Archives des Actualités - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/actualites/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 02 Apr 2025 16:11:38 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Une grève historique en soutien à la Palestine https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/une-greve-historique-en-soutien-a-la-palestine/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58070 Les étudiants exigent le désinvestissement du complexe militaro-industriel.

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Ce jeudi 27 mars, l’assemblée générale de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a approuvé, grâce à une majorité écrasante, la motion soutenant la grève étudiante en soutien à la libération de la Palestine. Cette motion, proposée par l’étudiante Rama Al Malah, visait à obtenir le soutien officiel de l’AÉUM envers la grève étudiante de trois jours ayant lieu du 2 au 4 avril. La grève n’est évidemment pas obligatoire : les étudiants décident eux-mêmes de ne pas se présenter en classe, espérant forcer l’Université McGill à désinvestir des fonds d’investissement qui participent au financement de compagnies d’armement soutenant l’invasion militaire de Gaza. Comme précisé dans la motion, on compte parmi les entreprises visées Lockheed Martin, Airbus, Textron, BAE Systems, Safran ou encore Thales. La motion a été adoptée avec 679 voix pour, 10 contre, et 3 abstentions.

L’assemblée générale

L’assemblée générale s’est déroulée à la fois en personne et en virtuel, permettant une partipation massive des étudiants. N’ayant à monter qu’un étage pour atteindre la salle du bal du bâtiment de l’AÉUM, où s’est déroulée l’assemblée, une partie de l’équipe du Délit s’est retrouvée au cœur d’une foule impressionnante. Plus de 300 élèves, nombreux à arborer fièrement un keffieh, s’étaient déplacés pour prendre part à ce moment historique. La motion est en effet la première de l’histoire de l’AÉUM à passer en faveur d’une grève étudiante. Rama Al Malah, dans son discours d’introduction, a présenté la motion comme la revitalisation d’un mouvement à la hauteur des soulèvement étudiants qui ont marqué l’histoire : « Les étudiants ont longtemps été à l’avant-garde du changement, menant la charge contre la guerre du Viêt Nam, se tenant en première ligne du mouvement des droits civiques et menant la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Aujourd’hui, même si le public ne l’a pas encore pleinement compris, ce sont encore les étudiants qui nous guident vers la vérité et la justice (tdlr) » a‑t-elle déclaré.

Elle a également rappelé que le désinvestissement est un objectif tangible et réalisable. En effet, en 2023, l’Université avait déjà accepté de désinvestir d’entreprises majeures dans les combustibles fossiles après plus d’une décennie de mobilisation étudiante, notamment incarnée par l’association étudiante Divest McGill.

L’assemblée générale s’est déroulée dans une atmosphère respectueuse et empreinte d’humilité, malgré quelques interventions contestataires qui ont davantage suscité des rires que de véritables confrontations. À l’adoption de la motion, la salle a explosé de joie : les étudiants, euphoriques et victorieux, se sont levés d’un seul élan, entonnant les chants emblématiques des manifestations pro-palestiniennes. La motion devait encore être ratifiée en ligne pour confirmer son adoption définitive, mais le sentiment du devoir accompli était déjà palpable.

À la sortie, une manifestation de petite ampleur, plus festive que véritablement militante, s’est tenue devant le bâtiment de l’AÉUM. Elle s’est déroulée sous une surveillance policière costaude : les forces de l’ordre étaient mobilisées en nombres conséquents, visibles à travers les fenêtres du bâtiment dès le début de l’assemblée générale. Lundi 31 mars au soir, la motion a définitivement été acceptée, avec un taux de ratification de 72%.

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Ligne rouge franchie en Turquie https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/ligne-rouge-franchie-en-turquie/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58053 Contestations historiques face au virage autoritaire d’Erdoğan.

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Depuis le 19 mars, la Turquie est le théâtre d’une profonde crise politique ; l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul et figure majeure de l’opposition, en est l’élément déclencheur. D’importantes manifestations se déroulent chaque jour depuis, pour dénoncer le coup déloyal du président Recep Tayyip Erdoğan en perspective des élections présidentielles de 2028. Plus qu’un simple épisode judiciaire, cet événement marque un tournant inquiétant dans la trajectoire politique du pays.

Une autocratie assumée

Ekrem İmamoğlu, membre du Parti républicain du peuple (CHP), s’est imposé en 2019 comme l’adversaire politique principal d’Erdoğan en remportant la mairie d’Istanbul, bastion symbolique et stratégique du pouvoir. Il représentait aux yeux de nombreux Turcs un espoir de renouveau démocratique. Son arrestation pour corruption et liens supposés avec une organisation terroriste a été dénoncée par ses adhérents et par la France, entre autres, comme une manœuvre politique visant à l’écarter de la course présidentielle de 2028.

2028 marque la fin du second et dernier mandat autorisé pour Recep Tayyip Erdoğan. Toutefois, beaucoup redoutent une manœuvre constitutionnelle de sa part pour prolonger son règne. Un potentiel scénario semblable à celui de Vladimir Poutine en Russie, combiné à une répression croissante, alimente les inquiétudes, tant au niveau national qu’international. Cette arrestation marque le franchissement d’une ligne rouge vers la voie de l’autocratie, dans un pays déjà classé 117e sur 167 dans l’indice de démocratie 2024 établi par The Economist. Alors que Erdoğan parvient à concentrer de plus en plus de pouvoir entre ses mains, que la presse indépendante est progressivement censurée et que le judiciaire est accusé de partialité, la Turquie semble prendre un tournant autocratique, brisant tout espoir de démocratie pour les prochaines années sous Erdoğan.

Les rues turques en ébullition

Depuis l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu, la Turquie est en proie à une mobilisation populaire d’une ampleur inédite. Le 29 mars, près de 2,2 millions de personnes se sont réunies dans le parc de Maltepe à Istanbul, selon les organistateurs. Ce rassemblement, autorisé au dernier moment, a transformé la rive asiatique de la ville en un immense océan rouge et blanc, aux couleurs du drapeau national. Sur scène, Özgür Özel, président du CHP, a dénoncé ce qu’il qualifie de « coup d’État du régime » et promis de poursuivre la « marche vers le pouvoir ».

La foule, composée de tous les bords de l’opposition, de militants de gauche, d’étudiants, de mouvements féministes ou ultranationalistes, semblait unie par une même conviction : défendre les libertés démocratiques.

« La jeunesse manifeste parce qu’elle n’a plus rien à perdre. Nos conditions de vie sont pires que celles de nos parents »
Ece, étudiante à McGill

À la suite de cette mobilisation, de larges répressions ont été instaurées : plus de 2 000 personnes ont été arrêtées depuis le début des événements, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Alors que les chaînes de télévision et les journaux proches du pouvoir contrôlent près de 90% du paysage médiatique turc, l’autorité de surveillance des médias RTÜK a imposé de nouvelles sanctions à des diffuseurs de l’opposition. Les chaînes NOW TV, Halk TV et TELE1 ont reçu des amendes, tandis que Sözcü TV s’est vue interdite d’antenne pour les 10 prochains jours. Des ONG dénoncent un usage excessif de la force. Les journalistes sont également pris pour cibles ; 12 d’entre eux ont été arrêtés à ce jour. Malgré la répression et la censure, le mouvement ne faiblit pas. Selon un sondage de l’institut Konda, 73% des Turcs soutiennent les manifestations, y compris au sein de l’électorat traditionnel d’Erdoğan.

La voix de la diaspora : la jeunesse turque à McGill

À des milliers de kilomètres d’Istanbul, la jeunesse turque installée à Montréal suit de près les événements. Pour un étudiant turc de McGill, qui a demandé à rester anonyme pour des raisons de sécurité, « ce qui se passe est une attaque contre la démocratie et contre notre pays (tdlr) ». Selon lui, l’arrestation d’İmamoğlu « rapproche la Turquie d’une dictature, et, malheureusement, on n’en est pas si loin ». İmamoğlu, dit-il, « représente l’honnêteté et la justice ». Il estime que les manifestants « devraient avoir le droit de protéger leurs droits et leur pays contre un gouvernement tyrannique ». Quant au soutien persistant pour Erdoğan par certains Turcs, il l’explique par « de l’ignorance ou de l’égoïsme ». Il confie également ressentir de l’inconfort et de l’anxiété à exprimer ses idées, surtout en ligne : « J’ai vu des journalistes et d’autres opposants être arrêtés. »

Il conclut : « En fin de compte, ce sont eux qui se font frapper et asperger de gaz lacrymogène. Notre inconfort n’est rien comparé au leur. » Ece, également étudiante à McGill, perçoit ces événements « d’une manière positive ». Pour elle, cette mobilisation révèle un changement de mentalité : « Les gens laissaient passer les abus, mais cette fois, ils réagissent. » Elle souligne l’importance symbolique d’İmamoğlu, capable de rassembler des appuis « provenant d’horizons politiques très différents », dans un pays profondément divisé. « Il utilise un langage inclusif, et je pense qu’on a besoin de ça. » Même si elle dit avoir perdu espoir dans la culture de la protestation après la répression du mouvement de Gezi en 2013, elle affirme que la situation actuelle est différente : « La jeunesse manifeste parce qu’elle n’a plus rien à perdre. Nos conditions de vie sont pires que celles de nos parents. » Des membres de sa famille participent aux marches ; des amis à elle ont été arrêtés ou blessés. À Montréal, elle manifeste chaque samedi, le visage couvert : « Ils arrêtent des gens juste pour avoir tenu un drapeau. Alors, on est prudents. »

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Aux urnes : élections fédérales 2025 https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/aux-urnes-elections-federales-2025/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58021 Un aperçu des chefs et des plateformes des principaux partis.

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L e 28 avril prochain, les Canadiens se rendront aux urnes pour élire leur 45e gouvernement fédéral. Cette élection fait suite à la dissolution du Parlement, annoncée le 23 mars par la gouverneure générale Mary Simon, à la demande du premier ministre Mark Carney. Depuis quelques semaines, la campagne électorale bat son plein : sur les réseaux sociaux et dans la rue, les partis politiques s’activent pour rallier le plus grand nombre d’électeurs à leur cause. Pour de nombreux étudiants de l’Université McGill, l’élection d’avril est une première occasion de participer au processus démocratique fédéral. Afin de vous accompagner dans votre réflexion et vous permettre de faire un choix éclairé, Le Délit propose un guide des plateformes des cinq principaux partis politiques en lice.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois (BQ)

Yves-François Blanchet est à la tête du Bloc québécois depuis 2019. Avant de faire le saut en politique fédérale, il a longtemps évolué sur la scène provinciale au sein du Parti Québécois, où il a notamment occupé le poste de ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs. Originaire de Drummondville, il représente la circonscription de Belœil-Chambly. Le Bloc québécois occupe une place particulière dans le paysage politique canadien, étant exclusivement implanté au Québec. Son objectif ultime demeure l’indépendance du Québec, mais il se veut aussi un porte-parole des Québécois à Ottawa, intervenant sur les dossiers qui touchent directement la province. Depuis son arrivée à la tête du parti, Blanchet martèle un message clair : « Si c’est bon pour le Québec, on va être pour, et si ce n’est pas bon, on va être contre. » À l’approche des élections de 2025, il mise sur cette même stratégie en appelant les Québécois à lui donner un mandat fort afin de mieux défendre leurs intérêts face au gouvernement fédéral.

Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD)

Jagmeet Singh, avocat de formation, cumule désormais 12 années de présence sur la colline du Parlement en tant que député du Nouveau Parti démocratique (NPD) et sept ans à la tête du parti. Il est le premier chef permanent d’un grand parti fédéral à être issu d’une minorité visible ; Singh est sikh et porte le kirpan. Sur le plan idéologique, le NPD se revendique comme un parti progressiste et social-démocrate. Singh se positionne comme un fervent défenseur des familles de la classe moyenne et des travailleurs. Parmi ses principales priorités figurent l’augmentation des investissements dans les services publics, en particulier la santé et l’éducation, ainsi que la mise en place d’un programme national d’assurance-médicaments et de soins dentaires. Il plaide également en faveur d’une transition écologique, misant sur les énergies renouvelables et la réduction des subventions accordées aux industries polluantes. Alors que les élections approchent, Singh cherche à convaincre les électeurs que son parti représente une alternative viable aux libéraux et aux conservateurs, en promettant un gouvernement qui place les citoyens ordinaires au cœur de ses priorités.

Stu Doré | Le Délit

Mark Carney, chef du Parti Libéral du Canada (PLC)

Mark Carney est le premier ministre sortant du Canada. Avant de succéder à Justin Trudeau le 9 mars 2025, il n’avait pas d’expérience en politique : s’il remporte la circonscription de Nepean, en Ontario, lors des prochaines élections, ce sera sa première victoire électorale officielle. Issu du milieu financier, Carney a bâti une carrière en tant que gouverneur de la Banque du Canada (2008–2013), où il a participé à la gestion de la crise financière mondiale. Il a ensuite dirigé la Banque d’Angleterre (2013–2020), devenant ainsi le premier étranger à occuper ce poste. Son expertise économique l’a également conduit à conseiller Justin Trudeau pendant la pandémie. À la tête du Parti libéral, Carney incarne une rupture avec la politique plus progressiste de Trudeau, adoptant une approche plus centriste, voire pragmatique, en matière d’économie. Dès son premier jour en fonction, il a aboli la taxe carbone et prévoit également d’éliminer la taxe sur les produits et services (TPS) sur l’achat de propriétés de plus d’un million de dollars. S’il est réélu, il compte faire de l’équilibre budgétaire sa priorité. À l’approche des élections, Carney cherche à convaincre les électeurs que son expérience en gestion économique et en gestion de crise fait de lui le premier ministre idéal pour assurer la stabilité du Canada dans un contexte mondial incertain.

Stu Doré | Le Délit

Pierre Poilievre, chef du Parti Conservateur du Canada (PCC)

Pierre Poilievre évolue dans le paysage politique canadien depuis 2004, année où il est élu député à la Chambre des communes pour la circonscription de Carleton, en Ontario. Reconnu pour son style percutant et parfois conflictuel, il s’est rapidement imposé comme une figure influente du Parti conservateur du Canada. En 2022, il accède à la tête du parti, devenant ainsi chef de l’opposition officielle. Sur le plan idéologique, Poilievre se positionne comme un fervent défenseur du conservatisme économique, plaidant pour une réduction des impôts et une approche axée sur la liberté individuelle. Le Parti conservateur, sous sa direction, met de l’avant l’accessibilité au logement, le redressement des finances publiques et la lutte contre la criminalité. Ses slogans, dont « Couper les taxes et impôts », « Bâtir des logements », « Réparer le budget » et « Stopper les crimes [sic] », incarnent sa vision d’un Canada plus prospère et sécuritaire. À travers ses prises de position tranchées, il cherche à séduire une base électorale préoccupée par le coût de la vie, la bureaucratie et la sécurité au Canada.

Stu Doré | Le Délit

Jonathan Pedneault et Elizabeth May, cochefs du Parti Vert du Canada (PVC)

Le Parti vert du Canada est actuellement dirigé par deux cochefs, Elizabeth May et Jonathan Pedneault. Si le parti remportait une majorité à la fin du mois, ce serait Pedneault qui deviendrait premier ministre. Ancien journaliste, il a couvert des conflits dans plusieurs pays d’Afrique avant de rejoindre Amnistie internationale. Il s’est lancé en politique en 2022 et a été élu cochef du Parti vert en 2025 aux côtés de May. La plateforme du Parti vert repose avant tout sur la protection de l’environnement, avec des engagements forts, tels que la responsabilisation des grands pollueurs et la suppression des subventions aux compagnies pétrolières et gazières. Le parti adopte également une position progressiste sur les enjeux sociaux, prônant une meilleure accessibilité aux services de santé et la protection des droits des minorités. À l’approche des élections, Pedneault tente de convaincre les électeurs que le Parti vert est prêt à gouverner en proposant une vision axée sur la justice climatique et sociale.

Stu Doré | Le Délit

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Les Canadiens de moins en moins heureux? https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/les-canadiens-de-moins-en-moins-heureux/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58058 Le Délit décrypte le rapport mondial sur le bonheur 2025.

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Ce jeudi 20 mars, l’édition 2025 du rapport mondial sur le bonheur (World Happiness Report 2025) a été publiée, offrant une analyse de référence sur la satisfaction mondiale. Cette année, le rapport s’est particulièrement concentré sur la perception des notions de bienveillance et de partage. Comme on pouvait s’y attendre, les pays du Nord figurent en tête : la Finlande, le Danemark, l’Islande et la Suède occupent les quatre premières places. Le Canada, en revanche, continue de chuter et se retrouve 18e, alors qu’il était 6e en 2013.

Le Délit s’est entretenu avec Christopher Barrington-Leigh, professeur spécialiste de l’« économie du bien-être » à McGill, qui analyse l’influence des liens sociaux sur le bonheur.

Quelle méthodologie?

Le rapport repose sur l’échelle de Cantril, un outil où les participants évaluent leur bien-être sur une échelle de 0 à 10. Les différences entre pays sont ensuite expliquées à l’aide de six variables : le PIB par habitant, l’espérance de vie en bonne santé, la générosité, l’absence de corruption, la liberté de faire des choix de vie et le fait d’avoir quelqu’un sur qui compter.

Si Barrington-Leigh reconnaît la valeur du rapport, il met en garde contre les conclusions hâtives sur le classement des pays. « Le classement est mis en avant parce qu’il est sensationnaliste et attire beaucoup l’attention chaque année. Les journalistes l’adorent. (tdlr) » Cependant, il est toujours compliqué de tirer des conclusions hâtives quant au rapport, notamment quand il mesure quelque chose d’aussi subjectif que le bonheur. Les intervalles entre pays peuvent également être très faibles, ce qui fait perdre en crédibilité aux résultats. Si deux pays sont éloignés de cinq places au classement, mais que les différences de bonheur entre eux et les pays les séparant sont très faibles, il serait probablement plus sensé de classer les pays en différents groupes plutôt qu’individuellement.

Le bonheur en déclin au Canada

Malgré les limites du classement, le professeur estime que la baisse du Canada reflète une tendance réelle. L’édition précédente du rapport avait mis en lumière une diminution marquée du bien-être des jeunes au cours de la dernière décennie. Le professeur estime que les réseaux sociaux – bien qu’il en reconnaisse les atouts – ont probablement leur rôle à jouer dans le déclin du bonheur chez les jeunes. Le professeur pointe l’impact négatif des réseaux sociaux sur le bien-être des jeunes et plaide pour des régulations sur la publicité ciblée, car « les réseaux ne visent pas à générer du bienêtre, mais du profit. Ils cherchent aussi à créer du conflit et de la polarisation, car c’est le meilleur moyen de créer de l’engagement. Il est nécessaire de protéger les gens face à ça ».

La clé du bonheur : la qualité des liens sociaux

L’impact des relations sociales sur le bonheur est un point central du rapport. Selon Barrington-Leigh, la richesse matérielle réduit le stress quotidien expliquant pourquoi les pays riches sont en moyenne plus heureux. Pourtant, cela n’explique pas tout. Comment expliquer qu’un pays comme le Mexique puisse se hisser devant le Canada au classement?

Barrington-Leigh maintient que la qualité et la diversité des relations sociales que nous entretenons sont les piliers de notre bonheur. Le professeur explique que les niveaux importants de bonheur dans certains pays d’Amérique latine et centrale sont une énigme depuis longtemps. La réponse résiderait dans des choses simples : selon le professeur, la musique et la danse ; selon le rapport, le temps consacré à partager des repas avec ceux qui nous sont chers. Ces sociétés baignent dans une culture riche qui met de l’avant les liens familiaux et communautaires, beaucoup plus que nos sociétés du Nord.

Rester optimiste

Les conclusions du rapport peuvent sembler décourageantes, mais des initiatives positives émergent. En 2022, Ottawa a adopté le Cadre de qualité de vie pour le Canada, intégrant des mesures de satisfaction à l’égard de la vie et du sentiment de sens. Le Canada est l’un des rares pays à placer explicitement le bien-être au centre de ses politiques publiques.

D’un point de vue plus local, Barrington-Leigh rappelle que le Québec est depuis peu la province la plus heureuse du pays. Une qualité des institutions et un système de protection sociale robuste pourraient expliquer cet écart avec le reste du Canada.

Si le bonheur canadien est en déclin, des leviers sont à explorer pour inverser la tendance. Miser sur les liens sociaux, changer le modèle qu’emploient les réseaux sociaux pour provoquer de l’engagement et repenser les priorités sociétales pourraient être des solutions à explorer.

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Quand l’armement américain ne fait plus l’unanimité https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/quand-larmement-americain-ne-fait-plus-lunanimite/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57865 Washington inquiète ses alliés par son imprévisibilité.

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L es dernières semaines ont vu plusieurs alliés traditionnels des États-Unis remettre en question certains de leurs contrats d’armement avec le complexe militaro-industriel américain. En première ligne : le F‑35, l’avion de chasse de 5e génération ultra-connecté, mais aussi les sous-marins de type Virginia. Ces revirements soulèvent des questions sur une éventuelle perte d’attractivité de l’armement américain. L’incertitude liée à l’administration Trump suscite en effet crainte et méfiance chez les alliés traditionnels des États-Unis, notamment en matière de défense.

Au milieu d’une crise diplomatique et politique sans précédent entre les États-Unis et le Canada, le nouveau premier ministre canadien, Mark Carney, a ordonné le 15 mars dernier la réévaluation du contrat de 19 milliards de dollars conclu avec l’entreprise américaine Lockheed Martin pour l’acquisition des avions de combat F‑35. Cette décision s’inscrit notamment autour d’un litige avec le constructeur américain, qui refuse de donner l’accès au « code source » de l’aéronef. Une telle restriction empêche le Canada de disposer d’un contrôle total sur l’appareil, alimentant les craintes que Lockheed Martin et les États-Unis puissent en conserver un contrôle à distance, une dépendance technologique critique que l’industriel et le Pentagone ont toutefois démentie.

Des alliés sur la réserve

Mark R. Brawley, professeur à l’Université McGill au département des sciences politiques, rappelle que le F‑35 est au cœur de vifs débats à l’international : « Le F‑35 est compliqué, principalement parce qu’il a été conçu par et pour les Américains ; il ne correspond pas forcément aux besoins canadiens.(tdlr) »

Lorsqu’on lui demande ce que doit être capable de faire un avion de chasse moderne, il précise : « Il doit être capable de combattre de potentiels ennemis, comme la Chine, la Russie ou leurs pays relais. Dans ce domaine, le F‑35 excelle. Il y a peu d’alternatives. » Ces propos mettent en lumière le dilemme auquel sont confrontés les élus canadiens : aller au bout de ce contrat malgré toutes les incertitudes ou se tourner vers l’une des rares alternatives, au risque d’aggraver davantage la situation. Il est important de rappeler que le Canada collabore étroitement avec les États-Unis depuis plusieurs décennies sur les questions de défense (système de communication, formation, armement…) Un éventuel divorce diminuerait considérablement la force de projection du Canada à l’étranger, en plus d’affaiblir très largement sa défense.

« L’administration Trump se tire une balle dans le pied, au moment même où l’industrie américaine devrait dominer le marché »

Mark R. Brawley, professeur de sciences politiques

Un cas similaire s’est produit récemment au Portugal, où le gouvernement a décidé de ne plus se tourner vers le F‑35 pour remplacer sa flotte vieillissante de F‑16, par crainte que les États-Unis ne se montrent pas un allié aussi fiable qu’auparavant, a expliqué le ministre portugais de la Défense sortant, Nuno Melo. Ce dernier estime que la « prévisibilité » doit être un facteur essentiel lors d’un tel choix. Ce climat de doute a très certainement été renforcé après avoir observé la pression américaine exercée sur l’Ukraine, avec notamment l’interruption de l’aide promise. Une situation qui nourrit la crainte que le F‑35 soit confronté à de telles restrictions en termes de pièces de rechange ou de mise à jour logicielle si la coopération avec les Américains devait être interrompue.

De l’autre côté du globe, l’Australie connaît l’émergence d’une vague de critiques dans le cadre de l’accord AUKUS, qui prévoit l’achat de sous-marins américains et britanniques. D’anciens membres du gouvernement et de l’armée remettent désormais en question ce partenariat : coûts trop élevés, délais jugés déraisonnables et surtout des doutes sur la pertinence de ces sous-marins dans les eaux australiennes. Le professeur Brawley explique : « C’est un peu comme ce que j’avais dit vis-à-vis des F‑35 : ces sous-marins sont conçus initialement pour répondre aux besoins américains. »

L’Europe face à une opportunité stratégique historique

Face à ces remises en question, une question s’impose : assistons-nous à un déclin de l’influence du complexe militaro-industriel américain? « Absolument, oui », affirme le professeur Brawley. Il estime que l’administration Trump agit à contre-courant de ce que devrait faire une puissance militaire dominante : « L’administration Trump se tire une balle dans le pied, au moment même où l’industrie américaine devrait dominer le marché. Le matériel américain a pourtant largement fait ses preuves sur le terrain, notamment en Ukraine, en démontrant sa nette supériorité face à l’équipement soviétique. Ce conflit aurait dû lui servir de très bonne publicité. »

« Un éventuel divorce diminuerait considérablement la force de projection du Canada à l’étranger, en plus d’affaiblir très largement sa défense »

Mais à force de multiplier les tensions avec ses alliés, à travers ses politiques tarifaires et sa diplomatie, l’administration américaine ouvre la voie à d’autres fournisseurs rivaux : « Si les pays n’estiment pas pouvoir faire confiance aux États-Unis pour assurer l’approvisionnement de cet équipement, alors ils vont se tourner vers le peu d’alternatives de qualité similaire, et l’Europe est un candidat crédible. » Cette situation remet également en question la logique de dépendance technologique, et plus largement les choix en matière de défense, en ouvrant la voie à la promotion d’un modèle européen plus autosuffisant. Bien que dominant sur le marché, le géant américain perd progressivement du terrain, à cause de facteurs politiques et techniques, décourageant certaines nations à faire recours à leur service afin de se procurer leur matériel militaire.

Brawley ajoute : « Cela crée des opportunités pour les Européens, qui peuvent s’imposer sur des marchés où les acheteurs tournent le dos aux produits américains. Les industries françaises et allemandes risquent d’en bénéficier. »

L’Europe, qui revendique une volonté d’autonomie stratégique depuis plusieurs années, voit donc s’ouvrir une fenêtre d’opportunité. Si elle parvient à se coordonner et à proposer une offre crédible, elle pourrait profiter du recul de l’attractivité américaine pour renforcer sa propre base industrielle de défense et retrouver une place de choix sur la scène internationale. Plus qu’une remise en cause des seuls contrats, c’est une redéfinition profonde des alliances et de l’ordre mondial qui semble s’esquisser.

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« Le néolibéralisme est un échec » https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/le-neoliberalisme-est-un-echec/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57886 Conférence avec Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie.

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Le mercredi 12 mars, à l’hôtel InterContinental de Montréal, se tenait une conférence autour de Joseph Stiglitz, récipiendaire du prix Nobel d’économie en 2001 et économiste en chef de la Banque mondiale de 1997 à 2000. Il est maintenant professeur à Columbia. L’économiste Christopher Ragan s’est entretenu avec lui pour discuter de son nouveau livre intitulé Les routes de la liberté (The Road to Freedom : Economics and the Good Society). Durant cet événement organisé par McGill, Stiglitz a pu réitérer ses thèses majeures et plus récentes, en relief avec l’actualité politique nord-américaine.

L’échec du néolibéralisme

L’auteur de La grande désillusion (Globalization and its Discontents) a d’abord exprimé sa farouche opposition au capitalisme néolibéral, qu’il définit comme « le retrait de toutes les régulations économiques et environnementales de l’État, et la libéralisation totale du commerce et de la finance (tldr) ». Notamment promu par des économistes tels que Milton Friedman ou Friedrich Hayek, cet ensemble de directives économiques vise à « rendre l’économie prospère » via « l’effet de ruissellement », grâce auquel l’accroissement des grandes richesses permises par la libéralisation finirait par bénéficier à l’ensemble de la société.

Cette politique, implantée dans la majorité des pays du monde depuis les années 1980, est largement un échec, selon Stiglitz. Prenant l’exemple des États-Unis, pionniers de la doctrine, il explique : « L’accroissement majeur des inégalités de revenu, la crise financière de 2008 et le manque de couverture médicale prouvent que les marchés ne sont pas la solution à tout ». Sur ce dernier exemple, il développe : « 20% du PIB américain correspond à des dépenses de santé. C’est quatre fois plus par habitant que Singapour, mais nous figurons parmi les derniers sur de nombreux indicateurs de santé parmi les pays développés.»

Une question d’idéologie

Comment expliquer, dans ce contexte, que les politiques économiques néolibérales restent en vigueur aujourd’hui? D’après Stiglitz, l’une des raisons principales est idéologique. L’économiste estime que les défenseurs du néolibéralisme ont mal interprété la notion de liberté : « Le terme “libéralisme” est dérivé de “liberté” […] cependant, la liberté que crée le néolibéralisme est d’abord celle d’exploiter les individus. » Il ajoute que « de manière générale, la liberté des uns peut être la non-liberté des autres. […] Par exemple, la liberté de polluer pour une entreprise restreint celle d’un asthmatique à vivre. […] Les néolibéraux agissent, à tort, comme si la liberté était un absolu, alors qu’il s’agit d’un compromis ».

Sur la question des inégalités, il explique : « D’un point de vue économique, la liberté consiste en l’ensemble des possibilités d’un individu. Si vous n’avez aucune opportunité, comme cela arrive dans nos sociétés inégalitaires, vous n’êtes pas libre. […] C’est aux politiques publiques d’offrir des opportunités à tous, au moyen de l’éducation publique et des soins de santé. » Ces politiques devraient être collectivement déterminées, selon lui, comme si « nous étions ignorants de toutes nos conditions de vie, d’où nous sommes placés dans la société. Si c’était le cas, nous serions tous en faveur de cette action publique, même si elle nécessite des taxes ».

Dans l’ère de Trump et de Musk

Comment raisonner à l’ère Trump-Musk, alors que les partisans de ces derniers érigent régulièrement la liberté, plus particulièrement notamment la liberté d’expression, comme un absolu justifiant leurs propos et positions? L’ancien prix Nobel étend alors son raisonnement : « La même logique de compromis s’applique ici. La dérégulation de la pluralité des médias dans les années 70, par exemple, a en réalité partiellement limité la parole publique aux opinions de leurs propriétaires. » En fin de conférence, nous avons pu l’interroger sur le rachat de Twitter (devenu X) par Elon Musk : « L’objectif plus large de Musk est la destruction totale de l’État pour prévenir toute entrave à ses opérations. Son influence majeure sur l’administration et l’opinion publique montre la nécessité de freiner l’enrichissement excessif, car il mène inévitablement à une influence politique démesurée. » Malgré la mise en place progressive de ce projet, les voix comme celles de Joseph Stiglitz proposent une vision du monde différente, et demeurent un contre-pouvoir important face à l’influence du milliardaire américain.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/la-selection-dactus-du-delit-11/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57892 Baie d'Hudson, projet de loi 89, et campagne électorale fédérale.

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LIQUIDATION DE LA BAIE D’HUDSON : LA FIN D’UNE ÉPOQUE ?

Le vendredi 14 mars dernier, la Baie d’Hudson, la plus importante chaîne de magasins grande surface au Canada, a annoncé la liquidation de l’ensemble de ses actifs. Elle est confrontée à d’importantes difficultés au cours des dernières années, notamment une baisse générale des ventes, aggravée par la pandémie. L’entreprise est lourdement endettée auprès de nombreux créanciers, incluant fournisseurs et propriétaires immobiliers. La compagnie a pris la décision de passer en liquidation alors qu’elle risquait de ne plus être capable de payer ses 9 364 employés, qui à leur tour, se retrouvent aujourd’hui dans une situation très précaire.

Le vendredi 21, l’entreprise a reçu l’approbation de la Cour supérieure de l’Ontario pour passer à la phase active de liquidation. Ils ont donc pu lancer cette dernière le lundi 24 mars. Cependant, La Baie semble rester relativement confiante en sa capacité à pouvoir survivre au sein du paysage commercial canadien. En effet, la compagnie a annoncé vouloir sauver six de ses 80 magasins, dont trois au Québec, incluant celui du centre-ville de Montréal. Ce rebond d’optimisme est en partie dû à une recrudescence de l’engouement des consommateurs. Après l’annonce initiale de liquidation, ces derniers se sont rués en masse sur les produits à rayures emblématiques de La Baie, de peur de ne plus jamais pouvoir mettre la main sur ces derniers.

À l’intérieur du magasin du centre-ville, l’ambiance reste positive : malgré les visages ternes de certains employés, la majorité reste souriante. Bien que les panneaux « liquidation » soient omniprésents, accompagnés de quelques portants vestimentaires abandonnés, le magasin est toujours dynamique, de nombreux clients arpentant ses couloirs. Reste à voir si la stratégie de dernière minute des dirigeants parviendra à sauver ce magasin, ainsi que les cinq autres « heureux élus ». Pour les autres, la liquidation s’étendra jusqu’au 15 juin, après quoi ils disparaîtront définitivement.

PROJET DE LOI 89 ET RÉSISTANCE SYNDICALE : LE GOUVERNEMENT JETTE-T-IL DE L’HUILE SUR LE FEU ?

En février dernier, le gouvernement du Québec a annoncé un nouveau projet de loi, numéro 89, sobrement intitulé « Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out ». Rédigé par le ministre du Travail Jean Boulet, le projet de loi semble à première vue mettre les intérêts des Québécois au premier plan. Il permettrait au gouvernement d’intervenir directement pour mettre fin aux conflits de travail entre patrons et employés, notamment en cas de grève dans des industries qui impactent la société québécoise dans son ensemble. Par exemple, les grèves dans le milieu de la construction ont souvent un impact très négatif sur l’économie, et le gouvernement juge donc nécessaire d’intervenir dans certains cas pour protéger la société. Le projet de loi est soutenu par de nombreux grands patrons dans plusieurs secteurs clés de l’économie québécoise.

Ce nouveau projet de loi fait cependant face à une résistance féroce des syndicats québécois. La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a exprimé son scepticisme dans une lettre cosignée par les quatre centrales syndicales ainsi que cinq autres organisations syndicales. Caroline Senneville, présidente de la CSN, décrit le projet comme une « manœuvre explosive. » Elle explique que « non seulement [le] projet de loi vient brimer les travailleuses et les travailleurs dans leur droit de négocier et d’améliorer leurs conditions de travail, mais il vient en prime déstabiliser le fragile, mais important équilibre qui existait depuis l’adoption, en 1977, des dispositions anti-briseurs de grève prévues au Code du travail. »

Le mardi 18 mars dernier, une importante manifestation a été organisée en plein centre-ville, en face du portail Roddick de McGill (photographie). La CSN était présente, avec plusieurs autres syndicats. La circulation sur la portion adjacente de la rue Sherbrooke a dû être interrompue par les forces de l’ordre, présentes en nombre pour encadrer la manifestation.

Stu Doré | Le Délit

ÉLECTIONS FÉDÉRALES 2025 : UN DUEL POILIEVRE-CARNEY SOUS L’OMBRE DE TRUMP

C’est officiel, le Canada est maintenant en période de campagne électorale fédérale. Ce dimanche 23 mars, la gouverneure générale Mary Simon a accepté de dissoudre le Parlement à la demande du premier ministre Mark Carney. Le premier scrutin aura lieu le 28 avril, et pour l’instant, les résultats restent imprévisibles. Bien que le Parti libéral du Canada soit radicalement remonté dans les sondages depuis l’arrivée du nouveau chef, la course reste très serrée avec le Parti conservateur. Selon un sondage récent, les libéraux reçoivent un appui de 42%, contre 39% d’intentions de vote pour le parti de Pierre Poilievre. Cependant, les résultats dans les différents sondages d’opinion ont tellement fluctué ces derniers mois qu’il est impossible de faire une prévision fiable.

Eileen Davidson | Le Délit

Nous pouvons toutefois déterminer quels seront les enjeux les plus importants de cette campagne. Indéniablement, le débat phare gravitera autour des États-Unis de Donald Trump : la guerre commerciale qu’il a engagée avec nombre de ses partenaires internationaux est au centre de l’attention, et risque de desservir Pierre Poilievre, considéré comme aligné avec Trump sur plusieurs enjeux. Lors du lancement de sa campagne à Gatineau, le chef des conservateurs a néanmoins déclaré qu’il tiendrait tête à Trump et qu’il placerait les intérêts des Canadiens au cœur de son mandat.

Les partis restants naviguent au sein de ce duel majeur entre libéraux et conservateurs. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, a par exemple déclaré vouloir favoriser les intérêts des travailleurs et a critiqué à la fois Mark Carney et Pierre Poilievre pour leurs politiques, estimant qu’elles favorisent les ultra-riches.

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L’Université Columbia rend les armes https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/luniversite-columbia-rend-les-armes/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57889 Une ingérence politique inédite de l’administration Trump.

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Le vendredi 21 mars, l’Université Columbia à New York a annoncé son intention d’appliquer une série de mesures exigées par l’administration de Donald Trump. Cette décision intervient dans l’espoir de récupérer les 400 millions de dollars de fonds fédéraux que le gouvernement avait suspendus, accusant l’établissement de tolérer l’antisionisme et l’antisémitisme sur son campus.

Dans une lettre adressée au gouvernement américain, Columbia s’est engagée à revoir en profondeur sa gestion des manifestations étudiantes, à adopter une définition stricte de l’antisémitisme et à réformer plusieurs départements académiques, notamment ceux consacrés au Moyen-Orient, à l’Afrique et à l’Asie du Sud.

Depuis plusieurs semaines, Columbia tente de concilier les pressions gouvernementales avec la mobilisation persistante de ses étudiants, qui manifestent pour la liberté d’expression et la cause propalestinienne. La décision du 21 mars marque un tournant majeur, susceptible d’avoir des répercussions sur d’autres universités américaines confrontées aux mêmes tensions sous la gouvernance de Trump.

Le corps étudiant en colère

Depuis le début du mois de mars, des manifestations agitent le campus de Columbia et les rues de New York. Celles-ci s’attaquent aux mesures imposées par Trump, mais aussi à la réaction jugée trop conciliante de l’université. La semaine dernière déjà, pour apaiser la pression fédérale, Columbia avait pris la décision de sanctionner les étudiants impliqués dans le campement propalestinien de l’été 2024. Certains risquent l’expulsion ou la perte de leurs diplômes, tandis que d’autres font déjà face à des poursuites judiciaires.

« Il suffit de prendre la parole ou de participer à une manifestation où on se ferait prendre en photo pour risquer le renvoi ou la déportation »
Camille, étudiante à Columbia

L’affaire a pris une tournure dramatique début mars avec l’arrestation par la police fédérale de l’immigration (ICE) de Mahmoud Khalil, un Palestinien diplômé de Columbia et figure du mouvement étudiant. Son interpellation, qui pourrait conduire à son expulsion du pays, a provoqué une vague d’indignation dans le monde universitaire. À l’heure actuelle, Khalil est toujours détenu en Louisiane, bien qu’il possède les documents nécessaires pour justifier sa présence légale aux États-Unis.

Camille, étudiante en programme de maîtrise à Columbia, témoigne : « C’est difficile, parce qu’on a envie de prendre la parole pour exprimer notre colère face à la situation – que ce soit les coupes budgétaires ou les arrestations – mais le fait de lever la voix nous expose à beaucoup de dangers. Il suffit de prendre la parole ou de participer à une manifestation où on se ferait prendre en photo pour risquer le renvoi ou la déportation. » Elle ajoute que la situation actuelle sur le campus est très tendue et anxiogène : « C’est vraiment inquiétant, surtout en tant qu’étudiants étrangers, de se dire qu’à tout moment sur le campus ou aux abords on peut se retrouver face à l’ICE ou le DHS [Department of Homeland Security], qu’on peut assister à la déportation de quelqu’un », confie-t-elle.

Un élan de solidarité au-delà des frontières

Au Canada, des universitaires et associations étudiantes ont exprimé leur soutien aux étudiants de Columbia. L’association Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (Students for Palestinian Honour and Resistance, SPHR) de l’Université McGill a publié un message de soutien à Mahmoud Khalil sur Instagram : « Depuis 16 mois, nous avons vu des administrateurs d’universités à travers l’Amérique du Nord collaborer avec la police, les gouvernements fédéraux et les groupes de pression sionistes pour tenter d’étouffer l’Intifada étudiante. […] Les étudiants canadiens ne sont ni inconscients ni immunisés contre la répression de l’État. Nous exigeons la libération de Mahmoud Khalil et le désinvestissement immédiat! (tdlr) »

Alors que les tensions ne faiblissent pas, la situation de Columbia illustre un climat de plus en plus hostile aux mouvements étudiants contestataires aux États-Unis, et pose la question de l’avenir de la liberté d’expression dans les campus américains.

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Conversation avec Deep Saini https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/conversation-avec-deep-saini/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57730 Discussion avec une étudiante pour la Francofête 2025.

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L e 12 mars dernier, j’ai participé à une discussion filmée avec le recteur de McGill, Deep Saini, pour promouvoir la Francofête 2025. Curieuse d’en apprendre plus sur l’un des personnages clés de notre Université, j’ai rapidement constaté qu’au-delà de son rôle à McGill, il possède une riche expérience en tant que père, recteur, enseignant et personne immigrante.

C’était important pour moi de trouver un angle de questions qui permettrait à Deep Saini de raconter un peu plus son histoire à la communauté mcgilloise, tout en continuant de se focaliser sur le rôle du français à McGill. Avec l’aide et le soutien du professeur Pascal Brissette, directeur du programme d’études sur le Québec, ainsi que de Stéphan Gervais, coordonnateur scientifique des études québécoises, j’ai préparé une discussion dans le thème de la Francofête 2025. Mes questions ont porté sur le parcours de Deep Saini, ses divers rôles, ainsi que sur sa perception de l’importance de la francophonie, tant sur le plan personnel qu’institutionnel pour McGill. Ce fut une excellente occasion d’en apprendre plus sur un homme qui est l’un des symboles majeurs de notre université.

Un retour sur notre discussion

Depuis le début de son mandat, le recteur fait face à de multiples défis, dont notamment celui de la place de la langue française à McGill. Ayant un solide parcours académique à l’international, Deep Saini a vécu des expatriations enrichissantes aux quatre coins de la planète, que ce soit au Canada, en Australie ou en Inde. Après avoir quitté l’Inde pour faire son doctorat en biologie végétale, il s’installe à Adélaïde, en Australie, où il reviendra, 30 ans plus tard, comme recteur de l’Université de Canberra en 2016. Il arrive au Canada en 1982, d’abord en Alberta, pour un postdoctorat. Il entame alors une série de déménagements à travers plusieurs provinces, occupant divers postes de professeur et, dans certains cas, de recteur, notamment à l’Université de Toronto, Dalhousie, Waterloo et à l’Université de Montréal.

Au bout de quelques heures passées avec le recteur, j’ai été surprise d’apprendre que non seulement il possède une bonne maîtrise de la culture québécoise, qu’il est fier d’avoir intégrée au fil des années, mais qu’il considère aussi que le français a un rôle crucial au sein de l’Université McGill. Que ce soit par son amour pour la chanson Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois, ses connaissances sur Jean Chrétien ou encore son attachement à l’art de l’improvisation francophone, découvert lors de ses premières années à l’Université de Montréal, Deep Saini affiche son amour et son intérêt pour la culture québécoise de multiples façons. J’ai trouvé intéressant d’écouter son récit sur son arrivée au Canada.

Malgré son rôle à la tête d’une institution de renommée internationale comme McGill, Deep Saini s’est montré accessible et ouvert. Au cours de cette discussion, j’ai pu explorer des facettes de notre recteur qui ne sont pas souvent mises en lumière, ainsi que ses liens et son affection pour la culture québécoise et la francophonie.

La vidéo de l’entrevue sera publiée en ligne le 20 mars pour célébrer la Journée internationale de la Francophonie, dans le cadre de la Francofête et de la série Entretien sur les campus. Vous pourrez visionner cette discussion sur les réseaux sociaux de McGill.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/la-selection-dactus-du-delit-10/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57755 Restriction de l’initérance dans le métro montréalais, suppression de la taxe carbone et potentiel cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie

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RESTRICTION DE L’ITINÉRANCE DANS LE MÉTRO MONTRÉALAIS

Le jeudi 13 mars, la Société des Transports de Montréal (STM) a annoncé une mesure visant à interdire le « flânage » dans ses stations de métro et leurs entrées. Selon la STM, cette décision vise à « améliorer le sentiment de sécurité, la propreté des stations et à faciliter la fermeture des installations la nuit, tout en maintenant la fluidité du transport ».

Cette décision semble principalement cibler la population itinérante de la ville, qui trouve souvent refuge dans les stations de métro pendant l’hiver. Désormais, les constables spéciaux de la STM auront le pouvoir d’expulser les « flâneurs » sans avoir à fournir d’explications. Cette nouvelle mesure s’accompagne d’une augmentation de la présence policière, effective depuis le 7 février, qui inquiète de nombreux observateurs.

Jade, étudiante de McGill qui fréquente quotidiennement la station Atwater, témoigne qu’il y a « toujours des personnes sans-abri à la station ». Celle-ci est en effet connue comme étant une des stations attirant le plus grand nombre de personnes sans domicile fixe. Elle raconte également avoir vu beaucoup plus de constables spéciaux dans le métro depuis quelque temps. Si elle précise qu’elle « évite de prendre le métro la nuit » et qu’elle « fait attention », elle souligne aussi qu’elle habite à proximité de la station depuis trois ans, sans avoir jamais rencontré de problème avec les sans-abris. « Je ne trouve pas cela justifié de leur demander de partir, alors que c’est encore l’hiver… », confie-t-elle. Un sentiment partagé par plusieurs autres usagers qui jugent cette mesure excessive, tout particulièrement en période hivernale.

La Ville de Montréal a également annoncé qu’elle prolongera jusqu’à la fin avril la période d’ouverture de ses deux haltes-chaleur, Lucien-Saulnier et Saint-Laurent. Bien que les mesures de la STM visent à rendre les transports publics plus sûrs et agréables pour tous les usagers, elles soulèvent des interrogations sur leur impact social. Les mesures, qui seront appliquées jusqu’à la fin avril, remettent en question l’efficacité de la réponse apportée à la crise de l’itinérance à Montréal.

LA FIN DE LA TAXE CARBONE AU CANADA

Eileen Davidson | Le Délit

Le vendredi 14 mars, le jour même de son assermentation en tant que nouveau chef du Parti libéral du Canada et premier ministre du pays, Mark Carney a signé un décret pour supprimer, à compter du 1er avril, la taxe carbone. Cette décision marque sa première action en tant que premier ministre et pourrait avoir un impact considérable sur les Canadiens.

Lors de l’annonce de cette décision, Carney a tenu à rassurer les Canadiens inquiets des conséquences de l’élimination de la taxe : « Cette mesure fera une réelle différence pour ceux en difficulté, tout en faisant partie d’un ensemble de politiques visant à lutter contre le changement climatique, à renforcer la compétitivité de nos entreprises et à soutenir le progrès de notre pays (tdlr). » Il a annoncé que le prix à la pompe allait baisser de façon considérable, et que d’autres initiatives seraient mises en place pour continuer à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre – mentionnant notamment des mesures incitatives pour encourager les Canadiens à adopter des comportements plus écologiques, en particulier en ce qui concerne les consommateurs.

Or, les militants pour l’environnement craignent malgré tout les effets potentiellement néfastes de cette mesure. Selon Eulalie Reesink-Babillon, coordinatrice de la mobilisation au sein de l’organisation environnementale Last Generation à Ottawa, « il faut que Carney comprenne que la crise climatique pose un danger immédiat, et que ses politiques doivent être encore plus radicales que celles de Trudeau. Enlever la taxe carbone crée un précédent dangereux pour Carney ; c’est synonyme de négliger la sécurité des Canadiens ».

Cela fait plusieurs années que le Parti conservateur milite pour l’abolition de la taxe carbone, avec le célèbre slogan « axe the tax » de Pierre Poilievre. Cette taxe avait été introduite par l’ancien premier ministre Justin Trudeau en 2019, dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’encourager les Canadiens à adopter des pratiques plus écologiques. La décision de Carney marque un tournant dans la politique canadienne : entre impact économique et objectifs environnementaux à long terme, seul le futur saura nous révéler l’impact d’une telle décision.

VERS UNE TRÊVE DANS LA GUERRE RUSSO-UKRAINIENNE?

Eileen Davidson | Le Délit

Le mardi 11 mars, l’Ukraine a accepté une projet de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, sous la pression du président américain Donald Trump, à condition que la Russie y consente également. Le 14 mars, Donald Trump a déclaré sur le réseau social Truth Social : « Nous avons eu de très bonnes et productives conversations avec le président russe Vladimir Poutine, et il y a une très forte probabilité que cette guerre sanglante puisse enfin prendre fin. »

Toutefois, bien que Vladimir Poutine ne s’oppose pas formellement à une trêve, le président russe a exprimé des réserves en soulignant qu’il restait « des nuances » à considérer avant d’accepter. Il a notamment précisé que les prochaines étapes vers un cessez-le-feu dépendraient de la libération de la région frontalière de Koursk, occupée partiellement depuis le mois d’août par l’armée ukrainienne.

Face à cette incertitude, Keir Starmer, le premier ministre britannique, a convoqué un sommet virtuel le 15 mars, réunissant une trentaine de dirigeants alliés de l’Ukraine. Parmi les participants figuraient des représentants de nombreux États européens, de pays membres de l’OTAN et de la Commission européenne.

Au cours de cette rencontre, les dirigeants ont insisté sur la nécessité de renforcer la pression exercée sur la Russie afin de mettre fin à ce conflit de manière définitive. « La balle est dans le camp de la Russie », a affirmé Keir Starmer, soulignant que la Russie devait «tôt ou tard s’engager dans des négociations sérieuses ». De son côté, Emmanuel Macron, le président français, a ajouté que Vladimir Poutine cherchait à « tout obtenir avant de négocier », précisant que la Russie « ne semblait pas véritablement désireuse de la paix ».

La situation demeure donc complexe, et la fin de la guerre reste incertaine, malgré les appels croissants à la négociation.

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La Francofête 2025 : célébrer le français à McGill https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/la-francofete-2025-celebrer-le-francais-a-mcgill/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57757 La Francofête comme espace de dialogue.

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Depuis le 10 mars dernier, McGill voit son campus baigné dans la langue française à travers la Francofête, un événement qui vise à mettre en valeur la francophonie, et qui se clôturera le 21 mars prochain. La Francofête, organisée par un comité organisateur dédié, comprend des activités variées, telles qu’un concours d’écriture, un rallye dans Montréal, un championnat de débat et bien d’autres évènements mettant en valeur la richesse de la cette langue.

Malgré une francophonie décriée comme étant en déclin à Montréal, et plus largement au Québec, ce phénomène risque de s’inverser au cours des prochaines années sur le campus de McGill. L’annonce du 13 octobre 2023 par le gouvernement québécois de doubler les frais de scolarité pour les étudiants détenteurs du statut « Canadien non québécois », dans le but de protéger la langue française, aura des répercussions considérables sur l’écosystème linguistique de l’Université McGill. 80% des étudiants commençant leurs études en automne 2025 devront atteindre un niveau 5 en français (sur un échelle allant jusqu’à 12) avant l’obtention de leur diplôme, et la francophonie au sein de l’université va devoir progresser pour atteindre cet objectif. Une partie importante du corps étudiant avait protesté contre ces mesures par l’organisation de multiples manifestations.

« Dans une université anglophone, le français peut être un puissant vecteur de diversité et d’inclusion en offrant un espace d’expression et de reconnaissance des francophones et francophiles où se côtoient des identités diverses »
Marion Vergues, directrice du Centre d’enseignement du français

C’est dans ce climat de tensions que la Francofête prend tout son sens. Faire usage de festivités pour célébrer la langue française et en faire un vecteur d’unité plutôt que de provoquer des clivages. Mais alors, comment est-ce que le français peut être un vecteur de diversité et d’inclusion dans une université anglophone? Marion Vergues, directrice du Centre d’enseignement du français et membre du comité d’organisation de la Francofête répond : « Dans une université anglophone, le français peut être un puissant vecteur de diversité et d’inclusion en offrant un espace d’expression et de reconnaissance des francophones et francophiles où se côtoient des identités di-verses, à l’image du comité organisateur de la Francofête. Ce modèle d’action partenariale est essentiel pour valoriser le fait français mcgillois dans toute sa diversité. »

Depuis 2004, la Francofête gagne en popularité, initialement victime d’un succès mitigé. La création en 2007 de la Commission des affaires francophones (CAF) a permis de métamorphoser ces festivités, les rendant bien plus attrayantes. Au lieu de la traditionnelle série d’évènements culturels échelonnés sur un mois, la Francofête se tient désormais sur une période réduite, mais plus intense, avec des événements quotidiens. Interrogée sur l’importance de la tenue de ces festivités, Marion Vergues explique : « L’Université McGill est fièrement ancrée dans la pluralité montréalaise et compte nombre de francophones, de francophiles, d’étudiants et d’étudiantes faisant preuve d’une grande curiosité intellectuelle, linguistique et culturelle envers le français. Si la Francofête existe au Québec depuis 1997, elle est présente à McGill depuis 2004, à l’initiative de l’AÉUM. Autant dire combien cette initiative revêt une importance capitale, et tout aussi pertinente dans le contexte actuel. »

En effet, les organisateurs de la Francofête insistent sur l’ouverture de l’événement à tous les profils, de fervents francophones, dont le français est la langue natale, jusqu’aux anglophones et à ceux qui font simplement preuve de curiosité et désirent en apprendre un peu plus sur la francophonie. La Francofête est ainsi un événement inclusif qui se vit à travers la communauté mcgilloise. Manon Gadbois, responsable de l’initiative Vivre McGill en français et coordonnatrice de programmes en français langue seconde, explique que ce sont les étudiants, peu importe leurs milieux et leurs expériences, qui donnent vie à l’événement, « en participant, en animant, en découvrant ce qui se fait ici, en partageant leurs parcours, leurs expériences, et leur amour de la langue. »

La pluralité des événements proposés au cœur de cette édition de la Francofête reflète cette volonté d’explorer chaque facette linguistique du français. Manon Gadbois affirme que « notre diversité, c’est ce qui fait notre force et notre richesse comme université anglophone. Cette diversité est multiple : culturelle, linguistique, de genre, de l’âge et des formats de diffusion de la langue, la littérature, le théâtre, la poésie, entre autres. La langue peut aussi être plurielle avec l’écriture inclusive et neutre, par exemple ».

« Nous avons aussi voulu refléter la diversité de l’université, mais aussi sa rigueur intellectuelle, avec des volets thématiques, à l’image d’un colloque en quelque sorte. Le but pour les années à venir : reprendre ce modèle, cette signature, et offrir encore davantage d’activités »
Manon Gadbois, responsable de l’initiative Vivre McGill en français

Tous les moyens sont bons pour faire rayonner la francophonie, et les organisateurs font souvent preuve d’originalité. C’était le cas pour le rallye de la Francofête (voir photographie), organisé par le Centre d’enseignement du français à travers le centre-ville de Montréal, survenu le 14 mars. A travers différentes activités et défis, l’objectif était de faire découvrir aux participants la ville dont les nombreuses influences internationales font la force, mais qui reste profondément ancrée dans une tradition francophone. Avec pour point de départ le Centre des mémoires montréalaises, et passant du Vieux-Montréal au quartier chinois, le rallye a vu plusieurs équipes de 3–4 personnes étudier des indices liés aux facettes historiques et culturelles de Montréal.

La Francofête 2025 paraît jusqu’ici comme un franc succès. Elle devient un moyen de réconciliation avec le français, au cœur d’une époque marquée par les clivages dus aux mesures gouvernementales visant à sécuriser la langue au détriment de la diversité. McGill devra faire des efforts conséquents pour surmonter ces changements, maintenir sa réputation à l’international et concilier intégration de la culture québécoise et attractivité. Des initiatives comme la Francofête permettent de nous rappeler que le français est avant tout une langue culturellement riche qui a le potentiel d’unir.

Manon Gadbois conclut : « Cette année, nous avons mis de l’avant un nouveau format. Tout d’abord, la création d’un comité organisateur pan-universitaire afin d’en faciliter la gestion et créer davantage de partenariats aussi bien en interne qu’en externe. Nous avons aussi voulu refléter la diversité de l’université, mais aussi sa rigueur intellectuelle, avec des volets thématiques, à l’image d’un colloque en quelque sorte. Le but pour les années à venir : reprendre ce modèle, cette signature, et offrir encore davantage d’activités. »

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L’art de convaincre https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/lart-de-convaincre/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57793 Deuxième tour du concours d’éloquence de McGill.

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Ce vendredi 14 mars, le club francophone d’éloquence de McGill organisait le deuxième tour de la première édition de son concours. Au rez-de-chaussée du bâtiment Leacock, huit étudiant·e·s construisaient en une trentaine de minutes leur argumentaire pour répondre aux questions suivantes : « Le conformisme est-il un moteur ou un frein? », « La passion est-elle solitaire? », « Le collectif est-il un refuge ou une prison? », « L’union dépend-elle d’une seule voix? ». Les participant·e·s se sont ensuite affronté·e·s au sein de joutes verbales par binôme. Le mois dernier, ils·elles avaient été sélectionné·e·s parmi une dizaine de candidat·e·s lors du premier tour en défendant leur plaidoirie sur le thème « L’un dans le Tout : Cohabiter entre Soi et le Monde ».

Une opportunité de s’exprimer en français à McGill

Le Délit s’est entretenu avec Salomé Bourdet, actuellement vice-présidente et chargée des affaires internes de McGill Éloquence. En février 2024, elle a fait partie des quelques étudiant·e·s qui ont donné naissance à l’association. Elle raconte avoir constaté en arrivant à McGill un manque de « structures où s’exprimer en français ». Le club a alors pris ancrage dans ce qu’elle décrit comme « une volonté générale à McGill de développer davantage d’opportunités pour les francophones ». Les jurys de chacun des tours étaient composés d’une avocate, d’un animateur radio et de professeur·e·s et doctorant·e·s en français et en droit, comme Élisabeth Veilleux, Jérémie Torres-Ceyte ou Célia Hadid. Ils·elles ont unanimement exprimé leur engagement à soutenir les initiatives faisant la promotion de l’usage de la langue française sur le campus.

Tao Ramiandrasoa, participant du concours et désormais finaliste, nous explique pourquoi il s’est inscrit : « Comme on est dans un univers anglophone où on parle en permanence anglais […] ça me donnait un cadre dans lequel parler et produire des écrits plus académiques en français ». Salomé indique que, bien que le français soit la langue maternelle de la totalité des participant·e·s du concours, « le club aimerait attirer de plus en plus de gens dont ce n’est pas forcément la première langue mais qui souhaitent prendre confiance, développer leurs compétences » ou simplement se familiariser avec son usage.

Plus qu’une pratique formatrice

Être à l’aise à l’oral, c’est un atout au quotidien et « prendre confiance » est un des enjeux de la discipline de l’éloquence. Salomé explique que l’association aspire à mettre à disposition des étudiant·e·s qui le souhaitent les clés nécessaires pour se démarquer en entretien d’embauche, lors d’une présentation orale en cours, ou en postulant en maîtrise.

« Comme on est dans un univers anglophone où on parle en permanence anglais […] ça me donnait un cadre dans lequel parler et produire des écrits plus académiques en français »
Tao Ramiandrasoa, finaliste du concours

Mais au-delà de son aspect pratique, l’éloquence est un art ; celui de manier les mots pour convaincre, d’user les procédés rhétoriques pour réfuter, d’exploiter les regards, les silences, la gestuelle, les intonations, l’humour. Chacun des ateliers bi-mensuels tenus par McGill Éloquence se concentre sur un de ces points. Au semestre d’automne, les membres ont participé au procès fictif d’Astérix et Obélix, et des ateliers sur la narration et l’utilisation du ton sont proposés ce semestre.

La finale du concours aura lieu le vendredi 4 avril et sera ouverte au public! Salomé espère que cette édition sera la première d’une « série de concours annuels » et que l’association sera bientôt capable de prendre part à des compétitions inter-universités au Canada, voire peut-être en France.

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Déclarations incendiaires de J.D. Vance à Munich https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/declarations-incendiaires-de-j-d-vance-a-munich/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57585 Un tournant diplomatique dans la guerre en Ukraine.

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V endredi 14 février, à la Conférence de Munich sur la sécurité, réunissant des dirigeants mondiaux, des ministres et d’autres responsables politiques de premier plan, J.D. Vance a créé le choc. Alors que l’on pouvait s’attendre à ce que le vice-président américain s’exprime sur la guerre en Ukraine, les États-Unis demeurant leur principal soutien militaire face à l’invasion russe, il a surpris en ne prononçant pas un mot sur le sujet. Vance a plutôt choisi de donner une leçon aux représentants européens sur leur gouvernance démocratique : « la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur externe. Ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales. […] Dans toute l’Europe, je crains que la liberté d’expression ne recule (tdlr). » Je me suis entretenu avec Juliet Johnson, politologue et professeure de science politique à l’Université McGill spécialiste de la Russie, pour tenter de comprendre cette déclaration.

Un choix diplomatique (in)conscient

L’angle de l’attaque, la liberté d’expression, peut d’abord surprendre. Cette déclaration survient néanmoins à la suite de l’annulation du premier tour des élections présidentielles roumaines dans laquelle Călin Georgescu, candidat d’extrême droite pro-russe, est arrivé en tête, à la surprise générale, avec 22% des suffrages. La Cour constitutionnelle roumaine a pris cette décision sous suspicion d’interférence russe dans la campagne éclair du candidat sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok.

Ignorant ces éléments de contexte, J.D. Vance a interprété cette décision comme un signe de recul démocratique en Europe : « si vous avez peur de vos propres électeurs, il n’y a rien que les États-Unis puissent faire pour vous. » Au sujet de la Roumanie spécifiquement, il a déclaré : « lorsque nous voyons des cours européennes annuler des élections […] nous devons nous demander si nous nous tenons à des normes assez élevées. » Selon la Dre Johnson, l’utilisation de la notion de « liberté d’expression » n’est alors pas à prendre au premier degré : « J.D. Vance comprend la liberté d’expression comme la liberté pour lui et les partisans de Trump de dire ce qu’ils désirent sans être critiqués. » Un choix de mots qu’elle juge témoin « d’ignorance » alors que Trump prévoit d’interdire l’usage de quelque 120 mots dans les travaux universitaires américains, comme « préjugé » ou « climat » sous la menace de retraits de financement. « Leur partisanisme les empêche de voir cette décision-ci comme une attaque contre la liberté d’expression », indique-t-elle.

Plusieurs pistes peuvent être établies pour expliquer les déclarations de J.D. Vance : volonté de déstabilisation des démocraties libérales? Une envie de plaire à la Russie? Ou encore de créer le choc pour ne pas avoir à se positionner sur le sujet sensible de l’Ukraine? Dre Johnson, de son côté, est formelle : « l’objectif de ces déclarations est d’affirmer la dominance américaine et de semer la division en Europe. » Néanmoins, elle précise que « ces déclarations montrent surtout l’étendue du manque de culture de J.D. Vance vis-à-vis de l’Europe, et des relations internationales en général. […] C’est un novice à la confiance démesurée par rapport à ses connaissances. » Elle rappelle également que cette stratégie n’est pas forcément efficace : « un retour de flamme s’opère clairement ; les dirigeants européens ont remis sur la table la question des efforts de défense paneuropéens pour la première fois depuis longtemps. » Depuis une semaine, l’Europe multiplie en effet les sommets. Ses dirigeants étaient à Paris le lundi 17 février pour convenir de l’élaboration et du financement d’une politique commune de défense. Une réaction qui s’inscrit dans le contexte plus large de la non-fiabilité des États-Unis de Trump, qui sont « connus pour ne pas respecter les accords qu’ils signent », explique Dre Johnson.

Europhobie… et russophilie

Les propos du vice-président s’inscrivent dans une stratégie diplomatique plus large du camp de Trump vis-à-vis la guerre en Ukraine : celle de s’éloigner de l’Europe et de se rapprocher de la Russie. Le président américain s’est ainsi longuement entretenu au téléphone mercredi dernier avec son homologue russe Vladimir Poutine, sans la présence de l’Union européenne ni de l’Ukraine, dans la quête d’un plan de paix. Une discussion préliminaire de laquelle Poutine sort grand gagnant, selon Dre Johnson : « l’équipe de Trump a déjà concédé à tout ce que Poutine veut : la non-intégration de l’Ukraine à l’OTAN, l’abandon de plus d’un cinquième du territoire du pays, l’idée du besoin d’élections en Ukraine… ce sont les principales demandes du Kremlin! »

Comment comprendre alors ce revirement? Similairement à son analyse de J.D. Vance, Dre Johnson blâme « l’absence de compétences diplomatiques » de Trump : « l’auteur de The Art of the Deal commet deux fautes majeures : la relâche de tous ses leviers de négociations dès le début, et l’exclusion de partis clés. Ce sont des erreurs d’amateur. » En effet, l’absence de l’Ukraine des négociations, qui témoigne selon la professeure de « la vision du monde simpliste de Trump, concentrée seulement sur les grandes puissances », pourrait mener à l’échec de l’entreprise. « L’Ukraine, surtout supportée par l’UE, n’acceptera jamais ces termes, et les États-Unis ne peuvent pas les y forcer », explique-t-elle.

Volodymyr Zelensky, de son côté, commence à pointer du doigt ses désaccords avec la méthode Trump. Interrogé au lendemain du discours de Vance, il réclamait la présence de l’Europe et de l’Ukraine aux négociations : « nous sommes très reconnaissants à l’égard des États-Unis. Ils nous ont beaucoup donné et soutenu […] et nous sommes également très reconnaissants à l’égard de l’UE, un partenaire stratégique important. C’est pourquoi il faut que l’on soit au même niveau, côte à côte, et à la table des négociations. » D’abord diplomate, le président ukrainien a changé de ton mercredi, après que Trump a accusé l’Ukraine d’avoir « commencé la guerre », il a déclaré : « le président américain vit malheureusement dans un espace de désinformation [russe]. » Des propos soutenus par Dre Johnson : « Trump en sait très peu au sujet de l’Ukraine, et ment énormément, souvent par ignorance. Il a par exemple déclaré que la cote de popularité de Zelensky était de 4%, alors qu’elle est en réalité de 57%. C’est un grand consommateur de la propagande russe. » L’heure semble donc à l’escalade entre les deux leaders. Quelques minutes après notre entrevue avec Dre Johnson mercredi 19 février, Trump a qualifié Zelensky de « dictateur sans élections ». Le lundi suivant, les États-Unis ont voté contre une résolution de l’ONU condamnant la Russie pour la guerre, aux côtés de Moscou et de ses soutiens. L’administration Trump s’est également abstenue de voter sur sa propre résolution appelant simplement à une négociation pour mettre fin à la guerre. Les États-Unis ont ainsi confirmé leur rupture diplomatique avec l’UE et l’Ukraine à travers les organisations internationales.

Que doit-on attendre de la suite de la guerre?

Ainsi, malgré la tentative de diplomatie éclair du président américain, un accord de paix durable semble encore loin, selon Dre Johnson. Elle explique : « Vladimir Poutine, comme Trump, n’est pas connu pour respecter les accords qu’il passe. […] Pourquoi les Russes s’arrêteraient-ils, ils gagnent! Ils contrôlent un cinquième du territoire ukrainien, et n’ont aucune raison d’interrompre les hostilités. » Interrogée sur les difficultés militaires russes, elle répond : « ils traversent en effet des difficultés, notamment de conscription. Ils ont été obligés de promettre des bonus, d’appeler des soldats nord-coréens et des sociétés militaires privées. Mais tout est relatif ; ils restent moins en danger que l’Ukraine, qui risque des carences de ravitaillement militaire et de soldats. L’Ukraine demeure en effet un pays bien moins peuplé que la Russie, ce qui signifie que, malgré le nombre supérieur de pertes russes, chaque perte ukrainienne compte plus. » L’analyse de Dre Johnson nous permet d’y voir plus clair dans la diplomatie agressive de Trump et son administration. Quelques jours après le troisième anniversaire de l’invasion russe, l’arrêt des hostilités ne semble pas être facilité par l’arrivée au pouvoir des républicains. En ignorant les demandes et positions de l’Union européenne et de l’Ukraine tout en se rapprochant de celles de la Russie, Trump pousse l’Europe à une réorganisation stratégique.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/la-selection-dactus-du-delit-9/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57634 Projet ferrovaire Alto, ingérence au cégèp Dawson et finale de hockey entre le Canada et les États-Unis

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TGV TORONTO-QUÉBEC : UN PROJET À GRANDE VITESSE À L’AVENIR INCERTAIN

Ce mercredi 19 février, Justin Trudeau a annoncé le lancement du projet « Alto », visant à mettre en place des trains à grande vitesse (TGV) entre Toronto et Québec. Décrit comme « le plus grand projet d’infrastructure de l’histoire du Canada », Alto prévoit de desservir les arrêts de Trois-Rivières, Laval, Peterborough, Ottawa et Montréal. Le premier ministre a expliqué que ce projet vise à apporter des changements majeurs au réseau de transport ferroviaire canadien, car, selon lui, le système actuel « n’est tout simplement pas à la hauteur des Canadiens ». Grâce à Alto, les temps de trajet entre les grandes villes du tracé seraient réduits de manière significative : il faudrait environ 3 heures pour relier Toronto et Montréal, et seulement 1h30 pour aller de Montréal à Québec.

Le coût total du projet n’est pas encore connu, mais le cabinet du premier ministre a déjà estimé que 3,9 milliards de dollars seront dépensés dans la seule phase de développement du projet. Sur le long terme, le coût total pourrait s’élever à plus de 100 milliards de dollars.

Cependant, ces prévisions ne se manifesteront que si le projet est bel et bien réalisé. Le gouvernement
canadien a déjà promis à maintes reprises l’amélioration du réseau ferroviaire, et les Canadiens n’en ont pourtant jamais vu la couleur. D’aucuns seront d’autant plus sceptiques compte tenu que les responsables du projet n’ont présenté aucun échéancier. Par ailleurs, rien ne garantit que le prochain gouvernement reprendra le dossier après le départ du gouvernement Trudeau.

INGÉRENCE AU CÉGEP DAWSON : LA MINISTRE PASCALE DÉRY CRITIQUÉE

Ce mardi 18 février, la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, a admis avoir interféré directement avec le contenu d’un cours offert au collège Dawson, un des plus grands cégeps du Québec. La ministre aurait demandé d’éviter d’aborder le sujet de la Palestine dans ce cours, dont une des thématiques se nommait « appartenances palestiniennes ». Cette confession a lieu dans un climat de suspicion, avec des accusations portées depuis décembre à l’encontre du ministère pour abus de pouvoir, ingérence, et atteintes à la liberté académique dans certains cégeps. Au lendemain de la confession de la ministre, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) a exigé la fin immédiate de cette d’ingérence, sans quoi la capacité de la ministre à occuper ses fonctions devrait être remise en cause. La FQPPU estime que les incidents sont loin d’être isolés, et que « l’attitude de la ministre révèle un réel mépris pour les principes d’autonomie qui doivent pourtant guider les milieux de l’enseignement supérieur ».

Eileen Davidson | Le Délit

L’ingérence directe dans le contenu d’un cours sur la Palestine, dans le contexte actuel de la guerre à Gaza, pourrait mettre en évidence certains conflits d’intérêts impliquant Pascale Déry. En effet, celle-ci a siégé au conseil d’administration de la branche québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) entre 2016 et 2022, et a récemment entretenu des liens avec cette même entreprise de lobbyisme. Selon le cabinet de la ministre, l’intervention directe de la ministre dans les affaires du collège Dawson serait due à des signalements d’élèves concernant une montée de l’antisémitisme au collège depuis le début du conflit à Gaza. Certains enseignants ont pourtant expliqué que le cégep avait amplement les moyens de répondre lui-même aux craintes et requêtes de sa communauté. Cette affaire ternit un peu plus la réputation du gouvernement de la CAQ, déjà largement affaibli depuis plusieurs mois.

CLIMAX ABSOLU : LA GRANDE FINALE CANADA – ÉTATS-UNIS

Du 12 au 20 février s’est déroulé le tournoi de hockey des quatre nations comprenant les États-Unis, le Canada, la Suède et la Finlande. Couronnée par la double confrontation entre les deux géants d’Amérique du Nord, cette compétition s’est avérée épique.

Les différentes rencontres ont eu lieu à Montréal, au Centre Bell et à Boston, au TD Garden. Les règles de ce tournoi sont simples : les quatre équipes s’affrontent respectivement, puis une finale a lieu entre les deux équipes ayant accumulé le plus de points, en l’occurrence le Canada et les États-Unis cette année.

Eileen Davidson | Le Délit

Les deux voisins se sont rencontrés dans un match préliminaire, avec notamment trois bagarres en neuf secondes et la huée de l’hymne américain au Centre Bell. Les nombreux incidents dévoilent toute la tension et les enjeux extrasportifs de la rencontre, dans une période politique très tendue entre les deux pays, notamment à cause de la déclaration de Donald Trump proposant au Canada de devenir le 51e état des États–Unis. Malgré la défaite du Canada lors de ce match, une victoire contre la Suède et la Finlande leur a permis de se qualifier pour la grande finale face aux États-Unis.

Cette ultime confrontation avec, à la clé, un trophée et une victoire chargée de sens a commencé d’emblée sur les chapeaux de roues. Avec les huées de l’hymne canadien à Boston, le ton de cette rencontre était alors donné. Au cours d’un match épique, les Canadiens se sont imposés, notamment grâce à une belle performance du gardien de but Binnington et à un ultime but de Connor McDavid dans les prolongations qui délivre le Canada au paroxysme de suspense. Ô Canada a alors pu résonner dans l’enceinte du TD Garden, réjouissant et réunissant tous les Canadiens, le temps d’une soirée au moins.

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Le « couronnement » annoncé de Mark Carney https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/le-couronnement-annonce-de-mark-carney/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57641 Le point sur la course à la chefferie du Parti libéral du Canada.

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Il ne reste plus que 11 jours avant le dénouement de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada. Le 9 mars, les membres du parti désigneront non seulement leur nouveau chef, mais aussi le futur premier ministre du pays, qui occupera ses fonctions jusqu’aux prochaines élections fédérales. Alors que la campagne touche à sa fin, faisons le point sur les enjeux et les dynamiques de la course.

À l’heure actuelle, les sondages placent l’ex-gouverneur des banques du Canada et de l’Angleterre, Mark Carney, en tête, loin devant l’ancienne vice-première ministre de Justin Trudeau, Chrystia Freeland, l’ancienne leader du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould, et l’ancien élu montréalais, Frank Baylis. Carney réussirait même à combler l’écart qui sépare les libéraux et les conservateurs dans l’opinion publique, avec un taux de popularité estimé à 39%, qui suit de très près les 40% du chef conservateur Pierre Poilièvre.

Liberal McGill, l’association officielle du Parti libéral du Canada à McGill, a choisi de soutenir la candidature de Mark Carney, qui aurait reçu « un appui massif de la part des membres (tdlr) », selon Quinn Porter, président de l’association. Ce dernier a expliqué au Délit que l’association a eu l’opportunité de rencontrer Carney, Freeland et Gould, « une expérience formidable qui a attiré de nouveaux membres et nous a permis d’aborder différentes idées ». Rowan Watchmaker, membre de Liberal McGill, explique que l’objectif principal de l’association est de « veiller à ce que les étudiants libéraux sachent quand et comment voter, tout en s’assurant qu’ils disposent de suffisamment d’informations sur tous les candidats pour faire un choix éclairé, en accord avec leurs valeurs personnelles ».

« Il faudrait vraiment un drame ou une catastrophe pour qu’il ne devienne pas le leader du Parti libéral du Canada le 9 mars »

Daniel Béland, professeur de science politique

Les candidats à la chefferie du Parti libéral

Afin d’éclaircir les enjeux de la course à la chefferie, le Délit s’est entretenu avec Daniel Béland, professeur de science politique canadienne à l’Université McGill et directeur de l’Institut d’études canadiennes à McGill (IÉCM). Le professeur Béland explique que le public a une image très favorable de Mark Carney, un candidat nouveau en matière de politique qu’on a tendance à voir comme un « grand technocrate, un économiste, un expert ».

Par rapport aux autres candidats, Carney a « plus de soutien populaire, plus de soutien de l’élite de son parti et plus de soutien financier. Il faudrait vraiment un drame ou une catastrophe pour qu’il ne devienne pas le leader du Parti libéral du Canada le 9 mars. »

La situation n’est pas la même pour le reste des candidats. Chrystia Freeland, ancienne vice-première ministre dont la démission en décembre a précipité celle de Justin Trudeau, peinerait d’après Béland à sortir de l’ombre du premier ministre. « Pendant neuf ans, elle a été ministre dans le cabinet de Justin Trudeau. C’est difficile pour elle de créer une distance entre elle et l’héritage Trudeau, parce qu’elle en fait directement partie », explique-t-il.

Quant aux candidats moins populaires, à savoir Karina Gould et Frank Baylis, le professeur rappelle que « les gens se lancent dans des courses électorales pour des raisons différentes. Il y en a qui se lancent dans une course à la chefferie pour gagner », comme Freeland et Carney, et d’autres qui se lancent plutôt pour gagner en visibilité. Gould, à l’âge de 37 ans, est encore considérée très jeune dans le milieu politique. En se présentant pour la course à la chefferie, elle se positionne pour un avenir en politique, elle « fait passer son message et elle se met de l’avant ». Il en va de même pour Baylis, le seul candidat québécois à la chefferie du parti.

Par ailleurs, la candidate Ruby Dhalla a été disqualifiée de la campagne le 21 février, en raison de « violations graves » des règles relatives à la campagne. Elle est notamment accusée d’avoir reçu des dons dépassant la limite individuelle autorisée, une allégation qu’elle nie catégoriquement. Dhalla a appris sa disqualification alors qu’elle était en pleine entrevue télévisée avec CBC.

« Le nouveau chef du Parti libéral devra rapidement s’imposer, car une lutte politique intense pourrait s’amorcer dès son élection »

Carney pas au bout de ses peines

Il est très probable que le candidat élu le 9 mars soit amené à représenter son parti lors d’élections générales anticipées. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, a en effet affirmé vouloir déclencher des élections dès le 10 mars si Mark Carney est choisi. Cette éventuelle élection, qui plane au-dessus du gouvernement canadien, s’accompagnerait d’enjeux bien différents de ceux de la course à la chefferie.

Selon le professeur Béland, « on va lancer des grenades à Mark Carney pendant la campagne. Et Carney n’a jamais fait de campagne électorale, pas même comme aspirant député. On ne l’a pas encore vu tellement en action ; et l’action, pour les politiciens, c’est une campagne électorale. C’est ce qui est le plus important ».

Dans ce contexte d’incertitude électorale, le Parti libéral du Canada cherche à ajuster sa position. Béland indique que « le plus important pour les libéraux, c’est de gagner, de rester au pouvoir ou d’obtenir le pouvoir. Je pense qu’il y a de plus en plus de consensus au sein du parti, qu’on se dirige vers un réalignement vers le centre, ou peut-être même dans certains domaines, vers le centre droit. Pour affronter Poilièvre, mais aussi parce qu’il y a la situation fiscale, la situation économique ». Quoi qu’il en soit, le nouveau chef du Parti libéral devra rapidement s’imposer, car une lutte politique intense pourrait s’amorcer dès son élection.

Poilièvre ne sait plus sur quel pied danser

Pierre Poilièvre, chef du Parti conservateur du Canada, se prépare déjà à affronter Mark Carney au cours des prochaines élections. Sur les réseaux sociaux, il enchaîne les attaques personnelles et politiques ponctuées de slogans. Le 20 février, il écrit sur la plateforme X : « Déjà vu. Carney imite la promesse du “petit déficit” de trois ans de Justin Trudeau […] Carbon Tax Carney est Just Like Justin. »

Selon le professeur Béland, le Parti conservateur a véritablement peur de la nouveauté qu’incarne Mark Carney. « Les conservateurs n’ont pas encore réussi à vraiment trouver la faille, le talon d’Achille de Carney. On l’appelle en anglais, “Carbon Tax Carney.” C’est un peu niaiseux. Ils n’ont pas l’air de trouver exactement le bon ton pour l’attaquer », explique-t-il.

Le Parti conservateur doit également s’adapter à un changement d’enjeux dans les prochaines élections présidentielles. Alors qu’il s’attendait à des débats centrés sur le coût de la vie et la taxe carbone, Poilièvre doit désormais composer avec un Canada profondément touché par la guerre tarifaire avec les ÉtatsUnis et une résurgence du sentiment patriotique. Béland affirme que Poilièvre « est en train de pivoter, mais c’est difficile pour lui parce que beaucoup de ses partisans aiment ou aimaient Trump. Poilièvre doit défendre le Canada, mais ne peut pas trop attaquer le président américain non plus ».

À quelques jours du vote, l’issue de la course semble presque scellée, mais l’avenir du Parti libéral et du paysage politique canadien reste incertain.

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Vivre les élections fédérales allemandes à l’étranger https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/vivre-les-elections-federales-allemandes-a-letranger/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57661 Soirée électorale à l’Institut Goethe de Montréal.

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Dimanche dernier, environ 60 millions d’Allemands ont été appelés à voter pour les élections fédérales allemandes, afin d’élire un nouveau parlement. Ces élections anticipées avaient été annoncées par le chancelier Olaf Scholz en décembre, à la suite de la dislocation de la coalition « feu tricolore », composée du Parti social-démocrate (SPD), des Verts, ainsi que du Parti libéral-démocrate (FDP). C’est finalement le parti conservateur CDU/CSU de Friedrich Merz qui est sorti vainqueur des élections, avec 28,5% des votes. Pour cette occasion, le consulat général d’Allemagne à Montréal et l’Institut Goethe de Montréal ont organisé une « Wahlparty » ou « fête électorale » afin de permettre à la communauté germanique de suivre les élections en compagnie. Au total, une petite trentaine de personnes s’est retrouvée à l’angle de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent, afin de partager ce moment autour d’un café, d’une pâtisserie, ou d’un bretzel.

Des élections cruciales

Si l’ambiance à l’institut Goethe était légère, les élections fédérales restent cruciales pour l’avenir de l’Allemagne. Le Bundestag [parlement] est la branche la plus importante de la gouvernance allemande – sa composition influençant quels partis gouvernent et qui devient chancelier·ère. Ces élections ont été marquées par une percée de l’AfD – parti d’extrême droite. En janvier, le parti avait notamment fait parler de lui lorsqu’un projet de « remigration » visant à expulser plus de deux millions de personnes étrangères ou allemandes d’origine étrangère. Pendant la campagne, l’AfD a bénéficié du soutien du milliardaire américain Elon Musk, avec qui la cheffe du parti, Alice Weidel, s’est entretenue en vidéoconférence sur la plateforme X, le 9 janvier dernier.

« Une fois de plus, une démocratie européenne voit un parti d’extrême droite réaliser un score historique »

Pendant la fête électorale, Le Délit a pu interroger Linda et Stefan, deux Allemands originaires de Bavière, établis à Montréal depuis un an. Linda nous a confié son ressenti sur le comportement de Musk : « pour moi, il est très inquiétant de voir un milliardaire américain essayer si ouvertement d’interférer avec les élections allemandes. Honnêtement, je ne pense pas que cela ait eu un gros impact sur les élections. Bien que cela ait provoqué une grande agitation dans les médias, ça n’a pas fait basculer les électeurs indécis vers une direction ou une autre. J’ai trouvé que la conversation entre Weidel et Musk était parfois gênante et maladroite, comme s’ils n’avaient rien à se dire… (tdlr) » Le parti d’extrême droite a réalisé le plus haut score de son histoire, se classant en deuxième position derrière le CDU/CSU avec 20% des suffrages. Regardant avec dépit l’écran géant, Stefan affirme : « c’est ce que les plus récents sondages prédisaient, donc je ne suis pas étonné, mais cela n’est tout de même pas agréable à voir. »

Observer depuis l’étranger

Pour les deux Allemands, cette première expérience de vote depuis l’étranger a été amère. Contrairement à d’autres pays, il n’existe pas de circonscription dédiée aux Allemands établis à l’étranger : les électeurs doivent voter pour leur circonscription d’origine, en Allemagne. Pour ce faire, ils sont contraints d’envoyer leur vote par la poste, ce qui a posé problème à de nombreux Allemands. Selon Linda, comme « les élections qui devaient initialement avoir lieu en automne ont été anticipées à la suite de la chute de la coalition, cela nous a laissé très peu de temps pour faire le processus administratif. Nous n’avons donc pas eu le temps de voter ». Dans un communiqué, la présidente fédérale des élections a reconnu avoir reçu de nombreuses plaintes à ce propos en fin de campagne, sans apporter d’autres réponses que « la seule option restante est de se rendre dans un bureau de vote en allemagne ». Préoccupé, Stefan ajoute que « le manque de numérisation et la bureaucratie moderne font que les élections sont en quelque sorte biaisées, car la majorité des personnes vivant à l’étranger sont plus progressistes, mais leur vote est perdu à cause de la lenteur administrative ».

Une fois de plus, une démocratie européenne voit un parti d’extrême droite réaliser un score historique. Malgré les signes de division et de polarisation indiqués par les résultats des élections, la fête électorale s’est déroulée
au sein d’une ambiance amicale. Cela montre que, malgré les potentielles divisions politiques, les gens peuvent tout de même se retrouver, pour discuter autour d’un café et d’un bretzel.

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Souper de l’héritage des personnes noires : inspirer et motiver https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/souper-de-lheritage-des-personnes-noires-inspirer-et-motiver/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57669 Comment NSBE parvient-elle à inspirer les générations futures?

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Près de 100 étudiant·e·s le mercredi 19 février, dans le bâtiment de l’AÉUM, dans le cadre du Black Legacy Dinner ou Souper de l’héritage des personnes noires. Cet événement, organisé par la Société Nationale des étudiant·e·s noir·e·s en Ingénierie (NSBE : National Society of Black Engineers) à l’occasion du Mois de l’Histoire des Noir·e·s, avait pour but d’inspirer et de motiver les étudiant·e·s mcgillois·e·s à poursuivre différentes carrières en ingénierie. Ayant pour slogan « Ne soyez jamais limités par l’imagination limitée des autres » tiré d’une citation de la Dre Mae C. Jemison, première astronaute afro-américaine, la soirée a recueilli cinq panélistes qui ont partagé tour à tour leurs expériences et conseils avec les étudiant·e·s. Elle s’est ensuite poursuivie par un souper, ainsi qu’une séance de réseautage.

Le but de l’événement, me partage Trixie, vice-présidente de NSBE, était « d’encourager la célébration de la créativité, et le courage de poursuivre son propre chemin, malgré les contraintes extérieures ». Fatima, responsable des événements de NSBE, ajoute qu’ « en tant que personne de couleur, ça peut être difficile de s’imaginer faire ce que l’on aime et être où l’on souhaiterait être, car on ne se sent pas forcément représenté·e·s ». Ainsi, de tels événements sont l’occasion d’entendre la voix de ceux et celles qui ont réussi à défier les obstacles et ont eu le courage de prendre des initiatives. Par exemple, Stephanie Kirichou, une des panélistes, a commencé sa carrière chez ABB, une entreprise spécialisée dans les technologies d’électrification, après avoir été diplômée de McGill. Aujourd’hui, elle a un cheminement unique en étant également DJ. Mélangeant entrepreneuriat et art, son profil est tout à fait atypique. Trixie m’explique que cela permet d’inspirer les étudiant·e·s, en leur montrant qu’il existe des options variées en dehors du profil traditionnel de l’ingénieur. Nuel Edeh, un autre panéliste diplômé de McGill, est parvenu à cofonder sa propre entreprise en 2020. Parmi les autres invités, on comptait Achille Ubalijoro, fondateur et directeur de Kabera Consulting, une agence d’accompagnement professionnel ; Rito Joseph, fondateur de Black Montreal Experiences, où il mène des conférences, présentations, ateliers et promenades pour célébrer l’histoire noire de Montréal ; et enfin Leslie-Anne Lewis, directrice de la diversité et de l’équité à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada.

En plus de ces interventions, Fatima me confie que la nourriture du souper a été particulièrement appréciée. En effet, le menu soigneusement préparé par Casserole Kréole était composé de plats traditionnellement caribéens et africains, tels que le riz djon djon, le griot haïtien, le poulet à la jerk jamaïcain et autres spécialités. Fatima explique : « c’était l’occasion de déguster le type de nourriture que je mangeais chez moi avant d’intégrer l’université. Je n’ai ni le temps ni l’argent de me les préparer ici et c’était donc très réconfortant de les retrouver au souper ».

En dehors de cet événement, NSBE est une organisation mondiale, notamment présente aux États-Unis et au Canada. Ses commanditaires lui permettent d’organiser des séances de réseautage au long de l’année, des interventions auprès des plus jeunes dans des écoles à Montréal, et, notamment, une conférence annuelle qui regroupe tout le réseau américain lors d’un forum de l’emploi. Leur but principal est d’accompagner les étudiant·e·s noir·e·s dans leur carrière en sciences ou en ingénierie en leur fournissant des ressources académiques. Chaque personne à McGill peut s’y impliquer en participant aux événements et à la réunion semestrielle ouverte à tous·tes. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter leur page Instagram @nsbemcgill et leur site Internet nsbemcgill.com.

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McGill prise d’assaut par des vandales https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/mcgill-pris-dassaut-par-des-vandales/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57527 Des dégâts matériels chiffrés en centaines de milliers de dollars.

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L e mercredi 5 février en dé- but de soirée, des cris, des chocs métalliques et des fracas de vitres brisées raisonnent sur le campus de McGill. Une quarantaine de vandales masqués prennent pour cible plusieurs bâtiments de l’Université. Le bilan est lourd : environ 30 vitrines du bâtiment Leacock sont fracassées, et cinq bâtiments sont vandalisés. Un examen de chimie qui avait lieu dans le bâtiment Leacock a été interrompu et plusieurs cours ont dû être écourtés.

L’action a été menée en un éclair: dans un communiqué publié sur le site anarchiste Montréal Contre-Information, les vandales se félicitent d’avoir « pris d’assaut » le campus de l’Université en moins de 15 minutes, sans que la police ni les gardes de sécurité ne puissent intervenir ou réaliser des arrestations. À ce jour, l’identité des vandales reste inconnue, et les forces de police montréalaises n’ont procédé à aucune arrestation.

Une attaque, plusieurs revendications

Dans le communiqué, les vandales affirment être des anarchistes « accompagnés d’amis », issus d’autres mouvements militants de Montréal. Leurs revendications sont multiples. En arrivant sur le campus, ils arboraient une banderole affichant l’inscription « Les institutions coloniales tomberont (tdlr) », et ont également laissé des graffitis derrière eux comme « 700 millions de dollars », faisant référence à l’acquisition et la rénovation de l’Hôpital Royal Victoria par McGill – sujet de nombreuses critiques depuis 2022. Les casseurs justifient aussi leur action par « la profanation de l’arbre de la paix », planté l’été dernier sur le Lower Field de l’Université par des militants et le collectif des Mères mohawks (Kanien’keha:ka Kahnistensera), puis rapidement retiré par McGill. Ils ajoutent à cela d’autres raisons, comme « la complicité historique de McGill dans l’expérimentation psychiatrique sur des enfants autochtones [notamment à travers le programme MK-Ultra, ndlr], et la transphobie et le racisme de son administration ». Une dernière raison mentionnée est le refus de l’Université McGill « de désinvestir du génocide et du complexe militaro-industriel [d’Israël, ndlr] ».

Les vandales expliquent dans leur communiqué que « McGill n’est rien qu’un symbole d’un système colonial et capitaliste duquel nous voulons la destruction totale », et le concluent avec : « Vive la Palestine, longue vie à l’arbre de la paix, mort au capital et à l’empire, fin au colonialisme et à la transphobie, nique McKill! »

La mairesse de Montréal Valérie Plante a rapidement condamné ces actes sur X, expliquant que « le droit de manifester ne justifie en aucun cas la destruction de biens. Montréal est une ville où l’expression doit se faire dans le respect des lois et des autres ». Deep Saini, recteur et vice-chancelier de l’Université, a quant à lui envoyé un courriel à l’ensemble de la communauté mcgilloise, dénonçant fermement ces actes et apportant son soutien aux étudiants et personnes présentes sur les lieux lors de l’évènement.

Point de vue étudiant

Afin de mieux comprendre ce qu’ont vécu les étudiants présents sur les lieux, Le Délit s’est entretenu avec Lana Dupin de Saint Cyr, étudiante de première année en biochimie, qui était en examen dans l’auditorium 132 du bâtiment Leacock lorsque les casseurs ont brisé ses vitres. Elle décrit : « On a entendu des bruits de métal et de verre. Tout le monde s’est retourné pour voir ce qui se passait. Moi j’étais dans le bas de la salle, donc je ne voyais pas, mais j’avais une amie qui était en haut à côté de l’entrée, et, par son expression du visage, on pouvait voir qu’elle était terrifiée. »

Lana explique que l’examen s’est néanmoins poursuivi : « Tout le monde a voulu rester concentré sur l’examen et les TAs [auxiliaires d’enseignements, ndlr] ne nous ont rien dit. » Ce sont les premiers étudiants à être sortis de la salle qui ont averti ces derniers, le professeur n’étant plus dans la salle à ce moment. Lana explique qu’aucune mesure majeure n’a été prise pendant l’examen. Les étudiants étaient seulement priés d’utiliser une autre sortie. Elle ajoute que lorsqu’elle est sortie de son examen, « des gardes de sécurité couraient dans tous les sens et prenaient des photos. Les gens étaient un peu sonnés. J’ai vu une fille pleurer et une autre qui appelait ses copines pour qu’elles viennent la chercher. La scène était vraiment impressionnante. »

Une action contre-productive?

Contacté par Le Délit, un représentant des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR) qui a voulu rester anonyme nous a affirmé que le collectif – particulièrement actif depuis deux ans et impliqué dans l’organisation de nombreuses manifestations pro-palestiniennes aux abords du campus – n’a pas de lien avec le groupe qui a réalisé l’action. Le représentant a néanmoins commenté : « cette action montre le mécontentement croissant sur le campus causé par le refus du Conseil des gouverneurs d’écouter les demandes de la majorité du corps étudiant pour le désinvestissement des entreprises complices du génocide à Gaza. »

Sur Reddit, l’action des vandales ne semble cependant pas avoir fait l’unanimité. Plusieurs internautes ont exprimé leur mécontentement à propos de la violence employée, ainsi que leur incompréhension sur les revendications précises des vandales. Lana semblait aussi sceptique vis-à-vis des manières employées : « Habituellement, je suis favorable aux revendications qui sont défendues par ces gens. Mais je pense qu’employer la violence comme ça ne défend pas bien la cause. Je ne suis pas sûre que faire peur aux élèves augmente le soutien des étudiants pour cette lutte. Il est possible que cela ait l’effet inverse. […] Je pense que ça donne même à McGill une excuse pour invalider ces causes et couper le dialogue avec les militants : McGill peut légitimement dire que ces collectifs sont violents et que ces personnes ont heurté certains élèves psychologiquement. » Pour Lana, la situation sur le campus est critique : « Plus ça continue, plus les gens se divisent et les points de vue deviennent extrêmes. Les étudiants sont de plus en plus divisés et ça joue sur l’environnement universitaire en général. Même dans ma résidence, il y a de plus en plus de frictions entre les personnes à propos de ces sujets, que ce soit sur les causes défendues ou bien les manières de protester. »

Le coût de l’intransigeance

Contactée par Le Délit, Sylvie Babarik, directrice adjointe des communications internes de l’Université McGill, nous a annoncé que « cela prendra plusieurs semaines, sinon des mois à réparer les vitres cassées. Étant donné le type et la taille des dégâts, on parle de dommages représentant des centaines de milliers de dollars ». Elle a ajouté que « l’Université encourage l’expression ouverte et respectueuse d’opinions et de points de vue divers, ce qui est fondamental pour sa mission académique. Toutefois, le vandalisme n’est pas une expression légitime du droit à la liberté d’expression ». McGill a annoncé collaborer étroitement avec les forces de l’ordre pour identifier les vandales et initier des procédures judiciaires ou disciplinaires à leur encontre. Dans son courriel adressé à la communauté étudiante à la suite de l’attaque des casseurs, Deep Saini a aussi réaffirmé la position de l’Université vis-à-vis d’un potentiel désinvestissement à l’égard de l’État israélien : « Soyons clairs : l’Université continue de rejeter fermement toute proposition de BDS [Boycott, Désinvestissement Sanctions, ndlr]. » L’Université n’a néanmoins pas réagi aux autres revendications des vandales.

« Les manifestations et dégradations matérielles sur le campus font désormais partie du quotidien des étudiants »

Les manifestations et dégradations matérielles sur le campus font désormais partie du quotidien des étudiants. Mercredi dernier, c’est le bâtiment Bronfman de la Faculté de gestion qui a été cible de vandales : son entrée principale s’est vue recouverte de peinture rouge et de graffitis « Coupez les liens avec Israël » ou encore « Désinvestissez du génocide ». Cet incident n’est donc pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une augmentation des mouvements de protestation à l’encontre de l’administration de l’Université. En effet, selon Sylvie Babarik, McGill a enregistré 14 incidents du même type depuis le 24 octobre 2024. Si les revendications des vandales anarchistes manquent de clarté, elles résument néanmoins les nombreuses problématiques qui sont source de discorde au sein de la communauté universitaire. Malgré la pression des étudiants et militants montréalais, l’administration de McGill reste intransigeante, laissant un climat d’incertitude quant à une potentielle désescalade des tensions à l’avenir.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/en-bref-29/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57491 La sélection d’actus du Délit

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Sommet sur l’IA : Paris appelle à une régulation internationale

D u 6 au 11 février, Paris a accueilli le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, réunissant 61 pays autour d’une déclaration commune en faveur d’une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique ». L’événement, coorganisé par la France, l’Inde et la Chine, reflète la volonté de poser les bases d’un cadre international pour réguler l’usage de l’IA. « Nous avons besoin de continuer à faire avancer une gouvernance internationale de l’intelligence artificielle », a affirmé Emmanuel Macron en clôture du sommet.

Cependant, les absences notables des États-Unis et du Royaume-Uni parmi les signataires rappellent les divergences profondes sur le sujet. Le vice-président américain, J. D. Vance, a défendu sa position prudente, mettant en garde contre une « régulation excessive qui pourrait tuer une industrie en plein essor ».

L’annonce du plan Stargate des États-Unis, doté de 500 milliards de dollars d’investissement sur l’IA, suivie de l’arrivée de la Chine avec DeepSeek, a agi comme un électrochoc pour l’Europe, brusquement confrontée au risque d’être complètement dépassée. La réponse européenne s’est traduite, dans un premier temps, par un engagement français pour un plan d’investissements privés de 109 milliards d’euros. Dans la foulée, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a dévoilé un plan de 200 milliards d’euros, visant à renforcer l’innovation et préserver la compétitivité de l’Union Européenne.

De tels investissements, massifs, et presque compulsifs, témoignent des enjeux colossaux liés à l’IA. Malgré ces sommets collaboratifs, le contrôle de cette nouvelle technologie, doté d’un potentiel quasi illimité, demeure l’objectif central. « En vérité, nous n’en sommes qu’au début. Les frontières bougent constamment et le leadership mondial est toujours à saisir », a déclaré Von der Leyen durant le sommet.

Vers une paix en Ukraine : une solution à quel prix ?

Après trois ans de conflit, une solution de paix semble se dessiner pour l’Ukraine. Donald Trump et Vladimir Poutine ont annoncé la reprise des discussions directes entre les États-Unis et la Russie, une première depuis près de trois ans de silence entre Washington et Moscou. Pourtant, ces pourparlers laissent l’Europe et l’Ukraine de côté, ce qui suscite de fortes inquiétudes.

Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, tenue du 14 au 16 février, le vice-président américain J.D. Vance a présenté un discours ferme face aux Européens en laissant entendre qu’ils ne seraient pas invités à la table des négociations. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé ces échanges bilatéraux. « L’Ukraine n’acceptera jamais des accords conclus dans notre dos sans notre participation ». Il a également souligné la nécessité pour l’Europe de se doter de sa propre armée, évoquant la fin d’une ère où les États-Unis protégeaient automatiquement leurs alliés européens.

Eileen Davidson | Le Délit

Du côté américain, le nouveau secrétaire à la défense, Pete Hegseth, a confirmé que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN était peu probable et qu’un retour aux frontières de 2014 n’était pas réaliste.

Les Européens sont invités à consulter, mais resteront absents de la table des négociations, une décision perçue comme un affaiblissement de leur influence. Pendant ce temps, Zelensky refuse les propositions américaines qui n’offrent pas de garanties de sécurité pour son pays, rappelant que l’Ukraine ne sacrifiera pas sa souveraineté dans ces pourparlers complexes.

République Démocratique du Congo : Bukavu tombe aux mains du M23

Des combattants du M23, un groupe paramilitaire se présentant comme une force de résistance face au gouvernement congolais et soutenus par des troupes rwandaises selon Kinshasa, sont entrés dimanche 16 février dans le centre de Bukavu. Grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), cette avancée majeure dans le conflit marque un nouveau tournant après la chute de Goma en janvier. Désormais, l’ensemble de la région du Kivu, extrêmement riche en ressources naturelles comme le coltan et le cobalt, est un objectif stratégique pour le M23.

Eileen Davidson | Le Délit

Le conflit, sur fond de rivalités ethniques et régionales, est d’une grande complexité depuis sa résurgence en 2021. Sur place, l’arrivée des rebelles a suscité des réactions partagées. Certains habitants ont applaudi leur entrée, espérant un changement face aux difficultés sociales, tandis que d’autres ont fui les violences et les pillages. Selon l’ONU, le nombre de personnes déplacées en RDC se porte à sept millions.

L’armée congolaise, sous-équipée et minée par une corruption endémique, peine à contenir l’avancée du M23. Le manque de moyens militaires a été accentué par un embargo sur les armes jusqu’en 2023 par l’ONU, ce qui limite ses capacités de défense.

La communauté internationale, inquiète, multiplie les appels à la désescalade. L’Union africaine a mis en garde contre une possible fracturation du pays, tandis que l’ONU et l’Union européenne réclament un retrait immédiat du M23 et de ses soutiens extérieurs pour éviter une escalade régionale et mettre fin aux pillages, massacres et viols de masse.

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Des coupes budgétaires majeures annoncées par McGill https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/des-coupes-budgetaires-majeures-annoncees-par-mcgill/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57494 À quoi doit-on s’attendre pour l’avenir de l’université?

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Le 7 février, l’Université McGill a tenu une assemblée générale, ouverte à tous·tes ses étudiant·e·s et employé·e·s, pour aborder sa situation financière préoccupante. Confrontée à un déficit budgétaire qui atteindra 15 millions de dollars lors de l’exercice fiscal de 2025, l’administration procèdera à une correction budgétaire majeure de 45 millions de dollars dès la prochaine année, un effort colossal qui nécessitera des ajustements à tous les niveaux de l’institution.

L’impact de cette décision a été immédiat et profond au sein de la communauté mcgilloise. L’assemblée budgétaire a suscité une vague d’inquiétude chez les étudiant·e·s et au sein des corps administratif et professoral, ces dernier·ère·s se trouvant en première ligne des mesures d’ajustement. Pour le président de l’université, Deep Saini, il n’y a toutefois pas d’autre choix pour que McGill maintienne son niveau de prestige et d’excellence.

Afin d’apporter des clarifications et de répondre aux préoccupations des membres de la communauté universitaire, l’administration de McGill a organisé une séance de questions et réponses le mercredi 12 février. Toutefois, de nombreuses interrogations subsistent quant aux conséquences concrètes des coupes budgétaires sur le long terme, et aux choix qui seront faits pour assurer la viabilité financière de l’établissement.

Des ressources étudiantes en péril

L’université n’a pas encore annoncé de coupures définitives, mais les étudiant·e·s redoutent une détérioration des conditions d’apprentissage et un accès limité aux outils académiques indispensables à leur réussite. À mesure que l’université poursuit l’élaboration de son plan budgétaire, la communauté étudiante demeure en attente
de solutions qui garantiraient le maintien d’un environnement propice à l’excellence académique.

Éveline*, étudiante en philosophie, exprime sa déception quant aux solutions avancées par l’université. « Ces mesures auront nécessairement un impact négatif sur la qualité de l’éducation », déplore-t-elle. Elle s’inquiète particulièrement de la proposition d’allonger les horaires de cours en soirée et de la suppression de certains abonnements à des revues académiques en bibliothèque, deux points abordés lors de la séance de questions et réponses. De son côté, Belinda*, étudiante en biologie et sciences informatiques, remet en question la répartition des ressources, pointant du doigt les salaires de certains membres de l’administration qu’elle juge excessifs.

Lors de l’assemblée générale, le président Saini a toutefois tenté de rassurer les étudiant·e·s face
à ces inquiétudes : « Je veux être clair sur ce point : notre plus grande priorité est de vous offrir la meilleure éducation, avec le moins de perturbations possible. (tdlr) » Malgré cette déclaration, de nombreux étudiant·e·s restent sceptiques, craignant une baisse de la qualité des cours et une surcharge de travail pour les enseignant·e·s restant·e·s.

Inquiétude au sein du corps des salariés

L’impact des mesures budgétaires sera encore plus significatif pour les membres de l’administration et du corps académique de l’université. Puisque la masse salariale représente environ 80% des dépenses de l’institution, cette dernière estime qu’elle n’aura pas d’autre choix que de réduire les effectifs administratifs, ainsi que ceux des professeur·e·s et des auxiliaires d’enseignement. Ces suppressions de postes risquent de créer une pression accrue sur le personnel restant, qui devra, par conséquent, assumer des charges de travail supplémentaires.

Selon l’administration, cette restructuration pourrait entraîner entre 250 et 500 suppressions de postes. Afin d’atteindre cet objectif, l’administration compte principalement sur l’attrition des employé·e·s, c’est-à-dire de laisser partir ceux·celles qui souhaitent quitter leur poste sans les remplacer, sauf si leur remplacement est jugé absolument nécessaire. Cependant, cette approche seule ne suffira probablement pas à combler le déficit. Christopher Manfredi, provost et vice-recteur principal aux études, a donc indiqué de manière prudente que des licenciements seraient presque inévitables.

L’annonce de ces réductions de personnel a suscité de nombreuses préoccupations parmi les employé·e·s de McGill. L’université avait très peu d’informations à partager pour rassurer le corps professoral. Fabrice Labeau, vice-recteur de l’administration et des finances, a expliqué : « Nous essayons d’être aussi transparents que possible, mais nous n’avons pas plus de renseignements à donner pour l’instant. Nous reviendrons vers vous dès que possible. »

Une crise générale des universités canadiennes?

De nombreuses universités canadiennes sont confrontées à des défis budgétaires similaires, en raison de problèmes structurels liés aux finances, à l’évolution démographique et aux politiques gouvernementales. Si McGill doit composer avec un déficit de 15 millions de dollars pour l’exercice fiscal de 2025, Christopher Manfredi souligne que d’autres établissements sont en proie à des difficultés encore plus marquées : l’Université Queen’s affiche un déficit de 36 millions, tandis que l’Université de Waterloo doit faire face à un déficit colossal de 75 millions de dollars.

En plus de ces défis partagés, la situation de McGill est aggravée par des décisions spécifiques du gouvernement du Québec, plus particulièrement par les mesures annoncées à l’automne 2023. La hausse des frais de scolarité pour les étudiant·e·s canadien·ne·s provenant d’autres provinces et pour les étudiant·e·s internationaux·les a suscité des inquiétudes quant à l’attrait de l’université pour ces publics. Ces augmentations pourraient entraîner une diminution des inscriptions, ce qui affecterait directement les revenus de l’institution. Néanmoins, Deep Saini a tenu à relativiser l’impact de ces décisions gouvernementales, affirmant que « l’université n’a pas atteint ce point de déficit uniquement en raison des choix du gouvernement ».

Quel avenir pour l’université?

L’Université McGill mise sur une transformation majeure afin de se rendre plus efficace, moderne et résiliente. Le plan Horizon McGill, annoncé lors de l’assemblée générale du 7 février, repose sur une analyse approfondie des activités de l’université afin de déterminer quelles initiatives sont essentielles et lesquelles pourraient être optimisées ou abandonnées.

Comme l’a résumé schématiquement Deep Saini : « Nous devons cesser de faire les choses qui n’ont pas d’importance, et cesser de faire les choses qui en ont moins. Pour les choses que nous devons absolument faire, nous devons trouver un moyen de les faire mieux et plus efficacement. » L’avenir de McGill dépendra en grande partie de sa capacité à mettre en œuvre ces réformes tout en maintenant son engagement envers l’excellence et l’accessibilité.

*Noms fictifs

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