Archives des Québec - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/actualites/quebec/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Thu, 28 Nov 2024 20:55:49 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Solidarité sans logement https://www.delitfrancais.com/2024/11/27/solidarite-sans-logement/ Wed, 27 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56685 Un point sur l’itinérance à Montréal avant l’arrivée de l’hiver.

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Le 18 novembre, un avis d’éviction a été envoyé à quelques individus logeant dans un campement de sans-abris de la rue Notre-Dame, dans le quartier d’Hochelaga. Le jeudi suivant, le ministère des Transports devait procéder au démantèlement d’une partie du campement, une décision déplorée par certains, compte tenu du manque de place dans les refuges de la ville, particulièrement en hiver.

À la suite de l’appel de la mairesse, Valérie Plante, la ville de Montréal a mis à jour son plan hivernal pour les personnes itinérantes. Ce plan inclut la création de comités d’aide et l’établissement de centres d’hébergement temporaires, ainsi que la distribution de 500 000$ aux organismes de la ville offrant du soutien et des services aux personnes en situation d’itinérance. Malgré ces mesures, les défis auxquels se heurtent les itinérants de la ville restent importants. Un recensement datant de 2022 révèle que Montréal compte plus de 4 500 sans-abris, mais malgré les infrastructures d’hébergement de la ville, près de 1 000 personnes dorment dans l’espace public chaque nuit. Avec des risques particulièrement élevés durant les mois d’hiver et des ressources insuffisantes, comprendre et réparer les failles du système de bien-être social est essentiel.

Ce sont des gens très seuls qui ont besoin d’accompagnement. Cette solidarité ne remplace pas le sentiment d’un vrai chez- soi.

Communauté et logement

Le Délit a discuté avec Matthieu*, qui est en situation d’itinérance à Montréal depuis près de quatre ans. Après s’être fait licencié et avoir quitté Chicoutimi pour trouver un emploi à Montréal, il s’est retrouvé à la rue. « J’ai pas trouvé [d’emploi, ndlr] à temps. Au début, je dormais chez des gens que je connaissais, mais ça n’a pas duré. Je ne parle plus à ma famille, donc je ne peux pas rentrer, mais je suis mieux dans une grande ville comme Montréal qu’ailleurs. » Plusieurs se rendent vers les centres urbains de la province en espérant trouver un emploi, ou encore pour avoir accès à des services sociaux plus développés.

En parallèle, un processus d’aliénation et d’isolement s’installe progressivement, affirme Emma Cyr, étudiante à la maîtrise en travail social et intervenante dans une clinique pour les personnes ayant des problèmes de dépendance – une population dont la majorité se trouve en situation d’itinérance. Selon elle, « certains se retrouvent dans la rue par concours de circonstances, ils commencent à consommer [de la drogue, ndlr], et sans téléphone, ils perdent la connexion avec leurs proches. Ils finissent par vouloir avoir assez d’argent pour continuer à consommer, ce qui fait souvent en sorte qu’ils se retournent contre leur propre famille, et deviennent très isolés ».

Emma constate la présence d’une communauté solidaire entre les personnes en situation d’itinérance, mais clarifie que « ce sont des gens très seuls qui ont besoin d’accompagnement. Cette solidarité ne remplace pas le sentiment d’un vrai chez-soi. Ils veulent une communauté qui n’est pas juste entre personnes itinérantes, cette communauté là n’est pas suffisante. Elle ne comble pas les besoins fondamentaux ».

Malheureusement, ces besoins restent inaccessibles pour beaucoup. Les temps d’attente pour l’obtention de logements à loyer modique à Montréal varient, mais en fonction des circonstances individuelles, ils peuvent aller jusqu’à plusieurs années. La crise du logement dans les grandes villes a exacerbé cette pénurie de logements accessibles, et Emma explique avoir dû annoncer à plusieurs personnes qu’ils auraient à attendre près de 10 ans pour y accéder : « Quand j’ajoute des gens à la liste pour accéder à ces logements [subventionnés, ndlr] je suis dans l’obligation de leur déclarer le temps d’attente. Ces gens survivent au jour le jour, ils sont découragés d’entendre qu’ils devront attendre aussi longtemps. »

L’hiver à l’approche

L’arrivée de l’hiver est redoutée par beaucoup, et la pression sur les services de logement et d’aides aux personnes sans-abri augmente. Matthieu explique certains des problèmes présentés par les refuges : « Il y a pas mal d’endroits qui ne te permettent pas de rentrer avec tes affaires, mais pour moi, au début, mes affaires c’est tout ce que j’avais. C’était mes vêtements, mes chaussures, les choses que j’avais amenées avec moi. J’avais rien d’autre, je pouvais pas m’en débarrasser, alors je dormais dans la rue. Mais quand l’hiver s’en est arrivé, je n’avais plus vraiment le choix, il faisait trop froid pour rester dehors. » En effet, certains refuges interdisent à ceux qui les fréquentent d’y rentrer avec des biens personnels, généralement pour des questions sanitaires. Cependant, ces critères d’admissibilité empêchent plusieurs personnes d’avoir accès aux logements d’urgence de la ville, d’autant plus que posséder des biens matériaux est un défi en soi. Matthieu raconte s’être fait voler certains de ses biens, et conclut que « le moins de choses t’as, le moins t’es ciblé ».

Le manque de ressources et de financement peut être tenu responsable de l’insuffisance des services, surtout l’hiver. Matthieu raconte lui-même avoir des difficultés d’accès à ces services : « des fois, il y a des refuges qui ont de la place et des fois ils n’en ont pas. Quand j’ai assez de sous, je fais la file pendant longtemps pour m’assurer d’avoir une place, mais j’arrive pas tout le temps. Il n’y a pas la place pour tout le monde, donc il y a des périodes où je dors dehors. »

Il n’y a pas d’argent pour la création de logements à loyer modique, et quand les personnes en situation d’itinérance finissent par avoir un logement, il faut qu’elles continuent d’être accompagnées.

« Quand il commence à faire froid, ça se sent dans les organismes », explique Emma. « Autour du mois de novembre, des centres de répit ouvrent dans des églises, des centres communautaires, et des arénas, mais ce n’est pas tout le temps des endroits pour dormir, » poursuit-elle. Beaucoup de ces refuges sont des logements à court-terme, et n’offrent finalement pas de solution permanente.

Un secteur sous-financé

Plus tôt cet automne, Québec a alloué 4,2 millions de dollars pour lutter contre l’itinérance à Montréal, une somme visant spécifiquement à gérer des profils plus complexes. Malgré cela, plusieurs acteurs dans le secteur communautaire déplorent les subventions insuffisantes de la part du gouvernement. Selon Emma, le financement manque à tous les niveaux : « Il n’y a pas d’argent pour la création de logements à loyer modique, et quand les personnes en situation d’itinérance finissent par avoir un logement, il faut qu’elles continuent d’être accompagnées. Ce n’est pas juste avoir un logement, c’est être capable de le garder. C’est facile d’oublier de payer son loyer, ou de laisser d’autres gens rentrer. »

Cet accompagnement social, explique-t-elle, est sous-financé. Les salaires bas et les conditions de travail difficiles des intervenants et des travailleurs sociaux y sont pour beaucoup. « Il y a tellement de retournement d’employés, c’est difficile de garder des gens dans ce milieu-là. C’est un secteur qui ne reçoit pas beaucoup d’attention dans le domaine politique, » conclut-elle.

*Nom fictif

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Confusion dans la communauté anglophone https://www.delitfrancais.com/2024/09/18/confusion-dans-la-communaute-anglophone/ https://www.delitfrancais.com/2024/09/18/confusion-dans-la-communaute-anglophone/#respond Wed, 18 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55837 Changements à l'admissibilité aux services de santé en anglais sous la CAQ.

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Le 3 juillet, le Ministère de la langue française adoptait une directive précisant les situations dans lesquelles le réseau de la santé et des services sociaux pouvait utiliser une autre langue que le français. Le 12 septembre, seulement quelques semaines plus tard, une motion a été votée à l’Assemblée nationale pour rendre explicite les conditions qui régulent l’accès aux soins de santé en anglais pour les anglophones du Québec. Cette motion, votée à l’unanimité, met fin à des mois de confusion concernant les prérequis nécessaires pour obtenir des soins de santé et des services sociaux en anglais.

« Cette motion, votée à l’unanimité, met fin à des mois de confusion concernant les prérequis nécessaires pour obtenir des soins de santé et des services sociaux en anglais »

Le français étant l’unique langue officielle du Québec, comme le dicte la Charte de la langue française (CLF), aucune autre langue n’est utilisée de manière systématique dans la province. Cependant, la directive du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) détermine qu’une langue autre que le français peut être utilisée dans certaines situations, notamment lorsque la santé l’exige. Le texte réfère ici à des des situations exceptionnelles, c’est-à-dire si le patient démontre qu’il ne peut pas comprendre ou communiquer en français dans une situation d’urgence dans laquelle l’usager doit recevoir de l’assistance, donner son consentement, ou participer aux décisions affectant son bien-être, ou s’il détient la documentation nécessaire pour démontrer qu’il a le droit d’être servi en anglais.

Une directive ambiguë

C’est précisément cette directive, publiée en juillet, qui a généré des inquiétudes au sein de la communauté anglophone du Québec. Peu de temps après sa publication, Quebec Community Group Networks, un organisme à but non-lucratif réunissant des communautés anglophones à travers la province, publie sur son site un court commentaire dénonçant ce changement. La Montreal Gazette, un journal anglophone, conteste également ces nouvelles mesures, avertissant notamment ses lecteurs qu’un « certificat d’éligibilité, (tdlr) » pourrait maintenant être demandé aux anglophones cherchant à obtenir des soins dans leur langue. Le certificat en question est mentionné de manière ambiguë dans la directive. Celle-ci énonce : « Un organisme du RSSS [réseau de la santé et des services sociaux, ndlr] peut communiquer en anglais exclusivement avec une personne déclarée admissible à recevoir l’enseignement en anglais si celle-ci : s’est vue délivrer le document Déclaration d’admissibilité à recevoir l’enseignement en anglais du ministère de l’Éducation du Québec; en fait expressément la demande. »

La confusion concernant la nature de ce certificat semble découler du fait qu’il n’est pas évident si ces deux points sont deux exemples de scénarios dans lesquels un organisme du RSSS peut communiquer en anglais exclusivement avec un patient, ou s’ils représentent une liste exhaustive des conditions à remplir. C’est pourquoi Gary Bernstein, un anglophone et résident de Montréal depuis plusieurs années ne détenant pas de certificat d’admissibilité à l’éducation en anglais, a tenté de mieux comprendre comment un tel certificat pouvait être obtenu. Celui-ci explique : « je n’ai jamais eu de grosses difficultés à obtenir des soins de santé en anglais à Montréal ». Toutefois, au vu de la directive annoncée au cours de l’été, celui-ci a tenté d’obtenir un certificat comme celui mentionné. Le certificat en question est, en temps normal, détenu par tous ceux étant éligibles à l’éducation en anglais, selon la loi 101. Cette loi, passée en 1977, dispense certaines personnes d’avoir à faire leur scolarité en français. Cependant, pour d’autres comme Gary, qui ont été éduqués en anglais avant la mise en place de cette loi, les directives sont moins claires. Un anglophone ayant reçu sa scolarité en anglais avant la mise en place de la loi 101, et ne détenant pas de certificat peut-il, avec cette nouvelle directive, recevoir des soins en anglais? C’est donc pour répondre à cette question que Gary a tenté d’obtenir ce fameux certificat. « Dans la publication du ministère, il y avait une adresse courriel à laquelle on pouvait écrire pour avoir un certificat. J’ai écrit pour enquêter, et j’ai reçu un message poli qui disait : “merci de votre demande, mais vous n’êtes pas en ce moment à l’école, et n’êtes donc pas éligible à recevoir de certificat d’admissibilité” ». Gary poursuit : « Je savais que ce serait leur réponse, mais je me disais que je tâterais le terrain quand même. » Il semble que ce manque de clarté ait été pris en note par le gouvernement. En effet, la motion du 12 septembre, visant à éviter toute future confusion, souligne explicitement qu’elle « exige du gouvernement que toute directive donnée au réseau de la santé et des services sociaux soit claire et explicite à ce sujet ».

Carissa Tran

Une situation tendue

Malgré la confirmation qu’aucun changement ne serait apporté à l’accès aux soins de santé en anglais pour les anglophones, certaines inquiétudes règnent dans la communauté. Gary explique : « Quand il y avait des changements aux règles, j’anticipais qu’une partie du personnel médical serait hésitant à nous servir en anglais, de peur de se faire pénaliser. Plusieurs directives sous la loi 96 [la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, ndlr] ont été mal comprises. » Il conclut que « certains [membres du personnel médical] ont peur de défier des directives ministérielles qui n’existent pas vraiment ». L’adoption de la motion du 12 septembre vient seulement quelques jours avant la publication d’un article de Radio-Canada sur le suicide d’un homme de 66 ans à Val-des-monts. L’article explique que l’individu aurait souffert de dépression, et qu’après avoir insisté pour consulter un psychologue anglophone et avoir été mis sur une liste d’attente pour le faire, il aurait changé d’avis. Bien qu’il ne soit pas possible de déterminer de manière définitive si son suicide était lié au manque d’accès aux services de santé pour les minorités anglophones du Québec, il est évident que la question n’est pas résolue.

« Les enjeux auxquels font face les anglophones du Québec ne sont donc pas uniques en eux-mêmes, et révèlent en fait une tendance plus générale au Canada »

Un problème canadien

L’accès des minorités linguistiques à des services de santé dans leur langue n’est pas un enjeu isolé et propre au Québec. En effet, bien qu’il existe toujours des problèmes, le Québec est en réalité l’une de seulement quelques provinces où la législation encadre l’offre de services dans la langue minoritaire. La santé étant de compétence provinciale, c’est aux provinces individuelles de déterminer si et comment elles offrent des services de santé dans la langue minoritaire. La Colombie-Britannique, par exemple, n’offre pas de services en français, mais met à disposition des patients des services d’interprétation à ceux qui en ont besoin. Cette approche peut être contrastée à celle de l’Ontario qui est légalement obligée d’offrir des soins de santé en français dans des zones où sont concentrées les populations franco-ontariennes, conformément à une loi provinciale, la Loi sur les services en français. De plus, bien que la Loi sur les langues officielles légifère l’universalité d’accès aux services dans les deux langues partout au Canada, celle-ci s’applique uniquement aux institutions fédérales. La santé étant de compétence provinciale, et les démographies des minorités linguistiques n’étant pas les mêmes de province en province, il est difficile d’uniformiser le profil des langues officielles dans ce secteur à l’échelle canadienne. Les enjeux auxquels font face les anglophones du Québec ne sont donc pas uniques en eux-mêmes, et révèlent en fait une tendance plus générale au Canada.

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Crise d’itinérance au Québec https://www.delitfrancais.com/2024/09/11/crise-ditinerance-au-quebec/ Wed, 11 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55673 Protéger les enfants au détriment des personnes sans-abris?

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Le 15 avril dernier, un hébergement pour personnes sans-abris et un site de consommation supervisée, la Maison Benoît Labre, a ouvert ses portes à 260 mètres d’une école primaire. Après de nombreux incidents, la province du Québec envisage l’interdiction de centres de jours et de consommation supervisée près des écoles et des garderies. Bien que cette décision ait pour but premier de protéger les enfants, plusieurs personnes se questionnent sur les actions effectuées par le gouvernement pour protéger les personnes sans-abris et prévenir l’itinérance de ses citoyens.

La protection des enfants avant tout

Les semaines qui ont succédé l’ouverture du centre ont occasionné une série d’événements perturbateurs, recensés sur les terrains de l’école Victor-Rousselot. Parmi ces incidents, dont le nombre s’élève désormais à plus de 40, on dénombre des excréments humains retrouvés dans le parc-école, un feu allumé dans une ruelle adjacente, un parent ayant aperçu un homme nu près de l’entrée du service de garde, et la liste se poursuit. Par conséquent, le ministre Lionel Carmant, responsable des Services sociaux, a incité la Direction générale de la santé publique à « évaluer les options pour mieux encadrer l’établissement de ces ressources pour éviter que de telles situations se reproduisent à l’avenir ». Face à cette situation préoccupante, des questions se posent : comment cohabiter, mais d’abord, devrait-on cohabiter? Comment concilier la réalité des personnes itinérantes avec celle de nos enfants? Le gouvernement décide que sa priorité est de protéger les enfants de ces réalités difficiles. Pour ce faire, la province envisage l’interdiction des centres de jour et de consommation supervisée près des écoles.

Le Premier ministre François Legault partageait récemment son accord avec la récente décision de son homologue ontarien, Doug Ford, qui a mis en place des mesures d’interdiction semblables. À cet égard, Legault affirme que les centres de consommation supervisée ne devraient pas être situés près d’établissements scolaires : « Il ne devrait pas y en avoir. Il n’y aurait pas dû en avoir et il n’y en aura pas. » Le gouvernement caquiste avait d’ailleurs présenté une motion en 2017, qui avait pour but d’interdire les sites de consommation supervisée à une distance minimale d’écoles, mais le Parti québécois avait bloqué cette initiative. En juin de cette année, c’est le Parti québécois qui a proposé une motion presque identique à celle qu’il avait refusée en 2017. Cette fois-ci, c’est la CAQ qui s’y est opposée.

Non à la cohabitation ou à la normalisation?

Dans le meilleur des cas, l’annonce de cette éventuelle décision du gouvernement démontre d’une part un désir incontestable de vouloir protéger les jeunes de la province, et d’une autre, un possible refus de reconnaître la crise de l’itinérance. En effet, dans les provinces du Canada qui sont plus sévèrement accablées par cette crise, la cohabitation est inévitable, mais rarement mise en cause parce que la crise d’itinérance est normalisée. En Colombie-Britannique, par exemple, il est difficile de se promener dans certaines villes sans voir le genre d’événements perturbateurs évoqués par l’école Victor-Rousselot ; les personnes qui fument du crack ou qui s’injectent du fentanyl sont omniprésentes, même à 100 mètres d’une école. Cela ne choque plus personne dans la province de l’Ouest. Peut-on supposer que les résidents en Colombie-Britannique soient plus ouverts à une cohabitation que les Québécois, ou bien est-ce simplement que la crise est d’une telle envergure qu’elle en devient banale?

« La réaction du gouvernement québécois peut être interpretée comme un refus de reconnaître cette situation de crise »

« Je ne suis jamais surpris de voir des personnes consommer de la drogue en public. C’est sûr que, quand c’est près des écoles, c’est plus inquiétant, mais jamais surprenant (tdlr) », indique Andrew Nikodym, résident de la Colombie Britannique. « Depuis quelques années, l’ampleur de la situation est remarquable : maintenant, je suis presque surpris si je ne vois pas au moins une personne fumer du crack quand je sors, surtout si c’est au centre-ville. » Pour ce résident de Kelowna, cette cohabitation entre les personnes itinérantes en situation de dépendance à la drogue et les personnes qui n’en souffrent pas démontre une réelle normalisation de la crise. Dans ce contexte, la réaction du gouvernement québécois peut être interprétée comme un refus de reconnaître cette situation de crise.

Les actes sont-ils plus éloquents que la parole

Quand il est question d’itinérance, il est forcément question des crises du logement, de dépendance et de santé mentale. Pour croire que le gouvernement refuse de normaliser ces crises, il faut d’abord penser qu’il fait tout en son pouvoir pour protéger les itinérants et pallier cette situation de crise. En matière de crise du logement, la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a présenté sa Stratégie québécoise en habitation le 22 août, qui propose une hausse dans la cible du nombre de logements. Parmi ceux annoncés, 4% seront des logements sociaux et abordables, contrairement au 10% actuel, déjà insuffisant selon la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec, qui dénonce la stratégie.

Pour remédier à la crise des drogues, le ministre Carmant a annoncé, le 31 août, que 1,6 millions de dollars du Fonds de lutte contre la dépendance servirait à prévenir les surdoses de substances psychoactives. Cette somme sera investie dans des organismes communautaires qui offrent des services de consommation supervisée et vérification de substances illicites. La province a aussi facilité l’accès à la naloxone, une substance qui peut temporairement arrêter les effets d’une surdose, désormais gratuite dans toutes les pharmacies du Québec. Dre. Julie Bruneau, spécialiste en médecine de la toxicomanie, prétend toutefois que ces initiatives ne sont pas suffisantes : « On ne peut pas penser qu’en prévenant aujourd’hui ceux qui sont à risque de mourir à cause de leur drogue qu’on va être capable d’agir en amont sur la prévention, la détection et les soins centrés sur l’individu qui ne sont pas stigmatisants. » En ce qui concerne la santé mentale, rien n’est couvert par la province et les soins privés sont très dispendieux – on parle d’une moyenne de 150$ par rendez-vous. Par ailleurs, on recense plus d’un million de toxicomanes souffrant d’une dépendance à la drogue dure au Canada. « Le gouvernement québécois peut faire plus à ce chapitre », conclut une étude de l’Institut de recherche progressiste. « Il peut d’abord offrir une véritable couverture universelle des soins de psychothérapie, accompagnée d’un encadrement du marché privé afin d’orienter les ressources vers les besoins prioritaires. »

La protection de tous

Plusieurs experts s’accordent donc sur le fait que le gouvernement doit en faire davantage en matière d’itinérance, de logements abordables, de dépendances aux drogues et de santé mentale. La protection des enfants est importante, mais il est aussi nécéssaire d’aider et de protéger les toxicomanes, les sans-abris, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

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Ce que vous avez manqué cet été https://www.delitfrancais.com/2024/08/28/ce-que-vous-avez-manque-cet-ete-2/ Wed, 28 Aug 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55481 Trois événements qui ont marqué l’été montréalais.

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MISE À JOUR : MÈRES MOHAWKS

Au cours de l’été, des avancées ont été faites dans la dispute légale entre les Mères Mohawks et l’Université McGill concernant les fouilles tenues sur le terrain de l’hôpital Royal Victoria. Tandis que l’Université tente d’entreprendre des travaux de développement sur l’espace anciennement occupé par l’hôpital Royal Victoria, les Mères Mohawks s’opposent aux fouilles, qu’elles considèrent être hâtives, considérant la possible présence de tombes non marquées sur le terrain. 

En novembre 2023, un rendement de la Cour supérieure du Québec avait contraint l’Université à poursuivre ses excavations sous la supervision d’un panel indépendant d’archéologues. Ce 16 août 2024, cette décision a été infirmée par la cour d’appel du Québec. L’aboutissement de cette dispute permettra donc à McGill de poursuivre ses fouilles sans la présence du panel indépendant d’experts en archéologie qui avait été mandaté par la cour.

PLACE AUX INONDATIONS

Ysandre Beaulieu | Le Délit

Alors que l’été 2023 a été marqué par des feux de forêt sans précédent, ce sont les ouragans et la pluie qui auront rythmé le quotidien des montréalais cet été. En effet, les vestiges de l’ouragan Béryl ont frappé Montréal le 10 juillet dernier. En 24 heures, 80 mm de pluie ont recouvert la ville par endroits, un chiffre variant d’arrondissement en arrondissement, mais avec des effets tout de même impressionnants : des sous-sols remplis d’eau, des autoroutes fermées, et des mesures d’urgence déclarées.

La ville se remettait tranquillement du déluge, lorsqu’un mois plus tard, le 9 août, la tempête tropicale Debby a déferlé sur Montréal. En plus des inondations causées par les 140 mm de pluie tombés, plus de 550 000 foyers ont été victimes de pannes de courant, certains d’entre eux pendant plusieurs jours.

MONTRÉAL EN FESTIVAL

Trois événements qui ont marqué l’été montréalais.
Ysandre Beaulieu | Le Délit

L’été à Montréal introduit la saison des festivals, qui s’enchaînent les uns à la suite des autres, imprégnant la ville d’une énergie indescriptible. Comme chaque année, les événements culturels gratuits rendent encore plus attrayant l’été à Montréal, avec les Francofolies, les Nuits d’Afrique, ou encore le Festival international de Jazz de Montréal, qui offrent à tous les curieux des expériences inoubliables. Cet été, la grandeur et la beauté des concerts gratuits, notamment celui interprété au pied du Mont-Royal par l’Orchestre Métropolitain et la pianiste Alexandra Stréliski, manifestent une belle volonté de faire découvrir et briller le talent d’ici.

Pour plusieurs Montréalais, ce sont les festivals et leur ambiance électrique qui auront marqué leur été. Les foules était au rendez-vous pour assister aux performances des artistes à Osheaga, observer les couchers de soleil au Parc Jean-Drapeau lors du Piknic Électronik, ou découvrir les représentations électriques des Nuits d’Afrique. C’était à en oublier la canicule, devenue synonyme de vacances!

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74 jours d’occupation https://www.delitfrancais.com/2024/08/28/74-jours-doccupation/ Wed, 28 Aug 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55489 Une chronologie du campement pro-palestinien à McGill.

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Le Délit revient sur les faits concernant le campement pro-palestinien, en vous offrant une chronologie non-exhaustive des événements qui se sont déroulés au cours de ces 74 jours d’occupation. 

27 avril - Début du campement sur la partie inférieure du campus de l’Université, notamment mené par les organismes Solidarity for Palestinian and Human Rights (SPHR), et SPHR Concordia. Les groupes, qui s’identifient comme mouvements d’étudiants issus des universités McGill et Concordia, déclarent le campe ment « zone libérée », en y installant des tentes et des grillages en guise de délimitation. Leurs revendications sont claires : le désinvestissement des fonds des deux universités envers les compagnies « financant le génocide et l’apartheid en Israël (tdlr) » et la fin de toute relation académique entre les universités et Israël. 

27 avril - Le campement fait appel au soutien de la communauté, demandant à ceux et celles qui peuvent se le permettre d’apporter de l’eau, de la nourriture, et du matériel. Les membres du campement incitent également les étudiants à se joindre à eux pour accroître leur présence sur le campus. Ces appels font augmenter le campement d’une vingtaine de tentes, à plus d’une cinquantaine d’entre elles. Dès les premiers jours du campement, la présence policière augmente sur le campus. 

29 avril - Dans un courriel adressé à la communauté mcgilloise, Deep Saini, président et vice-chancelier de l’Université McGill, déplore le comportement des manifestants, citant des commentaires antisémites et affirmant que leur présence sur les terrains privés de l’Université enfreint non seulement a ses politiques, mais également la loi. Saini affirme également avoir essayé d’établir une entente en dialoguant avec les représentants étudiants du mouvement, sans succès. 

1er mai - L’administration de McGill propose aux manifestants de les convier à un forum pour discuter de leurs demandes, à la condition qu’ils abandonnent le campement de manière permanente. 

2 mai - Une manifestation pro-Israël s’organise devant le portail Roddick, pour contester le campement. Les manifestants remplissent la rue Sherbrooke, tandis que des contre-manifestants pro-palestiniens s’organisent de l’autre côté du grillage. Une présence policière importante sur le campus et dans les rues environnantes se fait remarquer dès le début des rassemblements, et les tensions augmentent au cours de la journée. Les manifestants sont séparés non seulement par le grillage et par les policiers, mais aussi par des bénévoles du campement, identifiés par des dossards jaunes. Les manifestations restent pacifiques, et les foules se dispersent en soirée. 

Ysandre Beaulieu | Le Délit

10 mai - McGill annonce son intention de déposer une injonction demandant le droit de démanteler le campement, et d’obtenir, si nécessaire, l’assistance du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour ce faire. L’Université cite plusieurs raisons, dont des inquiétudes vis-à-vis la santé et la sécurité publique, des tensions grandissantes, et le dérangement causé par la présence des manifestants. 

15 mai - La demande d’injonction provisoire se rend jusqu’à la Cour supérieure du Québec, qui décide de rejeter la demande de McGill, citant l’absence d’incident violent depuis le début de sa mise en place. Le juge, Marc St-Pierre, justifie cette décision en expliquant qu’une injonction ne peut être préventive et que les risques à la santé et à la sécurité publique cités par l’Université ne se sont pas matérialisés. 

26 mai - Au cours d’un événement pro-palestinien sur le campus lors duquel s’est mobilisé le SPVM, un portrait d’un politicien israélien « vêtu d’un vêtement à rayures évoquant un uniforme de prisonnier » est suspendu, comme l’explique un courriel du recteur à la communauté mcgilloise. L’incident est rapporté au SPVM, qui n’intervient pas

29 mai - Dans un courriel, Deep Saini dénonce des méthodes qu’il qualifie de « coercitives et discriminatoires ». À l’appui, il mentionne l’incident du 26 mai et associe le vêtement à rayures à l’uniforme revêtu par des millions de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. D’autres incidents sont décrits. Parmi eux, le harcèlement de certains membres du personnel de l’administration et des graffitis « blasphématoires » sur des murs des bureaux de l’Université. 

6 juin - Occupation du bâtiment James McGill. Vers 16h00, un groupe pénètre dans le bâtiment, s’y barricade, et dessine des graffitis sur les murs. Près d’une heure plus tard, c’est l’arrivée d’une présence policière, qui, vers 19h30, disperse la foule qui bloque l’accès à l’entrée du bâtiment. 

10 juin - L’Université McGill émet une nouvelle proposition, qui est refusée par les manifestants. Celle-ci inclut quatre éléments : un examen de la possibilité de désinvestir dans des entreprises de fabrication d’armes ; une divulgation de tous les placements de l’Université (incluant ceux inférieurs à 500 000 dollars) ; une prise en compte accrue des institutions et des intellectuels palestiniens et une offre de soutien, notamment financier, aux universitaires déplacés sous les auspices du réseau Scholars at Risk, ainsi qu’une amnistie pour les personnes qui occupent le campement. 

14 juin - Selon une porte parole du campement, l’Université refuse de répondre à l’appel des manifestants et de poursuivre les négociations. 

17 juin - Dans un courriel destiné aux étudiants de McGill, Deep Saini dénonce le programme d’été révolutionnaire de la SPHR, citant l’imagerie violente utilisée sur ses tracts (un individu portant un fusil automatique). Il demande également à l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) de dénoncer le programme, et de rompre tout lien avec la SPHR qui est inclus dans sa liste de clubs affiliés, le cas échéant étant interprété par l’Université comme support de la SPHR.

2 juillet - Sur leurs réseaux sociaux, le mouvement SPHR dénonce le manque de volonté de l’Université de répondre à leurs demandes, et déplore sa décision de cesser toute négociation.  

5 juillet - Des manifestants commettent des actes de vandalisme, « fracassant des vitres et les tapissant de graffitis où l’on pouvait lire slogans et obscénités », menant à l’arrestation d’un individu. 

9 juillet - SPHR émet un communiqué de presse dénonçant la réaction de McGill face à la mobilisation étudiante, notamment leurs négociations menées « de mauvaise foi » avec les représentants du campement et leurs tentatives de diviser l’intifada.  

Ysandre Beaulieu

10 juillet - Le campement pro-palestinien reste en place jusqu’au 10 juillet, lorsqu’une firme de sécurité privée, engagée par l’Université, initie son démantèlement. Dans un courriel diffusé à l’ensemble de la communauté mcgilloise, le recteur de l’Université, Deep Saini, annonce le démantèlement du campement situé sur la partie inférieure du campus, citant « de nombreux graffitis haineux et menaçants » et « des risques importants en matière d’hygiène, de sécurité et d’incendie ».

À la suite au démantèlement du campement, le campus est partiellement fermé avec une réouverture graduelle au cours de laquelle les points d’entrée sont limités aux individus détenant une permission. À partir du 5 août, le campus est accessible à tout le monde entre 6h et 22h, ainsi qu’aux membres du personnelet aux étudiants détenant une carte d’identité de l’Université en dehors de ces heures.

Malgré le démantèlement du campement, les tensions persistent sur le campus. Il est difficile de prédire les formes qu’elles prendront une fois les cours commencés. Cependant il est clair que des efforts importants de la part de la communauté mcgilloise seront nécessaires pour rétablir la stabilité.

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Portrait de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin https://www.delitfrancais.com/2024/03/20/portrait-de-la-nouvelle-ligue-professionnelle-de-hockey-feminin/ Wed, 20 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55190 Une avancée pour les hockeyeuses professionnelles en Amérique du Nord.

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Le 17 mars dernier, l’équipe de Montréal de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) a affronté l’équipe de Toronto à Pittsburgh aux États-Unis, dans un match qui a culminé en un score de 2 à 1 en faveur de l’équipe de Toronto. L’équipe de Montréal a remporté 10 des 18 matchs qu’elle a joués depuis le début de la saison, et se situe en troisième place du classement de la ligue, après Toronto et Minnesota, avec 30 points. Depuis son annonce en juin 2023, la LPHF a permis aux joueuses professionnelles d’enfin retrouver une ligue en janvier 2024, et a depuis connu un succès important.

LPHF : le résultat d’un activisme féministe


La création de la LPHF est le résultat des efforts de la part de l’Association des joueuses professionnelles de hockey (PWHPA). La PWHPA est un syndicat professionnel représentant les hockeyeuses faisant aujourd’hui partie de la LPHF. Il a été formé en 2019, suite à la dissolution de la Ligue canadienne de hockey féminin (CWHL), une des deux ligues majeures de hockey féminin en Amérique du Nord avec la Fédération première de hockey (FPH).

Alors que la CWHL s’était arrêtée en raison de difficultés financières, ses joueuses ont créé la PWHPA, refusant d’intégrer la FPH en raison des salaires inadéquats. En effet, en 2019, plus de 200
joueuses professionnelles et membres de la PWHPA ont annoncé leur boycott de la saison de hockey avenante, réclamant une ligue unie et une durabilité financière pour ses joueuses. Dans un communiqué, celles-ci ont affirmé qu’elles ne joueraient dans aucune ligue professionnelle tant qu’elles n’auraient pas accès aux « ressources que le hockey professionnel demande et mérite (tdlr) ».

La LPHF a donc remplacé la CWHL, et a également absorbé la FPH en 2023 qui, malgré les hausses de salaires, était en manque de financement. Suite à cela, en juin 2023, une convention collective a été signée par les membres de la PWHPA, majoritairement des joueuses issues des deux anciennes ligues, permettant ainsi la mise en place d’une unique ligue professionnelle féminine nord-américaine, la LPHF. Celle-ci représente maintenant le paysage uni du hockey féminin, auparavant divisé entre la CWHL et la FPH.

« La LPHF représente maintenant le paysage uni du hockey féminin, auparavant divisé entre la CWHL et la FPH »

Fonctionnement et diffusion
La ligue compte 157 joueuses provenant de 12 pays différents, dont 90 Canadiennes et comporte six équipes : trois équipes canadiennes (Montréal, Toronto et Ottawa) et trois équipes américaines (Boston, Minneapolis Saint-Paul et New York). Toutefois, les matchs ne se jouent pas seulement dans ces villes, ils peuvent aussi prendre place dans les villes environnantes et dans les arénas de la LNH (Ligue nationale de hockey) ou encore celles de ligues mineures et juniors. Les noms et les logos des équipes sont jusqu’à ce jour en suspens et ne semblent pas être une priorité pour l’administration. Pour l’instant, les chandails des joueuses ont seulement des couleurs distinctives et le nom de leur ville respective.

Durant cette première saison, l’équipe de Montréal jouera 24 matchs au total, dont 16 qui seront diffusés sur les chaînes RDS et RDS2. C’est notamment sur ces chaînes qu’une équipe de diffusion entièrement féminine couvre pour la première fois la saison complète d’une ligue de sport.

La partie du 20 avril entre Montréal et Toronto, qui était initialement à l’Auditorium de Verdun a été relocalisée au mythique Centre Bell, témoignant du grand succès qu’a eu la ligue depuis le début de la première saison. Les billets saisonniers ont tous été vendus et les prochains matchs à l’Auditorium de Verdun sont déjà complets. Jusqu’à maintenant, le nombre record de spectateurs a été de 19 925 à l’aréna Scotiabank de Toronto. L’équipe de Montréal souhaite atteindre et même dépasser cette participation au Centre Bell qui a la capacité d’accueillir 21 105 spectateurs.

Bien qu’elle soit nouvelle dans le paysage du hockey professionnel nord-américain, la LPHF a également pu participer à un événement culte du hockey professionnel : le Match des étoiles, en concluant celui-ci avec des trois contre trois.

« Les congés de maternité permettent notamment aux hockeyeuses d’avoir des enfants et une carrière professionnelle simultanément »

Avancées ou inégalités?


La PWHPA se charge maintenant de protéger et d’assurer les droits des joueuses de la LPHF, et vise à offrir une alternative plus durable et stable aux deux ligues dissoutes. Le syndicat garantit notamment des salaires plus élevés et stables. En effet, la CWHL qui était exclusivement financée par des donateurs privés, versait à ses joueuses des salaires entre 2 000 et 10 000 dollars canadiens par année. La FPH, pour sa part, était la première ligue de hockey féminine à verser à ses joueuses un salaire raisonnable. Pour la saison 2015–2016, la ligue avait fixé un salaire minimum de 10 000 dollars canadiens, et un plafond de 270 000 dollars canadiens par quipe. En 2016–2017, ce salaire a été divisé par deux en raison de restrictions budgétaires, mais a drastiquement remonté en 2023 avec l’établissement d’un plafond de 1,5 million de dollars par équipe, une hausse de salaire historique dans le hockey féminin. Quant à elle, la LPHF offre à ses joueuses un salaire minimum d’au moins 47 000 dollars canadiens par an, et exige qu’un maximum de neuf joueuses par équipe toucheront ce salaire minimum. Les joueuses les plus payées pourraient toucher plus de 109 000
dollars canadiens, bien que les salaires spécifiques ne soient pas publiés. Ce nouveau salaire permettrait aux joueuses de se concentrer sur leur carrière sportive, sans avoir à compléter leur revenu avec des emplois externes.

Plusieurs droits qui n’étaient pas garantis par les ligues précédant la LPHF sont maintenant offerts aux joueuses de la nouvelle ligue, notamment une assurance santé stable, un plan de retraite, des bonus et des congés de maternité. Ces derniers permettent notamment aux hockeyeuses d’avoir des enfants et une carrière professionnelle simultanément, servant à déstigmatiser la grossesse chez les athlètes.

Il est cependant important de noter que les inégalités perdurent, et que comparativement à leur homologue masculin, la Ligue nationale de hockey (LNH), les salaires des joueuses restent insuffisants. Le salaire débutant pour un joueur de la LNH est de plus d’un million de dollars canadiens, comparé au salaire minimum auquel plusieurs joueuses de la LPHF touchent. De plus, la couverture médiatique limitée du hockey féminin, tout comme la quantité minimale d’investissements dans les équipes de la LPHF font contraste à l’envergure du hockey masculin. Ces différences entre la LNH et la LPHF témoignent des inégalités systémiques qui continuent d’affecter les sportives de carrière. Il reste de l’espace pour les avancées féministes dans le hockey professionnel.

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« Plus jamais de soeurs volées » https://www.delitfrancais.com/2024/02/28/plus-jamais-de-soeurs-volees/ Wed, 28 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55059 Hausse alarmante du nombre de féminicides au Québec en 2024.

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La tranquillité de la petite municipalité de Saint-Basile-le-Grand a été violemment interrompue pendant la nuit du 19 février dernier, lorsqu’un homme a attaqué sa conjointe avec une arme blanche. Les événements sont survenus aux alentours de 23h30 dans une maison familiale de la rue Ménard. Les deux enfants de la victime, présents dans la demeure au moment des faits, se sont empressés d’appeler les secours. La femme a été retrouvée grièvement blessée et transportée à l’hôpital, où son décès a été constaté. L’homme de 53 ans a été placé en détention, accusé de meurtre au deuxième degré de sa conjointe, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication. Cet incident marque le quatrième féminicide enregistré en seulement une semaine dans la province québécoise. En comparaison, l’année 2023 comptabilisait sept cas au total, selon le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.

Un bilan inquiétant

Le terme « féminicide » est souvent limité aux meurtres conjugaux. Pourtant, la violence contre les femmes dépasse les frontières du foyer conjugal. En effet, la définition de féminicide s’étend à n’importe quel meurtre
d’une femme en raison de son sexe. Bien que les meurtres de femmes soient fréquemment perpétrés par des partenaires conjugaux, ils peuvent aussi être commis par d’autres membres de la famille, des étrangers, voire par des agents de l’État. Réduire le féminicide à des meurtres conjugaux invisibilise d’autres réalités de violence.

L’année 2024 a débuté avec un féminicide dans la région de Granby, en Estrie, où Chloé Lauzon-Rivard, jeune femme de 29 ans, a été retrouvée morte dans son appartement. Son conjoint a été appréhendé par la police le 5 janvier, et depuis, a été formellement accusé de meurtre au deuxième degré. Le suspect avait de nombreux antécédents judiciaires, dont des menaces et voies de faits à l’égard d’une ex-conjointe, en 2021. À cette première tragédie, d’autres viennent bientôt s’ajouter. Le 26 janvier, à Pointe-aux-Trembles, le corps sans vie de Narjess Ben Yedder, femme de 32 ans, est découvert dans son appartement par les autorités policières. Elle était alors enceinte de huit semaines. Les tentatives de réanimation se sont avérées vaines et le décès a été constaté sur les lieux. C’est le mari de la jeune femme qui, après l’avoir poignardée plus de vingt fois, aurait contacté les services d’urgence. L’homme de 42 ans est arrêté le matin même et comparait en soirée devant le Palais de justice de Montréal pour un chef d’accusation de meurtre au deuxième degré.

« Réduire le féminicide à des meurtres conjugaux invisibilise d’autres réalités de violence »

Le bilan s’alourdit le 12 février, lorsque la Sûreté du Québec a découvert les corps de Jean-Guy Forest, 82 ans, et celui de sa femme, Lorraine Marsolais, 80 ans, dans la maison de retraite l’Épiphanie, au cœur de la région de Lanaudière. Féminicide présumé, le meurtre de Mme Marsolais aurait été perpétré par son propre conjoint, avant qu’il s’enlève la vie avec une arme à feu.

Seulement trois jours plus tard, soit le 15 février, un drame survient dans un immeuble résidentiel situé à Vaudreuil-Dorion. Fabio Puglisi attaque sa mère à coups de couteau, avant de s’en prendre à deux voisines. La mère, ainsi que la voisine de 53 ans, Manon Blanchard, ne survivent pas à leurs blessures. La troisième victime, Nighat Imtiaz, septuagénaire, est transportée à l’hôpital, où son état se stabilise. Puglisi, 44 ans, est accusé de meurtres au deuxième degré et de tentative de meurtre. Le tribunal ordonne son internement dans un hôpital psychiatrique pour une durée de 30 jours avant sa comparution. En effet, le suspect a de longs antécédents de maladie mentale. Il est d’ailleurs jugé non criminellement responsable pour des infractions préalables en 2012 et 2020 en raison de ses troubles de santé mentale.

Victimes invisibles

Dans le paysage des féminicides, les voix des femmes autochtones restent souvent étouffées. Deux récents drames dans le Nord-du-Québec révèlent l’ampleur de cette injustice. Au printemps dernier, deux femmes autochtones ont été victimes de féminicides commis par leur conjoint, des tragédies passées inaperçues. Ce n’est qu’en septembre que les médias relaient l’information. Stephanie Kitchen, résidant à Wemindji, aurait été tuée le 24 mars par son conjoint, qui a depuis été inculpé de meurtre. À Inukjuak, Raingi Tukai, 38 ans, est portée disparue au début du mois de mai et retrouvée morte peu de temps après. Son partenaire a été arrêté dans le cadre de l’enquête. Ces cas tragiques, qui auraient pu être des alertes pour une action préventive, ont été ignorés, relégués à l’ombre des statistiques officielles.

Les récents féminicides enregistrés au Québec, dont le tragique événement survenu à Saint-Basile-le-Grand, soulignent une tendance alarmante de violence conjugale contre les femmes. Cependant, ces tragédies ne capturent qu’une partie du problème ; les données révèlent une triste réalité : les femmes autochtones sont 12 fois plus susceptibles d’être tuées par leur conjoint, et près de 20 % des victimes de meurtre par des hommes sont autochtones. En effet, les femmes autochtones représentent près de 36 % des victimes de féminicides, malgré le fait qu’elles ne constituent que 5 % de la population, selon le dernier rapport de l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilité (OCFJR). Ces cas sont largement ignorés dans les médias, ce qui soulève des questions sur l’attention insuffisante portée aux femmes autochtones dans les discussions sur la violence conjugale et la nécessité d’une sensibilisation accrue sur cette question.

« Le féminicide ne peut être réduit à des statistiques ou à des cas isolés – il s’agit d’une manifestation de la misogynie systémique et de l’inégalité profondément enracinée »

L’urgence d’agir

Le 14 février dernier, plusieurs manifestants ont pris d’assaut les rues de Montréal pour réclamer justice pour les femmes, filles et personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées. Rassemblés sous le signe du projet Iskweu – initiative du Foyer pour femmes autochtones de Montréal – les organisateurs et les participants ont mis en avant les noms et visages des victimes, rappelant ainsi la réalité terrible de ces pertes et la nécessité de lutter sans répit contre la violence à l’égard des femmes autochtones. Sur les pancartes brandies, nous pouvions lire « Plus jamais de soeurs volées ». Bien que l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ait mené à plusieurs appels à l’action, les militants considèrent que peu de progrès ont été réalisés. L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) déplore la réponse inadéquate du gouvernement face à cette crise persistante, affirmant que le plan d’action et les paroles du gouvernement fédéral doivent être accompagnés d’actions concrètes pour mettre fin à cette violence endémique. Le 22 février dernier, Les Voix féministes de Charlevoix ont organisé deux rassemblements pour dénoncer les trois féminicides survenus au Québec en une semaine seulement. Les organisations locales, notamment la Maison La Montée, le CALACS de Charlevoix, le Centre des femmes de Charlevoix et le Centre-Femmes aux Plurielles, ont uni leurs voix pour briser le silence et exiger que le gouvernement fasse de la lutte contre la violence faite aux femmes et aux enfants une priorité.

Briser le silence

La succession tragique de féminicides au Québec résonne comme une alarme retentissante, réclamant une action urgente et un changement systémique. Des vies brisées, des familles déchirées, des communautés endeuillées – le bilan de cette violence insensée est lourd et insupportable. Alors que les noms et les visages des victimes sont portés haut dans les rues de Montréal et de Charlevoix, le silence et l’inaction ne sont plus tolérables. Le féminicide ne peut être réduit à des statistiques ou à des cas isolés – il s’agit d’une manifestation de la misogynie systémique et de l’inégalité profondément enracinée. Nous sommes confrontés à une crise qui exige une réponse collective, un changement culturel et politique radical. Les voix des victimes, souvent étouffées par le silence et l’oubli, réclament justice et reconnaissance. « Plus jamais de sœurs volées » est un cri de ralliement qui doit être
entendu et honoré alors que nous nous engageons à construire un avenir où chaque femme et fille peut vivre sans crainte, en sécurité et avec dignité.

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Un indépendantisme solidaire https://www.delitfrancais.com/2024/02/21/un-independantisme-solidaire/ Wed, 21 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54932 Une nouvelle campagne de Québec Solidaire promeut la souveraineté auprès des jeunes.

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Le 9 février dernier, Québec Solidaire, parti politique de gauche dirigé par les co-porte-paroles Gabriel Nadeau-Dubois et Émilise Lessard-Therrien, a annoncé une campagne destinée à rallier les jeunes au projet indépendantiste québécois.

De nouveaux arguments

Le projet proposé consiste en quatre étapes. Il demande l’élection d’un gouvernement solidaire, la création d’une assemblée représentative de la société québécoise, le développement d’une constitution à l’image de l’opinion et des inquiétudes du peuple québécois, et finalement, la déclaration de l’indépendance de ce nouveau pays.

La campagne établit un nouveau visage à l’argument souverainiste. En effet, l’idéologie est souvent associée à une vision anti-immigration tenue par une tranche de la population âgée qui avait l’âge de voter lors des deux premiers référendums sur l’indépendance du Québec en 1980 et en 1995. Lors d’une entrevue avec Radio-Canada, Ruba Ghazal, députée solidaire à la tête de cette nouvelle campagne, explique vouloir avancer une vision plus progressiste de la souveraineté. En effet, celle-ci met en lumière des enjeux précédemment exclus du discours indépendantiste, tels que l’importance des relations de nation-à-nation avec les populations autochtones en territoire québécois.

Attrait auprès d’un jeune public

La campagne lancée cible un public jeune, auprès duquel le projet indépendantiste semble présentement avoir moins d’attrait. La nouvelle génération n’a pas vécu la période des référendums, et est moins préoccupée par l’idée d’un Québec indépendant. Éric Bélanger, professeur en sciences politiques à l’université McGill écrit au Délit : « Il est certain que ce projet a le potentiel de devenir attrayant s’il est arrimé de manière convaincante aux
préoccupations (notamment environnementales) de la jeune génération actuelle. » C’est ce que Québec Solidaire tente, en notant dans leur plan qu’un Québec indépendant serait libre de passer des lois plus progressistes sur l’environnement, qui seraient autrement contraintes par la séparation constitutionnelle des juridictions. Bien que la vision avancée soit importante au succès d’un mouvement pro-souverainiste, l’attention doit être aussi portée au contexte socio-politique. Le professeur Bélanger explique que « le meilleur catalyseur d’appui pour le projet souverainiste au Québec a toujours été un sentiment de colère ou d’indignation vis-à-vis des autres partenaires canadiens ». Il poursuit qu’une telle crise n’est pas en vue. En effet, les autorités fédérales gèrent avec prudence leurs relations avec le Québec depuis la période des référendums en 1980 et en 1995. Le gouvernement fédéral
n’a rien à gagner de l’indignation des Québécois, et ceci se reflète dans sa politique qui a donné naissance à un fédéralisme asymétrique, c’est-à-dire un fédéralisme adapté aux spécificités du Québec.

Éric Bélanger note cependant la possibilité de points de friction importants entre le gouvernement québécois et le gouvernement fédéral. Il identifie notamment la potentielle décision de la Cour Suprême du Canada sur la constitutionnalité de la Loi 21. Cette loi sur la laïcité, pour laquelle le gouvernement caquiste de François Legault
a invoqué la clause nonobstant, fait polémique depuis son adoption en 2019. Le prononcement d’un jugement défavorable à la Loi 21 par la Cour « pourrait offrir un potentiel de choquer plusieurs Québécois ». En effet, cette loi, parfois perçue comme renfort du caractère distinctement laïque de la province, pourrait être source de tension entre le Québec et le Canada si la Cour Suprême émettait un jugement défavorable à l’opinion québécoise.

Pourquoi maintenant?

Québec Solidaire, affirme le professeur Bélanger, « cherche à réagir à la montée en popularité du Parti Québécois, et donc à ne pas laisser ce parti occuper seul toute la place concernant le projet de souveraineté ». En effet, le Parti Québécois gagne rapidement en popularité, surtout auprès du jeune électorat : en décembre 2023, 40% des jeunes disaient voter pour Québec Solidaire, et 23% pour le Parti Québécois, contre 36% et 27% en février 2024, respectivement, selon un sondage publié par la firme Léger.

La décision de lancer cette campagne n’est pas exclusivement stratégique. Elle est également fondée dans une réelle conviction idéologique au sein de Québec Solidaire que l’indépendance du Québec est un projet fondamental pour la province. Comme Bélanger le fait remarquer, Émilise Lessard-Therrien, nouvelle co-porte-parole du parti depuis juin 2023, adhère ouvertement au souverainisme depuis longtemps. Bélanger explique que cette croyance tenue par plusieurs membres influents du parti se traduit en « une croyance que les jeunes Québécois peuvent se laisser convaincre du bien fondé et de la nécessité du projet ». Toutefois, il note qu’il est trop tôt pour déterminer si l’idée gagnera de la traction au sein de cette tranche de la population.

Et l’opinion étudiante?

Bien qu’il soit trop tôt pour déterminer la popularité du projet indépendantiste Solidaire, Le Délit a discuté avec trois jeunes québécois·e·s (18–34 ans), Marianna, Alex* et Jess, pour mieux comprendre ce qui les attire dans la souveraineté québécoise, mais aussi leur réticence à s’embarquer dans un tel projet.

« Le meilleur catalyseur d’appui pour le projet souverainiste au Québec a toujours été un sentiment de colère ou d’indignation vis-à-vis des autres partenaires canadiens »

Professeur Éric Bélanger

Marianna explique que pour elle-même et son entourage, l’enjeu d’indépendance n’est pas la priorité, surtout pour les jeunes issus de familles immigrantes. « Nos inquiétudes ne sont pas basées autour de l’indépendance
du Québec. » Elle poursuit : « le Québec pourrait peut-être faire mieux sur le plan international s’il était indépendant, donc je pense que le projet a de la légitimité, et c’est certainement plus facile d’accrocher les jeunes avec leur vision [celle de Québec Solidaire, ndlr] altermondialiste [une pratique qui favorise une économie sociale et mieux répartie, ndlr] ».

Toutefois, des enjeux identitaires trompent l’attrait de cette vision pour Marianna. Elle clarifie que « les communautés immigrantes n’ont pas vraiment de sentiment d’appartenance au Québec, et s’associent plus au Canada qu’au Québec. Il faudrait promouvoir une identité québécoise qui est plus inclusive ». Elle illustre la nécessité d’un projet d’indépendance qui rallie les québécois·e·s de toutes les origines, et conclut : « Je ne me sentirais pas représentée dans un Québec qui ne fait plus partie du Canada. »

Alex trouve la proposition solidaire plus attirante. Iel adhère particulièrement à l’idée d’un Québec plus progressiste, qui n’est pas restreint par le reste du Canada, notamment sur des enjeux environnementaux.
Iel ajoute : « J’ai plus d’attachement au Québec, à sa culture et son histoire qu’au Canada. Je parle de la
culture québécoise au sens large, qui inclut les communautés immigrantes. Je pense que c’est important aussi qu’il y ait une valorisation de cette culture québécoise, et l’indépendance aiderait cela. »

L’indépendance, néanmoins, ne peut pas être obtenue coûte que coûte, selon Alex. « Il y a certaines choses que nous ne pouvons pas sacrifier ou compromettre, comme la place égale des nations autochtones ou des immigrant·e·s dans un Québec indépendant », conclut-iel.

Alex note également une dimension géographique à considérer avec l’approche de Québec Solidaire. « Ayant grandi en campagne avec des Québécois qui étaient tous blancs et francophones, je n’avais pas vraiment de sensibilité aux enjeux des communautés autochtones. Je ne sais pas si les arguments de Québec Solidaire sur l’importance d’inclure les nations autochtones dans le processus vont nécessairement rejoindre les jeunes qui ne sont pas sensibilisés à ces situations. »

Jess, pour sa part, exprime de l’ambiguïté. « Je n’ai pas d’opinion fondée. Au niveau identitaire, je m’associe plus au Québec qu’au Canada, mais le Canada fait quand même partie de mon identité. » Jess explique douter de l’approche de Québec Solidaire vis-à-vis ses relations avec les peuples autochtones, et de l’argument environnemental. En référence au plan mis en ligne par le parti, iel explique qu’au vu de la manière dont il est
présenté, « Québec Solidaire met le blâme sur le reste du Canada pour les problèmes environnementaux, alors que c’est un enjeu collectif ». Iel continue : « Ils disent trouver important de centrer les expériences des personnes autochtones, mais ils n’en parlent qu’à la fin. Est-ce l’indépendance d’abord et les peuples autochtones ensuite, ou les peuples autochtones d’abord et ensuite l’indépendance? »


*Nom fictif

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Mieux protéger l’« or bleu» du Québec https://www.delitfrancais.com/2023/02/08/mieux-proteger-lor-bleu-du-quebec/ Wed, 08 Feb 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=50742 La CAQ va déposer un projet de loi pour la protection de l’eau.

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Le 23 août dernier, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait annoncé son intention de lancer un fonds de 650 millions de dollars pour la protection de l’eau si elle était élue pour un nouveau mandat de quatre ans. François Legault, premier ministre du Québec, avait renouvelé sa promesse de créer le « Fonds Bleu » le 15 décembre dernier lors de la COP15. Le projet de loi devrait être déposé début février 2023.

« Au cours des ans, on a peut-être un peu trop tenu cette richesse-là pour acquise »  

Alors en campagne pour un nouveau mandat, François Legault, chef de la CAQ, avait promis de créer un fonds de 650 millions de dollars sur quatre ans s’il était réélu. Ce « Fonds Bleu » devrait servir à accroître le financement de mesures existantes et à lancer de nouvelles initiatives pour la protection de l’« or bleu » du Québec, selon les mots du premier ministre. Ce projet serait financé en partie par une augmentation des redevances des industries utilisant l’eau du Québec. Ces dernières, inchangées depuis 2011, sont fixées à 0,0025$ par mètre cube d’eau, sauf pour certaines activités comme l’embouteillage, chargée 0,07$ par mètre cube d’eau. Lors de sa déclaration, le 23 août dernier, François Legault avait avancé : « Au cours des ans, on a peut-être un peu trop tenu cette richesse-là pour acquise (l’eau douce, ndlr) », identifiant sa protection comme une « priorité ». 

Réélu en octobre dernier pour un nouveau mandat de quatre ans, François Legault avait renouvelé sa promesse de campagne lors de la COP15 qui s’est tenue à Montréal du 8 au 19 décembre dernier. Au cours de la COP15, le 15 décembre dernier, le premier ministre québécois s’était engagé à protéger l’« or bleu » du Québec en déposant son projet de loi sur la protection de l’eau début février, afin de « faire payer […] la vraie valeur de l’eau ». Suivant les déclarations de François Legault, le cabinet du premier ministre avait qualifié le statu quo des redevances pour les prélèvements d’eau d’inacceptable, rappelant qu’en 2021, le Québec avait reçu moins de 3 millions d’euros pour 811 milliards de litres d’eau douce prélevés. 

L’an dernier, Benoit Charette, ministre québécois de l’Environnement et de la Lutte contre le réchauffement climatique, avait présenté le projet de loi 42 « visant principalement à s’assurer de la révision des redevances exigibles pour l’utilisation de l’eau », qui n’a pas été adopté par manque de temps. Dans un entretien avec Le Devoir, ce dernier avait déclaré au sujet du nouveau projet de loi : « À rebours, je dirais que c’est une bonne chose qu’on n’ait pas adopté le premier projet de loi, parce qu’on arrive avec quelque chose de passablement plus costaud et étoffé. »

Face à l’abondance, le manque de protection 

En 2008, un rapport d’Environnement Canada révélait qu’« un plan de prévision nationale sur la disponibilité en eau au pays n’a jamais été élaboré parce que, traditionnellement, nous considérions que notre utilisation de la ressources était illimitée ». Face à l’abondance de leurs réserves d’eau douce, le Canada et ses provinces n’ont été que récemment confrontés au problème de leur épuisement. 

Ce retard accusé par le Canada dans la protection de l’eau se retrouve aussi au niveau provincial, comme le note Benoit Charette dans un entretien donné au journal Métro sur le « Fonds Bleu » le 15 décembre dernier : « C’est d’abord et avant tout un objectif de rattraper un retard qui s’est malheureusement creusé depuis des années. Au Québec, dans bien des cas, elles (les régulations sur la protection de l’eau, ndlr) sont nettement plus basses que ce qu’on peut retrouver du côté de nos États voisins. » En effet, les redevances pour les prélèvements d’eau au Québec sont bien en deçà des niveaux de pays européens ou même de provinces voisines comme l’Ontario, où ces dernières sont fixées à 0,503$ par mètre cube.  

« À rebours, je dirais que c’est une bonne chose qu’on n’ait pas adopté le premier projet de loi, parce qu’on arrive avec quelque chose de passablement plus costaud et étoffé »

Benoit Charette

Un premier pas majeur vers la protection de l’eau avait été réalisé en 2009 avec l’adoption de la loi 92 reconnaissant l’eau comme une « ressource collective », faisant partie du « patrimoine commun de la nation québécoise ». Cette loi reconnaissait l’État comme « gardien » de cette ressource commune, responsable d’« investir des pouvoirs nécessaires pour en assurer la protection et la gestion ».

Avec la loi 92, la nation québécoise est ainsi propriétaire et gardienne de 3% des réserves d’eau douce mondiale, une ressource précieuse et menacée. En effet, alors qu’à l’instar de l’Europe, le Québec est à son tour frappé par des sécheresses estivales récurrentes, un rapport du groupe Oranos publié en 2022 prévient que l’inaction face à la question de l’eau met à risque la santé des Québécois et les ressources naturelles du Québec en général.

« On a le devoir de préserver ce que nos prédécesseurs nous ont laissé »

François Legault

« Le Québec répond présent »

Devant les délégations du monde entier réunies à Montréal à l’occasion de la COP15, François Legault avait déclaré que « le Québec répond présent » aux appels à agir pour la biodiversité. Le premier ministre québécois s’était alors engagé pour la protection de l’« or bleu », affirmant : « On a le devoir de préserver ce que nos prédécesseurs nous ont laissé. Moralement, on ne peut pas laisser aux prochaines générations la responsabilité de corriger nos erreurs. »

Cette responsabilité endossée par le gouvernement se traduit aussi par un engagement en faveur de la transparence, élément clé de la loi sur la protection de l’eau qui devrait bientôt être déposée. Le projet de loi reviendrait sur une décision de la Cour du Québec rendue en mai dernier allant dans le sens du secret commercial face à une requête du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) et d’Eau Secours, engagés dans une bataille juridique depuis 2018 pour rendre publique les données sur les prélèvements d’eau des embouteilleurs. Dans un entretien à Radio-Canada, Marc Bishai, avocat du CQDE, s’est montré optimiste vis-à-vis du « Fonds Bleu » : « Je doute que cette fois le lobby des eaux en bouteille puisse faire reculer le gouvernement. » Le projet de loi du gouvernement viendrait mettre un terme à un statu quo de 10 ans sur les redevances d’eau des entreprises. 

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Loi 21: Une perspective féministe intersectionnelle à la Cour d’appel https://www.delitfrancais.com/2022/11/16/loi-21-une-perspective-feministe-intersectionnelle-a-la-cour-dappel/ Wed, 16 Nov 2022 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49907 Deux organisations féministes conjuguent leurs forces pour prouver l’invalidité de la Loi 21.

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Le mardi 8 novembre dernier, les représentant·e·s de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et du Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes (FAEJ) ont été entendu·e·s à la Cour d’appel dans le cadre de l’affaire Hak c. Procureur général du Québec (Hak). L’objectif de leur démarche est de faire reconnaître que la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21) est inconstitutionnelle, puisqu’elle «porte atteinte au droit fondamental d’égalité des genres prévu à l’article 28 de la Charte canadienne des droits et libertés», peut-on lire dans le communiqué transmis au Délit par le FAEJ et la FFQ.

Le contexte de la contestation

La Loi 21, adoptée en 2019, empêche les personnes qui portent des signes religieux visibles d’exercer certaines fonctions publiques. La Loi fait appel notamment à la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés (Charte canadienne), qui permet aux gouvernements de déroger à certains droits et libertés, comme la liberté de religion ou le droit à l’égalité, pour une durée renouvelable maximale de cinq ans.

Même si la loi vise théoriquement tous les signes religieux, Mme Nathalie Léger, membre du FAEJ et porte-parole de la démarche conjointe, précise que, concrètement, elle affecte surtout les femmes musulmanes qui portent le voile et qui veulent être enseignantes. La Loi a été contestée en 2019 par plusieurs parties, dont Mme Ichrak Nourel Hak, une étudiante en enseignement qui porte le hijab. En 2021, le juge Marc-André Blanchard de la Cour supérieure a conclu au terme du procès que la Loi 21 violait les articles 3 et 23 de la Charte canadienne, qui protègent respectivement le droit à l’éligibilité aux élections législatives provinciales et les droits des minorités linguistiques. En vertu de ce jugement de première instance, la Loi 21 ne s’appliquerait donc pas aux candidat·e·s aux élections ni aux enseignant·e·s dans les commissions scolaires anglophones. Concernant l’argument fondé sur l’article 28 de la Charte canadienne, qui prévoit que les droits et libertés de cette Charte sont garantis également aux personnes des deux sexes (indépendamment des autres dispositions) le juge Blanchard a conclu que cet article ne peut servir à invalider des dispositions législatives, ayant seulement une portée interprétative, contrairement à l’article 15 qui prévoit le droit à l’égalité. La décision du juge Blanchard a été portée en appel.

Une alliance féministe intersectionnelle

Nathalie Léger explique au Délit que le FAEJ et la FFQ ont décidé de collaborer pour combiner leurs expertises respectives en vue de déposer un mémoire à la Cour d’appel dans le cadre de la contestation de la Loi 21. D’une part, le FAEJ détient une expertise juridique féministe pancanadienne, tandis que la FFQ détient une expertise de terrain en contexte québécois, lui permettant ainsi d’avoir une connaissance fine des enjeux en question dans le cadre de cette action légale. «On trouvait que c’était une alliance qui était porteuse pour les deux [organisations]», affirme-t-elle.

«Si l’on confère à cet article la portée défendue par la FFQ et le FAEJ, cela mènerait logiquement à la conclusion que la Loi 21 est inconstitutionnelle»

Le mandat commun de la FFQ et du FAEJ est de faire valoir le droit des femmes à l’égalité au Québec et au Canada. Ainsi, leur implication à titre d’intervenant ou «ami de la Cour», plutôt qu’en soutien à une partie a pour objectif d’éclairer la Cour sur une question précise, soit l’interprétation de l’article 28. Si l’on confère à cet article la portée défendue par la FFQ et le FAEJ, cela mènerait logiquement à la conclusion que la Loi 21 est inconstitutionnelle. Précisément, leur but est de fournir un cadre d’analyse dont la Cour pourrait s’inspirer et même adopter pour faire valoir le droit des femmes à l’égalité. «La Loi couvre beaucoup plus large que le droit des femmes à l’égalité, mais nous, ce qui nous intéresse, ce n’est pas la question de la laïcité en tant que telle. En intervenant de manière amicale, on rappelle que notre objectif central est le droit des femmes à l’égalité», affirme Nathalie Léger.

Le FAEJ et la FFQ ont choisi d’intervenir pour s’assurer que la Cour ait accès à une vision différente de celle qui est présentée par d’autres groupes féministes. En effet, l’intervention du FAEJ et de la FFQ a mis de l’avant une perspective féministe intersectionnelle à travers laquelle l’agentivité des femmes est reconnue. Leur vision s’oppose ainsi à des argumentaires tels que ceux présentés par d’autres groupes impliqués dans la contestation judiciaire, comme l’organisation Pour les droits des femmes du Québec, qui défend la Loi 21 en argumentant que ce sont les religions plutôt que la Loi qui portent atteinte à l’égalité.

L’article 28 pour invalider la Loi 21

Le mémoire de la FFQ et du FAEJ, soumis au tribunal le 25 mars dernier, se fonde ainsi sur l’article 28. Le mémoire argumente que l’article 28 a une portée interprétative, mais aussi normative, en ce qu’il permettrait de déclarer une loi inconstitutionnelle. Nathalie Léger explique qu’une des raisons pour lesquelles on doit donner cette portée normative à l’article 28 est que cette disposition représente un rempart pour ne pas mettre de côté le droit à l’égalité des genres, même lorsque la clause dérogatoire est utilisée, comme c’est le cas pour la Loi 21. «Ce serait une première que l’article 28 [soit] utilisé pour invalider une loi», précise-t-elle.

«La loi couvre beaucoup plus large que le droit des femmes à l’égalité, mais nous, ce qui nous intéresse, ce n’est pas la question de la laïcité en tant que telle. En intervenant de manière amicale, on rappelle que notre objectif central est le droit des femmes à l’égalité»

Nathalie Léger

La FFQ et le FAEJ mettent également en avant une approche intersectionnelle dans l’interprétation de l’article 28. L’intersectionnalité dans le contexte juridique est définie par Nathalie Léger comme étant la reconnaissance que les motifs de discrimination (comme le fait d’être une femme et de porter le voile) sont interreliés. L’intersection des motifs produit une discrimination unique, qui ne peut se résumer à leur addition. Nathalie Léger souligne que «les femmes voilées musulmanes [ressentent] un impact plus grand [de la Loi 21] que juste des femmes ou des musulmans». Leur mémoire précise que l’approche intersectionnelle doit guider l’analyse de l’article 28. Autrement, «l’on risquerait de mettre en œuvre une protection qui n’est pas inclusive et donc incomplète, en ce qu’elle autoriserait un législateur à adopter une loi dont l’effet réel est de compromettre les droits et libertés de groupes minoritaires d’un sexe», peut-on lire dans le mémoire.

À la question de savoir si la Cour est outillée et ouverte pour incorporer l’intersectionnalité à son analyse, Nathalie Léger répond que l’approche intersectionnelle est difficile à intégrer dans les mœurs juridiques. Les tribunaux sont prêts à reconnaître que c’est une notion importante, mais il est rare qu’ils l’appliquent substantiellement. Elle espère que dans ce cas-ci, la Cour adoptera une telle approche, mais elle mentionne que changer le droit se fait souvent à petits pas.

Les audiences à la Cour d’appel ont eu lieu du 7 au 18 novembre. Selon Nathalie Léger, le dossier se rendra certainement en Cour suprême étant donné les nombreuses contestations croisées et l’importance du dossier.

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Des élu·e·s refusent de prêter allégeance au roi https://www.delitfrancais.com/2022/10/26/des-elu%c2%b7e%c2%b7s-refusent-de-preter-allegeance-au-roi/ Wed, 26 Oct 2022 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=49479 Un antimonarchisme signé Parti québécois et Québec solidaire.

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Lors de leur assermentation la semaine dernière, les 11 député·e·s de Québec solidaire et les trois député·e·s du Parti québécois se sont abstenu·e·s de prêter le serment d’allégeance au roi Charles III prévu par la Loi constitutionnelle de 1867.

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Le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, avait problématisé ce serment tout au long de sa campagne électorale, affirmant son intention de ne pas le prêter. Pour le chef péquiste, «on ne peut servir deux maîtres »; référant au peuple du Québec et au roi. Le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, a aussi souligné récemment un «grand inconfort à prêter serment au roi» dans une lettre adressée aux autres chef·fe·s de partis.

Pour leur part, tous·tes les élu·e·s de la Coalition avenir Québec (CAQ), dont le premier ministre François Legault, ainsi que du Parti libéral du Québec, ont prêté serment à la fois au peuple et au roi. La cheffe libérale, Dominique Anglade, estimait que son parti pourrait ainsi «respecter les lois et siéger le plus tôt possible».

Les député·e·s péquistes et solidaires sont maintenant confronté·e·s à un problème constitutionnel. Siegfried Peters, secrétaire général de l’Assemblée nationale, a rappelé à Paul St-Pierre Plamondon jeudi dernier que «la prestation des deux serments est une condition préalable à l’exercice des fonctions parlementaires». Ces député·e·s ne pourraient donc pas siéger sans prêter serment au roi sous les provisions constitutionnelles actuelles.

Un serment prévu par la Loi constitutionnelle de 1867

Contacté par Le Délit, Dr Dave Guénette, chercheur postdoctoral de la Faculté de droit de McGill, membre de la Chaire Peter MacKell sur le fédéralisme, nous a partagé ses commentaires sur ce serment. Selon lui, le refus péquiste et solidaire de prêter le serment au roi, tout en prêtant celui au peuple du Québec, est une première. La Loi constitutionnelle de 1867 prévoit que «les membres du conseil législatif ou de l’assemblée législative d’une province devront, avant d’entrer dans l’exercice de leurs fonctions, prêter et souscrire […] le serment d’allégeance». Le serment prend alors la forme suivante: «Je, A.B., jure que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté [nom du roi ou de la reine du Royaume-Uni alors régnant]».

«On ne peut servir deux maîtres»

Paul St-Pierre Plamondon

Au Québec, un second serment existe depuis 1999, affirmant la loyauté de l’élu·e envers le peuple et la constitution du Québec. L’Assemblée nationale spécifie toutefois dans son encyclopédie que «le serment d’allégeance prescrit par la Loi constitutionnelle de 1867 est aussi exigé».

D’emblée, le Dr Dave Guénette souligne que les député·e·s prêtent serment «au Chef d’État du Canada», soit actuellement le roi Charles III, et non pas à un roi étranger. La Loi sur les titres royaux affirme en effet qu’il est roi «du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la Foi».

Le chercheur en changements constitutionnels affirme qu’il «est fort possible que la prestation [du serment] fasse partie de [la] constitution provinciale» du Québec. Ceci permettrait à l’Assemblée nationale d’unilatéralement modifier cette loi sur le serment au monarque, car elle se retrouve à la fois dans la constitution du Québec et dans la Loi constitutionnelle de 1867. Le gouvernement de la CAQ pourrait donc éventuellement modifier la constitution provinciale afin de permettre aux député·e·s péquistes et solidaires de siéger sans prêter serment au roi.

«La prestation des deux serments est une condition préalable à l’exercice des fonctions parlementaires»

Siegfried Peters

L’incertitude par rapport au chevauchement des deux constitutions provient du fait que celle du Québec est composée d’un ensemble de textes qui ne sont pas réunis dans une liste officielle.

Dr Dave Guénette précise que le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, s’est montré favorable à un tel changement et que le gouvernement caquiste se dit ouvert à un projet de loi mettant fin au serment à la monarchie britannique.

Une tactique politique multinationale

Atagün Kejanlioglu, candidat au doctorat en droit civil à McGill contacté par Le Délit, compare la situation au Québec avec le refus d’une élue kurde en Turquie de prêter le serment sous la forme prévue, remplaçant les mots «peuple turc» par «peuples de la Turquie».

Premièrement, Atagün Kejanlioglu, dont la recherche se concentre entre autres sur les défis populistes au constitutionnalisme, explique que le serment au peuple des représentant·e·s parlementaires «devient un champ de bataille politique» lorsque la conception du peuple de ces représentant·e·s et de la constitution est différente.

Deuxièmement, pour des causes indépendantistes telles que celle défendue par le PQ et QS, ce type de confrontation représente un excellent champ de bataille. Ils démontreraient bien «l’impossibilité de faire reconnaître son identité au sein du système constitutionnel existant», conclut Atagün Kejanlioglu.

Intéressant pour les chercheur·euse·s, peu pertinent selon les étudiant·e·s

Le refus des élu·e·s du PQ et de QS de prêter serment à la monarchie reflète le sentiment anti-monarchiste d’une majorité des Québécois·es. Un sondage Léger en septembre 2022 trouvait que 66% des Québécois·es estiment qu’il faut se débarrasser de la monarchie. 51% de tous·tes les Canadien·ne·s étaient prêt·e·s à s’en séparer, selon un sondage Angus Reid d’avril 2022.

Xavier, étudiant en droit à McGill, affirme que «ce n’est pas une institution dans laquelle [il] se reconnaît». Il souligne que le serment au roi, chef de l’église anglicane, visait initialement à exclure les personnes catholiques de la fonction publique. Le rôle, même si largement symbolique, de la monarchie dans l’édification du génocide des peuples autochtones justifie pour lui davantage une cessation de la monarchie. «Je pense qu’on est assez intelligents pour être des citoyens à part entière, même si ce n’est que symbolique», conclut-il.

Ce «champ de bataille» ne trouve pas appui auprès de tous les étudiant·e·s mcgillois·es. Kiana, étudiante canadienne en littérature anglaise à McGill, croit que «le Canada devrait encore avoir une monarchie (tdlr)», car selon elle, «l’application de la monarchie constitutionnelle a été fonctionnelle». Elle ajoute que, de toute façon, «les personnes sont plus intéressées par la perception du monarque individuel que par l’efficacité du système en tant que tel».

«66% des Québécois·es estiment qu’il faut se débarrasser de la monarchie»

Éric*, étudiant canadien en science politique, dit que cette situation «n’est vraisemblablement qu’une ruse politique de QS et du PQ pour mettre la CAQ dans l’embarras (tdlr)». Peu optimiste par rapport à la possibilité d’un changement constitutionnel, il déclare: «Nous devrions nous concentrer sur des problèmes pertinents, tels que les soins sanitaires et le logement, plutôt que de réparer quelque chose qui n’est pas encore brisé».

Hippolyte, étudiant français en génie civil, va même jusqu’à affirmer: «Un roi ou une reine pourrait permettre à une nation d’être plus soudée, plus unie. […] La monarchie peut être le ciment d’une nation».

Qu’en retenir ?

Le refus des député·e·s du PQ et de QS a réanimé la discussion autour du rôle de la monarchie au Canada et au Québec. Selon Dr Dave Guénette, l’Assemblée nationale pourrait unilatéralement modifier la constitution du Québec. Le gouvernement caquiste s’est montré favorable à une telle démarche.

En revanche, les étudiant·e·s mcgillois·es questionné·e·s à ce sujet s’avouent généralement peu intéressé·e·s ou enthousiasmé·e·s par cet enjeu, le qualifiant de «ruse politique» des député·e·s solidaires et péquistes. Plusieurs étudiant·e·s soulignent la non-influence, voire même les bénéfices, de la monarchie constitutionnelle au Canada et en général.

*Nom fictif

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Un manque de transparence dans le Programme de prêts et bourses https://www.delitfrancais.com/2022/03/23/un-manque-de-transparence-dans-le-programme-de-prets-et-bourses/ Wed, 23 Mar 2022 13:00:39 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=48021 Le Protecteur du citoyen a publié un rapport spécial mentionnant plusieurs lacunes dans le Programme de prêts et bourses.

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Le 3 mars dernier, le Protecteur du citoyen – un ombudsman indépendant du gouvernement ayant pour mission de s’assurer du respect des droits des citoyens en ce qui a trait aux organismes ministériels – a publié un rapport spécial intitulé «Aide financière aux études: Mieux accompagner les étudiantes et étudiants en faisant preuve de transparence et d’écoute». D’une longueur de 54 pages, le rapport porte sur le service de l’Aide financière aux études (AFE), un organisme du gouvernement provincial chargé de soutenir les étudiants financièrement et de gérer les différentes prestations d’aide aux études. Ce service relève du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec. À la suite de plusieurs plaintes reçues – mais non détaillées dans son rapport – le Protecteur du citoyen s’est chargé d’enquêter sur trois différentes problématiques. En somme, un manque de transparence et d’uniformité concernant différents aspects du processus a été détecté. 

Problèmes saillants

Trois problèmes principaux ont été relevés par le Protecteur du citoyen. Le premier est l’opacité du processus de prise de décision. Le Protecteur a également souligné la confusion entourant la reconnaissance d’une déficience fonctionnelle majeure (DFM) des individus qui postulent pour une aide aux études. Le troisième élément est le manque d’informations données à l’étudiant dans le cas d’une potentielle déclaration mensongère, par exemple sur ses revenus. Ces trois aspects impliquent des lacunes en ce qui concerne la transparence, la communication et l’écoute des étudiants.

Le premier point dénoncé par le rapport est le manque d’accessibilité pour les étudiants quant au processus décisionnel permettant d’allouer des prestations. Par exemple, le site Web de l’AFE ainsi que son guide intitulé «Une aide à votre portée» sont incomplets. En effet, ils ne décrivent pas toutes les règles utilisées par l’AFE pour prendre ses décisions. Ce manque de transparence dans les critères de sélection peut mener certains étudiants à manifester leur incompréhension une fois qu’ils prennent connaissance du résultat de leur demande. De plus, le rapport mentionne que les membres du personnel chargés du traitement des dossiers prennent peu ou pas de notes d’analyse pendant le processus de sélection. En conséquence, il est souvent impossible de fournir à l’étudiant qui le demanderait des informations supplémentaires sur son dossier. 

Par ailleurs, bien que l’AFE ait un Bureau des recours dans le cas où un étudiant souhaiterait contester une décision rendue, cet organe n’est pas une entité indépendante. Pourtant, puisque les décisions rendues par l’AFE ne peuvent pas être contestées devant le Tribunal administratif du Québec (TAQ), le Bureau des recours devrait avoir un «processus de révision rigoureux et équitable». Le rapport a ainsi dénoncé le manque d’uniformité méthodologique dans le traitement des demandes de révision. De plus, il note de possibles conflits d’intérêts liés au fait que la personne en charge du Bureau n’occupe pas un poste exclusif de direction. En effet, elle cumule aussi les mandats de directeur des programmes d’accessibilité et de responsable des orientations, des politiques et des modifications légales et réglementaires.

Le deuxième point abordé par le rapport a été les disparités dans le traitement de reconnaissance des déficiences fonctionnelles majeures (DFM). Les DFM sont définies dans le rapport comme des déficiences visuelles, auditives, organiques ou motrices pouvant limiter l’accomplissement des activités quotidiennes. Alors qu’une réforme des critères afin d’identifier les DFM avait été annoncée en 2016 par l’AFE, elle n’a toujours pas eu lieu. Le manque d’uniformisation des critères d’admissibilité est donc souligné dans le rapport. Par exemple, si un médecin atteste à l’AFE qu’un étudiant concerné par une demande de déficience sera capable d’intégrer le monde du travail, l’étudiant en question ne sera pas reconnu comme étant atteint d’une DFM. Tel que mentionné dans le rapport, «ce critère [l’approbation d’un professionnel de la santé, ndlr] n’est inscrit nulle part et il exclut des personnes ayant soumis un certificat médical conforme et respectant tous les critères d’admissibilité».

«Ce manque de transparence dans les critères de sélection peut mener certains étudiants à manifester leur incompréhension»

Le troisième point examiné par le Protecteur du citoyen est lié au traitement d’une potentielle déclaration mensongère venant d’un étudiant lorsqu’il complète son dossier et sa demande. Dans le rapport, il est mentionné que «l’étudiant qui fait une déclaration mensongère à l’Aide financière des études est exclu du Programme de prêts et bourses pendant deux ans». Or, l’avis envoyé à l’étudiant en cas de manquement soupçonné – surtout lié à la déclaration des revenus – est incomplet. En effet, l’AFE ne mentionne ni si le destinataire est soupçonné de mentir, ni quelles sont les possibles conséquences encourues par ce mensonge. En fait, selon le Protecteur du citoyen, l’AFE se contente de dire au potentiel prestataire que «nous vous aviserons des suites qui seront données à votre dossier». Par ailleurs, le délai de 10 jours donné à l’étudiant pour répondre à l’avis est jugé trop court par le Protecteur.

Solutions et recommandations

Le rapport a proposé plusieurs pistes de réflexion afin de régler les problématiques soulevées. Étalées sur trois pages, les 23 recommandations ont, dans la majorité des cas, une date limite d’application fixée au 31 mai 2022. Certaines d’entre elles devront cependant être appliquées avant le 1er octobre 2022. Elles touchent à différentes facettes du processus employé par l’AFE pour décider d’accorder – ou non – une aide financière à l’étudiant qui le demande. 

Ainsi, la recommandation #3 (R‑3) mentionne l’importance pour les membres de l’AFE de noter les raisons derrière leurs différentes actions et décisions durant le processus de sélection. Dans un souci de transparence, le rapport recommande de consigner «les raisons qui ont pu les mener à accorder plus de poids à un élément de preuve ou à rejeter certains renseignements». Dans la continuité de la recommandation #3, la recommandation #5 vise à préciser pour les étudiants les modèles décisionnels utilisés par l’AFE en clarifiant certaines sections, notamment le processus d’appel ou de révision. Ces deux recommandations devront être mises en application au plus tard le 1er octobre 2022. 

Par ailleurs, les recommandations allant de 13 à 19 couvrent les cas de déficiences fonctionnelles majeures. Par exemple, la recommandation #15 conseille l’instauration d’une formation additionnelle pour le personnel impliqué dans le traitement des demandes de reconnaissance d’une déficience fonctionnelle majeure. La recommandation #16, quant à elle, demande d’arrêter «dès le 31 mai 2022, de se substituer à l’opinion médicale émise par le ou la médecin dans le Certificat médical». 

Alors que les demandes décrites plus haut ont été adressées au Ministère de l’Enseignement supérieur, la recommandation #12 a été faite directement à la ministre de l’Enseignement supérieur Danielle McCann. Le rapport lui suggère de proposer des modifications législatives «afin de créer un recours au Tribunal administratif du Québec (TAQ) pour les personnes insatisfaites d’une décision du Bureau des recours».

Le rapport conclut principalement que «l’AFE doit adopter des pratiques respectueuses de la Loi sur la justice administrative». D’ici le 4 avril 2022, un plan de travail avec les actions entreprises par l’AFE ainsi qu’un échéancier devront être envoyés au Ministère de l’Enseignement supérieur.

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COVID-19 : variant omicron, nouvelle source d’inquiétude https://www.delitfrancais.com/2021/11/30/covid-19-variant-omicron-nouvelle-source-dinquietude/ Wed, 01 Dec 2021 02:36:30 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=45741 Tout ce qu’il faut savoir sur le nouveau variant.

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Le 24 novembre dernier, le premier cas d’un nouveau variant du coronavirus, B.1.1.529, était rapporté à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) par l’Afrique du Sud. À peine deux jours plus tard, le 26 novembre, le variant était nommé selon la 15e lettre de l’alphabet grec, Omicron. Voici un petit résumé de ce que nous savons sur ce variant qui préoccupe l’OMS et bien des pays.

Connaît-on le patient zéro?

Le premier cas confirmé du variant proviendrait d’un spécimen du virus récolté le 9 novembre 2021. Il faut dire qu’au cours des dernières semaines, la situation épidémiologique en Afrique du Sud a été caractérisée par plusieurs pics dans le nombre de cas, dont le dernier est largement attribué au variant Delta. Ce n’est que fin novembre que le constat d’un nouveau variant est tombé. 

Comment se compare Omicron aux autres variants connus?

Peu de choses sont établies sur la transmissibilité ou la virulence du variant Omicron. Toutefois, l’OMS a classé le variant comme étant « préoccupant », la catégorie d’alerte la plus élevée. De plus, elle indique que le risque de réinfection pourrait être plus important avec Omicron qu’avec les autres variants.

Deux doses de vaccin sont-elles suffisantes pour nous en protéger?

Certains scientifiques ne s’attendent pas à ce que le variant soit complètement différent du coronavirus contre lequel les vaccins ont été créés ; par contre, d’autres s’inquiètent du nombre extrêmement élevé de mutations. Plusieurs compagnies pharmaceutiques ont d’ailleurs commencé à tester l’efficacité de leur vaccin contre le nouveau variant, ainsi que la possibilité d’une troisième dose en guise de protection additionnelle. Il faudra cependant attendre quelques semaines pour connaître les résultats des premières études sur la question.

«Québec ferait une annonce sur les nouvelles mesures sanitaires la semaine prochaine, vers le 6 décembre»

Quels sont les pays touchés par le variant Omicron?

Le Canada, les Pays-Bas, l’Australie, la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark, l’Afrique du Sud, le Botswana, Hong Kong et Israël ont déjà confirmé des cas du variant au sein de leur population. L’Afrique du Sud reste toutefois le pays le plus touché pour le moment.

En tant qu’étudiant international, serais-je en mesure de revenir au Canada après les vacances d’hiver?

Pour limiter l’entrée du variant Omicron au Canada, Ottawa a annoncé une série de mesures. Par exemple, les citoyens étrangers en provenance de l’Afrique du Sud et des pays voisins (Mozambique, Botswana, Zimbabwe, Lesotho, Eswatini, Namibie) sont interdits d’entrée, tandis que les Canadiens et résidents permanents arrivant de ces pays doivent se soumettre à un test de dépistage et s’isoler préventivement. 

Au moment où cet article a été écrit, rien n’était décidé pour les voyageurs des autres pays. Cependant, l’Europe est actuellement touchée par une cinquième vague, poussant plusieurs pays européens à imposer de nouveau certaines restrictions. De plus, le vendredi 26 novembre, la gouverneure de l’État de New York a déclaré l’état d’urgence en raison de la hausse des cas de COVID-19 et de la menace posée par le variant Omicron. Lundi, le Royaume-Uni a aussi annoncé une réunion d’urgence avec les ministres de la Santé des pays du G7 pour discuter de l’évolution de la situation liée à ce nouveau variant.

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Congrès de QS : À nous demain https://www.delitfrancais.com/2021/11/23/congres-de-qs-a-nous-demain/ Tue, 23 Nov 2021 17:01:09 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=45629 Le parti célèbre en discours politiques et performances musicales.

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Le samedi 20 novembre dernier, Québec solidaire ouvrait son congrès au public avec un événement festif au Gesù qui affichait salle comble. Cette soirée de discours politiques et
de performances musicales, intitulée « À nous demain », était le plus grand rassemblement solidaire depuis 2018. Les deux porte-paroles, Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois, se sont adressé·e·s aux 400 personnes présentes sur place ainsi qu’aux 300 personnes se joignant à la soirée à partir de leurs écrans entre les prestations de Valence, Clay and Friends et Klô Pelgag.

La culture à l’honneur

L’événement se déroulait sous le thème de la célébration. Valence a ouvert la soirée en interprétant « La vie attend pas » et « Rosier ». Le public, debout, dansait sur la musique pop-rock. Il n’en fallait pas moins pour mettre le feu à la salle et donner un ton festif à la soirée. « On avait envie de se faire du bien » a expliqué Manon Massé, interviewée par Le Délit. Le reste du congrès de Québec solidaire – qui avait comme objectif d’élire des membres de l’exécutif et de prendre des décisions quant à sa plateforme électorale – se déroulait en ligne. Mais après de longs mois de pandémie, il semblait important, pour Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé, d’avoir une occasion de se rassembler et célébrer en personne. « Ç’a été au-delà de nos espérances », a commenté la co-porte-parole par rapport au déroulement de la soirée.

Dès son entrée sur scène, Manon Massé a tenu à souligner la présence et la contribution de Xavier Watso, professeur de théâtre au secondaire et militant autochtone, qui animait la soirée. Après une reconnaissance de territoire, le créateur de contenu parrainé par TikTok Canada a enseigné au public quelques mots en abénaquis : « bonjour » (Kwaï), « merci » (Wliwni, prononcé « olé-oné »), « oui », « non » ainsi que les chiffres de un à cinq. Ce petit cours d’introduction à cette langue autochtone a été salué par la co-porte-parole avec les autres initiatives de jeunes leaders autochtones qui « nous tirent par l’avant et nous indiquent le chemin ».

S’attaquer aux inégalités

Dans son discours, la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques n’a pas manqué d’écorcher le premier ministre François Legault. S’adressant à sa base électorale, elle a remis en question l’intérêt de sans cesse comparer l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario alors que les écarts de richesse au sein même de notre province sont, selon elle, bien plus inquiétants. On se rappellera d’ailleurs l’échange houleux entre le premier ministre et Gabriel Nadeau- Dubois à ce sujet à l’Assemblée nationale le 15 septembre dernier, dérivé d’une confrontation entre leur supposée incarnation respective de Duplessis et du « wokisme », et ayant nécessité l’intervention du président de l’Assemblée à plus d’une reprise. Manon Massé a aussi attaqué François Legault quant à sa récente annonce sur la création d’un comité d’experts sur le développement du hockey au Québec. Plutôt que se concentrer à créer des champions, a‑t-elle fait valoir, le gouvernement devrait penser à monsieur et madame Tout-le-Monde, parce qu’en réalité, « on est en train de créer des champions de burnout et de dépression ».

«On est en train de créer des champions de burnout et de dépression»

Manon Massé sur les politiques de François Legault

Les autres partis d’opposition ont, eux aussi, été la cible des critiques de Manon Massé. Soulignant leur manque de cohérence, elle a rappelé les périodes d’austérité et de coupures masquées par la formule de « rigueur budgétaire » imposée sous les règnes libéraux et péquistes. Pour la co-porte-parole, il faut réinvestir sans attendre dans nos services, dans notre système de santé, dans nos écoles – un discours aujourd’hui partagé par les autres partis d’opposition mais qui était déjà présent aux balbutiements de Québec solidaire, a‑t-elle rappelé.

«Quand Gab et Manon parlent, je me sens Québécois»

Mike Clay, du groupe
Clay and Friends

Natacha Papieau

Sous les cris de la foule scandant son nom, Manon Massé a alors fait place au deuxième groupe musical de la soirée, Clay and Friends, qui a interprété quelques-uns de ses succès, tels que « OMG », « Gainsbourg », « Name on it » et « Bouge ton thang ». C’est en changeant certaines paroles de « Going up the Coast » que le groupe de música popular de Verdun a conclu sa prestation. Il a notamment invité le public à transformer les « nanana » en « non-non-non », critiquant le « non-sens politique » auquel les Québécois et Québécoises sont confronté·e·s.

«Le troisième lien, c’est [aussi le] symbole d’une vision rétrograde du Québec où le béton passe avant l’avenir»

Gabriel Nadeau-Dubois

L’environnement, un projet de société

Suivait le discours de Gabriel Nadeau-Dubois, nouvellement chef parlementaire du parti à l’Assemblée nationale. Accueilli par un tonnerre d’applaudissements, le co-porte-parole a commencé en parlant du Québec de ses grands-parents : un Québec qui s’est donné les moyens de sortir de la Grande Noirceur, un Québec avec une vision d’avenir, passant de province à « État » et, pourquoi pas, à un pays. Pour Gabriel Nadeau-Dubois, l’environnement est le projet de société du Québec d’aujourd’hui. Critiquant au passage le troisième lien, il ne s’est pas gêné pour qualifier le projet routier de « symbole d’une vision rétrograde du Québec où le béton passe avant l’avenir ». Gabriel Nadeau-Dubois a aussi parlé de l’identité québécoise et de la nécessité de résoudre les problèmes de la langue sans blâmer les immigrant·e·s. Le chanteur et auteur du groupe Clay and Friends, Mike Clay, avait d’ailleurs témoigné plus tôt dans la soirée « qu’il se sent Québécois » en écoutant les député·e·s de Québec solidaire, malgré ses origines immigrantes.

Le député de Gouin s’est par la suite adressé aux électeurs et électrices encore hésitant·e·s. Aux personnes présente au Gesù et à la maison, il a demandé : « Qu’est-ce qui compte vraiment? » Gabriel Nadeau-Dubois, qui sera bientôt père, a saisi l’occasion pour inviter les gens à se battre avec Québec solidaire pour pouvoir dire à leurs enfants avoir été à la hauteur de la crise climatique et avoir bâti des systèmes d’éducation et de santé dignes de fierté.

Son discours reflétait la volonté du parti d’élargir sa base électorale. Interrogée à ce sujet par Le Délit, Manon Massé explique viser les populations plus âgées. « Notre force, à Gabriel et moi, va être notre force aussi dans la population québécoise : faire des liens entre les différentes générations. » Dans son discours, la co-porte-parole avait notamment donné une mission aux jeunes présent·e·s dans la salle, celui d’aller parler à leurs parents et de leur dire: « L’avenir, c’est à moi, et moi je veux que tu votes Québec solidaire. »

Toute la soirée, Gabriel Nadeau-Dubois a martelé que le Québec est capable de gérer ses crises – logement, santé, climat, etc. – et que « l’heure du changement a sonné ». Klô Pelgag, dernière artiste invitée, a terminé en ajoutant que l’esprit rêveur de Québec solidaire, qui lui est souvent reproché, est en fait une grande qualité. Avec Manon Massé parlant d’espoir et Gabriel Nadeau-Dubois abordant les changements passés et à venir, un message scandé passionnément par la foule résonnait dans la salle en fin de soirée : « Un peuple uni jamais ne sera vaincu. »

Natacha Papieau

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Les « anges-gardiens » dénoncent un manque de reconnaissance https://www.delitfrancais.com/2021/11/09/les-anges-gardiens-denoncent-un-manque-de-reconnaissance/ Tue, 09 Nov 2021 16:16:35 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=45364 L’entente collective signée entre la FIQ et Québec n’élimine pas le TSO, au grand dam du personnel des soins.

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La nouvelle convention collective entre le gouvernement du Québec et la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) est entrée en vigueur le 10 octobre dernier. La FIQ inclut la majorité des infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques du Québec, soit environ 76 000 membres. L’entente n’a pas répondu à toutes les attentes, notamment au sujet du temps supplémentaire obligatoire (TSO) et aux problèmes d’attractivité du secteur. Le TSO oblige les infirmières à prolonger leur quart de travail au-delà de leur horaire habituel en raison de l’absence de relève pour prendre en charge les patients. La FIQ cherche à l’abolir. 

La pandémie de la COVID-19 a entraîné la détérioration des conditions de travail des infirmières du Québec en raison d’une augmentation du ratio de patients par infirmières. La présidente de la FIQ Nancy Bédard a déclaré en décembre 2020 que « les professionnelles en soins ne peuvent tout simplement plus continuer de travailler dans les conditions actuelles. Elles sont déjà nombreuses à quitter et l’exode s’accentuera si les conditions dans lesquelles elles doivent exercer leur profession ne changent pas. » Ceux et celles qualifiés d’ « anges-gardiens » depuis le début de la pandémie appellent à des réformes pour soulager le secteur des soins infirmiers. 

Ces raisons ont incité la FIQ et le gouvernement québécois à débuter en novembre 2020 la négociation d’une nouvelle convention collective. Signée le 5 octobre 2021, elle est finalement entrée en vigueur quelques jours plus tard et le restera jusqu’au 31 mars 2023. Cette convention vise à soulager le milieu de la santé et à rehausser les conditions salariales du personnel de la santé. Quelque semaines avant la fin des 18 mois de négociations qui ont mené à cet accord, le premier ministre du Québec, avec la présidente du Conseil du Trésor et le ministre de la Santé à ses côtés, a fait l’annonce de son objectif de ramener 4 300 infirmières dans les hôpitaux québécois. La convention engage le gouvernement à créer 1 500 postes d’infirmières à temps plein. Le revenu du personnel est aussi bonifié d’une prime de 3,5% jusqu’en mars 2023.

«Quelque semaines avant la fin des 18 mois de négociations qui ont mené à cet accord, le premier ministre du Québec, avec la présidente du Conseil du Trésor et le ministre de la Santé à ses côtés, a fait l’annonce de son objectif de ramener 4 300 infirmières dans les hôpitaux québécois»

Le gouvernement a aussi intégré dans la convention une forme de reconnaissance pour les efforts réalisés par les infirmières tout au long de la pandémie. Deux montants seront versés aux membres du personnel hospitalier pour les périodes du 1er avril 2019 au 31 mars 2020 et du 1er avril 2020 au 31 mars 2021. Cela représente « un montant d’un peu plus de 1 200 $ pour une salariée à temps complet », a annoncé le Conseil du Trésor dans un communiqué le 5 octobre.

Malgré tout, Nancy Bédard se dit insatisfaite des réformes apportées par la nouvelle convention collective: « Elles [les infirmières, ndlr] en ont eu des promesses depuis 15 ans, et il n’y a pas d’engagement ferme sur la fin du TSO. Est-ce que les principes annoncés aujourd’hui en plus des primes vont suffire? On va voir, mais j’en doute. » La FIQ fait savoir dans son communiqué du 15 octobre 2021 qu’elle soutient la mobilisation des syndicats qui lui sont affiliés pour exercer des pressions sur le gouvernement afin de faire interdire le recours à cette pratique. Cette campagne de mobilisation est réalisée sous le slogan « Le TSO, c’est un assassinat professionnel! » Quelques jours après la signature de la nouvelle convention, la FIQ a mis en demeure les ordres professionnels et la Direction nationale des soins et services infirmiers (DNSSI) de cesser la pratique du TSO et leur a ainsi laissé savoir qu’elle est prête à emprunter la voie légale pour interdire le recours à cette pratique.

«Selon l’Institut du Québec, on constate entre 2019 et 2021 une hausse de 66,4% des postes d’infirmières vacants dans la province» 

Selon l’Institut du Québec, on constate entre 2019 et 2021 une hausse de 66,4% des postes d’infirmières vacants dans la province. L’association des infirmières et infirmiers d’urgence du Québec (AIIUQ) a déclaré le 29 octobre être « extrêmement préoccupée » par le manque de personnel infirmier et ses conséquences : hausse du ratio de patients par infirmière, réduction des activités de soins et augmentation du recours au TSO. Selon l’Agence de presse QMI, les demandes de transfert de permis d’exercice depuis le Québec vers l’Ontario ont augmenté de 62% par rapport au dernier trimestre de 2019.

«Nous devons briser le stéréotype selon lequel les infirmières sont les assistantes des médecins et des autres professionnels de la santé et montrer réellement en quoi consiste notre travail»

Émile Favron, étudiant en soins infirmiers

Contacté par Le Délit, Émile Favron, étudiant en première année en soins infirmiers à McGill et infirmier à l’Hôpital général juif, considère que la nouvelle convention collective pourrait limiter cet exode. Selon lui, il ne s’agit pas d’une simple question d’argent. « Je pense qu’il faut une campagne de séduction pour attirer les étudiants dans les écoles de sciences infirmières. Nous devons briser le stéréotype selon lequel les infirmières sont les assistantes des médecins et des autres professionnels de la santé et montrer réellement en quoi consiste notre travail. » L’étudiant demande une meilleure reconnaissance des réalités du métier. 

Malgré les promesses du gouvernement – en passant du versement du premier montant forfaitaire de 0,33$ de l’heure pour la période du 1er avril 2019 au 31 mars 2020 avant l’échéance du 6 novembre 2021 – les sommes promises en reconnaissance des efforts additionnels fournis lors de la pandémie n’ont pas été versées pour l’instant. La FIQ a annoncé dans un communiqué le 5 novembre attendre « des intérêts et des excuses » de la part du gouvernement en dénonçant « un manque de respect flagrant ». 

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Bars et restaurants à pleine capacité https://www.delitfrancais.com/2021/10/19/bars-et-restaurants-a-pleine-capacite/ Tue, 19 Oct 2021 15:59:16 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=44922 Des assouplissements dès le 1er novembre.

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Ce 1er novembre ne sera pas uniquement marqué par la réapparition de l’iconique chanson de Mariah Carey sur les ondes des radios commerciales, mais également par un retour à la fréquentation quasi normale des restaurants et des bars. Le gouvernement du Québec a annoncé le 15 octobre dernier plusieurs assouplissements des mesures sanitaires pour le secteur de la restauration à travers la province, qui entreront en vigueur le 1er novembre. 

Depuis leur réouverture, les restaurants et les bars devaient se limiter à 10 personnes par table et restreindre leur taux d’occupation à 50% de leur capacité. Dorénavant, ils pourront accueillir la clientèle à pleine capacité, et les limites sur les réservations de groupes seront également levées.

Les restrictions présentement en vigueur au Québec pour les bars leur interdisent de vendre de l’alcool après une heure du matin et les contraignent à mettre fin à leurs activités à deux heures du matin. Il sera dorénavant possible pour les bars de servir de l’alcool jusqu’à deux heures du matin et de garder leurs portes ouvertes aux clients jusqu’à trois heures.

La distanciation exigée entre les tables, présentement de deux mètres, diminuera à seulement un mètre avec l’entrée en vigueur de ces nouveaux assouplissements.

Par contre, un certain nombre de restrictions ne disparaîtront pas de sitôt. Les clients seront toujours dans l’obligation de ne pas danser ni chanter et devront demeurer assis à leur place. De plus, l’annonce du gouvernement ne prévoit aucun changement quant à l’exigence du passeport vaccinal pour accéder aux bars et restaurants. L’obligation de porter le masque lors des déplacements est également maintenue.

Bien qu’ils soient généralement bien accueillis par la population et les restaurateurs, les changements à venir ne sont pas sans risques. Même si les employés portent des masques et que l’accès n’est possible que pour les personnes vaccinées, le fait de retirer le masque le temps d’un repas ou d’un verre peut faciliter la transmission du virus, particulièrement lorsqu’il est question du variant Delta de la COVID-19. Ce dernier peut se propager par aérosol sur une plus grande distance, pouvant aller de trois à quatre mètres et s’accumuler dans les espaces clos. 

Les fermetures ayant eu lieu durant le confinement ont posé des difficultés pour plusieurs restaurateurs. Certains bars et restaurants peinent à concilier leurs besoins de main‑d’œuvre aux mesures sanitaires. Les assouplissements sont donc un compromis sur les mesures sanitaires qui vise à donner un coup de pouce au secteur de la restauration et à offrir un maximum de liberté à la population.

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Le béluga poursuit son lent déclin https://www.delitfrancais.com/2021/03/29/le-beluga-poursuit-son-lent-declin/ Tue, 30 Mar 2021 00:20:16 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=43425 Le point sur l’état de l’emblématique baleine blanche.

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Connu pour sa coloration blanche, le béluga de l’estuaire du Saint-Laurent est une espèce emblématique du Québec maritime. Vivant normalement dans l’Arctique, sa présence dans le Saint-Laurent est le résultat du retrait des glaciers à la fin de la dernière glaciation, il y a 10 000 ans. La région de Montréal et les basses-terres du Saint-Laurent étaient alors submergées sous une mer d’eau salée occupée par une faune nordique dont faisait partie le béluga. Alors que cette ancienne mer s’est retirée et que le Saint-Laurent a pris son aspect actuel, l’espèce s’est retrouvée dans un territoire allant de Saint-Jean-Port-Joli jusqu’à Rimouski, en passant par le Saguenay.

Bien avant que le béluga ne se fasse connaître comme le sujet central de documentaires ethnographiques de l’Office national du film (ONF), notamment Pour la suite du monde (1963), ce cétacé était apprécié comme une proie de chasse de grande valeur. D’abord prisé comme source de subsistance par les autochtones et pour l’utilisation de toutes ses composantes (peau, gras, etc.) par les Basques puis par les Français, le béluga a fait l’objet d’une quasi-extermination au début du 20e siècle – il était alors accusé à tort de faire diminuer la quantité de poissons dans le fleuve. 

Une espèce en voie de disparition

D’une population estimée à 10 000 individus à la fin du 19e siècle, les estimations ne dénombrent plus qu’environ 900 bélugas dans l’estuaire du Saint-Laurent. Depuis l’interdiction de le pêcher, émise en 1979, des efforts ont été mis en place pour protéger l’espèce, notamment avec la création du parc marin Saguenay-Saint-Laurent par les gouvernements québécois et canadien en 1998. Malgré tout, le béluga est depuis 2014 considéré comme une espèce en voie de disparition selon de la Loi canadienne sur les espèces en péril. On estime que le nombre de bélugas du Saint-Laurent diminue de 1% à 1,5% par année. Des dix dernières années, 2017 est celle où les chercheurs ont dénombré le plus de pertes; Robert Michaud, directeur scientifique au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) faisait état de 22 bélugas retrouvés échoués le long du fleuve cette année-là. Ce qui inquiète le plus les spécialistes est le fait que ce sont les femelles qui meurent de façon prédominante, affectant donc la capacité de reproduction de l’espèce. 

«On estime que le nombre de bélugas du Saint-Laurent diminue de 1% à 1,5% par année»

La circulation des bateaux, une source de perturbation

Le béluga est particulièrement sensible au trafic maritime dans l’estuaire, car le bruit des grands navires perturbe les canaux de communication qui permettent au cétacé de se nourrir ou bien aux veaux de communiquer avec leur mère. Le projet Énergie Saguenay (aussi connu sous le nom de GNL Québec) a d’ailleurs récemment attiré l’attention sur la question, puisque l’intensification du transport maritime que causerait le passage de super-méthaniers (300 à 400 par année) aurait un impact sur l’habitat du béluga. Dans son rapport d’enquête sur GNL Québec rendu public le 24 mars dernier, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) constate que le fjord du Saguenay est une zone cruciale pour la préservation du béluga: 67% des femelles adultes – souvent accompagnées de nouveau-nés – fréquentent la région. Le BAPE recommande également que soient pris en compte les effets cumulatifs qu’auraient non seulement GNL Québec, mais aussi les autres projets susceptibles de se développer dans la zone industrialo-portuaire du Saguenay. Outre les grands projets industriels, l’embouchure du Saguenay est déjà une zone maritime très sollicitée. Des traversiers relient les deux rives à toute heure de la journée et de très populaires excursions d’observation des cétacés ont lieu en période estivale à Tadoussac. Ces activités perturbent l’habitat du béluga en plein cœur de la zone de conservation du parc marin Saguenay-Saint-Laurent.

→ Voir aussi : La mobilisation contre GNL Québec se poursuit

L’avenir du béluga du Saint-Laurent demeure toutefois difficile à prédire considérant l’augmentation du transport maritime sur le Saint-Laurent qui se produirait si certains projets, comme GNL Québec ou Arianne Phosphate, vont de l’avant. Les efforts des chercheurs s’orientent désormais vers l’étude de la pollution sonore dans l’habitat des bélugas qui semble être la principale menace pour la sauvegarde de l’espèce, sans compter toutes les autres formes de pollution déjà existantes.

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L’étudiant étranger au Québec https://www.delitfrancais.com/2021/03/15/letudiant-etranger-au-quebec/ Tue, 16 Mar 2021 02:33:48 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=42921 Entrevue avec Dieudonné Ella Oyono, économiste et président du Parti Québécois.

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Originaire du Gabon, Dieudonné Ella Oyono était lui-même étudiant étranger à Montréal au début des années 2000. Peu de temps après son arrivée, il a œuvré auprès du gouvernement québécois en tant qu’économiste. Il a milité au sein du Parti Québécois, parti politique dont il est devenu président en 2019. Le Délit s’est entretenu avec l’auteur de Comment tomber en amour avec son nouveau pays? (2018).


Le Délit (LD): M. Oyono, votre parcours parle d’un engagement très fort dans votre société d’accueil, ce que vous racontez dans vos mémoires. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager politiquement au Québec?

Dieudonné Ella Oyono (DO): Comme beaucoup d’étudiants internationaux, j’ai débarqué à Montréal en me disant que j’allais retourner au Gabon. 20 ans plus tard, je suis toujours là parce que Montréal et Québec, c’est chez moi maintenant. L’accueil et tout le soutien que j’ai reçu me poussent à vouloir redonner et faire ma part pour que chacun, quelle que soit son origine, réalise ses rêves ici au Québec. Le Québec est une terre d’accueil formidable où tout n’est pas parfait, mais il a besoin des efforts de tous pour avancer et se tailler une place enviable en Amérique du Nord. Je suis fier et me sens privilégié de participer au développement économique du Québec.

LD: Quelles sont les stratégies que le Québec peut mettre en œuvre pour encourager les étudiants internationaux à s’y installer?

DO: Basé sur mon expérience, je constate que l’intégration du marché du travail est plus facile pour des gens qui ont étudié ici. Je pense qu’il faudrait améliorer le succès de ceux qui n’ont pas eu cette chance en travaillant avec les ordres professionnels et en accélérant la reconnaissance des acquis et des compétences. Ceci dit, la position de Montréal comme ville universitaire reconnue mondialement est enviable, et on doit s’assurer de la conserver. En ce qui concerne les changements touchant l’accueil et la rétention des étudiants internationaux, il faut que tous les acteurs soient mis à contribution pour que Montréal continue de se démarquer.

«Quel qu’il soit, un système d’immigration ne sera jamais parfait, mais tenter d’arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail est une approche responsable»

LD: Certains disent que dans la «course aux étudiants étrangers», le Québec se trouve désavantagé par rapport au reste du Canada. Pourquoi? Est-ce que la pandémie, ou encore les changements récents portés aux programmes d’immigration visant les étudiants internationaux, risquent d’aggraver cette situation?

DO: Je ne partage pas nécessairement cette analyse. C’est vrai qu’il y a eu une réforme des politiques d’immigration touchant les étudiants internationaux, mais la levée de boucliers à la suite de certaines décisions et le recul du gouvernement montrent que l’impact négatif appréhendé sera plus faible. Malgré les changements récents au Programme de l’expérience québécoise (PEQ), je suis optimiste pour l’avenir, car il y a une réelle volonté d’attirer et de retenir les étudiants internationaux. D’ailleurs, des organismes comme Montréal International y travaillent et obtiennent des résultats intéressants.

Je crois personnellement que le Québec, ayant des ententes avec le gouvernement fédéral en matière d’accueil de certaines catégories d’immigrants, dont les étudiants internationaux, est bien positionné par rapport au reste du Canada. En matière d’accueil et de rétention d’étudiants internationaux, nous pouvons faire des choix adaptés à la situation du Québec. Quel qu’il soit, un système d’immigration ne sera jamais parfait, mais tenter d’arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail est une approche responsable.

Quant à la pandémie, elle aura un impact similaire au Québec comme au Canada sur l’accueil d’étudiants internationaux. Plusieurs universités ont offert à ces derniers de suivre les cours à distance. L’expérience n’est pas très concluante, notamment à cause du manque d’accès à l’internet haute vitesse dans plusieurs pays. Comme dans le domaine du tourisme international, je crois que le Québec retrouvera dans quelques années le niveau d’étudiants internationaux qu’il accueillait avant la pandémie. Pour cela, il faut que les mesures sanitaires soient relâchées graduellement à partir de l’automne 2021, car si la situation actuelle perdure, il se pourrait que les étudiants choisissent d’autres destinations. La pandémie a accéléré l’adoption de certaines technologies dans le monde des études universitaires, mais je crois que, malgré tout, plusieurs milliers d’étudiants continueront à venir dans nos universités afin de vivre une expérience qui ne peut se vivre à distance. À ces étudiants, il faudra leur montrer nos avantages comparatifs tels que l’écosystème universitaire montréalais, la possibilité d’étudier en français en Amérique du Nord, la qualité de vie, la sécurité, etc.

LD: Prévoyez-vous un décroissement dans le nombre d’étudiants étrangers qui choisissent de venir à Montréal à l’avenir? Quels en seront les impacts sur l’économie montréalaise, et plus précisément, les revenus des universités qui dépendent de plus en plus de leurs frais de scolarité?

DO: C’est clair que la fermeture des frontières depuis un an a un impact négatif sur le nombre d’étudiants qu’accueillent les universités montréalaises. Puisque les étudiants louent des appartements et achètent des biens et des services, moins d’étudiants signifie moins de dépenses, ce qui a un impact significatif sur l’économie de la métropole. Toutefois, une nuance s’impose: l’impact vient davantage de l’absence des nouveaux étudiants. Ceux qui étaient déjà à Montréal poursuivent techniquement leurs études et sont susceptibles de changer de statut pour demeurer plus longtemps au Québec. Lorsque la pandémie sera derrière nous, il sera intéressant de mesurer cet impact de façon plus précise.

Sur la question du financement des universités, je ne suis pas un expert. Je peux simplement dire que la baisse des revenus anticipés met certainement plus de pression sur les finances des universités. Pour les étudiants internationaux, je crois qu’il faudrait ajuster certains frais de scolarité qui ne devraient peut-être pas être payés par des étudiants qui ne sont pas sur le territoire.

LD: Pour ceux venant des pays en voie de développement, notamment, les restrictions de voyage s’ajoutent à d’autres problèmes de longue date liés à l’octroi des visas et permis d’études. Pensez-vous que la pandémie risque de creuser les inégalités croissantes entre pays?

DO: C’est une préoccupation qu’il faut garder à l’esprit. Déjà en temps normal, il y a des délais plus longs pour l’octroi de visas canadiens et de permis d’études dans certains pays – je pense notamment à l’Afrique subsaharienne que je connais bien. Avant la pandémie, venir étudier au Canada était déjà réservé à des gens ayant les moyens financiers de le faire. Les restrictions de voyage et l’exigence d’un passeport vaccinal pourraient effectivement créer des inégalités, sachant que la vaccination contre la COVID-19 ne se déploie pas à la même vitesse dans tous les pays. Il faudra être vigilant dans les prochains mois pour surveiller cet enjeu.

LDÇa renvoie à un autre phénomène marquant: le déséquilibre entre les pays d’origine des étudiants internationaux à Montréal et au Canada en général. Du moins, c’est le cas à McGill où  il y a une plus forte proportion venant par exemple de la Chine, des États-Unis et de la France par rapport à l’Afrique ou d’autres régions en voie de développement. Est-ce que le Québec doit mieux diversifier le recrutement des étudiants étrangers?

DO: Sans avoir de chiffres précis, j’observe effectivement ce phénomène. On peut d’ailleurs le constater au niveau des immigrants économiques. Cela s’explique par le fait qu’il faut avoir les moyens financiers pour immigrer, quelle que soit la raison de cette immigration. On peut donc très facilement faire le lien entre les pays d’origine des étudiants internationaux plus présents au Québec et leur niveau de richesse, ou, plus particulièrement, le niveau de richesse de leurs parents. Comme la répartition de la richesse est inéquitable dans la plupart des pays en développement, cela veut dire qu’on se coupe de certains talents. La solution idéale serait une meilleure répartition des fruits de la croissance économique dans les pays en développement, ce qui donnerait des chances égales à tous. En attendant, il faut continuer à offrir des bourses d’études, mais en ciblant davantage les bénéficiaires. Actuellement, ce sont ceux qui ont les moyens de venir étudier qui bénéficient encore de ces incitatifs; c’est totalement inadmissible!

LDVotre dernier point rappelle vos efforts pour bâtir des ponts entre le Québec et l’Afrique dans le domaine du développement économique. Vous décrivez un continent d’une immense richesse humaine dont la diaspora africaine fait partie. Voyez-vous un rapport entre les étudiants étrangers venant du Sud et l’action du Québec sur le plan de coopération internationale?

DO: J’aborde ce sujet dans mon livre. Pour faire court, le Québec ne semble pas conscient des transformations qui s’opèrent dans les pays en développement, particulièrement en Afrique. Les opportunités économiques, notamment en éducation, en transformation des matières premières, en énergie et en nouvelles technologies, y sont abondantes. Le Québec devrait accroître sa présence en Afrique avec une vraie «Politique Afrique», et l’un de ses atouts est la forte présence d’étudiants originaires du continent.

«Il faut arrêter de voir seulement le côté économique des nouveaux arrivants; ils nous enrichissent économiquement, mais aussi sur tous les autres plans»

LD: Cette vision globale irait peut-être à l’encontre de la tendance à réduire la contribution sociétale des étudiants internationaux, et des migrants en général, à sa dimension économique. Y a‑t-il une manière de profiter autrement de la richesse de leurs capacités et de leurs vécus?

DO: Bien sûr que l’immigration n’est pas juste économique. Pour le Québec, les étudiants internationaux et les immigrants lui permettent d’enrichir sa culture, de pérenniser sa langue et d’inspirer d’autres nations sur les questions de justice sociale. Il faut arrêter de voir seulement le côté économique des nouveaux arrivants; ils nous enrichissent économiquement, mais aussi sur tous les autres plans. Ce sont des citoyens à part entière et non simplement de la main‑d’œuvre.

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La mobilisation contre GNL Québec se poursuit https://www.delitfrancais.com/2021/03/09/la-mobilisation-contre-gnl-quebec-se-poursuit/ Tue, 09 Mar 2021 14:16:12 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=42642 Même pendant la pandémie, l’opposition au projet GNL a continué de susciter l’attention partout au Québec.

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La pandémie de COVID-19 n’a pas réduit l’intensité de la mobilisation contre GNL Québec. Ce projet entraînerait la construction d’une usine de liquéfaction de gaz naturel au Saguenay qui serait alimentée par un gazoduc en provenance de l’Ouest canadien.

La mobilisation au Saguenay-Lac-Saint-Jean

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la mobilisation contre GNL Québec, également connu sous le nom d’Énergie Saguenay, s’est intensifiée au mois de février 2020. Entre autres, une soirée organisée par Québec solidaire au Café Cambio de Chicoutimi où étaient présentes des députées de ce parti, Ruba Ghazal et Catherine Dorion, a fait salle comble. Au-delà de l’action de partis politiques, la Coalition Fjord, organisme créé en novembre 2018, est le point de ralliement de l’opposition à GNL Québec grâce à un réseau d’alliances régional et national. La Coalition Fjord est d’ailleurs derrière la circulation massive d’une pétition contre le projet de gaz liquéfié qui, en date du 4 mars 2021, avait recueilli près de 120 000 signatures. 

Lors de son assemblée de mobilisation virtuelle le 18 février dernier, la Coalition Fjord a fait le bilan de son année 2020. Elle s’est réjouie de la prise de position conjointe de membres de la société civile contre Énergie Saguenay en 2020. On compte notamment 126 membres du corps professoral de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), 250 médecins québécois·es et 54 associations étudiantes représentant 300 000 étudiant·e·s.

La mobilisation ailleurs au Québec

La mobilisation contre Énergie Saguenay se fait également ressentir à Montréal. Au cours de la dernière année, la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) a organisé plusieurs actions de visibilité en déployant des bannières contre GNL Québec ainsi que des opérations de collage dans divers lieux de la métropole. Greenpeace a de son côté déployé une immense bannière affichant «Non-GNL» sur un bâtiment en construction de l’Université de Montréal en octobre dernier.

→ Voir aussi : Des organismes environnementaux prennent les rues de Montréal (novembre 2020)

Retour sur les audiences publiques

La Coalition Fjord s’est mobilisée durant toute l’année 2020 dans la région du Saguenay en prévision des audiences du Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) qui se sont déroulées à l’automne 2020. Elle s’est notamment rendue à la rencontre de la population à travers sept assemblées citoyennes afin d’écouter les préoccupations locales et d’affiner son argumentaire. Alors que le rapport du BAPE doit être remis au gouvernement d’ici le 10 mars, les coordonnateur·rice·s de la Coalition Fjord se sont réjoui·e·s du taux de participation record à l’exercice: 2 315 mémoires ont été déposés au BAPE dont 91% manifestant leur opposition au projet. L’organisme a pu compter sur le soutien de ses partenaires nationaux notamment l’initiative «Arrêtons GNL» regroupant des associations étudiantes montréalaises dont la FAECUM et l’AéESG-UQAM qui visent à encourager les étudiant·e·s de partout au Québec à rédiger leur propre mémoire pour faire entendre leur opposition au projet. 

La Coalition Fjord se prépare à des actions de visibilité et de pression auprès des élu·e·s de différents paliers lorsque le rapport du BAPE sera rendu public d’ici la fin du mois de mars. 

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Les associations étudiantes québécoises face à la pandémie https://www.delitfrancais.com/2021/02/16/les-associations-etudiantes-quebecoises-face-a-la-pandemie/ Tue, 16 Feb 2021 13:59:40 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=41926 Les associations étudiantes du reste du Québec doivent s’adapter à la nouvelle réalité, alors que les campus sont vides depuis plusieurs mois et qu’une réouverture graduelle s’entame.

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La fermeture des campus depuis le mois de mars 2020 a grandement percuté les étudiant·e·s du Québec ainsi que les associations qui les représentent politiquement et leur offrent de nombreux services. Bien que la virulence de la pandémie ait varié d’une région à l’autre, aucune institution d’enseignement supérieur n’a été épargnée: l’ensemble des associations étudiantes ont dû s’adapter aux nouvelles mesures en vigueur sur leurs campus respectifs. Le Délit s’est virtuellement rendu à la rencontre d’associations étudiantes à travers le Québec afin d’établir un portrait de la situation à l’aube de la réouverture progressive des universités et des cégeps.

→ Voir aussi : Réouverture progressive du campus à l’Université McGill.

Une pléthore de services affectés

La fermeture des campus et les mesures sanitaires en vigueur ont inévitablement obligé les associations étudiantes à reconsidérer et à moduler leur offre de services aux étudiant·e·s. Sandrine Desforges, secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), a confirmé au Délit que la pandémie a grandement influencé les services de l’association. Par exemple, le service de garderie de la FAECUM offert aux parents-étudiant·e·s a fermé ses portes au printemps dernier. La demande actuelle pour le service – qui a repris à l’automne selon un horaire réduit – demeure faible, car la majorité des usager·ère·s habituel·le·s suivent leurs cours en prestation virtuelle. L’Association générale des étudiant·e·s de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGE-UQTR), qui opère une halte-garderie similaire, a affirmé que le service devrait reprendre prochainement.

«Bien que les associations étudiantes d’établissements en zone orange puissent rouvrir graduellement leurs services, celles en zone rouge sont encore limitées dans ce qu’elles peuvent entreprendre»

L’offre alimentaire des associations étudiantes a également écopé des mesures sanitaires. En mars 2020, le mouvement des associations générales étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi (MAGE-UQAC) n’a eu d’autre choix que de fermer sa cafétéria, son service de traiteur, son dépanneur l’Escale ainsi que le BarUQAC. Avec le récent passage en zone orange du Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Escale a toutefois pu reprendre ses activités le 8 février dernier.

Bien que les associations étudiantes d’établissements en zone orange puissent rouvrir graduellement leurs services, celles en zone rouge sont encore limitées dans ce qu’elles peuvent entreprendre. Le café-bistro La Chasse-Galerie de l’AGE-UQTR demeure fermé pour l’instant. À la FAECUM, sur une vingtaine de cafés étudiants opérés par les associations départementales, seuls trois se sont prévalus de la possibilité d’ouvrir leurs portes et ce, seulement pour les commandes à emporter, les salles à manger des restaurants demeurant fermées en zone rouge. Les associations départementales souhaitant rouvrir leurs cafés peuvent compter sur l’aide de la FAECUM, notamment en ce qui a trait à la commande de matériel de protection.

L’accès aux locaux variable

Les modalités d’accès aux campus diffèrent d’un établissement à l’autre. À l’Université de Montréal, l’accès aux pavillons est très limité. Les locaux associatifs demeurent accessibles mais seulement pour permettre aux associations de récupérer leur matériel. Il était toutefois très important pour la FAECUM d’accueillir ses étudiant·e·s sur le campus à la session d’automne. La fédération a donc insisté pour que des activités d’accueil en présentiel puissent se dérouler tout en respectant les mesures sanitaires en vigueur. 

En mars 2020, le MAGE-UQAC s’est retrouvé pris au dépourvu lorsque l’Université a complètement fermé ses portes, empêchant ainsi l’association d’accéder à des documents demeurés dans ses locaux du campus. Afin d’éviter qu’une situation similaire ne se reproduise à la session d’automne, le MAGE-UQAC a déménagé ses bureaux dans un édifice du centre-ville de Chicoutimi afin de poursuivre ses activités sans encombre. 

À l’Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Chicoutimi (AGEECC), on nous indique que l’administration s’est montrée très collaborative en permettant aux étudiant·e·s d’emprunter des classes transformées en espace d’études. L’AGEECC jouit également de la possibilité de garder ses locaux ouverts, notamment pour la prestation de services comme l’imprimerie. Puisque les exécutant·e·s tout comme leurs collègues étudiant·e·s poursuivent leur formation majoritairement virtuellement, les services de pédagogie, notamment, sont surtout accessibles en ligne. Alors qu’on pouvait s’attendre à des difficultés dans le recrutement de candidat·e·s aux élections et dans l’organisation des assemblées générales à la dernière session d’automne, le président de l’AGEECC, Émile Simard, affirme au contraire que l’intérêt était présent – l’association ayant tenu de vraies élections comptant plusieurs candidat·e·s ainsi que des assemblées atteignant toujours leur quorum.

Maintenir le contact avec la population étudiante

Au-delà de la prestation de services, l’absence d’étudiant·e·s sur les campus amène de nombreux défis à relever aux associations étudiantes. «Ce fut un coup d’être coupé du campus», dit Antoine Bélisle-Cyr, président de l’AGE-UQTR. La présence des étudiant·e·s à l’université leur permet de découvrir l’association. À défaut de pouvoir se faire connaître pour ses services, M. Bélisle-Cyr explique que l’AGE-UQTR a été très active sur le plan politique. L’arrivée de la prestation virtuelle a contribué à créer des cas pédagogiques inédits nécessitant une plus grande présence virtuelle de l’association dans ce domaine – l’objectif étant d’assurer une défense efficace des membres. Les défis sont nombreux au MAGE-UQAC. Le secrétaire général Alexis Diard rappelle que le MAGE-UQAC est habituellement très présent sur le campus. Les étudiant·e·s ont l’habitude de venir directement aux bureaux du centre social pour poser directement leurs questions aux exécutant·e·s.

«Les associations travaillent à offrir une vie étudiante malgré tout, notamment à travers des activités virtuelles et des spectacles»

Les associations restent toutefois en contact avec leurs membres. Les courriels permettent de conserver un certain lien avec les étudiant·e·s, explique M. Diard. Les associations travaillent à offrir une vie étudiante malgré tout, notamment à travers des activités virtuelles et des spectacles. La soirée de lancement du carnaval de la FAECUM s’étant déroulée le 18 janvier dernier a réuni 700 étudiant·e·s simultanément sur Zoom, tandis que deux des associations du MAGE-UQAC ont organisé, pour la rentrée d’hiver 2021, un spectacle virtuel animé par l’humoriste Rosalie Vaillancourt.

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