Archives des Slider - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/slider/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Wed, 26 Feb 2025 15:09:57 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Essence : quatre artistes montréalaises à l’honneur https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/essence-quatre-artistes-montrealaises-a-lhonneur/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57645 Une célébration de l’art et de l’identité noire dans cette exposition collective.

L’article Essence : quatre artistes montréalaises à l’honneur est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Février, Mois de l’histoire des Noirs. Une période où l’on se retrouve, où l’on s’observe dans les reflets de celles et ceux qui nous ont précédés, et où l’on tente, à travers l’art, de raconter nos propres histoires.

Le 22 février dernier, au Quartier Jeunesse de Montréal, Cultur’elles MTL, un organisme dédié à la mise en avant des femmes issues de la diversité dans le domaine de la culture, des arts et des médias, nous a offert un espace pour le faire avec Essence.

Cultur’elles MTL

Dans cette exposition collective mettant en avant le travail de quatre artistes noires de la scène montréalaise, les visiteurs ont pu admirer photographie, peinture, crochet et multimédia dans un même espace. Les artistes mises en avant dans l’exposition étaient Sarah Béguineau, présentant des tableaux où la couleur dorée, symbolisant son vécu, domine ; Toromba Diawara, illustratrice et peintre, explorant ses émotions à travers l’utilisation de cordon et de fil ; BLCKQ, artiste et designer, qui fusionne art et tricotage pour créer des œuvres célébrant l’expression de soi ; et moi, Harantxa Jean, une artiste mêlant photographie conceptuelle et direction artistique, avec des projets comme ma série d’autoportraits CONTRAPPOSTO, engageant une réflexion sur la place des femmes noires dans l’histoire de l’art.

Cultur’elles MTL

Verres à la main, une communauté s’est rassemblée non seulement pour admirer l’exposition, mais aussi pour créer. Les participants ont eu l’opportunité de prendre part à des ateliers de perlage et de tressage animés par l’artiste Amanda Préval, tandis que les sœurs Rivera du spa Rivera Beauty ont ouvert un espace dédié à l’expression à travers le nail art. Assma, étudiante passionnée par le henné, a quant à elle proposé des designs inspirés de son héritage tchadien, et Frizzygyal, une artiste visuelle, nous a éblouis avec une performance de bodypainting en direct où elle a transformé des corps en véritables toiles vivantes.

Cultur’elles MTL

Pour compléter cette expérience immersive, Cultur’elles MTL a organisé un panel de discussion, où les artistes exposées ont été invitées à prendre la parole.

Quatre chaises sur scène, une lumière chaude, et une question posée d’emblée par l’animatrice : Comment intégrez-vous votre identité dans votre art ? Un silence dans la salle suit. Pas un silence pesant, mais plutôt celui d’une attente, d’une introspection collective. Puis Sarah a pris la parole : « Pour moi, l’art est un cheminement vers mes racines. Étant antillaise et française, il y a toujours eu une recherche de mon propre centre. Donc, mon travail, c’est un dialogue avec mon héritage. » Torumba a enchaîné, un sourire en coin : « Moi, c’est simple : mon art, c’est mon mood. Ce que je ressens, ce que je vis, tout passe par mes mains. Et avec cette expo, je voulais explorer de nouvelles matières, tester l’association entre la corde et la peinture. »

Cultur’elles MTL

Quand mon tour est venu, je parle d’absence. Le manque d’images non stéréotypées des femmes noires, l’absence d’un espace où notre beauté et notre force ne sont pas simplement tolérées, mais affirmées : « Grandir en aimant les médias, tout en n’y voyant personne qui me ressemblait, c’est un sentiment complexe. Mon travail, c’est une tentative de renverser ce narratif. De combler ce vide. »

Dans la salle, on acquiesce, on murmure, on se reconnaît. Et dans cette énergie collective, notre décision est claire : continuer de créer.

Le 22 février dernier au Quartier Jeunesse de Montréal, Essence fut une soirée où Montréal a répondu présent et où l’essence même de notre créativité et de notre identité a pleinement trouvé sa place.

L’article Essence : quatre artistes montréalaises à l’honneur est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Souper de l’héritage des personnes noires : inspirer et motiver https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/souper-de-lheritage-des-personnes-noires-inspirer-et-motiver/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57669 Comment NSBE parvient-elle à inspirer les générations futures?

L’article Souper de l’héritage des personnes noires : inspirer et motiver est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Près de 100 étudiant·e·s le mercredi 19 février, dans le bâtiment de l’AÉUM, dans le cadre du Black Legacy Dinner ou Souper de l’héritage des personnes noires. Cet événement, organisé par la Société Nationale des étudiant·e·s noir·e·s en Ingénierie (NSBE : National Society of Black Engineers) à l’occasion du Mois de l’Histoire des Noir·e·s, avait pour but d’inspirer et de motiver les étudiant·e·s mcgillois·e·s à poursuivre différentes carrières en ingénierie. Ayant pour slogan « Ne soyez jamais limités par l’imagination limitée des autres » tiré d’une citation de la Dre Mae C. Jemison, première astronaute afro-américaine, la soirée a recueilli cinq panélistes qui ont partagé tour à tour leurs expériences et conseils avec les étudiant·e·s. Elle s’est ensuite poursuivie par un souper, ainsi qu’une séance de réseautage.

Le but de l’événement, me partage Trixie, vice-présidente de NSBE, était « d’encourager la célébration de la créativité, et le courage de poursuivre son propre chemin, malgré les contraintes extérieures ». Fatima, responsable des événements de NSBE, ajoute qu’ « en tant que personne de couleur, ça peut être difficile de s’imaginer faire ce que l’on aime et être où l’on souhaiterait être, car on ne se sent pas forcément représenté·e·s ». Ainsi, de tels événements sont l’occasion d’entendre la voix de ceux et celles qui ont réussi à défier les obstacles et ont eu le courage de prendre des initiatives. Par exemple, Stephanie Kirichou, une des panélistes, a commencé sa carrière chez ABB, une entreprise spécialisée dans les technologies d’électrification, après avoir été diplômée de McGill. Aujourd’hui, elle a un cheminement unique en étant également DJ. Mélangeant entrepreneuriat et art, son profil est tout à fait atypique. Trixie m’explique que cela permet d’inspirer les étudiant·e·s, en leur montrant qu’il existe des options variées en dehors du profil traditionnel de l’ingénieur. Nuel Edeh, un autre panéliste diplômé de McGill, est parvenu à cofonder sa propre entreprise en 2020. Parmi les autres invités, on comptait Achille Ubalijoro, fondateur et directeur de Kabera Consulting, une agence d’accompagnement professionnel ; Rito Joseph, fondateur de Black Montreal Experiences, où il mène des conférences, présentations, ateliers et promenades pour célébrer l’histoire noire de Montréal ; et enfin Leslie-Anne Lewis, directrice de la diversité et de l’équité à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada.

En plus de ces interventions, Fatima me confie que la nourriture du souper a été particulièrement appréciée. En effet, le menu soigneusement préparé par Casserole Kréole était composé de plats traditionnellement caribéens et africains, tels que le riz djon djon, le griot haïtien, le poulet à la jerk jamaïcain et autres spécialités. Fatima explique : « c’était l’occasion de déguster le type de nourriture que je mangeais chez moi avant d’intégrer l’université. Je n’ai ni le temps ni l’argent de me les préparer ici et c’était donc très réconfortant de les retrouver au souper ».

En dehors de cet événement, NSBE est une organisation mondiale, notamment présente aux États-Unis et au Canada. Ses commanditaires lui permettent d’organiser des séances de réseautage au long de l’année, des interventions auprès des plus jeunes dans des écoles à Montréal, et, notamment, une conférence annuelle qui regroupe tout le réseau américain lors d’un forum de l’emploi. Leur but principal est d’accompagner les étudiant·e·s noir·e·s dans leur carrière en sciences ou en ingénierie en leur fournissant des ressources académiques. Chaque personne à McGill peut s’y impliquer en participant aux événements et à la réunion semestrielle ouverte à tous·tes. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter leur page Instagram @nsbemcgill et leur site Internet nsbemcgill.com.

L’article Souper de l’héritage des personnes noires : inspirer et motiver est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Un rêve éveillé? https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/un-reve-eveille/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57595 Ce que les rêves peuvent nous apprendre sur nous-mêmes.

L’article Un rêve éveillé? est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
A vez-vous déjà essayé de tenir un journal de rêve? Cela consiste, chaque matin, au réveil, à retranscrire sur papier les aventures et péripéties mentales qui nous sont arrivées au cours de notre sommeil. C’est un véritable effort cognitif que de se remémorer les images qu’a produites notre esprit pendant la nuit et ainsi reformer le casse-tête de nos rêves. Il s’agit de reconstituer une histoire sans queue ni tête et de comprendre comment on est passé d’une traversée du désert à dos de chameau, à une salle d’examen face à une copie blanche avant de se réveiller en sursaut. Mais pour s’initier à cet exercice, encore faut-il se souvenir de ses rêves, ce qui n’est pas toujours chose facile.

Je me suis entretenue avec le professeur Roger Godbout, professeur émérite au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, spécialiste du sommeil, afin de démystifier les rêves et de comprendre ce qu’ils révèlent sur notre santé mentale.

Théories des rêves

Selon le professeur, les rêves désignent « toute activité mentale qui a lieu pendant qu’on dort ». Aussi se distinguent-ils des rêveries et pensées floues que l’on peut avoir à l’état d’éveil. « Si tout le monde rêve, ce n’est pas tout le monde qui s’en rappelle », explique-t-il. En général, environ « un tiers des gens vont dire qu’ils rêvent fréquemment, un autre tiers qu’ils rêvent plus ou moins régulièrement, et un dernier tiers va déclarer ne jamais rêver ou très rarement ». Alors pourquoi certains se souviennent-ils mieux de leurs rêves que d’autres?

Le professeur Roger Godbout explique qu’il existe deux écoles de pensée par rapport aux rêves. Selon la pensée freudienne, les rêves permettent de laisser passer les messages de notre inconscient vers le conscient à travers un filtre, qui masque nos pulsions inavouables en les déguisant sous la forme de symboles. Si certains se rappellent moins leurs rêves, c’est que les mécanismes de défense psychologique qui censurent les messages de l’inconscient sont très présents. Dans les années 1970, les psychiatres Allan Hobson et Robert McCarley ont développé une nouvelle théorie du rêve s’opposant à celle de Freud : le modèle d’activation-synthèse. Selon cette théorie, les rêves sont le produit du travail de synthèse opéré par notre cerveau, qui, particulièrement actif pendant la phase de sommeil paradoxal (Rapid Eye Movement (REM) Sleep), ravive des souvenirs, des émotions et des sensations et les intègre sous forme de récit de rêve qui se produit quatre ou cinq fois par nuit. Le cerveau est également capable de traiter les signaux extérieurs et les conjugue à nos souvenirs lointains ou récents pour en faire un récit. La phase de sommeil paradoxal la plus longue se produit au petit matin, c’est donc surtout de notre dernier rêve dont on se souviendra le mieux.

« Quand le rêve devient tellement émotif, tellement dangereux, surtout pour soi, l’instinct de survie fait en sorte qu’on se réveille »

Roger Godbout, psychologue

Par ailleurs, « plus les rêves sont émotifs, plus on risque de se les rappeler », ajoute le professeur. Si l’on suit la logique de Freud, c’est parce que les émotions sont arrivées à un niveau plus acceptable et que l’on peut les laisser pénétrer le conscient. Cependant, « quand le rêve devient tellement émotif, tellement dangereux, surtout pour soi, l’instinct de survie fait en sorte qu’on se réveille », explique le professeur Godbout. C’est ce même instinct de survie qui nous empêche de ressentir de la douleur physique pendant un rêve.

Donner un sens

La mémoire onirique est comme un muscle que l’on peut renforcer en l’exerçant. À force de consigner nos souvenirs de rêve dans un journal le matin au réveil, on finit par se remémorer nos rêves de plus en plus précisément. « Au fur et à mesure qu’on le fait, les récits vont être de plus en plus longs », indique le professeur. Il est plus facile d’évoquer d’abord la fin du rêve, car plus frais à notre mémoire, d’après l’effet de récence. Par automatisme, notre prochain souvenir est le début du rêve ; c’est l’effet de primauté. « Après ça, il est plus facile de dérouler le récit, pas besoin d’être logique, pas besoin d’être séquentiel, pas besoin d’être exact », rassure le psychologue.

Lorsqu’on connaît le récit de son rêve, on peut commencer à interpréter ses symboles et comprendre ce qu’il révèle sur notre état de santé mentale et nos pensées profondes. À première vue, il est difficile de véritablement donner un sens à nos rêves. Ponctués de personnages et d’objets parfois farfelus, ils révélent une créativité et un pouvoir d’imagination dont on ne pensait même pas être doté. Selon le professeur, si un camion capable de parler ne nous étonne pas lorsqu’on rêve, c’est parce que la région cérébrale du jugement ne fonctionne pas pendant le sommeil paradoxal. Toutefois, les rêves sont aussi affectés par notre niveau d’anxiété : « Si je me couche en étant préoccupé par les contraintes que j’ai eues pendant la journée, je risque de faire des rêves qui ont un rapport à ça », explique-t-il.

Un cercle vicieux

La qualité du sommeil est, elle aussi, influencée par les rêves et la réciproque est vraie. « Si je fais des cauchemars, je ne dors pas bien, mais si je ne dors pas bien parce que je suis très préoccupé, je risque de faire des cauchemars », illustre le psychologue, mettant en évidence le cercle vicieux qui peut se répéter à l’infini. Parmi les facteurs qui peuvent affecter la qualité du sommeil et ainsi nos rêves, on retrouve les stimuli de l’environnement : « s’il fait froid ou que j’ai mal quelque part, mon rêve va être déplaisant », observe le professeur.

« 80% des émotions qu’on a dans nos rêves sont des émotions négatives »

Roger Godbout, psychologue

Certains cauchemars peuvent être provoqués par une expérience traumatique qui nous hante ou des pensées qui nous angoissent. Pour mettre fin au cycle infernal et soulager son anxiété, il est parfois nécessaire de suivre une thérapie, qui vise à modifier le rêve afin qu’il aboutisse de façon plus agréable. Ainsi, corriger ses cauchemars peut permettre un meilleur sommeil et ultimement une meilleure santé physique et mentale. Mais a‑t-on vraiment un quelconque contrôle sur nos rêves?

D’abord, le professeur rappelle que « 80% des émotions qu’on a dans nos rêves sont des émotions négatives ». Ainsi, « les rêves où ça va mal, c’est normal, c’est souvent comme ça » et il ne faut donc pas trop s’inquiéter, car de cette manière, « le rêve nous sert à faire face à l’adversité ». Cela ne nous empêche tout de même pas d’essayer de modifier nos rêves pour leur donner un meilleur contour. Bien qu’il n’y ait que 10% des gens qui font des rêves lucides, dans lesquels ils se rendent compte qu’ils sont en train de rêver, chacun peut travailler sur ses rêves après les avoir eus, en les reformulant de manière plus positive. Ainsi, si j’ai eu l’impression de tomber pendant mon rêve, je peux me dire plutôt que j’ai appris à voler. Changer le scénario d’un rêve, que ce soit par le dessin ou l’écriture, permet de mieux y être préparé lorsqu’il se reproduit et de ne plus le subir.

Enfin, le professeur rejette l’existence de rêves prémonitoires. Néanmoins, un rêve peut mettre en lumière des éléments essentiels à la solution d’un problème qui nous préoccupe, auxquels on n’avait pas pensé. Finalement, tenir un journal de rêve peut s’avérer une expérience agréable et utile.

L’article Un rêve éveillé? est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’abandon des travailleurs étrangers temporaires https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/labandon-des-travailleurs-etrangers-temporaires/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57590 Précariser pour mieux s’en laver les mains.

L’article L’abandon des travailleurs étrangers temporaires est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L e ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale a annoncé le 23 janvier dernier qu’à compter du 1er février 2025, les travailleurs étrangers temporaires n’auraient plus accès aux services publics d’aide à l’emploi. Cette décision s’inscrit dans une vague plus importante de mesures restrictives sur l’immigration – on peut notamment penser aux mesures visant les étudiants étrangers annoncées en 2024 – qui cherchent visiblement à limiter l’afflux de résidents non permanents au Québec. Cette politique soulève de véritables questions sur la justice et la logique derrière les politiques d’immigration de la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui continue de reléguer au second plan la population immigrante québécoise.

Contre-intuitive et injuste

Il semble absurde de refuser des services d’aide à l’emploi à des personnes dont le statut est défini par leur capacité à travailler. L’existence même des travailleurs étrangers temporaires repose sur leur contribution à l’économie du Québec. Pourquoi leur retirer un soutien qui les aiderait à mieux intégrer le marché du travail? C’est une décision qui ne tient pas debout d’un point de vue économique ou social. Le gouvernement prétend favoriser l’emploi des résidents permanents et des citoyens, notant une hausse du taux de chômage au Québec. D’ailleurs, en ce qui concerne le taux de chômage au Québec, il se trouvait en janvier à 5,4%, demeurant largement inférieur au taux de chômage canadien de 6,6%. Il a même connu un recul depuis novembre dernier, alors qu’il atteignait les 5,9%.

Malgré tout, cette politique ne répond pas aux besoins réels du marché du travail. Au lieu d’encourager une intégration efficace des travailleurs temporaires, on leur complique l’accès à l’information et aux ressources essentielles. Les organismes mandatés d’offrir de l’aide en employabilité servent à faciliter l’intégration professionnelle des travailleurs temporaires en les outillant, en les informant sur les standards québécois et en les préparant au milieu de l’emploi spécifique au Québec. À mon avis, ce qui ressemble à une stratégie électoraliste populiste cache d’autres motifs : cette mesure se traduit plutôt par une précarisation forcée de travailleurs étrangers, ceux-ci représentant déjà une part vulnérable de la population.

Une stratégie d’usure calculée

Il ne faut pas voir cette décision comme un simple ajustement administratif, mais plutôt comme une tactique de fragilisation volontaire et consciente. La CAQ est connue pour ses mesures abusives, voire dérisoires quant à l’immigration : l’apprentissage du français en six mois ou une maîtrise préalable de la langue, restrictions accrues sur les domaines d’emploi prioritaires, et j’en passe.

Aujourd’hui, c’est l’exclusion des services publics d’aide à l’emploi pour les travailleurs temporaires. Demain, ce sera autre chose. Ces mesures ne font pas disparaître le besoin de main‑d’œuvre – le gouvernement estime qu’il y aura au-delà de 1,4 million de postes à combler d’ici 2030 – mais rendent le parcours plus difficile pour les étrangers souhaitant s’établir au Québec.

« Aux yeux de la CAQ, ils sont une population transitoire, au même titre que les étudiants étrangers, dont la pré- sence est tolérée tant qu’elle sert les intérêts économiques de la province, mais dont l’intégration durable n’est ni souhaitée ni encouragée »

J’irais même jusqu’à dire qu’on peut lire entre les lignes une volonté caquiste de pousser ces travailleurs à quitter la province, ou le pays, d’eux-mêmes. En rendant leur séjour au Québec plus complexe, la CAQ espère qu’ils repartiront plutôt que de s’accrocher à un système qui leur met constamment des bâtons dans les roues. Il s’agit d’un moyen de réduire la présence des travailleurs étrangers sans avoir à en interdire officiellement l’entrée. Aux yeux de la CAQ, ils sont une population transitoire, au même titre que les étudiants étrangers, dont la présence est tolérée tant qu’elle sert les intérêts économiques de la province, mais dont l’intégration durable n’est ni souhaitée ni encouragée.

Fragiliser l’économie québécoise

D’un point de vue purement pragmatique, cette décision me semble risquée pour l’économie québécoise. Je ne suis en rien économiste, mais, alors que la province fait face à une pénurie de main‑d’œuvre dans plusieurs secteurs, il me semble irrationnel de restreindre l’accès aux services qui facilitent l’employabilité des travailleurs déjà présents sur le territoire. Comment peut-on se permettre de renvoyer ces travailleurs alors que certains secteurs – pensons à l’agriculture, la santé, la restauration – dépendent grandement de la main‑d’œuvre immigrante? En rendant l’accès à l’emploi plus difficile pour ces travailleurs, la CAQ ne fait qu’aggraver la pénurie et met en péril des chaînes de production et de services essentielles. On s’attendrait plutôt à des mesures facilitant l’accès à l’emploi, pas l’inverse.

Une dérive politique plus large

Cette restriction s’inscrit dans un mouvement plus large de fermeture à l’immigration, au Québec et ailleurs. Le gouvernement Legault, souvent critiqué pour sa gestion de l’immigration, semble pourtant s’insérer dans une tendance mondiale de durcissement des frontières et de rejet des populations immigrantes. Dans un contexte où les crises économiques poussent plusieurs pays à resserrer leurs politiques migratoires, la montée de l’extrême droite et de la xénophobie alimente des mesures qui fragilisent les tissus sociaux et s’attaquent aux populations les plus vulnérables. Ces politiques ne règlent en rien les défis structurels du marché du travail, mais répondent plutôt à aux pressions populistes qui cherchent des boucs émissaires plutôt que de véritables solutions.

Dans un climat de compressions budgétaires, les premières victimes de ces politiques sont toujours les plus précaires. Les coupures dans le domaine de la santé, par exemple, affecteront d’abord de manière disproportionnée les personnes à risque ayant un accès limité aux soins. De la même manière, les restrictions sur l’emploi visent un groupe déjà marginalisé, renforçant leur isolement et leur vulnérabilité. Si on regarde à l’échelle mcgilloise, les compressions budgétaires de 45 millions annoncées le 7 février dernier par l’administration impacteront en premier les plus fragiles, les étudiants.

Ce qui se cache derrière ces mesures, c’est une vision de l’immigration comme un fardeau plutôt qu’une ressource. Pourtant, dans un Québec confronté à un vieillissement de la population et à un manque de travailleurs, les travailleurs temporaires, et plus largement, la population immigrante, sont plus que jamais essentiels. L’immigration au Québec est ce qui fait sa beauté, sa richesse, pas le contraire.

Main dans la main

Plutôt que d’imaginer des stratégies pour exclure les travailleurs étrangers temporaires, le gouvernement Legault ferait mieux de reconnaître leur rôle crucial dans le tissu économique et social du Québec. Cette politique est non seulement injuste, mais aussi contre-productive. Elle affaiblit la main‑d’œuvre locale, exacerbe les pénuries et véhicule un message de rejet aux immigrants qui pourraient autrement choisir de s’installer de façon permanente au Québec. Face à ces enjeux, il est essentiel de résister à ces discours d’exclusion et de rappeler que l’immigration n’est pas une menace, mais une force. Les travailleurs étrangers méritent mieux qu’un système qui les pousse vers la sortie au lieu de leur offrir des opportunités.

L’article L’abandon des travailleurs étrangers temporaires est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La saison de la grippe https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/la-saison-de-la-grippe/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57512 Guide étudiant pour vivre un hiver loin des virus.

L’article La saison de la grippe est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Depuis la rentrée scolaire hivernale, les seuls bruits qui semblent se faire entendre dans les salles de cours et à la bibliothèque sont de bruyants éternuements, des reniflements constants, ou alors le son de ceux et celles qui se mouchent sans relâche. La saison de la grippe est bien arrivée. Mais est-ce la grippe ou le rhume que tous les étudiant·e·s semblent avoir contracté? Ces deux termes sont utilisés de manière interchangeable ; personne n’est sûr du virus qui l’affecte. Difficile de consulter un médecin, ou de savoir quels médicaments prendre pour soulager ses symptômes : le temps des virus est un vrai casse-tête pour les étudiant·e·s de McGill. Alors que l’une des pires saisons de grippe au Québec en dix ans bat son plein, il est temps de démystifier ce sujet — bien sûr sans remplacer l’avis d’un·e professionnel·le médical — et de trouver des moyens de naviguer à travers la maladie afin de s’en protéger pour rester en bonne santé jusqu’à la fin de la session.

GRIPPE OU RHUME?

Comment savoir si vous avez la grippe ou un rhume afin de faciliter votre rétablissement? Commençons par distinguer les deux. Le rhume est une infection du nez et de la gorge, dont les symptômes principaux sont les éternuements, le mal de gorge, l’écoulement et la congestion nasale. Le rhume se propage par la voie aérienne, par le nez ou la bouche. Un rhume dure généralement entre trois et sept jours, mais les adultes enrhumé·e·s sont contagieux·ses dès l’infection et peuvent l’être jusqu’à six jours après le début des symptômes. Le rhume est souvent considéré comme une version plus bénigne de la grippe, car ses symptômes sont plus légers et les risques de complications moins élevés. De son côté, la grippe est causée par le virus influenza et est définie par l’institut national de santé comme étant « une infection des voies respiratoires avec une forte fièvre, de la toux, des frissons, des douleurs musculaires, des vomissements et de la diarrhée ». Ce qui distingue la grippe du rhume, c’est la gravité des symptômes, notamment la fièvre élevée, les frissons, les vomissements et les courbatures. Une fièvre entre 38°C et 40°C est un signe caractéristique de la grippe, selon le Gouvernement du Québec. Les symptômes de la grippe sont généralement plus intenses que ceux du rhume et la guérison peut prendre de une à deux semaines pour les cas typiques.

SE PROTÉGER

Il est bien beau de vouloir distinguer le rhume de la grippe, mais comment se protéger de celles et ceux qui sont malades, et protéger les autres de nos microbes? Ces virus courants, qui se propagent en hiver, sont transmis par voie aérienne. Donc, si vous êtes malade, et surtout si vous toussez à longueur de journée, pensez à rester chez vous afin de récupérer. Si vous ne pouvez pas vous permettre de rester à la maison et de manquer les cours, privilégiez le port du masque médical pour minimiser la transmission du virus aux autres. Les masques rappellent l’ère de la COVID-19, mais s’ils ont été rendus obligatoires, c’est pour une bonne raison : ils sont efficaces et réduisent la transmission des virus afin de garder les autres à l’abri de vos maladies. La saison hivernale et des fêtes, c’est aussi l’occasion de partager de l’amour, des bisous et des câlins. Lors d’une période comme celle-ci, où tout le monde autour de vous semble être malade, évitez de rester trop près des autres. L’amour, c’est beau, mais chacun ses microbes.

« Le Pôle bien-être (Wellness Hub) de McGill offre des services de santé et des rendez-vous avec des médecins, infirmier·ère·s, psychiatres et divers autres professionnel·le·s pour tous·toutes les étudiant·e·s »

VACCIN OU PAS DE VACCIN ?

Un sujet qui n’est que trop peu abordé est l’option de se faire vacciner contre la grippe. Et oui, il nous semble que ces maladies qui nous paralysent pendant quelques jours sont inévitables, mais il existe tout de même une façon de réduire la probabilité de souffrir de complications médicales. La campagne de vaccination contre l’influenza est organisée chaque année, principalement durant la période hivernale, car le virus mute chaque année et est réévalué en conséquence par les scientifiques. Cette campagne cible en priorité les personnes à risque élevé de complications, telles que les personnes âgées ou celles atteintes de maladies chroniques. Malgré tout, se faire vacciner, même si vous n’êtes pas à risque, présente des avantages pour vous et pour ceux qui vous entourent. Le vaccin stimule la production d’anticorps, protégeant ainsi le corps contre le virus, avec une efficacité moyenne de plus de 50%. Il contribue à réduire les complications de la grippe, les risques d’hospitalisation et aide à alléger le système de santé déjà surchargé au Québec. N’oubliez pas d’en parler à votre médecin de famille ou un·e autre professionnel·le de la santé pour obtenir plus d’informations.

CONSULTEZ

Vous sentez que votre maladie persiste? Vous avez une fièvre inhabituelle ou des symptômes aigus et souhaitez consulter un·e professionnel·le de la santé? Le Pôle bien-être (Wellness Hub) de McGill offre des services de santé et des rendez-vous avec des médecins, infirmier·ère·s, psychiatres et divers autres professionnel·le·s pour tous·toutes les étudiant·e·s. Si vous souhaitez consulter un·e médecin, contactez le Pôle bien-être par téléphone, de préférence en début de journée, pour obtenir un rendez-vous médical. Si vous n’y parvenez pas, vous pouvez également consulter un·e pharmacien·ne, lui expliquer vos symptômes et recevoir des conseils médicaux, ainsi que les prochaines étapes à suivre. Il existe aussi le service Telehealth, offert à tous·toutes les étudiant·e·s de McGill, qui permet de prendre un rendez-vous virtuel avec un·e infirmier·ère ou un·e médecin, sans frais. Consulter un·e professionnel·le de la santé dès que vos symptômes de grippe ou de rhume s’intensifient est crucial pour éviter toute complication. Votre santé doit passer avant tout.

Les renseignements présentés dans l’article sont fournis à titre informatif et ne peuvent en aucun cas se substituer à un avis, diagnostic ou traitement médical professionnel.

L’article La saison de la grippe est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Dandysme, histoire et fierté : aux origines du Met Gala 2025 avec Dre Monica L. Miller  https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/dandysme-histoire-et-fierte-aux-origines-du-met-gala-2025-avec-dre-monica-l-miller/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57518 Entrevue exclusive avec la créatrice du thème du Met Gala 2025 et de l’exposition Superfine: Tailoring Black Style.

L’article Dandysme, histoire et fierté : aux origines du Met Gala 2025 avec Dre Monica L. Miller  est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Depuis 1948, le Met Gala marque le lancement de l’exposition de l’Institut du costume du Metropolitan Museum of Art de New York (Met). Chaque premier lundi du mois de mai, la crème de la crème d’Hollywood se réunit au Met, transformant ses marches mythiques en un théâtre où haute couture rencontre mise en scène, réinterprétant ainsi le thème de l’exposition annuelle à travers des créations spectaculaires.

Cette année, le thème du Met Gala, qui se tiendra le 5 mai sous la coprésidence d’Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, rend hommage à un héritage stylistique majeur avec Superfine : Tailoring Black Style, une exposition explorant l’importance du dandysme noir dans la construction des identités et du style afro-descendant. Pour donner vie à cette célébration, Wintour invite à la coprésidence le septuple champion du monde de Formule 1 Lewis Hamilton, l’acteur nommé aux Oscars Colman Domingo, les rappeurs récompensés aux Grammy Awards Pharrell Williams et A$AP Rocky, ainsi que l’icône de basketball LeBron James, qui officiera en tant que président honorifique.

Sport, cinéma, et musique confondus, ces hommes incarnent à la fois l’audace et le raffinement du dandy, soit d’un homme pour qui le style vestimentaire est un mode d’expression. Leurs origines afro-descendantes et leur port fréquent de complets sur-mesure renforcent d’autant plus le thème du dandysme noir et du tailleur (tailoring), nous laissant déjà entrevoir les looks du gala et les œuvres de l’exposition, qui seront dévoilées en mai prochain.

Pour enrichir mes réflexions, je prends contact avec celle qui a imaginé cette exposition seize ans auparavant : Dre Monica L. Miller, créatrice et architecte intellectuelle du thème du Met Gala 2025. En effet, c’est son étude magistrale sur le dandysme noir publiée en 2009, intitulée Slaves to Fashion : Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity, qui sert d’inspiration pour l’exposition Superfine : Tailoring Black Style, dont elle est également la co-commissaire. C’est dans cet ouvrage que la professeure au Barnard College de l’Université Columbia m’éclaire notamment sur l’importance du vêtement comme outil de liberté.

Alors, en me préparant à notre échange, je décide d’incarner, à ma manière, l’esprit dandy. J’enfile ma veste de complet bicolore aux boutons d’argent, prête à converser avec celle qui a donné au dandysme noir son badge de noblesse.

Pourquoi le dandysme?

Il est surprenant d’apprendre – lorsque l’on considère l’influence majeure du dandysme sur l’évolution de la mode – que Superfine : Tailoring Black Style est la première exposition de l’Institut du costume du Met à se concentrer sur la mode masculine depuis Men in Skirts (2003). Originaire du 18e siècle en Angleterre, puis adopté en France, le dandysme est avant tout un art de vivre, centré sur l’attitude flamboyante et l’apparence raffinée d’un homme de la haute société. Nombreux sont ceux, moi incluse, qui découvrent cette tradition à travers des figures européennes, telles qu’Oscar Wilde ou Charles Baudelaire. Mais pour Dre Miller, c’est tout le contraire.

Elle m’explique que son intérêt pour le dandysme est né d’un moment précis, une découverte lors de ses études supérieures à l’Université Harvard : « Lors de mes études doctorales, j’ai eu le plaisir de suivre un cours enseigné par Cornel West sur le sociologue W.E.B. Du Bois. Nous avons fait une lecture approfondie de The Souls of Black Folk [1903], (tdlr) », raconte Dre Miller. C’est dans ce contexte que l’idée du dandysme noir s’est imposée à elle, à travers une note de bas de page mentionnant que Du Bois avait été caricaturé en tant que dandy, et qu’il détestait cela. « Du Bois était toujours impeccable dans son apparence, donc ça n’avait pas de sens pour moi parce que d’après ce que je pouvais voir, le dandysme qu’il représentait était positif et au service de sa dignité. »

Mais la réaction de Du Bois, selon Dre Miller, révèle un enjeu plus profond : celui de la perception et de la représentation. « Ce qu’il n’aimait pas, c’est que l’on associait son style aux formes de divertissement de grimage en Noir [blackface], qui, au début du 19e siècle, se produisait encore régulièrement », poursuit Miller. Elle m’explique qu’il n’a jamais voulu que son éducation, ses choix vestimentaires et son attitude soient associés à la moquerie et à la dévalorisation du peuple noir. Ce moment a été un tournant décisif, l’amenant à creuser davantage sur le sujet, devenant ainsi le sujet de sa thèse à Harvard.

Au-delà de ses recherches universitaires, la professeure se souvient aussi de ses premières influences, qui remontent à son adolescence : « En réalité, mon intérêt pour la mode remonte plus loin que l’école doctorale. En parlant avec un ami, je me suis rendu compte qu’au secondaire, j’avais déjà commencé à écrire sur la mode et sur ses éléments classiques dans un journal étudiant. » C’est un moment d’introspection que nous avons en commun, alors que je lui partage que j’ai moi aussi commencé à écrire sur la mode dans mon journal étudiant, alors que j’étais encore au primaire ; une habitude que j’ai d’ailleurs ravivée dans la section Culture du Délit. Cependant, notre intérêt commun pour la mode est peut-être moins anodin que je ne le pense.

L’histoire du dandysme noir peut, en effet, être envisagée sous deux angles. « Il y a, d’une part, une origine liée aux premiers contacts entre Africains et Européens et, d’autre part, une origine plus individuelle, marquée par une inclinaison personnelle à jouer avec le style vestimentaire », m’explique Dre Miller. Durant la traite négrière transatlantique, la professeure souligne que les captifs étaient dépouillés de leurs vêtements durant la traversée, pour ensuite recevoir une tenue uniforme en arrivant en Amérique. Cette observation peut projeter l’idée que l’élégance des Noirs serait née uniquement au contact des Européens, mais ce que Dre Miller nous montre, c’est que, même dans la contrainte de l’esclavage, il y avait une intention, un choix.

« Il y a cette tension entre la manière dont les Noirs ont été représentés par les autres, et la manière dont ils se sont toujours efforcés de se représenter eux-mêmes, et la politique de cette représentation est à la fois difficile et libératrice. Pour les esclaves, leurs identités étaient effacées par ces vêtements standardisés, mais, en même temps, certains tentaient de se distinguer. Parfois, c’était un simple bouton, un accessoire, une manière particulière de porter une pièce qui signalait une identité propre. » Elle rajoute un élément essentiel : certains esclaves domestiques [house slaves] étaient vêtus avec ostentation pour refléter la richesse de leur maître, un phénomène qu’elle qualifie de « déshumanisant, car ce n’était pas leur choix ». Cependant, sous cette obligation, les domestiques comprennent « immédiatement que l’habit a un pouvoir, et qu’il peut être utilisé pour façonner une identité ».

« Cette année, le thème du Met Gala rend hommage à un héritage stylistique majeur avec Superfine : Tailoring Black Style, une exposition explorant l’importance du dandysme noir dans la construction des identités et du style afro-descendant »

Cet aspect identitaire se révèle important lorsqu’elle évoque également l’influence de sa famille dans son attrait au dandysme noir : « Chaque famille noire compte des membres qui accordent une attention particulière à leur style, et la mienne ne fait pas exception. » En effet, ce désir de s’habiller soigneusement dépasse une question du goût : il relève d’une science, celle de l’enclothed cognition – la manière dont nos habits façonnent notre attitude. Dre Miller nous fait comprendre que cette notion est en relation avec le dandysme : « La mode, le vêtement, le style, et le dandysme en particulier, ont été utilisés par les Noirs comme un outil. Parfois pour affronter des réalités difficiles, mais aussi pour transcender ces réalités, pour atteindre la joie, pour s’autodéfinir, autant que possible. »

Donc, pourquoi le dandysme? Parce qu’il est partie intégrante de l’émancipation des Noirs. Durant et après l’abolition de l’esclavage, le dandysme est pour les peuples afro-descendants un outil de résistance face aux perceptions sociales. Désormais présenté sur la plus grande scène de l’industrie de la mode, le Met Gala et l’exposition inspirée de Slaves to Fashion démontreront comment l’héritage du Black dandy continue d’évoluer.

Superfine : Tailoring Black Style

S’appuyant sur l’essai Characteristics of Negro Expression (1934) de Zora Neale Hurston, l’exposition Superfine: Tailoring Black Style explore les caractéristiques du dandysme noir à travers 12 catégories, allant de Propriété, Présence et Distinction, à Beauté, Cool et Champion. Bien que Dre Miller ne m’ait mentionné dans quelle catégorie figurera une partie fondamentale de l’exposition, c’est en apercevant un dessin de Toussaint Louverture dans la vidéo promotionnelle de l’exposition que mon cœur a bondi.

Étant d’origine haïtienne, je ne pouvais ignorer la résonance entre la Révolution haïtienne de 1804 et la manière dont le dandysme noir, à travers l’histoire, a façonné la perception du héros noir. Dre Miller acquiesce : « C’est une excellente observation. Ce qui est fascinant, c’est que, dans mon livre, Haïti n’est mentionné que brièvement, mais dans l’exposition, le pays occupe une place centrale. » Elle poursuit : « Nous avons une section entière de l’exposition qui explore la tenue militaire et la façon dont elle confère une certaine prestance. Nous avons des images de Toussaint Louverture, avec son habit militaire soigneusement porté, mais aussi une galerie entière de portraits d’hommes politiques haïtiens qui lui ont succédé. Ils dégagent une prestance royale qui, bien que semblable à celle des dirigeants européens, avait une signification radicalement différente. »

Je l’écoute, fascinée. La Révolution haïtienne ne représente pas seulement un moment clé dans l’histoire des Noirs, mais aussi un tournant dans la manière dont ils se sont représentés à travers le vêtement. Dre Miller enfonce le clou : « À l’époque, voir des Noirs libérés s’auto-représenter ainsi suscitait un mélange de fascination et de crainte. Une crainte respectueuse, car ces hommes s’imposaient non seulement par leur statut libre, mais aussi par la manière dont ils se présentaient au monde. » Combien de fois a‑t-on parlé de la mode haïtienne sous cet angle? Trop rarement. « C’est pourquoi il était essentiel pour nous d’en faire un point central de l’exposition », affirme-t-elle.

Avançons à l’ère actuelle, et l’héritage du dandy noir est omniprésent. Impossible de ne pas créditer l’influence d’André Leon Talley, le premier directeur artistique noir de Vogue, dans la conception du dandy moderne que l’on peut voir chez Colman Domingo par exemple, que Dre Miller qualifie d’ailleurs comme « l’un de [ses] dandys modernes préférés ».

« La mode, le vêtement, le style, et le dandysme en particulier, ont été utilisés par les Noirs comme un outil. Parfois pour affronter des réalités difficiles, mais aussi pour transcender ces réalités, pour atteindre la joie, pour s’autodéfinir, autant que possible »

- Dre Monica L. Miller, créatrice du thème du Met Gala 2025

Je demande alors à Dre Miller si, malgré les racines coloniales du dandysme, son esthétique conserve sa portée radicale, ou si elle a été récupérée par le mainstream [le courant dominant]. Quelles sont les implications, par exemple, lorsque des icônes comme A$AP Rocky sont célébrées pour leur « swagger » ou leur « drip », alors que les racines historiques de ces expressions stylistiques sont ignorées? Cela amoindrit-il la signification du dandy noir?

Dre Miller secoue la tête : « Non, je ne pense pas que cela la diminue. Une des choses qui m’a frappée en transformant mon livre en exposition, c’est à quel point cette histoire, même quand elle n’est pas explicitement reconnue, est toujours là, présente, implicite, vivante. » Pour Miller, ce n’est pas seulement une question de vêtements, mais d’attitude : « Le dandysme, on le définit souvent par le complet. Mais ce qui compte, ce n’est pas juste le complet, mais ce que la personne fait avec. Comment il est porté, comment il est stylisé, comment il bouge. J’étudie comment la personne habite le vêtement. »

Elle insiste sur le fait que des styles populaires, enracinés dans les cultures afro-descendantes, ne disparaissent pas, même lorsqu’ils ne sont pas revendiqués ouvertement : « L’histoire ne s’arrête pas. Quand on regarde les figures contemporaines du style, on voit ces traditions évoluer, parfois explicitement, parfois implicitement. Même si elles ne sont pas reconnues par tous, certaines personnes les perçoivent. Et avec cette exposition, j’espère que davantage de gens apprendront à les voir. »

Dre Miller souligne également que le dandysme est une performance : « Il y a une part d’incarnation et une part de public. Et parfois, ce public, c’est soi-même. » Sans même le savoir, j’assiste à une exclusivité. La semaine dernière, le code vestimentaire du Met Gala a été révélé : Tailored for You [Conçu pour soi-même]. Les invités devront honorer la thématique du sur-mesure en revisitant l’élégance du complet, une pièce propre à l’histoire du dandy noir.

Avec cette réflexion en tête, comment anticiper les choix vestimentaires des invités? Dans Slaves to Fashion, Dre Miller écrit à la page 14 que « deux hommes, un noir et un blanc, vêtus du même complet et du même chapeau, ne le porteront presque jamais exactement de la même manière. » Il ne reste plus qu’à attendre l’apothéose annuelle de la mode, le 5 mai prochain, pour voir quelles célébrités et designers s’approprieront le plus efficacement ledit complet…

Le Met Gala aura lieu le 5 mai 2025 au Metropolitan Museum of Art de New York. Présentée par Louis Vuitton, l’exposition Superfine : Tailoring Black Style sera visible au Met du 10 mai au 26 octobre 2025.

L’article Dandysme, histoire et fierté : aux origines du Met Gala 2025 avec Dre Monica L. Miller  est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
McGill prise d’assaut par des vandales https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/mcgill-pris-dassaut-par-des-vandales/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57527 Des dégâts matériels chiffrés en centaines de milliers de dollars.

L’article McGill prise d’assaut par des vandales est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L e mercredi 5 février en dé- but de soirée, des cris, des chocs métalliques et des fracas de vitres brisées raisonnent sur le campus de McGill. Une quarantaine de vandales masqués prennent pour cible plusieurs bâtiments de l’Université. Le bilan est lourd : environ 30 vitrines du bâtiment Leacock sont fracassées, et cinq bâtiments sont vandalisés. Un examen de chimie qui avait lieu dans le bâtiment Leacock a été interrompu et plusieurs cours ont dû être écourtés.

L’action a été menée en un éclair: dans un communiqué publié sur le site anarchiste Montréal Contre-Information, les vandales se félicitent d’avoir « pris d’assaut » le campus de l’Université en moins de 15 minutes, sans que la police ni les gardes de sécurité ne puissent intervenir ou réaliser des arrestations. À ce jour, l’identité des vandales reste inconnue, et les forces de police montréalaises n’ont procédé à aucune arrestation.

Une attaque, plusieurs revendications

Dans le communiqué, les vandales affirment être des anarchistes « accompagnés d’amis », issus d’autres mouvements militants de Montréal. Leurs revendications sont multiples. En arrivant sur le campus, ils arboraient une banderole affichant l’inscription « Les institutions coloniales tomberont (tdlr) », et ont également laissé des graffitis derrière eux comme « 700 millions de dollars », faisant référence à l’acquisition et la rénovation de l’Hôpital Royal Victoria par McGill – sujet de nombreuses critiques depuis 2022. Les casseurs justifient aussi leur action par « la profanation de l’arbre de la paix », planté l’été dernier sur le Lower Field de l’Université par des militants et le collectif des Mères mohawks (Kanien’keha:ka Kahnistensera), puis rapidement retiré par McGill. Ils ajoutent à cela d’autres raisons, comme « la complicité historique de McGill dans l’expérimentation psychiatrique sur des enfants autochtones [notamment à travers le programme MK-Ultra, ndlr], et la transphobie et le racisme de son administration ». Une dernière raison mentionnée est le refus de l’Université McGill « de désinvestir du génocide et du complexe militaro-industriel [d’Israël, ndlr] ».

Les vandales expliquent dans leur communiqué que « McGill n’est rien qu’un symbole d’un système colonial et capitaliste duquel nous voulons la destruction totale », et le concluent avec : « Vive la Palestine, longue vie à l’arbre de la paix, mort au capital et à l’empire, fin au colonialisme et à la transphobie, nique McKill! »

La mairesse de Montréal Valérie Plante a rapidement condamné ces actes sur X, expliquant que « le droit de manifester ne justifie en aucun cas la destruction de biens. Montréal est une ville où l’expression doit se faire dans le respect des lois et des autres ». Deep Saini, recteur et vice-chancelier de l’Université, a quant à lui envoyé un courriel à l’ensemble de la communauté mcgilloise, dénonçant fermement ces actes et apportant son soutien aux étudiants et personnes présentes sur les lieux lors de l’évènement.

Point de vue étudiant

Afin de mieux comprendre ce qu’ont vécu les étudiants présents sur les lieux, Le Délit s’est entretenu avec Lana Dupin de Saint Cyr, étudiante de première année en biochimie, qui était en examen dans l’auditorium 132 du bâtiment Leacock lorsque les casseurs ont brisé ses vitres. Elle décrit : « On a entendu des bruits de métal et de verre. Tout le monde s’est retourné pour voir ce qui se passait. Moi j’étais dans le bas de la salle, donc je ne voyais pas, mais j’avais une amie qui était en haut à côté de l’entrée, et, par son expression du visage, on pouvait voir qu’elle était terrifiée. »

Lana explique que l’examen s’est néanmoins poursuivi : « Tout le monde a voulu rester concentré sur l’examen et les TAs [auxiliaires d’enseignements, ndlr] ne nous ont rien dit. » Ce sont les premiers étudiants à être sortis de la salle qui ont averti ces derniers, le professeur n’étant plus dans la salle à ce moment. Lana explique qu’aucune mesure majeure n’a été prise pendant l’examen. Les étudiants étaient seulement priés d’utiliser une autre sortie. Elle ajoute que lorsqu’elle est sortie de son examen, « des gardes de sécurité couraient dans tous les sens et prenaient des photos. Les gens étaient un peu sonnés. J’ai vu une fille pleurer et une autre qui appelait ses copines pour qu’elles viennent la chercher. La scène était vraiment impressionnante. »

Une action contre-productive?

Contacté par Le Délit, un représentant des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR) qui a voulu rester anonyme nous a affirmé que le collectif – particulièrement actif depuis deux ans et impliqué dans l’organisation de nombreuses manifestations pro-palestiniennes aux abords du campus – n’a pas de lien avec le groupe qui a réalisé l’action. Le représentant a néanmoins commenté : « cette action montre le mécontentement croissant sur le campus causé par le refus du Conseil des gouverneurs d’écouter les demandes de la majorité du corps étudiant pour le désinvestissement des entreprises complices du génocide à Gaza. »

Sur Reddit, l’action des vandales ne semble cependant pas avoir fait l’unanimité. Plusieurs internautes ont exprimé leur mécontentement à propos de la violence employée, ainsi que leur incompréhension sur les revendications précises des vandales. Lana semblait aussi sceptique vis-à-vis des manières employées : « Habituellement, je suis favorable aux revendications qui sont défendues par ces gens. Mais je pense qu’employer la violence comme ça ne défend pas bien la cause. Je ne suis pas sûre que faire peur aux élèves augmente le soutien des étudiants pour cette lutte. Il est possible que cela ait l’effet inverse. […] Je pense que ça donne même à McGill une excuse pour invalider ces causes et couper le dialogue avec les militants : McGill peut légitimement dire que ces collectifs sont violents et que ces personnes ont heurté certains élèves psychologiquement. » Pour Lana, la situation sur le campus est critique : « Plus ça continue, plus les gens se divisent et les points de vue deviennent extrêmes. Les étudiants sont de plus en plus divisés et ça joue sur l’environnement universitaire en général. Même dans ma résidence, il y a de plus en plus de frictions entre les personnes à propos de ces sujets, que ce soit sur les causes défendues ou bien les manières de protester. »

Le coût de l’intransigeance

Contactée par Le Délit, Sylvie Babarik, directrice adjointe des communications internes de l’Université McGill, nous a annoncé que « cela prendra plusieurs semaines, sinon des mois à réparer les vitres cassées. Étant donné le type et la taille des dégâts, on parle de dommages représentant des centaines de milliers de dollars ». Elle a ajouté que « l’Université encourage l’expression ouverte et respectueuse d’opinions et de points de vue divers, ce qui est fondamental pour sa mission académique. Toutefois, le vandalisme n’est pas une expression légitime du droit à la liberté d’expression ». McGill a annoncé collaborer étroitement avec les forces de l’ordre pour identifier les vandales et initier des procédures judiciaires ou disciplinaires à leur encontre. Dans son courriel adressé à la communauté étudiante à la suite de l’attaque des casseurs, Deep Saini a aussi réaffirmé la position de l’Université vis-à-vis d’un potentiel désinvestissement à l’égard de l’État israélien : « Soyons clairs : l’Université continue de rejeter fermement toute proposition de BDS [Boycott, Désinvestissement Sanctions, ndlr]. » L’Université n’a néanmoins pas réagi aux autres revendications des vandales.

« Les manifestations et dégradations matérielles sur le campus font désormais partie du quotidien des étudiants »

Les manifestations et dégradations matérielles sur le campus font désormais partie du quotidien des étudiants. Mercredi dernier, c’est le bâtiment Bronfman de la Faculté de gestion qui a été cible de vandales : son entrée principale s’est vue recouverte de peinture rouge et de graffitis « Coupez les liens avec Israël » ou encore « Désinvestissez du génocide ». Cet incident n’est donc pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une augmentation des mouvements de protestation à l’encontre de l’administration de l’Université. En effet, selon Sylvie Babarik, McGill a enregistré 14 incidents du même type depuis le 24 octobre 2024. Si les revendications des vandales anarchistes manquent de clarté, elles résument néanmoins les nombreuses problématiques qui sont source de discorde au sein de la communauté universitaire. Malgré la pression des étudiants et militants montréalais, l’administration de McGill reste intransigeante, laissant un climat d’incertitude quant à une potentielle désescalade des tensions à l’avenir.

L’article McGill prise d’assaut par des vandales est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
« L’existence c’est la résistance » https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/lexistence-cest-la-resistance/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57342 Cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s à l’hôtel de ville de Montréal.

L’article « L’existence c’est la résistance » est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Ce jeudi 30 janvier a eu lieu la cérémonie d’ouverture du Mois de l’histoire des Noir·e·s à l’hôtel de ville de Montréal, ayant comme thème cette année « Tout ce que nous sommes » (All that we carry). Cet événement a été marqué par de nombreuses interventions importantes, dont celles de l’ancienne gouverneure générale Michaëlle Jean, le ministre délégué de l’économie et de la lutte contre le racisme Christopher Skeete, le ministre provincial de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge et bien d’autres. La soirée a été soulignée par la remise de prix aux lauréats de cette année, des personnes reconnues comme étant des sources d’inspiration pour les communautés afro-descendantes montréalaises. La soirée a aussi été marquée par le dévoilement du nouveau timbre de Postes Canada mettant en lumière l’esclave montréalaise Marie-Josèphe Angélique.

Une soirée touchante

L’hôtel de ville, désormais ouvert au public pour des expositions ainsi que pour la visite de certaines de ses pièces, a été restauré et modernisé au cours de la dernière année. Environ une centaine d’invités furent accueillis par un duo musical. La salle où se déroulait l’événement était à la hauteur de l’ampleur et de l’importance de ce dernier : le lieu était grandiose, avec des murs et planchers en marbre, des chandeliers et de hauts plafonds. La soirée a débuté par le discours marquant de Martine Musau Muele, présidente du conseil municipal, qui a rappelé l’importance du Mois de l’histoire des Noir·e·s au nom de la mairesse Valérie Plante. Cette dernière, absente lors de l’événement, avait tout de même fait une apparition quelques heures plus tôt pour la signature des lauréats dans le livre d’or de la ville. Enfin, le nouveau timbre a été dévoilé dans le cadre d’une collection commémorative mettant en avant la figure de Marie-Josèphe Angélique, un symbole de résilience de l’esclavage canadien. La récéption s’est poursuivie avec la prise de parole des deux représentants de l’édition de cette année, l’actrice francophone Penande Estime et l’animateur anglophone Ian Thomas. Leurs discours inspirants ont souligné l’importance de la représentation des communautés noires dans les médias et leur rôle de modèles pour les jeunes générations. Thomas a évoqué l’impact de la mort de George Floyd comme un événement collectif pour les Afro-descendants et la société dans son ensemble, en affirmant : « L’histoire des Noirs est notre histoire (tdlr). » Il a ensuite repris les paroles du philosophe politique Jean-Paul Sartre, déclarant que « L’existence, c’est la résistance. »

La Table Ronde du Mois de l’Histoire des Noir·e·s a été présidée par M. Michael P. Farkas, et sa directrice générale Mme Nadia Rousseau, qui ont partagé un message de mobilisation face à l’absence de budget pour la lutte contre le racisme, sous la responsabilité du ministre Christopher Skeete. Ils ont également souligné l’importance de l’histoire des communautés noires comme une partie intégrale de l’histoire collective. Cette soirée mémorable s’est conclue par la remise des prix aux 12 lauréats, dont trois ont été ou sont associés à l’Université McGill, que ce soit actuellement ou dans le passé : Wendell Nii Laryea Adjetey, Ayanna Alleyne et Désirée Rochat.

Marie-Josèphe Angélique : une flamme de résistance

Un des moments marquants de la soirée a été le dévoilement du timbre à l’image de Marie-Josèphe Angélique, qui met en lumière l’injustice tragique qu’a subi cette femme afrodescendente au 18e siècle. Née au Portugal sous le nom d’Angélique, elle a été vendue à plusieurs reprises avant de franchir l’océan Atlantique. Elle est arrivée à Montréal en 1725, à l’âge de 20 ans, en tant qu’esclave du marchand français François Poulin de Francheville. Durant ses neuf années en tant qu’esclave à Montréal, elle a mis au monde trois enfants, tous décédés avant l’âge de cinq ans, et a été rebaptisée Marie-Josèphe. Bien que l’histoire de résilience d’Angélique ait débuté dès sa naissance, elle a pris un tournant majeur en 1733, lorsqu’elle est devenue la propriété de Thérèse de Couagne de Francheville. Quand elle apprend qu’elle a été vendue à un acheteur de Québec, qui envisage de la revendre dans les Antilles, elle réclame aussitôt sa liberté. Sa propriétaire refuse. Le 10 avril 1734, un incendie ravage la ville de Montréal. En moins de trois heures, 45 domiciles, ainsi que l’Hôtel-Dieu, sont réduits en cendres. Le lendemain, des rumeurs se propagent en ville, accusant Marie-Josèphe et son amant Claude Thibault, un travailleur blanc, d’avoir mis le feu au grenier de sa maitresse sur la rue Saint-Paul. En raison des lois en vigueur en Nouvelle-France, Marie-Josèphe est présumée coupable jusqu’à preuve du contraire. Son procès dure plus de cinq mois et rassemble plus d’une vingtaine de témoins, qui l’accusent d’avoir déclenché l’incendie dans une tentative d’évasion. Elle maintient son innocence, mais est cependant jugée coupable, condamnée à mort et torturée jusqu’à ce qu’elle confesse. Le 21 juin 1734, elle est pendue en place publique. Toujours aujourd’hui, personne ne connaît le véritable déroulement de la soirée d’avril 1734. Toutefois, l’histoire de Marie-Josèphe Angélique illustre une résilience exceptionnelle face à l’esclavage et à l’injustice raciale dans l’histoire du Canada. En raison de sa tentative de fuite et de sa revendication de sa propre liberté, elle devient un symbole de résilience.

Un mois à ne pas manquer

Plusieurs activités auront lieu au cours du mois à travers Montréal dans le but de promouvoir l’histoire des communautés noires au Québec et dans le monde. Plusieurs de ces activités seront gratuites ou abordables, parfaites pour accueillir les étudiants, que ce soit pour célébrer le mois ou en apprendre davantage sur l’histoire des communautés afro-descendantes. L’organisme de la Table Ronde et ses collaborateurs accueillent chaleureusement tout le monde. Leur programmation est remplie d’événements culturels diversifiés, musicaux, sportifs, éducatifs, sociaux, pour tous les membres de la famille. Le programme complet est disponible sur le site de la Table Ronde du Mois de l’Histoire des Noir·e·s. Il est aussi important de mentionner que nous avons aussi au sein de la communauté McGilloise plusieurs associations qui célèbrent les contributions des personnes noires dans la société canadienne, et qui luttent contre la discrimination : Black Student Network (BSN), Black Access McGill, Black History Month McGill.

L’article « L’existence c’est la résistance » est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Rage féminine : refuser d’être silencieuse https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/rage-feminine-refuser-detre-silencieuse/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57369 Notre colère est essentielle.

L’article Rage féminine : refuser d’être silencieuse est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Cette semaine, j’ai lu un article du Financial Times qui expliquait que l’un des échecs du mouvement woke – idéologie prônant la prise de conscience des inégalités entre les genres, les orientations sexuelles, et autres dénominateurs minoritaires, ainsi que le racisme systémique – accordait une importance trop grande aux différences. Selon l’auteur, il serait plus judicieux de cesser d’insister sur ce qui nous distingue et de plutôt célébrer ce qui nous unit. L’argument, bien qu’il puisse sembler séduisant pour certains, m’a immédiatement repoussée, répugnée même. Comment peut-on ignorer les différences, alors qu’elles sont au cœur même de nos identités et qu’elles façonnent nos existences? Comment demander aux opprimés de taire ce qui les rend marginalisés, invisibilisés?

Cette volonté de nier les fractures sociales ne fait que les creuser davantage, et ne sert que les classes dominantes qui continueront de profiter de l’illusion d’une harmonie factice, tout en maintenant intactes les structures d’oppression qui les avantagent. En essuyant les différences, on ne fait que perpétuer un statu quo où seuls ceux qui n’ont jamais eu à justifier leur place continuent de prospérer, au détriment de celles et ceux dont l’existence même est une lutte pour la reconnaissance. Je ne peux en rien parler au nom de tous les groupes qui subissent en silence le poids du patriarcat blanc, mais je peux parler longtemps du fait que les femmes sont encore aujourd’hui trop souvent mises de côté, ridiculisées et regardées de haut par cette pseudo-élite masculine toute puissante.

Ni dociles, ni désolées

En classe, au travail, à la maison, je raidis – de colère ou d’inconfort, je l’ignore – à l’écho même de l’opposition masculine qui suit, trop souvent, mes interventions – ou celles de mes consœurs. C’est comme si les femmes ne pouvaient jamais avoir raison, ou du moins, pas sans l’approbation des hommes. Comme si chaque prise de parole était un défi lancé à l’ordre établi, une intrusion dans un territoire qui ne nous appartient pas et qui, semblerait-il, ne nous appartiendra jamais. C’est épuisant, insupportable et ça doit cesser. Malgré les avancées en termes d’égalité des genres, paraît-il que nos voix n’écraseront jamais celles de nos contreparties masculines. Le privilège d’être un homme est encore une réalité, malgré ce que ces influenceurs masculinistes tenteront de nous faire avaler. J’en ai marre, c’est dit.

Chaque jour, comme presque toutes les femmes, j’en suis sûre, je me heurte à ces murs invisibles. Des regards condescendants, des interruptions incessantes, des ricanements à peine voilés lorsqu’une femme ose hausser la voix. C’est après une conversation avec une amie que j’ai réalisé l’ampleur du problème : elle soulignait comme quoi, au travail, les hommes prenaient systématiquement plus de place en réunion, s’appropriant ses idées ou reformulant ses propos pour mieux se les attribuer. Elle me racontait aussi comment, lorsqu’elle avait exprimé une opinion tranchée et avait refusé de flancher devant un homme, elle avait été rencontrée par sa supérieure – une femme, d’ailleurs – à la suite d’une plainte la décrivant comme agressive et trop émotive. Ses collègues masculins, dans la même situation, auraient été qualifiés de fermes ou auraient été loués pour leur confiance en eux. J’ai réalisé que ce schéma se répétait partout, dans tous les espaces, peu importe l’échelle, l’expertise ou l’assurance. 2025 avait fait promesse de renouvellement, mais à ce niveau-là, c’est toujours la même galère.

« La féministe enragée dérange. La FEMEN, les seins nus en pleine rue, scandalise. On ne supporte pas l’image d’une femme qui ne demande pas poliment son dû, mais l’exige, qui ne sourit pas, mais hurle »

Ce schéma oppressif à l’égard des femmes n’existe pas que dans les cadres professionnels, mais s’étend aussi aux cercles plus progressifs, comme dans le milieu du militantisme. Le masculinisme s’infiltre partout, au sein même des espaces progressistes. Les manarchistes, ces hommes qui se revendiquent alliés féministes tout en maintenant des comportements patriarcaux, ne sont pas moins oppressants que les conservateurs assumés. Ils prennent la parole en premier, s’arrogent le rôle de représentant des luttes qui ne les concernent pas directement et exigent reconnaissance pour leur simple présence. Pire, ils demandent aux femmes de tempérer leur colère, d’être « constructives », « pédagogues », « ouvertes au dialogue ». Comme si notre rage était un caprice, une impolitesse, plutôt que la réaction légitime à des siècles d’oppression. L’ego masculin est si important qu’il exige d’être ménagé, de ne jamais être confronté aux réalités dénoncées par les femmes, même dans les cercles les plus privilégiés, ceux dotés du capital social pour se révolter.

La femme en colère

La rage féminine est méprisée, ridiculisée, caricaturée. La femme en colère est hystérique, irrationnelle, hors de contrôle. On l’infantilise, on la discrédite. Pourtant, cette rage est essentielle. Elle est la flamme qui alimente les révolutions, la force qui ébranle le statu quo. Chaque cri, chaque manifestation, chaque refus d’obtempérer est une victoire en soi. Mais encore faut-il avoir le droit d’exister en tant que femme en colère, que quelqu’un, quelque part accepte de nous écouter.

Dans cette ère teintée par un masculinisme indécent, les femmes se soulèvent, et avec raison. Nous voyons actuellement les droits des femmes, tenus comme acquis depuis plusieurs décennies dans certains cas, être remis en question juste au sud de notre frontière. Des hommes comme Trump et Musk gagnent de plus en plus de soutien, et il faut se révolter. Des Zuckerberg qui demandent plus « d’énergie masculine (tdlr) » doivent impérativement mener à des soulèvements. Leur misogynie décomplexée se doit d’être combattue avec la même ferveur qu’ils mettent à l’imposer. Comment rester silencieuses face à ce discours qui n’est plus simplement le fruit d’une rhétorique réactionnaire isolée, mais bien un système d’oppression révolu qui se reconstruit petit à petit? L’espace public, politique et médiatique appartient encore majoritairement à ces hommes aux fortunes ahurissantes, et lorsqu’une femme tente de s’y imposer, elle est attaquée, harcelée, réduite au silence. Il suffit d’observer le traitement réservé aux femmes journalistes, aux militantes, aux figures politiques pour comprendre que l’expression féminine représente toujours une menace aux yeux de plusieurs.

La féministe enragée dérange. La FEMEN, les seins nus en pleine rue, scandalise. On ne supporte pas l’image d’une femme qui ne demande pas poliment son dû, mais l’exige, qui ne sourit pas, mais hurle. Pourquoi le cri d’une femme est-il toujours perçu comme un acte de provocation et non comme un acte de justice? Parce que la colère des femmes est subversive, parce qu’elle menace l’équilibre fragile d’un système qui ne fonctionne que si nous acceptons d’y jouer un rôle secondaire. C’est pourquoi il faut réhabiliter la rage féminine. Ne plus la craindre, ne plus s’en excuser. L’assumer, la revendiquer comme un droit fondamental. Être en colère, c’est être vivante. C’est refuser de plier. C’est dire non. Non à la condescendance, non aux inégalités, non à cette injonction au silence. Notre colère n’est pas un caprice. Elle est notre puissance.

L’article Rage féminine : refuser d’être silencieuse est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
AUTS : une production digne de Broadway https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/auts-une-production-digne-de-broadway/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57337 Company sur scène au Théâtre Plaza.

L’article AUTS : une production digne de Broadway est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Si, comme moi, vous ignoriez l’existence de la Arts Undergraduate Theater Society (AUTS), l’engouement autour de leur plus récente production, Company, une comédie musicale signée Stephen Sondheim, aura tôt fait de vous captiver. Une équipe de 40 étudiant·e·s, dont 14 interprètes, un orchestre en direct et des répétitions acharnées depuis le mois d’octobre garantissaient d’emblée le succès de l’entreprise. Plus de 200 billets vendus lors de la première représentation et une salle pleine à craquer lors des suivantes ; le charme du Théâtre Plaza, hôte de la production, laissait présager le professionnalisme de la troupe. Avant le spectacle, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Anna Brosowsky, la metteuse en scène, ainsi que deux comédien·ne·s de la troupe, Henry Kemeny-Wodlinger, dans le rôle de Larry, et Kaya Edwards, dans celui de Jenny.

Pour Anna Brosowsky et Sam Snyders, chargés de la mise en scène, le choix de la comédie musicale Company s’est imposé comme une évidence : leur amour commun pour la pièce et les thèmes intemporels de celle-ci en faisaient une pièce idéale pour AUTS. « Les metteurs en scène adorent cette comédie musicale », me mentionne Kaya. « C’est leur préférée, alors [cet amour pour la pièce, ndlr] transparaît dans leur direction. Ils ont confiance en ce spectacle, et en nous : c’est motivant. Nous sommes chanceux de les avoir. » Henry renchérit : « Nous sommes très chanceux. Tout le monde veut être là […] et tout le monde a trouvé sa place dans cette troupe. »

Henry et Kaya soulignent aussi le défi que représentent les compositions de Stephen Sondheim, « l’un des compositeurs de théâtre musical [dont la musique, ndlr] constitue presque un genre en soi. Adapter Sondheim, ce n’est pas seulement difficile en ce qui a trait au drame, mais aussi à la musique. Il sait vraiment ce qu’il fait », m’explique Kaya.

En effet, la singularité des pièces de Sondheim surprend par son niveau de sophistication élevé, qui combine des harmonies et modulations complexes. Dans le cas de Company, il s’agit également d’une déconstruction du théâtre plus traditionnel. La comédie musicale met donc en scène le 35e anniversaire de Robert, affectueusement surnommé Bobby, le dernier célibataire de la bande. Plutôt que de privilégier un fil narratif linéaire, Sondheim propose une structure fragmentée, divisée en plusieurs saynètes, où Robert dîne en compagnie de différents couples, posant un regard sur leurs réalités respectives. Un « théâtre conceptuel » propre à Sondheim.

« Le fait que l’on puisse faire un spectacle de cette envergure, en étant tous des étudiant·e·s, c’est réellement un tour de force »

Le numéro d’ouverture instaure immédiatement le ton de la pièce : nous avons ici affaire à des passionné·e·s, et cette passion transparaît sur scène. Le professionnalisme de la troupe crève les yeux – les répétitions depuis le mois d’octobre et le talent indéniable des interprètes donnent lieu à un spectacle à couper le souffle. Après chaque numéro, les applaudissements semblent gonfler davantage. Au terme de chaque solo, mon admiration pour ces étudiant·e·s et leur indéniable talent grandit. Il faut dire que les réactions positives de la foule semblent nourrir l’interprétation : d’un numéro à l’autre, l’énergie semble se décupler, la puissance de la voix retentit plus fort, le jeu devient plus naturel, plus comique. On pourrait presque croire que les comédien·ne·s tentent de se surpasser l’un·e l’autre.

Ainsi, tour à tour, Marta (Jessica O’Gorman), Joanne (Irene Newman Jiminez) et Robert (Frank Willer) peuvent étaler l’ampleur de leurs prouesses vocales. Si la plupart des étudiant·e·s de la troupe n’étudient pas le théâtre, Henry et Kaya évoquent un amour collectif pour l’art de la scène. Plusieurs membres de la troupe ont de l’expérience en la matière ; Henry s’est d’ailleurs impliqué au sein d’autres clubs similaires à McGill. Avec Company, il s’implique pour une première fois dans une comédie musicale. Son expérience lui a décidément été bénéfique ; il incarne Larry, un homme dans la mi-trentaine, marié à Joanne, qui en est à sa troisième union. Bien que Joanne ne se laisse pas marcher sur les pieds et semble parfois intransigeante avec son mari, la saynète qui les met en vedette – toujours en compagnie du fameux Bobby – s’avère sans doute l’un des numéros les plus remarquables du spectacle : le synchronisme comique de Larry, combiné à la puissante voix de Joanne, achève de marquer les esprits. La performance d’Irene épate la foule et iel récolte sans doute les applaudissements les plus nourris de la soirée, dans une interprétation époustouflante de « The Ladies Who Lunch ».

Lorsque je l’interroge sur les spécificités d’AUTS par opposition à d’autres troupes de théâtre à McGill, Henry cite d’abord la quantité d’étudiant·e·s impliqué·e·s dans la production : « Il y a beaucoup de gens qui travaillent là-dessus. C’est presque professionnel, du moment qu’on a un bon ensemble et un bon duo de metteur·euse·s en scène – et c’est le cas cette année. […] Il y a beaucoup de temps consacré à la préparation de ce spectacle, et beaucoup de gens derrière sa réussite. » Kaya abonde dans ce sens : « C’est tellement un projet d’équipe. […] Tout le monde a de l’expérience en théâtre, mais ce n’est le métier de personne [à proprement parler, ndlr]. Le fait que l’on puisse faire un spectacle de cette envergure, en étant tous·tes des étudiant·e·s, […] c’est réellement un tour de force. »

En effet, aux metteur·euse·s en scène et aux 14 interprètes s’ajoutent une trentaine de technicien·ne·s et un orchestre, dirigé par le prodigieux Jeremy Green, dont l’assurance, du haut de ses 17 ans, attirait les regards vers les coulisses de la scène. Seule critique à cet égard, la musique parfois trop forte enterrait les voix des interprètes lors des passages de dialogues chantés. Ainsi, depuis mon siège, je peinais à entendre les mots de « Getting Married Today », où le personnage d’Amy, interprété par Miranda De Luca, éprouve une série de doutes face à son mariage imminent avec Paul (Adam Siblini). Le flot de paroles débité à une vitesse hallucinante par le personnage en faisait de toute évidence une performance mémorable et un tour de force monumental de la part de son interprète, mais il aurait été d’autant plus impressionnant s’il avait été plus audible.

Mention honorifique au numéro mettant en scène Sarah (Odessa Rontogiannis) et Harry (Chris Boensel), celui ayant suscité le plus de rires de la part du public, où devant le regard effaré de Bobby, le couple se livre à un combat de karaté. Sans jamais se détacher de leurs rôles, Odessa et Chris multiplient les courbettes et les contorsions ; face contre terre, ils demeurent immobiles, suspendus dans le temps, alors que la Company chante la réalité des mariages mis en scène.

L’article AUTS : une production digne de Broadway est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
L’aide aux étudiant·e·s https://www.delitfrancais.com/2025/02/05/laide-aux-etudiant%c2%b7e%c2%b7s/ Wed, 05 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57375 Lumière sur les services étudiants d'accessibilité et d’aide à la réussite de McGill.

L’article L’aide aux étudiant·e·s est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le Service étudiant d’accessibilité et d’aide à la réussite (SEAR) est l’une des huit initiatives des services étudiants de l’Université, qui ont pour but de « promouvoir le bien-être et la réussite de ceux-ci des étudiant·e·s ». Le centre d’aide a pour mission d’accroitre l’accessibilitéde l’éducation supérieure à McGill à une diversité d’étudiant·e·s, notamment celles et ceux ayant des troubles physiques ou mentaux, afin de garantir à chacun·e une égalité des chances pour l’obtention d’un diplôme. Les aménagements alternatifs offerts par le SEAR sont divers, du partage de notes de cours à l’usage pour les examens d’une salle aménagée à cet effet, ou par une prolongation de délai dans les remises de travaux universitaires.

Cette initiative de l’Université, qui a été mise en place dans la lignée de l’instauration de la Politique relative aux droits des étudiants en situation de handicap en 1995, a néanmoins été fortement critiquée par des étudiant·e·s, notamment sur la plateforme Reddit. Ce réseau social, fréquenté par beaucoup d’étudiant·e·s mcgillois·es, dénombre plus d’une chaîne de conversation concernant le SEAR et son mauvais fonctionnement. Pour mieux comprendre le mécontentement de la communauté étudiante concernée et les problématiques récurrentes, Le Délit a échangé avec deux étudiantes qui bénéficient des services du SEAR, Ashley* et Marie*. Ces dernières ont accepté de partager leurs expériences et leurs préoccupations, dans le but d’illustrer les critiques sur le SEAR au sein de McGill.

« J’ai eu l’impression de passer un entretien d’embauche en essayant de prouver que j’ai un handicap »
Ashley, étudiante bénéficiaire des services du SEAR

Premières démarches

Le SEAR, spécifiquement désigné pour les étudiant·e·s ayant des handicaps physiques ou mentaux, requiert un processus à plusieurs étapes, afin d’avoir accès aux aménagements offerts. D’après le site du SEAR, pour s’inscrire à ce service, les étudiant·e·s doivent fournir un document attestant de leur handicap. Il s’agit d’un document médical signé par un professionnel de la santé reconnu par la loi PL-21, rédigé en français ou en anglais. À la suite de l’obtention de cette documentation, les étudiant·e·s doivent prendre un rendez-vous en présentiel avec un·e employé·e du centre, afin de discuter de leur condition médicale et créer un dossier pour avoir accès aux services offerts. Questionnée par rapport au processus d’inscription auprès du SEAR, Ashley raconte ne pas avoir apprécié son expérience, citant la froideur des employé·e·s et le processus de vérification de sa condition médicale : « J’ai eu l’impression de passer un entretien d’embauche en essayant de prouver que j’ai un handicap. » De son côté, Marie, partage un ressenti similaire, qualifiant sa première rencontre avec le SEAR de « robotique » : « En tant que personne cherchant à obtenir des aménagements pour mes troubles mentaux, j’ai constaté que mes interactions [avec le SEAR, ndlr] manquaient de sincérité et d’empathie, ce qui m’a découragée. » Ashley détaille sa première rencontre : « Ils m’ont demandé de fournir un grand nombre d’exemples de la façon dont mon anxiété se manifeste dans la vie de tous les jours. J’ai dû raconter toutes les expériences anxiogènes que j’ai vécues. » Marie renchérit sur cette expérience en avouant qu’elle a aussi dû partager des détails privés de sa condition mentale avec les employé·e·s présent·e·s. En guise de réponse, elle obtenait simplement un « OK » monotone. Ce qui ressort du processus d’inscription auprès du SEAR, c’est le sentiment froid et inhospitalier, qui s’ajoute à la difficulté déjà éprouvée par les étudiant·e·s : oser demander de l’aide et se livrer à propos de leurs conditions respectives.

Un système affaibli

Les mesures d’accommodement offertes par le SEAR sont grandement appréciées par les étudiant·e·s qui en bénéficient, mais plusieurs lacunes sont révélées dans l’implémentation de celles-ci. Ashley critique le système de prolongation du temps alloué aux examens, qui oblige les étudiant·e·s à s’inscrire eux·elles-mêmes, au moins 14 jours avant la date de l’examen, pour obtenir une augmentation de temps, une salle différente, ou un délai pour la remise de travaux. Le poids de cette responsabilité peut s’avérer une source d’anxiété supplémentaire pour certain·e·s étudiant·e·s, selon Ashley : « Je souffre d’anxiété, et l’une des sources de mon stress est d’envoyer des courriels aux professeurs pour demander des extensions. J’ai expliqué à la personne qui m’a interrogée que cela faisait partie de mes préoccupations, et sa réponse a été que la seule façon pour moi d’obtenir des prolongations était d’envoyer des courriels aux professeurs, en mentionnant que le SEAR me soutenait. » Ce témoignage met en lumière la lenteur du système fréquemment critiqué, où la gestion des accommodations repose entièrement sur les étudiant·e·s. D’autre part, les deux étudiantes dénoncent les aspects physiques des aménagements, tels que l’accueil des employé·e·s, les conditions des salles et l’état du site internet actuel. Selon Ashley : « Le plus gros problème de ce système, c’est que les personnes qui l’ont conçu ne comprennent manifestement pas les problèmes de santé mentale et autres problèmes d’accessibilité. Les solutions ne sont pas conçues pour aider à résoudre les difficultés rencontrées à l’école. » Ashley donne l’exemple des réunions en présentiel et des délais dans la remise des travaux, qui ne sont pas automatiquement accordés et nécessitent l’approbation du·de la professeur·e, comme des solutions particulièrement incommodantes. De son côté, Marie fait allusion au site Clockwork du SEAR, par le biais duquel les étudiant·e·s doivent faire leurs demandes de prolongations et de rendez-vous, en notant que « le site pourrait être mieux présenté. Il est définitivement dépassé. »

De plus, concernant les installations physiques des aménagements, notamment les salles alternatives pour les examens, plusieurs usager·ère·s du SEAR ont exprimé sur la plateforme Reddit leur mécontentement quant à l’utilité de ces espaces. Ils·elles ont qualifié ces salles de « bruyantes » et « achalandées », ajoutant que certain·e·s étudiant·e·s ont reçu leurs horaires d’examen le jour même, parfois à la dernière minute.

Solutions offertes

Les témoignages d’Ashley et de Marie mettent en évidence plusieurs défauts à corriger au sein du SEAR afin de mieux soutenir les étudiant·e·s en situation de handicap. Tout d’abord, selon Ashley, il serait pertinent d’accorder automatiquement des prolongations aux étudiant·e·s inscrits au SEAR, sans passer par le contact aux professeur·e·s, afin d’éviter « de devoir envoyer des courriels aux professeurs pour chaque travail écrit », une démarche lourde et stressante, sans garantie. De plus, la vérification des handicaps pourrait être simplifiée. Une note médicale ou les résultats d’examens médicaux devraient remplacer les réunions en présentiel, « ce qui permettrait aux étudiants de mieux communiquer leurs besoins exacts ; cela pourrait également aider à réduire certains des longs délais d’attente pour les rendez-vous, ce qui aiderait les étudiants à obtenir des aménagements plus rapidement », explique Marie. De plus, Ashley, qui a effectué un semestre à l’étranger la session dernière, offre une perspective intéressante de son expérience avec les services d’accessibilité de son université hôte. Elle explique que son expérience en Angleterre au University College London était inclusive et accueillante, notant la courte durée de la réunion initiale qui s’apparentait davantage à une réunion de questions-réponses, explique Ashley : « Ils ont compris que les handicaps en eux-mêmes sont déjà assez difficiles, et que demander de l’aide peut être intimidant en soi. » Ashley témoigne que, selon sa perspective, les services du SEAR devraient se concentrer sur l’accompagnement et l’orientation plutôt que sur une procédure bureaucratique. Elle suggère ensuite que le processus de demande de prolongation devrait prendre en compte les circonstances imprévisibles liées à des troubles de santé mentale ou physique, ce qui permettrait ainsi aux étudiant·e·s de solliciter des ajustements supplémentaires en cas d’imprévus. Ces options d’amélioration pourraient alléger les délais d’attente et améliorer l’expérience globale des usager·ère·s du service de McGill.

« Les étudiant·e·s n’ont donc qu’une envie : avoir un sytème plus développé, moderne et accueillant, qui les poussera à demander du soutien quand ils·elles en auront besoin, sans avoir peur des obstacles ou des charges qui leur seraient imposées »

Bien que le SEAR offre des services précieux pour les étudiant·e·s en situation de handicap, il reste beaucoup à faire pour offrir une meilleure expérience aux usager·ère·s. Les témoignages des étudiantes ont révélé des lacunes dans l’accueil initial, le processus d’inscription complexe et la lourde charge imposée aux étudiant·e·s recherchant des aménagements d’accessibilité. Par contre, comme Marie témoigne auprès du Délit, son expérience globale au sein du SEAR a été positive et fluide, après le stade initial. Les étudiant·e·s n’ont donc qu’une envie : avoir un système plus développé, moderne et accueillant, qui les poussera à demander du soutien quand ils·elles en auront besoin, sans avoir peur des obstacles ou des charges qui leur seraient imposées. En prenant exemple sur des initiatives similaires ailleurs, McGill pourrait repenser ses services afin de mieux répondre aux besoins variés de ses étudiant·e·s.

*Prénoms fictifs

Il y aura une rencontre organisée par l’Association des étudiants de premier cycle en arts (ASUS) le mercredi 5 février de 18h30 à 20h dans le Common Room de l’Engineering Society afin de partager les expériences des étudiants concernant le SAER et de discuter des pistes d’amélioration pour l’expérience étudiante en général.

L’article L’aide aux étudiant·e·s est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Les gardiens de la démocratie https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/les-gardiens-de-la-democratie/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57147 Démystifier la pratique et l’encadrement du lobbyisme québécois.

L’article Les gardiens de la démocratie est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le lobbyisme a un problème de personnalité. L’évocation seule du terme rappelle une pléthore de scandales pharmaceutiques (Purdue Pharma), financiers (Crise financière de 2008) ou tabagiques (Affaire Dalli) ; il est, dans l’imaginaire commun, une gangrène sociale cupide. Les reportages sensationnalistes qui vilipendent cet instrument démocratique se concentrent sur un marché dérégulé, voire anarchique – celui des ÉtatsUnis. La mondialisation à laquelle la sphère médiatique est soumise place donc l’ensemble des lobbys et leurs représentants dans une catégorie artificiellement homogénéisée, ignorant les efforts des différents régimes pour l’encadrement de la pratique. Au sein d’une société majoritairement méfiante de la légalité et l’intégrité du lobbyisme et des titulaires de charges publiques (TCP), comment scinder le Québec de l’exemple américain? Présenter le cadre réglementaire québécois – en opposant ses modalités à la perception négative de jeunes universitaires – peut permettre de mettre en lumière le paysage du lobbyisme d’ici. Ainsi, nous saurons si la haine viscérale envers le lobbyisme est justifiée.

Comprendre le système québécois

Si l’on se penche sur les statistiques avancées québécoises, il va sans dire que ce marché parapolitique représente un paradis du plus offrant de par sa nature purement entrepreneuriale. Il ne faut pourtant pas confondre cette flagrante iniquité pour un abus de pouvoir, de confiance ou bien un manquement des élus à leur promesse d’intégrité. L’industrie du lobbyisme est rigoureusement encadrée par Lobbyisme Québec (LQ) – sous-division de l’Assemblée nationale – depuis 2002. Le mot d’ordre : transparence. S’il se révèle sociétalement impossible de combler l’écart des richesses et son influence dans l’accès aux élus, LQ s’assure d’une divulgation complète de toutes les tentatives de lobbyisme effectuées dans la province. Le commissaire au lobbyisme, Jean-François Routhier, œuvre sans cesse pour mettre à jour, réformer, populariser et perfectionner la Loi sur la transparence et l’intégrité en matière de lobbyisme (LTEML). La plateforme de divulgation Carrefour Lobby Québec est primée, moderne, facile d’accès, mais honteusement inconnue. Il semble donc que le problème ne repose pas dans un laxisme législatif, mais plutôt dans une méconnaissance des mécanismes mis en place pour la protection de l’État de droit québécois. Il s’agit donc de comprendre si les jeunes universitaires impliqués en politique sont insatisfaits et trouvent l’effort législatif trop faible ou bien s’ils basent leurs jugements du lobbyisme sur des perceptions injustifiées et externes au Québec.

« La tendance universitaire identifie non pas un manque de transparence, mais plutôt un partage imparfait des pouvoirs et une méconnaissance des ressources de divulgations comme étant la problématique principale »

L’encadrement législatif

La transparence n’est-elle donc que factice si son existence reste inconnue par les masses? À quoi bon la divulgation du moindre murmure d’un lobbyiste envers un élu si personne ne sait comment l’entendre? Selon Eloïse, étudiante en développement international et en environnement à McGill, le problème est bifocal : l’accès à l’information est imparfait et les visées du lobbyisme ne mènent pas à une amélioration des conditions sociales de la population générale. Elle avance que « même si des mécanismes de contrôle existent, le fait même qu’ils soient inconnus du public rend leur efficacité risible », affirmant elle même n’avoir jamais consulté les ressources de transparence telles que CLQ. De plus, « des milieux sous-subventionnés ou moins financés, comme les organisations non gouvernementales et autres organisations environnementales, sociales, communautaires » voient leur accès aux élus complexifié à cause de lobbyistes qui accaparent l’agenda démocratique. Bogdan, étudiant en sciences politiques à McGill, soulève le problème suivant face au lobbyisme : « l’influence des lobbys [américains, ndlr] ne cesse d’augmenter depuis l’arrêt Citizens United v. FEC (2010) et a pris des proportions hallucinantes dans les dernières années. »

Il supporte ainsi l’idée que le lobbyisme américain est endémique au système, parfois à son détriment. Cependant, il note une lueur d’espoir pour le Québec, alors qu’il explique que la province se débrouille assez bien, citant des outils comme « un registre public assez complet […] et un système de vérification rigoureux. »

La tendance universitaire identifie non pas un manque de transparence, mais plutôt un partage imparfait des pouvoirs et une méconnaissance des ressources de divulgations comme étant la problématique principale. Bien que le modèle législatif québécois soit incroyablement avancé et muni de multiples organes de vérification de la conformité du lobbyisme, ce dernier garde sa réputation négative en raison des objectifs qu’il poursuit. Il paraît impossible d’enrayer l’attitude négative face au lobbyisme – même auprès de jeunes universitaires dont les intérêts académiques s’alignent avec des questions d’administration gouvernementale. Sachant que, comme le dit Eloïse : « le lobbyisme est inhérent, et dans une certaine mesure souhaitable dans le démocratie ; le réel problème, ce sont les manigances et autres actes frauduleux », il faut se pencher sur des façons de rendre le processus toujours plus paritaire et transparent.

Le futur d’un lobbyisme transparent

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) – organisme œuvrant dans l’avancement dans la recherche socio-économique et la compilation statistique – recommande une multitude d’ajustements réglementaires qui pourraient faire toute la différence pour ce qui est de la confiance envers le processus démocratique. Ils proposent un meilleur encadrement des normes d’après-mandat – empêchant l’effet des « portes tournantes » chez les TCP et les abus de pouvoir et d’influence. L’organisation fait également la promotion de l’empreinte législative, qui divulgue publiquement et au sein de chaque projet de loi l’influence exacte de chaque groupe de représentation d’intérêts. Après avoir été informée de ces recommandations, Eloïse a semblé plus réceptive, affirmant que : « la meilleure visibilité et transparence ne peut qu’être bénéfique, » ajoutant qu’il fallait rester le plus loin possible du « modèle américain ».

Des leçons à tirer?

Que faut-il donc retenir de cette consultation étudiante? Il semblerait que le lobbyisme soit craint non pas pour sa seule pratique, mais pour les écarts éthiques qui y sont souvent attribués. En renforçant le cadre normatif et législatif actuel, il serait possible de rassurer la population sans pour autant que cette dernière ait l’impression d’être dupée. Malgré l’effritement de la confiance envers les institutions démocratiques, force est de constater que tout n’est pas perdu. Bien que le lobbyisme souffre d’un problème de personnalité, on le tolère, on le comprend et éventuellement on l’adoptera pleinement. Le Québec est sur la bonne voie en ce qui a trait à sa réforme de la LTEML : il doit continuer de surveiller et punir les contrevenants ainsi que s’assurer de divulguer de manière accessible et beaucoup plus publique les activités de lobbyisme. La méfiance est un problème d’accès. Il suffira de donner aux Québécois ce qu’ils désirent, ce qui les aidera à comprendre le côté essentiel du lobbyisme et la représentation d’intérêts. Les étudiants ont parlé : c’est au tour du Québec de se rendre digne de son titre de démocratie fonctionnelle et véritablement transparente!

L’article Les gardiens de la démocratie est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Overthinking : la tourmente des étudiants https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/overthinking-la-tourmente-des-etudiants/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57158 Peut-on faire taire ses pensées négatives?

L’article Overthinking : la tourmente des étudiants est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Que ce soit les notifications Outlook de myCourses, celles d’un message Instagram ou d’une nouvelle publication sur LinkedIn, les avertissements sonores nous rappelant nos obligations et préoccupations sont omniprésents. Toutefois, il arrive qu’un brouillard tapageur, encore plus désagréable, les recouvre tous pour envahir notre esprit trop souvent stimulé. Ce bourdonnement est provoqué par la rumination de nos pensées, impossibles à faire taire, qui nous rongent de l’intérieur.

Il m’a fallu des années pour finalement réussir à plonger dans une piscine. Chaque été, alors que je me retrouvais face à l’eau, prête à m’élancer, fléchissant les jambes pour me propulser, je coupais soudainement mon élan, assaillie par un flot de pensées paralysant. Et si je me cognais contre le fond de la piscine? Ou que je faisais un plat? En proie au doute, je finissais toujours par faire un saut en bouteille. Ce n’est qu’une fois où j’ai décidé de me précipiter du plongeoir sans réfléchir que j’ai réussi à effectuer mon premier plongeon. Dans la vie, la rumination mentale nous empêche parfois de faire le premier pas lorsqu’on est amoureux, ou d’oser saisir les opportunités quand elles se présentent, laissant place au regret. Et si trop penser nuisait à notre santé mentale?

Pour mieux comprendre le fonctionnement de la rumination mentale, aussi connue sous le terme anglais overthinking, et ses effets sur les étudiants, je me suis entretenue avec la psychologue Mélanie Bourdette, membre de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ).

Performer à tout prix

« Penser, c’est plutôt une bonne chose », rappelle Mélanie Bourdette, car « cela signifie que notre cerveau fonctionne bien ». Néanmoins, si la rumination mentale a un côté désagréable, c’est qu’elle prend la forme d’une « pensée à connotation négative qui va tourner en boucle et se répéter ».

Michaela, étudiante à McGill, m’a avoué ruminer constamment : « À propos de l’école, pas vraiment des relations. Juste la performance académique (tdlr) ». Son témoignage confirme les observations de Mélanie, qui a constaté parmi sa clientèle étudiante la prévalence de pensées négatives reliées à la performance, telles que : « Je ne vais pas y arriver, je ne suis pas assez bonne. »

Christina, une autre étudiante mcgilloise, remarque qu’il lui arrive souvent de ruminer par rapport au passé ou à ses choix de vie. La psychologue explique que les pensées négatives sont souvent disproportionnées par rapport à la situation actuelle, lorsqu’elles sont associées à un sentiment de regret ou de culpabilité, par exemple : « On n’a pas de machine à remonter dans le temps. Or, on continue à penser à une situation qui s’est produite il y a une heure ou trois ans, alors même qu’on ne peut pas y revenir ».

Qu’est-ce qui provoque la rumination?

« La rumination est associée à l’anxiété », explique la psychologue, « ainsi, tous les facteurs déclencheurs de l’anxiété peuvent favoriser ou nous rendre beaucoup plus sensibles au fait de ruminer ». Ce sentiment, qui apparaît dans le nouveau volet du film d’animation Sens dessus dessous (ou Vice-versa), est bien connu des étudiants. En effet, pendant les périodes d’examen, leurs nerfs sont mis à rude épreuve. L’anxiété est alimentée par diverses peurs : « la peur de s’être trompé, la peur qu’il y ait des conséquences, la peur de ne pas performer. » L’anxiété est également corrélée à l’humeur, c’est pourquoi Mélanie Bourdette explique que « parfois, lorsqu’on a une humeur un peu plus basse, typiquement lors des déprimes saisonnières, les circonstances sont plus propices à ruminer ». Christina l’a remarqué, car bien qu’il lui arrive de ressasser des pensées négatives à n’importe quelle période de l’année, elle est toujours surprise « quand le printemps arrive et que le soleil sort, je me sens comme, “wow” », alors qu’elle se rend compte combien l’hiver l’a rendue morose.

« Ce qui cause de l’anxiété et amène à ruminer, c’est lorsque l’image que l’on a de soi s’est détériorée »

La fatigue peut aussi être une cause indirecte de la rumination : « Bien qu’un manque de fer ne génère pas de la rumination, il entraîne de la fatigue physique, donc une sensibilité plus accrue aux émotions, notamment la peur qui provoque l’anxiété », indique la psychologue. La fatigue rend plus difficile la gestion de nos émotions, d’où l’importance de maintenir une alimentation saine et équilibrée, un bon sommeil, et la pratique d’une activité physique, non seulement pour se sentir bien dans son corps, mais aussi dans sa tête.

On pourrait penser qu’un manque de confiance en soi puisse faciliter le développement de pensées négatives, mais c’est plutôt l’estime de soi qui influence la rumination. Mélanie Bourdette explique la différence entre les deux termes : « En psychologie, on différencie la confiance en soi de l’estime de soi. Parce que la confiance en soi, c’est notre capacité à faire quelque chose. J’ai confiance en moi, ça veut dire que je sais que je peux faire quelque chose. L’estime de soi correspond à l’image que l’on a de soi, qui est différent de notre capacité de faire. » Ce qui cause de l’anxiété et amène à ruminer, c’est lorsque l’image que l’on a de soi s’est détériorée. « Parce que si on sait qu’on ne sait pas faire, on ne va pas ruminer. Je sais que je ne sais pas piloter, donc je n’ai aucune confiance en ma capacité à piloter un avion », illustre-t-elle. Mélanie Bourdette explique que le rôle du cerveau est d’enregistrer des informations et de les répéter en boucle pour qu’on les retienne. Ainsi, un environnement académique stimulant, combiné à des attentes personnelles ambitieuses, nourrit parfois la rumination.

Modeler plutôt que contrôler

« Je ne dirais jamais que cela m’empêche vraiment de me mettre en avant. C’est juste que j’ai l’impression que c’est un obstacle mental », reconnaît Michaela sur la rumination. Selon Mélanie Bourdette, la rumination mentale peut créer « une réelle souffrance ». Elle continue : « Lorsqu’on est trop stressé par quelque chose, on perd en performance, on n’est plus capable de faire les choses. »

« Il est impossible d’arrêter de penser parce qu’il n’y a qu’une seule situation où on arrête de penser, c’est lorsqu’on est mort »

La rumination mentale touche aussi bien les hommes que les femmes. Toutefois, la psychologue observe que « les femmes ont plus tendance à extérioriser l’anxiété et la rumination, contrairement aux hommes qui, même pour plein d’autres troubles mentaux, vont plutôt l’intérioriser ». Alors, peut-on contrôler ses pensées négatives? Selon Mélanie, il est plus juste de dire que l’on peut gérer ses pensées plutôt que les contrôler : « Contrôler une émotion, c’est lui mettre des barrières et pouvoir la faire taire. » Or, il est impossible d’arrêter de penser « parce qu’il n’y a qu’une seule situation où on arrête de penser, c’est lorsqu’on est mort ». En revanche, en thérapie de psychologie, « on essaye plutôt de reformuler nos phrases avec une structure positive ». Aussi, on remplace « je ne suis pas compétente » par « je suis compétente sur un élément, mais peut-être que je pourrais m’améliorer sur autre chose ». Lorsque l’on se force à ne pas penser à un ours blanc pendant vingt secondes, ce dernier s’impose à notre esprit. Cela montre que notre cerveau ne « comprend pas la négation » et qu’il vaut mieux « lui dire ce qu’on a envie de penser ».

Cependant, il est parfois difficile de croire en de belles phrases positives pour s’échapper des pensées négatives. Une autre stratégie pour extérioriser nos pensées consiste à leur associer un aspect comportemental, comme en les mettant par écrit. C’est une méthode d’évitement positif contrairement aux distractions qui font culpabiliser comme lorsque l’on fait défiler son fil d’actualités sur Instagram. Christina nous partage son astuce : « Je pense qu’il faut mettre les choses en perspective, se rendre compte que ce n’est pas la fin du monde, quelle que soit la décision prise. » Après tout, elle n’a pas tort, mieux vaut se jeter dans le bain que d’avoir des regrets.

L’article Overthinking : la tourmente des étudiants est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
À McGill : le Nouvel An lunaire en événements https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/le-nouvel-an-lunaire-2025/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57138 Où et comment découvrir diverses traditions à l’Université?

L’article À McGill : le Nouvel An lunaire en événements est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le Nouvel An lunaire, souvent appelé à tort « Nouvel An chinois », est une célébration annuelle basée sur le calendrier lunaire, qui diffère du calendrier grégorien utilisé en Occident. L’utilisation du terme « Nouvel An lunaire » est bien plus inclusive, car il reflète la diversité culturelle des peuples qui célèbrent cette fête, au-delà de la Chine. En effet, plusieurs communautés à travers l’Asie, comme les Vietnamiens (nommant cette fête Tết ), les Coréens (nommant cette fête Seollal), les Mongols et certains groupes au Japon, en Thaïlande, en Malaisie, ou aux Philippines, marquent cette occasion avec leurs propres traditions uniques.

La date de ce Nouvel An varie chaque année, car elle est déterminée par le calendrier lunaire, qui suit les cycles de la lune. Cette année, le Nouvel An commence le mercredi 29 janvier et se termine avec la fête des lanternes, 15 jours après. En Chine, cet événement est aussi appelé « Fête du Printemps » (春节), car il marque la fin de l’hiver et le début d’une nouvelle saison agricole. Au Vietnam, cette période est nommée Tết Nguyên Đán et revêt une forte dimension familiale et spirituelle. Au total, ce sont presque deux milliards de personnes qui vont célébrer ce début de l’année lunaire.

Les célébrations varient selon les pays, mais elles incluent souvent des rituels communs : grands repas en famille, offrandes aux ancêtres, feux d’artifice pour chasser les mauvais esprits, danse du lion et nettoyage des maisons pour accueillir la chance. Les enveloppes rouges remplies d’argent (hóngbāo en Chine ou lì xì au Vietnam) sont offertes pour symboliser la prospérité et l’amour entre les générations.

Le Nouvel An lunaire est intimement lié au zodiaque chinois, qui repose sur un cycle de 12 ans, où chaque année est représentée par un animal spécifique : Rat, Buffle, Tigre, Lapin, Dragon, Serpent, Cheval, Chèvre, Singe, Coq, Chien et Cochon. Ces signes sont également associés à des éléments naturels (bois, feu, terre, métal, eau) qui influencent davantage le caractère de l’année. Ainsi, cette combinaison d’un animal et d’un élément crée une symbolique particulière et rend chaque année unique par son énergie. Cette année 2025 est l’année du Serpent de bois, signe de sagesse, de maturité d’esprit, mais aussi de transformation, par son association au bois.

L’ASSOCIATION DES ÉTUDIANTS VIETNAMIEN·NE·S DE MCGILL (MVSA)
Jason, membre de l’équipe « événementiel » de MVSA, nous partage les détails du plus gros événement de l’année organisé par le club. Inspiré des marchés nocturnes vietnamiens particulièrement animés, il nous donne rendez-vous à la salle de bal de l’édifice de l’AÉUM ce 1er février, de 12h à 17h. À travers différents kiosques proposant musique, nourriture, spectacles et autres activités culturelles, cet événement nous invite à voyager et à (re)découvrir la richesse de la culture vietnamienne. De nombreux commanditaires et vendeurs, tels que Gong Cha (thé aux perles) ou Nhasang (restaurant vietnamien) seront présents. L’événement proposera aux visiteur·se·s de confectionner leur propre lanterne vietnamienne, de participer au classique Bầu cua (jeu d’argent incontournable), de s’initier à la calligraphie, et bien plus. En vous procurant votre billet, vous obtiendrez automatiquement 10 bons pour participer aux diverses activités disponibles. L’événement est ouvert à tous·tes. Plus d’information sur Instagram : @mvsa.mcgill

LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDIANTS CHINOIS DE MCGILL (MCSS)
Lillian, responsable de la communication de MCSS, nous dévoile les détails de leur soirée à thème « écailles de fortune (tdlr) » (scales of fortune) pour bien commencer cette année du serpent. L’événement aura lieu ce 30 janvier au restaurant Pink Kong, situé au 2087 rue St-Catherine Ouest, entre 21h et 2h du matin. Avec des DJs spécialement invités pour l’occasion, cette soirée au code vestimentaire noir et rouge vous emmènera au bout de la nuit pour cette célébration du Nouvel An lunaire! Les billets seront disponibles au prix de $25 à la porte. De plus, le club nous invite à célébrer la Fête des lanternes (tenue traditionnellement 15 jours après le Nouvel An lunaire), l’occasion parfaite d’en apprendre plus sur la culture chinoise! En tant que visiteur·se, vous pourrez vous essayer à la confection de tangyuan (boulettes de riz gluant fourrées de diverses garnitures), et d’autres activités qui vous plongeront dans les traditions de « l’Empire du Milieu ». Ouvert à tous·tes, l’événement se tiendra en février, et les détails seront confirmés sous peu sur le compte Instagram du MCSS (@mcssfam).

MTSA, MCSS, HKSN, MECA, MASSA, CCAS**
De nombreuses associations étudiantes asiatiques vous invitent à leur marché du Nouvel An lunaire, qui se tiendra le 6 février prochain de 16h à 21h aux 2e et 3e étages de l’édifice de l’AÉUM. Le marché proposera de nombreuses activités et kiosques de nourriture, ainsi que des animations gratuites. Les commanditaires des clubs tels que Tsujiri (salon de thé japonais), Coco (pâtisseries chinoises), Ocha (thé aux perles et mochis) seront présents pour ravir vos papilles! Organisé en partenariat avec l’Université Concordia, l’événement est également une opportunité de faire de nouvelles rencontres au sein de la communauté étudiante montréalaise et de sortir de la « bulle » McGill. Chaque billet d’entrée vous permettra de participer à une loterie avec divers prix à la clé. Ces billets seront vendus au prix unique de 3$ (avec option de payer 2$ en plus pour un billet de loterie supplémentaire). Plus d’informations sont disponibles sur les comptes Instagram des différentes associations organisatrices (@hksnmcgill, @mtsalovesyou, @clubccas, @meca.mcgill, @massa_mcgill).

**L’Association des étudiants Taiwanais de McGill, La Société des étudiants Chinois de McGill, Le Réseau des étudiants Hongkongais, L’Association éducative et culturelle et des étudiants coréens de McGill, L’Association étudiante des Malaisiens et Singapouriens, L’Association des Canadiens d’origine asiatique de Concordia

L’article À McGill : le Nouvel An lunaire en événements est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Tết loin de chez soi https://www.delitfrancais.com/2025/01/29/tet-loin-de-chez-soi/ Wed, 29 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57141 Entre nostalgie, adaptation et redécouverte.

L’article Tết loin de chez soi est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
C’est ma quatrième année à célébrer le Tết loin de chez moi. Vivre le temps du Tết, plutôt que de le fêter. Une étrange indifférence s’installe en moi et elle me fait peur : étreinte oppressante à l’idée de me perdre. L’excitation usuelle qui m’habite est désormais inexistante. Je repense au Nouvel An 2021 célébré à Hanoï, quand je suis rentrée dans la maison après avoir « franchi son seuil ». Selon cette coutume, la première personne à le faire, le premier jour de la nouvelle année, doit être choisie à l’avance, en fonction des signes du zodiaque porteurs de chance. Je crois que c’était mon frère qui était le premier à entrer. Chez nous, on achetait aussi des thés aux perles. Une tradition simple et familiale, en raison de mon anniversaire et de celui de mon frère qui tombaient étrangement – deux années de suite – le jour du Nouvel An. Mon père me serre dans ses bras, me souhaitant la santé et le bonheur. Je me souviens vivement lui avoir dit que ce serait la dernière fois, pour très longtemps, que je fêterais le Nouvel An à la maison.

Tous les objets, parfums et sensations me reviennent tendrement. Lì xì, enveloppe d’argent porte-bonheur. La rue Hàng Mã, ornée de décorations festives. Occasionnellement, les gens vêtus de áo dài [robe traditionelle vietnamienne, ndlr]. Il m’est difficile de décrire cette excitation palpable suspendue dans l’air frais, comme si tout autour était baigné dans une atmosphère festive. Chez nous, il y a toujours un kumquat, un petit abricotier, et mon favori : un grand pêcher forestier, rose pâle et non rose vif, qui occupe toute l’entrée menant au salon. Sur la table du salon, une multitude de grignotines : des fruits confits (ô mai), des bonbons, des chocolats et des biscuits, mais mes préférés ont toujours été les graines de citrouille et les pistaches. Une théière, constamment maintenue au chaud, car la maison ne cesse de recevoir des visiteurs. Pour le repas, on mange des rouleaux impériaux (nem), du poulet bouilli, et surtout du bánh chưng, un gâteau fait de riz gluant, rempli de haricots mungo et de viande. Chez nous, le bánh chưng se mange avec du chè kho, un pudding sucré à base de ces mêmes haricots, spécialité de ma grand-mère. Il y a des chansons de fête qui résonnent partout : à la télé, dans la voiture de mon père, dans la rue, dans les cafés et les restaurants. Pourtant, le matin du Nouvel An, toute la ville se plonge dans un silence paisible et tellement doux. On sort pour rendre visite à la famille. Le deuxième jour, on part à la campagne pour brûler des encens en l’honneur de nos ancêtres.

Présentement, à Montréal, cette excitation et cette joie vibrante sont absentes. Je sors de l’école à 19 heures, la nuit étincelée de cristaux de neige. Il ne fait pas froid, du moins pas ce froid qui giflait comme au Vietnam, même si la température là-bas ne descendait que rarement en dessous de 10°C. Ici, tout est blanc.

Dans mes souvenirs, tout était rouge.

Une nostalgie amère s’empare de moi. Il est difficile de parler des expériences qu’on a vécues lorsqu’elles ne sont plus que des souvenirs. Des souvenirs teintés de mélancolie. Du regret de ne pas avoir vécu pleinement ces moments, de ne pas les avoir appréciés lorsque j’en avais l’occasion. D’une envie persistante de revenir en arrière, de redevenir enfant au temps des fêtes, innocente et insouciante. De jouer des pièces de piano pour ceux qui nous rendent visite, de cueillir les pétales de mon arbre fruitier préféré tombés au sol. De manger des plats de Tết tous les jours durant le temps des fêtes.

L’hiver montréalais m’a été pénible. Pourtant, cette année, je le trouve bienveillant. Le froid me caresse. Je pense aux travaux qui m’attendent. Ils me rappellent pourquoi tout cela en vaut la peine. Il est temps pour moi de créer mes propres traditions, loin de mon pays natal, loin de ma famille. Mais une partie en moi craint cet élan. Je m’accroche à mes souvenirs, je mets des chansons que j’écoutais autrefois. Je casse mes pistaches. Elles n’ont plus le même goût qu’à l’époque où j’étais enfant. Les moments de ma jeunesse se transforment en un rêve lointain, auquel je reviens sans cesse, tentant de revivre ce que j’étais. J’essaye de revoir ma maison pendant le Tết, encore et encore, espérant qu’elle y reste à jamais si j’y songe assez longtemps.

Comme Verlaine qui dit,
« Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure »

L’article Tết loin de chez soi est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Angie Larocque : l’unique designer québécoise à la Semaine de la mode de Paris https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/angie-larocque-lunique-designer-quebecoise-a-la-semaine-de-la-mode-de-paris/ Wed, 22 Jan 2025 21:18:29 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56983 La créatrice nous invite dans les coulisses de son parcours et de son saut à l’étranger.

L’article Angie Larocque : l’unique designer québécoise à la Semaine de la mode de Paris est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La session de mode masculine pour la saison Automne/Hiver 2025–2026 de la Semaine de la mode parisienne a débuté hier, le 21 janvier, promettant de nouvelles collections de marques haute couture à couper le souffle. Si des noms emblématiques comme Louis Vuitton ou Jacquemus marquent cet événement jusqu’au 26 janvier 2025, une nouveauté se prépare pour la Semaine de la mode féminine prévue au mois de mars prochain : Angie Larocque, avec sa marque éponyme, sera la seule québécoise à dévoiler une collection sur cet illustre podium de la mode internationale.

Certains ont pu la voir dans les films Un monde à l’envers (2012) ou Un homme à la mer (2018) avec Eva Longoria, car Larocque est avant tout une personnalité québécoise aux multiples talents. Actrice, danseuse, coiffeuse, designer et entrepreneure, elle fait ses débuts dans la mode en 2022, en présentant sa première collection à l’événement de mode montréalais Festival M.A.D (Mode – Arts – Divertissement). Rapidement, son travail gagne en reconnaissance : l’une de ses créations a été portée par la chanteuse Véda lors du Gala de l’ADISQ en novembre dernier, et ses collections ont été mises en valeur lors des dernières Semaines de la mode de Montréal. Le 8 mars 2025, elle franchira une étape majeure en présentant ses créations dans le cadre enchanteur de la Galerie Bourbon, ancienne résidence de la famille royale d’Espagne.

Le Délit a rencontré Angie pour parler de son évolution artistique, des origines de sa marque et de ses attentes face à la Semaine de la mode de Paris.

Le Délit (LD) : Vous avez eu un parcours très diversifié, allant du ballet classique au cinéma, et maintenant à la mode. Pouvez-vous nous parler de vos débuts artistiques?

Angie Larocque (AL) : Oui! J’ai commencé le ballet classique à l’âge de trois ans en Gaspésie, que j’ai pratiqué jusqu’à mes 20 ans, un peu par intermittence. À l’école, j’étais toujours impliquée dans les arts, le théâtre et surtout l’improvisation. J’ai aussi étudié à l’école artistique FACE à Montréal, où la créativité était très présente. Bref, l’art a toujours fait partie de moi. Plus tard, le cinéma est arrivé par hasard. Une amie m’a appelée pour une audition de figuration dans un film avec une coproduction franco-américaine. À l’époque, je travaillais dans un salon de coiffure, car je suis aussi une coiffeuse diplômée. On m’avait dit : « Si tu n’as pas de nouvelles dans une semaine, ça veut dire que tu n’es pas prise. » Je n’ai pas été rappelée tout de suite, mais un mois plus tard, en plein milieu d’un rendez-vous avec une cliente, j’ai reçu un appel. On m’a offert un troisième rôle pour Un monde à l’envers (2012) et demandé si je pouvais aller aux essayages le jour même. Ce fut mon premier crédit ACTRA (Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists), et tout a déboulé à partir de là.

« La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits »

Angie Larocque, designer québécoise

LD : Comment votre expérience d’actrice influence-t-elle votre travail de designer?

AL : Cela m’a appris à prêter attention aux détails et à être à l’écoute de la vision artistique globale. Sur les plateaux, j’étais coiffeuse avant d’être actrice, donc je comprends les deux côtés. Aujourd’hui, en tant que designer, j’ai un contrôle total sur ma vision, et c’est aussi exaltant!

LD : En 2022, vous lancez votre propre marque de vêtements, Angie Larocque. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce grand saut dans le design de mode?

AL : Tout a réellement commencé en 2017. Je voulais créer ma propre marque, car j’achetais beaucoup de produits locaux et écoresponsables pour mon fils. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas les concevoir moi-même? » J’ai donc lancé une marque de vêtements pour enfants appelée Biggie Smalls : des grands vêtements pour des petites personnes [rires]. Durant la pandémie, j’ai mis ce projet de côté pour me concentrer sur de nouvelles compétences. J’ai suivi des cours à l’École des entrepreneurs du Québec pour apprendre la stratégie, le marketing et la comptabilité. C’est là que j’ai décidé de me tourner vers la création de lingerie avec une collection nommée « Les Aguicheuses », présentée au Festival M.A.D. À travers cette expérience, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait vraiment, c’était de créer des robes, et Angie Larocque est née.

JF GALIPEAU Evoto

En ce moment, je veux me diriger vers la haute couture. Ma dernière collection, d’ailleurs, intitulée « Rosa Nera », s’inspire de l’élégance des mariages italiens traditionnels qu’on peut voir dans le film Le Parrain (1972) par exemple. Les robes sont très couvrantes, avec beaucoup de dentelles, mais restent très sensuelles. C’est important pour moi, la féminité, la sensualité ; mettre en valeur le corps de la femme. Lors de mon premier défilé au Festival M.A.D., par exemple, j’ai voulu montrer des corps variés, de la taille Petit à 3X. L’une des mannequins taille plus m’a écrit une lettre bouleversante expliquant comment cette expérience avait changé sa perception d’elle-même. À ce moment-là, je me suis dit : « Je suis vraiment à la bonne place. Si je peux faire une différence chez les femmes à ce niveau-là, pourquoi pas? »

LD : Présenter une collection à Paris, à la Galerie Bourbon, est un événement majeur. Comment gérez-vous la pression et la fierté d’être la seule designer québécoise?

AL : C’est un mélange des deux. La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits. À la Gaspésienne, je suis prête à impressionner tout le monde!

LD : Vous avez récemment lancé une campagne de financement. Pouvez-vous nous en parler?

AL : Oui, c’est une campagne pour soutenir les frais de production de ma collection à Paris. Tout le monde peut contribuer, que ce soit par des dons ou en partageant l’information. Chaque geste compte et m’aide à représenter le Québec sur cette grande scène!

LD : Pour finir, quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans les industries créatives?

AL : Ne pas avoir peur. La peur est souvent ce qui nous empêche de continuer. Ce n’est pas facile – même aujourd’hui, il m’arrive de douter. Mais être opportuniste, persévérer et croire en soi, c’est essentiel. C’est en surmontant ces moments de peur qu’on avance.

Avec sa présence à la Semaine de la mode de Paris, Angie Larocque ouvre de nouvelles portes pour les talents d’ici. Ne manquez pas de suivre cette étoile montante alors qu’elle illuminera la capitale de la mode le 8 mars prochain!

L’article Angie Larocque : l’unique designer québécoise à la Semaine de la mode de Paris est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/la-selection-dactus-du-delit-8/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56954 TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

L’article La sélection d’actus du Délit est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS

Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria à Montréal. Cette décision marque une étape décisive dans le combat juridique mené par ce groupe depuis 2022, ayant pour but d’interrompre les travaux d’excavation conduits par l’Université McGill. Selon les Mères mohawks, ces travaux auraient lieu sur un espace contenant des sépultures anonymes d’enfants autochtones, victimes d’expériences psychiatriques menées entre 1954 et 1963 dans le cadre du projet MK-Ultra, un programme controversé de la CIA. Le collectif avait exigé qu’une supervision archéologique rigoureuse soit mise en place pour prévenir ce qu’elles qualifient d’« effacement des injustices du passé (tdlr) » et éviter de raviver les traumatismes des survivants et des communautés concernées.

Les travaux d’excavation en cause s’inscrivent dans le cadre du projet New Vic, porté par l’Université McGill. Celui-ci vise à réaménager une partie de l’ancien hôpital Royal Victoria pour agrandir le campus universitaire. En 2019, le gouvernement du Québec a cédé une partie de la propriété à McGill, et a promis un investissement de 620 millions de dollars pour rénover les bâtiments historiques et aménager les terrains. Le projet inclut des excavations substantielles, nécessaires pour transformer le site en un espace moderne et fonctionnel pour l’université.

Les Mères mohawks avaient entamé leur combat juridique en 2022, en intentant une poursuite contre l’Université McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI). En 2023, un accord entre les parties a été conclu, prévoyant la présence d’un panel d’archéologues pour superviser les excavations et détecter d’éventuelles sépultures. Cependant, cet accord a été remis en question le 16 août 2023, lorsque la Cour d’appel du Québec a autorisé la reprise des travaux sans supervision archéologique externe. La décision de la Cour suprême de ne pas entendre l’appel du collectif scelle le sort de cette affaire. Pour les Mères mohawks, il s’agit d’une défaite amère dans leur quête pour préserver la mémoire des enfants autochtones et exiger justice face à un passé douloureux.

CRISE DE L’ITINÉRANCE À MONTRÉAL : FERMETURE DU REFUGE TEMPORAIRE DU YMCA

Le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) du YMCA centre-ville, refuge pour sans-abris mis en place par la Ville de Montréal afin de répondre aux grands froids, a fermé ses portes ce samedi 11 janvier, après moins d’un mois d’activité. Ce refuge temporaire, ouvert le 21 décembre, avait été conçu comme une mesure exceptionnelle dans le cadre du Plan particulier d’intervention – Froid extrême, déclenché par le Centre de coordination des mesures d’urgence de Montréal. Initialement prévu pour accueillir un maximum de 50 personnes, le centre a dû faire face à une demande bien supérieure durant la courte période où il était en activité. Les 5 et 6 janvier, le CHU a accueilli plus de 150 personnes en une seule nuit, soit trois fois sa capacité prévue. Le refuge a enregistré un total de 1153 visites en moins de trois semaines, illustrant l’ampleur de la crise de l’itinérance à Montréal.

Stu Doré | Le Délit

L’ouverture du centre avait à l’origine été annoncée comme une mesure temporaire. En temps normal, le Plan particulier d’intervention – Froid extrême est seulement déclenché lorsque la température descend sous les ‑27°C, et les mesures cessent dès que les conditions météorologiques s’améliorent. Le 21 décembre, la ville de Montréal a donc pris une décision exceptionnelle en ouvrant le centre avant que ce seuil ne soit atteint, et en s’engageant à le garder ouvert aussi longtemps que possible, en raison de la demande alarmante.

Cette mesure temporaire reste néanmoins insuffisante. Ceux qui passaient leurs nuits au CHU sont désormais contraints de se redistribuer dans les refuges de la ville – qui sont déjà débordés et doivent refuser l’entrée à plusieurs personnes chaque soir – ou d’affronter les températures glaciales de l’extérieur.

ARRESTATION HISTORIQUE : LE PRÉSIDENT SUD-CORÉEN YOON SUK-YEOL FACE À LA JUSTICE

Le mardi 14 janvier, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été arrêté dans le cadre d’une opération menée par les autorités judiciaires du pays. Il s’agit de la première fois qu’un chef d’État en exercice est arrêté en Corée du Sud. Avant l’aube, des agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police se sont présentés en grand nombre devant la résidence présidentielle. Après une courte confrontation, le président Yoon a accepté de se rendre, diffusant peu après un message vidéo où il déclarait : « J’ai décidé de répondre aux autorités du Bureau d’enquête sur la corruption (tdlr) », tout en réaffirmant qu’il contestait la légitimité de l’enquête. Il a ajouté qu’il se soumettait à cette arrestation afin d’« éviter toute effusion de sang malheureuse ». Cette arrestation marque un tournant dans une affaire politique explosive et survient moins de deux semaines après une première tentative d’arrestation échouée, le 3 janvier. Ce jour-là, le Service de sécurité présidentielle (PSS), chargé de la protection des chefs d’État, avait empêché les enquêteurs du CIO d’exécuter un mandat d’arrêt initial contre Yoon Suk-yeol.

Stu Doré | Le Délit

Le dirigeant sud-coréen est la cible de plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Cette inculpation repose principalement sur sa décision controversée de proclamer la loi martiale le 3 décembre, une initiative qu’il avait justifiée en invoquant la nécessité de défendre le pays contre « les forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État ». Cette tentative de concentration du pouvoir a été rapidement mise en échec par les députés, qui ont voté un texte exigeant la levée de cette mesure d’exception.

L’arrestation de Yoon Suk-yeol plonge la Corée du Sud dans une crise politique sans précédent, exacerbant les divisions au sein du pays. Les prochains développements dans cette affaire détermineront sans doute l’avenir de la présidence et l’équilibre démocratique de la nation.

L’article La sélection d’actus du Délit est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Vivre en résidence : mélange culturel ou simple colocation améliorée? https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/vivre-en-residence-melange-culturel-ou-simple-colocation-amelioree/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57025 McGill : résidences universitaires, entre diversité et repli social.

L’article Vivre en résidence : mélange culturel ou simple colocation améliorée? est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Si les étudiant·e·s en première année à l’université font souvent l’expérience de vivre loin de leurs parents, cette transition prend une dimension particulière en résidence universitaire, où la mixité culturelle et les affinités sociales s’entrelacent. Ainsi, lorsqu’ils·elles arrivent à McGill, une question majeure se pose : résidence ou colocation? Cet éloignement de la bulle familiale offre une opportunité unique de rencontrer des personnes aux parcours, langues et habitudes de vie différents, élargissant ainsi le cercle social habituel. En 2022, 29,8 % des étudiant·e·s inscrit·e·s à McGill étaient internationaux·ales. Les résidences concentrent une grande partie de cette population en première année. Dans ce saut vers l’inconnu et face aux défis de l’intégration, la résidence étudiante peut être perçue comme un accélérateur de relations dans un cadre multiculturel souvent bien différent de ce à quoi on a été habitué auparavant. Pourtant, bien que généralement proposée par McGill pour les nouveaux·lles venu·e·s, loger dans une résidence demeure une option coûteuse et qui n’est pas systématiquement envisagée.

Pour mieux cerner l’impact des résidences universitaires sur l’intégration sociale et la diversité culturelle à McGill, j’ai mené plusieurs entretiens avec des étudiantes ayant connu différents parcours. Parmi elles, Rosa Benoit-Levy, en première année, ainsi que Susana Baquero, Auxane Bussac, et Marguerite Lynas, toutes en troisième année, ont partagé leurs expériences dans diverses résidences. Cette enquête explore si ces lieux de vie collective tiennent leur promesse de diversité et favorisent la formation de liens sociaux durables.

La diversité en résidence, une réalité?

Dans les résidences universitaires de McGill, les espaces communs partagés comme les cuisines, les réfectoires ou les salles de bain sont souvent des lieux de socialisation. Ce type d’environnement favorise des interactions fréquentes et informelles entre les résident·e·s, confronté·e·s à la vie en communauté. Auxane Bussac, élève de troisième année, souligne : « En termes de vie sociale ça me paraît évident que vivre en résidence facilite la création de liens avec les autres étudiants pour la simple et bonne raison qu’on vit ensemble 24 heures sur 24 et sept jours sur sept […] il y a aussi l’esprit de communauté qui est non négligeable en résidence, être en permanence à quelques pas les uns des autres et partager une intimité de vie au quotidien ça crée des liens très forts. »

« Les témoignages recueillis auprès de nombreux·ses étudiant·e·s montrent que l’année en résidence constitue un
tremplin important pour l’intégration sociale et l’exploration de la diversité culturelle »

Sur le site officiel du Logement étudiant de McGill, l’Université dit offrir des espaces adaptés à chacun·e (selon le coût, le bruit…) avec son slogan : « Nos résidences reflètent la diversité de la population étudiante ». Cette promesse de diversité est perçue différemment selon les expériences des résident·e·s. Dans les premières semaines, ce contexte si particulier, où l’on ne choisit pas qui sera notre voisin·e, donne l’impression de pouvoir connaître beaucoup de monde, provenant de larges horizons. Et en théorie, oui ; comme le souligne Marguerite Lynas (élève de troisième année ayant vécu à la Nouvelle Résidence) : « Quand tu vis dans la résidence c’est très sympa puisque tu as toujours l’opportunité de rencontrer des nouvelles personnes si tu veux. Cela permet de ne pas te fermer dans un groupe mais de diversifier le genre de personnes que tu vas fréquenter, et les langues que tu vas parler. »

Cependant, en pratique, selon les caractères, langues parlées, expériences vécues… chacun·e a tendance à rester essentiellement avec des personnes de même origine ou parlant la même langue que lui·elle, comme le rapporte Auxane. Cela peut se produire plus naturellement du fait d’une culture, de références, d’habitudes, d’humour, qui peuvent amener à une entente tacite et renforcée par l’éloignement géographique du pays natal. Face à la réalité de ses liens, Auxane explique : « On a tous tendance à rester vachement avec nos pairs. […] Donc je ne dirais pas qu’on est particulièrement confronté à des interactions interculturelles, ça demande de l’effort, mais c’est clair que vivre en résidence ça facilite n’importe quel type d’interactions. »

Comme l’étudiante l’explique par la suite, rencontrer de nouvelles personnes nécessite parfois de sortir de sa zone de confort et d’aller vers les autres : « Tu peux vivre en résidence et pour autant te renfermer sur toi-même et tu feras beaucoup moins de rencontres que d’autres qui ne vivent pas en résidence, mais sont ouverts et avenants. » La résidence n’est donc pas toujours une précondition pour nouer des liens forts avec des personnes provenant du monde entier.

« Un refuge culturel »

Toutefois, pour certain·e·s, les similarités culturelles offrent un confort qui facilite l’adaptation et la confiance dans ce nouvel environnement. Susana Baquero, étudiante colombienne en troisième année, a trouvé un refuge culturel en partageant son étage avec une Panaméenne et une Mexicaine à l’une des Résidences supérieures : « Je me suis sentie plus à l’aise en parlant ma langue natale, je sentais que j’étais entourée de personnes qui comprenaient certaines choses dans ma culture. Ça ne veut pas dire que je ne m’entendais pas avec les autres gens de mon étage, mais ça me faisait me sentir plus proche de la maison. »

À l’inverse, au-delà d’une recherche de diversité culturelle, certaines résidences sont connues pour être dominées par une ou plusieurs nationalités, contrastant avec le slogan affiché sur le site du Logement étudiant. Par exemple, Rosa Benoit-Levy, actuellement en première année, remarque qu’à la Nouvelle Résidence : « Il n’y a pas beaucoup de diversité, dans la mesure où c’est une majorité de Français. Mais après, il y a pas mal d’Américains. Ça m’a plu, même s’il y a moins de diversité à Nouvelle Résidence que dans d’autres résidences. »

Les témoignages recueillis auprès de nombreux·ses étudiant·e·s montrent que l’année en résidence constitue un tremplin important pour l’intégration sociale et l’exploration de la diversité culturelle. Bien qu’aucune résidence ne soit exclusivement composée d’une seule nationalité, des regroupements naturels peuvent influencer l’expérience de la diversité. Néanmoins, la structure inclusive des résidences de McGill offre à tous·tes les étudiant·e·s une opportunité d’interagir dans un cadre multiculturel, même si la pleine exploration de cette diversité dépend de la volonté individuelle de chacun·e à sortir de sa zone de confort.

L’article Vivre en résidence : mélange culturel ou simple colocation améliorée? est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Un hiver actif à McGill https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/un-hiver-actif-a-mcgill/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57031 Peut-on allier études, sport et bien-être?

L’article Un hiver actif à McGill est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Nouvelle section, nouveaux articles. Depuis quelques mois, un nouveau phénomène enflamme les réseaux sociaux : l’arc de l’hiver (winter arc). Ce concept est né des influenceurs de mode de vie, principalement sur TikTok, qui ont lancé un nouveau défi santé : utiliser les mois les plus froids de l’année, soit la saison hivernale, pour améliorer sa santé physique et mentale afin de construire la vie que l’on souhaite pour soi-même. Plus simplement, l’arc de l’hiver propose de transformer les mois d’hiver, souvent perçus comme une période d’hibernation et de négligence, en une période transitoire vers un regain de confiance en soi et de prise en charge personnelle.

À quoi ressemble concrètement ce défi? L’arc de l’hiver peut prendre plusieurs formes : exercice quotidien, recalibrage du sommeil et de l’alimentation, réduction de l’usage des écrans avant de se coucher, lecture quotidienne, etc. L’objectif, similaire aux résolutions de la nouvelle année, est de devenir plus équilibré dans son quotidien, tant sur le plan physique que mental, afin de devenir la meilleure version de soi-même et de passer un hiver productif et harmonieux sur le long terme.

Bien que le défi de l’arc de l’hiver soit alléchant, est-il réaliste pour les étudiants de McGill? On ne va pas se mentir, l’hiver à Montréal est souvent synonyme d’hibernation et de dépression saisonnière pour beaucoup d’étudiants. Toutefois, n’assumons pas que l’expérience de l’hiver soit la même pour tous : pour plusieurs personnes, l’hiver est une opportunité de passer plus de temps à la salle de sport, de faire de la randonnée hivernale, ou bien évidemment de profiter du ski alpin chaque fin de semaine pour ceux qui en ont les moyens financiers.

Témoignages d’étudiantes

Alors, comment concilier la pression universitaire, le froid québécois et le manque de motivation sportive en hiver? Le Délit s’est entretenu avec deux étudiantes de McGill, Ema, étudiante de troisième année en Sciences politiques, et Juliette, étudiante de deuxième année en Sciences cognitives, afin de recueillir leurs points de vue et leurs astuces pour intégrer l’exercice physique dans leurs habitudes hivernales.

Les deux étudiantes admettent que, pour elles, l’hiver est un moment particulièrement difficile. Juliette exprime qu’elle a parfois l’habitude de s’isoler en hiver, ce qui peut accroître son anxiété. Pour pallier cet isolement, elle planifie des activités sportives et des sorties avec des amis. De son côté, Ema partage également l’idée que l’hiver peut être difficile pour la santé mentale, précisant que la température affecte radicalement sa motivation : « S’il fait très froid dehors ou si le ciel est nuageux, je trouve que c’est plus difficile de se motiver à faire du sport », explique-t-elle. Elle propose donc de s’initier aux sports d’hiver afin de rendre cette saison plus excitante : « Nous avons la chance d’avoir une variété de réseaux de ski accessibles au Québec, tant pour le ski alpin, que le ski de fond. Je recommande vraiment de prendre part à toutes ces activités. »

« Un équilibre entre la bienveillance envers soi-même, une constance dans la planification d’activités sportives avec des amis et et la motivation à sortir quelle que soit la température contribue au bien-être des étudiants »

Concernant l’intégration d’objectifs clairs, comme l’exercice quotidien et le sommeil, les deux étudiantes estiment qu’il est possible de se fixer des objectifs réalistes, mais qu’ils doivent être adaptés à chacun. Ema, par exemple, évoque les difficultés d’un étudiant à trouver un équilibre entre le sommeil, l’exercice et les études. Elle ajoute que son plus grand conseil serait de se concentrer sur un seul objectif à la fois : « Par exemple, commencer par réguler son sommeil pendant un mois, puis changer d’objectif une fois qu’une certaine stabilité est atteinte. » Juliette partage elle aussi cette idée, en soulignant également l’importance de trouver une façon de faire de l’exercice qui lui plait : « C’est réaliste d’établir des buts à atteindre, tant qu’ils sont adaptés à ton horaire, et surtout à tes goûts. Je ne pourrais pas me motiver à aller à la salle de sport chaque jour, car je n’aime pas ça, mais depuis le début de la session, je suis allée faire du ski de fond seule ou avec des amis au moins deux fois par semaine. »

En ce qui concerne la motivation pour faire du sport en hiver, l’effet de groupe est souvent cité comme une grande source de motivation. Les deux étudiantes mcgilloises confirment que l’aspect collectif joue un rôle clé pour elles. Ema pratique un sport individuel, le hot yoga, mais en profite tout de même pour y aller avec des amies qui ne l’ont jamais exercé, ce qui leur permet de se motiver ensemble. Elle souligne qu’ « organiser des activités hivernales à l’avance et en groupe est très important. La relâche est une excellente occasion pour profiter de l’hiver avec des amis. » Juliette ajoute que, pour elle, sa motivation a été renforcée par une inscription collective à une course de 30 km en ski de fond cet hiver : « Je ne l’aurais jamais fait seule. C’est motivant de faire cela en groupe.»

Réflexion sur la motivation hivernale

La conciliation des études et du bien-être physique semble être une préoccupation récurrente pour les étudiants. Comme l’illustrent les témoignages des étudiantes de McGill, un équilibre entre la bienveillance envers soi-même, une constance dans la planification d’activités sportives avec des amis et et la motivation à sortir quelle que soit la température contribue au bien-être des étudiants. Ce qui ressort, c’est que personne n’a les mêmes astuces ni la même routine sportive : pour certains, une simple marche hivernale suffit, tandis que, pour d’autres, une variété de sports d’hiver chaque semaine est essentielle à leur bien-être.

Ainsi, pour tous les étudiants qui ressentent une baisse de motivation en hiver et qui se trouvent pris dans un cercle vicieux, voici quelques idées d’activités à faire seul ou en groupe pour profiter pleinement de la saison hivernale, tout en préservant leur santé physique :

Ski de fond au Parc du Mont-Royal : Location d’équipement au pavillon du Lac-aux-Castors.

Patinage hivernal : Esplanade Tranquille, Lac-aux-Castors, Grande Roue du Vieux-Port.

Ski alpin avec le club de ski et de planche à neige de l’AÉUM : Sortie hebdomadaire organisée.

Escalade intérieure avec le club d’escalade de McGill : Chaque dimanche matin au Café Bloc, première entrée est gratuite pour les étudiants de McGill.

Activités diverses avec le club de plein air de McGill (MOC) : Rencontres tous les mercredis soir, activités offertes : ski de fond, escalade sur glace, raquette, etc.

Classes de sports en groupe au centre sportif de McGill : Cours offerts chaque session : pilates, yoga, natation et boxe.

Compétitions sportives intra-muros à McGill : Inscrivez-vous avec un groupe d’amis ou rejoignez une équipe pour participer à des parties compétitives tout au long de la session.

Personne ne vous demande d’intégrer le défi de l’arc de l’hiver dans votre routine quotidienne d’étudiant, surtout face au froid hivernal et à la pression liée aux études. Par contre, avec des objectifs réalistes et la motivation partagée d’amis, il est possible de transformer l’hiver en une période de bien-être et d’épanouissement personnel en attendant les mois d’été.

L’article Un hiver actif à McGill est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Le rideau tombe pour Justin Trudeau https://www.delitfrancais.com/2025/01/15/le-rideau-tombe-pour-justin-trudeau/ Wed, 15 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56814 Près d’une décennie à la tête du Canada.

L’article Le rideau tombe pour Justin Trudeau est apparu en premier sur Le Délit.

]]>
Ce lundi 6 janvier, Justin Trudeau a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de premier ministre du Canada à la suite de près de 10 ans à la tête du pays. Toutefois, il continuera d’assumer son rôle de premier ministre et de chef du Parti libéral jusqu’à ce que son successeur soit désigné, à l’issue d’une course à la chefferie qui se conclura le 9 mars. Entre-temps, Trudeau a réussi à obtenir de la gouverneure générale Mary Simon une prorogation de la session parlementaire jusqu’au 24 mars. Cette décision met un terme à la session parlementaire en cours, suspendant les travaux de la Chambre et du Sénat jusqu’au mois de mars. Selon Trudeau, cette pause permettra au Parti libéral de se réorganiser et de recentrer ses priorités.

« Dès la fin de son premier mandat, on a senti un essoufflement. L’esprit de changement qu’il incarnait s’est vite dissipé »
Éric Bélanger, professeur de science politique à McGill

Dans son discours de démission, il a exprimé son regret de devoir quitter ses fonctions, mais a aussi souligné l’importance d’offrir un « choix clair et réel » aux Canadiens lors des prochaines élections. « Depuis 2015, je me suis battu pour ce pays, pour vous. Pour renforcer la classe moyenne. Pour faire progresser la réconciliation. Pour défendre le libre-échange. Pour notre soutien inébranlable à l’Ukraine. Pour lutter contre les changements climatiques », a‑t-il déclaré.

Liberal McGill, l’association officielle du Parti libéral du Canada à McGill, a salué le premier ministre pour son engagement et les actions menées en faveur de la jeunesse. Quinn Porter, président de l’association, a qualifié l’élection d’un nouveau chef du parti de « formidable opportunité pour les membres de Liberal McGill (tdlr) ». Une réunion ouverte a d’ailleurs été organisée pour permettre aux membres de débattre des enjeux de cette course à la chefferie.

Un bilan mitigé

Justin Trudeau, fils de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, a fait ses débuts en politique en octobre 2008, en remportant un siège de député dans la circonscription de Papineau, à Montréal. Rapidement, il a gravi les échelons au sein du Parti libéral du Canada (PLC). En 2011, dans un contexte où le parti venait de vivre une défaite historique, Trudeau s’est lancé dans la course à la chefferie. Il a remporté celle-ci en 2013 avec une majorité écrasante. Deux ans plus tard, en 2015, il accédait au poste de 23e premier ministre du Canada, amorçant ainsi un premier mandat marqué par de grandes promesses de changement.

Au début de sa carrière, Justin Trudeau jouit d’une grande popularité, particulièrement auprès des jeunes générations. Les magazines Vogue et Rolling Stone lui consacrent des couvertures, et son style décontracté allié à son ouverture d’esprit séduisent la population canadienne. « Il a su tirer parti des réseaux sociaux dès 2015, un outil que ses adversaires n’avaient pas pleinement intégré dans leurs stratégies », souligne Éric Bélanger, professeur de science politique et spécialiste du Canada à l’Université McGill. Cette maîtrise des nouveaux moyens de communication renforce son image de leader moderne et accessible.

« Alors que le Parti libéral s’apprête à lancer un processus d’élection pour choisir son prochain chef, la tâche s’annonce ardue pour celui ou celle qui héritera de la direction du parti »

Cependant, sa popularité s’est progressivement érodée au fil des années. Selon l’Institut Angus Reid, alors que son taux d’approbation s’élevait à 63% en décembre 2015, celui-ci a chuté à 41% en avril 2021 et à 22%
fin 2024. Bien que son premier mandat ait été marqué par des réussites notables, telles que la légalisation du cannabis ou encore une approche progressiste sur la scène internationale, le désenchantement a commencé à s’installer. « Dès la fin de son premier mandat, on a senti un essoufflement. L’esprit de changement qu’il incarnait s’est vite dissipé », explique Bélanger. Plusieurs promesses électorales clés, comme la réforme du mode de scrutin, sont restées lettre morte, affectant la crédibilité de Trudeau auprès de nombreux Canadiens. Cette promesse a d’ailleurs été relevée dans le discours de démission du premier ministre comme étant son plus grand regret. Réélu en 2019 et en 2021, il a néanmoins dû composer avec des gouvernements minoritaires, une situation qui limitait sa marge de manœuvre. Son bilan, après trois mandats, demeure mitigé. S’il est souvent crédité de réussites marquantes, telles que la renégociation de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) ou sa gestion de la pandémie, son héritage divise toujours l’opinion publique.

Un dirigeant usé?

La démission de Justin Trudeau intervient après plusieurs mois de tensions politiques à Ottawa. La situation a pris un tournant décisif le 16 décembre 2024, lorsque la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé son départ, une décision perçue comme un point de non-retour pour le gouvernement. « J’ai l’impression qu’il se croyait encore capable de renverser la vapeur lors des prochaines élections », note Bélanger. « Il l’avait déjà fait en 2015 : il était troisième dans les sondages au début de la campagne, mais il avait réussi à décrocher un gouvernement majoritaire. » Cependant, la situation politique actuelle est bien différente de celle de 2015. Depuis plusieurs mois, les signes d’une crise profonde sont visibles, notamment au sein d’un Parlement paralysé par les affrontements partisans. Dans son discours de démission, Trudeau a pointé du doigt l’impasse institutionnelle dans laquelle se trouvait son gouvernement. « Le Parlement ne fonctionne plus depuis plusieurs mois. Il y a des motions d’obstruction constantes, et on a pu accomplir très peu pendant les derniers mois. Le Parlement a besoin d’un reset, a besoin de se calmer un peu les pompons […] », a‑t-il déclaré.

Par ailleurs, Trudeau se heurte à un phénomène plus large : l’usure du pouvoir. Après plus de neuf ans à la tête du Canada, une part importante de la population est désireuse de changement. « La population constate que le gouvernement qui a été élu il y a une dizaine d’années a accompli certaines choses, mais pas tout. On veut donner la chance à l’opposition d’essayer de faire mieux », explique Éric Bélanger.

Un avenir politique incertain

Alors que le Parti libéral s’apprête à lancer un processus d’élection pour choisir son prochain chef, la tâche s’annonce ardue pour celui ou celle qui héritera de la direction du parti. Selon Éric Bélanger, le défi est de taille : « Cela ne laisse pas beaucoup de temps à son successeur pour se définir vis-à-vis de la population canadienne et se positionner comme une véritable alternative à Pierre Poilievre. »

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a su imposer sa présence sur la scène politique ces derniers mois, galvanisant son électorat tout en attirant une partie des Canadiens désenchantés par le gouvernement libéral. Face à une telle opposition, le futur chef libéral devra non seulement restaurer la confiance des électeurs traditionnels du parti, mais aussi séduire les indécis et contrer l’élan des conservateurs.

Alors que le Parti libéral amorce cette transition, une question demeure : son prochain dirigeant parviendra-t-il à rétablir l’élan du parti en cette période charnière ou sera-t-il confronté à une opposition trop forte pour inverser la tendance? Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir politique du Parti libéral.

L’article Le rideau tombe pour Justin Trudeau est apparu en premier sur Le Délit.

]]>