONT JACQUES-CARTIER : DES CONSÉQUENCES À LA HAUTEUR DU MESSAGE?

Ce mardi 22 octobre, plusieurs activistes environnementalistes ont escaladé le pont Jacques-Cartier de Montréal, bloquant la circulation pendant plusieurs heures. L’action, qui a été revendiquée par le Collectif Antigone et le groupe Last Generation Canada, avait pour but d’éveiller les consciences quant au manque d’action gouvernementale concrète par rapport à l’urgence climatique, notamment sur le plan des énergies fossiles. Plus précisément, les activistes ont réclamé la création d’une agence fédérale de gestion des crises climatiques, ainsi que la signature d’Ottawa sur le traité de non-prolifération pétrolière. Trois personnes ont été arrêtées et placées en détention provisoire après ce coup d’éclat. Ce vendredi, l’une des personnes ayant aidé à organiser l’action mais n’ayant pas escaladé le pont a été libérée. Cependant, les deux principaux activistes, Jacob Pirro et Olivier Huard, restent aux mains des forces de l’ordre.

Cette détention prolongée est fermement dénoncée par de nombreuses associations telles que Greenpeace Canada, la Ligue des droits et libertés, ou encore Réseau Action Climat Canada, une coalition de 150 organisations travaillant sur les questions climatiques et énergétiques. En 2019, des militants d’Extinction Rébellion, qui avaient également escaladé le pont, n’avaient été retenus que quelques heures par la police. Au niveau juridique, certains avocats remettent en question la détention prolongée tandis que d’autres ne sont pas surpris, évoquant l’impact majeur du coup d’éclat sur la circulation qui aurait pu retarder des ambulances en service. Une manifestation en soutien aux deux activistes aura lieu ce jeudi 31 octobre, le jour de leur comparution devant le palais de justice de Montréal.

Stu Doré | Le Délit

SCANDALE DE L’ÉCOLE BEDFORD : LA LAÏCITÉ MISE EN DANGER?

Le 11 octobre dernier, un rapport gouvernemental a été remis au ministre de l’Éducation québécois, Bernard Drainville, concernant un groupe de 11 enseignants de l’école primaire Bedford, dans le quartier de Côte-Des-Neiges à Montréal. Ils étaient accusés d’y faire régner un climat de peur et d’intimidation auprès des élèves. Le rapport a fait énormément de bruit au sein de la communauté montréalaise, notamment parce qu’il met en lumière l’incapacité du Centre de Services Scolaire De Montréal (CSSDM) à s’assurer du bien-être éducatif de ses élèves. Selon La Presse, le « clan » des 11 enseignants exerçait une telle domination au sein de l’école que d’autres instructeurs opposés à leurs méthodes ont dû quitter l’établissement. En réponse à la remise en cause des capacités du CSSDM, trois directrices d’école ont pris la défense de l’organisation, évoquant le soutien sans faille du Centre dans la direction de leurs écoles.

Au-delà de la remise en cause du CSSDM, le scandale porte sur le manquement à la Loi sur la laïcité de l’Etat. En effet, selon Mr. Drainville, les 11 enseignants auraient introduit des concepts religieux dans leur enseignement. Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois, a quant à lui qualifié l’école Bedford comme cible d’une tentative d’« entrisme islamique ». Cela signifie que selon lui, les 11 enseignants auraient pris les commandes de toute l’institution et y auraient fait régner un climat de terreur spécifiquement pour imposer leur religion. Ce 22 octobre, Mr. Drainville a suspendu le brevet des 11 enseignants visés par les plaintes, et a envoyé à tous les centres de services scolaires de la province une lettre encourageant une rigueur accrue dans tout cas de dénonciation d’inconduites de personnel scolaire.

Stu Doré | Le Délit

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Entre hommages et célébrations https://www.delitfrancais.com/2024/10/30/entre-hommages-et-celebrations/ Wed, 30 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56308 Retour sur le mois de l’héritage latino-américain à McGill et à Montréal.

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Ce mois d’octobre a marqué la sixième édition du Mois de l’héritage latino-américain à Montréal, et des célébrations de tous genres ont été au rendez-vous. Au cours des dernières semaines, les apports culturels diversifiés de la communauté latino-américaine ont été mis à l’honneur au moyen de festivités et de commémorations à travers la ville. Depuis 2019, la mission de cet évènement est de « favoriser la convergence et le rayonnement des différentes expressions sociales et culturelles » qui découlent de l’immigration latino-américaine. Le comité d’organisation a ainsi proposé au public une multitude de rencontres vibrantes et culturelles, telles que des spectacles de danse, des foires et des expositions, mais aussi des conférences traitant de sujets sociétaux comme l’intégration dans le monde professionnel.

Faciliter l’intégration

Un des contributeurs majeurs du mois de l’héritage n’est autre que la fondation LatinArte qui, depuis la première édition, s’est installée à la Maison de la culture Claude-Léveillée et organise son festival chaque année. Si le mois de l’héritage organisé par la ville de Montréal est relativement nouveau, le festival de la fondation LatinArte, lui, est bien plus ancien. Depuis maintenant 16 ans, celui-ci vise à mettre en lumière les artistes latino-américains et leurs contributions à la culture montréalaise. Pour Angela Sierra, directrice du festival, chaque mois d’octobre représente un pas de plus pour l’intégration de la communauté latino-américaine à Montréal. Elle rappelle que différents organismes tels que la Maison des Amériques, ou le Centre d’aide aux familles latino-américaines (CAFLA) sont disponibles et ont pour but de faciliter l’insertion des nouveaux arrivants sur le sol québécois.

Depuis maintenant six ans, les locaux Claude-Léveillée sont devenus le foyer des artistes latino-américains de tous genres. Le 23 octobre s’est ainsi tenue la rencontre poétique et musicale de la poète Flavia Garcia et du pianiste José Maria Gianelli, Fouiller les décombres, qui retrace l’enfance de la poète sous la dictature de la junte militaire en Argentine. Dans un décor minimaliste et faiblement éclairé, les artistes alternent voix parlée, chantée, danse, piano, contrebasse et flûte. De temps à autres, Flavia Garcia, qui interprète ses propres textes, passe du français à l’espagnol, avec un accent argentin qui réconforte l’audience. Ayant quitté l’Argentine dans sa jeunesse, elle insiste sur l’importance de partager les expériences de son passé : « C’est un peu notre héritage vivant, notre apport à la société dans laquelle on vit. On apporte nos histoires et on les partage avec les gens. » Elle a conscience qu’il est parfois difficile de s’insérer mais souligne aussi les progrès de ces dernières années : « Ce n’est pas facile de s’intégrer ici, surtout quand on ne parle pas la langue. Mais une fois cette barrière franchie, il y a beaucoup de mesures mises en place pour que les gens puissent s’intégrer facilement », explique-t-elle.

Lara Cevasco | Le Délit

Des hommages multiples

À quelques pas de là, sur la rue Saint-Hubert, se tient l’exposition temporaire Titre de voyage, qui illustre la crise migratoire face à laquelle sont confrontés réfugiés et migrants lorsqu’ils arrivent au Canada. Cette œuvre, réalisée par Juan David Padilla Vega, est une installation multimédia itinérante qui se niche dans plusieurs coins de la ville et qui mêle musique, photographie, performance et écriture. Sur l’installation de Saint-Hubert, une série de quatre affiches dépeint le lourd fardeau de ces populations. « 3 038 jours », « 1 600 jours », « 2 045 jours », peut-on lire sur les images : ce sont le nombre de jours depuis lesquels les immigrés sont dans l’attente d’une régularisation. Selon l’artiste, l’œuvre illustre cette attente perpétuelle qui « se matérialise comme une empreinte sur la peau des migrants ».

Toutefois, les hommages ne sont pas seulement culturels. L’Équipe de la Défense du Canada, elle aussi, tient à commémorer la contribution des populations latino-américaines au pays durant ce mois d’octobre. Saviez-vous que des membres de la communauté latino-américaine, venus tout droit de leur pays d’origine, s’étaient portés volontaires pour s’enrôler dans les Forces armées canadiennes lors des Première et Seconde Guerres Mondiales? Ne parlant pour la plupart que l’espagnol, ces derniers avaient su s’intégrer de manière « remarquable » aux forces armées, a tenu à honorer le capitaine Rey Garcia-Salas, coprésident du réseau latino-américain de l’Équipe de la Défense et responsable du comité de planification du Mois du patrimoine latino-américain. Cette année, à l’occasion de la célébration de ce patrimoine et pour rendre hommage aux vétérans, différentes cérémonies de commémoration se sont tenues au Canada, dont une à Québec, ce vendredi 25 octobre.

« Ce n’est pas facile de s’intégrer ici, surtout quand on ne parle pas la langue. Mais une fois cette barrière franchie, il y a beaucoup de choses mises en place pour que les gens puissent s’intégrer facilement »

Flavia Garcia, Poète

Et à McGill?

Le campus de McGill a lui aussi su prendre part aux célébrations. Ces dernières semaines, différents clubs et associations ont proposé aux étudiants un agenda d’activités pour rendre hommage à leurs cultures. Ainsi, l’Association d’Étudiants Espagnols et Latino-Américains (SLASA) a organisé plusieurs évènements sur le thème de l’héritage latino-américain, permettant à la fois la rencontre entre élèves et la mise en réseau avec des professionnels. Le 25 octobre dernier s’est alors tenu un panel réunissant plusieurs consuls de Montréal, notamment du Brésil, du Mexique et de l’Argentine. Cet évènement s’est fait aux côtés de l’Association des professionnels latinos d’Amérique (ALPFA) de Montréal, qui vise à offrir des opportunités d’échanges et de réseautage aux Latinos du Québec. Pour Julia, co-présidente de SLASA, il est important que le monde universitaire prenne conscience de cet héritage : « C’est une célébration qui unifie, et je suis fière que SLASA contribue à construire ce pont au sein de la communauté mcgilloise (tdlr). » De son côté, l’Association d’études caribéennes et latino-américaines et d’études hispaniques (CLASHSA) a elle aussi proposé différentes activités aux étudiants de McGill ; l’une d’elles, un atelier de poésie sur le thème des poètes latino-américains célèbres.

Bien que le mois d’octobre s’achève, certains évènements seront encore ouverts au public au début du mois de novembre, notamment pour célébrer la légendaire fête du Día de Los Muertos, qui se tient généralement les 1er et 2 novembre. Originaire du Mexique, cette tradition se célèbre dans l’ensemble de l’Amérique latine, et met en avant l’amour et le respect des populations envers les membres de leur famille n’étant plus parmi eux. Faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, le Día de los Muertos rassemble des millions de personnes dans un esprit de fête, car à travers défilés, costumes et danses, ils célèbrent à la fois la vie et la mort.

Si vous souhaitez vous rendre aux évènements proposés par la ville de Montréal, toutes les informations sont disponibles sur les sites internet du Mois de l’héritage latino-américain et du festival LatinArte. Concernant le campus de McGill, les actualités culturelles et académiques peuvent être retrouvées sur les comptes Instagram des associations, @slasa.mcgill et @clashsa.mcgill.

Et si vous avez manqué l’occasion de participer au célébrations du Mois de l’héritage latino-américain, ne vous inquiétez pas, il revient l’année prochaine!

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2024/10/09/la-selection-dactus-du-delit-3/ Wed, 09 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56188 OURAGAN HELENE AUX ÉTATS-UNIS : QUEL BILAN? Du 24 au 29 septembre dernier, le sud-ouest des États-Unis a été frappé par un ouragan d’une violence rarement observée ces dernières années. Nommée Helene par les scientifiques, cette catastrophe naturelle a privé des dizaines de milliers d’Américains d’eau et d’électricité. Les inondations ont également été nombreuses et… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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OURAGAN HELENE AUX ÉTATS-UNIS : QUEL BILAN?

Du 24 au 29 septembre dernier, le sud-ouest des États-Unis a été frappé par un ouragan d’une violence rarement observée ces dernières années. Nommée Helene par les scientifiques, cette catastrophe naturelle a privé des dizaines de milliers d’Américains d’eau et d’électricité. Les inondations ont également été nombreuses et destructrices. À son apogée, l’ouragan a été classé catégorie 4 (sur 5) et ses vents ont atteint 225 km/h. Selon les chiffres de Radio-Canada, le bilan dénombre plus de 200 morts au total, dont la moitié en Caroline du Nord. Les autres états touchés incluent la Caroline du Sud, la Géorgie, la Floride, le Tennessee et la Virginie. Helene est le deuxième ouragan le plus meurtrier à avoir frappé les États-Unis au cours des 50 dernières années, après Katrina en 2005. Cette catastrophe nourrit l’hypothèse que les ouragans sont en train de devenir plus extrêmes et destructeurs à cause du changement climatique. Pr. John Gyakum, qui enseigne le cours ATOC 185 Natural Disasters (Désastres Naturels), l’avait expliqué dans notre enquête environnementale sur les ouragans.

Malgré les terribles dommages et les morts causés par l’ouragan, Le Monde note que Kamala Harris et Donald Trump, candidats à la présidentielle américaine prévue pour début novembre prochain, n’ont pas hésité à profiter des contrecoups de l’ouragan à des fins politiques. En effet, Harris a rendu visite à un centre de secours en Géorgie, où elle a remercié les secouristes et a aidé à distribuer des repas aux sinistrés. De son côté, Trump a accusé le gouvernement Biden de ne pas prêter main forte aux régions historiquement républicaines, particulèrements touchées par l’ouragan Hélène. À l’heure où nous écrivons cet article, un autre ouragan, Milton, évolue dans le Golfe du Mexique. Classé catégorie 5, il devrait atteindre la Floride le 9 octobre.


FIN DE LA GRÈVE DES PROFESSEURS DE DROIT

Eileen Davidson | Le Délit

Le 1er octobre, McGill et l’Association McGillienne des Professeur·e·s de Droit (AMPD) ont trouvé un terrain d’entente, mettant ainsi fin à la grève à durée indéterminée du syndicat, en cours depuis le 26 août. Début septembre, le Délit avait interrogé Kirsten Anker, professeure associée de la faculté de droit et vice-présidente de l’AMPD. Elle avait indiqué que les professeurs de droit se battaient pour de meilleures conditions de travail, davantage d’autonomie au sein de la faculté, ou encore une plus juste rémunération, et à terme la signature d’une convention collective. Cependant, elle avait précisé que la raison première de la grève était la procédure légale amorcée par McGill afin d’annuler la certification syndicale de l’AMPD, menaçant l’existence même du syndicat.

Le 1er octobre, l’AMPD a annoncé dans un communiqué de presse qu’ils étaient parvenus à un accord avec l’Université. En effet, le syndicat a indiqué que « McGill rejoindra toutes les autres universités québécoises et reconnaîtra les syndicats de professeurs qui sont régis par des conventions collectives. L’AMPD suspendra sa grève […], ce qui permettra aux étudiant·e·s en droit de McGill de retourner en classe et de terminer leur semestre sans perte de crédits, ni retard ». Selon l’AMPD, McGill a également accepté d’abandonner son processus de décertification contre l’association. Un arbitre sera cependant sollicité pour la négociation de la convention collective. Evan Fox-Decent, professeur de droit et président de l’AMPD, a déclaré que « cette solution est une victoire pour tout le monde à McGill ». Kirsten Anker s’est également exprimée : « Nous sommes impatients de retourner en classe et de faire ce que nous aimons : enseigner. »


MONTRÉAL : LES SALLES DE SPECTACLE EN PÉRIL

Dans une décision rendue le 23 septembre 2024, la Cour d’appel du Québec a ordonné à La Tulipe, iconique salle de spectacle montréalaise, d’arrêter toute amplification sonore, menant à sa fermeture temporaire après plus de 100 ans d’activité. Le rendement de cette décision est le résultat de nombreuses plaintes de bruit, déposées depuis 2016 par un propriétaire voisin, Pierre-Yves Beaudoin. En mai 2023, la Cour supérieure du Québec avait partiellement donné raison à Beaudoin, ordonnant à La Tulipe d’insonoriser ses salles et de lui verser 1 500$ de compensation. Cependant, le plaintif avait considéré le jugement insuffisant, et a ainsi présenté son cas en cour d’appel, qui a ultimement prohibé le théâtre de faire du bruit.

Depuis l’annonce de la fermeture de cette salle mythique, plusieurs artistes Québécois ainsi que des figures de la scène artistique montréalaise telles que Jon Weisz, directeur général des Scènes de Musique Alternatives du Québec, se sont exprimés sur la situation. Ils ont déploré la mise en péril des espaces culturels, notamment les espaces indépendants accueillant des artistes locaux.

Dans les jours suivant l’annonce de la fermeture temporaire de la salle, des manifestations ont été organisées, menant à l’amendement du règlement municipal invoqué par Beaudoin lors du procès. Le règlement en question permettra dorénavant aux salles de spectacles, bars et autres espaces culturels de faire du bruit, du moment que celui-ci n’est pas excessif. Cependant, le jugement initial reste effectif, menant à la fermeture définitive de la Tulipe. Luc Rabouin, maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, a affirmé que cette modification aux règlements municipaux empêcherait toute future interprétation telle que celle rendue par le juge en cour d’appel.

Eileen Davidson | Le Délit

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Le débat vice-présidentiel aux États-Unis pourrait-il changer la donne? https://www.delitfrancais.com/2024/10/09/le-debat-vice-presidentiel-aux-etats-unis-pourrait-il-changer-la-donne/ Wed, 09 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56189 Retour sur l’échange Vance-Walz du 1er octobre.

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Ce mardi 1er octobre, les candidats à la vice-présidence des États-Unis, le gouverneur du Minnesota Tim Walz pour les démocrates et le sénateur James David (J.D.) Vance de l’Ohio pour les Républicains, se sont affrontés dans un débat télévisé dans l’ensemble cordial, au cours duquel ils ont abordé une variété de sujets clivants, incluant l’avortement, l’immigration, la violence armée et le système de santé. À seulement 35 jours des élections, il est difficile de déterminer l’impact concret du débat sur la course électorale aux États-Unis. Comme le souligne Julien Rivière, vice-président de l’association étudiante Democrats @McGill : « La plupart des électeurs se concentrent sur les candidats à la présidence […]. Le débat des vice-présidents a certainement joué un rôle dans l’éducation des électeurs sur les positions de chaque candidat, mais en fin de compte, il a rarement un impact réel (tdlr). » Cette année pourrait toutefois faire exception selon Leonard Moore, ancien professeur d’histoire à l’Université McGill et spécialiste de l’histoire politique des États-Unis : « Chaque étape de la campagne est cruciale dans le contexte actuel. Même si le débat ne change que 5 000 voix dans un État, celles-ci peuvent être déterminantes. »

L’immigration, l’avortement et l’élection de 2020

Tout au long du débat, J.D. Vance a pris pour cible Kamala Harris, mettant en doute sa capacité à déjà mettre en oeuvre ses objectifs actuels : « Si Kamala Harris a de si bons projets pour résoudre les problèmes de la classe moyenne, elle devrait les mettre en œuvre maintenant. Pas en demandant une promotion, mais dans le cadre du poste que le peuple américain lui a confié il y a trois ans et demi. » Vance a également tenu Harris responsable de nombreux problèmes sociétaux aux États-Unis, notamment en matière d’immigration, affirmant que le pays fait face « à une crise historique de l’immigration, parce que Kamala Harris a modifié les politiques frontalières de Donald Trump ».

De son côté, Tim Walz a défendu les politiques démocrates en matière d’accès à l’avortement et de droits des femmes. Lorsque Vance l’a accusé d’adopter une « position très radicale en faveur de l’avortement », Walz a répliqué : « Non, ce n’est pas le cas. Nous sommes pour les femmes. Nous sommes pour la liberté de faire son propre choix. » Il a également été intraitable sur la question de la violence armée aux États-Unis. En réponse à l’insinuation de J.D. Vance suggérant que la santé mentale serait à l’origine du problème, Tim Walz a déclaré que cette idée était infondée et dangereuse : « Ce n’est pas parce qu’on souffre d’un problème de santé mentale qu’on est forcément violent. […] Le vrai problème, c’est les armes. C’est juste les armes. »

Selon Leonard Moore, le moment le plus marquant du débat pour Walz est survenu à la toute fin, lorsqu’il a confronté son adversaire sur la défaite électorale de Trump en 2020, posant la question : « Est-ce que [Trump] a perdu l’élection de 2020? » Vance a répondu : « Tim, je me concentre sur l’avenir », ce à quoi Walz a rétorqué : « C’est une non-réponse accablante. » En refusant de répondre, J.D. Vance aurait d’après Moore permis à Walz de reprendre in extremis le dessus dans le débat.

Vance tente de redorer son image

Avant de prendre place sur la scène du débat, J.D. Vance affichait un taux d’approbation inhabituellement bas pour un colistier à l’élection présidentielle. Au cours des semaines précédant l’événement, il avait attiré l’attention du public par ses remarques incendiaires. Une vidéo de lui remettant en question l’apport à la société des femmes sans enfants, les qualifiant de « dames aux chats (tdlr) » (childless cat ladies), a fait grand bruit sur les réseaux sociaux, de même que son insinuation infondée selon laquelle les immigrants haïtiens à Springfield mangent les animaux de compagnie des habitants.

Selon un sondage réalisé par CBS auprès de 1 630 électeurs potentiels ayant regardé le débat, la popularité de J.D. Vance a grimpé de 9 points de pourcentage, passant de 40 % à 49 %. Leonard Moore souligne que Vance a su tempérer ses opinions pendant le débat. Il s’est présenté d’abord comme un père de famille, préoccupé par le bien-être des Américains de classe moyenne. Lorsqu’il a été interrogé sur la violence armée aux États-Unis, il a pris la parole en tant que parent : « On envoie nos enfants à l’école avec tellement de joie, d’espoir et de fierté. Et l’on sait, malheureusement, que beaucoup d’enfants vont être affectés par l’épidémie de la violence armée. »

Leonard Moore estime que cette façade calme et presque chaleureuse lui a permis de rendre « plus digestes » ses théories plus extrêmes, tout en réfutant de manière convaincante les critiques qu’on lui adressait. Il avance également que Vance semble envisager une candidature pour les élections de 2028 : « On a l’impression en voyant ce Vance moins radical, plus raisonnable, qu’il a l’objectif de se présenter aux élections de 2028. Il veut donner l’impression d’être l’héritier logique de l’empire que Trump a fondé. »

« De nombreux commentateurs ont noté que le ton du débat est resté très cordial, beaucoup plus que celui du débat présidentiel, et ce malgré la portée controversée des thèmes abordés »

Une performance en demi-teinte pour Walz?

De son côté, Tim Walz se positionnait avant le débat comme un homme politique modéré, relativement peu connu du public. Avant d’être choisi comme colistier, il avait toutefois déjà attiré l’attention en qualifiant les Républicains de « bizarres » (weird), une critique ayant fait mouche dans le clan républicain. Celle-ci s’est d’abord propagée par des entrevues dans les journaux, et s’est ensuite répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

Cependant, son attitude lors du débat était largement moins conflictuelle. D’après Moore, « Walz n’était pas dans la confrontation. […] Je ne sais pas s’il s’agissait seulement d’une question de caractère, d’inexpérience en débat ou encore d’une stratégie pour rejoindre les électeurs indécis ». Au final, il paraissait « un peu dépassé par les événements ». Malgré une performance moins convaincante, la popularité de Walz aura elle
aussi augmenté lors du débat, passant de 52 % à 60 % selon les statistiques de CBS.

Dans un contexte politique toujours plus polarisé, de nombreux commentateurs ont noté que le ton du débat est resté très cordial, beaucoup plus que celui du débat présidentiel du 10 septembre 2024, et ce malgré la portée controversée des thèmes abordés. Les deux candidats ont échangé des poignées de main au début et à la fin de l’événement, ont évité les attaques personnelles et se sont concentrés sur leurs politiques respectives.

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Le 7 octobre à McGill : entre commémorations et revendications https://www.delitfrancais.com/2024/10/09/le-7-octobre-a-mcgill-entre-commemorations-et-revendications/ Wed, 09 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56204 Retour sur une journée lourde en émotions.

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Ce lundi 7 octobre a marqué un an depuis l’attaque du Hamas en Israël, qui a causé la mort de plus de 1 200 civils, et la prise en otage de 251 personnes. En réponse, le gouvernement israélien a engagé une opération militaire violente dans la bande de Gaza. Aujourd’hui, plus de 41 000 civils palestiniens sont morts dans le cadre de cette opération, la majorité lors de bombardements. Plusieurs cérémonies et manifestations se sont tenues le 7 octobre 2024, tant pro-israéliennes que pro-palestiniennes, autour du campus de McGill et ailleurs dans Montréal.

Mesures préventives

De nombreuses mesures préventives avaient été prises par la ville de Montréal pour s’assurer que la situation ne dérape pas. Sur Instagram, Valérie Plante, mairesse de Montréal, a déclaré qu’elle reconnaissait le droit des différentes personnes de manifester leurs opinions, mais que la police serait présente pour « désamorcer toute situation de tensions pouvant provoquer des dérapages ». La majorité de ces effectifs étaient composés d’agents du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), ainsi que de forces de la Sûreté du Québec (SQ). La rue Sherbrooke a notamment été fermée entre les rues Peel et University, au niveau du portail Roddick, et ce, pour une grande partie de la journée. Des mesures de sécurité ont également été prises sur le campus même : seulement deux entrées sont restées ouvertes, l’entrée sur le campus a été limitée aux étudiants, au personnel, et aux visiteurs importants. La présentation de la carte étudiante de McGill était nécessaire pour entrer dans la plupart des bâtiments, et la grande majorité des cours du 7 octobre ont été tenus à distance.

« Les larmes aux yeux, elle a rappelé l’inhumanité avec laquelle les attaques ont été menées, provoquant une forte émotion dans l’assemblée »

Commémoration des victimes du 7 octobre

À 12h30, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour commémorer les victimes mortes dans les attaques du 7 octobre 2023 et pour appeler à la libération des otages gardés captifs par le Hamas. Un nombre important des participants à la vigile faisaient partie de la communauté juive montréalaise. Arborant des drapeaux d’Israël et des pancartes dénonçant l’atrocité des attaques du Hamas, les personnes présentes ont écouté des témoignages personnels relatant les événements du 7 octobre, et ont entonné des chants religieux, ainsi que l’hymne national d’Israël. Une étudiante a partagé le quotidien de ses amis en deuil, et de sa famille en Israël, qui doit régulièrement se réfugier dans des bunkers. Les larmes aux yeux, elle a rappelé l’inhumanité avec laquelle les attaques ont été menées, provoquant une forte émotion dans l’assemblée. Pour clore son discours, elle a déclaré : « Certaines choses ne doivent jamais être oubliées. Nous devons faire en sorte qu’une attaque comme celle du 7 octobre 2023 ne se reproduise plus jamais, nulle part et pour personne. C’est en tirant des leçons de cette journée que nous honorerons les personnes que nous avons perdues. Sinon, leur mort se fera dans la douleur. Continuez à vous battre. Luttez pour la vérité, pour l’humanité (tldr). » Plusieurs manifestants ont soutenu ce témoignage, dénonçant les médias canadiens, qui selon eux représentent Israël de manière négative « alors qu’en réalité, nous [les Israéliens, ndlr] ne faisons que défendre notre peuple et le peuple juif ». Par la suite, un rabbin est monté sur l’estrade, encourageant tout le monde à entonner des chants religieux. La vigile s’est déroulée dans une ambiance calme et marquée par l’émotion des participants. Cependant, nous avons aussi remarqué quelques regards inquiets ou hostiles, portés à l’égard des quelques contre-manifestants pro-palestiniens situés à une cinquantaine de mètres plus loin sur Sherbrooke.

Margaux Thomas | Le Délit

Manifestation du collectif SPHR

Une manifestation organisée par les collectifs des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance, SPHR) a débuté peu de temps après la fin de la vigile commémorant les victimes des attaques du 7 octobre. Partant du campus de Concordia, une foule d’environ 1 000 manifestants s’est dirigée vers le campus de McGill, remontant à la course la rue Peel avant de descendre l’avenue du Docteur-Penfield, pour finalement aboutir sur la rue McTavish. Suivis par des agents du SPVM à vélo et à moto, certains manifestants couraient, alors que les organisateurs les avertissaient de rester en groupe et de ne pas se laisser disperser par le corps policier. La foule, bloquée par des agents du SPVM, s’est rassemblée devant les escaliers menant à la bibliothèque McLennan et a entonné divers slogans avec force, condamnant l’État d’Israël et l’Université McGill. Plusieurs manifestants portaient des keffiyeh pour cacher leurs visages, et certains revêtaient également des masques de ski, anticipant l’usage possible de gaz lacrymogènes pour disperser les foules.

Près de 20 minutes se sont écoulées sans que le groupe ne se déplace, lorsque les organisateurs l’ont soudainement redirigé dans une rue parallèle. Toujours en courant, les manifestants ont remonté la rue Peel, et se sont cette fois-ci rendus sur l’avenue des Pins, s’arrêtant devant le site de construction du futur Institut de recherche Sylvan Adams en sciences du sport. Devant la foule, l’un des intervenants a pris la parole et a dénoncé avec véhémence la volonté persistante de l’Université à utiliser des dons d’individus sionistes, faisant allusion au milliardaire et philanthrope controversé Sylvan Adams. Certains manifestants se sont ensuite emparés de barres de fer, et ont attaqué le site de construction lui-même. Certains se sont introduits dans le bâtiment, alors que d’autres se sont mis à casser des fenêtres.

Vincent Maraval | Le Délit

Des manifestants, pris de panique, se sont éloignés de la foule, tandis que d’autres applaudissaient les gestes des vandales. Des agents de police ont rapidement chargé dans la cohue, s’interposant entre le bâtiment et les manifestants, de manière à les empêcher de le détruire davantage. Dans un chaos général, les forces de l’ordre ont lancé des bombes de gaz lacrymogène sur les manifestants, qui se sont immédiatement dispersés dans les ruelles environnantes. Plusieurs ont exprimé leur surprise et leur mécontentement face aux actes de vandalisme commis par un petit groupe, et l’abandon conséquent du caractère pacifique de la manifestation. Immédiatement après, une deuxième manifestation a débuté devant le portail Roddick en direction de la rue Parc, organisée par les l’Association des étudiants musulmans de l’Université McGill indépendamment de celle des collectifs SPHR.

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Incendie de batteries au lithium au port de Montréal https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/incendie-de-batteries-au-lithium-au-port-de-montreal/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56098 Gestion des batteries au lithium : quels défis ?

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Le lundi 24 septembre 2024, aux alentours de 14h30, un incendie s’est déclaré au port de Montréal, touchant un conteneur d’environ 15 000 kilos de piles au lithium. Les flammes ont été maîtrisées et éteintes au cours de la journée du mardi. Communiquée par un appel au 911, l’information a mené à la sécurisation du périmètre s’étendant entre la rue Vimont, la rue Hochelaga, l’avenue Haig et le fleuve Saint-Laurent. Les habitants ont reçu la consigne de ne pas quitter leur domicile, de couper les systèmes de ventilation, et de fermer portes et fenêtres pour éviter une exposition à des fumées toxiques. Florence, une résidente du quartier de Hochelaga et étudiante montréalaise de 22 ans, témoigne : « J’ai été notifiée des consignes directement par une alerte sur mon cellulaire. C’était surprenant de voir qu’on n’est jamais à l’abri des accidents, peu importe où on vit. »

Bien qu’un pompier ait été transporté aux urgences pour une blessure au genou, l’incendie n’a compromis la santé physique d’aucune autre personne. Le Service de sécurité incendie de la Ville de Montréal (SIM) a assuré qu’il n’y avait pas de danger immédiat concernant la qualité de l’air, bien que certains riverains aient ressenti des picotements à la gorge ou aux yeux. Cet incident met en lumière les défis multiples posés par le marché des batteries au lithium, qui connaît une demande croissante avec l’essor des technologies dites « propres ». Il soulève des questions sur la gestion de ces batteries, particulièrement dans des lieux de transit comme les ports, où cette demande accrue augmente le risque d’accidents. Une enquête est en cours au port de Montréal pour déterminer les causes précises de cet incendie.

Multiplication des risques

Avec 80% d’utilisation exclusive à la conception de batteries, le lithium-ion est essentiel pour assembler des appareils électroniques (téléphones cellulaires, ordinateurs portables…) mais aussi des véhicules électriques et des systèmes de stockage d’énergie. La production mondiale a de ce fait connu un essor important au cours des dernières années. Au Canada, l’exploitation de ce métal, qui avait été limitée de 2014 à 2020 en raison de difficultés financières, a repris de plus belle en 2021 avec la croissance exponentielle générée par le marché des véhicules électriques. Elon Musk désignait à ce titre les batteries au lithium comme le « nouveau pétrole ». Avec environ 3,2 millions de tonnes de réserve d’oxyde de lithium, le Canada, dont les mines principales se situent au Québec, près de Val‑d’Or, et au Manitoba, dispose d’atouts qui lui permettront de se positionner comme un acteur clé sur le marché florissant de celui qu’on appelle « l’or blanc de l’économie verte ». Ces dernières années, le lithium est en effet devenu un matériau indispensable au déploiement d’alternatives aux voitures thermiques.

L’exploitation du lithium n’est pas exempte de risques. C’est un métal très réactif qui présente des dangers, et ce de manière accrue lorsqu’il est mal entreposé ou transporté. Lors de son utilisation dans une batterie, les ions de lithium se déplacent entre les électrodes, générant un courant électrique. Le danger survient lorsqu’une cellule entre en « emballement thermique », une réaction en chaîne au cours de laquelle la chaleur se développe extrêmement rapidement : une surcharge ou un défaut de fabrication sont autant de raisons qui peuvent engendrer ce phénomène. La moindre surchauffe ou défaillance interne peut ainsi entraîner une fuite thermique et provoquer un incendie, comme celui survenu au port de Montréal. La demande croissante amplifie de facto le risque d’accidents générés par l’utilisation de ce métal.

Incertitudes sur la sécurité des batteries

L’incident au port de Montréal n’est malheureusement pas un événement isolé. A moins de 600 km de là, la ville de New York a recensé 21 décès liés à des incendies de batteries au lithium entre les années 2021 et 2023, et plus d’une centaine d’accidents similaires durant cette seule année. Malgré les risques connus, les entreprises exploitantes subissent une pression du marché qui les incite à ajouter de l’énergie aux batteries, au risque de repousser les limites de sécurité. Les batteries produites pour les vélos électriques contiennent par exemple bien plus d’énergie que celles des téléphones cellulaires, ce qui les rend de fait particulièrement destructrices en cas d’incendie. À cela s’ajoutent des mauvaises conditions de stockage, l’absence de protocoles adaptés ou le vieillissement des batteries qui sont autant de facteurs qui aggravent l’incidence des incendies initiés par des batteries au lithium.

Si la récente reprise de l’exploitation du lithium au canada a renforcé son rôle stratégique dans la transition environnementale du pays, elle s’accompagne aussi d’enjeux de taille pour assurer la sécurité tout au long du cycle de vie des batteries (de la production à l’élimination). Dans ce cadre, l’incendie au port de Montréal ne s’inscrit que dans la continuité de la croissance du marché du lithium, et rappelle aux autorités l’urgence de revoir les normes et protocoles encadrant la manipulation des batteries. En d’autres termes, il s’agit d’investir davantage dans l’adaptation des infrastructures et l’implémentation des réglementations afin de prévenir de futurs accidents.

Lithion Technologies : recyclage innovant au Québec

Face à cette problématique, la province du Québec finance à hauteur de 2 millions de dollars l’entreprise Lithion Technologies. Celle-ci s’est donnée pour mission de créer la circularité des matériaux stratégiques au Québec et dans le monde. À travers sa filiale Recyclage Lithion, l’entreprise québécoise use d’un procédé innovant permettant de recycler les batteries au lithium et d’en récupérer 95 % des composants en produits de haute pureté (lithium, nickel, cobalt, manganèse, graphite). Ils sont ensuite utilisés pour fabriquer de nouvelles batteries aux ions de lithium.

Ouverte à Saint-Bruno en 2023, la première usine commerciale de Recyclage Lithion permet la réalisation de ce plan d’économie circulaire : elle assure le traitement mécanique des batteries, tandis qu’une seconde usine (ouverture prévue pour 2026) effectue le processus chimique de purification des métaux. Elle a également vocation à devenir un centre de formation et d’observation pour les futurs entrepreneurs dans le domaine du recyclage des batteries. L’entreprise prévoit le développement de 25 usines d’ici 2035, et des partenariats avec la Corée du Sud, les États-Unis et l’Europe sont déjà en cours.

L’incendie qui a pris place au port de Montréal lundi dernier nous rappelle les défis présents sur la route vers la transition énergétique. Si les technologies se développent rapidement, la politique doit aussi encadrer ces avancées, afin de s’assurer qu’elles ne nuisent pas à la sécurité et à l’environnement.

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Journée nationale de la vérité et de la réconciliation https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/journee-nationale-de-la-verite-et-de-la-reconciliation/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56105 Commémoration et événements sur le campus.

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Le 30 septembre marque la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, un jour férié fédéral au Canada depuis quatre ans, et institué six ans après la conclusion de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2008–2015). Cette commission avait pour objectif de poser les fondations de la réconciliation, en recueillant plus de 6 000 témoignages de survivants autochtones des pensionnats. Ces établissements avaient pour mission d’effacer la culture et les valeurs autochtones, tout en imposant une assimilation forcée des communautés autochtones à la société canadienne. Le rapport final de la commission désigne ainsi les écoles résidentielles comme des instruments ayant contribué à un génocide culturel. En ce 30 septembre, le Canada commémore ce préjudice commis par l’État canadien, et invite à une réflexion sur les effets persistants de ce chapitre de l’histoire canadienne sur les communauté autochtones.

Visite critique du campus

Dans le cadre de cette journée, plusieurs activités ont eu lieu sur le campus de McGill et dans Montréal. En matinée, la Faculté des sciences de l’éducation a organisé son annuelle « Visite critique du campus », un événement conçu pour susciter une réflexion sur les sites occupés par l’Université McGill. Afin d’introduire cet événement, plusieurs intervenants ont pris la parole devant près de 200 personnes, pour souligner l’importance de ce jour.

Celeste Pedri-Spade, vice-provost aux initiatives autochtones et membre de la Première Nation du lac des Mille Lacs, a pris la parole : « Aujourd’hui est un jour très lourd pour ma famille, ainsi que pour plusieurs membres des Premières Nations, Métis et Inuits qui ont été touchés par l’héritage des pensionnats (tdlr). » Dre Pedri-Spade a ensuite mis en avant les initiatives prises par l’Université au cours des dernières années, parmi lesquelles les 52 appels à l’action pour la vérité et la réconciliation à McGill, lancés en 2017.

L’éducation joue un rôle central lors de la Journée du chandail orange, une initiative dédiée à la commémoration des traumatismes causés par les pensionnats autochtones au Canada. Vivek Venkatesh, doyen de la Faculté des sciences de l’éducation de McGill a affirmé qu’ « il est impératif que nous commencions à nous éduquer et à éduquer les nouvelles générations d’étudiants pour mieux comprendre l’impact dévastateur des pratiques coloniales qui visent à dénigrer et à décimer la vie et l’existence même de nos communautés autochtones ».

Un étudiant autochtone de troisième année de la Faculté des sciences de l’éducation a ensuite pris la parole : « L’éducation a été utilisée comme une arme pour détruire notre peuple. Mais aujourd’hui, nous la [l’éducation, ndlr] reprenons et nous allons l’utiliser comme un outil pour sortir notre peuple de la pauvreté. »

Après cette série de discours, deux groupes d’environ 70 étudiants ont parcouru le campus pour y visiter trois sites : la maison des Premières Nations et le parcours Peel ; la bibliothèque McLennan, ainsi que le rocher Hochelaga. À chacun de ces sites, des explications sur leurs significations respectives étaient offertes.

Panel et discussions

À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, l’École d’éducation permanente de McGill a organisé un panel intitulé « Perspectives autochtones sur la vérité et la réconciliation dans l’enseignement postsecondaire », modéré par Veldon Coburn, doyen de la Faculté de l’initiative de relations avec les Autochtones.

« L’éducation a été utilisée comme arme pour détruire notre peuple »
- Un étudiant autochotone de McGill

Les deux panélistes, Natasha MacDonald, professeure inuit à l’École d’éducation permanente de McGill, et Alicia Aragutak, récente diplômée inuit de l’École d’éducation permanente de McGill, se sont exprimées sur l’importance des institutions postsecondaires en ce qui a trait à la réconciliation. Celles-ci ont pu offrir une perspective pertinente sur la vérité et la réconciliation, fort de leurs expériences distinctes en tant que membres de la communauté inuite.

La discussion a été entamée avec une question simple, mais cruciale : comment définir la vérité et la réconciliation? MacDonald a été la première à prendre la parole, soulignant que l’histoire des écoles résidentielles – la raison d’être de la Commission de vérité et de réconciliation – n’est pas aussi lointaine que ce que nous sommes portés à croire. Faisant part d’une anecdote personnelle, elle a raconté que sa première année d’école primaire avait eu lieu dans un externat autochtone fédéral. Elle a par la suite affirmé que l’importance « d’inuitiser » les institutions du Nunavik « émanait d’un endroit réel et proche », référant à l’expérience récente et directe de son peuple avec le projet génocidaire de l’État canadien.

Aragutak a ensuite pris la parole, relatant l’expérience de sa propre famille, confrontée au massacre des chiens de traîneau et à la réinstallation des Inuits dans l’Extrême-Arctique canadien, deux politiques dévastatrices ciblant les communautés inuites. Elle a poursuivi en précisant que la vérité était désormais révélée au grand jour, mais qu’elle demeure un sujet sensible, difficile à aborder : « Pour les personnes autochtones, c’est épuisant de raconter son histoire sans cesse, mais c’est ce qu’il faut faire pour progresser vers la réconciliation. » Cependant, elle a soutenu que même « pour nous [les personnes Inuites, ndlr], c’est difficile de s’accorder sur ce qu’implique la réconciliation », mais qu’il était rassurant de voir que les universités comme McGill créaient un espace favorisant le dialogue.

Quant au rôle des institutions postsecondaires, le consensus entre les panélistes et le modérateur s’est rapidement éclairci, et se résume par la citation de l’honorable Murray Sinclair : « c’est l’éducation qui nous a mis dans cette situation, c’est elle qui nous en sortira ». À ce sujet, Aragutak et MacDonald soulignent néanmoins l’importance de l’accès à l’éducation postsecondaire dans les communautés inuites. Selon elles, la réconciliation nécessite, entre autres, l’auto-gouvernance des communautés autochtones, et ce, à travers l’éducation. MacDonald a conclu la conversation en citant l’importance de décoloniser l’éducation « en la rendant accessible à tous les jeunes autochtones, pas seulement à ceux qui osent quitter leurs communautés ».

Est-ce suffisant?

Malgré les initiatives prises par l’Université à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, certains continuent de questionner ses intentions, notamment en raison de la bataille juridique l’opposant aux Mères Mohawks. Des panels et des projets comme l’Initiative de relations avec les Autochtones sont-ils suffisants pour réparer l’ampleur des torts causés par l’Université envers les communautés autochtones? Une réponse sanctionnée par l’État colonial est-elle suffisante pour garantir aux peuples autochtones leur auto-détermination et la libération qu’ils recherchent? La réconciliation est-elle suffisante si elle se confine au 30 septembre?

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L’évolution du conflit Israël-Hezbollah https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/levolution-du-conflit-israel-hezbollah/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56116 Une surenchère de violence inarrêtable.

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Depuis l’attaque aux bipeurs et talkies-walkies de la semaine dernière, l’armée israélienne a intensifié ses frappes de missiles, désormais quotidiennes, sur le territoire libanais. L’escalade du conflit a nécessité l’intervention plus affirmée de puissances étrangères comme l’Iran. Pour rappel, le mardi 17 et mercredi 18 septembre, des centaines d’appareils de communication appartenant à des membres du Hezbollah ont simultanément explosé. À Montréal, des manifestations ont été organisées mercredi et samedi en soutien aux populations palestinienne et libanaise.

Une escalade meurtrière

L’armée israélienne revendique l’explosion des bipeurs, et les offensives ont depuis redoublé d’intensité entre Israël et le Hezbollah. Un cap inédit a été atteint ce lundi 23 septembre, avec des bombardements faisant plus de 500 morts et 1 835 blessés sur le territoire libanais. Depuis le début du conflit, le 7 octobre 2023, cet épisode est le plus meurtrier parmi les affrontements impliquant le Liban. Autant de frappes de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise n’avaient pas été observées depuis la guerre de 2006. Le conflit qui opposait Israël et le Hezbollah il y a maintenant 18 ans avait été déclenché par un raid transfrontalier du Hezbollah sur le territoire israélien et avait duré près de 30 jours, entraînant la mort d’environ 1 600 libanais. Le Hezbollah n’avait à l’époque pas été sanctionné, malgré l’intervention de la communauté internationale, menée par les États-Unis.

« Nous avons déjà affaire à deux guerres, une à Gaza et une au Liban. Mais ce à quoi les gens font généralement référence, c’est au conflit direct entre l’Iran et Israël. Les Iraniens ne le souhaitent pas, mais si le Hezbollah se porte très mal, il y aura une pression d’agir pour l’Iran »
- Rex Brynen, professeur de sciences politiques à McGill, expert du Moyen-Orient

Une obligation de désarmement du groupe islamiste à l’époque aurait-elle fait la différence aujourd’hui? Pour répondre à cette question, j’ai interviewé Rex Brynen, professeur à McGill et spécialiste en politique du Moyen- Orient : « Sans le Hezbollah aujourd’hui, le Liban serait dans une situation très différente. Il est évident que le Hezbollah a été appelé à se désarmer, mais il n’y avait aucune perspective réaliste de désarmement du Hezbollah en 2006 compte tenu de sa position : c’était la seule milice armée au Liban, plus puissante que l’État libanais. (tdlr) »

Des explications ambiguës

Israël justifie l’opération de lundi par la détection d’une attaque planifiée par le Hezbollah sur son territoire. L’État affirme aussi que les tirs ne visaient que des cibles du Hezbollah, déclaration nuancée par l’organisation islamiste libanaise qui soutient que la plupart des victimes étaient des personnes non-armées qui se trouvaient dans leurs maisons. Mais quelles sont alors les réels objectifs d’Israël derrière cette escalade de conflits? « Il est important de comprendre qu’Israël n’est pas un acteur unifié et que différentes parties du gouvernement israélien agissent avec des objectifs variés », explique Brynen. « L’argument avancé publiquement par Israël est lié aux attaques du Hezbollah dans le Nord d’Israël, jugées inacceptables au vu du nombre de personnes forcées de quitter leurs maisons, situation qu’ils comptent renverser en faisant monter la pression. Concernant l’argument spécifiquement lié aux attaques des bipeurs et talkies-walkies, il est rapporté que le Hezbollah était sur le point de découvrir qu’ils étaient piégés et qu’Israël a estimé qu’il devait faire un choix entre les déclencher ou les perdre. Enfin, une interprétation avancée pourrait être le souhait d’Israël de lancer une attaque terrestre. Mais ce qui est intéressant parmi toutes les explications possibles, c’est qu’elles renforcent la popularité de Netanyahou, qui est passé d’une position très impopulaire auprès du peuple israélien, à un regain de popularité politique en Israël. » En effet, le Hezbollah est considéré comme ennemi d’Israël depuis la fin de l’occupation israélienne du Sud-Liban en 2000, et malgré les accusations de corruption qui pèsent sur lui, le premier ministre a su user de sa position dite patriarcale face aux menaces extérieures afin de regagner la confiance du peuple israélien.

Entre fuite et contre-attaque

Selon l’ONU, environ 90 000 citoyens Libanais ont pris la fuite, cherchant notamment refuge dans le reste du Liban et en Syrie. Les écoles ont prolongé leur fermeture au Sud-Liban, zone particulièrement visée depuis le début de la semaine, et jugée trop dangereuse en raison des nombreux bombardements récents dans la région. Selon Brynen, la position des Libanais vis-à-vis du Hezbollah n’est pas uniforme : « Dans les sondages d’opinion précédant l’escalade la plus récente, le Hezbollah bénéficiait d’un fort soutien au sein de la communauté chiite, ce qui n’est pas surprenant, tandis que le soutien était très faible dans les communautés sunnites et chrétiennes. À la suite de ces attaques, je soupçonne que de nombreux Libanais sont très mécontents du Hezbollah et du début d’une guerre avec Israël. Certains Libanais pensent au contraire qu’il est important de soutenir les Palestiniens, tandis que d’autres pensent qu’Israël aurait attaqué dans tous les cas. »

Les altercations n’ont pas cessé dans la semaine, avec une riposte du Hezbollah mardi dernier, marquée par l’utilisation de 80 roquettes tournées vers l’une des bases militaires israéliennes située dans le Nord, près de Safed, ainsi que des tirs balistiques visant le service de renseignements extérieurs israéliens ce mercredi 25 septembre. Plus d’une centaine de drones militaires ont également été envoyés sur Israël ce jeudi.

L’échec d’un apaisement

L’ONU a demandé une suspension des conflits ce mercredi, pour une durée de 21 jours, proposition qui a déjà été rejetée par le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Brynen partage ses impressions concernant la proposition des Nations Unies : « Aucun des acteurs engagés dans le conflit ne souhaite un cessez-le-feu, puisque dans les deux cas, cela va à l’encontre de leurs objectifs politiques. Concernant le Hezbollah, l’organisation ne cesse depuis le 7 octobre de tirer des projectiles à travers les frontières en soutien au Hamas. Peut-être que cette démarche de médiation était une tentative pour faire bonne figure ou bien établir un cessez-le-feu à Gaza, mais cela fait des mois que les Nations Unies y travaillent sans aucun progrès, alors pourquoi penser que ce serait différent maintenant? »

Israël déclare par ailleurs que l’armée continuera de frapper le Hezbollah, dans un objectif de renversement des rapports de force au nord d’Israël. Cette déclaration survient alors que le Hezbollah traverse une des situations les plus critiques depuis sa création en 1982. De plus, des informations récentes rapportent que le commandant du Tsahal (acronyme hébraïque signifiant Armée de défense d’Israël) prépare ses troupes à une offensive sur le sol libanais, alors que l’ambassadeur israélien à l’ONU nie toute possibilité d’invasion. Faudrait-il alors s’inquiéter d’un changement de position soudain, qui pourrait étendre le conflit et le transformer en guerre totale? « Nous avons déjà affaire à deux guerres, une à Gaza et une au Liban. Mais ce à quoi les gens font généralement référence, c’est au conflit direct entre l’Iran et Israël. Les Iraniens ne le souhaitent pas, mais si le Hezbollah se porte très mal, il y aura une pression d’agir pour l’Iran. Une telle guerre se caractériserait par des tirs de roquettes à des centaines et des centaines de kilomètres de distance, puisque les deux États ne sont pas voisins, mais cela s’est déjà produit dans le passé. La situation pourrait donc certainement s’aggraver et, bien entendu, les choses deviendraient beaucoup plus intenses au Liban si Israël lançait une opération terrestre », affirme Brynen.

Malgré sa position jugée critique par les Nations Unies, le Hezbollah a promis de continuer les attaques vers Israël jusqu’à la libération de Gaza, engagement renforcé par la mort du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah à la suite d’une frappe israélienne ce samedi : « Le Hezbollah a subi des coups durs, notamment l’attaque des bipeurs et walkie-talkie qui a été assez humiliante pour une organisation qui s’enorgueillit de sa sécurité opérationnelle. Ils veulent vraiment montrer leur résilience et ne vont donc absolument pas reculer », conclut Brynen.

Les prochains jours s’annoncent décisifs en ce qui concerne la tournure des événements, bien que difficiles à prédire en raison des revirements de décisions, comme l’annonce de Netanyahou à prendre part aux discussions sur le cessez-le-feu, ce vendredi 27 septembre, après avoir refusé la proposition la veille.

Cet article a été mis en page le 30 septembre. Compte tenu de la situation, les faits qui y sont relatés sont susceptibles d’évoluer.

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Apprendre le ventre vide https://www.delitfrancais.com/2024/10/02/apprendre-le-ventre-vide/ Wed, 02 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56119 La clientèle étudiante des banques alimentaires a doublé en 10 ans.

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Entre crise du logement, hausse du prix des aliments et des frais de scolarité, il devient de plus en plus difficile pour les étudiants de vivre décemment au Québec. À McGill, tout comme dans les cégeps et les autres universités de la province, cette pression financière a des répercussions significatives sur la qualité et la quantité des aliments que les étudiants peuvent se permettre d’acheter. Beaucoup d’entre eux se voient contraints de faire des choix difficiles entre payer leur loyer et subvenir à leurs besoins alimentaires. Cette réalité se traduit par une alimentation souvent insuffisante et déséquilibrée, nuisant non seulement à leur santé, mais aussi à leur capacité à se concentrer sur leurs études.

Les données collectées dans le Bilan-Faim des Banques alimentaires du Québec illustrent bien ce phénomène : alors que les étudiants de niveau post-secondaire représentaient 5,8% de leur clientèle en 2013, cette proportion a plus que doublé, atteignant 9,5 % en 2023.

Le 21 septembre, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont donné le coup d’envoi à une campagne de mobilisation ambitieuse, visant à « renverser le poids de la précarité étudiante » à travers la province. Cet appel à l’action met l’accent sur la question de l’insécurité alimentaire, un problème de plus en plus préoccupant pour de nombreux étudiants. Les deux associations espèrent inciter les décideurs à prendre des mesures concrètes pour améliorer les conditions de vie des étudiants et garantir un accès adéquat à la nourriture pour tous.

McGill – un désert alimentaire?

Selon Lily, étudiante de deuxième année à McGill en environnement, il est difficile de se procurer un bon repas sain sur le campus : « La plupart des cafés et réfectoires vendent des plats très chers, et la nourriture n’y est pas très bonne, ni au niveau de la valeur nutritionnelle, ni au niveau du goût (tdlr). » Son amie Isabella, partageant ce constat, ajoute que les portions dans les cafés du campus sont souvent peu généreuses par rapport au prix demandé, rendant ainsi la recherche d’options abordables et saines sur le campus d’autant plus difficile pour les étudiants.

« Plusieurs déplorent que l’administration de l’Université McGill n’agisse pas suffisamment pour améliorer la situation, notamment en ce qui concerne les forfaits repas et les options de restauration disponibles sur le campus »

Par ailleurs, certains étudiants notent que les prix des aliments vendus dans les cafés et restaurants du campus sont souvent excessivement élevés par rapport à ceux du marché. Au café Redpath, dans le sous-sol du complexe Redpath-McLennan, les collations s’avèrent inaccessibles pour de nombreux étudiants. Par exemple, les barres Simply Protein sont affichées à 6,25 $, soit plus du double de leur prix habituel de 2,69 $ dans les magasins. Il en va de même pour les collations de la marque Clif, qui coûtent 4,05 $ au café Redpath et 3,09 $ en supermarché.

Plusieurs déplorent que l’administration de l’Université McGill n’agisse pas suffisamment pour améliorer la situation, notamment en ce qui concerne les forfaits repas et les options de restauration disponibles sur le campus. Les étudiants de première année habitant en résidence sont contraints par l’Université à acheter un forfait repas obligatoire, à hauteur de 6 300 $ pour l’année. Or, en raison des longues files d’attente dans les cafétérias, nombreux sont ceux qui n’ont d’autre choix que de se tourner vers des alternatives parfois coûteuses par manque de temps. Même si McGill essaie de combler les besoins alimentaires de tous, le forfait repas n’est pas accessible pour tous les étudiants, particulièrement ceux ayant des allergies ou des restrictions alimentaires.

Les associations étudiantes se mobilisent

De nombreuses associations étudiantes de McGill se mobilisent pour offrir des repas sains, équilibrés et bon marché aux étudiants du campus. Parmi elles, le Midnight Kitchen Collective est un organisme à but non lucratif, géré par des travailleurs et des bénévoles engagés qui se consacrent à améliorer l’accessibilité à la nourriture pour les étudiants. L’organisation œuvre sur le campus du centre-ville et parraine l’association Happy Belly, qui propose quant à elle des repas gratuits sur le campus MacDonald. Fondé en 2002, le collectif Midnight Kitchen a intégré les services de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) en 2003. Son fonctionnement repose en partie sur une cotisation étudiante par semestre, qui a considérablement augmenté, passant de 1,25 $ par étudiant en 2007 à 8 $ en 2023. Cette augmentation constitue une victoire significative pour l’association : grâce au financement supplémentaire, elle peut accroître son impact sur la communauté étudiante et diversifier ses services. Aujourd’hui, Midnight Kitchen propose une gamme d’initiatives, dont un programme de repas gratuits organisé une à deux fois par semaine, un service de restauration sans frais destiné aux associations alignées avec leur mission, ainsi qu’un jardin urbain communautaire au cœur du campus.

« Midnight Kitchen Collective est un organisme à but non lucratif, géré par des travailleurs et des bénévoles engagés qui se consacrent à améliorer l’accessibilité à la nourriture pour les étudiants »

Leur service de repas gratuits, qui se déroule tous les mercredis et parfois les jeudis, rencontre un franc succès auprès des étudiants. Lily, une des étudiantes interrogées, confie qu’elle récupère son repas gratuit presque chaque semaine depuis qu’elle a découvert le programme. Cet engouement s’explique non seulement par la gratuité des repas, mais aussi par leur valeur nutritionnelle. Nat Alexander, coordonnatrice du collectif Midnight Kitchen, explique que l’association s’efforce de proposer des plats équilibrés, savoureux et riches en protéines. Les recettes sont exclusivement végétaliennes et sans noix, permettant ainsi à tous les étudiants de bénéficier d’alternatives nutritives et écoresponsables. De plus, l’association travaille uniquement avec des fournisseurs locaux, tels que Moisson Montréal, qui récupère les surplus de produits alimentaires dans les magasins et fermes de la région.

La communauté reste sur sa faim

Cet automne, l’association est en mesure d’offrir 250 repas à chaque service, un chiffre qui représente presque le double de l’année précédente. Malgré cette hausse significative, l’organisme ne parvient pas toujours à satisfaire la demande croissante sur le campus. Nat Alexander confie qu’il y a des journées où les bénévoles se retrouvent à racler les fonds de plats pour pouvoir nourrir tous les étudiants qui se présentent pour réclamer leur repas.

Le collectif Midnight Kitchen opère sans frais dans un local de l’AÉUM, mais ce n’est pas le cas de l’association équivalente du campus MacDonald, Happy Belly. Celle-ci est contrainte de louer un espace de cuisine, ce qui restreint la quantité de repas gratuits qu’elle peut offrir aux étudiants. Nat Alexander déplore le fait que l’Université McGill ne prenne pas en charge la responsabilité financière de l’association. Elle affirme : « L’Université McGill ne finance pas ces initiatives autant qu’elle le devrait, ou qu’elle le pourrait. Il est nécessaire d’exercer une plus forte pression sur l’administration, car la question du financement ne devrait pas incomber aux clubs et aux services étudiants. »

Son témoignage illustre non seulement l’importance du collectif Midnight Kitchen au sein de la communauté étudiante de McGill, mais aussi le besoin urgent de trouver une solution plus durable à l’insécurité alimentaire au Québec.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/la-selection-dactus-du-delit-2/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55963 Explosion des bipeurs au Liban : une nouvelle escalade au Proche-Orient ? Ces 17 et 18 septembre, plusieurs milliers d’appareils électroniques piégés, tels que des bipeurs et des talkies-walkies, ont simultanément explosé au Liban, faisant au moins 37 morts et plus de 3 500 blessés. Les dispositifs ayant explosé appartenaient à des membres du Hezbollah,… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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Explosion des bipeurs au Liban : une nouvelle escalade au Proche-Orient ?

Ces 17 et 18 septembre, plusieurs milliers d’appareils électroniques piégés, tels que des bipeurs et des talkies-walkies, ont simultanément explosé au Liban, faisant au moins 37 morts et plus de 3 500 blessés. Les dispositifs ayant explosé appartenaient à des membres du Hezbollah, mouvement terroriste islamiste libanais soutenu par l’Iran. Le Hezbollah et le Hamas ont pour ennemi commun Israël, qui est au cœur d’un conflit violent avec le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023. Le Hezbollah a accusé Israël d’avoir orchestré l’attaque des bipeurs, cependant l’État Hébreu n’a pas commenté. Les bipeurs auraient été vendus et livrés au Hezbollah il y a quelques mois de cela, à travers des sociétés-écrans créées par Israël, révèle une enquête du New York Times. Dès l’été 2022, les services de renseignement israéliens auraient donc placé des éléments explosifs dans certains bipeurs exclusivement vendus au mouvement islamiste. Bien qu’elles ciblaient des membres du Hezbollah, les explosions ont touché de nombreux civils, dont des enfants, note France 24.

L’attaque aux bipeurs marque une escalade majeure dans le conflit au Proche-Orient. La BBC note que cet événement augmente les risques de guerre totale entre le Hezbollah et Israël. Le mouvement islamiste a affirmé qu’il allait riposter en infligeant à Israël un « terrible châtiment ». Il est important de noter que la frontière israélo-libanaise est une zone de tension depuis la création d’Israël en 1948. Cependant, selon Al-Jazeera, le conflit a augmenté en intensité depuis octobre 2023, avec des échanges de roquettes de plus en plus fréquents, ainsi que des opérations militaires israéliennes et des assassinats de membres du Hezbollah au Liban. Le vendredi 20 septembre au soir, une autre figure majeure du Hezbollah a été tuée dans un bombardement sur la banlieue sud de Beyrouth. Enfin, ce lundi 23 septembre, de nouvelles frappes israéliennes sur des sites du Hezbollah ont fait au moins 274 morts, dont 21 enfants.

Nouvelle vice-doyenne de l’École des sciences infirmières : une décision controversée?

Le 11 septembre dernier, Lynne McVey a été nommée doyenne associée et directrice de l’École de sciences infirmières Ingram de McGill (ÉSII), qui fait partie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université. Lynne McVey, qui était déjà professeure associée au sein de l’ÉSII, entrera en fonction le 1er octobre. La Faculté de médecine et des sciences de la santé explique que Lynne McVey « dirigera les missions d’éducation, de recherche et de service de l’ÉSII ». Elle dispose de beaucoup d’expérience dans « la pratique infirmière et de la haute direction dans le secteur de la santé », d’après une communication officielle de McGill. Elle a notamment occupé le poste de présidente directrice-générale du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSS) de l’Ouest-de‑l’Île-de-Montréal.

Eileen Davidson | Le Délit

Cependant, cette nouvelle nomination est source de controverse. En effet, Lynne McVey avait été sévèrement critiquée pour sa gestion de la crise du Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) Herron, à Dorval, pendant la pandémie du Covid-19. Le CIUSS avait assumé la gestion du CHSLD après des retours faisant état d’un manque de personnel et de services qui mettaient la vie des résidents en danger. Cependant, selon un rapport de la coroner Géhane Kamel, la situation ne s’est pas améliorée sous l’autorité du CIUSS, et 47 résidents ont perdu la vie avant le printemps 2020. La majorité des décès seraient survenus après la prise en charge de la situation par le CIUSS, qui était censé pallier les problèmes du CHSLD. Dans son rapport, daté de mai 2022, Kamel a explicitement tenu McVey responsable.

Nouveau Gouvernement Français : espérer gouverner 

À la suite des résultats des élections européennes de début juin – largement gagnées par le parti d’extrême droite Le Rassemblement National (RN) avec 31% des voix , Emmanuel Macron a annoncé la convocation d’élections législatives anticipées pour début juillet, afin de permettre une « clarification » de la situation politique, alors largement défavorable au camp présidentiel. Les élections de juin ont apporté leur lot de surprises. En effet, le RN est arrivé en tête du premier tour avec 33% des suffrages, suivi de près par la toute nouvelle union de gauche « Le Nouveau Front Populaire » avec 28% des voix. Le second tour a abouti à une situation complexe, où trois grands groupes distincts se partagent le devant de la scène : le Nouveau Front Populaire initialement en tête avec 182 députés, le groupe présidentiel de centre droit à 168 sièges, et finalement l’extrême droite, à 143 élus, ce qui reste néanmoins un record pour cette dernière. Ne disposant pas de la majorité absolue (289 sièges) pour pouvoir gouverner correctement, Emmanuel Macron a dû retarder la nomination de son premier ministre. Habituellement nommé la semaine suivant les élections, il aura finalement fallu 51 jours au Président pour annoncer le républicain Michel Barnier comme nouveau premier ministre, permettant de créer un groupe de centre droit de 212 députés. Macron a choisi sa stratégie de faire partenariat avec la droite pour gouverner.

Eileen Davidson | Le Délit

Ce samedi 21 septembre, Michel Barnier a donc annoncé la composition de son gouvernement. Si sur les 19 ministres de plein exercice, 13 sont du groupe macroniste. Il est clair que l’équipe gouvernementale est désormais plus marquée à droite, avec plusieurs Républicains aux postes clés, comme Bruneau Retailleau au ministère de l’intérieur. La nomination de Michel Barnier a généré de nombreuses critiques. Premièrement, une grande partie des électeurs de gauche voit ce choix comme un manquement de la part du président, un non-respect des institutions démocratiques. Deuxièmement, les Républicains, très nettement affaiblis et minoritaires à l’Assemblée (47 sièges), influencent désormais des décisions majeures au sein même du gouvernement. Enfin, si Macron est aujourd’hui plus fragile que jamais, il semblerait que l’épisode politique estival n’ait rien changé : malgré les teintes républicaines, le gouvernement est toujours macroniste. Même si son gouvernement parvient à éviter une motion de censure, Michel Barnier devra faire face à de nombreux défis dans les mois à venir, comme le vote du budget, le redressement des finances publiques, et surtout, faire face à la percée inédite de l’extrême droite en France.

Deux associations étudiantes s’engagent pour lutter contre la précarité étudiante au Québec

Ce samedi 21 septembre, L’Union étudiante du Québec (UEQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont lancé une campagne visant à lutter contre la précarité sur les campus des universités du Québec. L’UEQ regroupe 12 associations étudiantes à travers la province et vise à trouver des solutions concrètes aux différents enjeux économiques que rencontrent les étudiants. De son côté, la FECQ travaille sur les mêmes problématiques au niveau des CÉGEPs. Les deux groupes se sont associés pour alerter quant à la précarité étudiante grandissante à travers le Québec. Selon Radio-Canada, la sévère inflation qui touche le Canada ces dernières années, ainsi que la crise du logement, seraient les principales causes des difficultés financières de cette population. Samedi matin, lors d’une conférence de presse au Collège Ahuntsic, les deux groupes ont manifesté leur inquiétude face au nombre croissant d’étudiants ayant recours aux services de banques alimentaires.

Eileen Davidson | Le Délit

Cité dans un article de La Presse, Étienne Paré, président de l’UEQ, a expliqué que les aides financières du gouvernement sont devenues largement insuffisantes, et que les étudiants ont tendance à s’endetter auprès de banques privées. Cet automne, les deux organisations parcourront le Québec sur les campus de nombreux CÉGEPs et universités pour trouver des solutions sur le terrain. Cette campagne s’inscrit dans un combat plus large pour les droits des étudiants : ces dernières années, les deux organisations avaient notamment mené une campagne pour la rémunération des stages, une autre manière de soulager les étudiants financièrement.

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McGill sous les échaffaudages https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/mcgill-sous-les-echaffaudages/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56009 Photoreportage d'un campus en construction.

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Ysandre Beaulieu | Le Délit
Ysandre Beaulieu | Le Délit

Vues sur le campus du centre-ville depuis l’avenue du Docteur-Penfield.

Ysandre Beaulieu | Le Délit

Le bâtiment Leacock, sous construction.

Ysandre Beaulieu | Le Délit
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Le projet New Vic en cours, à l’ancien Hôpital Royal Victoria.

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La SPHR sous un nouveau nom https://www.delitfrancais.com/2024/09/25/la-sphr-sous-un-nouveau-nom/ Wed, 25 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55994 Photoreportage d’une des marches organisée pour la Palestine.

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Le 12 septembre dernier, lors de la journée d’action nationale pour la cause palestinienne, une marche a été organisée par la SPHR au centre-ville de Montréal.

Margaux Thomas | Le Délit La SPHR, qui signifiait autrefois « Solidarité pour les droits de l’homme palestiniens », a récemment changé son appellation pour « Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine », a annoncé le groupe mercredi dans un communiqué sur Instagram.
Margaux Thomas | Le Délit Plusieurs messages militants appelant à l’Intifada (soulèvement, tdlr) ont été exprimés par la SPHR.
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Margaux Thomas | Le Délit Des dizaines d’étudiants-manifestants portant des keffieh, symbole de soutien à la Palestine.

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