Archives des Littéraires - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/artsculture/creation/litteraires/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Sat, 29 Mar 2025 21:09:32 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 On écrit parce qu’on aime https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/on-ecrit-parce-quon-aime/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57925 Un poème par Ivan Gaspart.

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On écrit parce qu’on aime … écrire! Aujourd’hui, c’est ma bile qui implose, on n’écrit ni pour soi ni pour autrui, on écrit parce qu’on aime tellement toutes les choses que l’on lit que c’est uniquement le mélange de toutes ces lectures qui nous pousse à faire le choix d’écrire. Au commencement, on créa le mot et son sens. C’est là que de toutes les entrailles enivrées, on s’exclama « Que l’harmonie soit ! », et l’harmonie fut. C’est l’humain que l’on déchaîne, les mots virevoltent et toutes les âmes se révoltent, car écrire c’est tellement beau qu’on écrit pour écrire, pour l’harmonie de tous les mots. Comme cent bols de soupe font une marmite, cent mots font un passage et dans ce passage, on perd sa boussole, noyée dans la soupe ; les mots forment un corps et à ce corps il y a deux yeux, et moi, c’est dans ces deux yeux que je me perds ; c’est comme un trou béant qui avale les mots, tranche la langue, rend muet ; et pourtant dans un regard des milliers de mots sont dits, et des regards, y’en a des douzaines qu’on échange, et on aimerait tellement que le corps comprenne mais il manque le mot, et sans mot pas d’harmonie, et sans harmonie on se perd dans les choses futiles jusqu’à ce qu’un jour, on lève le regard et on regarde la Lune parce que elle, elle ne disparaît jamais, elle est toujours là pour qu’on s’y perde les soirs où on devient bleu.

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L’ONU, miroir du monde : quand la culture façonne la diplomatie  https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/lonu-miroir-du-monde-quand-la-culture-faconne-la-diplomatie/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57928 Les Nations Unies à travers les yeux de la McGill Youth Advisory Delegation.

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Loin des salles de classe et au cœur du siège des Nations Unies, chaque année, la Délégation Consultative des Jeunes de l’Université McGill (McGill Youth Advisory Delegation ou MYAD) s’engage dans un travail minutieux de recherche et de plaidoyer pour que les voix des jeunes soient entendues sur la scène internationale. En tant qu’organisation bénéficiant d’un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) depuis 2006, la mission de l’ONG mcgilloise est claire : façonner des politiques qui reflètent les préoccupations et aspirations de notre génération.

L’année scolaire des délégués est rythmée par la rédaction de recommandations politiques centrées sur la jeunesse, destinées aux trois grandes commissions de l’ONU à New York : la Commission du développement social (CSocD) en février, la Commission de la condition de la femme (CSW) en mars et la Commission de la population et du développement (CPD) en avril. Leur engagement culmine avec la publication du Youth Policy Report, un document entièrement rédigé par les délégués de MYAD, et présenté aux missions permanentes ainsi qu’aux délégués jeunesse de l’ONU lors de leurs commissions respectives.

« Plus qu’une commission, la CSW69 a été une célébration du multiculturalisme, alors que la diversité se manifestait à travers le partage »

C’est dans ce cadre que sept étudiantes mcgilloises et moi-même avons pris la route pour New York la semaine du 10 mars 2025, pour participer à la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69), le plus grand rassemblement mondial dédié à la promotion de l’égalité des genres. Au-delà des discours et des panels, notre présence à l’ONU fut remplie de rencontres diplomatiques stratégiques, où nous avons eu des échanges avec la mission permanente de la Roumanie, les représentants de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de UN Women, ainsi qu’avec les délégués jeunesse de la Suède et de l’Allemagne, parmi tant d’autres. Ces discussions nous ont permis de comparer nos approches respectives en matière de plaidoyer, tout en mettant en lumière une perspective essentielle : la diversité culturelle au cœur de la commission.

CSW69 : microcosme de la culture internationale

Dès notre arrivée au siège des Nations Unies, une mosaïque culturelle s’est dévoilée sous nos yeux. Les couloirs résonnaient de conversations en dizaines de langues, les habits traditionnels côtoyaient les tailleurs de bureaux, et les événements reflétaient la richesse des perspectives. Plus qu’une commission, la CSW69 a été une célébration du multiculturalisme, alors que la diversité se manifestait à travers le partage. En effet, parmi les nombreuses initiatives culturelles, le Royaume d’Arabie saoudite offrait aux participants la possibilité d’écrire leur nom en calligraphie arabe et a organisé un grand souper général d’iftar en l’honneur du ramadan, tandis que plusieurs événements interconfessionnels mettaient en lumière l’importance du dialogue entre croyance et tradition.

L’un des moments les plus marquants de notre séjour fut la cérémonie d’ouverture de la CSW69, lors de laquelle le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a pris la parole pour souligner l’urgence de l’émancipation et de la liberté des femmes à travers le monde. Son discours, empreint de gravité et de détermination, fut ponctué d’un moment de légèreté lorsqu’un membre du public lui posa la question fatidique : « Quand aurons-nous enfin une femme secrétaire générale? (tdlr) » Ce à quoi il répondit, avec humour : « Je ne vais pas m’excuser de ne pas être une femme quand même. » Un éclat de rire a traversé la salle, rappelant que, même dans des discussions aussi sérieuses, l’humour peut aussi être un vecteur de connexion.

En tant que déléguées, nous nous sentions honorées de participer à la plus grande commission de l’ONU à New York. Le fait d’être témoins des stratégies déployées pour faire avancer l’égalité des genres nous a rappelé que notre rôle en tant que jeunes étudiantes est essentiel dans la construction d’un avenir plus juste. Entre traditions partagées et dialogues engagés, la CSW69 nous laisse avec la conviction que les identités culturelles ne sont pas des barrières, mais des ponts vers une compréhension commune – un aspect clé de l’idéologie onusienne.

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Réminiscence & traditions https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/reminiscence-traditions/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57177 De génération en génération.

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Quand j’y songe, il m’est impossible de dissocier le Nouvel An chinois d’une ambiance familiale ; j’entends les enfants jouer et courir sans crier gare, tandis que les adultes les hèlent par vigilance, tout en apportant deux plats de la cuisine, où on entend le hachoir chinois rythmer la cadence en tranchant le porc grillé. Un chœur qui accompagne la sérénade de rires, de conversations en teochew [langue parlée à au Sud-Est de la Chine, ndlr], le tout tel un canon lyrique. On se situe dans une pièce de vie chaleureuse et l’on soupçonne déjà olfactivement, avec impatience, les plats à venir (même si le salon est embaumé d’encens). Oui, cet événement me paraît telle une madeleine de Proust. Et ce, même en étant né et en ayant grandi en France.

Chez moi, la tradition se perpétue dans l’hexagone et continue de se transmettre de génération en génération. D’enfant à adolescent, de jeune adulte à adulte, puis à senior, nous incarnons des rôles bien différents à mesure que les années passent. Les mœurs, quant à elles, demeurent immuables :

- L’enfant le vit presque comme une grande cousinade ; il sait qu’il va se régaler et avoir de l’argent de poche via les enveloppes rouges (hóngbāo). Il va juste brûler quelques faux billets, bijoux et ornements, afin de transmettre vers les cieux, de l’argent et ces offrandes à feu ses ancêtres. À l’instar de cette coutume, la fumée de l’encens fait également parvenir les prières aux défunts. Les enfants sont parfois même vêtus de tenues traditionnelles, généralement faites de soie et de couleurs vives (rouge, bleu, jaune flamboyant).

- Dès l’adolescence, il est progressivement amené à aider « les grands » : disposer les tables en longueur, compter la cinquantaine de personnes et placer les tabourets en conséquence. Il interdit les plus jeunes de piquer de la nourriture, disposée telle une exposition, le temps d’un bâton d’encens, afin que les défunts aient pu « dîner » avant.

- Une fois jeune adulte, on lui octroie même la supervision de la gestion du feu, dehors, pour faire brûler aux plus jeunes, les faux billets, tout en gardant un œil sur eux. C’est aussi à ce moment-là, qu’il peut leur expliquer, les principes et subtilités de ce rituel. Si le jeune adulte est marié, il doit cette fois lui aussi, contribuer à distribuer les enveloppes rouges aux plus jeunes, en guise de porte-bonheur (la somme d’argent à l’intérieur importe peu et n’est que symbolique). À tout le moins, s’il a des enfants, c’est également aux autres adultes d’offrir ces hóngbāo à ses enfants.

- Les adultes plus agés sont appelés aux mêmes devoirs mais endossent bien souvent les rôles de chefs cuisiniers. Une consigne est alors instruite aux plus jeunes : pour les remercier d’avoir fait à manger, on leur garde des places sur la table des « grands ». Ils sont mêlés aux seniors qui eux, supervisent ici et là, doucement, mais préféreront profiter des petits-enfants, en leur contant des anecdotes sur leurs parents, tout en feuilletant des albums photo.

En somme, tel un Noël européen, le Nouvel An chinois, c’est une véritable réunion de famille autour d’un grand repas et bien de nombreux convives. Un moment joyeux de retrouvailles qui appelle à la bonne humeur, la fraternité et la solidarité. Le temps passe, les familles s’agrandissent et deviennent des familles à part entière, l’oncle et la tante devenus eux-mêmes grands-parents, les grands-parents n’étant plus de ce monde, ou mon père étant devenu lui-même grand-père! Chaque famille se subdivise et célèbre cela dans son coin. La teinte devient plus triste lorsqu’elle se résume à quelques vœux et emojis partagés via WhatsApp.

Aujourd’hui, c’est ainsi avec plus de nostalgie que je vis ces dernières célébrations lunaires, sans ruminer ou me plaindre de cette fracture de foyers, qui n’est que somme toute, logique. J’évoque par ailleurs la lune car c’est le calendrier lunaire chinois et l’astrologie chinoise (et les 12 signes qui en découlent) qui sont suivis. Ma famille adorait écouter les prédictions de ma mère qui était l’une des rares à savoir lire le chinois. Elle n’est plus de ce monde mais j’aimerais, dans un avenir proche, lui faire parvenir les prières de mes enfants, à mon tour, et ainsi lui offrir le plus beau des hóngbāo. Pour le moment, je lui dédie au moins cette photographie car elle était couturière à Paris et c’est elle, à travers cette machine notamment, qui aura tant œuvré pour notre famille.

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Tết loin de chez soi https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/tet-loin-de-chez-soi/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57141 Entre nostalgie, adaptation et redécouverte.

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C’est ma quatrième année à célébrer le Tết loin de chez moi. Vivre le temps du Tết, plutôt que de le fêter. Une étrange indifférence s’installe en moi et elle me fait peur : étreinte oppressante à l’idée de me perdre. L’excitation usuelle qui m’habite est désormais inexistante. Je repense au Nouvel An 2021 célébré à Hanoï, quand je suis rentrée dans la maison après avoir « franchi son seuil ». Selon cette coutume, la première personne à le faire, le premier jour de la nouvelle année, doit être choisie à l’avance, en fonction des signes du zodiaque porteurs de chance. Je crois que c’était mon frère qui était le premier à entrer. Chez nous, on achetait aussi des thés aux perles. Une tradition simple et familiale, en raison de mon anniversaire et de celui de mon frère qui tombaient étrangement – deux années de suite – le jour du Nouvel An. Mon père me serre dans ses bras, me souhaitant la santé et le bonheur. Je me souviens vivement lui avoir dit que ce serait la dernière fois, pour très longtemps, que je fêterais le Nouvel An à la maison.

Tous les objets, parfums et sensations me reviennent tendrement. Lì xì, enveloppe d’argent porte-bonheur. La rue Hàng Mã, ornée de décorations festives. Occasionnellement, les gens vêtus de áo dài [robe traditionelle vietnamienne, ndlr]. Il m’est difficile de décrire cette excitation palpable suspendue dans l’air frais, comme si tout autour était baigné dans une atmosphère festive. Chez nous, il y a toujours un kumquat, un petit abricotier, et mon favori : un grand pêcher forestier, rose pâle et non rose vif, qui occupe toute l’entrée menant au salon. Sur la table du salon, une multitude de grignotines : des fruits confits (ô mai), des bonbons, des chocolats et des biscuits, mais mes préférés ont toujours été les graines de citrouille et les pistaches. Une théière, constamment maintenue au chaud, car la maison ne cesse de recevoir des visiteurs. Pour le repas, on mange des rouleaux impériaux (nem), du poulet bouilli, et surtout du bánh chưng, un gâteau fait de riz gluant, rempli de haricots mungo et de viande. Chez nous, le bánh chưng se mange avec du chè kho, un pudding sucré à base de ces mêmes haricots, spécialité de ma grand-mère. Il y a des chansons de fête qui résonnent partout : à la télé, dans la voiture de mon père, dans la rue, dans les cafés et les restaurants. Pourtant, le matin du Nouvel An, toute la ville se plonge dans un silence paisible et tellement doux. On sort pour rendre visite à la famille. Le deuxième jour, on part à la campagne pour brûler des encens en l’honneur de nos ancêtres.

Présentement, à Montréal, cette excitation et cette joie vibrante sont absentes. Je sors de l’école à 19 heures, la nuit étincelée de cristaux de neige. Il ne fait pas froid, du moins pas ce froid qui giflait comme au Vietnam, même si la température là-bas ne descendait que rarement en dessous de 10°C. Ici, tout est blanc.

Dans mes souvenirs, tout était rouge.

Une nostalgie amère s’empare de moi. Il est difficile de parler des expériences qu’on a vécues lorsqu’elles ne sont plus que des souvenirs. Des souvenirs teintés de mélancolie. Du regret de ne pas avoir vécu pleinement ces moments, de ne pas les avoir appréciés lorsque j’en avais l’occasion. D’une envie persistante de revenir en arrière, de redevenir enfant au temps des fêtes, innocente et insouciante. De jouer des pièces de piano pour ceux qui nous rendent visite, de cueillir les pétales de mon arbre fruitier préféré tombés au sol. De manger des plats de Tết tous les jours durant le temps des fêtes.

L’hiver montréalais m’a été pénible. Pourtant, cette année, je le trouve bienveillant. Le froid me caresse. Je pense aux travaux qui m’attendent. Ils me rappellent pourquoi tout cela en vaut la peine. Il est temps pour moi de créer mes propres traditions, loin de mon pays natal, loin de ma famille. Mais une partie en moi craint cet élan. Je m’accroche à mes souvenirs, je mets des chansons que j’écoutais autrefois. Je casse mes pistaches. Elles n’ont plus le même goût qu’à l’époque où j’étais enfant. Les moments de ma jeunesse se transforment en un rêve lointain, auquel je reviens sans cesse, tentant de revivre ce que j’étais. J’essaye de revoir ma maison pendant le Tết, encore et encore, espérant qu’elle y reste à jamais si j’y songe assez longtemps.

Comme Verlaine qui dit,
« Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure »

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Trop se doit d’être assez https://www.delitfrancais.com/2025/01/15/trop-se-doit-detre-assez/ Wed, 15 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56828 Sans l’avoir encore saisie, on nous légua une vie. Profond dans l’évolution, des lustres aux éons. Que l’on étudie jour et nuit.Notre extinction coupera court à notre compréhension, Ce, pré-atteinte de quelconque conclusion. Demeurons en suspension, conscient·e·s de la constance de cette condition. Sans l’éprouver, ni en souffrir, mais en l’appréciant, Jouissons d’un vide omniprésent.… Lire la suite »Trop se doit d’être assez

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Sans l’avoir encore saisie, on nous légua une vie.
Profond dans l’évolution, des lustres aux éons.
Que l’on étudie jour et nuit.
Notre extinction coupera court à notre compréhension,
Ce, pré-atteinte de quelconque conclusion.

Demeurons en suspension, conscient·e·s de la constance de cette condition.

Sans l’éprouver, ni en souffrir, mais en l’appréciant,
Jouissons d’un vide omniprésent.
Oublions la simple cohabitation, profitons du néant.
Consentant·e·s aux instants surstimulants,
Lors desquels toute confusion transparaît.
Douce carence telle qu’en génère l’excès.

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Dessert amer https://www.delitfrancais.com/2024/11/13/dessert-amer/ Wed, 13 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56570 Je marche le long d’une routeEt j’emporte toutes mes blessuresCe dessert amer que je goûteChaque fois, censure mon coeurJe voudrais tant enlever ces pensées qui me tourmententJe me suis déjà assez battueMon cœur est troué d’épinesEt mon âme est trop abattue Je ris, je crie, je prieMais est-ce suffisant?Je marche, je cours, je m’enfuisMais est-ce… Lire la suite »Dessert amer

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Je marche le long d’une route
Et j’emporte toutes mes blessures
Ce dessert amer que je goûte
Chaque fois, censure mon coeur
Je voudrais tant enlever ces pensées qui me tourmentent
Je me suis déjà assez battue
Mon cœur est troué d’épines
Et mon âme est trop abattue

Je ris, je crie, je prie
Mais est-ce suffisant?
Je marche, je cours, je m’enfuis
Mais est-ce important?

Je vois disparaître dans les nuages
Les pleurs de mes nuits sans étoiles
Je me cache dans mon coquillage
Et je navigue sans voile
On dit qu’aimer, ça fait mal
C’est sans doute pour cela que je suis anéantie

Souvent, en morceaux j’ai été brisée
Quantité infinitésimale
Je chante des chansons d’amour
Mais je fais la guerre
Vêtue de mon habit de bravoure
Je me relève à terre

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Chasse aux graffitis https://www.delitfrancais.com/2024/11/06/chasse-aux-graffitis/ Wed, 06 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56527 Si tu penses que Montréal ne peut faire aucun tort,Tu n’es jamais parti·e à la chasse aux graffitis,Dans les ruelles de Saint-Laurent,Tout l’après-midi d’un jour gris,Car tu en avais enfin eu le temps,Pensant qu’être à l’extérieur,Ne pouvait être que ce qu’il y aurait de meilleur. Les personnages sur la brique devant toi,Jamais tu ne leur… Lire la suite »Chasse aux graffitis

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Si tu penses que Montréal ne peut faire aucun tort,
Tu n’es jamais parti·e à la chasse aux graffitis,
Dans les ruelles de Saint-Laurent,
Tout l’après-midi d’un jour gris,
Car tu en avais enfin eu le temps,
Pensant qu’être à l’extérieur,
Ne pouvait être que ce qu’il y aurait de meilleur.

Les personnages sur la brique devant toi,
Jamais tu ne leur ressembleras,
Promesse à toi-même qui te terrifia.
Une œuvre ne se cache pas,
Et ce n’est pas entre les portes arrière de cantine,
Aux odeurs de gras,
Qu’on se déploie.
Et tu reconnais au moins que ça,
Tu te le dois.


La chasse aux graffiti fut fructueuse,
Les nouveautés murales nombreuses,
Mais la rumination qui creuse,
Elle te laisse anxieux·se.
Tu renommes la ruelle « l’existentielle »,
Hommage à ta crise silencieuse,
Que tu rends,
En quittant,
Saint-Laurent.

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Arrière-saison https://www.delitfrancais.com/2024/10/09/arriere-saison/ Wed, 09 Oct 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56228 Je te dis adieu. Je reviens au présent. La vie reprend sa régularité morose. Le temps se gèle, les souvenirs s’enracinent, éternisant cette affliction amoureuse. L’ordinaire me tue, la solitude me paralyse. Ton regard, qui me subjuguait autrefois, m’est désormais morne et insoutenable. Je me force à écrire pour faire cesser ce déchirement. À peine… Lire la suite »Arrière-saison

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Je te dis adieu.

Je reviens au présent. La vie reprend sa régularité morose. Le temps se gèle, les souvenirs s’enracinent, éternisant cette affliction amoureuse. L’ordinaire me tue, la solitude me paralyse. Ton regard, qui me subjuguait autrefois, m’est désormais morne et insoutenable.

Je me force à écrire pour faire cesser ce déchirement. À peine ai-je commencé, tout ce qui restait en moi s’évade en un bref instant. Je ne suis plus qu’une âme flottante. Les mots s’enchaînent, se plient et s’entassent pour finir enfouis dans une lettre gribouillée. L’écriture s’achève et me renvoie à mon désarroi initial. La honte m’envahit. Je parle trop pour ne rien dire. Je cherche constamment un regard étranger pour apaiser l’orage qui m’avale. Une escapade futile pour me faire revivre nos passions évanescentes.

Le mal-être de la ville s’empare de moi comme une bête vorace. L’automne, affreusement maussade, ne songe qu’à ta caresse. Mon automne est nostalgique, le tien, je l’ignore. Je blâme cette ville pour ma douleur, je refuse frénétiquement son charme pour me livrer aux cris de ma détresse.

Je déambule dans les rues. Je regarde les couples se tenir la main, les enfants jouer au bord du lac. Je contemple leur vie qui se déroule tranquillement, paisiblement, comme si elle se moquait de mes affres. Je suis perdue dans cet écoulement et son chaos. J’ai ralenti pour être laissée derrière à jamais. La vie continue encore, mais je n’ai plus les moyens pour la rattraper. Je reprends mon souffle, tout devient flou.

Je crains la solitude. J’ai honte de ne pas pouvoir vivre joyeusement avec moi-même.

Je me promène. Les feuilles des arbres saignent, tombant tour à tour, laissant le sol orné des teintes jaunes et rouges. Le ciel, ombragé par le crépuscule, enferme la ville démunie de ses dernières beautés estivales dans une brume ténébreuse et angoissante.

Les branches dépouillées de feuilles, mon coeur dénudé de ses remparts.
Je pourrais être vulnérable devant le monde entier, mais jamais avec toi.

Je ne peux m’empêcher de penser à Apollinaire. Ceci est ma chanson du mal-aimé.

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« La seule chose que j’ai toujours su, c’est que l’appareil ment » https://www.delitfrancais.com/2024/03/27/la-seule-chose-que-jai-toujours-su-cest-que-lappareil-ment/ Wed, 27 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55347 L’héritage artistique de Cindy Sherman.

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Sur cet autoportrait vous voyez mon corps, mais je suis introuvable. Car je ne m’incarne pas moi, Harantxa, mais deux femmes représentées dans l’art visuel au fil des ans. Pour réaliser Contrapposto, je me suis inspirée de Cindy Sherman, une artiste ayant révolutionné le médium du portrait. S’il y a bien quelqu’un qui soit maître de cette approche, soit celle de réaliser des autoportraits sans se représenter en tant que sujet, c’est bien elle.

En sachant qu’à l’accoutumée, « faire un autoportrait, c’est se représenter soi-même », Sherman, par son génie artistique, a lancé un défi audacieux à cette norme. Son œuvre révolutionnaire a déclenché un débat enflammé au sein de la communauté artistique : ses compositions peuvent-elles vraiment être considérées comme des autoportraits, et quelles sont les limites de cette définition? Examinons en détail l’ascension fulgurante de cette icône et son héritage artistique.

Exploration de l’énigme de l’autoportrait chez Cindy Sherman
Il faut d’abord comprendre son œuvre : contrairement aux autoportraits classiques ayant pour objectif de se représenter de manière réaliste et fidèle (pensons à Frida Khalo ou Van Gogh par exemple), Cindy Sherman s’affranchit du statu quo en créant des oeuvres qui défient les conventions. Elle est une artiste protéiforme : elle joue le rôle de photographe, mannequin, maquilleuse, coiffeuse, styliste et plus encore. Son œuvre globale est marquée par sa capacité à incarner différents personnages et identités dans ses photographies, en utilisant son corps et son visage comme support artistique pour créer des mises en scène.

Alors qu’elle commence les autoportraits au début de sa vingtaine, le désir de modeler son identité n’est pas anodin : depuis son enfance, elle adore se déguiser. « J’essayais de ressembler à quelqu’un d’autre – même à des vieilles dames… Je me maquillais en monstre, des choses comme ça. […] (tdlr) », dit-elle. Malgré sa volonté de ressembler à quelqu’un d’autre, ses déguisements avaient pour but de montrer une autre version d’elle-même, et non un personnage à part entière. Lorsqu’on lui a demandé si se déguiser était pour elle un moyen d’évasion, elle a répondu que « pour être vraiment psychologique à ce sujet, [c’est] en partie, si tu ne m’aimes pas de telle manière, m’aimeras-tu de cette manière? » Malgré ses différentes apparences, Sherman s’associe aux personnages qu’elle incarne en montrant différentes facettes d’elle-même lorsqu’elle se déguise. Cette habitude continue jusqu’à l’université et lorsque son entourage lui dit de faire de ce passe-temps un art, une autoportraitiste naît en elle.

Issue de la première génération d’Américains ayant grandi avec la télévision, elle est largement
influencée par la culture de masse. Elle atteint donc un large public en utilisant et en se référant à des codes esthétiques qui lui sont familiers. Tantôt critiques, tantôt satiriques, Sherman explore les thèmes du genre, de l’identité, de la sexualité et de la classe sociale, en remettant en question les normes établies par la société contemporaine à travers ses photographies.

« Tantôt critique, tantôt satirique, Sherman explore les thèmes du genre, de l’identité, de la sexualité et de la classe sociale, en remettant en question les normes établies par la société contemporaine à travers ses photographies »

La série emblématique Untitled Film Stills (1977–1980) catapulte Sherman sur la scène artistique internationale. Dans ses clichés évocateurs, elle se glisse dans la peau de personnages féminins, défiant les clichés et les stéréotypes de genre véhiculés par le cinéma hollywoodien des années 50 et 60. Ces images intemporelles évoquent un sentiment d’aliénation et de désillusion, et questionnent les attentes sociétales imposées aux femmes. Un autre exemple poignant est Centerfolds (1981), une série dans laquelle Sherman incarne des mannequins exposés sur une couverture de magazine. Les femmes sont représentées dans diverses poses, comme on peut l’observer dans Untitled #96, où Sherman est couchée par terre, vêtue d’une jupe d’écolière légèrement relevée. Cette série confronte le regard masculin (le male gaze) qui influençait la manière dont les femmes étaient représentées dans les magazines érotiques du style Playboy, « en amenant les spectateurs à remettre en question leurs hypothèses et leurs impulsions conscientes ou inconscientes lorsqu’ils regardaient une page centrale pornographique », (sachant que la photo était le médium pornographique principal dans les années 80), explique Gwen Allen, une historienne d’art contemporain.

Bien que Sherman ne donne pas de titre à ses œuvres pour ne pas influencer notre jugement de celles-ci, elle a admis, des années après sa création, que le but d’Untitled #96 était de choquer : « Je voulais qu’un homme ouvrant le magazine le regarde soudainement dans l’attente de quelque chose de lascif et se sente ensuite comme [l’agresseur] qu’il serait, en regardant cette femme qui est peut-être une victime… »

On peut donc voir que les œuvres de Sherman, bien qu’elles soient visuellement attrayantes, dépassent le domaine de l’esthétisme en dénonçant certaines normes et conventions. Mais où est Cindy dans tout ça?

« Bien que Sherman apparaisse dans la plupart de ses photographies, ce ne sont jamais des autoportraits. Elle a le parfait visage de ‘‘madame tout le monde’’ – et parfois de ‘‘monsieur tout le monde’’ – un visage qui absorbe tous nos désirs. »
— Auteur et journaliste américain Craig Burnett

Pour certains critiques, ses autoportraits sont davantage une performance ou un acte d’imagination qu’un véritable reflet de son identité personnelle. En revanche, elle se défend en disant qu’il n’est pas question de devenir un personnage : « Quand je [pose], je n’ai pas l’impression d’être le personnage. C’est l’image reflétée dans le miroir qui devient le personnage – l’image que l’appareil fixe sur la pellicule. Et la seule chose que j’ai toujours su, c’est que l’appareil ment. »

Pour Sherman, ses œuvres représentent une partie d’elle-même. Lorsque l’appareil photo prend le cliché, il cristallise le personnage, sans que celle qui l’incarne ne devienne personnage pour autant. Elle redéfinit l’autoportrait à même son corps : à partir du moment où elle figure dans la photo, c’est un auto-portrait. Pas besoin de se montrer sans artifices, car « au bout du compte, plus elle se cache derrière ses portraits, plus elle se révèle en tant qu’artiste », et être artiste, c’est le noyau de son identité. Nous ne la voyons peut être pas elle, sans maquillage, mais il reste que Cindy Sherman a toujours fait de son apparence protéiforme une part de son identité. La limite des autoportraits de Sherman semble alors se restreindre à l’usage de son corps dans ses photographies. Cela dit, une œuvre comme Untitled #263 (1992) où elle utilise des prothèses en plastique d’un sexe masculin et féminin pour recréer L’Origine du monde (1866) de Courbet semble être une exception à la règle franchie, car elle troque son corps pour des objets.

En redéfinissant le genre à l’usage de son corps et non de son apparence à nu, l’influence de Sherman sur l’art contemporain perdure. Son approche de l’autoportrait a été adoptée par une nouvelle génération d’artistes explorant les questions d’identité et de représentation. Son œuvre est la raison pour laquelle ma série d’autoportraits, voire celle de Nadia Lee Cohen, HELLO My Name Is (2021) , peuvent se faire qualifier comme tels aujourd’hui. Comme l’a noté l’artiste Laurie Simmons, «le travail de Cindy a ouvert beaucoup de territoire que […] beaucoup de femmes artistes en particulier ont exploré depuis ».

Entre costumes, maquillage et décors élaborés, Cindy Sherman émerge comme figure pionnière en surpassant les limites de l’art avec une audace et une créativité inégalées. Son approche novatrice perdure jusqu’à maintenant, façonnant ainsi un héritage dans le monde artistique. Merci, Cindy.

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Effort et solitude https://www.delitfrancais.com/2024/03/20/effort-et-solitude/ Wed, 20 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55222 La randonnée comme philosophie.

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Cinq heure du matin. La montagne commence à s’embraser et des bruits résonnent dans le refuge. L’ascension se prépare. Les sacs sont soigneusement pliés et les corps encore fourbus de la veille peinent à effectuer les étirements matinaux. Le matériel maintes fois vérifié subit une ultime inspection : crampons, piolets, lunettes de glacier, couverture de survie, chaque oubli pouvant mettre en péril le randonneur et son groupe. À travers la petite fenêtre du dortoir, une bande de lumière se déploie derrière la montagne.

Silencieux, cheveux ébouriffés et lunettes sur la tête, les premiers prêts font leur apparition dans le réfectoire. Pendant le petit-déjeuner, pas un mot n’est échangé. Tous les regards sont dirigés vers l’immense fenêtre centrale, à travers laquelle le sommet tant craint mais tant désiré se dessine. À mesure que le soleil se lève, le flanc est de la montagne s’illumine, et le pic se teinte de rose. Le glacier reflète alors les premiers rayons du soleil et brille de mille feux. Surplombant la vallée toujours baignée dans l’obscurité, la montagne rayonne comme un phare. Patiemment, les marcheurs se redessinent le chemin dans leurs pensées tout en sirotant leur café. Certains se lèvent même pour inspecter la carte du massif affichée au fond de la salle, mais ceux-là sont rares. Peu échappent au pouvoir d’attraction ressenti à la vue de la montagne. Pour l’avoir étudiée, tous connaissent la voie : aujourd’hui la longue marche d’approche et le bivouac au pied de la montagne, demain l’escalade de l’arête sud- ouest, le sommet, puis la descente dans le glacier et la marche du retour vers la vallée. Deux journées d’efforts, coupées du monde. Deux journées simples, avec une seule idée en tête : le sommet. En dehors de ça, plus rien. La vie semble s’arrêter une fois la porte du refuge franchie. Il faut marcher, courir, grimper. L’esprit se concentre sur chaque pas, sur chaque inspiration. Le reste n’existe plus. Seule préoccupation, comme une véritable obsession, la masse écrasante et immortelle qui se dresse devant le randonneur.

Dans nos villes, peu de choses subsistent de la nature. Nos sociétés combattent inlassablement l’effort et la souffrance et détestent l’imprévu. Fini la nuit, le froid et la faim. Sous la lumière des lampadaires, dans des salles climatisées ou chauffées, la nature a disparu, le danger aussi. C’est tout ce que le randonneur recherche au contact de la montagne. Il épouse l’effort comme une rédemption, aime la faim, le froid et la pluie, comme autant d’épreuves qui le rapprochent de cette masse rocheuse qui l’ensorcelle et lui octroie le droit de gravir le sommet. Passé la porte du refuge, après le premier virage du chemin, le randonneur quitte la civilisation à la recherche de l’imprévu. La montagne a des odeurs, des bruits, elle vit et le randonneur vit avec elle. Couché à 21h avec les étoiles et levé à 7h avec le soleil, il renoue avec le cycle naturel, avec lui-même.

Face à l’effort et au danger, il est seul. Sur la paroi, seul un nœud sur son baudrier et un piton dans la roche le rattache à la vie. Dans son ascension, chaque geste compte, chaque erreur aussi. Seules sa propre dextérité et une force mystérieuse le séparent du vide. Alors qu’il s’approche du sommet de l’arête, une roche dégringole et le frôle. L’incident lui rappelle son impuissance et pourtant il n’a pas peur, il faut avancer vers le sommet, toujours plus haut. Son ascension est comme un condensé de sa vie, il se bat contre quelque chose d’imprévisible, de plus fort. Il se dépasse pour voir au-delà, pour pénétrer au plus profond de lui-même, pour atteindre le sommet.

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Étudier hors-campus : où aller ? https://www.delitfrancais.com/2024/02/28/etudier-hors-campus-ou-aller/ Wed, 28 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55050 Mes endroits préférés à Montréal.

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Tu en as marre de devoir choisir entre McLennan et Redpath? Voici une liste de six endroits pour étudier à Montréal, assez diversifiée pour satisfaire tous les goûts! Parfois, c’est important de changer d’air, surtout lors d’une période d’examen stressante. Il n’y a pas à dire, on étudie mieux avec un bon café!

Café Ambrose

Commençons par un classique : Café Ambrose. Situé à deux pas du campus sur la rue Stanley, il
est idéal si tu as quelques heures de pause entre tes cours. Leur spécialité : des pâtisseries (brioche garnies, cinnamon rolls et croissants…) et des repas faits maison. L’atmosphère est très agréable avec un aménagement simple mais chaleureux ; il y a du wifi et des prises pour travailler confortablement. La musique n’est pas trop forte, et j’admets adorer leur playlist indie pop. Je recommande vivement leur chai latte et leur muffin aux bleuets.

Prix d’un latte classique : $4.50
3422 Rue Stanley

Jade Lê | Le Délit
Jade Lê | Le Délit

Café Chato

Énorme coup de cœur! Il se situe un peu plus loin que les autres, mais il suffit de prendre la ligne verte jusqu’à Verdun pour y être en quelques stations. Contrairement à son jumeau, situé sur la rue Duluth dans le Plateau, il y a moins de monde et les tables sont plus grandes. Travailler entouré d’adorables chatons, c’est l’environnement parfait (sauf si tu es allergique) et je ne peux que te le recommander. C’est l’endroit idéal pour prendre des pauses entre deux essais : plutôt que de scroller sur Insta, joue avec un chat! Je te suggère d’essayer leur panini tomates, pesto et mozzarella, ainsi que leur brownie au chocolat qui est excellent.

Prix d’un latte classique : $4.25
4833 Rue de Verdun

Jade Lê | Le Délit

Crew Collective & Café

Situé dans l’ancien bâtiment de la Banque Royale du Canada datant de 1928, le Crew Collective & Cafe est loin d’être un café ordinaire! Bien que le prix des boissons soit assez élevé, l’architecture en vaut le détour. Cela ne deviendra peut-être pas l’endroit où tu passeras tes semaines pour réviser, mais de temps en temps, changer de décor aide à se changer les idées. L’avantage, c’est qu’il y a de nombreuses tables pour s’installer. De plus, ils proposent des stations de coworking pour $20 la journée.

Prix d’un latte classique : $5.75
360 Rue Saint-Jacques

Colombus Café

Si tu cherches un endroit pratique pour t’installer, le Colombus Café est toujours une bonne adresse. Ce n’est peut-être pas le meilleur café de Montréal, mais ils offrent un large choix de nourriture : brownies, muffins, sandwiches, wraps… À défaut de bien boire, tu trouveras de quoi bien manger. Wifi accessible pour tous et des tables assez larges pour travailler, c’est un bon endroit si tu veux être efficace. Attention cependant, par rapport aux autres endroits sur la liste, c’est le plus bruyant, avec beaucoup de circulation. Il y a également de la musique de fond. Si tu préfères le silence, ce café n’est sûrement pas pour toi.

Prix d’un latte classique : $4.75
2020 Blvd Robert-Bourassa ou 2153 Rue Sainte-Catherine

Grande Bibliothèque de BAnQ

Pas un café cette fois-ci (même s’il est possible d’en acheter a l’entrée), mais ma bibliothèque préférée! Idéal si tu préfères le silence à un café un peu bruyant. Il est parfois difficile de trouver un endroit pour s’asseoir durant la fin de semaine, mais avec un peu de patience tu pourras prendre place sur l’une des grandes tables en bois du 3e étage de la Grande Bibliothèque. Mon point préféré : la lumière naturelle qui pénètre depuis les grandes fenêtres du bâtiment. Tu peux également créer ta carte d’abonnement gratuitement et emprunter des livres lorsque tu le souhaites. Un autre atout : des instruments de musique disponibles pour tout le monde au dernier étage de la librairie. Piano, guitares, ukulele… il y a de quoi t’entrainer.

Métro Berri-UQAM
475 Boul. de Maisonneuve E

Bibliothèque Webster, Concordia

Enfin, un incontournable des étudiants : la bibliothèque universitaire de Concordia. Alors oui, c’est aussi une bibliothèque universitaire, comme McLennan, mais je peux vous garantir que – pour une raison que j’ignore – je suis toujours plus productive là-bas. Accessible au public de 7h à 23h, elle s’étend sur plusieurs étages. De nombreux espaces sont disponibles pour étudier individuellement ou en groupe. Les étudiants de McGill peuvent accéder gratuitement au wifi de Concordia afin de travailler confortablement. Enfin, l’esthétique est vraiment propice au travail : loin de l’architecture brutaliste de McLennan, le bâtiment est ouvert et lumineux, possédant de larges fenêtres.

Métro Guy-Concordia
400 Maisonneuve Blvd West

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Déclarations d’amour https://www.delitfrancais.com/2024/02/14/declaration-damour/ Wed, 14 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54749 Soif d’ambroisie mon visage plongéentre deux moelleux oreillers,mon être respire ta présence Profondeur, douceur rafraîchissante des nuits agitées accompagnéesde brouillards déprimants, l’eauà qui j’envie d’avoir eu ton corps Complètement enfoui dans sa matière pensées et schémas fatals,mon style d’écriture me paraît méconnaissable,tandis que j’observe naturellement tes pétales De loin, les gouttes de nectar les colorent… Lire la suite »Déclarations d’amour

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Soif d’ambroisie

mon visage plongé
entre deux moelleux oreillers,
mon être respire ta présence


Profondeur, douceur rafraîchissante


des nuits agitées accompagnées
de brouillards déprimants, l’eau
à qui j’envie d’avoir eu ton corps


Complètement enfoui dans sa matière


pensées et schémas fatals,
mon style d’écriture me paraît méconnaissable,
tandis que j’observe naturellement tes pétales


De loin, les gouttes de nectar les colorent


plante tentante, je suis une abeille
tournant autour de ton champ,
volant avec hésitation de haut en bas


Craignant de sucer tes larmes d’ambroisie


et de me retrouver incapable de supporter
un pollen immortel, un papillon étouffant
dans le ventre, une superficialité


Et éventuellement, la chaleur diminue


je pleure l’océan simple d’esprit,
aux saisons qui passent
et aux fleurs les plus proches,


Empreintes des fragrances que tu déposes

- Ilias Lahlou

Hélix

Nue, elle serait,
de la manière la plus complète
frottant son dos et hanches
sur mes draps blancs en lin
tandis qu’elle les imprègne
de ses vers rimés


Zieutant amoureusement
un pot de fleur sur le chevet
où les jasmins fleurissent
pour libérer dans l’hélix percé
de ses oreilles des mouvements
et un fourmillement de sous-entendus


une poésie sans but, parfois même creuse
tente de dépeindre les désirs persistants,
emplis d’excitation et d’anxiété à la fois,
le sang coule sans cesse en moi


et remplit massivement mon cerveau droit
alors que son goût visuel entre dans mes veines
une muse, vivifiante à elle seule,
dont les images adoucissent mon ton
et je me vois la caresser,
les doigts autour du lobe de ses oreilles

- Ilias Lahlou

Spleen hivernal

De toute part assiégée par le blizzard,
Je cherche mon chemin au hasard.
En proie aux flèches de l’obscurité meurtrière,
Oh, qu’elle semble lointaine la Ville Lumière!


Pas après pas, jour après jour
Impossible d’oublier cette divine nuit d’amour.
Comment empêcher, dans le brouillard de janvier,
Que s’échappe la promesse d’une idylle partagée?


Seule une année-lumière nous sépare de la foule en liesse
Mais à quand la prochaine caresse?
Et voilà que les douze coups de minuit ont sonné ;
Oh, que j’aurais aimé posséder le don d’ubiquité!


Comme un cadeau céleste, je te laisse m’enlacer
À présent, c’est certain : j’ai tout inventé.
Et voilà que le carrosse s’est transformé,
Une telle félicité, longtemps je l’ai espérée.


Entre tes doigts, mes cheveux se délectent avec délice
Depuis le pays de l’orignal, des frissons parcourent encore mon clitoris
Il me tarde de recevoir ce baiser
Et si tout n’était qu’un songe d’une nuit d’été?


Oh, impitoyable tempête des souvenirs
Qui sans le génie de Klapisch aura su me faire périr
Toi, qui chaque nuit attise mes insomnies
Dans cet hiver rude où nous consume la nostalgie.


Oui, attendre il me le faut
Car à l’aube du printemps nouveau,
Résonnera le timbre de ta voix
Et à l’oreille nue me chuchotera : non, tu ne rêves pas!

- Adèle Doat

Elle

Sur les pavés du vieux quartier,
humides et luisants,
ce mardi matin d’automne.
Te voici te voila
revenant de loin,
que tu te faufiles entre les colombages.
Accompagnée de ton parfum,
de ta brise jouant avec les odeurs des commerces
voisins
Emmitouflée dans ton épais manteau de douceur
et de ce sentiment d’insouciance :
tu danses.
À la torpeur d’un rayon de soleil,
à l’aube d’une vie innocente,
s’élançant à la tombée de l’asphalte :
tournoyante, vacillante,
d’une chaleur lente,
tu te tords.
Voici qu’un halo de lumière
se perd dans le fond de tes mèches
que le soleil réverbère.

-Jade Lê

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«Parfums étrangers» https://www.delitfrancais.com/2024/01/24/parfums-etrangers/ Wed, 24 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54431 Un poème de Jonas Sultan.

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Ouvre ce carnet, ses pages vierges et douces,
Qui sentent tout ce qui sent bon :
De la rosée de roses en émulsion de mousse,
Aux copeaux de cèdre aux pieds du bûcheron.

Du crayon grossier de l’enfant qui joue,
À la plume tendre du poète de saison,
Que ta prose mérite de se lire debout,
Et se vaille tant de forme que de fond.

Puis, lorsque le génie passe, que la fougue s’enfuit
Quand le soleil remplace la lumière des bougies,
Scelle d’un regard ces vers inachevés
Dans ce grimoire aux parfums étrangers.

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Un espace (pas si) bilingue https://www.delitfrancais.com/2024/01/10/un-espace-pas-si-bilingue/ Wed, 10 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54094 Réflexion d’une personne née au Canada, mais d’une famille hispanophone.

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À chaque fois que je pénétrais dans un magasin, ou que je me rendais en cours à McGill quand j’étais étudiante, il m’était nécessaire d’alterner entre l’anglais et le français, parfois très rapidement. Après plusieurs années, c’est devenu un automatisme, comme les paramètres de langue d’un logiciel. Lors de mes études, je n’avais seulement que quelques minutes de pause entre les réflexions sur le romantisme britannique et les exercices de grammaire normative française. Je marchais d’un local à l’autre, d’un cours à l’autre, d’une langue à l’autre. Lors de mon trajet, je pouvais voir les commerces montréalais autour de moi. Ils avaient de gros titres dans l’une de ces deux langues. Presque tous les restaurants autour de l’Université affichaient sur une fenêtre un menu bilingue. Si je croisais un·e ami·e de l’Université sur mon chemin, je savais à qui parler en français ou en anglais. Il m’était impossible d’ignorer la présence des deux langues officielles à Montréal.

Cependant, je ne peux pas dire la même chose de mon « chez moi ». Après une journée typique remplie de cours, d’essais, de sessions d’étude et d’examens, je rentre dans une tout autre atmosphère linguistique. Je suis chaleureusement accueillie par ma abuela, qui me demande à chaque fois : « ¿Como fue tu día? ¿Tuviste buenas notas? » (Comment a été ta journée ? As-tu eu de bonnes notes?, tdlr) dans son accent chilien. Les conversations à table, tout comme la ville où j’étudiais, sont traversées par un mélange linguistique. Contrairement à moi, ma abuela est plus à l’aise en espagnol, ce qui explique pourquoi mes parents changent d’une langue à une autre à chaque repas. Malgré cela, tout le monde est capable de se comprendre et de continuer la conversation jusqu’à la fin, créant une atmosphère assez unique.

« Les clients parlaient espagnol, et j’ai pu commander des empanadas en espagnol. Je sais que ces moments sont
rares comparés à mes autres interactions à Montréal, et je sais qu’il existe d’autres espaces culturels à Montréal où les gens parlent d’autres langues »

Si je prends un petit moment pour comparer mon espace public et mon espace privé, je crains parfois de vivre une perte linguistique. Le temps consacré à mes études, à mon travail et à mes amitiés prenait de plus en plus d’ampleur au fil du temps, ce qui me laissait parfois peu de moments pour me consacrer à ma famille.

Cependant, je voyais aussi mon père, né en Colombie, et ma mère, née au Chili, devoir utiliser des langues différentes dans leur vie professionnelle et leur vie privée, et cela depuis qu’ils ont immigré au Canada alors qu’ils étaient encore enfants. Ils sont tous les deux capables d’alterner entre l’anglais, le français ou l’espagnol très facilement selon le contexte. Mais, moi je suis née au Canada, et j’ai grandi ici. Je ne suis jamais allée au Chili, et je n’ai visité la Colombie qu’une fois. J’utilise donc davantage le français et l’anglais au quotidien.

Cependant, si je marche un peu plus, et si je porte plus mon attention à l’environnement qui m’entoure, je vois par moment cet aspect linguistique de ma vie privée entrer dans la métropole. Je vais toujours me souvenir du moment où mes parents donnaient des légumes à un petit restaurant latino qui acceptait des donations pour les membres de la communauté ayant peu de ressources. Les clients parlaient espagnol, et j’ai pu commander des empanadas en espagnol. Je sais que ces moments sont rares comparés à mes autres interactions à Montréal, et je sais qu’il existe d’autres espaces culturels à Montréal où les gens parlent d’autres langues. Cependant, dans ce restaurant, je ne voyais plus une juxtaposition d’un espace public et privé divisé par les différences entre les langues officielles et la langue maternelle. C’était comme si ces deux espaces cohabitaient dans ce restaurant. En bref, je voyais cette même alternance de langue que je faisais à l’université. Seulement, ce n’était pas du français à l’anglais ou vice-versa mais dans la même langue que celle parlée chez moi, ce qui différait de mon quotidien lors de mes études et chez moi.

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je suis histoire https://www.delitfrancais.com/2024/01/10/je-suis-histoire/ Wed, 10 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54097 je suis assise à cette table en jadejade comme mon prénomjade comme cette pierre verte plus ou moins ordinairequi me rapproche étrangement de ma culturefaible lien entre la francele viêt namle canadahistoire familiale qui m’est inconnueje cherche à en connaître les détailsmais un voile translucide recouvre ces souvenirsalors que j’écoute les autres rire,parler vietnamien –… Lire la suite »je suis histoire

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je suis assise à cette table en jade
jade comme mon prénom
jade comme cette pierre verte plus ou moins ordinaire
qui me rapproche étrangement de ma culture
faible lien entre la france
le viêt nam
le canada
histoire familiale qui m’est inconnue
je cherche à en connaître les détails
mais un voile translucide recouvre ces souvenirs
alors que j’écoute les autres rire,
parler vietnamien – langue que j’ignore


1975
ma famille quitte saïgon
mon père, le plus jeune, est détaché de ses frères et soeurs
il atterrira en france, accompagné de sa tante
tous les autres arrivent au québec
comme beaucoup d’immigrants,
il ne parle plus que très peu le vietnamien
un désir profond d’intégration se fait sentir
et pour cela
il faut parler la langue
aller à l’école
leur ressembler
oublier d’où on vient

2022
je commence mes études à montréal
assise à cette table en jade
j’observe les visages de ma famille
si peu familiers
nous portons le même nom,
mais je me sens à l’écart
ils rigolent de la façon dont je prononce des
plats en vietnamien
ils rigolent du fait que mon père ne parle que
très rarement
ils rigolent du fait que mes traits ne soient pas
« très asiatiques »
ils ne se moquent pas
ils rigolent
mais je ne peux que me sentir à part
comme si ma présence n’était pas justifiée

assise à cette table en jade
je réalise que je deviens le pont
la liaison
entre la france
le viêt nam
le canada
je trouve ma voix entre les cultures

j’ai beau ne pas leur ressembler,
on partage une histoire
et il est de mon devoir de la partager

comme chacun d’entre nous,
je suis histoire

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Quand l’encre a sêché… https://www.delitfrancais.com/2023/11/22/quand-lencre-a-seche/ Wed, 22 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53737 Fragments de souvenirs d’une inconnue.

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Il existe une pratique délicate qui se perd parfois dans le tumulte numérique de notre ère moderne : l’envoi de cartes postales.

Ces cartes entament un voyage subtil entre l’écriture et la découverte, entre celui qui envoie et celui qui reçoit. L’acte de choisir une carte postale représente une tentative de capturer une parcelle d’émotion, un souvenir, un paysage, qui d’une manière ou d’une autre, raconte une histoire. Les étagères poussiéreuses des boutiques de cartes postales deviennent des fenêtres sur des cultures inconnues, et parfois réconfortantes.

Écrire une carte postale est tout un art : peser ses mots, ceux qui se poseront sur le papier et voyageront jusqu’à leur destinataire. Ce n’est pas une simple transmission d’information, mais une façon de partager une expérience, de tisser un lien entre deux personnes séparées par la distance, en attendant une réponse sans jamais savoir si elle à été livrée, ou perdue.

En recevant une carte postale, les images et les mots se mêlent pour créer un souvenir palpable, cartonné, une connexion physique avec un lieu lointain. Chaque carte postale est une promesse de présence, un morceau de papier qui dit : « Même à des kilomètres, je pense à toi. » La carte en tant que telle importe peu, c’est la valeur sous-jacente de l’attention qui compte, lorsque l’on pourrait aujourd’hui envoyer un message instantané qui se perdrait tout autant dans le flux constant de données. Écrivons, envoyons, recevons.

Margaux Thomas | Le Délit

Celles jamais reçues

C’est ici que j’aimerais mettre en avant des cartes postales qui n’ont jamais été reçues, des souvenirs jamais partagés, et des mots jamais dévoilés, bref, des histoires perdues que j’aimerais que l’on retrouve, dont on se souvienne.

Parmi les cartes postales égarées que j’ai récupérées, certaines ont été envoyées à une mère, un fils, un grand-père ou encore à un amour. Elles ont donné des nouvelles en temps de guerre en Pologne, en Italie, en France, au Québec, aux États-Unis et bien d’autres régions du monde. Parmi elles, il y a ces sept cartes envoyées par « Aunt Mimi » à Miss Hilda Hellmich. Elles datent toutes de 1941 et ont été retrouvées chez un antiquaire à New York, il y a quelques semaines.

En cherchant son nom sur Internet, je suis tombée sur une certaine Emily Hilda Hellmich Hofhine, qui aurait été âgée de 41 ans lorsque ces cartes postales ont été écrites, et qui, comme l’indiquent également les tampons de ses cartes, vient de la ville de Salt Lake City dans l’Utah. Hilda Hellmich aurait eu dix petits-enfants et dix-neuf arrières petits enfants. Elle est décédée en 1981. Aunt Mimi quant à elle, semblerait être plus âgée que Hilda, mais nous ne saurons jamais quel âge elle avait lorsqu’elle a écrit.

Margaux Thomas | Le Délit

La plus ancienne de ces sept cartes date du 25 juin 1941, et la plus récente du 5 novembre 1941. Dans la première carte, Aunt Mimi demande « Comment va maman? Répondez-moi bientôt », et elle continuera d’écrire «Répondez-moi bientôt » ou « Donnez-moi des nouvelles s’il vous plaît » dans toutes les cartes qui suivront. Aunt Mimi s’addressera a Miss Hilda Hellmich, qui, au fur et à mesure des cartes, devient « Hulda, » puis « Helda ». L’envoi de certaines cartes est espacé de seulement deux, parfois cinq jours. Tout cela laisse penser qu’Aunt Mimi a des problèmes de mémoire, et qu’elle n’a peut-être jamais reçu de réponse de la part de cette Hilda. Peut-être que son adresse a changé, sans qu’elle ne soit au courant. Peut-être qu’Hilda, surnommée la « cowgirl » par Aunt Mimi, n’a jamais reçu ces cartes, et c’est pour cela qu’elles se sont retrouvées chez un antiquaire.

Toutes ces questions sans réponses nous laissent libres d’imaginer la vie de ces deux femmes appartenant à une époque passée. Nous laisser toucher du bout des doigts un fragment de vie sans pouvoir le saisir complètement, c’est tout le mystère des cartes postales.

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Moi, Montréal https://www.delitfrancais.com/2023/11/08/poeme-prunela/ Wed, 08 Nov 2023 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=53311 Portrait d’une ville fière.

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Moi, Montréal
J’ai vu des peuples se disputer impitoyablement mes terres.
Ils étaient ou Anglais ou Français et se faisaient la guerre.

Tous ne pensaient qu’à arracher mes racines pour cultiver leurs champs.
Parmi eux figurent encore d’obscurs descendants,
De semeurs de blé aux gestes rythmés par la cadence.
Tous étaient attirés par la fertilité de mes pâturages (Abondances)

Moi, Montréal
J’ai vu des clairières prendre la place de ma forêt abattue.
J’ai vu l’époque où les routes n’étaient que cailloux et terre battue.
J’ai vu l’avènement graduel de tresses ferrées sorties droit des mines,
Où le tramway gagnait le pari de l’audace par sa vitesse,
Transportant à des coûts minimes voyageurs, familles, copains et copines.
Tout ce monde, pourtant, est resté insensible à ma détresse.

Moi, Montréal
J’ai bien su divertir mon grand public, en particulier le cercle de mes intimes.
Avec Maurice Richard, mon acolyte, c’était une reconnaissance unanime,
C’étaient des galas de buts, des visages allumés, la joie d’une absolue pureté,
Les Canadiens de Montréal, mon équipe éponyme, faisait alors toute ma fierté.
Cette équipe, on la porte encore aujourd’hui fièrement dans les cœurs.
Ensemble, soyez donc fiers d’appartenir, comme moi, à la lignée des vainqueurs.

Moi, Montréal
J’ai vu des marées humaines déferler des quatre coins de la planète,
Des guides du coin qui couraient à la rencontre des touristes inquiètes,
S’arrêter net pour contempler mes architectures dans toute leur splendeur,
Ou se questionner devant des réalisations d’une telle grandeur,
D’autres encore tomber en admiration devant chaque détail de mes monuments,
Comme s’ils avaient peur de manquer de cette visite les moindres petits moments.

Moi, Montréal
J’ai donné sans attendre mon tour.
Que dois-je espérer en retour?
Qu’on se soucie de ma vieillesse?
De mon environnement, de ma jeunesse?
Pour ceux et celles qui l’ignorent encore.
Je suis et resterai toujours la ville des records!

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PEUR https://www.delitfrancais.com/2023/10/25/peur/ Wed, 25 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52980 Récit fictionnel et poétique d’une épouvante.

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Je claquai la porte. Pour éviter que le froid qui me glace le sang ne pénètre un peu plus mon âme. La nuit était tombée. Je ne l’avais pas vu venir. Je marchais plus lentement que les secondes qui passent et qui éteignent la ville. Plus lentement que les passants qui trottent les rues, en rêvant de rattraper la trotteuse de leur bureau sombre qui leur vole la vie. Ils sont arrivés avant moi c’est sûr, mon salon en était déjà désespérant. Je fis claquer l’interrupteur, pour allumer mes murs de béton blanc. La citrouille que j’avais achetée la veille flétrissait déjà, je voulais au moins fêter Halloween avec moi. Je me regarderais dans le miroir et nous aurions de quoi avoir peur. La folle du coin. Je me regarderais trop longtemps et mes yeux deviendraient vitreux.

Quelques pas vers la cuisine, une odeur abominable de fin de vie vint brûler mes narines et insulter mon cerveau. Le frigo avait dû rendre l’âme, il se vidait de ses pleurs et des cellules dépérissaient au rythme de la décomposition. J’ouvris la porte de plastique, le frigo allait bien. Le lait tomba de la porte pour écraser mon orteil en signe de mépris. Le frigo était jeune, il le resterait, et je n’avais pas intérêt à le remettre en question. Ou bien il aplatirait ma boite crânienne de tout son poids, libérant les lobes de mon cerveau qui macèrent dans la noirceur de mon existence depuis trop d’années. Cette pensée me procura un frisson, et au même moment, je sentais qu’un souffle froid effleurait mon échine. Un souffle que les émotions, même les plus terribles qui matraquent l’estomac, ne savent imiter. Je me figeai.

Une expiration sourde chuchota au creux de mon oreille. La lumière blanche de mon frigo se jetait toujours dans mes yeux qui ne savaient plus cligner. Et j’avais froid, un pôle nord superficiel se tenait face à moi, ouvert à tout ce que je pouvais crier. Mais rien ne bougeait, si ce n’est le temps qui s’écroulait.

« Le silence se conjuguait à l’obscurité pour enserrer mon cœur, qui parvenait à peine à battre dans l’étreinte de l’angoisse »

J’étais paralysée. De peur. Le froid qui avait violemment tendu mon échine, se déplaça comme une caresse rêche pour émettre la plus subtile et la plus terrible des pressions autour de mon cou. Le souffle chaud qui suçait mon oreille pénétra mon conduit auditif. Et c’en fut trop. Je claquai la porte du frigo avec toute la force de mon épouvante. Fis volte face pour contrer mon cauchemar. Pour faire face au plus effrayant, terrifiant, horrible, immonde, inquiétant, redoutable, des rien. Rien. Si ce n’est mon salon qui me riait à la gueule. Mais je n’osais bouger. Je sentais que derrière mon dos aveugle, plus rien n’était sûr. Je sentais qu’un regard, sans corps peut-être, me scrutait de l’autre côté de la pièce. Un regard souriant, narguant tous les membres qui échappaient à ma surveillance. Je me tournai lentement. Une goutte s’écrasa sur mon crâne. Une goutte qui épousait mon cuir chevelu pour peu à peu dégouliner le long de mon front, caresser l’arrête de mon nez pour s’évanouir sur ma lèvre supérieure et atteindre mes premières papilles. Devant mes yeux, il n’y avait rien. Dans ma bouche, un goût de fer. Le silence se conjuguait à l’obscurité pour enserrer mon cœur, qui parvenait à peine à battre dans l’étreinte de l’angoisse. Je pouvais sentir une ombre se déposer sur mon corps, une légère chaleur mouiller ma nuque. Je la saisis en hurlant et crachai par terre. Il n’y avait rien. Rien toujours. Si ce n’est quelques bruits qui animèrent mes sens.

Dans la ville, la cueillette de sucreries s’achevait, et ma nuit se trouvait dans un néant, loin de toutes les temporalités humaines. Au milieu de mon salon de pierre et de bois, ma chair était prête à fondre sous la poigne de ma peur.

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Besoin d’un corps vide https://www.delitfrancais.com/2023/10/04/besoin-dun-corps-vide/ Wed, 04 Oct 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52696 Quand la finesse devient une obsession.

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Je ne serai jamais aussi vide que je l’ai été. Mon ventre ne sera jamais aussi plat. Mon âme et mon bonheur non plus. Tous, vous me l’avez fait dire :
« Je suis grosse. »
« J’ai une couche en trop. »

Par vos compliments

vos remarques

vos remarques que j’ai prises pour des compliments

Au début, je me laissais couler sur une pente que je pensais bonne
Je perfectionnais mon alimentation et je courais, j’évitais la sensation d’un ventre trop plein

Ce n’est que quand on a commencé à me dire que j’étais fine que j’ai commencé à le voir

que j’ai commencé à l’aimer
qu’une addiction consciente a commencé

mon ego s’est greffé au ventre plat, aux côtes découvertes et à l’espace entre mes cuisses

un idéal que je pensais avoir laissé au passé, avec mon corps prépubère
et à force de faire attention, de restreindre les portions
j’étais tombée dans ce corps nouveau, que je ne voulais plus jamais laisser repartir

me quitter de nouveau pour des pâtes, une cuillère de yaourt ou une demi-banane de trop

je n’ai pas faim

je dois rester fit si je veux pouvoir rester fit
un biscuit en trop et ça recommencera à tourner dans ma tête -

Alors je dois maintenant m’affranchir
arrêter d’adorer cette image passée
réaliser que les choses peuvent être vécues, pensées, faites autrement
et je dois passer par la détestation des images de cet ancien corps vide, adoré par d’autres, ce corps qui ne veut pas mon bien pour apprendre à écouter celui qui me permet d’écrire ces lignes
Je veux combler les creux vicieux de l’addiction

en apprenant à relativiser
qu’il y a bien plus dans ce monde à explorer

que la spirale malsaine de mon imagination.

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Quand l’amour consume https://www.delitfrancais.com/2023/09/27/quand-lamour-consume/ Wed, 27 Sep 2023 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=52529 ton coeur brûle, le mien aussi… T’ouvres le paquetTu frottes la fleur entre tes doigtsTu plies délicatement le cartonTu le déposes sur ta feuilleEt tu roulesDoucementSûrementTa langue glissant sur le rebord du papier Mouvements répétitifs,Routine.Tu es habitué.Plus qu’ à l’allumer etRépéter. Je me suis ditPour moi tu vas arrêter Mais tu as continuéJe me suis… Lire la suite »Quand l’amour consume

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ton coeur brûle, le mien aussi…

T’ouvres le paquet
Tu frottes la fleur entre tes doigts
Tu plies délicatement le carton
Tu le déposes sur ta feuille
Et tu roules
Doucement
Sûrement
Ta langue glissant sur le rebord du papier
Mouvements répétitifs,
Routine.
Tu es habitué.
Plus qu’ à l’allumer et
Répéter.

Je me suis dit
Pour moi tu vas arrêter
Mais tu as continué
Je me suis dit
Au moins diminuer ?
Mais rien n’a changé

Tes yeux éclairés par la seule lumière de la flamme
Celle qui brûle et consume
Qui te vole à moi

Tu te noies dans la fumée
T’échappes à tes pensées
Mais je peine à respirer
Même si je suis prête à tout donner pour t’aider
Rien n’y peut.

Je suis spectatrice de ta propre destruction
Impuissante

Jade Lê

humbert, humbert

Tu te dessines sous la lueur du high noon
Tes jambes brunes partent delà la rambarde
Oh, mais qu’est-ce que tu t’en fous my little loon,
pages au bout des doigts, tu es loin d’être peinarde.

Des mots, tu t’inventes des princes et des gardes
Tu es magicienne, tirée droit d’un cartoon
Les pages défilent et tes tresses renardes,
au vent frémissent comme de vie, ah! je swoon

J’envie fort la paille entre tes roses lèvres
Oh, tu fronderais si tu connaissais ma fièvre
Comment t’aborder sans que tu ne m’haïsses?

Puis, une voix, depuis la coulissante, émerge
Désolant que tu rentres, ma petite vierge
À table ta maman pose son pain de maïs…

Symona Lam

Contributrice

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