Archives des Bonnes nouvelles - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/environnement/bonnes-nouvelles/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Thu, 27 Mar 2025 21:51:58 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Le bulletin terre à terre https://www.delitfrancais.com/2024/09/11/le-bulletin-terre-a-terre-2/ https://www.delitfrancais.com/2024/09/11/le-bulletin-terre-a-terre-2/#comments Wed, 11 Sep 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55710 Les bonnes nouvelles environnementales de l’été 2024.

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La saison estivale de l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne mondiale de près de 17 ̊C. Cela dépasse de plus de 1,5 ̊C la température moyenne préindustrielle (1850–1900), un objectif clé de l’accord de Paris. Malgré ces faits inquiétants, il ne faut pas baisser les bras. Les individus et les communautés à travers le monde prennent des initiatives pour lutter contre les changements climatiques, et ces efforts ne doivent pas passer inaperçus. La motivation à lutter contre les changements climatiques se cultive, et se rafraîchir les pensées en s’exposant à des bonnes nouvelles environnementales ne peut qu’être bénéfique à la cause. Voici un récapitulatif des événements mondiaux de l’été 2024 en matière d’environnement.

Eileen Davidson | Le Délit

No Now May et le Défi pissenlit

Au mois de mai 2024, le mouvement No Mow May mis en place par l’organisation britannique Plantlife a connu une certaine popularité en Amérique du Nord. Le défi consiste à ne pas tondre sa pelouse durant l’entièreté du mois de mai, afin de laisser pousser les plantes et les fleurs et permettre aux pollinisateurs de profiter de toute la verdure, qui se fait plus rare en fin d’hiver et au début du printemps. Le mouvement a été endossé par certaines organisations, dont Bee City USA, qui encourage à étendre l’abstention de la tonte au printemps et même à l’année au complet. Selon Bee City USA, les bénéfices de laisser pousser sa pelouse sont multiples : une réduction de la pollution sonore due à l’équipement parfois bruyant de maintien paysager, ainsi que de meilleures conditions pour les invertébrés et une économie d’eau, de temps, et d’argent.

Le Défi pissenlit, une initiative québécoise lancée en 2021 par Miel&Co. est similaire au No Mow May, mais se distingue de ce dernier en ne donnant pas de contrainte de durée ou de moment précis. L’organisme propose plutôt aux Québécois·e·s de simplement laisser fleurir les pissenlits avant de les tondre. Les pissenlits sont essentiels au développement printanier des colonies d’abeilles, selon les observations des apiculteurs. En juillet, la ville de Québec a interdit l’utilisation de pesticides non biologiques sur son territoire. Il semble donc qu’un changement de mentalité est en train de se produire en ce qui concerne l’idéal de la pelouse parfaite. Il reste à voir si ces mouvements viraux de l’été 2024 conserveront leur popularité dans les années à venir.

Des entreprises de produits menstruels durables

Les entreprises ayant pour but d’offrir des produits et des services écologiques à leurs consommateurs ne cessent de se multiplier au Québec. L’entreprise québécoise de produits menstruels sains et durables Iris + Arlo offre des serviettes sanitaires, des tampons et des culottes menstruelles sains, fabriqués à partir de matériaux simples et naturels, autant pour la santé de ses client·e·s que pour celle de notre planète. Sur son site internet, l’entreprise montre son impact en quelques statistiques clés. Par exemple, chaque année au Canada, plus de 771 millions de produits menstruels se retrouvent dans les dépotoirs. En plus d’avoir pour mission de diminuer l’impact environnemental des produits menstruels, Iris + Arlo a une vocation éducative et inclusive. La compagnie souhaite démystifier les tabous liés aux menstruations et aux personnes menstruées. On peut retrouver sur leur site internet un lexique sur tout ce qui est en lien avec le sujet.

Une autre compagnie de produits menstruels écologiques, Mme L’Ovary, propose des produits réutilisables en coton naturel et des coupes menstruelles. Ce type de produit gagne petit à petit en popularité depuis quelques années. La compagnie vise autant à protéger la santé des personnes menstruées que celle de l’environnement. Plusieurs entreprises dans divers secteurs intègrent de plus en plus cette notion d’interdépendance entre la santé humaine et la santé environnementale.

La demande en combustibles fossiles diminue

Les scientifiques avertissent depuis plusieurs années des dangers environnementaux si les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne cessent pas et ne diminuent pas jusqu’à la nullité. Depuis que les énergies fossiles sont devenues une partie intégrante du fonctionnement de l’espèce humaine, les émissions de GES continuent d’augmenter. Pourtant, de plus en plus de pays industrialisés tentent de diminuer leurs émissions de GES en se tournant vers des énergies renouvelables. Une des technologies vers laquelle ceux-ci se tournent pour remplacer les énergies fossiles est l’électricité. Ce n’est pas la solution idéale de remplacement, car elle émet également du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, mais c’est un pas dans la bonne direction. La consommation mondiale d’électricité ne cesse d’augmenter, et selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cette augmentation vient avec un plafonnement de la demande en énergies fossiles prévu d’ici 2025. Le taux de croissance des émissions de GES a diminué dans les dernières années. Un tel plafonnement annoncerait une ère de décroissance des émissions de GES.

Au Québec, la transition énergétique, qui vise à remplacer les énergies fossiles par l’électricité, va entre autres reposer sur l’énergie éolienne dans les prochaines années. Plusieurs projets de parcs éoliens vont être mis en place, dont un premier déjà en cours au Lac-Saint-Jean. La Société d’État Hydro-Québec se lance dans ce secteur qu’elle laissait autrefois au privé pour atteindre son objectif de doubler sa production énergétique d’ici l’année 2050.

Protection de la faune

Les animaux font face aux conséquences graves des changements climatiques, dont l’extinction. Le caribou est menacé de disparition au Québec depuis plusieurs années, et l’état de sa population ne s’améliore pas. Cet été, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a demandé au Conseil des ministres d’intervenir pour protéger les habitats des caribous afin d’assurer la survie de l’espèce. Les industries minière et forestière figurent parmi les principaux facteurs perturbateurs des habitats des caribous, entre autres à cause des conséquences de la coupe forestière et du réseau routier qu’elle nécessite. Un projet de décret d’urgence a donc été entamé cet été afin de mettre en place des mesures plus radicales de protection de trois hardes précises de caribous, soit celles de Val‑d’Or, de Charlevoix et du Pipmuacan.

La rainette faux-grillon, une espèce d’amphibien qui se reproduit dans des milieux humides du Québec, est de plus en plus affectée par l’étalement urbain et l’agriculture. L’espèce a pourtant connu de bonnes nouvelles cet été. Grâce à un investissement de 8,2 millions de dollars du Fonds de la nature du Canada, des habitats de la rainette faux-grillon ont été restaurés au Québec : plus de 13 hectares sur la Rive-Sud de Montréal, plus de 42 hectares en Outaouais et près de 40 hectares en Montérégie. La rainette faux-grillon, malgré sa petite taille, occupe un rôle important dans son écosystème. Elle agit comme indicateur de la pression sur la biodiversité dans son milieu grâce à la similarité entre ses besoins et ceux de plusieurs autres espèces.

L’été nous apporte également une bonne nouvelle pour les dindons sauvages : l’espèce qui était autrefois menacée de disparition à cause de la destruction de son habitat et de la chasse intensive compte maintenant une population nombreuse. Plusieurs citoyens en ont même aperçu dans les villes.

Pour ce qui est du projet d’agrandissement du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent et du projet de création d’un parc marin entre l’île d’Anticosti et la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan, des progrès se réalisent. Depuis l’automne 2023, les représentants de Parcs Canada, du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec et de la Société des établissements de plein air du Québec ont consulté les communautés autochtones, municipalités et entreprises concernées par le projet d’agrandissement du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. En automne 2024, les différentes administrations prévoient consulter le public. Ces consultations servent à recueillir les préoccupations et les questions des parties prenantes pour y répondre et réaliser un parc marin qui conviendra à ses utilisateurs et ses visiteurs.

Ces avancées dans les projets de protection de l’environnement et dans les mentalités sont encourageantes. C’est avec une combinaison de petites victoires et de grandes réformes que nous pouvons espérer inverser les tendances actuelles et construire un avenir plus durable.

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Vers une mode plus durable https://www.delitfrancais.com/2024/03/27/vers-une-mode-plus-durable/ Wed, 27 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55306 La France propose une loi contre la mode éphémère.

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Le 14 mars 2024, l’Assemblée nationale française a adopté à l’unanimité la proposition de loi présentée par Anne-Cécile Violland, députée du groupe politique Horizons, visant à limiter la pollution engendrée par l’industrie de la mode éphémère (fast fashion). Cette initiative vise à freiner la croissance des entreprises liées à la mode éphémère et à promouvoir une consommation responsable et éthique de la mode.

Qu’est-ce que la mode éphémère?

La mode éphémère, aussi connue sous les appellations de « fast fashion », « mode éclair » ou encore « mode express », est un phénomène qui a révolutionné l’industrie textile au cours des dernières décennies. Cette tendance consiste à constamment produire de nouveaux vêtements en grande quantité et à renouveler sans cesse les collections. Cependant, derrière cette effervescence commerciale se cachent des conséquences sociales, économiques, et surtout environnementales majeures, comme l’a récemment souligné la proposition de loi nº258 en France, ayant pour objectif de diminuer l’empreinte écologique de l’industrie textile.

En effet, l’industrie de la mode est responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), soit plus que les secteurs maritimes et aériens réunis. Avec ses « 7 200 nouveaux vêtements par jour », la marque de mode éphémère Shein incarne parfaitement les excès de la production de masse à bas coût. Cette production excessive est justifiée par les compagnies de mode express en réponse à une demande constante de nouveaux produits. Pourtant, 85% des textiles initialement produits pour le marché se retrouvent au dépotoir la même année. En plus des graves retombées écologiques de cette industrie, leurs méthodes éthiques et sociales, comme le travail des enfants et les rémunerations extrêmement basses, sont souvent critiquées.

Une loi ambitieuse

Pour contrer ces effets néfastes, la France a récemment adopté une proposition de loi visant à réguler l’industrie de la mode éphémère. Cette loi comprend plusieurs mesures clés, notamment une interdiction de la publicité pour les textiles les moins chers, ainsi qu’une taxe environnementale sur les articles à bas prix. Cette taxe, qui sera progressivement mise en place à partir de l’année prochaine, vise à sensibiliser les consommateurs aux impacts écologiques de leurs achats. Les revenus seront utilisés pour subventionner les producteurs de vêtements durables, favorisant ainsi une transition vers une industrie de la mode plus respectueuse de l’environnement. Une des dispositions les plus notables de cette loi est l’obligation pour les producteurs de mode éphémère d’informer les consommateurs quant à l’empreinte environnementale de leurs produits à l’aide d’un éco-score. L’interdiction de la publicité, la promotion de compagnies et l’affichage d’enseignes pour les produits de mode éphémère sera renforcée, avec des amendes allant de 20 000 à 100 000 euros, applicables en cas de non-respect de cette réglementation. Cette transparence permettra aux acheteurs de prendre des décisions plus éclairées et de soutenir les marques qui s’engagent pour la durabilité.

« L’industrie de la mode est responsable de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), soit plus que les secteurs maritimes et aériens réunis »

Sera-t-elle efficace?

Malgré ces mesures encourageantes, des défis subsistent. La mode éphémère est profondément ancrée dans les habitudes de consommation et les pratiques commerciales, ce qui rend difficile sa régulation. L’application et l’impact réel de cette loi restent à être évalués, notamment en ce qui concerne la capacité à réduire significativement les émissions de carbone et la production de déchets textiles. La proposition de cette loi française contre la mode éphémère marque une étape importante dans la lutte contre les pratiques néfastes de l’industrie textile. En mettant l’accent sur la sensibilisation des consommateurs, la transparence et la taxation écologique, la France montre la voie vers une mode plus durable et éthique. La promulgation de cette loi au Sénat français est toujours en attente.

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Le Climate Pledge Arena https://www.delitfrancais.com/2024/03/20/le-climate-pledge-arena/ Wed, 20 Mar 2024 11:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=55189 Le premier stade certifié carboneutre.

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Originalement bâti en 1962 et accueillant désormais le Seattle Kraken, l’ajout le plus récent de la ligue nationale de hockey, le Climate Pledge Arena a été rénové drastiquement entre 2018 et 2022 afin d’atteindre la carboneutralité à l’automne dernier. Dès lors, il devient le premier aréna dans le monde à être certifié carboneutre par le International Living Future Institute après plus d’un milliard de dollars investis. L’aréna en question devient la pionnière auprès de quasi 500 entreprises, dont Amazon qui a investi dans ce projet, ayant signé le Climate Pledge, qui ont affirmé vouloir décarboner leur industrie à 100% d’ici 2040.

Toujours plus vert

Le site web du Climate Pledge Arena, ayant promis la transparence, ne manque pas de précisions sur tous les nombreux dispositifs permettant d’atteindre l’objectif de carboneutralité. L’idée était de récupérer le plus de matériaux possible, notamment le toit de l’ancien stade, ce qui est estimé avoir sauvé 22 000 tonnes d’acier.

Le projet visait à la fois, à minimiser l’empreinte carbone de la construction, mais aussi des activités du stade à long terme, ce qui a nécessité la mise en place de plusieurs dispositifs permettant le suivi précis des émissions de gaz à effet de serre. L’entièreté des équipements, la surfaceuse, la climatisation ainsi que les équipements de cuisine, sont tous électriques et alimentés par des énergies renouvelables. De plus, la conception du système d’eau permet à la fois de récupérer l’eau de pluie sur le toit, de la traiter sur place puis de l’utiliser pour la glace, les abreuvoirs, ainsi que pour plus de 40 000 pieds carrés de nouvelles zones végétales ajoutées sur le terrain. Avec pour objectif le zéro déchet, 97% des déchets produits sont réutilisés, notamment via la mise en place d’un système de recyclage et de compostage.

Au-delà du stade, la promesse zéro carbone comprend également le déplacement des visiteurs, soit la source d’émission de carbone la plus importante. Chaque billet vendu inclut un titre de transport gratuit de monorail permettant d’arriver au stade. L’ensemble de ces mesures longuement et fièrement présentées sur le site web du
stade semble montrer une transition verte quasi trop parfaite pour être vraie, ce qui n’est pas complètement faux.

Les crédits carbones : une solution durable?

Même avec ces nombreuses mesures écoresponsables, le Climate Pledge Arena a dû acheter pour près de 38 000 tonnes métriques de crédits carbones en partenariat avec Amazon. L’entreprise a investi via Verra, une des plus grandes entreprises dans la certification de compensations carbone au monde, dans Acapa, un projet de conservation de terres colombiennes. Toutefois, certains experts doutent de l’exactitude de l’impact de ces crédits. De tels crédits servent à contrebalancer les émissions carbones d’une entreprise sous la bannière de projets REDD+ (Réduction des Émissions provenant du Déboisement et de la Dégradation des forêts) en protégeant une zone forestière qui capte une quantité équivalente de dioxyde de carbone. C’est donc une politique souvent vue comme de l’écoblanchiment (greenwashing), car l’achat de crédits carbone n’encourage pas nécessairement les entreprises à diminuer leur pollution à la source, mais à trouver des solutions pour acheter leur empreinte carbone et s’en déresponsabiliser.

« Même avec ces nombreuses mesures écoresponsables, le Climate Pledge Arena a dû acheter pour près de 38 000 tonnes métriques de crédits carbones en partenariat avec Amazon »

Une nouvelle étude publiée en août 2023, ayant pour but d’observer la déforestation dans des zones sous crédits carbones dans six pays, dont la Colombie, a mis en avant les faiblesses des projets REDD+. Une des conclusions avancées par les chercheurs indique que la réduction de la déforestation dans les zones sous crédits a été parfois
inexistante ou considérablement inférieure à celle calculée lors de l’achat. L’un des auteurs, Thales Pupo West, chercheur au Centre for Environment, Energy and Natural Resource Governance de l’Université de Cambridge, a partagé lors d’une entrevue avec Le Devoir ses doutes face à la rigueur des calculs de transferts de carbone. West
critique la rigueur scientifique de la norme Verified Carbon Standard (VCS), qui est très répandue dans le calcul des équivalents de gaz à effet de serre pour les crédits carbone. Ce dernier, ainsi que Barbara Haya, directrice du Berkeley Carbon Trading Project, critiquent la flexibilité de cette norme, qui permet aux développeurs de projets de surestimer les bénéfices de façon autonome et sans consultation externe.

Une deuxième critique, énoncée encore une fois par West, est qu’il est également possible de surestimer l’impact sur la déforestation, car l’achat de crédits carbones n’engage pas toujours à la plantation de nouveaux arbres qui vont capter du dioxyde de carbone, mais il peut parfois s’agir de protéger des zones de forêt déjà existantes. Il faut donc se questionner à savoir ce qui serait arrivé si l’entreprise n’avait pas fait l’acquisition de crédits dans cette zone. Aurait-elle été conservée par les communautés colombiennes vivant sur ce territoire, sans « l’aide »
de cette entreprise?

Troisièmement, une critique qui n’est pas nommée dans cette étude, comme elle n’en fait pas l’objet de recherche, mais qui est abordée dans un article du Columbia Climate School est l’aspect néo-colonial de l’achat de crédits carbones par des entreprises du « Nord global » dans le « Sud global ». Le concept de colonialisme climatique, décrit par le philosophe Olúfémi O. Táíwò, soutient que ces investissements dans le « Sud Global » sont une forme de contrôle de l’espace et d’indulgence face aux politiques environnementales des pays du « Nord global ».

« Ce n’est pas parce que l’utilisation de crédits carbones est remise en question par des experts qu’on ne peut pas
souligner les efforts d’efficacité énergétique et de création de nouvelles sources d’énergies renouvelables du Climate Pledge Arena »

Un véritable succès éco responsable?

Finalement, comme l’a souligné Barbara Haya, ce n’est pas parce que l’utilisation de crédits carbones est remise en question par des experts qu’on ne peut pas souligner les efforts d’efficacité énergétique et de création de nouvelles sources d’énergies renouvelables du Climate Pledge Arena. La mise en place d’un système de récupération et de filtration d’eau, la récupération et la réutilisation de 97% des déchets ainsi que l’accessibilité en transport en commun restent des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre à la source.

Pour l’étude dont West est l’un des auteurs, les chercheurs concluent que des réformes dans les projets de REDD+ sont possibles. Alors qu’il y a un consensus relatif auprès des experts sur ces projets qui surestiment
l’impact d’achats de crédit, West et ses co-auteurs croient en une réforme. Par exemple, un protocole mesurant plus précisément la déforestation réelle, et non estimée, pourrait être un dispositif pouvant contrer la manipulation des résultats.

Est-ce que le Climate Pledge Arena est réellement carboneutre? Pour plusieurs experts, dont Raya, il reste encore
un long chemin pour l’entreprise qui selon elle, devrait être jugée principalement par sa capacité à réduire directement les gaz à effet de serre. Une firme ne devrait pas évaluer son empreinte carbone principlameent par l’achat de crédits carbones, qui est vu comme une technique souvent associée à l’écoblanchiment, permettant de s’affranchir d’une partie de son impact environnemental au coût de crédit, dont le réel impact reste encore à prouver.

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Portrait de la militante Fatou Jeng https://www.delitfrancais.com/2024/02/07/portrait-de-la-militante-fatou-jeng/ Wed, 07 Feb 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54481 Membre du Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques 2023-2024.

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«Votre génération sera essentielle. Aujourd’hui, pour vivre déjà. Demain, pour pouvoir gérer et inverser cette tendance et sauver la planète. Et je vous souhaite le meilleur des succès – le succès que, malheureusement, ma génération n’a pas pu avoir, (tdlr) » a dit António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, au Forum de la jeunesse dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur les océans, le 26 juin 2022 à Lisbonne. Dans cet article sera mise en lumière la militante Fatou Jeng, qui est un exemple de passion authentique pour l’engagement au sein de la cause climatique.

Fatou Jeng en résumé

Nom : Fatou Jeng
Âge : 27 ans
Origine et lieu de résidence : Banjul, Gambie
Instagram : @fatoulaminjeng

L’activiste s’engage depuis plusieurs années dans la lutte contre les changements climatiques, le développement communautaire et l’égalité des sexes. En 2017, elle fonde l’ONG Clean Earth Gambia, un organisme gambien dirigé par des jeunes, visant à éduquer la population aux changements climatiques et aux actions possibles pour lutter contre ceux-ci. Les activités de l’organisme comptent entre autres la plantation d’arbres, le nettoyage de déchets et les discussions en ligne. En 2019, Fatou Jeng a été co-responsable du groupe de travail sur les femmes et le genre de YOUNGO, l’organe officiel de représentation des jeunes dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Fatou Jeng s’intéresse aux questions d’égalité des genres dans l’action climatique. Fille d’un fermier, elle a dans son enfance à Banjul, la capitale de la Gambie, été témoin des défis climatiques auxquels doivent faire face les fermiers, et surtout les fermières. Fatou Jeng détient une maîtrise en environnement, développement et politique de l’Université du Sussex, au Royaume-Uni. À propos de sa nomination au Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques du Secrétaire général des Nations Unies, Fatou Jeng précise ceci : « Il ne s’agit pas seulement de la nomination elle-même, mais de ce que je peux accomplir dans ce rôle pour représenter la voix des jeunes… et défendre les intérêts des communautés les plus vulnérables et sous-représentées en matière d’adaptation climatique. »

« Il ne s’agit pas seulement de la nomination elle-même, mais de ce que je peux accomplir dans ce rôle pour représenter la voix des jeunes… et défendre les intérêts des communautés les plus vulnérables et sous-représentées en matière d’adaptation climatique »

Fatou Jeng

Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques

Le Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques du Secrétaire général des Nations Unies pour les années 2023–2024 est la deuxième cohorte du projet, celui-ci ayant été initié à l’ONU en 2020. La cohorte actuelle est composée de sept membres : Ayisha Siddiqa (États-Unis), Beniamin Strzelecki (Pologne), Jevanic Henry (Sainte-Lucie), Josefa Tauli (Philippines), Joice Mendez (Colombie/Paraguay), Saoirse Exton (Irlande) et Fatou Jeng (Gambie). Le Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques est un groupe de jeunes activistes environnementaux qui agissent comme conseillers au Secrétaire général des Nations Unies. Chaque candidat est d’abord désigné par des organisations non gouvernementales et des organisations de la société civile reconnues, puis nommé par le Secrétaire général. Les jeunes viennent de partout dans le monde, et de milieux diversifiés, ce qui donne d’autant plus de valeur à leurs conseils concrets, qui visent à accélérer l’exécution du programme d’action sur le climat.

Dans la vie, le degré d’engagement pour la cause environnementale est propre à chacun. Certains vont faire le choix de prendre les transports en commun plutôt que la voiture, et d’autres vont rejoindre le Groupe consultatif de la jeunesse sur les changements climatiques de l’ONU. Tous les efforts sont utiles, peu importe leur envergure! Fatou Jeng a commencé par s’engager dans sa communauté locale en Gambie avant d’étendre son activisme à l’échelle internationale. Des modèles diversifiés de prise d’action, comme Fatou Jeng et ses six co-conseiller·ère·s au Secrétaire général, sont nécessaires à la sensibilisation du plus grand nombre de jeunes à la cause environnementale. Il ne faut pas attendre pour réaliser les changements qui sont nécessaires dès aujourd’hui.

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Le bulletin terre à terre https://www.delitfrancais.com/2024/01/17/le-bulletin-terre-a-terre/ Wed, 17 Jan 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=54238 Cinq bonnes nouvelles environnementales au Québec en 2023.

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On a tendance à ne parler que de ce qui va mal. On chiale, on rant, on évacue ce qui nous pèse à l’intérieur. Et, ainsi, l’erreur que l’on fait souvent, c’est d’oublier de parler de ce qui va bien. On pense que c’est moins intéressant ; il y a moins de rebondissements quand tout roule. Pourtant, il est aussi important de parler des côtés positifs, si ce n’est que pour éviter de retenir et de transmettre ensuite une vision biaisée des choses et des événements. Pour avoir une vue d’ensemble, il faut apprécier tous les aspects : les bons comme les mauvais. En 2023, on a entendu beaucoup de mauvaises nouvelles environnementales, c’est pourquoi il est d’autant plus important de mettre en lumière les bonnes nouvelles de l’année!

« En 2023, des humains passionnés par la survie de leur espèce ont fait pression sur leurs gouvernements et ont entrepris des projets afin de réaliser des changements pour le bien de l’environnement »

Dans le cas de la crise climatique, un discours purement négatif peut mener à une amplification de ses causes, car la peur mène à l’inaction. Il est primordial d’être réaliste lorsque l’on discute de la situation environnementale. Être réaliste, cela ne signifie pas seulement parler de l’aggravation des catastrophes naturelles par les humains, du nombre grandissant de réfugiés climatiques, de la perte rapide de la biodiversité, etc. Être réaliste nécessite de parler de la crise en ayant en tête les avancées technologiques écologiques, les populations qui acquièrent une conscience environnementale et les découvertes scientifiques utiles à la lutte contre les changements climatiques. Le défaitisme condescendant (« Je peux polluer comme je veux, de toute façon on va tous mourir », « Tu penses vraiment que ton tempeh général tao va sauver les koalas? ») n’a pas sa place dans la discussion. On a la chance, en tant qu’étudiant·e·s mcgillois·e·s, d’avoir accès à des ressources qui nous permettent de réfuter ces déclarations contre-productives, et d’avoir l’espace mental et le temps de s’impliquer dans les causes qui nous tiennent à cœur. Il faut saisir cette opportunité, qui n’est pas donnée à tous·tes. En 2023, des humains passionnés par la survie de leur espèce ont fait pression sur leurs gouvernements et ont entrepris des projets afin de réaliser des changements pour le bien de l’environnement. Au Québec, certaines de ces revendications et initiatives ont abouti à des résultats très positifs. Revenons donc sur cette année mouvementée qui vient tout juste de se terminer – même si nous en sommes déjà à la troisième semaine. Voici cinq bonnes nouvelles environnementales au Québec en 2023.

Anticosti protégée par l’UNESCO

En septembre 2023, l’île d’Anticosti, située dans le golfe du Saint-Laurent dans la région de la Côte-Nord, a été ajoutée à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Connue pour ses falaises impressionnantes, la chute Vauréal, la rivière Jupiter et la superficie impressionnante de l’île (équivalente à 17 fois l’île de Montréal), Anticosti est un joyau exceptionnel du Québec. Ses côtes, qui font l’objet d’études scientifiques, comportent des habitats sous-marins importants. La particularité d’Anticosti, qui a suscité l’attention du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, est sa richesse géologique. Grâce à ses successions stratigraphiques qui abritent de nombreux fossiles diversifiés et bien conservés, Anticosti est en quelque sorte une photographie de la fin de l’Ordovicien, cette période où est survenue la première grande extinction de masse sur Terre. C’est environ 14% de la superficie de l’île qui est maintenant protégée par l’UNESCO, c’est-à-dire que des règles sévères encadrent la collecte de fossiles et la conservation du territoire. Avec cette reconnaissance internationale, on espère la venue sur l’île de scientifiques de partout dans le monde.

« En mars 2023, les ministres de l’Environnement Steven Guilbeault et Benoit Charette ont annoncé l’agrandissement (par quatre fois sa taille originale) du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent »

Projets de parcs marins

En mars 2023, les ministres de l’Environnement Steven Guilbeault et Benoit Charette ont annoncé l’agrandissement (par quatre fois sa taille originale) du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. Cette mesure a pour but de protéger 100% du territoire servant d’habitat aux bélugas, une espèce menacée. L’un des facteurs de danger pour les bélugas est le bruit produit par les navires de charge. Une plus grande zone protégée permettrait de conserver des endroits de tranquillité pour les bélugas. Les bateaux pourront encore passer par leurs chemins habituels, mais le trafic maritime sera davantage réglementé. Les ministres visent à officialiser le projet en 2025. En novembre, un autre projet de parc marin a été annoncé par Québec et Ottawa. Cette aire protégée, inspirée du parc marin Saguenay-Saint-Laurent, se situerait entre l’île d’Anticosti et la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan. Selon Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), ce projet serait très bénéfique pour plusieurs espèces de baleines, dont certaines sont en voie de disparition.

Défense continue de la rivière Magpie

En 2021, la rivière Magpie est devenue le premier élément naturel à obtenir le statut de personnalité juridique au Canada, après avoir été déclarée comme telle par le Conseil des Innus d’Ekuanitshit et la municipalité régionale de comté (MRC) de Minganie. En 2023, malgré son statut exceptionnel, la rivière Magpie fait face à une menace importante : un projet de barrage par le gouvernement provincial et Hydro-Québec. Le gouvernement provincial a son œil sur la rivière Muteshekaushipu (le nom innu de la Magpie) à cause de son débit puissant, parfait pour l’instauration d’un barrage hydro-électrique. La rivière possède pourtant un moyen de défense : la population. Les communautés autochtones, les amateur·trice·s de sports d’eaux vives et certains groupes citoyens et environnementaux s’opposent fortement au projet de barrage, et posent des actions concrètes pour le contrer. Les gens impliqués dans la protection de la Magpie revendiquent le statut d’« aire protégée » pour la rivière, ce qui l’écarterait des options pour la construction de barrages. La Magpie s’est bâtie une réputation à l’internationale, notamment à la COP15 en décembre 2022 et dans le prestigieux magazine de plein air National Geographic, qui l’a classée parmi les 10 meilleures rivières au monde pour les sports d’eaux vives. En 2023, la lutte continue, entre autres par le passage de Jean-Charles Piétacho, chef de la communauté innue d’Ekuanitshit, et Luc Noël, préfet de la MRC de Minganie, à une conférence à l’ONU. De plus, cette année, de nombreux citoyen·ne·s se sont exprimé·e·s dans les médias en faveur de la protection de cette rivière exceptionnelle.

Dominika Grand’Maison | le Délit Fleuve Saint-Laurent, Tadoussac

Restauration de l’île Tekakwitha

La communauté Mohawk de Kahnawake, sur la Rive-Sud de Montréal, a historiquement été désavantagée par les projets de construction du gouvernement fédéral. L’exploitation du territoire par le gouvernement a eu des effets néfastes sur l’environnement et la culture des habitant·e·s. L’île Tekakwitha, une île artificielle, a ensuite été bâtie avec des résidus de travaux dans le fleuve. Aujourd’hui, des problèmes de diversité faunique et végétale persistent sur l’île, à cause de ses sols pauvres et de la prolifération d’espèces envahissantes. Un projet de travaux de revitalisation a été mis en place il y a quelques années par des jeunes employé·e·s autochtones et non-autochtones du Kahnawake Environment Protection Office (KEPO). Ces travaux incluent le dragage de la baie (pour retirer des sédiments et les transformer en terre riche pour faire pousser des plantes), la création d’habitats (pour les hirondelles, les tortues et les serpents), et la création d’un milieu humide avec un marais artificiel. En 2023, ces travaux ont continué d’avancer et de mener à de petites victoires en termes de biodiversité. Un nouveau projet de forêt nourricière a aussi été mis en place. Il vise à créer un espace pour que la communauté puisse venir cueillir des fruits, des plantes médicinales et des graines. En plus d’être potentiellement propice à l’épanouissement de la biodiversité, l’île Tekakwitha accueille chaque année le pow-wow de Kahnawake, un évènement traditionnel qui célèbre la fierté autochtone. L’année dernière, le pow-wow de Kahnawake a accueilli, comme chaque année, des centaines de danseur·se·s et des milliers de spectateur·trice·s. Il est important de continuer à protéger et à revitaliser cette île, qui sert d’endroit de ressourcement à la nature et à la communauté mohawk de Kahnawake.

Agriculture urbaine hivernale

Malgré le froid et la neige des mois d’hiver, il est possible de faire pousser des légumes à l’extérieur! En 2023, à Montréal, le Carrefour solidaire et le Laboratoire sur l’agriculture urbaine ont créé, à l’aide d’abris d’automobiles, des serres chauffées uniquement par le soleil. Alors qu’il faisait ‑5 ̊C à l’extérieur, les pousses à l’intérieur des serres à énergie passive profitaient d’une température plus clémente, d’environ 7 ̊C. Les légumes-feuilles, tels que les laitues et les pak choïs, sont les plus résistants au froid, donc les plus heureux dans un tel environnement. L’agriculture urbaine hivernale dans les abris d’automobiles utilise l’espace de manière plus productive et durable que des places de stationnements, souvent laissées vides dans la rue. Les récoltes des serres à énergie passive sont servies dans un centre communautaire du quartier du Centre-Sud. Ce projet peut facilement être recréé par les citoyen·ne·s dans les quartiers où les abris à automobiles sont permis.

À suivre en 2024

2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Elle a été une année difficile pour la protection de notre écosystème, mais cela n’a pas empêché le rayonnement de victoires et de nouvelles initiatives en matière de lutte contre les changements climatiques au Québec.

Pour ce qui est de l’année qui commence, les dossiers environnementaux (positifs et négatifs) à suivre sont entre autres l’avancement des projets présentés dans cet article ; la stratégie de protection des caribous forestiers du gouvernement Legault ; la COP29, qui aura lieu en Azerbaïdjan en novembre ; la conférence de Berne III, qui se tiendra du 23 au 25 janvier en Suisse ; le projet d’usine à batteries Northvolt, et le potentiel projet de tramway dans la ville de Québec. Qui sait, peut-être que certains (certainement pas tous) de ces dossiers feront l’objet d’un futur article sur les bonnes nouvelles environnementales de l’année 2024.

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