Archives des Esprit - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/bienetre/esprit/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 02 Apr 2025 19:18:17 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Nuit blanche : à quel prix? https://www.delitfrancais.com/2025/04/02/nuit-blanche-a-quel-prix/ Wed, 02 Apr 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=58056 Procrastiner au détriment de sa santé.

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E n tant qu’étudiant, il est souvent difficile de trouver le bon équilibre entre la pression académique, un emploi à temps partiel, la vie sociale et du temps pour l’exercice physique. Inévitablement, lors de la mi-session et de la fin de la session, l’une ou plusieurs de ces priorités sont négligées au profit d’autres. Il est impossible d’avoir un équilibre parfait pendant 24 heures, sept jours sur sept, tout au long de 12 semaines de cours en préservant sa santé. Alors, pour beaucoup en quête de la perfection ou tout simplement dans le but d’accorder une importance égale à toutes ces priorités, il leur arrive de faire des nuits blanches afin d’accomplir toutes leurs tâches, notamment académiques.

C’est cool, faire ça?

Le concept d’une nuit blanche à l’université est synonyme de panique. C’est une stratégie qui n’est utilisée que lorsqu’une échéance approche, et que chaque heure de travail est cruciale. Remise à midi, examen à huit heures du matin : dans ces situations, il n’y a pas de temps à gâcher à faire autre chose que se consacrer à atteindre l’objectif, et les seules heures restantes sont celles de la nuit. Lors d’une nuit blanche, la performance devient primordiale, quitte à prendre le dessus sur le sommeil. Les éléments clés sont essentiellement un café ou une boisson énergisante et des collations pour éviter de s’endormir. Le lieu idéal est la bibliothèque – notamment McLennan qui est ouverte 24 heures sur 24 lors des périodes d’examen – ou parfois sa chambre, pour se motiver à remettre son travail et aller dormir le plus vite possible. En théorie, passer la nuit sans dormir avec des amis ne semble pas si horrible que cela ; pour certains c’est même une partie intégrante de l’expérience universitaire. La réalité est qu’avoir eu peu d’heures de sommeil impacte le cerveau, la performance académique et l’humeur des étudiants. Qui est heureux après avoir passé la nuit à avoir écrit un travail final?

Afin d’obtenir un point de vue étudiant sur le phénomène, Le Délit s’est entretenu avec Léa*, étudiante en littérature française, qui a effectué plusieurs nuits blanches lors de ses semestres à l’université. L’étudiante mcgilloise explique que les nuits blanches sont une nécessité pour elle, surtout lors de périodes chargées : « C’est généralement parce que j’ai tellement procrastiné que ça devient ma seule option pour être capable de finir des travaux à temps. » En mettant de l’emphase sur sa propre procrastination, Léa admet que la qualité de ses travaux effectués lors de nuit blanche n’est pas à la hauteur de ceux effectués dans d’autres circonstances. En effet, le manque de sommeil et l’adrénaline associée à la nuit blanche peuvent donner l’illusion que les étudiants réussissent bien sous pression. Cependant, dans ces circonstances, l’état de l’étudiant nuit sans doute à la qualité du travail et à l’attention aux détails normalement effectués par les étudiants. Léa souligne les effets d’une nuit blanche sur sa santé physique et mentale : « Je remarque que je suis plus vulnérable aux situations stressantes, ce qui est normal puisque je n’ai pas dormi. À part cela, je ne me sens généralement pas bien, car j’ingère beaucoup de caféine pour rester éveillée. » Quant à l’idée que faire une nuit blanche est parfois un élément clé de « l’expérience universitaire typique », Léa n’est pas d’accord, car son « expérience universitaire se passe très bien sans avoir à passer 12 heures à la bibliothèque la nuit. »

En général, une nuit blanche est essentiellement due à la procrastination ou à un simple manque de temps pour faire toutes les tâches. Une journée sans sommeil, de nombreuses boissons caféinées et de la concentration à longue durée aboutissent à une combinaison néfaste pour le cerveau et le corps. Il est possible qu’une nuit blanche soit inévitable, mais cela ne fera que diminuer votre qualité de travail, votre productivité et bien-être, rendant difficile de finir sa session en pleine forme. Pensez‑y deux fois la prochaine fois que vous songez à faire une nuit blanche pour rendre un travail scolaire. N’y a‑t-il pas une autre option?

*Nom fictif

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24 heures sans téléphone https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/24-heures-sans-telephone/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57870 L’équipe du Délit relève un défi de taille.

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Q uelques membres de l’équipe du Délit ont relevé un défi de taille : 24 heures sans leur téléphone. Une journée entière sans musique, réseaux sociaux et même sans textos. Génération Z accro à notre téléphone, nous commençons à en avoir marre d’être dépendant d’un accessoire qui ne fait que voler notre temps, qui réduit notre habilité à nous concentrer, et qui augmente notre anxiété. Les règles du jeu étaient simples : déposer son cellulaire dans les locaux du journal, ne pas le récupérer pendant 24 heures et essayer d’utiliser son ordinateur le moins possible pour texter ses amis et sa famille. Alors, comment les participants ont-ils vécu cette trêve?

Les participant·e·s

Layla : Éditrice Bien-être

Juliette : Coordinatrice de la Correction

Béatrice : Éditrice Culture

Vincent : Rédacteur en Chef

Malo : Coordonnateur de la Correction

Jeanne : Éditrice Opinion

Pourquoi?

Le projet est venu d’un remue-méninge de toute l’équipe. Une idée banale s’est transformée en un réel défi. Semaine après semaine, l’équipe mentionnait l’idée de passer un 24h sans son téléphone, mais personne n’avait réellement la motivation de le relever. Obligations, examens, etc. : toutes les excuses étaient bonnes pour repousser la date. Mais pourquoi certains membres de l’équipe voulaient-ils tout de même participer à ce défi? La réponse est simple : nous sommes accros à nos téléphones et nous en sommes conscients. Au sein de nos conversations, la dépendance de notre génération à nos appareils était un fait que personne ne niait. Béatrice voulait se prouver à elle-même qu’elle pouvait passer 24 heures sans son téléphone. Juliette voulait arrêter de compter sur son téléphone pour des choses banales (Maps, Gmail) constamment, sans réel besoin de le faire. Du côté de Vincent, son téléphone était une source constante d’anxiété, donc, pour lui, l’idée de se déconnecter lui paraissait un soulagement possible. Il trouvait que son téléphone et surtout les réseaux sociaux étaient un poids pour lui, notamment la charge mentale nécessaire pour répondre à des textos toute la journée. Pour Jeanne, c’était un simple défi pour se prouver à elle-même qu’elle en était capable. Et pour moi? Toutes ces raisons combinées, car je suis sans cesse sur mon téléphone pour aucune bonne raison, et je rêve de m’en déconnecter sans me sentir démunie.

« La réponse est simple : nous sommes accros à nos téléphones et nous en sommes conscients »

Mais comment va-t-on faire?

Avant même de relever ce défi, plusieurs appréhensions se sont manifestées chez les joueurs. L’appréhension principale : comment vais-je me réveiller à l’heure? Une appréhension banale, mais pertinente. De nos jours, tout se retrouve sur le téléphone : Google Maps, la musique, la carte bancaire. Google Maps était une source d’inquiétude partagée par toute l’équipe, car nous sommes très dépendants de cette application pour nous dépanner dans nos trajets. Sans cela, il faut aller à l’arrêt de bus et attendre sans savoir combien de temps ou planifier son trajet sur son ordinateur en espérant que ni le bus ni le métro soient en retard. Mais ensuite, quel est le pire qui puisse arriver? Attendre 5–10 minutes de plus que d’habitude. Une appréhension qui n’a pas été soulevée, contrairement à ce qu’on aurait pu croire, est celle des réseaux sociaux. Des six membres de l’équipe ayant tenté le défi, personne n’a mentionné avoir peur de manquer quelque chose d’important sur les réseaux. Pour une génération si accro aux réseaux sociaux, il semble donc que cette dépendance soit ancrée dans un simple automatisme plutôt que par pur intérêt pour ces plateformes.

« Pour une génération si accro aux réseaux sociaux, il semble donc que cette dépendance soit ancrée dans un simple automatisme que par pur intérêt pour les plateformes »

24 heures plus tard

Le défi enfin terminé, comment se sent l’équipe? Les participants ont-ils ressenti de l’anxiété sans leur téléphone ou, au contraire, en sont-ils ressorti indifférents? Une impression partagée par l’équipe était celle d’avoir perdu son téléphone. En effet, nous sommes tellement habitués à l’avoir constamment sur nous que, lorsqu’on le cherche dans nos poches et qu’on ne le trouve pas, un sentiment d’anxiété nous envahit. En parallèle, nous avons aussi ressenti une impression de liberté après quelques heures sans téléphone. Ne pas avoir de téléphone, c’est aussi synonyme d’être déconnecté du reste du monde et de vivre dans le moment présent. Vincent en témoigne : « Quand on n’a pas de téléphone, on se libère de cette charge mentale liée aux textos, car on ne peut tout simplement pas y répondre. Ça m’a fait énormément de bien. C’était très agréable, car le soir, tu peux vraiment profiter de l’instant présent. » J’ai moi aussi trouvé que, sans téléphone, le temps semblait passer plus lentement. En tant que génération hyperconnectée, nous ne nous laissons pas le temps de nous ennuyer. Il y a beaucoup de plateformes de divertissements pour échapper à l’ennui. Sans téléphone, je n’avais pas le choix de vivre l’ennui, et même si c’était inconfortable, j’ai aimé l’expérience, car l’ennui nous permet d’apprécier les moments palpitants de la vie et de faire autres choses. Pour Béatrice, au contraire, le fait de ne pas avoir son téléphone était surtout anxiogène : « Étant donné que cela ne durait que 24 heures, c’était plutôt l’inverse : j’étais stressée de ne pas l’avoir, car je me disais que, bientôt, je le retrouverais et que j’aurais beaucoup de messages auxquels répondre. » Cela témoigne que ce défi a soulevé des expériences uniques pour chacun. Pour Jeanne et Malo, le défi n’a pas été très difficile, seuls les sentiments de chercher son téléphone ou de vouloir écouter de la musique se sont manifestés occasionnellement.

Alors, on refait ça?

Conclusion : tout le monde a aimé ce défi et serait prêt à le refaire pour une plus longue durée. L’expérience m’a révélé que j’étais accro à mon téléphone tout simplement parce que j’y avais toujours accès, mais que, sans celui-ci, je suis moins distraite et j’apprécie plus les petits moments. De même pour Béatrice, qui aimerait faire un été sans réseaux sociaux, pour en avoir l’expérience la plus complète possible. Pour Juliette, ce défi lui a montré qu’elle dépend beaucoup trop de son téléphone lors de moments où elle n’en a pas besoin, par simple automatisme. Vincent a adoré le défi, mais souligne que c’est la courte durée de que 24 heures qui l’a rendu à la fois intéressant et excitant. Il justifie la facilité du défi par sa planification : texter les copains avant, planifier ses remises, ses sorties. Malgré tout cela, Vincent aimerait aussi faire ce défi pour une durée indéterminée, sans organisation, afin de voir les réelles répercussions d’une vie déconnectée. Pour Malo, le défi ne s’est pas avéré difficile, ça ne faisait pas vraiment changement de son quotidien. Finalement, pour Jeanne, ce défi lui a permis d’être plus consciente de l’utilisation de son téléphone à des fins pratiques, pas par simple automatisme pour combler l’ennui. Alors, on se revoit la session prochaine pour une semaine sans téléphone?

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Manie ou TOC? https://www.delitfrancais.com/2025/03/26/manie-ou-toc/ Wed, 26 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57941 Comprendre les troubles obsessionnels compulsifs pour moins les subir.

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La vie d’un étudiant est loin d’être de tout repos. Les sources d’anxiété sont aussi nombreuses que les tâches à accomplir et chacun adopte ses propres stratégies pour y faire face. Si certains préfèrent la méditation et le yoga, d’autres se rassurent grâce à leur routine et à certaines manies. Néanmoins, il arrive que nos habitudes deviennent envahissantes, au point d’être chronophages et d’alourdir notre charge mentale plutôt que la soulager. Vérifier une dizaine de fois que son réveil est bien programmé, s’assurer une fois, puis trois fois, que le four est bien éteint… À partir de quel moment peut-on parler de troubles obsessionnels compulsifs (TOC)?

Catherine Courtois-Ouellet, psychologue spécialisée en TOC à l’Institut Allan Memorial du Centre Universitaire de Santé de McGill (CUSM) démystifie ce problème de santé mentale et explique en quoi il se différencie d’une simple manie.

Obsessions et compulsions

Selon la psychologue, les TOCs se manifestent par la présence d’obsessions ou de compulsions, même si en général les deux vont de pair. Les obsessions sont « des pensées intrusives qui surviennent à notre esprit alors qu’on ne souhaite pas les avoir » et se traduisent souvent en doutes. Elle donne un exemple : « Est-ce que j’ai touché quelque chose qui était contaminé? ». Ces obsessions peuvent aussi se présenter sous la forme « d’images récurrentes et intrusives » qui s’imposent à l’esprit.

Les compulsions sont « des comportements répétitifs qui visent à évincer les obsessions et réduire la détresse qu’elles provoquent ». Elles agissent ainsi comme mécanisme de protection : « Par exemple, on peut se laver les mains à répétition pour s’assurer de ne pas être contaminé ou de ne pas contaminer les autres. » Ces compulsions ne sont pas toujours visibles. Elles peuvent également se faire mentalement, comme lorsqu’une personne « répète une série de chiffres pour empêcher qu’un malheur ne survienne aux gens qu’elle aime » ou lorsque l’« on se remémore le déroulement des évènements de la journée pour s’assurer que tout est sans risque ». Contrairement aux manies, à savoir des habitudes anodines, les TOCs peuvent avoir des répercussions graves sur ceux qui en souffrent. Si beaucoup trouvent du réconfort dans des rituels sans grande incidence sur leur quotidien, sommes-nous tous susceptibles de développer des TOCs aux conséquences plus néfastes?

Un problème de croyance

La psychologue explique que les symptômes du TOC se présentent sur un spectre et présentent différents degrés de sévérité. La pensée superstitieuse peut ainsi être une tendance moins sévère de TOC. Plus le TOC prend de la place dans notre vie, plus il est sérieux. « Pour être capable de poser un diagnostic de troubles obsessionnels compulsifs, il faut que les obsessions, les compulsions, prennent au moins une heure dans la journée de la personne, créent une interférence importante dans son fonctionnement ou entraînent une détresse significative », précise la psychologue.

D’après elle, un mélange de facteurs mène à l’apparition d’un TOC, même si les causes ne sont pas encore bien connues. D’un côté, il y a un aspect génétique et neurobiologique inhérent à la personne, de l’autre, des facteurs extrinsèques peuvent exacerber une fragilité préexistante à la suite d’événements de vie angoissants : la perte d’un être cher, la transition de l’adolescence à l’âge adulte… Cela explique pourquoi l’âge typique d’apparition d’un TOC est 19 ans, au début de l’âge adulte. Étant fortement influencé par le contexte, le TOC ne relève pas d’un trouble de la personnalité, mais est plutôt associé à un problème de croyance : « la personne avec le TOC fait trop confiance à son imaginaire, à défaut de faire confiance à son bon sens et à la réalité. »

Reprendre le contrôle

Vivre avec des TOCs sévères peut devenir très contraignant au quotidien. « Peut-être que le TOC va pousser la personne à ne plus vouloir quitter son domicile, ou à s’isoler pour différentes raisons », illustre la psychologue. La personne atteinte de TOC peut même éviter la présence de certaines personnes ou situations qui sont liées à ses obsessions, de peur de causer du tort. Cela peut limiter les choix en matière d’emploi ou dans la sphère privée, ainsi que rendre plus difficile l’entrée dans une relation amoureuse. Mais alors, est-il possible d’atténuer les conséquences négatives des TOCs?

« La personne avec le TOC fait trop confiance à son imaginaire, à défaut de faire confiance à son bon sens et à la réalité »

Catherine Courtois-Ouellet, psychologue

« Les compulsions sont une illusion de contrôle parce qu’elles reflètent des comportements qui n’ont pas d’incidence réelle », observe la psychologue. Finalement, elles représentent une perte de temps et amènent le TOC à avoir le contrôle sur nous. Toutefois, il est possible de retrouver notre liberté d’action via différentes thérapies. L’une d’entre elles, nommée la thérapie d’exposition et de prévention de la réponse (EPR), consiste à s’exposer à nos peurs sans faire les compulsions. Il s’agit donc d’apprendre à tolérer les situations qui donnent naissance à nos obsessions ainsi que l’anxiété qui en découle. L’ajout de notions issues de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) à l’EPR peut enrichir cette approche en aidant la personne à développer une nouvelle relation avec ses pensées intrusives et ses émotions difficiles. Plutôt que de lutter contre les obsessions ou de chercher à réduire l’anxiété à tout prix, l’ACT encourage à reconnaître ces expériences comme passagères et à rediriger l’énergie vers des actions alignées avec ses valeurs. Une autre approche complémentaire, la thérapie cognitive comportementale basée sur les inférences (TCC‑I), se concentre sur la manière dont les obsessions émergent, en mettant l’accent sur les processus de raisonnement plutôt que sur l’anxiété. Selon cette approche, les obsessions ne proviennent pas d’une hyperactivation de l’anxiété, mais plutôt d’une confusion entre imagination et réalité. La TCC‑I aide ainsi le patient à remettre en question les inférences erronées à l’origine de ses obsessions et à reconstruire une perception des situations redoutées qui est plus juste et ancrée dans l’ici et maintenant.

Bien qu’il soit possible que le TOC ne disparaisse pas entièrement pour certains, il peut perdre de son emprise et devenir plus gérable au quotidien, jusqu’à s’apparenter davantage à une habitude intrusive ou à une fragilité plutôt qu’à une source majeure de détresse.

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La barrière de la langue https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/la-barriere-de-la-langue/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57740 Quand participer est source d’anxiété.

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S ’il y a une chose dont j’ai toujours été fière pendant mes années de collège et de lycée, c’est ma participation spontanée et régulière en cours. Telle Hermione Granger, à chaque question d’un professeur, je brandissais mon doigt le plus haut possible, parfois même incapable d’attendre d’être interrogée pour donner la bonne réponse. On ne peut pas dire que ce soit encore le cas dans mes cours à McGill. Désormais, la note de participation, au lieu d’être un bonus, est devenue un véritable frein à ma note finale. Que s’est-il donc passé? Je sais que j’ai beaucoup changé ces dernières années, mais je me sens aujourd’hui bien plus sociable que je ne l’étais auparavant. Le niveau d’excellence à McGill m’intimiderait-il au point de me faire renoncer à prendre la parole en public? À vrai dire, il me semble que le principal obstacle à ma participation est la barrière de la langue.

Et si on ne comprenait pas ce que je disais? Ou que mon accent était si ridicule que l’on se moque de moi? Pour ne pas prendre de risque, mieux vaut ne pas prendre la parole, de toute façon un anglophone saura exprimer mon idée bien mieux que je ne pourrais jamais le faire. Voilà le raisonnement derrière mon silence auto-imposé. En discutant avec des étudiants francophones, je me suis vite rendue compte que je n’étais pas la seule à avoir ce sentiment.

Syndrome de l’imposteur

« C’est un peu mon échec de McGill de ne pas réussir à participer », admet Zoé, étudiante française à McGill. Selon elle, sa réticence à prendre la parole en anglais a déjà influencé sa note de participation : « En première année, je n’osais jamais m’exprimer en conférence. » Elle décrit avoir ressenti le syndrome de l’imposteur : « Ce n’était pas que l’anglais, mais aussi le fait d’être plus timide et d’avoir l’impression que je n’avais pas quelque chose de très intéressant à dire. » Chloé, également étudiante française, confie qu’elle avait « peur que les professeurs ne comprennent pas ce qu’ [elle] dise, la forçant à répéter devant tout le monde, provoquant ainsi une situation gênante ». L’appréhension de la langue amplifie l’anxiété provoquée par la mise à nue volontaire lorsque l’on prend la parole en public. Chloé explique que la crainte de ne pas se faire comprendre « était aussi accompagnée d’une peur de dire quelque chose de faux ».

« L’appréhension de la langue amplifie l’anxiété provoquée par la mise à nue volontaire lorsque l’on prend la parole en public »

Une stratégie pour donner la réponse la plus claire possible, est de préparer ses phrases en anglais à l’avance dans sa tête, mais cela prend parfois du temps. Selon Zoé, son incapacité à participer n’était pas due à l’appréhension des moqueries que pourraient susciter son accent, mais au manque de temps pour comprendre les questions et y réfléchir : « Je ne levais pas la main assez vite. Le temps que je trouve l’information dans mes notes et que je sache quoi dire, il était déjà trop tard. » Pour Maïa, étudiante luxembourgeoise, l’accent non plus n’est pas un obstacle : « C’est quand même un environnement où l’anglais n’est pas la première langue de beaucoup de personnes et je n’ai donc pas peur de me faire juger. » Néanmoins, elle admet que le manque de maîtrise de la langue limite sa participation, car cela l’empêche de trouver les mots pour exprimer ses pensées clairement et la fait bégayer. Ainsi, comme en témoigne Maïa, la note de participation pour une francophone est « un défi et n’est pas un A facile ».

En tête-à-tête

Au-delà de la barrière de la langue, l’intimidation causée par un grand groupe contribue à renforcer la peur de prendre la parole lors des conférences ou dans un cours magistral en amphithéâtre. En présence de 400 élèves, ou d’une trentaine pour certaines conférences, il est difficile de se forcer à participer. Zoé est partie en échange à Édimbourg le semestre dernier, ce qui lui a permis de se débloquer. « On était dans de beaucoup plus petits groupes et j’ai davantage pris la parole en public. J’ai dû faire pas mal de présentations et des travaux de groupe », raconte-t-elle. Ainsi, réduire l’effectif des conférences et des classes pourrait faciliter la participation des élèves non-anglophones à McGill.

Une autre manière de participer est de se rendre aux heures de bureau des professeurs pour leur poser des questions seul à seul ou soumettre ses idées dans un contexte plus privé. Gabrielle, étudiante québécoise, a l’habitude d’aller voir le professeur à la fin du cours pour compenser son manque de participation et qu’il se souvienne mieux d’elle. Zoé, quant à elle, n’a aucun problème à rencontrer individuellement les professeurs ou les auxiliaires d’enseignement (TA). Néanmoins, elle exprime sa frustration de ne pas toujours réussir à retranscrire ce qu’elle veut dire en anglais quand ses idées ne sont déjà pas claires dans son esprit. C’est pourquoi, « quand les TA et les professeurs sont francophones, je suis moins anxieuse d’aller les voir, et je suis plus à l’aise, car je peux leur parler en français ».

J’ai toujours trouvé les rencontres individuelles avec les professeurs encore plus anxiogènes qu’une salle de classe et j’ai toujours été terrorisée à l’idée de me rendre aux heures de bureau de mes professeurs. Maïa partage la même crainte et en attribue la responsabilité à sa timidité. Elle remarque toutefois qu’« il y a beaucoup de professeurs dont l’anglais n’est pas la première langue », il n’y a donc pas de honte à avoir un accent prononcé.

Prendre confiance

Ayant conscience de l’irrationalité de sa peur, Gabrielle reconnaît tout de même qu’il lui faut « prendre son courage à deux mains pour y aller la première fois sachant que le premier contact est toujours le plus bizarre ». Au fur et à mesure de ses rencontres avec les professeurs, elle prend davantage confiance en elle et est plus à l’aise à s’exprimer en anglais.

Une chose est sûre, cela ne fait que s’améliorer avec le temps, bien qu’on ait tous besoin de différents temps d’adaptation. Si en première année Zoé connaissait le syndrome de l’imposteur, alors qu’elle s’apprête à graduer, elle se sent pleinement appartenir à la communauté mcgilloise. D’ailleurs, elle s’est rendue compte que souvent dans les conférences, les étudiants prennent la parole pour ne pas dire grand chose, mais obtiennent quand même leurs points de participation. Il n’y a donc rien à perdre à essayer, mais au contraire tout à gagner.

« J’ai toujours essayé de me faire violence pour surmonter ma peur », affirme Chloé. Elle explique qu’aujourd’hui, elle a pris confiance en son niveau académique et se sent beaucoup plus à l’aise avec l’anglais, notamment grâce à la pratique de la langue dans des contextes informels. Habitant avec des colocataires américaines et canadiennes depuis deux ans, je m’identifie à son vécu. Zoé souligne par exemple l’aide que lui ont apporté les expériences qu’elle a eues en dehors des cours en tant que bénévole à la Radio CKUT et à Model UN pour améliorer son anglais parlé.

« J’ai toujours essayé de me faire violence pour surmonter ma peur »

Chloé, étudiante française à McGill

Ces dernières années, certains cours ont lancé de nouvelles initiatives pour faciliter l’intégration des élèves francophones à l’enseignement en anglais à McGill.

Le cours d’introduction aux relations internationales en science politique (POLI 244) offrait par exemple une section en français enseignée par Vincent Pouliot. Chloé, qui a pris le cours lors de son premier semestre à McGill, en souligne les avantages : « Le fait de prendre un cours sur cinq en français m’a sûrement aidée à davantage concentrer mon attention sur la compréhension des quatre autres. Je pense que c’était vraiment une bonne initiative ». Il arrive aussi parfois que certaines conférences soient offertes en français, ce qui peut faciliter la participation en laissant le temps de s’adapter à l’anglais comme langue académique.

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Le Ramadan : un mois de foi et de communauté https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/le-ramadan-un-mois-de-foi-et-de-communaute/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57777 Démystifier le ramadan à travers le point de vue étudiant.

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La semaine de la francophonie célèbre la culture, le savoir et le partage. Le français, en tant que langue, est gage d’unité à l’international. Pour certains, comme les musulmans francophones, la francophonie représente une facette importante de leur identité. Ceux-ci mélangent au quotidien langue, culture et religion. Cette double identité prend un sens particulier en période de Ramadan, un moment sacré pour les musulmans. Ce mois, qui a débuté le 1er mars, représente une opportunité pour les individus de rééquilibrer la foi dans leurs vies, et de prendre du temps pour eux. Pour certains, le Ramadan se résume au jeûne : ne pas manger ou boire (oui, même de l’eau) du lever du soleil (sahur) jusqu’au coucher du soleil (maghrib). Évidemment, le jeûne est un élément important de ce mois, mais plusieurs autres coutumes s’y ajoutent.

Qu’est ce que le Ramadan?

Le Ramadan est le neuvième mois du calendrier islamique et est considéré comme l’un des mois les plus saints de l’année. Chaque année, la date de début du ramadan recule de 10 jours, donc en 2024, le mois spirituel a débuté le 10 mars. Ce décalage annuel crée donc une grande variation entre les heures de jeunes en été ou en hiver. En été, le jeûne peut durer plus de 19h, tandis que cette année, le jeûne est d’environ 13h. C’est pour cela que vous entendez parfois dire que le Ramadan est plus « facile » en hiver ou au début du printemps, car les journées sont courtes et plus faciles à gérer avec le travail et l’école.

Le Ramadan est une occasion pour les musulmans de se concentrer sur leur foi, d’accomplir les cinq prières quotidiennes, de réfléchir profondément et de renforcer les liens au sein de la communauté. Il est également habituel pour les musulmans de se rendre à la mosquée chaque soir pendant le Ramadan pour prier le Taraweeh, une prière non obligatoire qui se déroule en fin de soirée et qui réunit les croyants chaque nuit du mois. Lors d’une journée typique de jeûne, la tradition veut que ce dernier soit rompu avec des dattes lors de l’iftar, un terme en arabe qui signifie littéralement « rompre le jeûne ». Ces soupers regroupent quotidiennement des membres d’une famille, des amis, et même des voisins. L’iftar est un bon exemple de la dimension communautaire qui prévaut lors du Ramadan. L’entraide est également encouragée tout au long du mois, avec plusieurs initiatives organisées, souvent sous la forme d’iftars. Ces événements sont mis en place à des fins caritatives par des organisations afin de lever des fonds pour des causes nobles, ou par des associations étudiantes pour rassembler les étudiants qui passent le ramadan loin de leurs proches. Mais alors, comment détermine-t-on les échéances du mois saint? La date officielle de la fin du Ramadan est déterminée lors du premier aperçu du croissant lunaire, après 29 ou 30 jours dépendamment de l’année. Pour marquer la fin du mois de jeûne, les célébrations de l’Eid alFitr, commencent. Les célébrations traditionnelles incluent la prière à la mosquée, les retrouvailles familiales autour de pâtisseries et de café, ainsi que le port de beaux vêtements pour marquer la fin de ce mois.

Chez les étudiants

Le Délit s’est entretenu avec deux étudiantes de McGill, Myriam et Maya, pour partager leurs expériences lors du Ramadan, leurs impressions sur les attentes de ce mois sacré, la relation avec la spiritualité et la conciliation de la foi et des obligations universitaires.

En évoquant la signification de ce mois, Maya le décrit comme une occasion de se détendre, de reconnecter avec sa foi et sa famille, et de continuer à travailler sur soimême. Elle contraste aussi ce mois avec la dimension communautaire qu’il favorise, soulignant que, selon elle, «le Ramadan devient une affirmation silencieuse, mais puissante : celle de notre identité, de notre lien avec Dieu et de notre appartenance à une communauté qui, même dispersée, partage la même foi et les mêmes épreuves ». Il y a aussi la réalité de concilier les attentes de ce mois, tant sur le plan spirituel que religieux, avec les obligations professionnelles et scolaires. Les deux étudiantes reconnaissent que, en raison du jeûne, ce mois entraîne des périodes de fatigue, et elles soulignent qu’une bonne organisation est cruciale pour maintenir la réussite scolaire. Depuis plus de sept ans, le Ramadan coïncide avec les examens finaux, que ce soit au secondaire, au cégep ou à l’université, ce qui représente une véritable épreuve pour les étudiants musulmans. Maya affirme : « Le Ramadan n’est pas une épreuve insurmontable ou incroyablement difficile, même en tant qu’étudiante. » Elle fait allusion aux autres obligations spirituelles du Ramadan, car, pour elle, « le vrai défi, c’est de se rapprocher de sa foi et de préserver une bonne intention dans ses paroles et ses actions, même dans les moments de fatigue». Elle ajoute que, contrairement à ce que certains pourraient penser, elle a obtenu ses meilleurs résultats académiques pendant cette période, attribuant sa réussite à une clarté mentale accrue et à l’absence de distractions. Maya souligne aussi la flexibilité des professeurs durant ce mois : « J’ai aussi eu la chance de travailler dans des environnements où l’on respectait mon jeûne, en me permettant d’adapter mes horaires pour mieux équilibrer ramadan et travail ». Myriam abonde en ce sens, précisant qu’elle se sent beaucoup plus productive le matin, car, selon elle, « la gestion de l’énergie devient essentielle : il faut optimiser les heures de productivité en fonction des moments où l’on se sent le plus en forme ».

La dimension communautaire du Ramadan est également bien connue. Les repas partagés, l’échange de pâtisseries avec les voisins, et d’autres gestes de solidarité sont autant d’images associées à ce mois sacré. Maya témoigne de la beauté de cet aspect communautaire, en soulignant son importance particulière dans un cadre familial : « Quand arrive le Ramadan, tout change. On réorganise nos journées, on fait un effort conscient pour se retrouver, cultiver notre religion, s’asseoir ensemble à la table de l’iftar, et partager un moment qui va bien au-delà du simple repas. » Elle évoque aussi le sentiment d’appartenance que ce mois lui procure au sein de sa communauté. En tant qu’étudiante, Maya souligne que l’idéal du Ramadan et la réalité peuvent parfois diverger, notamment en raison de la charge de travail et du rythme effréné de la vie étudiante. Pour Maya, l’essence du Ramadan reste avant tout dans l’intention : « Que ce soit à travers un simple message pour souhaiter un bon iftar, un appel à un proche qu’on n’a pas vu depuis longtemps, ou un repas improvisé avec des amis, ce qui compte, c’est l’intention. » Myriam rejoint Maya sur ce point, car elle estime que la dimension communautaire du Ramadan est aussi importante que la foi elle-même. Selon elle, ce mois est crucial, car « nous nous soutenons dans notre cheminement spirituel en allant à la mosquée après les repas. De plus, se rassembler nous permet de recréer une ambiance conviviale qui nous rappelle nos villes natales et nos racines ».

Le Ramadan est un mois sacré, tant sur le plan spirituel que communautaire, pour les 5 % de Canadiens de confession musulmane. En tant qu’étudiant, il est essentiel de concilier ce mois de recueillement avec les exigences académiques et professionnelles. Il est donc évident qu’au fil des années et des expériences, les étudiants développent leurs propres stratégies pour vivre pleinement ce mois tout en respectant leurs obligations. Ramadan Moubarak à tous ceux qui le célèbrent!

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Concours d’écriture de chroniques journalistiques https://www.delitfrancais.com/2025/03/19/concours-decriture-de-chroniques-journalistiques-3/ Wed, 19 Mar 2025 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57797 Cette semaine, Le Délit vous présente le fruit de la troisième édition de son projet collaboratif avec le Centre d’enseignement du français à McGill (CEF). Dans le cadre du cours « FRSL 449 : Le français des médias », les étudiant·e·s en apprentissage du français comme langue seconde ont été invité·e·s à soumettre des chroniques… Lire la suite »Concours d’écriture de chroniques journalistiques

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Cette semaine, Le Délit vous présente le fruit de la troisième édition de son projet collaboratif avec le Centre d’enseignement du français à McGill (CEF). Dans le cadre du cours « FRSL 449 : Le français des médias », les étudiant·e·s en apprentissage du français comme langue seconde ont été invité·e·s à soumettre des chroniques au sein de la section Bien-être. Les textes ont en commun d’explorer les thèmes de la santé physique et mentale, ainsi que ce qui influence leur quotidien en tant qu’étudiant·e·s à McGill. Ces textes, préalablement révisés dans un contexte de cours par la professeure Élisabeth Veilleux, ont par la suite été sélectionnés pour être publiés dans Le Délit. Nous vous présentons notre sélection des deux chroniques qui nous ont le plus marqué.

Une page par jour
Les bénéfices d’écrire dans un journal intime en tant qu’étudiant·e·s
Jade Thomas, Contributrice

Vous rappelez-vous de ce que vous avez fait le 1er janvier 2020? Pour beaucoup, ce jour marquait le début d’une nouvelle décennie. Mais, pour moi, il signifiait encore plus. En effet, ce fut le jour où j’ai écrit la première page de mon journal intime. Je voulais ancrer l’occasion spéciale du commencement des années 2020, alors je me suis emparée d’un stylo pour noter ce que j’ai fait ce 1er janvier. Je me disais qu’une ou plusieurs années plus tard je pourrais ainsi relire la page et me rappeler ce point important de mon adolescence. Aujourd’hui, j’ai 12 journaux remplis, soit plus de 2 000 pages couvertes de mes pensées et aventures! Curieusement, au fil du temps, mon objectif d’écriture a évolué d’une simple description de ma journée à une réelle réflexion. Mon journal est devenu une manière de me libérer à la fin de chaque longue journée.

L’idée d’écrire dans un journal intime évoque souvent le stéréotype d’une petite fille rêvant de son amoureux. Pourtant, en tant qu’être humain, chacun·e est capable de ressentir des émotions fortes et puissantes. Nous portons indéniablement des pensées plus lourdes et compliquées que toute autre espèce. Ainsi, avoir un endroit sécurisé pour déposer ce poids est indispensable et, selon James Pennebacker – chercheur et psychologue renommé – la page blanche d’un journal intime est un lieu parfait pour démêler nos sentiments.

À l’instar du psychologue Daryl Bem, je suis d’avis que nous en apprenons beaucoup sur nous-mêmes en observant nos propres actions, émotions et décisions. Cet apprentissage contribue à un gain de connaissance de soi-même qui peut affecter profondément notre vie. Connaître ses valeurs personnelles mène à être plus efficace au travail, dans les relations interpersonnelles et dans les projets créatifs. Ainsi, en comprenant mieux nos procédés cognitifs, nous devenons plus investi·e·s, de manière positive et constructive, dans notre vie quotidienne.

En tant qu’étudiante, prendre un peu de temps chaque jour pour noter mes expériences et pensées m’aide surtout à gérer mon stress. Pendant la semaine, le travail s’accumule et, comme vous tous·tes, je sens de temps en temps qu’un devoir est impossible à compléter. Or, dès que je remplis une autre page dans mon journal, j’ai une impression de contrôle et une nouvelle perspective sur ce qui se passe dans ma vie. D’ailleurs, cette impression n’existe pas seulement dans ma tête. En effet, d’après le psychologue David Lieberman, l’activité dans notre complexe amygdalien (région de notre cerveau associée aux sentiments comme la peur et l’inquiétude) se calme lorsqu’on écrit dans un journal. Si nous ne prenons pas le temps de reconnaître notre stress et nos sentiments troublants, ils risquent de sortir par la porte et de revenir par la fenêtre!

Pour conclure, tenir un journal comme étudiant·e est un acte simple pour chacun, mais s’avère extrêmement puissant. À travers les mots écrits, on démêle nos sentiments, on apprend à mieux se connaître, on gère notre stress et, en somme, on garde une trace de notre développement personnel. Alors, qu’attendez-vous pour vous jeter à l’encre? Allez chercher un stylo et du papier et voyez ce que vous pouvez apprendre sur vous-mêmes!

Toscane Ralaimongo | Le Délit

Une soirée ciné : À vivre une fois par semaine
Charlotte Livingston, Contributrice

Cela fait maintenant un an que je dédie mes mardis soirs aux sorties cinéma. L’idée d’aller regarder un film sur grand écran n’est pas révolutionnaire. Nous avons toutes et tous déjà passé des soirées au cinéma. Peut-être entre amis pour profiter d’un programme double de Barbenheimer ou lors d’un premier rendez-vous en allant voir Challengers. Depuis mon arrivée à McGill, j’ai vu plus de 30 films. Plusieurs m’ont impressionnée, certains m’ont émue aux larmes, d’autres m’ont déçue. Pourtant, ce n’est pas (juste) parce que je suis cinéphile que j’y vais autant. Pour moi, ces soirées sont devenues plus que de simples moments de divertissement : elles sont devenues une manière de stabiliser ma santé mentale en m’offrant un moyen de déstresser et de faire partie d’une communauté.

En octobre dernier, alors que je venais de commencer ma deu-xième année à McGill, j’ai vécu une période de stress intense. Je naviguais à travers de multiples sources d’angoisses : les notes, les amitiés et mon avenir en général. À l’époque, je me suis retrouvée complètement bloquée par ce stress quotidien. Je ne suis néanmoins pas la seule à vivre de telles périodes : selon une étude réalisée par l’Université de Sherbrooke, environ 40% des étudiants universitaires ont des sentiments d’angoisse et de solitude plus élevés qu’avant d’arriver à université. De plus, cette statistique augmente chaque année.

Un jour, après avoir appris que les billets ne coûtaient que 8$ le mardi, une amie m’a proposé d’aller regarder le film Past Lives au Cinéma du Parc. Je me souviens à quel point le film m’avait captivée et la sensation d’être apaisée que j’ai éprouvé après la séance. Je me suis sentie libérée du stress et de l’anxiété de ma journée.

La semaine suivante, j’ai donc proposé à mon amie d’y retourner. C’est ainsi qu’aller au cinéma est devenu une nouvelle habitude. Durant les mois suivants, on a découvert une nouvelle communauté : celle des habitués du Cinéma du Parc. Pendant l’entracte de The Brutalist, réalisé par Brady Corbet, on a par exemple rencontré des étudiants de l’Université de Montréal, avec qui on a pu sympathiser et discuter du film. C’est avec eux que j’ai pu, la semaine suivante, débattre du film Queer sur le chemin du retour du cinéma. Ainsi, c’est à travers ces courtes – mais passionnantes – discussions inspirées par les films, que j’ai ressenti ce sentiment de communauté, et que nous en sommes devenues des membres.

Aujourd’hui, avoir cette pause de stress et voir ce groupe régulièrement m’aide à éviter de rester bloquée dans des situations de stress et d’anxiété interminables, comme je le faisais quelques mois plus tôt. Je ne souhaite pas donner l’impression qu’aller au cinéma est la solution pour vaincre tous les sentiments de solitude et de stress en tant qu’étudiante. À mon avis, cette échappatoire et ce sentiment de communauté que le Cinéma du Parc m’apporte peut se retrouver dans n’importe quel passe-temps. Alors je t’encourage, toi aussi, à trouver ton Cinéma du Parc!

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Un rêve éveillé? https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/un-reve-eveille/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57595 Ce que les rêves peuvent nous apprendre sur nous-mêmes.

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A vez-vous déjà essayé de tenir un journal de rêve? Cela consiste, chaque matin, au réveil, à retranscrire sur papier les aventures et péripéties mentales qui nous sont arrivées au cours de notre sommeil. C’est un véritable effort cognitif que de se remémorer les images qu’a produites notre esprit pendant la nuit et ainsi reformer le casse-tête de nos rêves. Il s’agit de reconstituer une histoire sans queue ni tête et de comprendre comment on est passé d’une traversée du désert à dos de chameau, à une salle d’examen face à une copie blanche avant de se réveiller en sursaut. Mais pour s’initier à cet exercice, encore faut-il se souvenir de ses rêves, ce qui n’est pas toujours chose facile.

Je me suis entretenue avec le professeur Roger Godbout, professeur émérite au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, spécialiste du sommeil, afin de démystifier les rêves et de comprendre ce qu’ils révèlent sur notre santé mentale.

Théories des rêves

Selon le professeur, les rêves désignent « toute activité mentale qui a lieu pendant qu’on dort ». Aussi se distinguent-ils des rêveries et pensées floues que l’on peut avoir à l’état d’éveil. « Si tout le monde rêve, ce n’est pas tout le monde qui s’en rappelle », explique-t-il. En général, environ « un tiers des gens vont dire qu’ils rêvent fréquemment, un autre tiers qu’ils rêvent plus ou moins régulièrement, et un dernier tiers va déclarer ne jamais rêver ou très rarement ». Alors pourquoi certains se souviennent-ils mieux de leurs rêves que d’autres?

Le professeur Roger Godbout explique qu’il existe deux écoles de pensée par rapport aux rêves. Selon la pensée freudienne, les rêves permettent de laisser passer les messages de notre inconscient vers le conscient à travers un filtre, qui masque nos pulsions inavouables en les déguisant sous la forme de symboles. Si certains se rappellent moins leurs rêves, c’est que les mécanismes de défense psychologique qui censurent les messages de l’inconscient sont très présents. Dans les années 1970, les psychiatres Allan Hobson et Robert McCarley ont développé une nouvelle théorie du rêve s’opposant à celle de Freud : le modèle d’activation-synthèse. Selon cette théorie, les rêves sont le produit du travail de synthèse opéré par notre cerveau, qui, particulièrement actif pendant la phase de sommeil paradoxal (Rapid Eye Movement (REM) Sleep), ravive des souvenirs, des émotions et des sensations et les intègre sous forme de récit de rêve qui se produit quatre ou cinq fois par nuit. Le cerveau est également capable de traiter les signaux extérieurs et les conjugue à nos souvenirs lointains ou récents pour en faire un récit. La phase de sommeil paradoxal la plus longue se produit au petit matin, c’est donc surtout de notre dernier rêve dont on se souviendra le mieux.

« Quand le rêve devient tellement émotif, tellement dangereux, surtout pour soi, l’instinct de survie fait en sorte qu’on se réveille »

Roger Godbout, psychologue

Par ailleurs, « plus les rêves sont émotifs, plus on risque de se les rappeler », ajoute le professeur. Si l’on suit la logique de Freud, c’est parce que les émotions sont arrivées à un niveau plus acceptable et que l’on peut les laisser pénétrer le conscient. Cependant, « quand le rêve devient tellement émotif, tellement dangereux, surtout pour soi, l’instinct de survie fait en sorte qu’on se réveille », explique le professeur Godbout. C’est ce même instinct de survie qui nous empêche de ressentir de la douleur physique pendant un rêve.

Donner un sens

La mémoire onirique est comme un muscle que l’on peut renforcer en l’exerçant. À force de consigner nos souvenirs de rêve dans un journal le matin au réveil, on finit par se remémorer nos rêves de plus en plus précisément. « Au fur et à mesure qu’on le fait, les récits vont être de plus en plus longs », indique le professeur. Il est plus facile d’évoquer d’abord la fin du rêve, car plus frais à notre mémoire, d’après l’effet de récence. Par automatisme, notre prochain souvenir est le début du rêve ; c’est l’effet de primauté. « Après ça, il est plus facile de dérouler le récit, pas besoin d’être logique, pas besoin d’être séquentiel, pas besoin d’être exact », rassure le psychologue.

Lorsqu’on connaît le récit de son rêve, on peut commencer à interpréter ses symboles et comprendre ce qu’il révèle sur notre état de santé mentale et nos pensées profondes. À première vue, il est difficile de véritablement donner un sens à nos rêves. Ponctués de personnages et d’objets parfois farfelus, ils révélent une créativité et un pouvoir d’imagination dont on ne pensait même pas être doté. Selon le professeur, si un camion capable de parler ne nous étonne pas lorsqu’on rêve, c’est parce que la région cérébrale du jugement ne fonctionne pas pendant le sommeil paradoxal. Toutefois, les rêves sont aussi affectés par notre niveau d’anxiété : « Si je me couche en étant préoccupé par les contraintes que j’ai eues pendant la journée, je risque de faire des rêves qui ont un rapport à ça », explique-t-il.

Un cercle vicieux

La qualité du sommeil est, elle aussi, influencée par les rêves et la réciproque est vraie. « Si je fais des cauchemars, je ne dors pas bien, mais si je ne dors pas bien parce que je suis très préoccupé, je risque de faire des cauchemars », illustre le psychologue, mettant en évidence le cercle vicieux qui peut se répéter à l’infini. Parmi les facteurs qui peuvent affecter la qualité du sommeil et ainsi nos rêves, on retrouve les stimuli de l’environnement : « s’il fait froid ou que j’ai mal quelque part, mon rêve va être déplaisant », observe le professeur.

« 80% des émotions qu’on a dans nos rêves sont des émotions négatives »

Roger Godbout, psychologue

Certains cauchemars peuvent être provoqués par une expérience traumatique qui nous hante ou des pensées qui nous angoissent. Pour mettre fin au cycle infernal et soulager son anxiété, il est parfois nécessaire de suivre une thérapie, qui vise à modifier le rêve afin qu’il aboutisse de façon plus agréable. Ainsi, corriger ses cauchemars peut permettre un meilleur sommeil et ultimement une meilleure santé physique et mentale. Mais a‑t-on vraiment un quelconque contrôle sur nos rêves?

D’abord, le professeur rappelle que « 80% des émotions qu’on a dans nos rêves sont des émotions négatives ». Ainsi, « les rêves où ça va mal, c’est normal, c’est souvent comme ça » et il ne faut donc pas trop s’inquiéter, car de cette manière, « le rêve nous sert à faire face à l’adversité ». Cela ne nous empêche tout de même pas d’essayer de modifier nos rêves pour leur donner un meilleur contour. Bien qu’il n’y ait que 10% des gens qui font des rêves lucides, dans lesquels ils se rendent compte qu’ils sont en train de rêver, chacun peut travailler sur ses rêves après les avoir eus, en les reformulant de manière plus positive. Ainsi, si j’ai eu l’impression de tomber pendant mon rêve, je peux me dire plutôt que j’ai appris à voler. Changer le scénario d’un rêve, que ce soit par le dessin ou l’écriture, permet de mieux y être préparé lorsqu’il se reproduit et de ne plus le subir.

Enfin, le professeur rejette l’existence de rêves prémonitoires. Néanmoins, un rêve peut mettre en lumière des éléments essentiels à la solution d’un problème qui nous préoccupe, auxquels on n’avait pas pensé. Finalement, tenir un journal de rêve peut s’avérer une expérience agréable et utile.

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Parler de sexualité en toute sérénité https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/parler-de-sexualite-en-toute-serenite/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57484 Le service de sexologie disponible pour les étudiant·e·s de McGill.

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L a Saint-Valentin, qui célèbre l’amour le 14 février, sert de prétexte idéal pour un dîner en amoureux·ses, une soirée pyjama entre ami·e·s, ou encore un moment privilégié pour se consacrer à soi. Néanmoins, cette fête apporte aussi son lot d’angoisses liées aux nombreuses attentes sociales qui lui sont associées. Quand on est en couple, l’organisation de la soirée s’avère une tâche complexe : choisir un restaurant, préparer une activité, acheter un cadeau… D’ailleurs, les conventions sociales ne s’arrêtent pas là et pénètrent même la sphère intime, une fois qu’arrive l’heure de se glisser dans les draps. Et si je suis trop fatigué·e pour faire l’amour ce soir? Pour certain·e·s étudiant·e·s, cette date fatidique marque l’anniversaire d’une nouvelle année de célibat, et peut raviver la frustration de ne pas avoir encore connu leur première fois ; il est parfois difficile de faire abstraction du discours dominant et de l’injonction au couple et à la sexualité.

« L’Université McGill a ainsi été la première université canadienne à proposer un soutien sexologique à ses étudiant·e·s »

À l’occasion de la Saint-Valentin, le Pôle bien-être étudiant de McGill a organisé un atelier de conversation, animé par deux sexologues, Maga-Li Monteilhet-Labossière et Gabrielle Petrucci, pour répondre aux questions des étudiant·e·s sur la sexualité, « une expérience humaine commune, dont on parle peu (tdlr) », selon Monteilhet-Labossière.

Parler d’intimité

Au troisième étage du Pavillon Brown, situé sur la rue McTavish, The Healthy Living Annex est un refuge chaleureux sur le campus. Assis·e·s en cercle autour d’une table jonchée de crayons feutres et de cartes de Saint-Valentin à colorier, enveloppées par les vapeurs échappant des tasses de thé, c’est avec timidité et curiosité que quelques étudiant·e·s sont venu·e·s participer à l’atelier. Sur une seconde table, des jouets sexuels ont été disposés à côté d’une ancienne boîte de biscuits désormais remplie de morceaux de papier comportant diverses questions pour amorcer la discussion.

Le service de sexologie de McGill a été créé en 2021 à l’initiative des sexologues Maga-Li Monteilhet- Labossière et Julie Marceau. L’Université McGill a ainsi été la première université canadienne à proposer un soutien sexologique à ses étudiant·e·s. Depuis sa création, la demande n’a cessé d’augmenter, démontrant le caractère indispensable d’un tel service, alors que de nombreux·ses étudiant·e·s ont besoin de consulter un·e professionnel·le pour parler de leur intimité. Les raisons qui peuvent pousser à prendre un rendez-vous avec une sexologue sont multiples : discuter des questionnements sur son orientation sexuelle ou son identité de genre, parler d’une expérience de violence sexuelle, évoquer des problèmes liés à la sexualité, comme les infections sexuellement transmissibles, ou aborder tout autre sujet en lien aux rapports intimes.

Une étudiante pioche un premier papier dans la boîte ronde qui révèle le mot « affection ». Qu’est-ce que cela évoque? La discussion débouche sur les langages de l’amour et comment faire face aux défis que peuvent entraîner une différence de langage affectif entre deux partenaires. Les tirages s’enchaînent et de nombreux thèmes sont abordés : comment naviguer le consentement pendant un rapport sexuel? Comment partager ses préférences érotiques avec son·sa partenaire? Qu’est-ce que la vulnérabilité? Tous ces sujets peuvent sembler intimidants pour ceux·celles qui nagent encore dans l’inconnu, mais le rôle des sexologues est précisément d’accompagner les étudiant·e·s dans la découverte de leur sexualité et de répondre à toutes leurs questions, sans tabous.

Défaire les mythes

Les minutes défilent et de nouvelles personnes rejoignent la conversation ; les cartes auparavant vierges affichent maintenant une palette de couleurs. Julie Marceau, avec qui j’ai pu m’entretenir dans son cabinet, m’a confié recevoir des étudiant·e·s de tous genres. Le plus souvent, les personnes qui la consultent souffrent d’anxiété, provoquée par le sentiment de ne pas correspondre à la norme. « Certains sont inquiets de ne pas avoir d’expérience, d’autres d’en avoir trop à leur âge », m’a expliqué la sexologue.

« Y a‑t-il un âge pour la première fois? » dévoile un nouveau papier de la boîte à biscuit. Les animatrices de l’atelier insistent sur l’importance de déconstruire les nombreux mythes qui entourent la sexualité et s’interrogent sur la définition même de la « première fois ». Celle-ci varie en fonction de chacun·e, tout comme les besoins en matière de sexualité sont différents pour tous·toutes. Il n’y a pas d’âge pour avoir ses premiers rapports sexuels et chacun doit suivre son propre rythme.

« Les mythes entourant la sexualité ont pour conséquence de générer une pression de performance lors d’un rapport intime, qui empêche de vivre pleinement le moment »

De nombreuses idées fausses sont renforcées par les images véhiculées par les films et la culture populaire. Julie Marceau en souligne quelques-unes : l’obligation d’avoir des rapports sexuels à une fréquence pré-établie quand on est en couple, devoir endurer de la douleur lors de la première relation sexuelle, ou encore se sentir obligé·e·s d’avoir des relations sexuelles pénétratives. Pourtant, les études démontrent que « seulement 17% des femmes ont des orgasmes de cette façon. » De la même manière, le désir n’est pas forcément physique, mais peut également être émotionnel. Il fluctue au cours du temps, et peut être absent pendant des périodes de stress et de fatigue, par exemple. Les mythes entourant la sexualité ont pour conséquence de générer une pression de performance lors d’un rapport intime, qui empêche de vivre pleinement le moment. Pourtant, « il y a quelque chose de très ancrant dans le toucher physique », remarque Monteilhet-Labossière, « qui permet de se sentir dans l’instant présent. »

Communiquer

Le service de sexologie offert par McGill permet aussi de combler le manque d’éducation sexuelle, notamment pour les étudiant·e·s qui viennent de pays étrangers aux normes et cultures différentes. Une des étudiantes participant à l’atelier explique que dans son pays d’origine au Moyen-Orient, on ne reçoit aucune éducation sexuelle et exprimer son désir n’est pas accepté. Julie Marceau m’a raconté avoir souvent été confrontée à des étudiant·e·s internationaux·les en proie à des dilemmes moraux déclenchés par le décalage entre les normes de leur pays d’origine et celles qu’ils·elles découvrent au Québec. Dans certains pays, les rapports sexuels ne sont pas autorisés avant le mariage. Ainsi, les étudiant·e·s ont recours à son aide pour apprendre à gérer leur désir et rester fidèles à leurs valeurs. D’autres sont inquiet·ète·s de devoir se réadapter à la culture sexuelle de leur pays d’origine après l’obtention de leur diplôme.

Toutefois, même si l’on a reçu une bonne éducation sexuelle, cela ne nous empêche pas d’avoir de nombreuses choses à apprendre et à découvrir sur nous-mêmes en matière de sexualité. Les sexologues peuvent ainsi nous aider à comprendre quels sont nos désirs, et nous donner des pistes pour explorer notre corps. Les sexologues rappellent également que la sexualité est une danse à deux. C’est pourquoi, pour tout rapport intime, la clé est de bien communiquer avec son·sa partenaire, bien que cela ne soit pas toujours facile.

Après deux heures de discussion animées et des cartes de Saint-Valentin bien décorées, l’atelier d’éducation sexuelle prend fin. Monteilhet-Labossière conclut que les questions qui y ont été abordées sont universelles, et qu’il n’y a pas de honte à se les poser. Alors si la sexualité vous rend anxieux·se, n’hésitez pas à prendre un rendez-vous au Pôle bien-être étudiant de McGill pour rencontrer une sexologue. En attendant, pour toute question urgente en lien à ce sujet, vous pouvez consulter le site Sex & U, recommandé par la sexologue Julie Marceau.

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L’aide aux étudiant·e·s https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/laide-aux-etudiant%c2%b7e%c2%b7s/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57375 Lumière sur les services étudiants d'accessibilité et d’aide à la réussite de McGill.

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Le Service étudiant d’accessibilité et d’aide à la réussite (SEAR) est l’une des huit initiatives des services étudiants de l’Université, qui ont pour but de « promouvoir le bien-être et la réussite de ceux-ci des étudiant·e·s ». Le centre d’aide a pour mission d’accroitre l’accessibilitéde l’éducation supérieure à McGill à une diversité d’étudiant·e·s, notamment celles et ceux ayant des troubles physiques ou mentaux, afin de garantir à chacun·e une égalité des chances pour l’obtention d’un diplôme. Les aménagements alternatifs offerts par le SEAR sont divers, du partage de notes de cours à l’usage pour les examens d’une salle aménagée à cet effet, ou par une prolongation de délai dans les remises de travaux universitaires.

Cette initiative de l’Université, qui a été mise en place dans la lignée de l’instauration de la Politique relative aux droits des étudiants en situation de handicap en 1995, a néanmoins été fortement critiquée par des étudiant·e·s, notamment sur la plateforme Reddit. Ce réseau social, fréquenté par beaucoup d’étudiant·e·s mcgillois·es, dénombre plus d’une chaîne de conversation concernant le SEAR et son mauvais fonctionnement. Pour mieux comprendre le mécontentement de la communauté étudiante concernée et les problématiques récurrentes, Le Délit a échangé avec deux étudiantes qui bénéficient des services du SEAR, Ashley* et Marie*. Ces dernières ont accepté de partager leurs expériences et leurs préoccupations, dans le but d’illustrer les critiques sur le SEAR au sein de McGill.

« J’ai eu l’impression de passer un entretien d’embauche en essayant de prouver que j’ai un handicap »
Ashley, étudiante bénéficiaire des services du SEAR

Premières démarches

Le SEAR, spécifiquement désigné pour les étudiant·e·s ayant des handicaps physiques ou mentaux, requiert un processus à plusieurs étapes, afin d’avoir accès aux aménagements offerts. D’après le site du SEAR, pour s’inscrire à ce service, les étudiant·e·s doivent fournir un document attestant de leur handicap. Il s’agit d’un document médical signé par un professionnel de la santé reconnu par la loi PL-21, rédigé en français ou en anglais. À la suite de l’obtention de cette documentation, les étudiant·e·s doivent prendre un rendez-vous en présentiel avec un·e employé·e du centre, afin de discuter de leur condition médicale et créer un dossier pour avoir accès aux services offerts. Questionnée par rapport au processus d’inscription auprès du SEAR, Ashley raconte ne pas avoir apprécié son expérience, citant la froideur des employé·e·s et le processus de vérification de sa condition médicale : « J’ai eu l’impression de passer un entretien d’embauche en essayant de prouver que j’ai un handicap. » De son côté, Marie, partage un ressenti similaire, qualifiant sa première rencontre avec le SEAR de « robotique » : « En tant que personne cherchant à obtenir des aménagements pour mes troubles mentaux, j’ai constaté que mes interactions [avec le SEAR, ndlr] manquaient de sincérité et d’empathie, ce qui m’a découragée. » Ashley détaille sa première rencontre : « Ils m’ont demandé de fournir un grand nombre d’exemples de la façon dont mon anxiété se manifeste dans la vie de tous les jours. J’ai dû raconter toutes les expériences anxiogènes que j’ai vécues. » Marie renchérit sur cette expérience en avouant qu’elle a aussi dû partager des détails privés de sa condition mentale avec les employé·e·s présent·e·s. En guise de réponse, elle obtenait simplement un « OK » monotone. Ce qui ressort du processus d’inscription auprès du SEAR, c’est le sentiment froid et inhospitalier, qui s’ajoute à la difficulté déjà éprouvée par les étudiant·e·s : oser demander de l’aide et se livrer à propos de leurs conditions respectives.

Un système affaibli

Les mesures d’accommodement offertes par le SEAR sont grandement appréciées par les étudiant·e·s qui en bénéficient, mais plusieurs lacunes sont révélées dans l’implémentation de celles-ci. Ashley critique le système de prolongation du temps alloué aux examens, qui oblige les étudiant·e·s à s’inscrire eux·elles-mêmes, au moins 14 jours avant la date de l’examen, pour obtenir une augmentation de temps, une salle différente, ou un délai pour la remise de travaux. Le poids de cette responsabilité peut s’avérer une source d’anxiété supplémentaire pour certain·e·s étudiant·e·s, selon Ashley : « Je souffre d’anxiété, et l’une des sources de mon stress est d’envoyer des courriels aux professeurs pour demander des extensions. J’ai expliqué à la personne qui m’a interrogée que cela faisait partie de mes préoccupations, et sa réponse a été que la seule façon pour moi d’obtenir des prolongations était d’envoyer des courriels aux professeurs, en mentionnant que le SEAR me soutenait. » Ce témoignage met en lumière la lenteur du système fréquemment critiqué, où la gestion des accommodations repose entièrement sur les étudiant·e·s. D’autre part, les deux étudiantes dénoncent les aspects physiques des aménagements, tels que l’accueil des employé·e·s, les conditions des salles et l’état du site internet actuel. Selon Ashley : « Le plus gros problème de ce système, c’est que les personnes qui l’ont conçu ne comprennent manifestement pas les problèmes de santé mentale et autres problèmes d’accessibilité. Les solutions ne sont pas conçues pour aider à résoudre les difficultés rencontrées à l’école. » Ashley donne l’exemple des réunions en présentiel et des délais dans la remise des travaux, qui ne sont pas automatiquement accordés et nécessitent l’approbation du·de la professeur·e, comme des solutions particulièrement incommodantes. De son côté, Marie fait allusion au site Clockwork du SEAR, par le biais duquel les étudiant·e·s doivent faire leurs demandes de prolongations et de rendez-vous, en notant que « le site pourrait être mieux présenté. Il est définitivement dépassé. »

De plus, concernant les installations physiques des aménagements, notamment les salles alternatives pour les examens, plusieurs usager·ère·s du SEAR ont exprimé sur la plateforme Reddit leur mécontentement quant à l’utilité de ces espaces. Ils·elles ont qualifié ces salles de « bruyantes » et « achalandées », ajoutant que certain·e·s étudiant·e·s ont reçu leurs horaires d’examen le jour même, parfois à la dernière minute.

Solutions offertes

Les témoignages d’Ashley et de Marie mettent en évidence plusieurs défauts à corriger au sein du SEAR afin de mieux soutenir les étudiant·e·s en situation de handicap. Tout d’abord, selon Ashley, il serait pertinent d’accorder automatiquement des prolongations aux étudiant·e·s inscrits au SEAR, sans passer par le contact aux professeur·e·s, afin d’éviter « de devoir envoyer des courriels aux professeurs pour chaque travail écrit », une démarche lourde et stressante, sans garantie. De plus, la vérification des handicaps pourrait être simplifiée. Une note médicale ou les résultats d’examens médicaux devraient remplacer les réunions en présentiel, « ce qui permettrait aux étudiants de mieux communiquer leurs besoins exacts ; cela pourrait également aider à réduire certains des longs délais d’attente pour les rendez-vous, ce qui aiderait les étudiants à obtenir des aménagements plus rapidement », explique Marie. De plus, Ashley, qui a effectué un semestre à l’étranger la session dernière, offre une perspective intéressante de son expérience avec les services d’accessibilité de son université hôte. Elle explique que son expérience en Angleterre au University College London était inclusive et accueillante, notant la courte durée de la réunion initiale qui s’apparentait davantage à une réunion de questions-réponses, explique Ashley : « Ils ont compris que les handicaps en eux-mêmes sont déjà assez difficiles, et que demander de l’aide peut être intimidant en soi. » Ashley témoigne que, selon sa perspective, les services du SEAR devraient se concentrer sur l’accompagnement et l’orientation plutôt que sur une procédure bureaucratique. Elle suggère ensuite que le processus de demande de prolongation devrait prendre en compte les circonstances imprévisibles liées à des troubles de santé mentale ou physique, ce qui permettrait ainsi aux étudiant·e·s de solliciter des ajustements supplémentaires en cas d’imprévus. Ces options d’amélioration pourraient alléger les délais d’attente et améliorer l’expérience globale des usager·ère·s du service de McGill.

« Les étudiant·e·s n’ont donc qu’une envie : avoir un sytème plus développé, moderne et accueillant, qui les poussera à demander du soutien quand ils·elles en auront besoin, sans avoir peur des obstacles ou des charges qui leur seraient imposées »

Bien que le SEAR offre des services précieux pour les étudiant·e·s en situation de handicap, il reste beaucoup à faire pour offrir une meilleure expérience aux usager·ère·s. Les témoignages des étudiantes ont révélé des lacunes dans l’accueil initial, le processus d’inscription complexe et la lourde charge imposée aux étudiant·e·s recherchant des aménagements d’accessibilité. Par contre, comme Marie témoigne auprès du Délit, son expérience globale au sein du SEAR a été positive et fluide, après le stade initial. Les étudiant·e·s n’ont donc qu’une envie : avoir un système plus développé, moderne et accueillant, qui les poussera à demander du soutien quand ils·elles en auront besoin, sans avoir peur des obstacles ou des charges qui leur seraient imposées. En prenant exemple sur des initiatives similaires ailleurs, McGill pourrait repenser ses services afin de mieux répondre aux besoins variés de ses étudiant·e·s.

*Prénoms fictifs

Il y aura une rencontre organisée par l’Association des étudiants de premier cycle en arts (ASUS) le mercredi 5 février de 18h30 à 20h dans le Common Room de l’Engineering Society afin de partager les expériences des étudiants concernant le SAER et de discuter des pistes d’amélioration pour l’expérience étudiante en général.

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Overthinking : la tourmente des étudiants https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/overthinking-la-tourmente-des-etudiants/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57158 Peut-on faire taire ses pensées négatives?

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Que ce soit les notifications Outlook de myCourses, celles d’un message Instagram ou d’une nouvelle publication sur LinkedIn, les avertissements sonores nous rappelant nos obligations et préoccupations sont omniprésents. Toutefois, il arrive qu’un brouillard tapageur, encore plus désagréable, les recouvre tous pour envahir notre esprit trop souvent stimulé. Ce bourdonnement est provoqué par la rumination de nos pensées, impossibles à faire taire, qui nous rongent de l’intérieur.

Il m’a fallu des années pour finalement réussir à plonger dans une piscine. Chaque été, alors que je me retrouvais face à l’eau, prête à m’élancer, fléchissant les jambes pour me propulser, je coupais soudainement mon élan, assaillie par un flot de pensées paralysant. Et si je me cognais contre le fond de la piscine? Ou que je faisais un plat? En proie au doute, je finissais toujours par faire un saut en bouteille. Ce n’est qu’une fois où j’ai décidé de me précipiter du plongeoir sans réfléchir que j’ai réussi à effectuer mon premier plongeon. Dans la vie, la rumination mentale nous empêche parfois de faire le premier pas lorsqu’on est amoureux, ou d’oser saisir les opportunités quand elles se présentent, laissant place au regret. Et si trop penser nuisait à notre santé mentale?

Pour mieux comprendre le fonctionnement de la rumination mentale, aussi connue sous le terme anglais overthinking, et ses effets sur les étudiants, je me suis entretenue avec la psychologue Mélanie Bourdette, membre de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ).

Performer à tout prix

« Penser, c’est plutôt une bonne chose », rappelle Mélanie Bourdette, car « cela signifie que notre cerveau fonctionne bien ». Néanmoins, si la rumination mentale a un côté désagréable, c’est qu’elle prend la forme d’une « pensée à connotation négative qui va tourner en boucle et se répéter ».

Michaela, étudiante à McGill, m’a avoué ruminer constamment : « À propos de l’école, pas vraiment des relations. Juste la performance académique (tdlr) ». Son témoignage confirme les observations de Mélanie, qui a constaté parmi sa clientèle étudiante la prévalence de pensées négatives reliées à la performance, telles que : « Je ne vais pas y arriver, je ne suis pas assez bonne. »

Christina, une autre étudiante mcgilloise, remarque qu’il lui arrive souvent de ruminer par rapport au passé ou à ses choix de vie. La psychologue explique que les pensées négatives sont souvent disproportionnées par rapport à la situation actuelle, lorsqu’elles sont associées à un sentiment de regret ou de culpabilité, par exemple : « On n’a pas de machine à remonter dans le temps. Or, on continue à penser à une situation qui s’est produite il y a une heure ou trois ans, alors même qu’on ne peut pas y revenir ».

Qu’est-ce qui provoque la rumination?

« La rumination est associée à l’anxiété », explique la psychologue, « ainsi, tous les facteurs déclencheurs de l’anxiété peuvent favoriser ou nous rendre beaucoup plus sensibles au fait de ruminer ». Ce sentiment, qui apparaît dans le nouveau volet du film d’animation Sens dessus dessous (ou Vice-versa), est bien connu des étudiants. En effet, pendant les périodes d’examen, leurs nerfs sont mis à rude épreuve. L’anxiété est alimentée par diverses peurs : « la peur de s’être trompé, la peur qu’il y ait des conséquences, la peur de ne pas performer. » L’anxiété est également corrélée à l’humeur, c’est pourquoi Mélanie Bourdette explique que « parfois, lorsqu’on a une humeur un peu plus basse, typiquement lors des déprimes saisonnières, les circonstances sont plus propices à ruminer ». Christina l’a remarqué, car bien qu’il lui arrive de ressasser des pensées négatives à n’importe quelle période de l’année, elle est toujours surprise « quand le printemps arrive et que le soleil sort, je me sens comme, “wow” », alors qu’elle se rend compte combien l’hiver l’a rendue morose.

« Ce qui cause de l’anxiété et amène à ruminer, c’est lorsque l’image que l’on a de soi s’est détériorée »

La fatigue peut aussi être une cause indirecte de la rumination : « Bien qu’un manque de fer ne génère pas de la rumination, il entraîne de la fatigue physique, donc une sensibilité plus accrue aux émotions, notamment la peur qui provoque l’anxiété », indique la psychologue. La fatigue rend plus difficile la gestion de nos émotions, d’où l’importance de maintenir une alimentation saine et équilibrée, un bon sommeil, et la pratique d’une activité physique, non seulement pour se sentir bien dans son corps, mais aussi dans sa tête.

On pourrait penser qu’un manque de confiance en soi puisse faciliter le développement de pensées négatives, mais c’est plutôt l’estime de soi qui influence la rumination. Mélanie Bourdette explique la différence entre les deux termes : « En psychologie, on différencie la confiance en soi de l’estime de soi. Parce que la confiance en soi, c’est notre capacité à faire quelque chose. J’ai confiance en moi, ça veut dire que je sais que je peux faire quelque chose. L’estime de soi correspond à l’image que l’on a de soi, qui est différent de notre capacité de faire. » Ce qui cause de l’anxiété et amène à ruminer, c’est lorsque l’image que l’on a de soi s’est détériorée. « Parce que si on sait qu’on ne sait pas faire, on ne va pas ruminer. Je sais que je ne sais pas piloter, donc je n’ai aucune confiance en ma capacité à piloter un avion », illustre-t-elle. Mélanie Bourdette explique que le rôle du cerveau est d’enregistrer des informations et de les répéter en boucle pour qu’on les retienne. Ainsi, un environnement académique stimulant, combiné à des attentes personnelles ambitieuses, nourrit parfois la rumination.

Modeler plutôt que contrôler

« Je ne dirais jamais que cela m’empêche vraiment de me mettre en avant. C’est juste que j’ai l’impression que c’est un obstacle mental », reconnaît Michaela sur la rumination. Selon Mélanie Bourdette, la rumination mentale peut créer « une réelle souffrance ». Elle continue : « Lorsqu’on est trop stressé par quelque chose, on perd en performance, on n’est plus capable de faire les choses. »

« Il est impossible d’arrêter de penser parce qu’il n’y a qu’une seule situation où on arrête de penser, c’est lorsqu’on est mort »

La rumination mentale touche aussi bien les hommes que les femmes. Toutefois, la psychologue observe que « les femmes ont plus tendance à extérioriser l’anxiété et la rumination, contrairement aux hommes qui, même pour plein d’autres troubles mentaux, vont plutôt l’intérioriser ». Alors, peut-on contrôler ses pensées négatives? Selon Mélanie, il est plus juste de dire que l’on peut gérer ses pensées plutôt que les contrôler : « Contrôler une émotion, c’est lui mettre des barrières et pouvoir la faire taire. » Or, il est impossible d’arrêter de penser « parce qu’il n’y a qu’une seule situation où on arrête de penser, c’est lorsqu’on est mort ». En revanche, en thérapie de psychologie, « on essaye plutôt de reformuler nos phrases avec une structure positive ». Aussi, on remplace « je ne suis pas compétente » par « je suis compétente sur un élément, mais peut-être que je pourrais m’améliorer sur autre chose ». Lorsque l’on se force à ne pas penser à un ours blanc pendant vingt secondes, ce dernier s’impose à notre esprit. Cela montre que notre cerveau ne « comprend pas la négation » et qu’il vaut mieux « lui dire ce qu’on a envie de penser ».

Cependant, il est parfois difficile de croire en de belles phrases positives pour s’échapper des pensées négatives. Une autre stratégie pour extérioriser nos pensées consiste à leur associer un aspect comportemental, comme en les mettant par écrit. C’est une méthode d’évitement positif contrairement aux distractions qui font culpabiliser comme lorsque l’on fait défiler son fil d’actualités sur Instagram. Christina nous partage son astuce : « Je pense qu’il faut mettre les choses en perspective, se rendre compte que ce n’est pas la fin du monde, quelle que soit la décision prise. » Après tout, elle n’a pas tort, mieux vaut se jeter dans le bain que d’avoir des regrets.

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La réalité du télétravail https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/la-realite-du-teletravail/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57168 Les pour et les contre du travail à distance.

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Cela fait maintenant deux étés que j’effectue des stages pour acquérir de l’expérience professionnelle. À ces deux reprises, ils se sont effectués majoritairement à distance. La première fois, je travaillais au gouvernement et mon équipe était située à Québec, c’est pourquoi je ne pouvais m’y rendre en présentiel. Ma routine consistait en une rencontre journalière sur Zoom avec toute l’équipe, des rencontres rapides entre collègues sur Teams et beaucoup de temps passé seule devant mon écran à retaper un document Word ou un fichier Excel. La deuxième fois, l’été dernier, j’ai eu la chance de trouver un stage de recherche auprès d’un professeur. C’était beaucoup de temps passé seule à travailler sur mon ordinateur portable et apprendre à coder sur le logiciel R. Au terme de ces deux expériences professionnelles, une conclusion m’est vite apparue : je ne me vois pas continuer à travailler à distance dans mes prochains emplois. Voici donc mon compte-rendu sur la réalité du télétravail, avec ses avantages et ses inconvénients, pour vous aider à déterminer quel mode de travail adopter cet été ou dans votre future carrière.

Fausse consolation

L’idée du télétravail est attrayante, personne ne peut le nier. Fini le temps perdu dans les trajets entre la maison et le bureau, vous avez la liberté de travailler en pyjama (à moins d’avoir une réunion virtuelle, bien sûr), et vous pouvez en profiter pour accomplir des tâches quotidiennes comme la vaisselle, le ménage ou même faire du sport, des choses que vous n’auriez pas le temps de faire pendant votre longue journée de travail au bureau. Lors de ma pause-diner, puisque je ne travaillais qu’en été, j’allais courir pendant trente minutes et je prenais ma douche, je mangeais et étais de retour à mon poste de travail à 13h tapantes. Une tâche de moins qui me laissait profiter du temps en famille et entre amis. J’avais l’impression d’avoir trouvé un bon équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle. Finalement, je noterais que je sentais un plus grand sens de contrôle sur ma routine de travail, car j’écoutais la musique que je voulais, je travaillais n’importe où et je sentais un grand sentiment d’indépendance, ce qui me rappelait beaucoup mon horaire atypique de l’université que j’aime tant. En général, le télétravail comme première expérience professionnelle m’a bien habituée à la charge de travail demandée en me laissant un sentiment de liberté et une opportunité pour pleinement profiter de mon été.

Un cercle vicieux

Avec autant de liberté et de temps pour soi, qu’est-ce qui pourrait rendre le télétravail problématique? Pour moi, le plus difficile et le plus radical, c’est cet aspect solitaire. Travailler seul à la maison peut vite devenir pesant, surtout sur le long terme. Cela peut convenir à certains, car ils ne veulent pas socialiser au travail ou préfèrent le confort de leur maison. Mais pour moi, ça a été tout l’inverse. Je suis passée d’une année entière à l’école à socialiser régulièrement avec des amis, des camarades de classe et à m’impliquer dans des activités parascolaires, et soudainement, mes journées ont été remplacées par un écran qui me demande huit heures de mon temps, sans aucun aspect social. Cette réalité peut être très normale pour certains, mais, personnellement, cela a grandement affecté mon moral. L’aspect du travail que certains aiment tant, dont les pauses-café entre collègues, les cinq à sept après le travail et les petits moments de discussions, n’y étaient plus ; donc le travail devant l’ordinateur portable a été tout ce que j’ai connu pendant un été entier. Mon premier été, j’étais sur un contrat de trois mois, et à partir de la quatrième semaine il me semblait que j’en étais à la dixième semaine, car toutes mes journées se ressemblaient. J’ai contrebalancé ce sentiment de solitude en voyant mes amis et ma famille de manière régulière, toutefois, je sentais que cela me prenait beaucoup d’effort et d’énergie pour remplacer un aspect qui aurait autrement été naturel et raisonnable à trouver dans un environnement de travail. Il y a aussi le fait que je n’ai jamais pu bâtir de relations professionnelles proches avec mes collègues ni participer à des événements, de réseautage, ce qui fait perdre une grande partie de l’attrait d’un stage professionnel à l’université.

Bref, le télétravail est un phénomène qui a gagné en popularité durant la pandémie et qui a révolutionné le monde professionnel, autant pour le meilleur que pour le pire. Pour les parents, les personnes âgées et ceux qui habitent loin de leur travail, travailler à distance est un excellent moyen de concilier travail et vie personnelle. En revanche, pour les jeunes qui débutent dans leur carrière et ceux qui veulent un travail dynamique et social, le télétravail n’est pas vraiment séduisant. En tant qu’étudiant, réfléchissez bien à ce que vous souhaitez pour votre prochain stage ou votre premier emploi : voulez-vous privilégier un excellent équilibre travail-vie personnelle axé sur le confort et la routine, ou préférez-vous une vie professionnelle plus stimulante et sociale, qui exigera davantage d’énergie et de sacrifices au quotidien ?

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Comment faire face à l’éco-anxiété? https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/comment-faire-face-a-leco-anxiete/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56972 Au Délit, nous tenons nos promesses envers nos lecteur·rice·s. Bien que la section Environnement appartienne désormais au passé, et que la nouvelle section Bien-être fasse son entrée, quoi de mieux qu’un article sur l’éco-anxiété pour les relier. Être étudiant·e à l’Université McGill n’est pas de tout repos et les sources d’anxiété sont nombreuses. Que ce… Lire la suite »Comment faire face à l’éco-anxiété?

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Au Délit, nous tenons nos promesses envers nos lecteur·rice·s. Bien que la section Environnement appartienne désormais au passé, et que la nouvelle section Bien-être fasse son entrée, quoi de mieux qu’un article sur l’éco-anxiété pour les relier.

Être étudiant·e à l’Université McGill n’est pas de tout repos et les sources d’anxiété sont nombreuses. Que ce soit le stress généré par la charge de travail académique, l’incertitude quant au choix d’une maîtrise, les contraintes d’un travail étudiant chronophage, ou encore l’anxiété sociale lors des prises de parole en public et des soirées étudiantes, il est parfois difficile de ne pas se laisser submerger par les pensées négatives. À toutes ces angoisses s’ajoute celle de l’éco-anxiété, définie comme un sentiment d’appréhension ressenti par une personne devant les bouleversements causés par les changements climatiques et leurs conséquences. Si ce sentiment est souvent associé aux jeunes générations, j’ai cherché à mieux comprendre comment il affectait la communauté étudiante de McGill.

Dans son livre, Under the Sky We Make, Kimberly Nicholas, professeure à l’Université de Lund en Suède, décrit cinq étapes de sentiments climatiques : l’ignorance (ignorance), l’évitement (avoidance), le pessimisme (doom), tous les sentiments (all the feels), la raison d’être (purpose). J’ai interrogé plusieurs étudiant·e·s, afin de voir si cette évolution élaborée par la scientifique du climat pouvait réellement s’appliquer aux expériences vécues par la communauté mcgilloise.

« Agir, c’est donner un sens à son existence et se sentir maître de son avenir plutôt que de le subir »

Faire l’autruche

Selon Nicholas, la première étape du processus d’éco-anxiété consiste à ignorer l’existence du réchauffement climatique et de ses conséquences sur nos sociétés. À l’ère de l’hypermédiatisation et des réseaux sociaux, il semble pourtant impossible de ne pas être conscient·e du dérèglement du climat, qui donne lieu à des images spectaculaires et toujours plus effrayantes des catastrophes naturelles extrêmes qu’il provoque. C’est pourquoi cette catégorie me semble désormais dépassée. Toutefois, il existe encore de nombreuses personnes qui décident de fuir la réalité et préfèrent ne pas en entendre parler. Anna*, étudiante que j’ai rencontrée dans un couloir du bâtiment McConnell, m’a confessé « faire l’autruche (tdlr) » quand il est question du sujet climatique.

« On m’a diagnostiqué un trouble d’anxiété, alors je suis anxieuse à propos de tout », m’a‑t-elle expliqué. Ce qu’elle lit dans les nouvelles ne l’aide pas à calmer son angoisse : « Chaque année, les catastrophes mondiales semblent s’aggraver. En ce moment, la Californie est en feu, comme c’est le cas depuis quelques années à beaucoup d’autres endroits. Il y a beaucoup plus d’ouragans. »

Elle n’est pas la seule à partager ces craintes ; Gabrielle, étudiante en psychologie, reconnaît être souvent en proie à ce sentiment : « Ça fait peur de voir les désastres naturels qui se déroulent en ce moment, et ce, de plus en plus souvent. C’est encore plus inquiétant de voir comment les politiciens à travers le monde ne font vraiment, mais vraiment pas assez pour prévenir et réduire les conséquences des changements climatiques. » Pour Anna aussi, le manque d’initiative politique laisse peu d’espoir : « Donald Trump vient d’être réélu, et je sais très bien que le changement climatique ne sera pas l’une de ses priorités. »

D’autres étudiant·e·s déplorent la passivité générale et l’attitude de certain·e·s qui préfèrent faire comme si de rien n’était. Pour Sean, étudiant en sciences politiques, « c’est un peu inquiétant de voir à quel point on est tous “cool” et détendus, comme si chaque jour n’était qu’un nouveau jour comme les autres et qu’on continuait simplement d’aller de l’avant. » Shreya, une autre étudiante en arts, reconnaît se sentir de temps en temps éco-anxieuse : « Parce que notre monde est en train de mourir lentement et qu’on ne fait rien de concret pour vraiment y remédier ».

Du pessimisme à l’action

Si certain·e·s préfèrent éviter le doom scrolling (le fait de faire défiler de manière compulsive des publications au caractère négatif sur un fil d’actualité) ou se couper entièrement des médias, d’autres considèrent que s’informer sur ce sujet est primordial. C’est le cas de Fiona, étudiante en environnement et membre du club McGill Energy Association : « Dans mes cours, j’apprends à quel point tout va mal, mais j’apprends aussi beaucoup de choses positives, alors j’essaie de trouver un équilibre. »

Selon la professeure Nicholas, il est nécessaire de ne pas rester bloqué·e à l’étape du « pessimisme » qui se traduit en un sentiment d’impuissance et de désespoir face à l’ampleur du problème. L’étape « tous les sentiments » permet d’en sortir en se rappelant de vivre dans le moment présent et ne pas sombrer dans les perspectives sombres de l’avenir. Cela permet d’accéder à l’ultime palier de l’échelle de l’éco-anxiété, à savoir le passage à l’action. Agir, c’est donner un sens à son existence et se sentir maître de son avenir plutôt que de le subir. Pour Fiona, c’est cette dernière phase de son éco-anxiété qui va déterminer son choix de carrière : « C’est ma dernière année, et même quand je pense à ma maîtrise, je ne veux pas attendre un an de plus parce que je sais à quel point il est urgent de commencer à faire des choses ». Elle considère qu’agir est nécessaire à sa santé mentale : « Je sens que si je ne fais rien, que je ne fais qu’en apprendre sur le sujet, je serais super déprimée. »

Tous·toutes les étudiant·e·s que j’ai interrogé·e·s sont d’accord pour dire que le meilleur remède à leur éco-anxiété est d’adopter des gestes quotidiens plus écoresponsables pour retrouver un élan de positivité. Gabrielle donne son astuce : « Pour faire face à l’éco-anxiété, je pense qu’il faut essayer de rester positif, parce qu’une attitude trop pessimiste risque juste de nous décourager et de ne mener à rien. Il faut essayer de faire sa part tout en tenant responsables les industries polluantes et les politiciens. » Sean achète presque tous ses vêtements en friperie, « ce qui me fait me sentir beaucoup mieux de ne pas contribuer à la mode jetable », m’a-t-il expliqué. Anna a également modifié son comportement : « J’essaie de faire ce que je peux, recycler, composter, et obtenir des produits issus de sources éthiques, mais c’est à peu près tout ce que je peux faire ».

Une responsabilité partagée

J’ai moi aussi longtemps été rongée par la culpabilité quant à mon mode de vie énergivore, mais j’ai réussi aujourd’hui à dépasser ce sentiment en me concentrant sur les choses de mon quotidien que je peux contrôler, comme le suggère la philosophie stoïcienne. Il est aussi important de reconnaître que notre capacité d’agir est limitée. Alejandra, étudiante à Desautels, admet ne plus connaître le sentiment d’éco-anxiété qu’elle connaissait avant : « Je comprends maintenant que la responsabilité est partagée et que les individus ont une petite part à jouer. Je peux faire de mon mieux pour aider à résoudre le problème global, mais si d’autres ne veulent pas changer, ce n’est pas ma responsabilité ». Shreya est du même avis : « J’ai surtout accepté que, à moins que la majorité du monde n’opère un changement, ce que je fais n’aura pas le plus grand impact sur l’environnement ». Pour l’heure, il faut encore attendre que chacun·e évolue à son rythme à travers le processus d’éco-anxiété, jusqu’à ce que tout le monde atteigne la dernière étape et qu’un mouvement collectif fasse ressentir ses effets.

Le programme Climate Wayfinding, proposant des ateliers pour former les étudiant·e·s à la maîtrise et des professeur·e·s à transformer l’éco-anxiété en action concrète, sera proposé à McGill ce semestre d’hiver.

*Nom fictif

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