Archives des Lettre - Le Délit https://www.delitfrancais.com/category/societe/lettre/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 05 Nov 2024 23:06:37 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Quand l’anxiété académique s’installe https://www.delitfrancais.com/2024/11/06/quand-lanxiete-academique-sinstalle/ Wed, 06 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56486 Réflexions d’une étudiante en littérature anglaise.

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Mes questionnements se multiplient à mesure que les échéances pour les candidatures aux maîtrises approchent. Au lieu de laisser l’anxiété qui émane de toutes mes inquiétudes non-répondues me ronger, je pense qu’au contraire, il faut en parler. Parce que l’expérience que je vis est celle de milliers d’autres étudiant·e·s à McGill et ailleurs. Parce qu’en parlant à mes ami·e·s, j’ai vite réalisé que je n’étais pas la seule à avoir des doutes, à m’inquiéter et à être stressée. Cet article est dédié à toutes ces personnes qui se sentent comme moi. Ce sont mes mots, des phrases simples et des réflexions banales mais qui, je l’espère, feront sentir certain·e·s de mes lecteur·rice·s moins seul·e·s.

Je suis maintenant dans ma troisième année d’études dans le programme de littérature anglaise. Bien que je sois passionnée par la lecture et l’écriture en anglais, le simple fait de poursuivre un diplôme dans une langue qui ne m’est pas maternelle est source de questionnements. Évidemment, je ne suis pas la seule dans cette situation. Les étudiant·e·s internationaux·ales représentent près de 30% de l’effectif total de McGill, ce qui veut dire qu’une grande partie de ces 12 000 personnes sont, tout comme moi, en train de prendre des cours au niveau universitaire dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle. Bien sûr, le niveau de langue anglaise de toutes ces personnes, moi comprise, est techniquement élevé, puisque c’est une condition à remplir pour être admis·e à McGill. Cependant, « avoir le niveau » ne veut pas forcément dire être constamment confiant·e, surtout dans un programme comme le mien, où la langue est au coeur des discussions. J’ai récemment ressenti ce qu’on appelle communément le « syndrome de l’imposteur ». Selon l’Association médicale canadienne, c’est « une tendance psychologique à la peur et à la remise en question ». Ainsi, la personne atteinte doute de ses réussites et ressent une « peur persistante et internalisée d’être présentée comme un escroc, et ce, malgré ses capacités démontrées ». C’est ainsi que je me sens en ce moment : j’ai l’impression de ne pas être à ma place et de ne pas avoir atteint le niveau, que ce soit en anglais ou académiquement.

D’où vient le stress?

Les causes de ce problème me semblent évidentes : la comparaison – ou l’absence de comparaison directe. À première vue, l’université semble être un endroit où la comparaison n’est pas un problème. Chacun étudie des choses différentes, et à part la GPA (Moyenne Pondérée Cumulative), il n’y a pas de moyenne générale par devoir ou par groupe dans mon programme, donc pas de compétition. Pourtant, toutes ces choses sont paradoxalement ce qui me cause de l’anxiété. Je trouvais cela rassurant de partager le même emploi du temps que mes camarades au secondaire, d’avoir les mêmes cours, les mêmes devoirs, les mêmes notes à comparer. Maintenant, lorsque j’entends mes ami·e·s dans une autre faculté s’exclamer qu’ils·elles sont tristes d’avoir obtenu un B, je me dis que je dois mal faire quelque chose dans mes propres devoirs, où un B me paraît déjà satisfaisant. Pourtant, nos programmes sont bien différents, les exigences sont différentes, et c’est quelque chose que j’apprends à accepter.

« Parfois, j’ai l’impression d’avoir tant à faire que je ne peux rien faire »

Cette année, au sein de mon programme, la chose qui me fait le plus douter de moi-même sont les publications de discussions (discussion posts). La majorité de mes professeur·e·s de littérature me demandent de publier chaque semaine un court texte sur les livres que nous étudions. En théorie, c’est une bonne idée : ça permet d’échanger avec ses camarades, de découvrir d’autres perspectives et de nous inciter à ne pas accumuler de retard sur nos lectures. Cependant, depuis que ce mode d’évaluation m’a été introduit, je me sens particulièrement stressée. Chaque semaine, je lis des dizaines de messages postés par des personnes qui semblent savoir mieux analyser et mieux réfléchir que moi.

En plus des exigences personnelles que nous nous imposons, la surcharge de travail et la difficulté à trouver un équilibre entre vie personnelle, travail et études présentent aussi une source d’anxiété. Parfois, j’ai l’impression d’avoir tant à faire que je ne peux rien faire. Je n’arrive pas à être productive et, démoralisée, je finis par passer ma journée dans mon lit. Cette culpabilité me ronge : c’est comme être dans un cycle sans fin.

Exigences académiques

Dans une université comme McGill, ce stress de comparaison est encore plus élevé. On nous le répète sans cesse : « c’est une université réputée », « tout le monde est intelligent. » Tous ces discours ne font que nourrir les doutes qui grandissent en moi. Nous avons beau savoir que nous avons été acceptés pour une raison, cela ne nous empêche pas de douter de nos capacités.

En plus de cela, après avoir pris un cours de poésie canadienne, j’ai aussi réalisé que de nombreuses personnalités dans le monde de la littérature ont fréquenté les couloirs de McGill. Chaque fois que je me rends dans le bâtiment des Arts (Arts Building), je m’imagine A.M. Klein, Irving Layton, ou encore Leonard Cohen se diriger vers les mêmes salles que moi. Je trouve cela passionnant, de me dire que, des années auparavant, ces personnes ont elles-aussi publié dans le McGill Daily. Par ailleurs, cela produit une pression inconsciente vis-à-vis de mon travail. Je ressens le devoir de rendre hommage à ces artistes, de révolutionner la littérature comme ils·elles sont parvenu·e·s à le faire à mon âge.

Des solutions à adopter?

Malgré ce stress et l’apparence négative de mes réflexions, je reste convaincue qu’il existe des solutions. Je vais recevoir mon diplôme à la fin de la session prochaine, c’est donc une période charnière qui s’avère intense émotionnellement. Pourtant, je continue de rester optimiste. Personnellement, je trouve refuge dans ma cuisine. Prendre le temps de me préparer un bon repas le soir après une journée chargée est ma façon de me relâcher. Une playlist jazz en fond, je découpe consciencieusement mes légumes, je regarde l’eau bouillir et je profite des bonnes odeurs de mes plats. Je trouve qu’il y a un côté réconfortant dans les routines. Chaque soir, je prends soin d’allumer une bougie, de mettre des vêtements confortables après ma douche et de me préparer une tisane pour étudier à mon bureau. Ce sont des petites choses qui paraissent insignifiantes pour certain·e·s, mais qui me détendent considérablement. Ce sont aussi ces choses qui rendent la vie étudiante plus facile à vivre ; ces choses qui me font apprécier le fait de vivre seule, bien que loin de ma famille. Je suis convaincue qu’il est essentiel pour chacun·e d’avoir un échappatoire. Que ce soit la cuisine, la musique, le dessin, l’écriture d’un journal, ou les jeux vidéos, notre seule façon de récupérer physiquement et mentalement est le repos. Ce repos, qui paraît parfois impossible à envisager, est pourtant bel et bien nécessaire.

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Les échecs du REM https://www.delitfrancais.com/2024/11/06/les-echecs-du-rem/ Wed, 06 Nov 2024 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56511 Des trajets de près de trois heures par jour pour les étudiants de la Rive-Sud.

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Le Réseau express métropolitain (REM) est-il un cadeau empoisonné pour les habitants de la Rive-Sud? C’est bien le sentiment que partagent de nombreux utilisateurs, en particulier les étudiants, relayés au second plan dans la planification des horaires et du service de ce nouveau réseau de transport en commun, fonctionnel depuis le mois d’août 2023.

Le problème concerne tout particulièrement les individus qui n’habitent pas à distance de marche d’une station de métro. Ils se plaignent alors du manque décourageant de places de stationnement d’auto gratuites devant le REM, qui se fait ressentir de manière grandissante depuis la rentrée scolaire en septembre. « Récemment, si j’arrive à 7h30 du matin à ma station du REM, il n’y a déjà plus de places. Il faut que j’arrive avant 7h si je veux avoir une chance de trouver une place! » raconte Sabrina*, étudiante en droit à McGill. Cette situation est d’autant plus frustrante puisque Sabrina, comme de nombreux autres étudiants, ne commence parfois ses cours qu’en début d’après-midi. Elle se retrouve donc malheureusement contrainte de partir tôt le matin afin de s’assurer d’avoir une place de stationnement.

L’incapacité du réseau à répondre aux besoins des étudiants se reflète notamment dans le service d’autobus transportant les résidents des zones plus éloignées de la Rive-Sud vers les stations du REM. Ces bus ne circulent que tôt le matin et en fin d’après-midi, suivant les horaires des travailleurs traditionnels, de 9h00 à 17h00. Dans le cas de Sabrina, le dernier bus passant devant chez elle le matin part à 8h09 et le dernier bus pouvant la ramener en soirée passe aux alentours de 18h00. Un véritable casse-tête pour un étudiant qui, par exemple, n’aurait cours qu’entre 17h00 et 19h00. « J’en ai souvent pour près de trois heures de transports par jour dans ces conditions », se désole Sabrina. « Ce système est peut-être pratique pour les parents travaillant de 9h00 à 17h00, mais certainement pas pour les étudiants! » Face à cette situation, Sabrina est parfois tentée de reprendre sa voiture, espérant miraculeusement trouver une place de stationnement près de sa station REM. « Il y a quelques jours, je n’ai rien trouvé. J’étais tellement désespérée que j’ai garé ma voiture à une place interdite et j’ai eu une amende.»

Cette situation est d’autant plus problématique que le REM est désormais la seule option de transport en commun pour les citoyens de la Rive-Sud. Depuis la mise en service du REM le 31 juillet 2023, une clause de non-concurrence hautement controversée empêche les autobus de traverser le pont Champlain, ce qui contraint ainsi les utilisateurs à emprunter le REM, puisqu’il s’agit de la seule option leur étant offerte. Un choix politique lourd de conséquences, qui se traduit par un achalandage démesuré des stations et par des stationnements bondés de voitures.

En d’autres termes, les étudiants sont pris au piège, avec peu d’options pour des trajets sereins et efficaces. Que ce soit par une augmentation des services de bus circulant entre les stations du REM et les différentes zones de la Rive-Sud, un accroissement des places de stationnement ou un abandon de la clause de non-concurrence, des solutions doivent être envisagées!

*Nom fictif

Eileen Davidson | Le Délit

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Anti anti-wokes https://www.delitfrancais.com/2021/10/26/anti-anti-wokes/ Tue, 26 Oct 2021 23:41:38 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=45092 Plaidoyer contre l’anti-wokisme.

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Malgré le titre de cette lettre, je ne suis pas « woke ». C’est-à-dire que je ne comprends pas la justice sociale comme une lutte messianique allant éventuellement nous mener à la rédemption sur cette terre. Et si je reconnais volontiers l’ardeur et la rigueur intellectuelles déployées par certains théoriciens postmodernes dans le but de mieux saisir nos sociétés, j’entretiens certaines réserves, de bonne foi et en connaissance de cause, envers leurs théories. Puisqu’en poussant à l’extrême un subjectivisme pour lequel n’a de valeur, en dernière instance, qu’un individu pouvant se déterminer lui-même en toute liberté, elles font souvent le beau jeu d’un patronat qui se plaît bien à nous regarder nous chamailler sur des questions identitaires, sans que ne soient considérées les croissantes inégalités matérielles tangibles et réelles qui traversent nos sociétés. Pour reprendre les mots durs de Falardeau, en partie grâce aux « wokes », les riches continuent à se repaître des pauvres.

Cela étant dit, je me trouve tout de même beaucoup plus d’affinités avec les « wokes » qu’avec les « anti-wokes », ces polémistes conservateurs qui, du reste, auront largement créé dans l’espace médiatique l’hystérie collective autour des « wokes » se rendant jusqu’à notre premier ministre. En ce sens, je suis, à l’image de la vaste majorité des professeurs et des étudiants du corps universitaire, un « anti anti-wokes ». Mais comme c’était le cas des « anti anticommunistes » américains du 20e siècle, qui jugeaient que la folie entourant l’anticommunisme dépassait de loin en dangerosité le communisme américain lui-même, mon usage de la double négation n’implique pas que je sois moi-même « woke » ou « communiste ». Bref, il est tout à fait possible de faire la critique des critiques sans endosser du même coup l’objet de la critique. Il me semble d’ailleurs que nous sommes rendus trop loin dans le 21e siècle pour cautionner des binarités aussi faciles que malhonnêtes (c’est d’ailleurs quelque chose que l’on devrait rappeler plus souvent à nos médias). Alors, qu’ont-ils de si dangereux, ces « anti-wokes »? Deux choses : d’abord, la forme même de leurs discours, puis les thèses et idées qu’ils avancent, cachées derrière leurs critiques. Pour illustrer ceci, prenons l’exemple de la nouvelle coqueluche des médias français d’extrême droite, et accessoirement chroniqueur influent ici, Mathieu Bock-Côté. Mais avant, quelques mots sur la France contemporaine s’imposent.

Pour ceux qui ne le savent pas, le paysage politique français est actuellement reconfiguré par l’apparition fulgurante sur sa scène du polémiste, condamné par la justice pour incitation à la haine, Éric Zemmour. Un sondage l’a même récemment crédité d’un nombre de voix lui permettant de se rendre au second tour de la présidentielle de 2022. On ne rigole plus, ici, à ce sujet. Le problème avec Éric Zemmour ? C’est un raciste (ou culturaliste) machiste qui flirte parfois avec le fascisme pur et dur. Sa proposition phare ? Déporter – ses mots, pas les miens – des milliers d’individus de l’Hexagone. Lorsque Jean-Luc Mélenchon, candidat d’extrême gauche, lui demande dans un débat s’il compte s’y prendre par bateau, Zemmour lui répond, avec une candeur assez effrayante, qu’il existe désormais pour cela des avions. Pour Éric Zemmour, l’islam se résume à l’islamisme radical et le djihad. Les musulmans de France, ceux qui habitent dans ces banlieues abandonnées par l’Élysée depuis des années, ne sont pas français. Ils sont un corps étranger dans l’Hexagone qu’il faut déporter, car, comme disait apparemment le général de Gaulle, « les Français et les Arabes sont comme de l’huile et du vinaigre, mettez-les dans le même pot et ils se séparent ». Encore une fois, une expression fétiche de Zemmour. On parle aussi de déchoir de leur nationalité française les binationaux ayant commis un crime. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’insister outre mesure sur la violence et la haine contenues dans les propos rapportés ici : elles sont assez évidentes, bien que les plateaux de télévision français ne cessent d’inviter le polémiste, pour des raisons que l’on soupçonne d’être plus mercantiles qu’autre chose. Mais ce sont là le genre de paroles que l’on peut raisonnablement exclure de la vie politique sans avoir à fournir une justification. Il ne s’agit pas ici de valeurs toujours discutées et discutables, mais des fondements mêmes de nos démocraties, comme l’État de droit, l’égalité procédurale citoyenne, etc. Il faut en finir avec cette idée que la tolérance tolère tout. Une chaîne en particulier, CNews (pour laquelle travaillait aupravant Zemmour), héberge désormais Mathieu Bock-Côté. Ce dernier  se fait largement le chantre des idées de Zemmour, dont il aura loué la franchise et l’honnêteté en plus d’avoir salué la libération de la parole qu’il aurait permise à la droite française.

«Il faut en finir avec cette idée que la tolérance tolère tout»

Sur cette chaîne, Mathieu Bock-Côté aborde, semaine après semaine, ses thèmes fétiches tels que le gauchisme, la gauche identitaire, la « révolution racialiste », le « méchant » féminisme, les sciences sociales diversitaires, en passant par quelques paniques morales au sujet de faits culturels divers. « Attention, mesdames et messieurs, le fils de Superman serait bisexuel ! Ceci est une preuve incontestable de la faillite morale de notre société. » On voit le genre. Mais le discours de Mathieu Bock-Côté est trop souvent malhonnête. Il ne se soumet pas à la rigueur intellectuelle minimale, qui consiste à aborder avec charité les écrits des auteurs que l’on critique. Car aucune charité chez celui pour qui une citation hors de contexte a valeur de preuve et chez qui le fait divers est érigé en démonstration sociologique. À une argumentation riche, il substitue plutôt une litanie de métaphores effrayantes qui, certes, saisissent l’imaginaire, mais qui n’en demeurent pas moins que cela : des phrases chocs, certainement pas des arguments. D’ailleurs, on se demande parfois s’il lit simplement ceux qu’il critique, notamment sur les questions de la « race » qui font débat aux États-Unis depuis des décennies au sein de la gauche quant à l’intégration du critère racial dans les politiques de justice sociale. Il y a là, disons-le au passage parce que ce n’est pas assez souvent rappelé, de véritables enjeux.

Et si la « race » s’est finalement imposée dans la réflexion sur la justice sociale (notamment dans la mise en place des politiques de discrimination positive), c’est précisément parce qu’elle s’avérait inévitable dans une société traversée de part en part par des inégalités structurelles historiques et contemporaines.

Pour donner un exemple assez simple tiré de son Empire du politiquement correct, il nous y présente la démocratie telle qu’elle serait considérée dans le monde académique, c’est-à-dire comme une grande entreprise diversitaire multiculturaliste visant à détruire les spécificités nationales et la nation. Au contraire, des rayons (et des rayons) de bibliothèque sont peuplés de livres argumentant sur la nature de la démocratie libérale. S’il y a un constat qui en ressort, c’est qu’il s’agit d’un « concept essentiellement contesté » dont on ne connaît pas dans le milieu universitaire, finalement, la définition, et que l’on ne parviendra probablement jamais à définir de manière satisfaisante. Tant s’en faut pour l’érudition et l’honnêteté. La tragédie se produit évidemment lorsque ses livres sont lus par des individus (on peut penser, encore, à notre premier ministre), qui, ne fréquentant pas le monde académique, prendront ses mots pour la vérité et s’en inspireront pour critiquer un milieu qu’ils ne connaissent tout simplement pas. Le portrait qu’entretiendra le quidam moyen sur l’université sera alors déformé par celui brossé dans les chroniques malhonnêtes d’un tabloïd.

Mais l’effet le plus pervers est celui du transfert intuitif qui s’opère dans la tête de certains lecteurs : « (1) cette situation qu’il décrit est débile, (2) il se présente comme le seul à se tenir contre cette situation, (3) il doit être quelqu’un d’intègre qui mérite ma confiance ». Autrement, le truc est assez ingénieux : les anti-wokes à la Bock-Côté créent une panique morale qui, parce qu’ils prétendent y répondre, vient à leur conférer une légitimité et une aura de résistant. Et il faut avouer que plusieurs aiments les virils résistants, ceux qui se tiennent debout devant la folie. Cependant, l’ennemi auquel ils prétendent résister est, la plupart du temps, un moulin à vent : inexistant. Or, par ce transfert de légitimé par le biais d’une réponse ferme à une crise artificielle, les autres idées fondamentales de ces « anti-wokes » passent plus facilement : « il a raison sur cela que les autres taisent, pourquoi n’aurait-il pas raison sur ces autres choses, également tues »? La mécanique est implacable et finement huilée. Ces idées, toutefois, ne devraient pas avoir droit de cité dans l’espace public. Ce sont celles, en France, fondamentalement racistes et fascistes d’Éric Zemmour. Au Québec, les appels à la culture d’un Mathieu Bock-Côté pour définir l’essence du Québécois cachent bien souvent un nationalisme ethnique (le fantasme du pure laine) des plus chauvinistes.

«Les anti-wokes à la Bock-Côté créent une panique morale qui, parce qu’ils prétendent y répondre, vient à leur conférer une légitimité et une aura de résistant »

Face à de telles critiques, les « anti-wokes » répondront que l’on cherche à brimer leur liberté d’expression. « Très bien », les « anti anti-wokes » pourront-ils répondre, « nous posons les limites de notre tolérance au fascisme, au racisme et à l’exclusivisme ». Et ceux-là de surenchérir : « c’est parce que vous êtes “wokes” que vous nous considérez ainsi. Mais nous avons montré que les “wokes” sont totalitaires eux-mêmes : votre discours n’a donc aucune valeur ». Et aux « anti anti-wokes » de finalement répondre : « au contraire, nous sommes radicalement modérés ». 

Et c’est justement notre modération radicale qui nous permettra, à nous les « anti anti-wokes », de sortir de l’impasse médiatique et politique créée par la fiction du « woke » dans l’espace public. Pour ce faire, il nous faut cesser de laisser celui-ci aux extrêmes des deux côtés. Il est vital qu’avec un zèle révolutionnaire « les anti anti-wokes » radicalement modérés réintègrent la cité.

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Lettre ouverte: Une assemblée générale historique https://www.delitfrancais.com/2021/02/23/lettre-ouverte-une-assemblee-generale-historique/ Tue, 23 Feb 2021 13:30:21 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=42378 Comment les étudiant·e·s ont soutenu la politique «Désinvestir pour les droits humains».

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Mardi, le 16 février, 90% des étudiant⋅e⋅s présent⋅e⋅s à l’assemblée générale de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) ont voté en faveur de la politique historique «Divest for Human Rights» (désinvestir pour les droits humains). Cette politique mandate l’AÉUM de faire campagne pour que l’Université McGill désinvestisse de plusieurs entreprises complices du vol colonial des terres, de la destruction de l’environnement, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, tant sur l’île de la Tortue (Amérique du Nord) qu’à l’étranger. Dans le débat qui a précédé le vote, une minorité de participant⋅e⋅s a tenté de diaboliser la motion en prétendant qu’il était «controversé», «xénophobe» ou «antisémite» pour les étudiant⋅e⋅s de prendre fermement position contre le rôle actif que jouent ces entreprises dans la violence perpetrée par des États. Ces arguments, démystifiés de manière retentissante, ont été rejetés par une majorité écrasante. Des tentatives ont également été faites pour scinder la politique, afin d’isoler et de saboter les articles qui mentionnent le rôle direct de deux entreprises, Re/Max et OshKosh, dans la violation systématique des droits humains des Palestinien⋅ne⋅s. Les étudiant⋅e⋅s ont également rejeté cette stratégie cynique, affirmant ainsi le principe fondamental de la solidarité: obtenir la justice pour certain⋅e⋅s demeure insuffisant sans la justice pour tous⋅tes!

Cette assemblée générale est la première à atteindre un quorum (350 participant⋅e⋅s) depuis 2017, avec un maximum de participation de près de 390 étudiant⋅e⋅s. Pourtant, lorsqu’il est devenu clair que la vaste majorité des participant⋅e⋅s voterait en faveur de la politique, ses opposant⋅e⋅s ont quitté la rencontre Zoom de façon précipitée afin que le quorum ne soit plus atteint au moment du vote. Cette tactique antidémocratique a donc privé les participant⋅e⋅s restant⋅e⋅s de la possibilité d’adopter le soir même cette motion. L’assemblée générale a alors été réduite à un «forum consultatif», ce qui signifie que la décision sur la politique prise en assemblée générale devra être ratifiée par le conseil législatif. Cela a incité de nombreuses personnes en faveur de la motion à partir, en raison de leur frustration ou de leur confusion quant à la perte du quorum. En dépit de cela, les étudiant⋅e⋅s qui sont resté⋅e⋅s ont soutenu la motion avec 190 votes en faveur (90%), 19 votes contre et 3 abstentions, envoyant ainsi un message clair au conseil législatif de l’AÉUM qui votera sur l’adoption finale de la politique jeudi prochain, soit le 25 février.

Aux conseiller⋅ère⋅s qui voteront la semaine prochaine, au nom des étudiant⋅e⋅s qu’iels/il⋅elle⋅s représentent, nous vous demandons de retenir et de réfléchir à ce que tous⋅tes ces étudiant⋅e⋅s ont exprimé à travers leur présence, leur prise de parole et leur vote mardi soir. Nous vous demandons d’adopter la politique telle quelle, car toute dilution ou division de son contenu ne refléterait plus la volonté exprimée par les étudiant⋅e⋅s lors de l’assemblée générale et trahirait l’essence même de la motion qui se veut solidaire et fondée sur des principes de justice sociale. Nous vous demandons également de reconnaître la manière injuste dont l’assemblée générale a été sabotée, privant ainsi le corps étudiant d’une rare occasion d’exercer ses droits démocratiques. La semaine prochaine, vous aurez l’occasion de remédier à cette injustice.

Aux braves étudiant⋅e⋅s qui se sont présenté⋅e⋅s et qui ont pris la parole et voté afin de soutenir cette lutte pour les droits humains universels, nous ne pourrions pas être plus reconnaissant⋅e⋅s pour votre courage, votre force et votre solidarité. Nous vous invitons maintenant à contacter vos représentant⋅e⋅s à l’AÉUM et à exiger qu’iels/il⋅elle⋅s respectent la décision prise par la grande majorité des étudiant⋅e⋅s de McGill présent⋅e⋅s lors de l’assemblée générale. Nous vous appelons également à signer la pétition prévue à cet effet!

Le progrès dans cette université se produit seulement lorsque les étudiant⋅e⋅s se rendent compte de leur pouvoir, qui leur permet de tenir des institutions comme McGill responsables, et lorsqu’iels/il⋅elle⋅s choisissent de prendre position pour ce qui est juste! Rejoignez-nous dans cette lutte pour que l’Université McGill soit tenue responsable pour sa dotation financière violente, et pour activement défendre la justice pour tous⋅tes.

En toute solidarité, 

Climate Justice Action McGill
Divest McGill
Indigenous Student Alliance
McGill Stands With Hong Kong
McGill Students for a Free Tibet
Students in Solidarity for Palestinian Human Rights McGill
Students for Peace and Disarmament – Peace Club

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Lettre ouverte: Il faut respecter la souveraineté des Wet’suwet’en https://www.delitfrancais.com/2021/02/16/lettre-ouverte-il-faut-respecter-la-souverainete-des-wetsuweten/ Tue, 16 Feb 2021 13:58:05 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=41981 McGill doit retirer ses investissements du pipeline CGL.

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Il y a un an déjà, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) a dévalisé des postes de contrôle sur les territoires traditionnels wet’suwet’en. Ces descentes visaient à faciliter la construction du pipeline Coastal GasLink (CGL) de TC Energy Corporation. Cependant, elles ont aussi eu comme conséquence de provoquer des barrages et des manifestations à travers le pays en solidarité avec la nation Wet’suwet’en. Alors qu’au début de 2020, ces manifestations ont suscité des débats nationaux au sujet de l’avenir du pipeline et sur les relations entre les peuples autochtones et colonisateurs, elles se sont estompées rapidement au début de la pandémie. Ainsi, avec une couverture médiatique réduite, voire inexistante depuis le début de la pandémie, le tiers du pipeline CGL est maintenant construit.

En tant qu’organismes, associations et individus basés, ou autrement liés, à Tiohtià: ke/Montréal, nous sommes solidaires de la nation Wet’suwet’en dans la défense de sa souveraineté territoriale contre l’usurpation que constitue la construction du gazoduc CGL. Comme plusieurs d’entre nous sont lié·e·s à l’Université McGill, nous visons à dénoncer ici les liens financiers qu’entretient cette université avec le pipeline CGL, situé sur le territoire non cédé de la nation Wet’suwet’en.

«Le soutien financier et matériel apporté au pipeline de CGL par nos institutions nous paraît scandaleux»

Bien que géographiquement éloignés du territoire de la nation Wet’suwet’en, nous sommes consternés que des institutions montréalaises se rendent complices de la construction du pipeline CGL. Certaines de ces connivences ont été dénoncées à l’occasion de manifestations créatives que les résident·e·s de la grande région de Montréal ont menées en solidarité avec la nation Wet’suwet’en en janvier et février 2020. Pourtant, le projet de pipeline se poursuit à un rythme soutenu. Le soutien financier et matériel apporté au pipeline de CGL par nos institutions nous paraît scandaleux. En effet, l’Université McGill détient un investissement de 4 770 450$ dans TC Energy Corporation dans son portefeuille de dotation. Or, les risques que représente la construction de ce pipeline pour la nation Wet’suwet’en rendent vitale une cessation immédiate de tout investissement de la part d’institutions telles que McGill dans le projet de TC Energy Corporation. 

Profitant du fait que les réglementations sanitaires associées à la pandémie de COVID-19 limitent tant les déplacements que les rassemblements des militant·e·s qui défendent les terres, les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique ainsi que TC Energy Corporation s’empressent de faire avancer la construction de leurs pipelines. Or, les activités liées à la construction du gazoduc CGL placent les citoyen·ne·s de la nation Wet’suwet’en en situation de grande vulnérabilité, car des travailleur·euse·s extérieur·e·s à la communauté sont appelé·e·s à entrer sur le territoire, malgré les avis de santé publique liés à la COVID-19. Plus tôt au cours de la pandémie, les directives sanitaires du gouvernement de la Colombie-Britannique visant à limiter les rassemblements de 50 personnes excluaient les chantiers de construction, considérés comme «services essentiels». Cette disposition constitue à notre avis une hypocrisie sans nom. Les risques sanitaires se sont d’ailleurs révélés bien réels en novembre et décembre 2020, lorsqu’un certain nombre de cas de COVID-19 ont été signalés dans les chantiers de construction de pipelines sur le territoire Wet’suwet’en. Dans une lettre ouverte adressée à la Direction de la santé publique de la Colombie Britannique le 30 novembre 2020, 22 femmes chefs de la nation Wet’suwet’en ont fait part de leurs inquiétudes quant au danger sanitaire que représentent ces camps de construction. 

En outre, le gouvernement canadien continue de militariser le territoire wet’suwet’en. Des agent·e·s de la GRC lourdement armé·e·s restent présent·e·s sur le territoire des Wet’suwet’en. Nous condamnons fermement cette criminalisation des manifestations pacifiques.

Le mépris du droit à l’autodétermination de la nation Wet’suwet’en et de son modèle de gouvernance composé de chefs héréditaires a démontré la vacuité du discours de prétendue «réconciliation» du gouvernement canadien. Les peuples autochtones ne demandent rien de moins que la décolonisation. Un premier pas dans cette direction consisterait à respecter la décision des chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en de refuser la construction du gazoduc CGL sur leur territoire. En se désengageant des projets pétroliers et gaziers, le gouvernement libéral se donnerait aussi un moyen de respecter ses engagements en matière de lutte contre les changements climatiques. Une recherche authentique de solution au changement climatique respecterait l’autodétermination de la nation Wet’suwet’en. 

Nous soutenons les demandes des chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en qui exigent l’arrêt de la construction du gazoduc Coastal GasLink, le retrait immédiat de la GRC et des forces de sécurité et de police associées du territoire wet’suwet’en. Nous joignons nos voix aux leurs pour exiger que l’autodétermination des Wet’suwet’en soit valorisée dans le respect de leurs décisions, lois et structures de gouvernance. Nous ajoutons à ces demandes un appel au désinvestissement de TC Energy Corp par les institutions, dont, prioritairement, l’Université McGill.

Lettre rédigée par

Stefan Christoff, Animateur radio à CKUT 90.3fm, Université McGill

Kasim Tirmizey, B.Eng ‘03, Université McGill

Avec la consultation de 

Marlene Hale, activiste Wet’suwet’en pour la justice climatique.

Associations signataires

McGill Nurses for Planetary Health, signed co-chair Naomi Pastrana

Divest McGill

Collectif panasiatique de McGill

Students in Solidarity for Palestinian Human Rights McGill – SPHR McGill

McGill World Islamic and Middle East Studies Students’ Association

The Black Students’ Network of McGill University

Climate Justice Montréal

Courage Montréal

The McGill Arab Student Network

CKUT Radio, 90.3fm

Radlaw McGill

Le Ministère de la nouvelle normalité – Groupe théâtrale d’action climatique

The Indigenous Law Association / Association de Droit Autochtone (ILADA)

Students’ Society of McGill University Executive Committee

Climate Justice Action McGill

Atelier Céladon

Protesters Legal Information Clinic / McGill Corporate Accountability Project

Extinction Rebellion Justice Tiohtià:ke / Montreal

Women of Diverse Origins / Femmes de Diverses Origines

The Quebec Public Interest Research Group at McGill (QPIRG McGill)

McGill Students for a Free Tibet

McGill Stands With Hong Kong

Independent Jewish Voices Canada / Voix Juives Indépendantes

Black Rose Books

South Asian Women’s Community Centre

Indigenous Student Alliance at McGill University

Graduate Architecture Students’ Association at McGill University

SOS Territoire (GRIP UQAM)

Du Pain Et Des Enjeux

Architecture Students’ Association at McGill University

Signataires

01. Ehab Lotayef, IT Manager, ECE, McGill & member of McGill Board of Governors.

02. Sandra Teresa Hyde, PhD, MPH Associate Professor McGill Anthropology & Associate Fellow in Social Studies of Medicine & East Asian Studies. Arts MAUT rep.

03. Mark S. Goldberg, PhD, Professor, Department of Medicine, McGill University Medical Scientist, McGill University Health Centre-Research Institute.

04. Peter E. Caines, PhD,  FRSC, Distinguished James McGill Professor, ECE, McGill University

05. Michelle Hartman, PhD, Professor, Institute of Islamic Studies, McGill University

06. Brooklyn Frizzle, BSc ‘23, SSMU Vice-President (University Affairs), Senator of the McGill Senate

07. Ayo Ogunremi, BA ‘21, Vice-President (External Affairs) of the Students’ Society of McGill University

08. Jemark Earle, B.Mus ‘18, B.C.L./J.D. ‘22, President of the Students’ Society of McGill University & member of McGill Board of Governors.

09. Derek Nystrom, Associate Professor of English, Faculty of Arts Senate member, McGill University

10. Mike George, M.Eng. 2012 in Electrical Engineering, McGill Electric Energy Systems Laboratory, Queer McGill Social Events Coordinator 2010-11.

11. Maria Zaslavsky, BA ‘18

12. Laura Dunn, MA, ‘16

13. Fred Burrill, BA ‘10

14. Zoë Thomas, MD FRCPC, Assistant Professor, Department of Psychiatry, McGill University

15. Danji Buck-Moore, BA 2012, MA Communications Dept 2021

16. Sarah Page, Licentiate ‘06

17. Adam Gwiazda-Amsel, BA ‘22, VP External & Finance of the Philosophy Students’ Association, 2019–2020 Vice-President (External Affairs) of the Students’ Society of McGill University

18. Martin Lukacs, BA ‘12

19. Eric Lewis, Associate Professor of Philosophy, McGill University

20. Thomas Boucher, MA ‘21

21. Ella Belfer, BA ‘16

22. Carolin Huang, BA ‘14, Students’ Society of McGill University Researcher 2015

23. Tiffany Lam, BA ‘15

24. Shaun Weadick, MA ‘16

25. Fern Thompsett, former PhD student (2015–17)

26. Ben Stidworthy, BA ‘14

27. Asya Malinova, BSc ‘16, McGill University

28. Helen Hudson, MSc(A) ‘07

29. Lara Khattab, Former Lecturer at the Institute of Islamic Studies, McGill University, Instructor Carleton.

30. Nathan McDonnell, former SSMU Community Affairs Commissioner (2020). 

31. Samuel Helguero, Law Faculty, Co-leader McGill Corporate Accountability Project and Protesters Legal Information Clinic. Member of Divest McGill. 

32. Alain Mignault, PhD, Psychology 1999.

33. Adam Kinner, B.Mus 2007

34. Malek Abisaab, PhD, Associate Professor, McGill University

35. May Chiu, BA. 89, BCL and LLB 93, Attorney

36. Aziz Choudry, PhD, former Associate Professor, Integrated Studies in Education, McGill University

37. Clara-Swan Kennedy, Former McGill University student, sessional instructor, and current CKUT 90.3 FM host

38. Julia E Dyck, Host, ffiles radio, CKUT 90.3FM 

39. Lucas Huang, former student and CKUT volunteer

40. Sam Bick BCL/LLB ‘18

41. Jack Solar, MISt McGill University, former CKUT Archivist

42. Maria Korpijaakko, Ph.D. McGill University, 2015

43. Omar Dewachi, PhD. Rutgers University, Department of Anthropology. 

44. Megan Mericle, MA ‘13

45. Dorothy Yip, BA ‘21, McGill University

46. Devin B Waldman, former McGill student, B.M. ‘07

47. Freda Guttman, BFA, Artist/Activist

48. Eric Shragge, B.Sc 69, Social Work Professor 1974–2000

49. Alexia Avina, McGill University

50. Rebecca Foon, MUP, McGill University 

51. Louis Ramirez, Hons BA ‘15

52. Élyse Dupras, BA 1989, MA 1991, PhD 2002

53. Sophie Toupin, PhD 2020, Communication Studies, McGill University 

54. Lawrence Joseph, PhD 1990 Mathematics and Statistics, Emeritus Professor, Department of Epidemiology, Biostatistics and Occupational Health, McGill UNiversity

55. Sean Michaels, BA 2004, former Mordecai Richler Writer in Residence, McGill University.

56. Norman Kong, BEng. 2023, McGill University 

57. Hilah Silver, BScN ‘16, PhD student, McGill University

58. Gwendolyn Schulman, MA 1992 and current CKUT host

59. Natalie Stake-Doucet, registered nurse, BNI 2014, MSc 2014

60. Cayley Sorochan, PhD 2018, Communication Studies, McGill University

61. Francoise Filion, registered nurse, assistant professor, Ingram School of Nursing, McGill University

62. Rebecca Mast, BScN ‘16, Graduate student, University of Ottawa

63. Mischa Corman-Francois, BScN 2016, McGill University 

64. Claire Abraham, BA 2004, McGill University 

65. Nadia Moss, Former P. Lantz Artist in Residence (2019) 

66. Niko Block, BA 2012

67. Paul Di Stefano, B.Ed 2000, Professor, John Abbott College

68. Magdalene Klassen, BA 2018

69. Naomi Pastrana, Nursing student, McGill University

70. Rose Marie Whalley, B.Ed 1978, host, Older Women Live, CKUT Radio 90.3FM

71. Aneeka Anderson, BA ‘22, Former Co-Chair and current member of the Indigenous Student Alliance, McGill University

72. Amy Macdonald, MA 2013, McGill University

73. Sarah Boo, BEng ‘16, McGill University

74. Amber Gross, MSN, RN; BA ‘13 McGill University

75. Simone Lucas, BA, 2012, McGill University

76. Baijayanta Mukhopadhyay, MA 2006, MDCM 2007

77. Anna Savittieri, BA, 2015, McGill University

78. Bita Mary Eslami, McGill school of social work

79. Alexandre Magdzinski, RN, MSc 2017 ISoN McGill

80. Nick Schofield, host of CKUT Underground Sounds, McGill University

81. Aaron Lakoff, former News Coordinator, CKUT Radio

82. Cheryl Armistead, RN, Faculty Lecturer, McGill University

83. Robyn Fadden, MA, CKUT 90.3 FM McGill radio producer and host

84. David Parker, former System Administrator and radio producer, CKUT Radio

85. Isabelle Prevost-Aubin, McGill Student, Faculty of Engineering, McGill University

86. Aidan Gilchrist-Blackwood, BA “17 and MA “20, McGill University 

87. Amy Darwish, BA 2003 and MA 2005, McGill University

88. Sativa Kawakami, Student, Faculty of Agricultural and Environmental Sciences, McGill

89. Rachel Schleifer, BA&Sc. ‘22, Environment, McGill University

90. Ella Wischnewsky, BA ‘22, Urban Studies, McGill University

91. Thai Judiesch, BA ‘22, McGill University, Board Member at QPIRG

92. Samir Shaheen-Hussain, MD CM (2003), Assistant Professor, Department of Pediatrics, Faculty of Medicine, McGill University

93. Eden Glasman, MA ‘15, McGill University

94. Ian Ilavsky, former student (1988–91), former CKUT tech and on-air host (1988–99)

95. Jessie Stein, former research assistant

96. Ayesha Vemuri, PhD Candidate and MA 2016, Communication Studies, McGill University

97. Ella den Elzen, MArch ‘19, McGill University

98. Charlotte Euverman, Wet’suwet’en climate justice activist

99. Amber Berson, CKUT contributor

100. Lili Azari,  MSW, McGill University

101. Allyson Rogers, PhD candidate, Communication Studies, McGill University

102. Chris J. Gismondi BA 2013, PhD 2024 McGill University

103. Debdeep Chatterjee, PhD Candidate, Concordia University

104. Joseph Sannicandro, MA ‘12, McGill University

105. Jooneed Khan, Journalist, Writer, Human Rights Activist

106. Saeesh Mangwani, BA ‘20, Geography and Environment, McGill University

107. Minoo Gundevia, Retired teacher

108. Portia Larlee, MSW ‘17, McGill University 

109. Mitra Kazemi, MA Candidate in Art History, McGill University

110. Benji Nothwehr, BA 2018, MA 2021, Communication Studies, McGill University

111. Sadie Couture, PhD Student McGill University

112. Kristi Kouchakji, PhD candidate, Communication Studies, McGill University

113. John Commins, Instructor, McGill Faculty of Education

114. Sarah Carter, PhD candidate, McGill University

115. Nancy R. Tapias Torrado, Post-doctoral Fellow, UQAM

116. Rebecca L. Johnson, PhD candidate, McGill University

117. Faiz Abhuani, BA ’05, McGill University

118. Rushdia Mehreen, BCom 2002, McGill University 

119. Mojeanne Behzadi

120. Nadir Khan, BA ‘15, MA ‘18, BCL/JD ‘20

121. Anniessa Antar, M.Ed; BA ‘12, McGill University

122. Bronwen Tucker, BA&Sc ’14, 2012–14 SSMU Political Campaigns Coordinator

123. Andrea Palmer, BSW ’14, McGill University

124. Eva Margo-Dermer, Medical Student, McGill University

125. Guillaume Girard, biologiste, microbiologiste, Université de Montréal

126. Devlin Kuyek, contributor to CKUT

127. Dr. Jill Hanley, Associate Professor, BA ’95, BSW ’97

128. Harsha Walia, South Asian activist and writer based in Vancouver

129. Andrea Valentine-Lewis, MA, independent curator and writer based in Vancouver, BC

130. E. Kage, Artist based in Vancouver BC

131. Rach Klein, McGill University

132. Sandra Small, Wet’suwet’en Laksilyu Clan

133. Jen Gobby, PhD ‘19 (McGill), Instructor at McGill University

134. Natasha Klein-Panneton BA ’15 McGill University, Student Affairs Coordinator Arts Ferrier

135. Titas Banerjee, BA (Concordia) ‘16, member of India Civil Watch

136. Pasha M. Khan, PhD, Associate Professor, Institute of Islamic Studies, McGill University

137. Kerry Sloan, Assistant Professor, Faculty of Law

138. Ying-Syuan Huang, Ph.D., McGill Alumnus, 2019”

139. Andreas Koch, Class of 2020, Bachelor of Arts

140. Emily DeKlyen Silbergeld, PhD Student, McGill University

141. Noémie Boivin, LL.M. International Law, Université du Québec à Montréal, Faculté de science politique et de droit

142. Raven Spiratos, MA ‘20, Art History and Communications, McGill University

143. Rachel Bergmann, BA&Sc ’16, MA ’19, former CKUT 90.3 FM co-host

144. Berson Augustin

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«Mot en n»: l’indissociabilité des mots et des maux https://www.delitfrancais.com/2020/12/01/mot-en-n-lindissociabilite-des-mots-et-des-maux/ Tue, 01 Dec 2020 15:06:28 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=40066 L’Association des étudiant·e·s noir·e·s en droit de McGill effectue un retour sur la situation et dénonce l’utilisation de ce terme dans le milieu académique.

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Au cours des derniers mois, plusieurs personnalités connues et moins connues ont exprimé leur opinion personnelle, parfois très divergente, au sujet de l’utilisation du «mot en n». Il a été extrêmement désolant de constater que le monopole de cette conversation par ces personnes a accordé très peu de places aux étudiant·e·s noir·e·s; excluant ainsi les voix des plus concernées. La conversation mérite d’être recentrée autour des individus qui ont été relégués aux marges: les étudiant·e·s noir·e·s. Le «mot en n» ne devrait pas être banalisé.

Les personnes blanches n’ont pas la légitimité pour nous dicter la validité de nos expériences

Violence et invisibilisation 

Le «mot en n» porte un lourd fardeau historique et sa connotation violente dépasse l’intention individuelle de celui ou celle qui choisit sciemment de l’utiliser. Ce terme est aliénant. Il humilie et blesse. La dissociabilité du mot et des maux qu’il nous cause est encore impossible. Ce mot marque au fer rouge des siècles de violences insoutenables et rappelle la source de toutes les injustices que les Noir·e·s continuent de subir. L’utilisation de ce terme, ainsi que d’autres formes de micro-agressions, ne font pas qu’offenser; elles ont un impact tangible sur la santé et la capacité des personnes noires à réussir dans les espaces de scolarisation. Les personnes blanches n’ont pas la légitimité pour nous dicter la validité de nos expériences.

Il peut sembler simple et anodin de circonscrire l’usage de ce terme au contexte académique, car il serait important de nommer les choses telles qu’elles sont dans ces espaces. Toutefois, il est important de reconnaître que les salles de classe ne sont pas des espaces neutres où la violence de ce mot est désamorcée. Les institutions de savoir ne sont pas absoutes des dynamiques de pouvoir présentes dans notre société. 

N’oublions pas que les sociétés québécoise et canadienne ne sont pas à l’abri du racisme anti-noir

N’oublions pas que les sociétés québécoise et canadienne ne sont pas à l’abri du racisme anti-noir. Au contraire, celui-ci fait partie des conditions déterminantes de la fondation de ces sociétés telles que nous les connaissons aujourd’hui. L’esclavage des Noir·e·s n’était pas une réalité uniquement états-unienne ou antillaise; il existait bien et a duré plus de deux cents ans au Canada. Les structures et les idées ayant été produites lors de la traite transatlantique des esclaves continuent d’exister sous de nouvelles formes dans bon nombre de nos institutions, telles que les systèmes de justice, de protection de l’enfance, d’immigration et – il ne faut pas l’oublier – d’éducation. Les espaces de scolarisation, ayant un historique de racisme institutionnel envers plusieurs groupes minoritaires, sont encore des environnements hostiles pour les étudiant·e·s noir·e·s. Après l’été que nous venons de vivre, cesser l’utilisation de ce mot semble aller de soi. 

La liberté académique a le dos large

Cette demande semble toutefois poser une entrave beaucoup trop importante à la liberté d’expression de plusieurs. La quête de la vérité est-elle réellement interrompue par la prohibition de ce terme? Sommes-nous réellement en train de fixer un dangereux précédent? Le sophisme de la pente glissante semble bien installé chez des esprits qui défendent pourtant le raisonnement logique et la pensée critique. 

Il est difficile de comprendre en quoi la version courte de ce mot empêche quiconque d’enseigner le lourd passé historique qui y est rattaché dans un contexte académique. L’apport pédagogique qui vient avec le fait de prononcer ce mot dans son entièreté est pratiquement nul. Il est surtout ridicule de constater qu’on tente de trouver une justification à l’usage de ce mot si violent, et souvent traumatisant, alors qu’il existe une autre manière de le dire. 

Bien avant d’apprendre que les droits et libertés sont sujets à des limites raisonnables dans une société libre et démocratique (Article 1 de la Charte canadienne des droits et libertés), on apprend que la liberté de l’un s’arrête où celle de l’autre commence. Notre droit de jouir d’un environnement d’apprentissage libre de discrimination et de harcèlement ne devrait pas être considéré comme une menace à la liberté académique. Positionner ainsi les termes de ce «débat», qui ne devrait pas en être un, est malhonnête.  

Rédigé collectivement par Fanta Ly, Naomi-Édith Barandereka, Bianca Annie Marcelin, Attou Mamat, Amélia Souffrant, Hülya Miclisse-Polat, Isabelle Baptiste et Shona Musimbe.

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On ne conserve pas un héritage en emprisonnant son porteur https://www.delitfrancais.com/2020/09/08/on-ne-conserve-pas-un-heritage-en-emprisonnant-son-porteur/ Tue, 08 Sep 2020 13:20:10 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=36747 Critique des suggestions mal fondées de Frédéric Bastien à l’égard de la Faculté de droit de McGill.

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En réponse à la polémique concernant la place du droit civil québécois dans la Faculté de droit de l’Université McGill, Frédéric Bastien, aspirant chef péquiste, a proposé d’interdire l’accès au Barreau du Québec aux diplômés de McGill. En tant qu’étudiant actuel à cette Faculté, je voudrais offrir quelques précisions.

C’est sur Facebook que M. Bastien a tout d’abord prétendu que le départ du professeur Vincent Forray priverait McGill de son dernier chercheur civiliste qualifié. Cependant, McGill compte actuellement plusieurs professeurs civilistes, dont Fabien Gélinas, Helge Dedek, Yaëll Emerich, Rosalie Jukier, Lara Khoury et Pierre-Emmanuel Moyse. Certains d’entre eux ont écrit des œuvres fondamentales, tels que la professeure Khoury en ce qui concerne la preuve de causalité avec son œuvre primée Uncertain Causation in Medical Liability (2006). Également, le doyen de la Faculté, Robert Leckey, est un ancien professeur civiliste spécialisé en droit de famille. Or, même si l’Université a vécu dans les dernières années le départ de certains professeurs civilistes de renom, il est inexact de prétendre que McGill n’aura pas la capacité de faire des recherches en droit civil.

Bastien a ensuite poursuivi son message en se référant à l’opposition du doyen Leckey à la loi 21 et au soutien de ce dernier au multiculturalisme officiel et à la Charte canadienne des droits et libertés. Tout d’abord, il n’est pas surprenant qu’un doyen d’une faculté de droit au Canada soutienne deux piliers de la Constitution canadienne. De plus, même si je ne partage pas nécessairement l’avis du doyen à propos de la loi 21, je doute qu’il soit approprié de pénaliser la Faculté pour les opinions juridiques de ses membres. La dissidence, une condition essentielle du débat, est protégée par la Charte québécoise.

Finalement, M. Bastien s’est engagé à reformuler l’admission au Barreau afin d’exclure les universités « insuffisamment civilistes ». À la réaction de Me Lowrie, un diplômé de McGill, qui lui a souligné que les étudiants de McGill ont des taux de réussite à l’examen du Barreau supérieurs à ceux de l’Université d’Ottawa, de l’UQAM et de l’Université Laval, M. Bastien a répondu que les étudiants de McGill seraient capables de réussir même avec une formation en anthropologie, étant « intelligents, cultivés et disciplinés ».

Alors, quelques questions se posent : les étudiants de McGill sont-ils si extraordinaires qu’ils pourraient surpasser leurs homologues sans aucune formation juridique? Si devenir avocat ne nécessite aucune formation juridique, quelle est la pertinence des facultés de droit? Finalement, quelles preuves démontrent que McGill offre une formation aussi déconnectée du droit québécois qu’un quelconque programme d’anthropologie?

Au lieu de supposer que les étudiants de McGill peuvent mystérieusement apprendre en quelques mois ce que leurs collègues ont appris en trois ans, il est tout simplement possible d’admettre que McGill offre une formation juridique adéquate. Certainement, la formation qu’offre McGill n’est pas aussi axée sur le droit civil que celle de l’Université de Montréal, tout comme son instruction de la common law n’est pas aussi approfondie que celle de l’Université de Toronto. Le but de l’éducation transsystémique est d’apprendre les deux traditions juridiques simultanément ; évidemment, il est impossible d’y avoir la même immersion que l’on aurait si l’on n’apprenait que l’une d’elles. Cependant, l’on peut tout de même observer les points communs et les grandes différences entre la structure, la logique et la méthodologie des deux traditions. Ainsi, l’on peut formuler des arguments, des moyens juridiques et des doctrines qui fonctionnent tant dans le droit civil que dans la common law, tout comme l’ont fait deux diplômés de McGill dans l’affaire de la Cour suprême Churchill Falls c. Hydro-Québec.

Certes, l’on peut débattre de l’efficacité de ce bijuridisme, mais vouloir fermer le Barreau aux étudiants de McGill sous prétexte qu’ils ne sont pas des civilistes purs est un non-sens. Le Québec n’est pas une juridiction purement civiliste ; son droit public et son droit procédural sont principalement fondés sur la common law. C’est entre autres ce mélange juridique et l’influence des juridictions de common law qui nous entourent qui ont permis au Québec de recevoir l’action collective du droit étasunien, soit la capacité de se regrouper afin de poursuivre un concitoyen ou une société collectivement. Ce moyen procédural, qui a déjà été utilisé par les consommateurs et les victimes d’agression sexuelle, entre autres, contre des groupes et des sociétés beaucoup plus riches et puissants qu’eux, ne vient pas du droit civil québécois, mais bien d’un arrêt de la Cour suprême des États-Unis.

La proposition de M. Bastien n’est rendue nécessaire ni par l’état actuel de ma faculté ni par la réalité juridique québécoise. Et certainement pas par le désaccord politique de M. Bastien avec le doyen. Il n’y a aucun doute que l’héritage civiliste de McGill est une partie importante du patrimoine juridique du Québec et qu’il est digne de protection. Également, il est raisonnable que le départ de certains professeurs civilistes célèbres soit la cause d’appréhension à cet égard ; cependant, la proposition de M. Bastien n’ajoute rien à ce débat et serait plus nocive que protectrice pour le porteur de cet héritage.

 

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Donner un sens aux mots https://www.delitfrancais.com/2020/08/07/donner-un-sens-aux-mots/ Fri, 07 Aug 2020 10:39:06 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=36271 Réponse au doyen de la Faculté de droit Robert Leckey.

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Récemment, en ces pages, on a livré un « Plaidoyer pour un retour aux racines civilistes à McGill ». Si le style de son auteur était plutôt abrasif, ce texte a tout de même eu le mérite de mettre le doigt sur un certain malaise ressenti par de nombreux étudiants de la Faculté de droit de McGill quant à la place réservée à l’étude du droit civil dans leur vie académique.  

Certes, les étudiants en droit de notre institution peuvent compter sur une offre de cours diversifiée et un corps professoral composé d’intellectuels de renom. À ce titre, le doyen Leckey peut bien être fier lorsqu’il vante la faculté qui l’a lui-même vu devenir le juriste militant qu’il est aujourd’hui. En revanche, sa réponse au plaidoyer de Xavier Foccroulle-Ménard, également publiée dans les pages du Délit, a de quoi décevoir.

En effet, plutôt que d’amorcer une véritable remise en question pour donner suite à l’expression de préoccupations légitimes, la réponse offerte par notre doyen se contente de balayer de la main les critiques en superposant, en trois paragraphes, des phrases convenues et des formules rhétoriques discutables, sans vraiment s’attarder au fond du problème exposé. Aussi peut-on y voir un rendez-vous manqué : il y avait là une porte ouverte pour entreprendre une réflexion sur l’adéquation entre le vocabulaire de promotion utilisé par la Faculté lorsqu’elle vante son programme et l’offre académique qui y est réellement mise de l’avant. 

 

Une faculté d’héritage civiliste?

À l’instar de ceux qui ont pris la parole en ces pages, je suis fière de l’héritage dont notre faculté se réclame. Son historique au carrefour de deux traditions juridiques majeures, le droit civil et la common law, est exceptionnel et unique. Or, un héritage est une richesse qu’il faut savoir cultiver. Il est décevant de voir le doyen de la Faculté vanter les contributions nombreuses de ses collègues et prédécesseurs à la pensée civiliste québécoise sans s’attarder plus longuement aux conditions de possibilité de cet héritage. 

Le retour à une offre de cours civilistes riche et variée est l’une de ces conditions, puisqu’il implique à la fois le recrutement de nouveaux professeurs civilistes, mais aussi l’enrichissement du socle sur lequel la Faculté a bâti sa réputation : celui d’un enseignement d’abord bijuridique, puis pluraliste, permettant à ses étudiants de développer une certaine maîtrise des grandes traditions juridiques canadiennes. Autrement, comment notre faculté pourrait-elle se positionner en acteur incontournable du développement du droit civil au Québec face à des facultés de droit qui en font le cœur de leur cursus? Comment pourrait-elle assurer son rayonnement scientifique sur le sujet si la large majorité des membres de sa communauté vouent leur vie académique à d’autres sujets d’intérêt?

La société québécoise faisant une fierté de son héritage civiliste s’évertue à l’entretenir et à le préserver. Si elle tire vraiment la même fierté de cet héritage, la communauté juridique mcgilloise devrait tâcher d’en faire de même. Or, le fait que ses étudiants aient aujourd’hui à se battre pour obtenir des cours de droit civil enrichis prouve plutôt la négligence de la Faculté à l’égard de la préservation de son héritage.

 

Une faculté bilingue?

Le plaidoyer de mon collègue effleure également une autre inadéquation entre l’image projetée par la Faculté de droit de McGill et la réalité : alors qu’elle est officiellement bilingue, il est parfois impossible d’y recevoir une éducation civiliste enrichie en français. Le bilinguisme de façade constitue, de façon autonome, une critique importante qu’il est possible de faire à l’égard de la Faculté, critique qui devrait être prise en compte à l’occasion du recrutement de nouveaux professeurs.

En effet, qui joint la Faculté de droit de McGill avec l’espoir de fréquenter une institution bilingue restera assez déçu. Non seulement la variété des cours offerts en français est-elle limitée, mais la quantité de places disponibles pour ces cours l’est tout autant. Il est inévitable pour les étudiants francophones inscrits au programme offert par McGill de suivre des cours en anglais pour compléter leur formation, alors que la même exigence n’est jamais formulée à l’égard des étudiants anglophones. Une grande majorité des activités tenues à la Faculté se déroule exclusivement en anglais, tout comme une majeure partie des séances plénières offertes aux étudiants. Pourtant, ceux-ci gagneraient à profiter d’un cursus réellement bilingue : une compréhension féconde du droit canadien et de ses fondements doit se faire dans les deux langues qui l’ont construit. C’est d’ailleurs la promesse qui leur est faite par la faculté au moment de leur inscription.

 

Admettre le sens des mots

À l’heure actuelle, on peut se demander ce qu’il reste des racines québécoises de la Faculté de droit de McGill. En effet, il ne suffit pas de répéter ad nauseam que notre faculté est fièrement enracinée à Montréal et au Québec pour qu’elle le soit. De la réduction de l’offre civiliste de la Faculté à la tentative ratée de bilinguisme institutionnel, la Faculté de droit de McGill tend à ressembler de plus en plus à ses homologues américaines et canadiennes plutôt qu’à préserver, enrichir et approfondir réellement son offre unique au monde et sa contribution à la vie académique civiliste et francophone. Xavier Foccroulle-Ménard le mentionne d’ailleurs avec justesse.

En somme, le passé ne saurait être garant de l’avenir en ce qui concerne la Faculté. Il ne saurait l’être parce que les mots qui forgent et définissent son héritage se sont dans les faits peu à peu vidés de leur sens pour ne devenir que des formules promotionnelles creuses. J’avais rêvé d’une faculté héritière d’une certaine tradition civiliste, bilingue et enracinée dans ma ville natale. J’en fréquente une autre. C’est une réalité que je déplore et à laquelle, je l’espère, le doyen Leckey s’attardera prochainement. La réputation de notre faculté, qui mérite d’être défendue, doit être conservée au moyen d’actions concrètes. Avec égards, le doyen rate cette cible en se contentant de répondre par des phrases convenues au « Plaidoyer pour un retour aux racines civilistes à McGill ».

 

Marie-Laurence Desgagné est étudiante à la Faculté de droit de McGill depuis 2018.

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Réponse à la lettre « Plaidoyer pour un retour aux racines civilistes à McGill » https://www.delitfrancais.com/2020/08/04/reponse-a-la-lettre-plaidoyer-pour-un-retour-aux-racines-civilistes-a-mcgill/ Tue, 04 Aug 2020 20:41:40 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=36226 Réaction du Prof. Robert Leckey, doyen de la faculté de droit de McGill

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J’ai pris connaissance du « plaidoyer sans retenue pour un retour aux racines civilistes » de la Faculté de droit de l’Université McGill par notre diplômé, Xavier Foccroulle-Ménard, bachelier en droit civil (BCL) / bachelier en droit (LLB) 2019. Il va de soi que je suis heureux d’échanger avec les membres de notre communauté diplômée et reste à l’écoute de leurs préoccupations.

L’auteur et moi partageons une grande fierté dans l’héritage monumental de notre faculté, y compris son pluralisme juridique et ses contributions à bâtir le droit civil du Québec. Comme je ne cesse de le dire, la Faculté de droit est fièrement enracinée à Montréal et au Québec. D’ailleurs, la formation des juristes aptes à pratiquer le droit au plus haut niveau au sein de la société québécoise en constante évolution demeure parmi nos préoccupations centrales. Il en va de même de la contribution à la doctrine civiliste.

Évidemment, je ne partage pas son évaluation sombre de l’état actuel de notre programme et de notre corps professoral. Celui-ci inclut des civilistes de renommée qui ont été formés au Québec, en France, en Allemagne, en Égypte et en Argentine. Ces juristes sont à la hauteur d’assurer une formation de grande qualité en droit civil. Contrairement à l’auteur, je ne puis que m’enorgueillir que la Faculté de droit accorde un espace aux traditions juridiques autochtones ainsi qu’à d’autres sujets jugés « exotiques » par M. Foccroulle-Ménard. Le pluralisme juridique de la Faculté de droit et la formation qu’elle offre à son corps étudiant s’en trouvent enrichis.

 

Robert Leckey

Doyen et titulaire de la Chaire Samuel Gale

Faculté de droit, Université McGill

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Plaidoyer pour un retour aux racines civilistes à McGill https://www.delitfrancais.com/2020/08/02/plaidoyer-pour-un-retour-aux-racines-civilistes-a-mcgill/ Sun, 02 Aug 2020 19:46:24 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=36212 La tragique déconstruction de la feu grande Faculté de droit civil de l’Université McGill tire à sa fin, une fin que nous aurions préférablement évitée. Avec le départ de Vincent Forray, qui quitte Montréal pour se joindre à l’Institut d’études politiques de Paris, il ne reste désormais plus de civilistes à proprement parler, hormis Yaëll… Lire la suite »Plaidoyer pour un retour aux racines civilistes à McGill

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La tragique déconstruction de la feu grande Faculté de droit civil de l’Université McGill tire à sa fin, une fin que nous aurions préférablement évitée. Avec le départ de Vincent Forray, qui quitte Montréal pour se joindre à l’Institut d’études politiques de Paris, il ne reste désormais plus de civilistes à proprement parler, hormis Yaëll Emerich et, pour être charitable, Lara Khoury. À la lumière de ces informations, il y a bien évidemment lieu de sourciller étant donné la position de bastion du droit civil québécois qu’a historiquement occupée cette faculté. C’est peu dire que nous sommes aux prises avec un état de fait alarmant, sincèrement difficile à accepter. C’est en souhaitant y remédier que je rédige ce plaidoyer sans retenue pour un retour aux racines civilistes de l’université. 

À McGill n’existent manifestement plus les épaules qui portaient naguère le projet de Portalis en Amérique, c’est-à-dire la construction d’une pensée juridique scientifique et codifiée au sein du Canada français. La Faculté de droit se réclame d’ailleurs sans complexe cet héritage romano-chrétien puisqu’il a su donner terrain fertile à l’actuel programme national transsystémique. Ce dernier intègre les deux grandes traditions juridiques donnant esprit à la Confédération canadienne : le droit civil et la common law. Avec le transsystémisme en pédagogie, nous avons la continuation d’un excellent corpus académique sur le pluralisme juridique, pour lequel il faut particulièrement remercier Roderick A. Macdonald. D’un point de vue historique, avec l’Acte du Québec ainsi que les négociations fondatrices de la Confédération, le droit civil au Québec est l’élément crucial de tout accent mis sur ce pluralisme juridique tant il lui donne sa véritable raison d’être. 

Pourtant, le droit civil semble de plus en plus exclu du pluralisme mcgillois pour faire place à des sujets que l’on juge davantage exotiques. La gravité de la situation ne réside pas simplement dans le fait que les civilistes quittent le navire, mais bien dans l’absence criante de nouveaux civilistes venant les remplacer. Alors que le corps professoral civiliste agonise, la Faculté compte cinq professeurs de droit international et de droits de la personne, cinq professeurs de théorie du droit, quatre professeurs de droit de la santé, trois professeurs de droit de la propriété intellectuelle, trois professeurs de droit autochtone et deux professeurs d’arbitrage international. À ces champs d’études qui fréquemment se recoupent s’ajoutent toutes les recherches connexes s’apparentant à de la sociologie en justice sociale, en équité et en politique publique. Celles-ci sont d’une part investies par les académiciens (et les étudiants) avant même de connaître le droit et d’autre part employées par ceux-ci pour critiquer le droit. Le comble de l’ironie : l’objet critiqué est trop souvent inconnu du critique. 

Par conséquent, l’anecdote seule n’explique plus rien de pertinent : nous avons désormais affaire à un mouvement généralisé de délaissement du droit civil. La session dernière, il n’y avait même pas de cours des obligations en droit civil avancé donnés en français. Ainsi, alors que les cours strictement de common law  sont donnés par des académiciens de renommée internationale comme Lionel Smith et Stephen Smith, aucun cours de droit civil pur enseigné par un membre de la Faculté n’a été annoncé, laissant présager une année à venir désastreuse. 

Si la justice pénale est plus intéressante que les contrats nommés, comme en témoignent les quatre professeurs qui se penchent sur le sujet, le résultat demeure un vrai discours préliminaire contre le droit civil, en faveur de la transformation de notre alma mater en faculté américaine. En d’autres mots, la Faculté de droit à McGill vit présentement par procuration de ses cousines américaines alors que rien n’est réellement à envier d’elles. Comment le transsystémisme peut-il sérieusement être enseigné dans des conditions si arides? Et comment, sans rire, peut-on prétendre à une grande formation plurielle et intégrée si le socle du cursus n’est guère conséquent vis-à-vis l’expertise des candidats à l’enseignement? Ce sont la crédibilité et la réputation de McGill qui en souffrent.

Thomas Alem-Lebel

La disparition de l’héritage que se réclame la Faculté de droit fait d’autant plus mal qu’il est monumental. Rappelons-nous Charles Dewey Day, un homme pour qui Georges-Étienne Cartier, soulignant son génie philosophique, ne tarissait pas d’éloges. En 1859, il a été nommé auprès des juges Augustin-Norbert Morin et René-Édouard Caron à la commission chargée de codifier les lois civiles du Bas-Canada. Formé à travers ses 17 années sur le banc comme juge, il maîtrisait la complexité du droit privé et public du Bas-Canada, et sa participation à la rédaction des chapitres du Code civil traitant des obligations et des contrats a été remarquée et remarquable. C’est en tant que Chancelier de l’Université McGill qu’il déposait le projet final du Code civil du Bas-Canada (entré en vigueur en 1866) qui servit de source première du droit québécois jusqu’au début des années 1990.

Depuis Day, plusieurs grands noms ont marqué la tradition civiliste à McGill. Ces derniers sont dignes de voir leur superbe travail soutenu dans l’imaginaire collectif juridique de la Faculté et méritent globalement que leur projet soit poursuivi au Québec, voire dans le monde. En ce sens, il nous vient naturellement à l’esprit Eugène Lafleur, Frederick Parker Walton, William de M. Marler, Arnold Wainwright, Louis Beaudouin et Pierre-Basile Mignault. Plus récemment encore, nous notons d’illustres juristes tels que Madeleine Cantin Cumyn, Jean-Guy Belley, Pierre-Gabriel Jobin, Daniel Jutras, ainsi que le tout dernier juge nommé à la Cour suprême du Canada, Nicholas Kasirer. 

Au-delà des noms, impossible de passer outre les deux legs majeurs pour lesquels le professeur Paul-André Crépeau doit être reconnu : le Centre de recherche en droit privé et comparé du Québec et le Code civil du Québec. Crépeau a fondé ce centre en 1975 dans le but précis de développer et de promouvoir la tradition civiliste canadienne dans une perspective comparatiste, qui depuis a été rebaptisé en son honneur. Simultanément, de 1965 à 1977, Crépeau prit la relève d’André Nadeau à l’Office de révision du Code civil du Québec, et c’est sous sa présidence que le projet du Code civil révisé fût présenté au ministère de la Justice d’abord, puis à l’Assemblée nationale. Son rapport est devenu la feuille de route guidant le Gouvernement du Québec à travers les années vers l’adoption du nouveau Code civil du Québec en 1991 et à son entrée en vigueur en 1994. Voilà l’héritage minimal à préserver et, idéalement, à continuer. 

Loin de moi l’idée de minimiser l’apport des membres actuels du corps professoral de la Faculté de droit de McGill. Au contraire, c’est précisément parce que je tiens à une excellence dans la diversité de l’enseignement des traditions juridiques des peuples fondateurs de la Confédération que je plaide aujourd’hui pour un retour aux sources civilistes. Nous ne pouvons nier que sans assise sur le passé, sans un respect de ceux qui nous précèdent et des institutions qu’ils nous ont léguées, sans regard de gratitude envers ceux qui nous permettent de pousser encore plus loin la réflexion intelligente et rigoureuse du droit au Québec, seule une diversité de surface peut être atteinte. Si McGill tient à préserver son éminence, tout posturalisme de la sorte doit impérativement être rejeté en faveur de standards d’études visant la profondeur de la pensée juridique civiliste et d’une pédagogie dirigée par de réels experts dans le domaine. 

En espérant que ce plaidoyer saura convaincre l’actuel doyen Robert Leckey, qui se présente au moment même pour un deuxième mandat de cinq ans au poste qu’il occupe, ou la personne qui lui succédera, de diriger toutes ses forces à ressourcer l’étude du droit civil à McGill. En espérant aussi très fortement que Forray revienne après son séjour à Paris, si espérer une telle chose est encore possible.

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Lettre ouverte https://www.delitfrancais.com/2020/02/11/lettre-ouverte-2/ Wed, 12 Feb 2020 02:16:21 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=35685 Il est temps de refaire la grève pour le climat.

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CLIMATE JUSTICE
ACTION MCGILL – C‑JAM

          Le fardeau des changements climatiques donne parfois l’impression d’une lutte sans issue. Armé·e·s de nos bouteilles d’eau et de nos pailles réutilisables, nous participons à la marche pour le climat, donnons pour lutter contre les feux de forêt en Australie et twittons «#FridaysForFuture» à nos politicien·ne·s. Malgré cela, la température moyenne ne cesse d’augmenter, la pollution continue de s’accroître et nos institutions et gouvernements demeurent complices. Nous ne pouvons pas porter la responsabilité de résoudre la crise par nos actions individuelles alors que nos systèmes économiques et politiques sont conçus pour exploiter les ressources naturelles, en plus de permettre la consommation excessive et l’accumulation des richesses par l’élite. Nous devons bâtir un rapport de force collectif et exiger un changement systémique, sans quoi notre avenir sera anéanti. Il est temps de faire la grève pour le climat.

Notre gouvernement fédéral a déclaré l’urgence climatique, mais a approuvé dès le lendemain l’extension du pipeline Trans Mountain, violant ainsi la souveraineté et les droits de la personne de la nation Secwepemc et d’autres nations autochtones, tout en consolidant le rôle international du Canada en tant que criminel climatique. De son coté, l’administration mcgilloise vante les mérites de sa stratégie de développement durable, mais refuse de se désinvestir de l’industrie des combustibles fossiles et de mettre fin à ses recherches pour cette industrie ou celle de l’armement. Selon l’université, protégée des assauts des changements climatiques grâce à sa richesse, il est plus important de maintenir un ordre social traditionnel insoutenable que d’effectuer une transition vers un avenir viable ; autrement dit, le capital prime sur notre survie. Selon nous, les actions de la haute direction ne sont qu’un écoblanchiment frauduleux et une tentative de dépolitisation de la crise climatique. Compte tenu des conséquences, c’est inacceptable.Il est nécessaire que ceux et celles qui abusent de leur position et de leur privilège ressentent notre pouvoir collectif. Il est temps de faire la grève pour le climat.

L’impression de pouvoir attendre avant d’agir relève de notre privilège socio-économique et géographique. Les conséquences fatales de la crise climatique sont déjà présentes, comme en témoignent les récentes catastrophes naturelles en Indonésie, au Bangladesh, à Porto Rico, dans les Caraïbes et ailleurs dans le monde ; cela ne fera qu’empirer. Les changements climatiques affectent de manière disproportionnée les groupes systématiquement marginalisées (notamment les communautés autochtones, noires, pauvres, racialisées et du Sud), qui sont les moins responsables de la crise écologique, tandis que les élites économiques et politiques émettent la majorité du carbone en niant toute responsabilité. Vu la façon dont les systèmes d’oppression se chevauchent et se renforcent mutuellement, si nous voulons combattre le racisme, le sexisme, le classisme et d’autres formes d’oppression, nous devons nous tourner vers la justice climatique.

Les personnes qui veulent réduire les services publics, qui veulent affaiblir, voire abolir les réglementations environnementales et qui méprisent les droits des femmes, des peuples autochtones, des communautés LGBTQ2S+ et de toutes les minorités, sont les mêmes. Elles sont peu nombreuses, mais elles ont un intérêt commun à contrôler toujours d’avantage et à étouffer toute résistance. Nos souffrons de leur refus d’affronter la crise climatique. En tant qu’étudiant·e·s ayant la capacité de lutter démocratiquement, il est impératif que nous nous mobilisions aux côtés des nombreux·ses militant·e·s qui dirigent le mouvement pour transformer le monde en ce moment crucial de l’Histoire. Nous devons envisager la prospérité environnementale dans un contexte d’équité sociale, car personne n’est libre tant que nous ne le serons pas tous·tes. Il est temps que McGill cesse d’être complice : il est temps de faire la grève pour le climat.

Les manifestations du 15 mars et du 27 septembre ont été d’une ampleur historique, mais sans un élan soutenu, leur influence sur les directions administratives et gouvernementales s’amenuise ; leur pertinence, leur capacité de mobilisation et leur potentiel sont perdus. Ensemble, à travers les facultés et les départements de McGill, nous pouvons voter démocratiquement pour une grève qui donnera sens à nos revendications et qui sensibilisera la population. Notre pouvoir collectif, combiné à celui des corps étudiants d’autres établissements d’enseignement, peut mettre en lumière le problème à McGill et dans le monde entier. Notre privilège de jouer un rôle de travailleur·se intellectuel·le vient de pair avec notre responsabilité de forger un avenir pour lequel il vaut la peine de s’éduquer. En tant que futur·e·s travailleur·euse·s, nous fournissons un service vital à l’économie et à McGill et, sans notre coopération, ni l’une ni l’autre ne pourront fonctionner sans difficulté. La grève est assez puissante pour obliger le gouvernement à nous écouter, plutôt que d’attendre ses réponses insuffisantes aux pétitions, aux lettres et aux discours. Dans une société démocratique, rien n’est plus fort sur le plan politique que des gens qui s’engagent dans une action directe non violente contre l’autorité institutionnelle. Ce n’est qu’avec une action collective, perturbatrice et prolongée que nous progresserons dans la lutte contre les changements climatiques.

Alors que des millions de personnes sur la planète se lèvent, il est temps pour nous de prendre position contre les systèmes d’oppression qui empêchent l’action climatique nécessaire. C’est dans cet esprit que nous nous joignons à la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) lors de la semaine de grève pour la transition. Du 30 mars au 3 avril, faites la grève et participez aux manifestations et aux actions sur les campus. Joignez-vous aux groupes environnementaux dans tout le pays pour prendre collectivement notre avenir en main.

C‑JAM s’organise sur les territoires traditionnels de la communauté Kanien’keha:ka.

 

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