Le Délit https://www.delitfrancais.com/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Tue, 04 Mar 2025 20:22:45 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 Vierge : une adolescence à l’envers de la foi https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/vierge-une-adolescence-a-lenvers-de-la-foi/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57677 Une jeunesse qui choisit sur quoi faire une croix.

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Touchées par ce portrait fidèle d’une jeunesse noire réunie dans des sous-sols d’église éclairés aux dalles DEL d’un blanc quasi hospitalier, mon amie et moi sommes assises l’une à côté de l’autre dans l’auditoire. Une première pour nous deux : ce témoignage du beau et du laid coexistant dans ces lieux de communauté, sacrés à plus d’un égard. Ode à ces réalités incomprises, Vierge est authentique, candide, mais avant tout nécessaire.

Produite par le Black Theatre Workshop et la Great Canadian Theatre Company, cette œuvre de Rachel Mutombo met en scène la rencontre de quatre adolescentes congolaises qui se réunissent hebdomadairement pour une étude biblique. Or, leurs apprentissages débordent rapidement du texte religieux, alors que se tisse, entre embarras de l’inexpérience et désirs d’appartenance, une amitié. Avec une naïveté enfantine, ces personnages féminins naviguent à travers leurs défis personnels, une prière à la fois.

« Ode à ces réalités incomprises, Vierge est authentique, candide, mais avant tout nécessaire »

Divine, interprétée par Espoir Segbeaya, apparaît la première sur scène, rayonnante de toute cette candeur propre à une jeune fille de 16 ans, plaçant table et chaises avec fébrilité. Cet enthousiasme est vite terni par l’entrée de Grace (Seeara Lindsay) et de Sarah (Joy Mwandemange), demi-sœurs vêtues respectivement des couleurs orange et mauve, qui, comme elles, s’opposent mais se complètent. Un échange gênant s’ensuit, ponctué des rires de l’auditoire, et s’interrompt finalement par l’entrée de Bien Aimé (Symantha Stewart), qui s’auto-désigne médiatrice. C’est au fil de cette dynamique tendue que les quatre personnages apprennent à s’apprécier, au meilleur de leurs capacités. Investi dans le devenir de ce petit groupe, le public tente de déchiffrer les non-dits de leurs conversations, alors que le poids de ces fameux songi-songi (rumeurs) pèse lourd. Notre immersion dans cette intrigue est facilitée par le travail de Zoe Roux à la conception du décor et de l’éclairage. Aux moments charnières, le portrait de Jésus et les longs vitraux placés en hauteur s’illuminent, lueurs d’espoir dans l’obscurité de cette salle pédagogique. L’éclairage se tamise, se concentre sur un personnage ou s’intensifie, marquant les changements de ton. Or, par moments, le jeu des acteurs peine à traduire ces variations d’ambiance : je pense notamment à une scène marquée par un éclairage glacial, austère, de style « salle d’interrogatoire » sans variation conséquente dans l’attitude des personnages.

Les symboles catholiques traversent la pièce, certains plus évidents que d’autres. Le choix des noms, des vêtements et du livre biblique à l’étude, tous porteurs de sens, racontent d’eux-mêmes une histoire sous-jacente. Lors d’interludes musicaux, l’orgue, instrument religieux par excellence, se fond dans une rythmique africaine dansante, représentation du tableau culturel que composent les jeunes filles. Les actrices embrassent leurs rôles avec aisance. Leur jeu est dynamique, et leurs personnages aux éthos distincts interagissent avec humour et tact. Cependant, notre attention se gagne et se perd au fil des échanges, alors que les voix peinent parfois à se projeter et qu’un emboîtement des paroles, dans la frénésie d’une dispute, limite la compréhension de l’auditoire.

Malgré ces bémols, cette pièce a été pour moi un réel coup de cœur. En plus d’être à la fois amusante et émouvante, Vierge était, et je l’ai ressenti, une œuvre sincère. Mon amie et moi avons vu sur cette scène nos souvenirs joués de style grandeur nature dans ces personnages nous rappelant nos cousin·e·s. Et alors qu’au début de la pièce, une voix hors champ nous rappelait les horreurs se déroulant présentement en République démocratique du Congo, j’ai repensé à l’importance de pièces de théâtre montrant au grand public québécois le portrait de communautés que trop peu représentées.

La pièce Vierge est présentée jusqu’au 2 mars au Centre Segal des arts de la scène. Des billets sont en vente sur le site segalcentre.org.

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J’ai arrêté mon sport https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/jai-arrete-mon-sport/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57674 Témoignages d’étudiantes universitaires ex-sportives.

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J’ai fait du cirque pendant huit ans, deux fois par semaine, et j’ai dû arrêter brusquement à cause de la pandémie de COVID-19. J’ai réalisé seulement cette semaine que cette fracture coïncidait parfaitement avec les débuts de mon anxiété. L’arrêt d’une activité physique régulière est un moment insidieusement bouleversant, socialement, physiquement et mentalement. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’une passion. C’est un deuil qu’énormément de jeunes traversent, comme je l’ai découvert en discutant avec mon entourage. Je n’ai pas de conseils à donner ou de données à exposer. Je souhaite seulement partager ma propre expérience et celles des gens qui m’entourent. Voici donc trois témoignages d’étudiantes étant passées par cette étape qui semble inévitable lors du passage à la vie adulte.

RACHEL*, ÉTUDIANTE DE TROISIÈME ANNÉE EN LITTÉRATURE ANGLAISE.

J’ai commencé le ballet à l’âge de trois ans. Je n’ai jamais arrêté de pratiquer ce sport jusqu’à la fin du secondaire, à mes 16 ans. Même la pandémie ne m’en a pas empêché, j’étais très assidue et suivais mes cours en ligne, au milieu de ma chambre. La fréquence variait, mais ça a toujours été au minimum deux fois par semaine, soit quatre heures au total. Les cinq dernières années, je suivais quatre cours, donc presque dix heures de pratique par semaine. En plus des cours en présentiel, je faisais mes étirements chaque jour, pendant une vingtaine de minutes. Mon emploi du temps était strict : j’avais pris l’habitude de me rendre à mes cours régulièrement, juste après l’école, et je rentrais souvent chez moi à des heures tardives, vers 23h. Bien que cela ait été intense, le sentiment d’accomplissement était inégalable. Je faisais une compétition par an, mais le fait de danser, c’était surtout pour le plaisir.

J’ai quitté la France et atterri à Montréal pour l’université. Évidemment, mon premier réflexe a été de trouver un studio proche de chez moi. Poursuivre la danse était une évidence. Pourtant, j’ai vite été désenchantée après avoir vu les prix. Alors que, dans ma petite ville en France, je parvenais à suivre trois cours par semaine pour un coût de 400 dollars par an, on me proposait ici un forfait de dix cours pour près de 300 dollars. Je me suis tout de même inscrite lors de ma première année à l’université, mais la pression financière et l’emplacement du studio m’ont contrainte à arrêter. Bien que ma motivation soit toujours présente, cela fait presque deux ans que je n’ai pas dansé.

Trois mots : nostalgie, regret et culpabilité. Nostalgie, car, chaque jour lorsque j’ouvre mon tiroir, j’observe mes vêtements de danse, mes pointes, mes accessoires d’étirement et tous les petits gadgets que j’ai ramenés de France. Comme un cimetière de rêves abandonnés, je l’observe pendant un moment et je continue ma journée. Regret, car j’ai l’impression d’avoir perdu une petite partie de moi-même. Pendant des années, je me suis définie par rapport à cette passion. Aujourd’hui, je ne me sens plus apte à dire que je fais du ballet. C’est dans le passé. Un sentiment de culpabilité, car, au fond, je me dis que, si j’avais fourni plus d’efforts, j’aurais sûrement pu trouver une solution, mettre de l’argent de côté, travailler davantage et revoir mes priorités financières. Enfin, je sens que je manque cruellement d’activités sportives dans mon quotidien. À l’époque, je parvenais à m’endormir facilement et je me sentais forte. Aujourd’hui, je suis fatiguée mentalement, mais jamais physiquement.

« L’arrêt d’une activité physique régulière est un moment insidieusement bouleversant, socialement, physiquement et mentalement »

BÉATRICE, ÉTUDIANTE DE TROISIÈME ANNÉE EN LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISES.

J’ai joué au soccer AA [interrégional] pendant longtemps. On avait deux pratiques par semaine et un entraînement d’équipe. J’ai arrêté une première fois par orgueil quand j’avais 16 ans parce que j’avais essayé d’intégrer un niveau plus élevé et je n’avais pas été prise. Finalement, je m’ennuyais trop du sport et de l’équipe, alors j’ai recommencé à l’automne.

Ensuite, la pandémie a frappé et c’était plus compliqué de continuer à jouer. Personnellement, je m’amusais moins parce que les membres de l’équipe avaient changé, ainsi que les responsables. La dynamique était vraiment différente. J’ai tout de même continué, car j’aimais le sport et le coach était sympathique, mais c’était plus difficile parce que ce n’était plus au sein de l’équipe avec laquelle j’avais grandi. De plus, j’étais contrainte de jouer comme arrière latéral, contrairement à mon poste régulier d’attaquante, et je me trouvais considérablement moins bonne à cette position.

Finalement, j’ai arrêté il y a deux étés parce que je me préparais à déménager à Montréal. C’était vraiment un deuil. C’est drôle à dire, mais j’ai réalisé que je n’allais probablement pas rejouer à ce niveau-là, voire plus du tout, alors que ça faisait partie de mon quotidien depuis si longtemps. C’était dur d’envisager ma vie sans ce sport. J’ai aussi réalisé à quel point ça me faisait du bien en matière de gestion d’anxiété. Je n’avais pas constaté, avant d’arrêter, à quel point ça avait un impact. Tout le monde dit que le sport c’est important pour gérer son stress, et c’est vrai, mais c’est tellement plus difficile de faire du sport quand ce n’est pas intégré à ton horaire et que ça ne te plait pas. M’entraîner dans une salle de sport? Non merci. De plus, mon entourage se composait de mes coéquipières, que je voyais trois à quatre fois par semaine, et j’ai commencé à les voir seulement une fois tous les six mois. J’avais l’impression de manquer des instants précieux.

JEANNE, ÉTUDIANTE DE QUATRIÈME ANNÉE EN SCIENCES POLITIQUES.

J’ai joué au volleyball pendant environ sept ou huit ans. Ça prenait une grande place dans ma vie, surtout au secondaire, comme je jouais au civil (dans des équipes extrascolaires regroupant des joueuses de plusieurs écoles qui ne s’inscrivaient pas aux tournois). Je jouais aussi à l’école, avec deux à trois pratiques par semaine.

J’ai arrêté de jouer au volleyball compétitif quand je suis rentrée au cégep. D’une part, je me lançais dans un programme collégial qui était bien plus demandant que je ne l’avais prévu. D’autre part, la pandémie nous est tombée dessus et nous a tous confinés chez nous. Il y a donc ces circonstances-là qui m’ont un peu forcée à arrêter le sport. Mais je dois aussi dire que le sport compétitif, à ce niveau-là, était devenu drainant mentalement, raison pour laquelle je ne me suis jamais remise à jouer. Je me rappelle que le sport d’équipe, bien qu’il m’ait beaucoup appris sur le vivre-ensemble, avait aussi ses côtés négatifs. Il m’est régulièrement arrivé de pleurer après des tournois, après des pratiques.

Je m’ennuie certainement de jouer au volleyball parce que j’attribue beaucoup de mes belles amitiés et moments d’adolescence à ce que le sport a pu m’offrir. Ça m’apportait une routine, une constance rassurante pour une adolescente. La pandémie a assurément été difficile, peut-être un peu dû au fait que je ne pouvais plus faire bouger mon corps comme je le faisais avant. Aujourd’hui, bien que je ne fasse plus autant de sport, je trouve tout de même des moyens de bouger et j’y attribue une corrélation directe avec mon état de santé mentale.

*Nom fictif

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Souper de l’héritage des personnes noires : inspirer et motiver https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/souper-de-lheritage-des-personnes-noires-inspirer-et-motiver/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57669 Comment NSBE parvient-elle à inspirer les générations futures?

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Près de 100 étudiant·e·s le mercredi 19 février, dans le bâtiment de l’AÉUM, dans le cadre du Black Legacy Dinner ou Souper de l’héritage des personnes noires. Cet événement, organisé par la Société Nationale des étudiant·e·s noir·e·s en Ingénierie (NSBE : National Society of Black Engineers) à l’occasion du Mois de l’Histoire des Noir·e·s, avait pour but d’inspirer et de motiver les étudiant·e·s mcgillois·e·s à poursuivre différentes carrières en ingénierie. Ayant pour slogan « Ne soyez jamais limités par l’imagination limitée des autres » tiré d’une citation de la Dre Mae C. Jemison, première astronaute afro-américaine, la soirée a recueilli cinq panélistes qui ont partagé tour à tour leurs expériences et conseils avec les étudiant·e·s. Elle s’est ensuite poursuivie par un souper, ainsi qu’une séance de réseautage.

Le but de l’événement, me partage Trixie, vice-présidente de NSBE, était « d’encourager la célébration de la créativité, et le courage de poursuivre son propre chemin, malgré les contraintes extérieures ». Fatima, responsable des événements de NSBE, ajoute qu’ « en tant que personne de couleur, ça peut être difficile de s’imaginer faire ce que l’on aime et être où l’on souhaiterait être, car on ne se sent pas forcément représenté·e·s ». Ainsi, de tels événements sont l’occasion d’entendre la voix de ceux et celles qui ont réussi à défier les obstacles et ont eu le courage de prendre des initiatives. Par exemple, Stephanie Kirichou, une des panélistes, a commencé sa carrière chez ABB, une entreprise spécialisée dans les technologies d’électrification, après avoir été diplômée de McGill. Aujourd’hui, elle a un cheminement unique en étant également DJ. Mélangeant entrepreneuriat et art, son profil est tout à fait atypique. Trixie m’explique que cela permet d’inspirer les étudiant·e·s, en leur montrant qu’il existe des options variées en dehors du profil traditionnel de l’ingénieur. Nuel Edeh, un autre panéliste diplômé de McGill, est parvenu à cofonder sa propre entreprise en 2020. Parmi les autres invités, on comptait Achille Ubalijoro, fondateur et directeur de Kabera Consulting, une agence d’accompagnement professionnel ; Rito Joseph, fondateur de Black Montreal Experiences, où il mène des conférences, présentations, ateliers et promenades pour célébrer l’histoire noire de Montréal ; et enfin Leslie-Anne Lewis, directrice de la diversité et de l’équité à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada.

En plus de ces interventions, Fatima me confie que la nourriture du souper a été particulièrement appréciée. En effet, le menu soigneusement préparé par Casserole Kréole était composé de plats traditionnellement caribéens et africains, tels que le riz djon djon, le griot haïtien, le poulet à la jerk jamaïcain et autres spécialités. Fatima explique : « c’était l’occasion de déguster le type de nourriture que je mangeais chez moi avant d’intégrer l’université. Je n’ai ni le temps ni l’argent de me les préparer ici et c’était donc très réconfortant de les retrouver au souper ».

En dehors de cet événement, NSBE est une organisation mondiale, notamment présente aux États-Unis et au Canada. Ses commanditaires lui permettent d’organiser des séances de réseautage au long de l’année, des interventions auprès des plus jeunes dans des écoles à Montréal, et, notamment, une conférence annuelle qui regroupe tout le réseau américain lors d’un forum de l’emploi. Leur but principal est d’accompagner les étudiant·e·s noir·e·s dans leur carrière en sciences ou en ingénierie en leur fournissant des ressources académiques. Chaque personne à McGill peut s’y impliquer en participant aux événements et à la réunion semestrielle ouverte à tous·tes. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter leur page Instagram @nsbemcgill et leur site Internet nsbemcgill.com.

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Vivre les élections fédérales allemandes à l’étranger https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/vivre-les-elections-federales-allemandes-a-letranger/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57661 Soirée électorale à l’Institut Goethe de Montréal.

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Dimanche dernier, environ 60 millions d’Allemands ont été appelés à voter pour les élections fédérales allemandes, afin d’élire un nouveau parlement. Ces élections anticipées avaient été annoncées par le chancelier Olaf Scholz en décembre, à la suite de la dislocation de la coalition « feu tricolore », composée du Parti social-démocrate (SPD), des Verts, ainsi que du Parti libéral-démocrate (FDP). C’est finalement le parti conservateur CDU/CSU de Friedrich Merz qui est sorti vainqueur des élections, avec 28,5% des votes. Pour cette occasion, le consulat général d’Allemagne à Montréal et l’Institut Goethe de Montréal ont organisé une « Wahlparty » ou « fête électorale » afin de permettre à la communauté germanique de suivre les élections en compagnie. Au total, une petite trentaine de personnes s’est retrouvée à l’angle de la rue Ontario et du boulevard Saint-Laurent, afin de partager ce moment autour d’un café, d’une pâtisserie, ou d’un bretzel.

Des élections cruciales

Si l’ambiance à l’institut Goethe était légère, les élections fédérales restent cruciales pour l’avenir de l’Allemagne. Le Bundestag [parlement] est la branche la plus importante de la gouvernance allemande – sa composition influençant quels partis gouvernent et qui devient chancelier·ère. Ces élections ont été marquées par une percée de l’AfD – parti d’extrême droite. En janvier, le parti avait notamment fait parler de lui lorsqu’un projet de « remigration » visant à expulser plus de deux millions de personnes étrangères ou allemandes d’origine étrangère. Pendant la campagne, l’AfD a bénéficié du soutien du milliardaire américain Elon Musk, avec qui la cheffe du parti, Alice Weidel, s’est entretenue en vidéoconférence sur la plateforme X, le 9 janvier dernier.

« Une fois de plus, une démocratie européenne voit un parti d’extrême droite réaliser un score historique »

Pendant la fête électorale, Le Délit a pu interroger Linda et Stefan, deux Allemands originaires de Bavière, établis à Montréal depuis un an. Linda nous a confié son ressenti sur le comportement de Musk : « pour moi, il est très inquiétant de voir un milliardaire américain essayer si ouvertement d’interférer avec les élections allemandes. Honnêtement, je ne pense pas que cela ait eu un gros impact sur les élections. Bien que cela ait provoqué une grande agitation dans les médias, ça n’a pas fait basculer les électeurs indécis vers une direction ou une autre. J’ai trouvé que la conversation entre Weidel et Musk était parfois gênante et maladroite, comme s’ils n’avaient rien à se dire… (tdlr) » Le parti d’extrême droite a réalisé le plus haut score de son histoire, se classant en deuxième position derrière le CDU/CSU avec 20% des suffrages. Regardant avec dépit l’écran géant, Stefan affirme : « c’est ce que les plus récents sondages prédisaient, donc je ne suis pas étonné, mais cela n’est tout de même pas agréable à voir. »

Observer depuis l’étranger

Pour les deux Allemands, cette première expérience de vote depuis l’étranger a été amère. Contrairement à d’autres pays, il n’existe pas de circonscription dédiée aux Allemands établis à l’étranger : les électeurs doivent voter pour leur circonscription d’origine, en Allemagne. Pour ce faire, ils sont contraints d’envoyer leur vote par la poste, ce qui a posé problème à de nombreux Allemands. Selon Linda, comme « les élections qui devaient initialement avoir lieu en automne ont été anticipées à la suite de la chute de la coalition, cela nous a laissé très peu de temps pour faire le processus administratif. Nous n’avons donc pas eu le temps de voter ». Dans un communiqué, la présidente fédérale des élections a reconnu avoir reçu de nombreuses plaintes à ce propos en fin de campagne, sans apporter d’autres réponses que « la seule option restante est de se rendre dans un bureau de vote en allemagne ». Préoccupé, Stefan ajoute que « le manque de numérisation et la bureaucratie moderne font que les élections sont en quelque sorte biaisées, car la majorité des personnes vivant à l’étranger sont plus progressistes, mais leur vote est perdu à cause de la lenteur administrative ».

Une fois de plus, une démocratie européenne voit un parti d’extrême droite réaliser un score historique. Malgré les signes de division et de polarisation indiqués par les résultats des élections, la fête électorale s’est déroulée
au sein d’une ambiance amicale. Cela montre que, malgré les potentielles divisions politiques, les gens peuvent tout de même se retrouver, pour discuter autour d’un café et d’un bretzel.

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Pour la prochaine fois… https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/pour-la-prochaine-fois/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57658 Proposition pour la libération d’un Québec souverain.

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L’acharnement, si la cause est juste, on appelle ça de la persévérance. On dira peut-être que je m’acharne contre la servilité libérale et sa détestable propension à faire de la politique un risible culte de la personnalité. Pouvez-vous vraiment m’en vouloir? À peine débarrassés du fanatisme frénétique pro-Trudeau, les Québécois vont devoir subir une énième campagne de séduction importée cette fois-ci au provincial. Les dignitaires et attachés (pour ne pas dire ligotés) de presse du Parti libéral du Québec (PLQ) ont jeté leur dévolu sur Pablo Rodriguez – ancien ministre de l’Assimilation québécoise (plus formellement, du Patrimoine canadien) et ministre des Transports sous Trudeau. Moi, l’Honorable Pablo Rodriguez, je le trouve parfaitement correct, parfaitement libéral. Il est aussi parfaitement digne de s’incliner devant un Parti Québécois renaissant de ses cendres. Mais de là à déclencher la Pablomania, à faire de moi (ou quiconque de minimalement sagace) un Pablophile : il y a tout de même des limites!

L’insipide et artificielle partisanerie dont est affublée la politique québécoise paralyse toute possibilité pour le Québec de s’arracher à l’emprise de l’oppresseur fédéral par mesure référendaire. Chaque minuscule enjeu fait l’objet d’une décortication chirurgicale suivie d’une prise de position plus ou moins cohérente, contribuant à la polarisation toujours plus excessive de l’électorat québécois. En voulant faire des gains modérés au prix de pertes mineures, chacun des partis se crée une base militante toujours plus radicale et intolérante au message d’autrui. On veut nous voir voter pour la meilleure politique migratoire, économique, socio-développementale – secteurs essentiels, mais voués à une éphémérité dépendante des allégeances politiques du parti au pouvoir. La plateforme caquiste (CAQ) devient alors complètement incompatible avec les valeurs promulguées par le Parti québécois (PQ) ou Québec Solidaire (QS) – les Québécois reléguant l’idéal indépendantiste au rang d’enjeu secondaire, minable, inatteignable.

Aux charognards fédéralistes de se pourlécher devant la carcasse que devient le camp du OUI. La mort de l’identité québécoise passe par une incompréhension de ce qui la garde réellement en vie. Les trois partis dont la plateforme n’exige pas une soumission humiliante à un Canada néocolonial anglophone sont incapables de délaisser leurs différends idéologiques dans la poursuite de l’indépendance. Un Québec socialiste, dadaïste, anarchiste ou gaulliste : quelle importance s’il est placé sous le joug étouffant d’un Poilièvre ou d’un Carney – deux maudits « francophones » de téléprompteur! La valorisation du Québec comme une nation francophone et identitairement détachée du Canada est une partie intégrante (à des degrés variables) de l’idéologie de la CAQ, du PQ et de QS – comment orienter leurs électorats vers la souveraineté?

Dépolitiser l’indépendance

Ma hantise de la partisanerie factice m’amène à présenter une solution focalisée sur la simple formation d’un Québec par un parti dont c’est le seul objectif. Pas de plateforme compliquée et orchestrée par le désir du plus offrant : un message, une promesse de poursuite acharnée de l’indépendance. Un parti qui, si élu démocratiquement, prévoit le déclenchement d’un référendum – permettant à un éventuel Québec souverain de décider de ses propres fondations par la suite. Il ne faut pas s’imaginer qu’en gagnant son indépendance, le Québec perdrait l’immense richesse politique qui le compose, mais plutôt qu’il serait enfin maître de toutes les facettes de son existence. La protection de la langue, de la culture et de l’autodétermination ne peut se faire autrement que par un référendum, pouvant n’être gagné que par l’union idéologique des Québécois pour la survie de leur identité.

Les fédéralistes dotés d’une capacité pour la lecture insisteront sur le fait qu’une telle initiative est un gaspillage de temps, l’appui référendaire étant d’à peine 34% en date de février 2025. Si seulement ils savaient interpréter ce déclin, forcé par la politisation de l’enjeu de l’indépendance! Si le PQ est encore le meilleur vaisseau disponible pour la sauvegarde du Québec, il reste imparfait, étant donné son incapacité à faire de l’indépendance son unique objectif. Il gagne de précieux votes en se prononçant sur différents enjeux pour gagner une bataille, l’élection de 2026 : en agissant ainsi, est-il en train de perdre la guerre pour la souveraineté du Québec? De ce questionnement émane la pertinence de proposer une alliance nationaliste, souverainiste, indépendantiste (peu importe la désignation de notre libération) : le futur du Québec en dépend. Peu importe le nom qu’elle porte ou le poids idéologique qu’elle sous-tend, notre nation doit prioriser le rejet de l’opprobre fédéral et la création d’un pays francophone.

Le réel combat

Il pourrait m’être proposé qu’être un fédéraliste n’empêche pas d’aimer le Québec, de vouloir son bien par sa présence dans un Canada fort et uni. Quelle manifestation épouvantable du syndrome de Stockholm! Quelle idée insensée de suggérer que le Québec s’épanouit au sein de la Royal Colonial Administration : toutes les mesures prouvent le contraire! Son identité s’effrite, sa langue disparaît inexorablement et sa richesse est partagée avec des profiteurs canadiens qui ne professent leur amour pour le Québec que pendant les campagnes référendaires. Les adorateurs commandités du système fédéral assurent que l’unité est la seule manière de résister à des despotes comme Donald Trump, mais ils plient lâchement l’échine dès la première confrontation! Comment oser prétendre que le Canada ferait mieux que le Québec alors que sa gestion étouffante le détruit de l’intérieur?

Nous, Québécois et Québécoises, plions l’échine depuis 265 ans face au colonialisme, tantôt britannique, depuis canadien. Non pas par lâcheté, mais à cause de l’influence pernicieuse qu’ont exercée le Doric Club, le PLQ et leurs sous-fifres dans la répression des Québécois nés pour la libération de leur peuple. Il est primordial de le constater et de passer outre les divisions artificielles créées dans des efforts de gain en capital politique. Qu’on ne me dise pas que je soutiens un Québec gouverné de manière totalitaire, par une idéologie monolithique! Je veux simplement l’alliance de la multitude pour un objectif qui va permettre la survie de la nation, qui continuera de voir sa politique fluctuer d’un côté à l’autre du spectre politique. L’indépendance, ce n’est pas une idée de droite, de gauche, du centre : c’est une valeur fondamentale de l’existence humaine.

Ce que les Québécois doivent comprendre lorsqu’ils exercent leurs droits démocratiques, c’est que la survie du Québec qu’ils aiment dépend de son indépendance, de sa libération de l’assujettissement fédéral anglophone. La disparition de la culture et de l’identité nationale serait la pire catastrophe dont notre peuple pourrait être la victime : elle est déjà solidement enclenchée. Battons-nous pour l’indépendance, envers et contre tous les opposants fédéralistes qui veulent étouffer la volonté d’exister d’un peuple francophone! La prochaine fois approche… saurons-nous enfin nous unir?

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Essence : quatre artistes montréalaises à l’honneur https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/essence-quatre-artistes-montrealaises-a-lhonneur/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57645 Une célébration de l’art et de l’identité noire dans cette exposition collective.

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Février, Mois de l’histoire des Noirs. Une période où l’on se retrouve, où l’on s’observe dans les reflets de celles et ceux qui nous ont précédés, et où l’on tente, à travers l’art, de raconter nos propres histoires.

Le 22 février dernier, au Quartier Jeunesse de Montréal, Cultur’elles MTL, un organisme dédié à la mise en avant des femmes issues de la diversité dans le domaine de la culture, des arts et des médias, nous a offert un espace pour le faire avec Essence.

Cultur’elles MTL

Dans cette exposition collective mettant en avant le travail de quatre artistes noires de la scène montréalaise, les visiteurs ont pu admirer photographie, peinture, crochet et multimédia dans un même espace. Les artistes mises en avant dans l’exposition étaient Sarah Béguineau, présentant des tableaux où la couleur dorée, symbolisant son vécu, domine ; Toromba Diawara, illustratrice et peintre, explorant ses émotions à travers l’utilisation de cordon et de fil ; BLCKQ, artiste et designer, qui fusionne art et tricotage pour créer des œuvres célébrant l’expression de soi ; et moi, Harantxa Jean, une artiste mêlant photographie conceptuelle et direction artistique, avec des projets comme ma série d’autoportraits CONTRAPPOSTO, engageant une réflexion sur la place des femmes noires dans l’histoire de l’art.

Cultur’elles MTL

Verres à la main, une communauté s’est rassemblée non seulement pour admirer l’exposition, mais aussi pour créer. Les participants ont eu l’opportunité de prendre part à des ateliers de perlage et de tressage animés par l’artiste Amanda Préval, tandis que les sœurs Rivera du spa Rivera Beauty ont ouvert un espace dédié à l’expression à travers le nail art. Assma, étudiante passionnée par le henné, a quant à elle proposé des designs inspirés de son héritage tchadien, et Frizzygyal, une artiste visuelle, nous a éblouis avec une performance de bodypainting en direct où elle a transformé des corps en véritables toiles vivantes.

Cultur’elles MTL

Pour compléter cette expérience immersive, Cultur’elles MTL a organisé un panel de discussion, où les artistes exposées ont été invitées à prendre la parole.

Quatre chaises sur scène, une lumière chaude, et une question posée d’emblée par l’animatrice : Comment intégrez-vous votre identité dans votre art ? Un silence dans la salle suit. Pas un silence pesant, mais plutôt celui d’une attente, d’une introspection collective. Puis Sarah a pris la parole : « Pour moi, l’art est un cheminement vers mes racines. Étant antillaise et française, il y a toujours eu une recherche de mon propre centre. Donc, mon travail, c’est un dialogue avec mon héritage. » Torumba a enchaîné, un sourire en coin : « Moi, c’est simple : mon art, c’est mon mood. Ce que je ressens, ce que je vis, tout passe par mes mains. Et avec cette expo, je voulais explorer de nouvelles matières, tester l’association entre la corde et la peinture. »

Cultur’elles MTL

Quand mon tour est venu, je parle d’absence. Le manque d’images non stéréotypées des femmes noires, l’absence d’un espace où notre beauté et notre force ne sont pas simplement tolérées, mais affirmées : « Grandir en aimant les médias, tout en n’y voyant personne qui me ressemblait, c’est un sentiment complexe. Mon travail, c’est une tentative de renverser ce narratif. De combler ce vide. »

Dans la salle, on acquiesce, on murmure, on se reconnaît. Et dans cette énergie collective, notre décision est claire : continuer de créer.

Le 22 février dernier au Quartier Jeunesse de Montréal, Essence fut une soirée où Montréal a répondu présent et où l’essence même de notre créativité et de notre identité a pleinement trouvé sa place.

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Le « couronnement » annoncé de Mark Carney https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/le-couronnement-annonce-de-mark-carney/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57641 Le point sur la course à la chefferie du Parti libéral du Canada.

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Il ne reste plus que 11 jours avant le dénouement de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada. Le 9 mars, les membres du parti désigneront non seulement leur nouveau chef, mais aussi le futur premier ministre du pays, qui occupera ses fonctions jusqu’aux prochaines élections fédérales. Alors que la campagne touche à sa fin, faisons le point sur les enjeux et les dynamiques de la course.

À l’heure actuelle, les sondages placent l’ex-gouverneur des banques du Canada et de l’Angleterre, Mark Carney, en tête, loin devant l’ancienne vice-première ministre de Justin Trudeau, Chrystia Freeland, l’ancienne leader du gouvernement à la Chambre des communes, Karina Gould, et l’ancien élu montréalais, Frank Baylis. Carney réussirait même à combler l’écart qui sépare les libéraux et les conservateurs dans l’opinion publique, avec un taux de popularité estimé à 39%, qui suit de très près les 40% du chef conservateur Pierre Poilièvre.

Liberal McGill, l’association officielle du Parti libéral du Canada à McGill, a choisi de soutenir la candidature de Mark Carney, qui aurait reçu « un appui massif de la part des membres (tdlr) », selon Quinn Porter, président de l’association. Ce dernier a expliqué au Délit que l’association a eu l’opportunité de rencontrer Carney, Freeland et Gould, « une expérience formidable qui a attiré de nouveaux membres et nous a permis d’aborder différentes idées ». Rowan Watchmaker, membre de Liberal McGill, explique que l’objectif principal de l’association est de « veiller à ce que les étudiants libéraux sachent quand et comment voter, tout en s’assurant qu’ils disposent de suffisamment d’informations sur tous les candidats pour faire un choix éclairé, en accord avec leurs valeurs personnelles ».

« Il faudrait vraiment un drame ou une catastrophe pour qu’il ne devienne pas le leader du Parti libéral du Canada le 9 mars »

Daniel Béland, professeur de science politique

Les candidats à la chefferie du Parti libéral

Afin d’éclaircir les enjeux de la course à la chefferie, le Délit s’est entretenu avec Daniel Béland, professeur de science politique canadienne à l’Université McGill et directeur de l’Institut d’études canadiennes à McGill (IÉCM). Le professeur Béland explique que le public a une image très favorable de Mark Carney, un candidat nouveau en matière de politique qu’on a tendance à voir comme un « grand technocrate, un économiste, un expert ».

Par rapport aux autres candidats, Carney a « plus de soutien populaire, plus de soutien de l’élite de son parti et plus de soutien financier. Il faudrait vraiment un drame ou une catastrophe pour qu’il ne devienne pas le leader du Parti libéral du Canada le 9 mars. »

La situation n’est pas la même pour le reste des candidats. Chrystia Freeland, ancienne vice-première ministre dont la démission en décembre a précipité celle de Justin Trudeau, peinerait d’après Béland à sortir de l’ombre du premier ministre. « Pendant neuf ans, elle a été ministre dans le cabinet de Justin Trudeau. C’est difficile pour elle de créer une distance entre elle et l’héritage Trudeau, parce qu’elle en fait directement partie », explique-t-il.

Quant aux candidats moins populaires, à savoir Karina Gould et Frank Baylis, le professeur rappelle que « les gens se lancent dans des courses électorales pour des raisons différentes. Il y en a qui se lancent dans une course à la chefferie pour gagner », comme Freeland et Carney, et d’autres qui se lancent plutôt pour gagner en visibilité. Gould, à l’âge de 37 ans, est encore considérée très jeune dans le milieu politique. En se présentant pour la course à la chefferie, elle se positionne pour un avenir en politique, elle « fait passer son message et elle se met de l’avant ». Il en va de même pour Baylis, le seul candidat québécois à la chefferie du parti.

Par ailleurs, la candidate Ruby Dhalla a été disqualifiée de la campagne le 21 février, en raison de « violations graves » des règles relatives à la campagne. Elle est notamment accusée d’avoir reçu des dons dépassant la limite individuelle autorisée, une allégation qu’elle nie catégoriquement. Dhalla a appris sa disqualification alors qu’elle était en pleine entrevue télévisée avec CBC.

« Le nouveau chef du Parti libéral devra rapidement s’imposer, car une lutte politique intense pourrait s’amorcer dès son élection »

Carney pas au bout de ses peines

Il est très probable que le candidat élu le 9 mars soit amené à représenter son parti lors d’élections générales anticipées. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, a en effet affirmé vouloir déclencher des élections dès le 10 mars si Mark Carney est choisi. Cette éventuelle élection, qui plane au-dessus du gouvernement canadien, s’accompagnerait d’enjeux bien différents de ceux de la course à la chefferie.

Selon le professeur Béland, « on va lancer des grenades à Mark Carney pendant la campagne. Et Carney n’a jamais fait de campagne électorale, pas même comme aspirant député. On ne l’a pas encore vu tellement en action ; et l’action, pour les politiciens, c’est une campagne électorale. C’est ce qui est le plus important ».

Dans ce contexte d’incertitude électorale, le Parti libéral du Canada cherche à ajuster sa position. Béland indique que « le plus important pour les libéraux, c’est de gagner, de rester au pouvoir ou d’obtenir le pouvoir. Je pense qu’il y a de plus en plus de consensus au sein du parti, qu’on se dirige vers un réalignement vers le centre, ou peut-être même dans certains domaines, vers le centre droit. Pour affronter Poilièvre, mais aussi parce qu’il y a la situation fiscale, la situation économique ». Quoi qu’il en soit, le nouveau chef du Parti libéral devra rapidement s’imposer, car une lutte politique intense pourrait s’amorcer dès son élection.

Poilièvre ne sait plus sur quel pied danser

Pierre Poilièvre, chef du Parti conservateur du Canada, se prépare déjà à affronter Mark Carney au cours des prochaines élections. Sur les réseaux sociaux, il enchaîne les attaques personnelles et politiques ponctuées de slogans. Le 20 février, il écrit sur la plateforme X : « Déjà vu. Carney imite la promesse du “petit déficit” de trois ans de Justin Trudeau […] Carbon Tax Carney est Just Like Justin. »

Selon le professeur Béland, le Parti conservateur a véritablement peur de la nouveauté qu’incarne Mark Carney. « Les conservateurs n’ont pas encore réussi à vraiment trouver la faille, le talon d’Achille de Carney. On l’appelle en anglais, “Carbon Tax Carney.” C’est un peu niaiseux. Ils n’ont pas l’air de trouver exactement le bon ton pour l’attaquer », explique-t-il.

Le Parti conservateur doit également s’adapter à un changement d’enjeux dans les prochaines élections présidentielles. Alors qu’il s’attendait à des débats centrés sur le coût de la vie et la taxe carbone, Poilièvre doit désormais composer avec un Canada profondément touché par la guerre tarifaire avec les ÉtatsUnis et une résurgence du sentiment patriotique. Béland affirme que Poilièvre « est en train de pivoter, mais c’est difficile pour lui parce que beaucoup de ses partisans aiment ou aimaient Trump. Poilièvre doit défendre le Canada, mais ne peut pas trop attaquer le président américain non plus ».

À quelques jours du vote, l’issue de la course semble presque scellée, mais l’avenir du Parti libéral et du paysage politique canadien reste incertain.

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/la-selection-dactus-du-delit-9/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57634 Projet ferrovaire Alto, ingérence au cégèp Dawson et finale de hockey entre le Canada et les États-Unis

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TGV TORONTO-QUÉBEC : UN PROJET À GRANDE VITESSE À L’AVENIR INCERTAIN

Ce mercredi 19 février, Justin Trudeau a annoncé le lancement du projet « Alto », visant à mettre en place des trains à grande vitesse (TGV) entre Toronto et Québec. Décrit comme « le plus grand projet d’infrastructure de l’histoire du Canada », Alto prévoit de desservir les arrêts de Trois-Rivières, Laval, Peterborough, Ottawa et Montréal. Le premier ministre a expliqué que ce projet vise à apporter des changements majeurs au réseau de transport ferroviaire canadien, car, selon lui, le système actuel « n’est tout simplement pas à la hauteur des Canadiens ». Grâce à Alto, les temps de trajet entre les grandes villes du tracé seraient réduits de manière significative : il faudrait environ 3 heures pour relier Toronto et Montréal, et seulement 1h30 pour aller de Montréal à Québec.

Le coût total du projet n’est pas encore connu, mais le cabinet du premier ministre a déjà estimé que 3,9 milliards de dollars seront dépensés dans la seule phase de développement du projet. Sur le long terme, le coût total pourrait s’élever à plus de 100 milliards de dollars.

Cependant, ces prévisions ne se manifesteront que si le projet est bel et bien réalisé. Le gouvernement
canadien a déjà promis à maintes reprises l’amélioration du réseau ferroviaire, et les Canadiens n’en ont pourtant jamais vu la couleur. D’aucuns seront d’autant plus sceptiques compte tenu que les responsables du projet n’ont présenté aucun échéancier. Par ailleurs, rien ne garantit que le prochain gouvernement reprendra le dossier après le départ du gouvernement Trudeau.

INGÉRENCE AU CÉGEP DAWSON : LA MINISTRE PASCALE DÉRY CRITIQUÉE

Ce mardi 18 février, la ministre de l’Enseignement supérieur du Québec, Pascale Déry, a admis avoir interféré directement avec le contenu d’un cours offert au collège Dawson, un des plus grands cégeps du Québec. La ministre aurait demandé d’éviter d’aborder le sujet de la Palestine dans ce cours, dont une des thématiques se nommait « appartenances palestiniennes ». Cette confession a lieu dans un climat de suspicion, avec des accusations portées depuis décembre à l’encontre du ministère pour abus de pouvoir, ingérence, et atteintes à la liberté académique dans certains cégeps. Au lendemain de la confession de la ministre, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) a exigé la fin immédiate de cette d’ingérence, sans quoi la capacité de la ministre à occuper ses fonctions devrait être remise en cause. La FQPPU estime que les incidents sont loin d’être isolés, et que « l’attitude de la ministre révèle un réel mépris pour les principes d’autonomie qui doivent pourtant guider les milieux de l’enseignement supérieur ».

Eileen Davidson | Le Délit

L’ingérence directe dans le contenu d’un cours sur la Palestine, dans le contexte actuel de la guerre à Gaza, pourrait mettre en évidence certains conflits d’intérêts impliquant Pascale Déry. En effet, celle-ci a siégé au conseil d’administration de la branche québécoise du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) entre 2016 et 2022, et a récemment entretenu des liens avec cette même entreprise de lobbyisme. Selon le cabinet de la ministre, l’intervention directe de la ministre dans les affaires du collège Dawson serait due à des signalements d’élèves concernant une montée de l’antisémitisme au collège depuis le début du conflit à Gaza. Certains enseignants ont pourtant expliqué que le cégep avait amplement les moyens de répondre lui-même aux craintes et requêtes de sa communauté. Cette affaire ternit un peu plus la réputation du gouvernement de la CAQ, déjà largement affaibli depuis plusieurs mois.

CLIMAX ABSOLU : LA GRANDE FINALE CANADA – ÉTATS-UNIS

Du 12 au 20 février s’est déroulé le tournoi de hockey des quatre nations comprenant les États-Unis, le Canada, la Suède et la Finlande. Couronnée par la double confrontation entre les deux géants d’Amérique du Nord, cette compétition s’est avérée épique.

Les différentes rencontres ont eu lieu à Montréal, au Centre Bell et à Boston, au TD Garden. Les règles de ce tournoi sont simples : les quatre équipes s’affrontent respectivement, puis une finale a lieu entre les deux équipes ayant accumulé le plus de points, en l’occurrence le Canada et les États-Unis cette année.

Eileen Davidson | Le Délit

Les deux voisins se sont rencontrés dans un match préliminaire, avec notamment trois bagarres en neuf secondes et la huée de l’hymne américain au Centre Bell. Les nombreux incidents dévoilent toute la tension et les enjeux extrasportifs de la rencontre, dans une période politique très tendue entre les deux pays, notamment à cause de la déclaration de Donald Trump proposant au Canada de devenir le 51e état des États–Unis. Malgré la défaite du Canada lors de ce match, une victoire contre la Suède et la Finlande leur a permis de se qualifier pour la grande finale face aux États-Unis.

Cette ultime confrontation avec, à la clé, un trophée et une victoire chargée de sens a commencé d’emblée sur les chapeaux de roues. Avec les huées de l’hymne canadien à Boston, le ton de cette rencontre était alors donné. Au cours d’un match épique, les Canadiens se sont imposés, notamment grâce à une belle performance du gardien de but Binnington et à un ultime but de Connor McDavid dans les prolongations qui délivre le Canada au paroxysme de suspense. Ô Canada a alors pu résonner dans l’enceinte du TD Garden, réjouissant et réunissant tous les Canadiens, le temps d’une soirée au moins.

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Les Rendez-vous Québec Cinéma https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/les-rendez-vous-quebec-cinema/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57604 Célébrer notre cinéma, affirmer notre culture.

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L e cinéma québécois traverse une période charnière. À l’heure où certains remettent en question son identité même, un festival comme le Rendez-vous Québec Cinéma (RVQC) devient plus qu’un simple événement : il s’impose comme un acte de résistance, un rappel essentiel de la vitalité et de la singularité de notre cinéma. Depuis plus de 40 ans, il demeure le seul festival entièrement consacré à notre filmographie nationale, offrant un panorama foisonnant du 7e art d’ici, des premières œuvres audacieuses aux films des cinéastes les plus établis.

« Pendant neuf jours, le RVQC devient le cœur battant de notre culture, un espace où le cinéma d’ici n’a pas à se justifier, mais simplement à exister, sous toutes ses formes »

Avec près de 200 films, dont une centaine de premières, et une programmation riche en rencontres, discussions et événements gratuits, le RVQC s’acharne à faire vivre le cinéma québécois en rassemblant public, créateurs et artisans de l’industrie. Car qu’est-ce qui définit véritablement notre cinéma? L’origine de ses créateurs? Son financement? Ses thèmes récurrents? Si l’identité du cinéma québécois semble insaisissable, ce festival prouve qu’elle existe bel et bien : mouvante, riche, profondément enracinée dans notre imaginaire collectif. Pendant neuf jours, le RVQC devient le cœur battant de notre culture, un espace où le cinéma d’ici n’a pas à se justifier, mais simplement à exister, sous toutes ses formes.

Premières mondiales

Parmi les nombreuses premières mondiales présentées cette année, deux films se démarquent par leur caractère incontournable : les œuvres sélectionnées pour inaugurer et clôturer le festival.

Le 19 février, Les perdants, documentaire coup-de-poing de Jenny Cartwright, a lancé les festivités. En suivant trois candidats aux élections provinciales de 2022, tous promis à une défaite certaine, le film expose avec une lucidité mordante les failles du système électoral québécois : ses obstacles accrus pour les femmes et les personnes racisées, son financement inéquitable, le poids écrasant des sondages et des médias. Ici, la défaite n’est pas qu’individuelle : c’est celle d’un jeu politique truqué, conçu pour écraser plus qu’élever.

Le jeudi 27 février, lors de la soirée de clôture, c’est MAURICE, documentaire intime de Serge Giguère, qui prendra le relais. Plus qu’un simple portrait de Maurice Richard, icône du hockey et figure emblématique de la culture québécoise, le film puise dans 35 ans d’archives inédites pour révéler l’homme derrière la légende. Entrelacé de témoignages exclusifs et de collaborations artistiques, MAURICE promet une immersion rare dans la vie du « Rocket ».

Les chambres rouges : un lancement sous haute tension

Dans le cadre du festival, j’ai pu assister au lancement du scénario du film Les chambres rouges (2023), à la Cinémathèque québécoise. Gratuit et accessible au public, l’événement proposait une performance en direct de la trame sonore du film, en présence de Pascal Plante, son réalisateur. Le film de Pascal Plante trouble autant qu’il fascine. On y suit une jeune femme, obsédée par le procès du « Démon de Rosemont », un tueur qui diffuse ses crimes sur le dark web. Muée par une curiosité maladive, elle tient mordicus à pénétrer la salle d’audience.

La musique oppressante était reproduite sur scène sans interruptions. Des projecteurs rouges illuminaient les trois musiciens, achevant de créer une ambiance lugubre, parfaitement accordée à l’affiche du film, celle-ci hissée en arrière-plan. Les morceaux oscillaient entre le doux grattement d’une guitare et le martèlement soudain de la batterie : le batteur, Dominique Plante, jouait avec une telle intensité qu’autour de moi, plusieurs spectateurs sursautaient au son des percussions, frappées avec vigueur.

Difficile d’imaginer Les chambres rouges sans sa trame sonore suffocante. Entendue en salle, elle vous prend à la gorge. Performée en direct, comme dimanche soir, elle devient presque physique : un grondement sourd, lancinant, qui pulse sous la peau, comme si l’angoisse avait trouvé sa fréquence. Une expérience à la fois troublante et captivante, qui prolonge l’impact du film bien au-delà de l’écran.

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Un rêve éveillé? https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/un-reve-eveille/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57595 Ce que les rêves peuvent nous apprendre sur nous-mêmes.

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A vez-vous déjà essayé de tenir un journal de rêve? Cela consiste, chaque matin, au réveil, à retranscrire sur papier les aventures et péripéties mentales qui nous sont arrivées au cours de notre sommeil. C’est un véritable effort cognitif que de se remémorer les images qu’a produites notre esprit pendant la nuit et ainsi reformer le casse-tête de nos rêves. Il s’agit de reconstituer une histoire sans queue ni tête et de comprendre comment on est passé d’une traversée du désert à dos de chameau, à une salle d’examen face à une copie blanche avant de se réveiller en sursaut. Mais pour s’initier à cet exercice, encore faut-il se souvenir de ses rêves, ce qui n’est pas toujours chose facile.

Je me suis entretenue avec le professeur Roger Godbout, professeur émérite au Département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, spécialiste du sommeil, afin de démystifier les rêves et de comprendre ce qu’ils révèlent sur notre santé mentale.

Théories des rêves

Selon le professeur, les rêves désignent « toute activité mentale qui a lieu pendant qu’on dort ». Aussi se distinguent-ils des rêveries et pensées floues que l’on peut avoir à l’état d’éveil. « Si tout le monde rêve, ce n’est pas tout le monde qui s’en rappelle », explique-t-il. En général, environ « un tiers des gens vont dire qu’ils rêvent fréquemment, un autre tiers qu’ils rêvent plus ou moins régulièrement, et un dernier tiers va déclarer ne jamais rêver ou très rarement ». Alors pourquoi certains se souviennent-ils mieux de leurs rêves que d’autres?

Le professeur Roger Godbout explique qu’il existe deux écoles de pensée par rapport aux rêves. Selon la pensée freudienne, les rêves permettent de laisser passer les messages de notre inconscient vers le conscient à travers un filtre, qui masque nos pulsions inavouables en les déguisant sous la forme de symboles. Si certains se rappellent moins leurs rêves, c’est que les mécanismes de défense psychologique qui censurent les messages de l’inconscient sont très présents. Dans les années 1970, les psychiatres Allan Hobson et Robert McCarley ont développé une nouvelle théorie du rêve s’opposant à celle de Freud : le modèle d’activation-synthèse. Selon cette théorie, les rêves sont le produit du travail de synthèse opéré par notre cerveau, qui, particulièrement actif pendant la phase de sommeil paradoxal (Rapid Eye Movement (REM) Sleep), ravive des souvenirs, des émotions et des sensations et les intègre sous forme de récit de rêve qui se produit quatre ou cinq fois par nuit. Le cerveau est également capable de traiter les signaux extérieurs et les conjugue à nos souvenirs lointains ou récents pour en faire un récit. La phase de sommeil paradoxal la plus longue se produit au petit matin, c’est donc surtout de notre dernier rêve dont on se souviendra le mieux.

« Quand le rêve devient tellement émotif, tellement dangereux, surtout pour soi, l’instinct de survie fait en sorte qu’on se réveille »

Roger Godbout, psychologue

Par ailleurs, « plus les rêves sont émotifs, plus on risque de se les rappeler », ajoute le professeur. Si l’on suit la logique de Freud, c’est parce que les émotions sont arrivées à un niveau plus acceptable et que l’on peut les laisser pénétrer le conscient. Cependant, « quand le rêve devient tellement émotif, tellement dangereux, surtout pour soi, l’instinct de survie fait en sorte qu’on se réveille », explique le professeur Godbout. C’est ce même instinct de survie qui nous empêche de ressentir de la douleur physique pendant un rêve.

Donner un sens

La mémoire onirique est comme un muscle que l’on peut renforcer en l’exerçant. À force de consigner nos souvenirs de rêve dans un journal le matin au réveil, on finit par se remémorer nos rêves de plus en plus précisément. « Au fur et à mesure qu’on le fait, les récits vont être de plus en plus longs », indique le professeur. Il est plus facile d’évoquer d’abord la fin du rêve, car plus frais à notre mémoire, d’après l’effet de récence. Par automatisme, notre prochain souvenir est le début du rêve ; c’est l’effet de primauté. « Après ça, il est plus facile de dérouler le récit, pas besoin d’être logique, pas besoin d’être séquentiel, pas besoin d’être exact », rassure le psychologue.

Lorsqu’on connaît le récit de son rêve, on peut commencer à interpréter ses symboles et comprendre ce qu’il révèle sur notre état de santé mentale et nos pensées profondes. À première vue, il est difficile de véritablement donner un sens à nos rêves. Ponctués de personnages et d’objets parfois farfelus, ils révélent une créativité et un pouvoir d’imagination dont on ne pensait même pas être doté. Selon le professeur, si un camion capable de parler ne nous étonne pas lorsqu’on rêve, c’est parce que la région cérébrale du jugement ne fonctionne pas pendant le sommeil paradoxal. Toutefois, les rêves sont aussi affectés par notre niveau d’anxiété : « Si je me couche en étant préoccupé par les contraintes que j’ai eues pendant la journée, je risque de faire des rêves qui ont un rapport à ça », explique-t-il.

Un cercle vicieux

La qualité du sommeil est, elle aussi, influencée par les rêves et la réciproque est vraie. « Si je fais des cauchemars, je ne dors pas bien, mais si je ne dors pas bien parce que je suis très préoccupé, je risque de faire des cauchemars », illustre le psychologue, mettant en évidence le cercle vicieux qui peut se répéter à l’infini. Parmi les facteurs qui peuvent affecter la qualité du sommeil et ainsi nos rêves, on retrouve les stimuli de l’environnement : « s’il fait froid ou que j’ai mal quelque part, mon rêve va être déplaisant », observe le professeur.

« 80% des émotions qu’on a dans nos rêves sont des émotions négatives »

Roger Godbout, psychologue

Certains cauchemars peuvent être provoqués par une expérience traumatique qui nous hante ou des pensées qui nous angoissent. Pour mettre fin au cycle infernal et soulager son anxiété, il est parfois nécessaire de suivre une thérapie, qui vise à modifier le rêve afin qu’il aboutisse de façon plus agréable. Ainsi, corriger ses cauchemars peut permettre un meilleur sommeil et ultimement une meilleure santé physique et mentale. Mais a‑t-on vraiment un quelconque contrôle sur nos rêves?

D’abord, le professeur rappelle que « 80% des émotions qu’on a dans nos rêves sont des émotions négatives ». Ainsi, « les rêves où ça va mal, c’est normal, c’est souvent comme ça » et il ne faut donc pas trop s’inquiéter, car de cette manière, « le rêve nous sert à faire face à l’adversité ». Cela ne nous empêche tout de même pas d’essayer de modifier nos rêves pour leur donner un meilleur contour. Bien qu’il n’y ait que 10% des gens qui font des rêves lucides, dans lesquels ils se rendent compte qu’ils sont en train de rêver, chacun peut travailler sur ses rêves après les avoir eus, en les reformulant de manière plus positive. Ainsi, si j’ai eu l’impression de tomber pendant mon rêve, je peux me dire plutôt que j’ai appris à voler. Changer le scénario d’un rêve, que ce soit par le dessin ou l’écriture, permet de mieux y être préparé lorsqu’il se reproduit et de ne plus le subir.

Enfin, le professeur rejette l’existence de rêves prémonitoires. Néanmoins, un rêve peut mettre en lumière des éléments essentiels à la solution d’un problème qui nous préoccupe, auxquels on n’avait pas pensé. Finalement, tenir un journal de rêve peut s’avérer une expérience agréable et utile.

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L’abandon des travailleurs étrangers temporaires https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/labandon-des-travailleurs-etrangers-temporaires/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57590 Précariser pour mieux s’en laver les mains.

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L e ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale a annoncé le 23 janvier dernier qu’à compter du 1er février 2025, les travailleurs étrangers temporaires n’auraient plus accès aux services publics d’aide à l’emploi. Cette décision s’inscrit dans une vague plus importante de mesures restrictives sur l’immigration – on peut notamment penser aux mesures visant les étudiants étrangers annoncées en 2024 – qui cherchent visiblement à limiter l’afflux de résidents non permanents au Québec. Cette politique soulève de véritables questions sur la justice et la logique derrière les politiques d’immigration de la Coalition Avenir Québec (CAQ), qui continue de reléguer au second plan la population immigrante québécoise.

Contre-intuitive et injuste

Il semble absurde de refuser des services d’aide à l’emploi à des personnes dont le statut est défini par leur capacité à travailler. L’existence même des travailleurs étrangers temporaires repose sur leur contribution à l’économie du Québec. Pourquoi leur retirer un soutien qui les aiderait à mieux intégrer le marché du travail? C’est une décision qui ne tient pas debout d’un point de vue économique ou social. Le gouvernement prétend favoriser l’emploi des résidents permanents et des citoyens, notant une hausse du taux de chômage au Québec. D’ailleurs, en ce qui concerne le taux de chômage au Québec, il se trouvait en janvier à 5,4%, demeurant largement inférieur au taux de chômage canadien de 6,6%. Il a même connu un recul depuis novembre dernier, alors qu’il atteignait les 5,9%.

Malgré tout, cette politique ne répond pas aux besoins réels du marché du travail. Au lieu d’encourager une intégration efficace des travailleurs temporaires, on leur complique l’accès à l’information et aux ressources essentielles. Les organismes mandatés d’offrir de l’aide en employabilité servent à faciliter l’intégration professionnelle des travailleurs temporaires en les outillant, en les informant sur les standards québécois et en les préparant au milieu de l’emploi spécifique au Québec. À mon avis, ce qui ressemble à une stratégie électoraliste populiste cache d’autres motifs : cette mesure se traduit plutôt par une précarisation forcée de travailleurs étrangers, ceux-ci représentant déjà une part vulnérable de la population.

Une stratégie d’usure calculée

Il ne faut pas voir cette décision comme un simple ajustement administratif, mais plutôt comme une tactique de fragilisation volontaire et consciente. La CAQ est connue pour ses mesures abusives, voire dérisoires quant à l’immigration : l’apprentissage du français en six mois ou une maîtrise préalable de la langue, restrictions accrues sur les domaines d’emploi prioritaires, et j’en passe.

Aujourd’hui, c’est l’exclusion des services publics d’aide à l’emploi pour les travailleurs temporaires. Demain, ce sera autre chose. Ces mesures ne font pas disparaître le besoin de main‑d’œuvre – le gouvernement estime qu’il y aura au-delà de 1,4 million de postes à combler d’ici 2030 – mais rendent le parcours plus difficile pour les étrangers souhaitant s’établir au Québec.

« Aux yeux de la CAQ, ils sont une population transitoire, au même titre que les étudiants étrangers, dont la pré- sence est tolérée tant qu’elle sert les intérêts économiques de la province, mais dont l’intégration durable n’est ni souhaitée ni encouragée »

J’irais même jusqu’à dire qu’on peut lire entre les lignes une volonté caquiste de pousser ces travailleurs à quitter la province, ou le pays, d’eux-mêmes. En rendant leur séjour au Québec plus complexe, la CAQ espère qu’ils repartiront plutôt que de s’accrocher à un système qui leur met constamment des bâtons dans les roues. Il s’agit d’un moyen de réduire la présence des travailleurs étrangers sans avoir à en interdire officiellement l’entrée. Aux yeux de la CAQ, ils sont une population transitoire, au même titre que les étudiants étrangers, dont la présence est tolérée tant qu’elle sert les intérêts économiques de la province, mais dont l’intégration durable n’est ni souhaitée ni encouragée.

Fragiliser l’économie québécoise

D’un point de vue purement pragmatique, cette décision me semble risquée pour l’économie québécoise. Je ne suis en rien économiste, mais, alors que la province fait face à une pénurie de main‑d’œuvre dans plusieurs secteurs, il me semble irrationnel de restreindre l’accès aux services qui facilitent l’employabilité des travailleurs déjà présents sur le territoire. Comment peut-on se permettre de renvoyer ces travailleurs alors que certains secteurs – pensons à l’agriculture, la santé, la restauration – dépendent grandement de la main‑d’œuvre immigrante? En rendant l’accès à l’emploi plus difficile pour ces travailleurs, la CAQ ne fait qu’aggraver la pénurie et met en péril des chaînes de production et de services essentielles. On s’attendrait plutôt à des mesures facilitant l’accès à l’emploi, pas l’inverse.

Une dérive politique plus large

Cette restriction s’inscrit dans un mouvement plus large de fermeture à l’immigration, au Québec et ailleurs. Le gouvernement Legault, souvent critiqué pour sa gestion de l’immigration, semble pourtant s’insérer dans une tendance mondiale de durcissement des frontières et de rejet des populations immigrantes. Dans un contexte où les crises économiques poussent plusieurs pays à resserrer leurs politiques migratoires, la montée de l’extrême droite et de la xénophobie alimente des mesures qui fragilisent les tissus sociaux et s’attaquent aux populations les plus vulnérables. Ces politiques ne règlent en rien les défis structurels du marché du travail, mais répondent plutôt à aux pressions populistes qui cherchent des boucs émissaires plutôt que de véritables solutions.

Dans un climat de compressions budgétaires, les premières victimes de ces politiques sont toujours les plus précaires. Les coupures dans le domaine de la santé, par exemple, affecteront d’abord de manière disproportionnée les personnes à risque ayant un accès limité aux soins. De la même manière, les restrictions sur l’emploi visent un groupe déjà marginalisé, renforçant leur isolement et leur vulnérabilité. Si on regarde à l’échelle mcgilloise, les compressions budgétaires de 45 millions annoncées le 7 février dernier par l’administration impacteront en premier les plus fragiles, les étudiants.

Ce qui se cache derrière ces mesures, c’est une vision de l’immigration comme un fardeau plutôt qu’une ressource. Pourtant, dans un Québec confronté à un vieillissement de la population et à un manque de travailleurs, les travailleurs temporaires, et plus largement, la population immigrante, sont plus que jamais essentiels. L’immigration au Québec est ce qui fait sa beauté, sa richesse, pas le contraire.

Main dans la main

Plutôt que d’imaginer des stratégies pour exclure les travailleurs étrangers temporaires, le gouvernement Legault ferait mieux de reconnaître leur rôle crucial dans le tissu économique et social du Québec. Cette politique est non seulement injuste, mais aussi contre-productive. Elle affaiblit la main‑d’œuvre locale, exacerbe les pénuries et véhicule un message de rejet aux immigrants qui pourraient autrement choisir de s’installer de façon permanente au Québec. Face à ces enjeux, il est essentiel de résister à ces discours d’exclusion et de rappeler que l’immigration n’est pas une menace, mais une force. Les travailleurs étrangers méritent mieux qu’un système qui les pousse vers la sortie au lieu de leur offrir des opportunités.

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Déclarations incendiaires de J.D. Vance à Munich https://www.delitfrancais.com/2025/02/26/declarations-incendiaires-de-j-d-vance-a-munich/ Wed, 26 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57585 Un tournant diplomatique dans la guerre en Ukraine.

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V endredi 14 février, à la Conférence de Munich sur la sécurité, réunissant des dirigeants mondiaux, des ministres et d’autres responsables politiques de premier plan, J.D. Vance a créé le choc. Alors que l’on pouvait s’attendre à ce que le vice-président américain s’exprime sur la guerre en Ukraine, les États-Unis demeurant leur principal soutien militaire face à l’invasion russe, il a surpris en ne prononçant pas un mot sur le sujet. Vance a plutôt choisi de donner une leçon aux représentants européens sur leur gouvernance démocratique : « la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est ni la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur externe. Ce qui m’inquiète, c’est la menace de l’intérieur : le recul de l’Europe sur certaines de ses valeurs les plus fondamentales. […] Dans toute l’Europe, je crains que la liberté d’expression ne recule (tdlr). » Je me suis entretenu avec Juliet Johnson, politologue et professeure de science politique à l’Université McGill spécialiste de la Russie, pour tenter de comprendre cette déclaration.

Un choix diplomatique (in)conscient

L’angle de l’attaque, la liberté d’expression, peut d’abord surprendre. Cette déclaration survient néanmoins à la suite de l’annulation du premier tour des élections présidentielles roumaines dans laquelle Călin Georgescu, candidat d’extrême droite pro-russe, est arrivé en tête, à la surprise générale, avec 22% des suffrages. La Cour constitutionnelle roumaine a pris cette décision sous suspicion d’interférence russe dans la campagne éclair du candidat sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok.

Ignorant ces éléments de contexte, J.D. Vance a interprété cette décision comme un signe de recul démocratique en Europe : « si vous avez peur de vos propres électeurs, il n’y a rien que les États-Unis puissent faire pour vous. » Au sujet de la Roumanie spécifiquement, il a déclaré : « lorsque nous voyons des cours européennes annuler des élections […] nous devons nous demander si nous nous tenons à des normes assez élevées. » Selon la Dre Johnson, l’utilisation de la notion de « liberté d’expression » n’est alors pas à prendre au premier degré : « J.D. Vance comprend la liberté d’expression comme la liberté pour lui et les partisans de Trump de dire ce qu’ils désirent sans être critiqués. » Un choix de mots qu’elle juge témoin « d’ignorance » alors que Trump prévoit d’interdire l’usage de quelque 120 mots dans les travaux universitaires américains, comme « préjugé » ou « climat » sous la menace de retraits de financement. « Leur partisanisme les empêche de voir cette décision-ci comme une attaque contre la liberté d’expression », indique-t-elle.

Plusieurs pistes peuvent être établies pour expliquer les déclarations de J.D. Vance : volonté de déstabilisation des démocraties libérales? Une envie de plaire à la Russie? Ou encore de créer le choc pour ne pas avoir à se positionner sur le sujet sensible de l’Ukraine? Dre Johnson, de son côté, est formelle : « l’objectif de ces déclarations est d’affirmer la dominance américaine et de semer la division en Europe. » Néanmoins, elle précise que « ces déclarations montrent surtout l’étendue du manque de culture de J.D. Vance vis-à-vis de l’Europe, et des relations internationales en général. […] C’est un novice à la confiance démesurée par rapport à ses connaissances. » Elle rappelle également que cette stratégie n’est pas forcément efficace : « un retour de flamme s’opère clairement ; les dirigeants européens ont remis sur la table la question des efforts de défense paneuropéens pour la première fois depuis longtemps. » Depuis une semaine, l’Europe multiplie en effet les sommets. Ses dirigeants étaient à Paris le lundi 17 février pour convenir de l’élaboration et du financement d’une politique commune de défense. Une réaction qui s’inscrit dans le contexte plus large de la non-fiabilité des États-Unis de Trump, qui sont « connus pour ne pas respecter les accords qu’ils signent », explique Dre Johnson.

Europhobie… et russophilie

Les propos du vice-président s’inscrivent dans une stratégie diplomatique plus large du camp de Trump vis-à-vis la guerre en Ukraine : celle de s’éloigner de l’Europe et de se rapprocher de la Russie. Le président américain s’est ainsi longuement entretenu au téléphone mercredi dernier avec son homologue russe Vladimir Poutine, sans la présence de l’Union européenne ni de l’Ukraine, dans la quête d’un plan de paix. Une discussion préliminaire de laquelle Poutine sort grand gagnant, selon Dre Johnson : « l’équipe de Trump a déjà concédé à tout ce que Poutine veut : la non-intégration de l’Ukraine à l’OTAN, l’abandon de plus d’un cinquième du territoire du pays, l’idée du besoin d’élections en Ukraine… ce sont les principales demandes du Kremlin! »

Comment comprendre alors ce revirement? Similairement à son analyse de J.D. Vance, Dre Johnson blâme « l’absence de compétences diplomatiques » de Trump : « l’auteur de The Art of the Deal commet deux fautes majeures : la relâche de tous ses leviers de négociations dès le début, et l’exclusion de partis clés. Ce sont des erreurs d’amateur. » En effet, l’absence de l’Ukraine des négociations, qui témoigne selon la professeure de « la vision du monde simpliste de Trump, concentrée seulement sur les grandes puissances », pourrait mener à l’échec de l’entreprise. « L’Ukraine, surtout supportée par l’UE, n’acceptera jamais ces termes, et les États-Unis ne peuvent pas les y forcer », explique-t-elle.

Volodymyr Zelensky, de son côté, commence à pointer du doigt ses désaccords avec la méthode Trump. Interrogé au lendemain du discours de Vance, il réclamait la présence de l’Europe et de l’Ukraine aux négociations : « nous sommes très reconnaissants à l’égard des États-Unis. Ils nous ont beaucoup donné et soutenu […] et nous sommes également très reconnaissants à l’égard de l’UE, un partenaire stratégique important. C’est pourquoi il faut que l’on soit au même niveau, côte à côte, et à la table des négociations. » D’abord diplomate, le président ukrainien a changé de ton mercredi, après que Trump a accusé l’Ukraine d’avoir « commencé la guerre », il a déclaré : « le président américain vit malheureusement dans un espace de désinformation [russe]. » Des propos soutenus par Dre Johnson : « Trump en sait très peu au sujet de l’Ukraine, et ment énormément, souvent par ignorance. Il a par exemple déclaré que la cote de popularité de Zelensky était de 4%, alors qu’elle est en réalité de 57%. C’est un grand consommateur de la propagande russe. » L’heure semble donc à l’escalade entre les deux leaders. Quelques minutes après notre entrevue avec Dre Johnson mercredi 19 février, Trump a qualifié Zelensky de « dictateur sans élections ». Le lundi suivant, les États-Unis ont voté contre une résolution de l’ONU condamnant la Russie pour la guerre, aux côtés de Moscou et de ses soutiens. L’administration Trump s’est également abstenue de voter sur sa propre résolution appelant simplement à une négociation pour mettre fin à la guerre. Les États-Unis ont ainsi confirmé leur rupture diplomatique avec l’UE et l’Ukraine à travers les organisations internationales.

Que doit-on attendre de la suite de la guerre?

Ainsi, malgré la tentative de diplomatie éclair du président américain, un accord de paix durable semble encore loin, selon Dre Johnson. Elle explique : « Vladimir Poutine, comme Trump, n’est pas connu pour respecter les accords qu’il passe. […] Pourquoi les Russes s’arrêteraient-ils, ils gagnent! Ils contrôlent un cinquième du territoire ukrainien, et n’ont aucune raison d’interrompre les hostilités. » Interrogée sur les difficultés militaires russes, elle répond : « ils traversent en effet des difficultés, notamment de conscription. Ils ont été obligés de promettre des bonus, d’appeler des soldats nord-coréens et des sociétés militaires privées. Mais tout est relatif ; ils restent moins en danger que l’Ukraine, qui risque des carences de ravitaillement militaire et de soldats. L’Ukraine demeure en effet un pays bien moins peuplé que la Russie, ce qui signifie que, malgré le nombre supérieur de pertes russes, chaque perte ukrainienne compte plus. » L’analyse de Dre Johnson nous permet d’y voir plus clair dans la diplomatie agressive de Trump et son administration. Quelques jours après le troisième anniversaire de l’invasion russe, l’arrêt des hostilités ne semble pas être facilité par l’arrivée au pouvoir des républicains. En ignorant les demandes et positions de l’Union européenne et de l’Ukraine tout en se rapprochant de celles de la Russie, Trump pousse l’Europe à une réorganisation stratégique.

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Un pari audacieux, relevé avec brio https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/un-pari-audacieux-releve-avec-brio/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57542 Six Characters in Search of an Author au Tuesday Night Cafe Theatre.

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Une mise en scène audacieuse, une troupe investie et un spectacle qui ne laisse pas indifférent·e : la toute première mise en scène de Solène Chevalier est une réussite. Plus qu’une pièce de théâtre, il s’agissait d’un véritable « passion project » pour la metteuse en scène.

Six characters in Search of an Author (Six Personnages en quête d’auteur) met en scène une troupe de théâtre en pleine répétition, interrompue par l’arrivée de six personnages inachevés, qui cherchent un auteur pour donner vie à leur drame. Le metteur en scène et ses acteur·rice·s, d’abord sceptiques, se retrouvent entraînés dans cette confrontation troublante entre fiction et réalité, où les frontières du théâtre vacillent.

Malgré la tempête qui faisait rage ce soir-là, le public était au rendez-vous pour assister à la création du Tuesday Night Café Theatre, troupe affiliée au département d’anglais de l’Université McGill. Voilà une belle preuve du succès de cette adaptation. L’esprit de camaraderie de la troupe y est sans doute pour beaucoup. Selon Solène, c’est d’ailleurs ce qui en fait la force. Dans les coulisses ou sur scène, cette chimie d’équipe transparaît. Les derniers préparatifs avant la représentation se font dans le rire et la bonne humeur, au gré des jeux d’improvisation et des exercices vocaux loufoques.

« Une mise en scène audacieuse, une troupe investie et un spectacle qui ne laisse pas indifférent·e : la toute première mise en scène de Solène Chevalier est une réussite »

Il faut dire que mettre en scène Six Characters in Search of an Author représentait un véritable défi. Lorsque Solène a soumis sa candidature au Tuesday Night Café Theatre, elle ne mesurait pas encore l’ampleur de la complexité du texte : sa structure non conventionnelle, marquée par des ruptures et un langage riche en double sens, rendait la mise en scène particulièrement exigeante.

Les monologues sont nombreux, parfois interminables, mais ils captivent grâce à une diction impeccable et à des interprétations solides. La Belle-fille (Leah) et le Père (Nikhil), qui ont les rôles les plus denses, s’imposent naturellement par la puissance de leur jeu. Malgré une répartition inégale du texte, chaque comédien·ne parvient à se démarquer. La Mère (Annabel) bouleverse par ses cris poignants et son regard larmoyant, tandis que le Fils (Hugo) captive par une colère contenue qui menace d’exploser à tout instant. Le rôle silencieux de l’Enfant, interprété par Édouard James, est une autre belle surprise. Sans prononcer un mot, le jeune comédien parvient à transmettre une gamme d’émotions saisissantes uniquement par le regard et les expressions du visage.

L’exploitation de l’espace scénique est particulièrement réussie : les acteur·rice·s ne se contentent pas du plateau, ils·elles débordent dans la salle, interagissent avec le public, font leur entrée par la même porte que les spectateur·rice·s. Cette forme de théâtre interactif se prolonge dans une mise en abyme orchestrée par le personnage du Metteur en scène (Mazdak). Accompagné de deux acteur·rice·s professionnel·le·s (Nicholas et Kyle), il s’évertue à reproduire le récit tragique des membres de cette étrange famille. Ce trio d’artistes insuffle une légèreté bienvenue grâce à un timing comique parfaitement maîtrisé, qui se double d’une réflexion sur la nature du théâtre.

Au-delà de son aspect métathéâtral, la complexité de la pièce relève de thèmes plus sombres, parmi lesquels la prostitution et le suicide. Si ceux-ci sont dévoilés dès le lever du rideau en guise de traumavertissements, leur traitement sur scène en est tout autre. Plutôt que de les exposer frontalement, la mise en scène les suggère habilement : un projecteur rouge qui isole la Belle-fille et le Père suffit à faire planer une menace palpable. De même, les trois coups de cloche en hommage aux trois coups de bâton classiques du théâtre marquent l’entrée dans cet univers troublant ; un clin d’œil au dénouement de la pièce, qui (alerte, divulgâcheur) se solde par un suicide, mais aussi une allusion à la Comédie Française – une institution que Solène apprécie particulièrement – qui souligne le début de chaque acte par le son de clochettes.

Malgré les nombreuses coupures effectuées, la pièce conserve toute sa puissance dramatique, à laquelle s’ajoute une série de scènes comiques : le jeu volontairement exagéré de Nicholas et Kyle, qui ironise sur le flair théâtral du Père et de sa Belle-fille, une série d’allusions pince-sans-rire aux monologues incessants du Père… Tous des moments qui sèment le rire parmi l’assemblée et qui contrebalancent le drame de la pièce.

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Une femme en tête https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/une-femme-en-tete/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57539 Critique de la pièce Sa dernière femme.

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Sa dernière femme, écrite par l’autrice canadienne Kate Henning et traduite par Maryse Warda, modernise le récit du personnage historique de Kate Parr, sixième épouse de Henri VIII, qui a changé le cours de l’histoire des femmes en se battant pour permettre aux héritières du roi britannique d’accéder au trône. Elle raconte son ascension au pouvoir et ses désirs de réformes, en plus d’explorer le thème universel de l’amour. Cette pièce féministe nous accompagne pendant 2h30 de tension et de retournements.

Sa dernière femme met en lumière le parcours des femmes dans l’histoire et met de l’avant un discours féministe souvent ignoré. On y voit des personnages féminins forts, qui doivent travailler à l’intérieur d’un système qui les rejette, et toutes les tensions et contradictions qui accompagnent ce processus. Kate Parr et les filles de Henri VIII doivent renoncer à des valeurs qui leur sont chères et une part de leur intégrité afin de favoriser leur accession au trône. Elles se perdent parfois dans le jeu dangereux du pouvoir et doivent participer à leur propre oppression dans le but d’arriver à leurs fins. Mais la fin justifie-t-elle les moyens?

Les personnages mis en scène par Eda Holmes sont complexes et bien travaillés ; le roi Henri VIII, que l’on souhaiterait détester à tout prix, révèle un côté parfois humain et vulnérable, ce qui ajoute une dimension plus profonde à son personnage. Les moments d’intimité entre le roi et sa femme sont touchants et donnent l’impression au spectateur d’être seul dans la chambre avec le couple, avec un éclairage focalisé sur leur lit placé au centre de la scène. L’aspect intime de cette disposition détonne avec l’arrière-plan gris à l’allure de béton, ce qui crée une impression de « cellule spatiale » ; il n’y a que la chambre qui existe. Les comédiens portent bien leur rôle : Marie-Pier Labrecque endosse celui de Kate Parr avec habileté et mène la pièce de façon impressionnante. L’interprète d’Henri VIII, Henri Chassé, lui renvoie la réplique avec autant d’assurance. Il n’y a pas de temps mort dans le jeu des acteurs ; les personnages prennent vie devant nos yeux. La pièce prend le pari de la modernité : les costumes contemporains et le décor à l’allure industrielle, ainsi que le registre actuel des répliques contribuent à la réactualisation du sujet.

Toutefois, il s’agit d’un pari plus ou moins réussi. La modernisation du texte contraste avec le récit et les dialogues, ce qui peut parfois nous faire décrocher de la pièce. Si à d’autres moments, elle nous en rapproche, en rendant l’intrigue et les références historiques plus accessibles, certains aspects historiques liés à la monarchie et à la bureaucratie royale britannique du 16e siècle complexifient inutilement l’histoire, la rendant moins accessible au grand public. De plus, ils contribuent à allonger la durée du spectacle, qui, rappelons-le, s’étend sur 2h30 avec un entracte de seulement quinze minutes.

Malgré tout, l’hommage à Kate Parr demeure réussi. Dans le contexte social et politique actuel, où certains dirigeants portent des propos dégradants sur les femmes de façon publique, il est d’autant plus pertinent de monter ce genre de pièce, qui nous rappelle que les femmes ont toujours joué un rôle actif dans l’histoire et que leurs voix ne seront pas effacées.

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Le Français: un atout? https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/le-francais-un-atout/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57531 Enquête sur l’accès à une correction paritaire bilingue à McGill.

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Le Québec peut se vanter d’être la seule province officiellement et véritablement francophone du Canada — muni de maintes lois et chartes visant à protéger l’intégrité de sa langue officielle. Le français est mis de l’avant comme un pilier de sa culture fondatrice, de ses institutions et de ses services : comment se porte-t-il réellement? En vérité, tous ces efforts législatifs semblent se buter à un inexorable déclin de l’utilisation du français comme langue principale au travail et dans les milieux académiques, tous groupes d’âges confondus. Cette détérioration de la langue nationale est sans doute attribuable à une pléthore de facteurs complexes que la présente enquête ne prétend pas identifier, préférant se concentrer sur des enjeux plus pertinents au quotidien des étudiants francophones mcgillois. L’Université McGill, microcosme anglophone au statut protégé, est tenue d’assurer la protection des droits de ses étudiants francophones de naissance, composant le cinquième de sa population inscrite, toutes facultés confondues. Elle redouble d’initiatives et de campagnes publicitaires, faisant la promotion d’activités valorisant la francophonie ou bien l’usage du français sur le campus — efforts louables dont Le Délit est un des principaux bénéficiaires.

Cette enquête passe outre les engagements parascolaires de l’Université et se penche davantage sur l’expérience académique concrète de ceux qui font le choix de remettre leurs travaux universitaires en français. Cette option, un droit acquis et protégé par la Charte de l’Université, est-elle réellement garantie? Les professeurs (et autres professionnels du milieu académique) engagés par McGill sont-ils réellement capables de fournir une correction paritaire, peu importe la langue utilisée par l’étudiant? La Faculté des arts — ses quelque 8 000 étudiants en faisant la plus fréquentée — est le point focal de cette enquête, choisie pour la diversité des disciplines qui y sont enseignées et pour l’importance de la rédaction dans la remise de travaux académiques. Le statut d’université de prestige qu’arbore fièrement l’Université McGill la rend particulièrement attrayante pour les étudiants internationaux, alors que plus de 150 pays sont représentés au sein de sa population étudiante. Cette diversité s’étend à son corps professoral, qui attire des académiciens des quatre coins du monde, permettant une richesse d’expertise inégalable bonifiant certainement l’enseignement offert. Malgré son statut bien défini d’institution unilingue, le recrutement de professionnels hors Québec expose la Faculté des arts à un dilemme quant à sa promesse de parité linguistique de correction.

Le corps professoral se prononce

Considérant la responsabilité de McGill quant à l’embauche d’employés capables d’assurer la correction (ou du moins une supervision de la correction) de travaux en français aussi qualitative qu’en anglais, quelles sont les attentes de l’institution quant au niveau linguistique initial de ses professeurs? Alain Farah, professeur agrégé du Département de littérature française, affirme que « le processus d’embauche n’exige pas du candidat de maîtriser le français — ni l’anglais! » Lui-même professeur de certains des rares cours pouvant exiger la soumission d’un travail dans une langue spécifique, il déclare ne pas se considérer suffisamment compétent en anglais pour corriger des travaux en cette langue à un niveau universitaire. C’est une chose de comprendre une langue et d’en avoir des compétences conversationnelles, mais c’en est clairement une autre d’analyser la pertinence d’un raisonnement complexe dans un domaine souvent très précis. Il révèle que, dans bien des cas, les professeurs sont unilingues anglophones, évidemment incapables de réaliser une quelconque correction autonome d’un travail en français. Sachant cela, quelles sont les ressources mises à la disposition de ces sommités par l’Université pour assurer un respect des mesures sur la protection des droits des francophones du Québec et d’ailleurs? Professeur Farah dit ne pas être au courant d’un tel système, et il n’est pas le seul.

« La question est de savoir si les travaux en français seront corrigés avec la même compétence et considération que leur contrepartie anglophone »

Dr Judith Szapor, professeure agrégée du Département d’histoire, abonde en ce sens. Citant les exigences du contenu de chaque programme de cours de la Faculté des arts, elle insiste sur le fait que la remise de travaux en français est un droit accordé aux étudiants par l’intermède d’une politique interne obligatoire. Cette déclaration, vous la trouverez formellement dans tout document de ce type transmis aux étudiants par les professeurs — qu’en est-il de son application? Bien qu’elle soit elle-même francophone de naissance, elle affirme ne « plus pouvoir corriger de travaux en français au même niveau qu’en anglais », faisant par exemple ses commentaires de correction en anglais sur les copies francophones. Elle nie cependant un quelconque laxisme quant à la correction, affirmant s’armer « d’un dictionnaire et d’outils grammaticaux lorsqu’elle ne comprend pas certaines tournures de phrase » — travail exemplaire dont elle est très fière. Cette fierté professionnelle et académique, me dit-elle, devrait être le standard du corps professoral, mais elle comprend que sa maîtrise du français n’est pas partagée par l’ensemble de ses collègues. De surcroît, elle n’a pas connaissance d’un centre d’aide à la correction pour les professeurs ou les auxiliaires d’enseignement unilingues et cite une problématique supplémentaire encore plus criante. En effet, dans des cours de niveau 300, 400 et 500, le sujet se raffine, la méthodologie individuelle d’enseignement se précise et les perspectives peuvent changer radicalement selon le chargé de cours. Comment alors déléguer la correction et assurer non pas uniquement une bonne compréhension du français, mais simplement une bonne compréhension du sujet?

Une conformité imparfaite

La question de la parité refait surface dans la barrière que peut causer la langue dans l’accès direct au professeur expert. Si les étudiants savent pertinemment que le professeur ne maîtrise pas le français, vont-ils réellement prendre le risque de soumettre leurs travaux en cette langue? Leurs droits sont-ils bafoués non pas par une mauvaise correction, mais plutôt par la seule crainte d’un manque de parité? Selon la Charte de McGill, le droit pour les étudiants d’être unilingues francophones serait protégé par leur droit de remise en français — aucune mention n’est faite des mécanismes pouvant assurer le respect de ce droit fondamental. Il en va de même pour la Charte de la langue française du Québec, qui prévoit aux articles 45–47 des mesures qui empêchent la mise en danger du français dans les processus d’embauche, sans pour autant garantir les droits des francophones. C’est cette nuance qui crée une zone grise, garantissant par exemple qu’on ne peut pas engager quelqu’un sur la seule base de la maîtrise de l’anglais, mais n’exigeant pas qu’elle sache s’exprimer en français — surtout dans une institution anglophone comme McGill.

Dans ces conversations avec les professeurs de différents départements, difficile d’ignorer la tendance du « don’t ask, don’t tell [ne pose pas des questions, ne dit rien, ndlr] » — alors que Dr Szapor avoue ne pas vraiment savoir comment ses collègues unilingues accomplissent une correction paritaire des travaux reçus. Professeur Farah est encore plus sceptique, sans pour autant mettre en question l’intégrité du corps professoral, alors qu’il affirme ne pas connaître à McGill une quelconque instance assurant une correction paritaire. Personne ne semble savoir ni vouloir s’informer sur les pratiques de ses collègues. Après tout, la correction et le contrôle de la qualité de celle-ci relèvent uniquement du professeur titulaire du cours, m’explique Dr Szapor : le silence règne dans les couloirs de la Faculté. La correction paritaire du français n’est pas un sujet de discussion entre collègues. On ne veut pas froisser ou offusquer, en questionnant la compétence d’un professeur, d’un ami.

Stu Doré | Le Délit

L’expérience francophone étudiante à McGill

Outre les témoignages des professeurs, une recherche de la base de services confirme l’absence d’une quelconque instance rendue directement accessible par les chargés de cours des différentes facultés. On relève l’existence des Services linguistiques de McGill — œuvrant dans la correction et la révision de textes en français —, mais une lecture approfondie montre que ce service s’adresse principalement à l’administration pour ses mémos institutionnels et autres documents officiels. Encore une fois, rien n’est rendu disponible aux étudiants ou aux professeurs pour assurer une correction réellement paritaire lorsque le français est utilisé. Malgré l’absence d’un quelconque système d’encadrement de la correction ou d’une vérification de la compétence linguistique des professeurs, certains étudiants persistent à remettre leurs travaux en français.

Éloïse, étudiante de troisième année en sciences politiques, est de ces irréductibles : Le Délit a donc voulu chercher à connaître son expérience quant à la correction de ses travaux. Il n’est pas question pour elle de juger de la capacité des professeurs à comprendre et à corriger en français : elle n’a aucune attente envers ceux-ci, étant donné leur présence dans une institution anglophone. Elle reconnaît également la variabilité indue causée par les différents professeurs, leurs différents barèmes de correction et les autres modalités de leurs cours. Essentiellement, il semble très difficile selon elle d’évaluer proprement le niveau de français du professeur ou de ses auxiliaires. Éloïse défend l’opinion selon laquelle cette correction en français est un droit qui ne lui est jamais refusé ; elle se questionne cependant sur les méthodes utilisées pour assurer le respect de ce droit. Elle ajoute : « je ne serais pas du tout étonnée si les professeurs ou leurs TAs [auxiliaires d’enseignement, ndlr] utilisent Google Translate (ou une autre plateforme similaire) pour faciliter la correction » — relevant une fois de plus la subtilité de l’enjeu dont cette enquête fait état. La question n’est pas de savoir si les travaux en français seront corrigés, mais bien s’ils seront corrigés avec la même compétence et considération que leur contrepartie anglophone. La correction est faite, la note est acceptée par l’étudiant et le cours est complété : justice est-elle donc rendue? Éloïse affirme n’avoir jamais eu de réel problème avec la correction de ses travaux ; pourtant, l’utilisation potentielle d’un logiciel de traduction n’est-elle pas un signe d’iniquité? Cette affirmation fait écho au message des professeurs Szapor et Farah, comme quoi aucune réelle ressource professionnelle n’est mise à la disposition des membres unilingues anglophones du corps professoral.

Comment prétendre à la parité de la correction si une pluralité de professeurs ne peut corriger ou superviser des travaux en français au niveau universitaire et que l’Université ne possède aucune exigence de maîtrise du français à l’embauche? Il semble donc que, malgré une multitude de politiques mises en place pour assurer le respect des droits des étudiants francophones, ceux-ci sont bien souvent soumis à des conditions de correction inégalitaires. Cela dit, le témoignage d’Éloïse ne se veut pas accusateur ni n’a‑t-il pour objectif de se plaindre : sa perception d’étudiante ne décèle pas l’inégalité recensée par les professeurs interrogés. Pas surprenant, selon Dr Szapor, étant donné l’opacité omniprésente au sein du corps professoral quant aux méthodes utilisées pour la correction : il serait difficile de percevoir une inégalité si l’on n’a même pas conscience du système qui la sous-tend.

« Je ne serais pas du tout étonnée si les professeurs ou leurs auxiliaires d’enseignement utilisent Google Translate pour faciliter la correction »

— Éloïse, étudiante de troisième année

Comment responsabiliser l’institution

Que doit retenir la communauté francophone de cette enquête sur la réelle parité des services linguistiques rendus par McGill? Selon Professeur Farah, il faut chercher à plonger plus profondément dans le système et à exiger davantage de comptes des professeurs et de leurs assistants. Le réel problème en soi n’est pas l’intégrité ou le professionnalisme ; il s’agit simplement d’inciter l’Université à fournir toutes les ressources nécessaires pour faire appliquer les politiques qu’elle rend obligatoires. Comme l’affirme le Dr Szapor, si l’Université et sa Faculté des arts obligent les professeurs à inclure ce droit fondamental dans leur programme de cours, elle doit contribuer à son application. Elle croit fermement que c’est la richesse linguistique — pas seulement du bilinguisme mcgillois — qui donne toute sa valeur à l’Université : il s’agit simplement de laisser tous les étudiants s’exprimer et être considérés équitablement.

Il existe tout de même différentes manières de faire valoir les droits des francophones à McGill. Les étudiants peuvent bien sûr, comme conseillé par Professeur Farah, assurer un suivi plus poussé de leurs travaux remis en français, surtout lorsqu’on « ne sait pas exactement qui corrige la copie », comme le souligne Éloïse. Si cette première mesure s’avère insatisfaisante, l’étudiant peut se tourner vers la Commission des affaires francophones (CAF) et plaider sa cause envers cet organe visant à faire valoir les enjeux de la francophonie sur le campus mcgillois. Bien que la population francophone soit minoritaire, la CAF s’assure qu’elle ne soit pas invisible et que ses intérêts soient défendus — incluant bien entendu la promesse de parité linguistique présente à l’article 19 de la Charte constitutive de McGill.

Cette enquête expose la principale faille des promesses faites par McGill à sa population étudiante francophone, mais montre également le bon vouloir de l’Université à assurer la survie du français en ses murs. Il s’agira simplement de rendre plus accessibles des ressources pour assister les professeurs dans leurs corrections et, surtout, d’imposer davantage de transparence quant aux processus individuels de correction. Le français, comme le dit Éloïse, est un droit. Pas une option, pas un privilège, mais bien un droit pour quiconque est inscrit au sein de cette Université — ceux qui l’utilisent ne devraient pas voir leurs résultats être déterminés arbitrairement ou différemment des autres. Comment protéger ce droit sans pour autant heurter l’immense richesse d’expertise contenue dans la Faculté? À vous de jouer, McGill…

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McGill prise d’assaut par des vandales https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/mcgill-pris-dassaut-par-des-vandales/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57527 Des dégâts matériels chiffrés en centaines de milliers de dollars.

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L e mercredi 5 février en dé- but de soirée, des cris, des chocs métalliques et des fracas de vitres brisées raisonnent sur le campus de McGill. Une quarantaine de vandales masqués prennent pour cible plusieurs bâtiments de l’Université. Le bilan est lourd : environ 30 vitrines du bâtiment Leacock sont fracassées, et cinq bâtiments sont vandalisés. Un examen de chimie qui avait lieu dans le bâtiment Leacock a été interrompu et plusieurs cours ont dû être écourtés.

L’action a été menée en un éclair: dans un communiqué publié sur le site anarchiste Montréal Contre-Information, les vandales se félicitent d’avoir « pris d’assaut » le campus de l’Université en moins de 15 minutes, sans que la police ni les gardes de sécurité ne puissent intervenir ou réaliser des arrestations. À ce jour, l’identité des vandales reste inconnue, et les forces de police montréalaises n’ont procédé à aucune arrestation.

Une attaque, plusieurs revendications

Dans le communiqué, les vandales affirment être des anarchistes « accompagnés d’amis », issus d’autres mouvements militants de Montréal. Leurs revendications sont multiples. En arrivant sur le campus, ils arboraient une banderole affichant l’inscription « Les institutions coloniales tomberont (tdlr) », et ont également laissé des graffitis derrière eux comme « 700 millions de dollars », faisant référence à l’acquisition et la rénovation de l’Hôpital Royal Victoria par McGill – sujet de nombreuses critiques depuis 2022. Les casseurs justifient aussi leur action par « la profanation de l’arbre de la paix », planté l’été dernier sur le Lower Field de l’Université par des militants et le collectif des Mères mohawks (Kanien’keha:ka Kahnistensera), puis rapidement retiré par McGill. Ils ajoutent à cela d’autres raisons, comme « la complicité historique de McGill dans l’expérimentation psychiatrique sur des enfants autochtones [notamment à travers le programme MK-Ultra, ndlr], et la transphobie et le racisme de son administration ». Une dernière raison mentionnée est le refus de l’Université McGill « de désinvestir du génocide et du complexe militaro-industriel [d’Israël, ndlr] ».

Les vandales expliquent dans leur communiqué que « McGill n’est rien qu’un symbole d’un système colonial et capitaliste duquel nous voulons la destruction totale », et le concluent avec : « Vive la Palestine, longue vie à l’arbre de la paix, mort au capital et à l’empire, fin au colonialisme et à la transphobie, nique McKill! »

La mairesse de Montréal Valérie Plante a rapidement condamné ces actes sur X, expliquant que « le droit de manifester ne justifie en aucun cas la destruction de biens. Montréal est une ville où l’expression doit se faire dans le respect des lois et des autres ». Deep Saini, recteur et vice-chancelier de l’Université, a quant à lui envoyé un courriel à l’ensemble de la communauté mcgilloise, dénonçant fermement ces actes et apportant son soutien aux étudiants et personnes présentes sur les lieux lors de l’évènement.

Point de vue étudiant

Afin de mieux comprendre ce qu’ont vécu les étudiants présents sur les lieux, Le Délit s’est entretenu avec Lana Dupin de Saint Cyr, étudiante de première année en biochimie, qui était en examen dans l’auditorium 132 du bâtiment Leacock lorsque les casseurs ont brisé ses vitres. Elle décrit : « On a entendu des bruits de métal et de verre. Tout le monde s’est retourné pour voir ce qui se passait. Moi j’étais dans le bas de la salle, donc je ne voyais pas, mais j’avais une amie qui était en haut à côté de l’entrée, et, par son expression du visage, on pouvait voir qu’elle était terrifiée. »

Lana explique que l’examen s’est néanmoins poursuivi : « Tout le monde a voulu rester concentré sur l’examen et les TAs [auxiliaires d’enseignements, ndlr] ne nous ont rien dit. » Ce sont les premiers étudiants à être sortis de la salle qui ont averti ces derniers, le professeur n’étant plus dans la salle à ce moment. Lana explique qu’aucune mesure majeure n’a été prise pendant l’examen. Les étudiants étaient seulement priés d’utiliser une autre sortie. Elle ajoute que lorsqu’elle est sortie de son examen, « des gardes de sécurité couraient dans tous les sens et prenaient des photos. Les gens étaient un peu sonnés. J’ai vu une fille pleurer et une autre qui appelait ses copines pour qu’elles viennent la chercher. La scène était vraiment impressionnante. »

Une action contre-productive?

Contacté par Le Délit, un représentant des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR) qui a voulu rester anonyme nous a affirmé que le collectif – particulièrement actif depuis deux ans et impliqué dans l’organisation de nombreuses manifestations pro-palestiniennes aux abords du campus – n’a pas de lien avec le groupe qui a réalisé l’action. Le représentant a néanmoins commenté : « cette action montre le mécontentement croissant sur le campus causé par le refus du Conseil des gouverneurs d’écouter les demandes de la majorité du corps étudiant pour le désinvestissement des entreprises complices du génocide à Gaza. »

Sur Reddit, l’action des vandales ne semble cependant pas avoir fait l’unanimité. Plusieurs internautes ont exprimé leur mécontentement à propos de la violence employée, ainsi que leur incompréhension sur les revendications précises des vandales. Lana semblait aussi sceptique vis-à-vis des manières employées : « Habituellement, je suis favorable aux revendications qui sont défendues par ces gens. Mais je pense qu’employer la violence comme ça ne défend pas bien la cause. Je ne suis pas sûre que faire peur aux élèves augmente le soutien des étudiants pour cette lutte. Il est possible que cela ait l’effet inverse. […] Je pense que ça donne même à McGill une excuse pour invalider ces causes et couper le dialogue avec les militants : McGill peut légitimement dire que ces collectifs sont violents et que ces personnes ont heurté certains élèves psychologiquement. » Pour Lana, la situation sur le campus est critique : « Plus ça continue, plus les gens se divisent et les points de vue deviennent extrêmes. Les étudiants sont de plus en plus divisés et ça joue sur l’environnement universitaire en général. Même dans ma résidence, il y a de plus en plus de frictions entre les personnes à propos de ces sujets, que ce soit sur les causes défendues ou bien les manières de protester. »

Le coût de l’intransigeance

Contactée par Le Délit, Sylvie Babarik, directrice adjointe des communications internes de l’Université McGill, nous a annoncé que « cela prendra plusieurs semaines, sinon des mois à réparer les vitres cassées. Étant donné le type et la taille des dégâts, on parle de dommages représentant des centaines de milliers de dollars ». Elle a ajouté que « l’Université encourage l’expression ouverte et respectueuse d’opinions et de points de vue divers, ce qui est fondamental pour sa mission académique. Toutefois, le vandalisme n’est pas une expression légitime du droit à la liberté d’expression ». McGill a annoncé collaborer étroitement avec les forces de l’ordre pour identifier les vandales et initier des procédures judiciaires ou disciplinaires à leur encontre. Dans son courriel adressé à la communauté étudiante à la suite de l’attaque des casseurs, Deep Saini a aussi réaffirmé la position de l’Université vis-à-vis d’un potentiel désinvestissement à l’égard de l’État israélien : « Soyons clairs : l’Université continue de rejeter fermement toute proposition de BDS [Boycott, Désinvestissement Sanctions, ndlr]. » L’Université n’a néanmoins pas réagi aux autres revendications des vandales.

« Les manifestations et dégradations matérielles sur le campus font désormais partie du quotidien des étudiants »

Les manifestations et dégradations matérielles sur le campus font désormais partie du quotidien des étudiants. Mercredi dernier, c’est le bâtiment Bronfman de la Faculté de gestion qui a été cible de vandales : son entrée principale s’est vue recouverte de peinture rouge et de graffitis « Coupez les liens avec Israël » ou encore « Désinvestissez du génocide ». Cet incident n’est donc pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une augmentation des mouvements de protestation à l’encontre de l’administration de l’Université. En effet, selon Sylvie Babarik, McGill a enregistré 14 incidents du même type depuis le 24 octobre 2024. Si les revendications des vandales anarchistes manquent de clarté, elles résument néanmoins les nombreuses problématiques qui sont source de discorde au sein de la communauté universitaire. Malgré la pression des étudiants et militants montréalais, l’administration de McGill reste intransigeante, laissant un climat d’incertitude quant à une potentielle désescalade des tensions à l’avenir.

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Accès restreint au Blues Pub : un tollé étudiant https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/acces-restreint-au-blues-pub-un-tolle-etudiant/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57522 La communauté étudiante répond à cette mesure controversée et son annulation.

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L a semaine dernière, les élèves de McGill ont fait l’expérience d’un drôle de scandale. Le 12 février, le Blues Pub, bar étudiant de la Faculté de génie, a annoncé sur sa page Instagram qu’il sera désormais nécessaire de présenter une carte étudiante de cette Faculté pour avoir accès au bar, avec deux invités non-ingénieurs maximum. Cette décision a immédiatement fait polémique, car, jusque-là, les bars étudiants de McGill (BdA, 4à7, Detention Den, le Practice Room et Blues), acceptaient sans conditions tous les étudiants, peu importe leur programme. Au final, la décision a été annulée, en particulier à cause des réactions négatives des étudiants.

Un fort engouement étudiant

La réponse de la communauté et des autres bars étudiants, teintée de surprise et d’incompréhension, s’est surtout manifestée sur les réseaux sociaux, visant à manifester leur mécontentement par rapport à la décision. Cette réaction s’est traduite par un grand nombre de commentaires d’étudiants sous la publication initiale, indiquant le fort intérêt de la communauté pour la question. Beaucoup d’étudiants ont fait référence au deuxième principe fondateur de Blues : « Le Blues Pub est peut-être organisé par des ingénieurs, mais cela ne signifie pas que nous n’accueillons pas les autres à bras ouverts (tdlr). » La nouvelle politique a ainsi suscité une grande incompréhension, compte tenu de son opposition directe à ce principe. Rosa*, étudiante de troisième année dans la Faculté des arts, et habituée du Blues Pub, explique avoir été affligée par une décision qu’elle estimait complètement injustifiée : la nouvelle règle établissait selon elle « une différenciation inutile et préjudiciable au sein du corps étudiant ».

Des réponses humoristiques

Sur Instagram, le BdA, le 4à7, le Detention Den, et le Practice Room, ont publié une déclaration commune en réponse à la mesure de Blues. Sous la forme d’un montage au fond sarcastique, teintée de références à la guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les bars ont évoqué vouloir « répondre avec la force appropriée » envers cette « interdiction mal conçue, flagrante, et qui sème la discorde », et ont invité les membres de leur communauté qui s’opposent à cette « politique protectionniste » à les rejoindre pour boire un verre. Au vu de ces réactions, Blues Pub est très rapidement revenu sur sa décision, annulant le changement de politique sur Instagram. Sur la publication de l’annulation, les étudiants ont encore une fois répondu avec humour : « Je dirai à mes enfants que c’était ça la Boston Tea Party », « les alcooliques ont gagné », ou encore « que sonne la cloche de la liberté ».

Bien qu’elle ait « trouvé hilarants les commentaires et le drame entourant la politique », Rosa estime que le simple fait que la politique ait été mise en place initialement est inquiétant, et ce, malgré la contre-décision du bar et l’improbabilité de changements majeurs sur le long terme. À voir si le tollé aura un impact sur la réputation du bar à l’avenir.

*Nom fictif

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Dandysme, histoire et fierté : aux origines du Met Gala 2025 avec Dre Monica L. Miller  https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/dandysme-histoire-et-fierte-aux-origines-du-met-gala-2025-avec-dre-monica-l-miller/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57518 Entrevue exclusive avec la co-commissaire de l’exposition Superfine : Tailoring Black Style, inspirant le thème du Met Gala 2025.

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Depuis 1948, une soirée marque le lancement de l’exposition de l’Institut du costume du Metropolitan Museum of Art de New York (Met). Maintenant fixée au premier lundi du mois de mai, cette soirée réunit la crème de la crème d’Hollywood au Met pour le Met Gala, transformant ses marches mythiques en un théâtre où haute couture rencontre mise en scène, réinterprétant ainsi le thème de l’exposition printanière à travers des créations spectaculaires.

Cette année, le thème du Met Gala, qui se tiendra le 5 mai sous la coprésidence d’Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, rend hommage à un héritage stylistique majeur avec Superfine : Tailoring Black Style, une exposition explorant l’importance du dandysme noir dans la construction des identités et du style afro-descendant. Pour donner vie à cette célébration, Wintour invite à la coprésidence le septuple champion du monde de Formule 1 Lewis Hamilton, l’acteur nommé aux Oscars Colman Domingo, les rappeurs récompensés aux Grammy Awards Pharrell Williams et A$AP Rocky, ainsi que l’icône de basketball LeBron James, qui officiera en tant que président honorifique.

Sport, cinéma, et musique confondus, ces hommes incarnent à la fois l’audace et le raffinement du dandy, soit d’un homme pour qui le style vestimentaire est un mode d’expression. Leurs origines afro-descendantes et leur port fréquent de complets sur-mesure renforcent d’autant plus le thème du dandysme noir et du tailleur (tailoring), nous laissant déjà entrevoir les looks du gala et les œuvres de l’exposition, qui seront dévoilées en mai prochain.

Pour enrichir mes réflexions, je prends contact avec celle qui a imaginé cette exposition seize ans auparavant : Dre Monica L. Miller, créatrice et architecte intellectuelle du thème du Met Gala 2025. En effet, c’est son étude magistrale sur le dandysme noir publiée en 2009, intitulée Slaves to Fashion : Black Dandyism and the Styling of Black Diasporic Identity, qui sert d’inspiration pour l’exposition Superfine : Tailoring Black Style, dont elle est également la co-commissaire. C’est dans cet ouvrage que la professeure au Barnard College de l’Université Columbia m’éclaire notamment sur l’importance du vêtement comme outil de liberté.

Alors, en me préparant à notre échange, je décide d’incarner, à ma manière, l’esprit dandy. J’enfile ma veste de complet bicolore aux boutons d’argent, prête à converser avec celle qui a donné au dandysme noir son badge de noblesse.

Pourquoi le dandysme?

Il est surprenant d’apprendre – lorsque l’on considère l’influence majeure du dandysme sur l’évolution de la mode – que Superfine : Tailoring Black Style est la première exposition de l’Institut du costume du Met à se concentrer sur la mode masculine depuis Men in Skirts (2003). Originaire du 18e siècle en Angleterre, puis adopté en France, le dandysme est avant tout un art de vivre, centré sur l’attitude flamboyante et l’apparence raffinée d’un homme de la haute société. Nombreux sont ceux, moi incluse, qui découvrent cette tradition à travers des figures européennes, telles qu’Oscar Wilde ou Charles Baudelaire. Mais pour Dre Miller, c’est tout le contraire.

Elle m’explique que son intérêt pour le dandysme est né d’un moment précis, une découverte lors de ses études supérieures à l’Université Harvard : « Lors de mes études doctorales, j’ai eu le plaisir de suivre un cours enseigné par Cornel West sur le sociologue W.E.B. Du Bois. Nous avons fait une lecture approfondie de The Souls of Black Folk [1903], (tdlr) », raconte Dre Miller. C’est dans ce contexte que l’idée du dandysme noir s’est imposée à elle, à travers une note de bas de page mentionnant que Du Bois avait été caricaturé en tant que dandy, et qu’il détestait cela. « Du Bois était toujours impeccable dans son apparence, donc ça n’avait pas de sens pour moi parce que d’après ce que je pouvais voir, le dandysme qu’il représentait était positif et au service de sa dignité. »

Mais la réaction de Du Bois, selon Dre Miller, révèle un enjeu plus profond : celui de la perception et de la représentation. « Ce qu’il n’aimait pas, c’est que l’on associait son style aux formes de divertissement de grimage en Noir [blackface], qui, au début du 19e siècle, se produisait encore régulièrement », poursuit Miller. Elle m’explique qu’il n’a jamais voulu que son éducation, ses choix vestimentaires et son attitude soient associés à la moquerie et à la dévalorisation du peuple noir. Ce moment a été un tournant décisif, l’amenant à creuser davantage sur le sujet, devenant ainsi le sujet de sa thèse à Harvard.

Au-delà de ses recherches universitaires, la professeure se souvient aussi de ses premières influences, qui remontent à son adolescence : « En réalité, mon intérêt pour la mode remonte plus loin que l’école doctorale. En parlant avec un ami, je me suis rendu compte qu’au secondaire, j’avais déjà commencé à écrire sur la mode et sur ses éléments classiques dans un journal étudiant. » C’est un moment d’introspection que nous avons en commun, alors que je lui partage que j’ai moi aussi commencé à écrire sur la mode dans mon journal étudiant, alors que j’étais encore au primaire ; une habitude que j’ai d’ailleurs ravivée dans la section Culture du Délit. Cependant, notre intérêt commun pour la mode est peut-être moins anodin que je ne le pense.

L’histoire du dandysme noir peut, en effet, être envisagée sous deux angles. « Il y a, d’une part, une origine liée aux premiers contacts entre Africains et Européens et, d’autre part, une origine plus individuelle, marquée par une inclinaison personnelle à jouer avec le style vestimentaire », m’explique Dre Miller. Durant la traite négrière transatlantique, la professeure souligne que les captifs étaient dépouillés de leurs vêtements durant la traversée, pour ensuite recevoir une tenue uniforme en arrivant en Amérique. Cette observation peut projeter l’idée que l’élégance des Noirs serait née uniquement au contact des Européens, mais ce que Dre Miller nous montre, c’est que, même dans la contrainte de l’esclavage, il y avait une intention, un choix.

« Il y a cette tension entre la manière dont les Noirs ont été représentés par les autres, et la manière dont ils se sont toujours efforcés de se représenter eux-mêmes, et la politique de cette représentation est à la fois difficile et libératrice. Pour les esclaves, leurs identités étaient effacées par ces vêtements standardisés, mais, en même temps, certains tentaient de se distinguer. Parfois, c’était un simple bouton, un accessoire, une manière particulière de porter une pièce qui signalait une identité propre. » Elle rajoute un élément essentiel : certains esclaves domestiques [house slaves] étaient vêtus avec ostentation pour refléter la richesse de leur maître, un phénomène qu’elle qualifie de « déshumanisant, car ce n’était pas leur choix ». Cependant, sous cette obligation, les domestiques comprennent « immédiatement que l’habit a un pouvoir, et qu’il peut être utilisé pour façonner une identité ».

« Cette année, le thème du Met Gala rend hommage à un héritage stylistique majeur avec Superfine : Tailoring Black Style, une exposition explorant l’importance du dandysme noir dans la construction des identités et du style afro-descendant »

Cet aspect identitaire se révèle important lorsqu’elle évoque également l’influence de sa famille dans son attrait au dandysme noir : « Chaque famille noire compte des membres qui accordent une attention particulière à leur style, et la mienne ne fait pas exception. » En effet, ce désir de s’habiller soigneusement dépasse une question du goût : il relève d’une science, celle de l’enclothed cognition – la manière dont nos habits façonnent notre attitude. Dre Miller nous fait comprendre que cette notion est en relation avec le dandysme : « La mode, le vêtement, le style, et le dandysme en particulier, ont été utilisés par les Noirs comme un outil. Parfois pour affronter des réalités difficiles, mais aussi pour transcender ces réalités, pour atteindre la joie, pour s’autodéfinir, autant que possible. »

Donc, pourquoi le dandysme? Parce qu’il est partie intégrante de l’émancipation des Noirs. Durant et après l’abolition de l’esclavage, le dandysme est pour les peuples afro-descendants un outil de résistance face aux perceptions sociales. Désormais présenté sur la plus grande scène de l’industrie de la mode, le Met Gala et l’exposition inspirée de Slaves to Fashion démontreront comment l’héritage du Black dandy continue d’évoluer.

Superfine : Tailoring Black Style

S’appuyant sur l’essai Characteristics of Negro Expression (1934) de Zora Neale Hurston, l’exposition Superfine: Tailoring Black Style explore les caractéristiques du dandysme noir à travers 12 catégories, allant de Propriété, Présence et Distinction, à Beauté, Cool et Champion. Bien que Dre Miller ne m’ait mentionné dans quelle catégorie figurera une partie fondamentale de l’exposition, c’est en apercevant un dessin de Toussaint Louverture dans la vidéo promotionnelle de l’exposition que mon cœur a bondi.

Étant d’origine haïtienne, je ne pouvais ignorer la résonance entre la Révolution haïtienne de 1804 et la manière dont le dandysme noir, à travers l’histoire, a façonné la perception du héros noir. Dre Miller acquiesce : « C’est une excellente observation. Ce qui est fascinant, c’est que, dans mon livre, Haïti n’est mentionné que brièvement, mais dans l’exposition, le pays occupe une place centrale. » Elle poursuit : « Nous avons une section entière de l’exposition qui explore la tenue militaire et la façon dont elle confère une certaine prestance. Nous avons des images de Toussaint Louverture, avec son habit militaire soigneusement porté, mais aussi une galerie entière de portraits d’hommes politiques haïtiens qui lui ont succédé. Ils dégagent une prestance royale qui, bien que semblable à celle des dirigeants européens, avait une signification radicalement différente. »

Je l’écoute, fascinée. La Révolution haïtienne ne représente pas seulement un moment clé dans l’histoire des Noirs, mais aussi un tournant dans la manière dont ils se sont représentés à travers le vêtement. Dre Miller enfonce le clou : « À l’époque, voir des Noirs libérés s’auto-représenter ainsi suscitait un mélange de fascination et de crainte. Une crainte respectueuse, car ces hommes s’imposaient non seulement par leur statut libre, mais aussi par la manière dont ils se présentaient au monde. » Combien de fois a‑t-on parlé de la mode haïtienne sous cet angle? Trop rarement. « C’est pourquoi il était essentiel pour nous d’en faire un point central de l’exposition », affirme-t-elle.

Avançons à l’ère actuelle, et l’héritage du dandy noir est omniprésent. Impossible de ne pas créditer l’influence d’André Leon Talley, le premier directeur artistique noir de Vogue, dans la conception du dandy moderne que l’on peut voir chez Colman Domingo par exemple, que Dre Miller qualifie d’ailleurs comme « l’un de [ses] dandys modernes préférés ».

« La mode, le vêtement, le style, et le dandysme en particulier, ont été utilisés par les Noirs comme un outil. Parfois pour affronter des réalités difficiles, mais aussi pour transcender ces réalités, pour atteindre la joie, pour s’autodéfinir, autant que possible »

- Dre Monica L. Miller, créatrice du thème du Met Gala 2025

Je demande alors à Dre Miller si, malgré les racines coloniales du dandysme, son esthétique conserve sa portée radicale, ou si elle a été récupérée par le mainstream [le courant dominant]. Quelles sont les implications, par exemple, lorsque des icônes comme A$AP Rocky sont célébrées pour leur « swagger » ou leur « drip », alors que les racines historiques de ces expressions stylistiques sont ignorées? Cela amoindrit-il la signification du dandy noir?

Dre Miller secoue la tête : « Non, je ne pense pas que cela la diminue. Une des choses qui m’a frappée en transformant mon livre en exposition, c’est à quel point cette histoire, même quand elle n’est pas explicitement reconnue, est toujours là, présente, implicite, vivante. » Pour Miller, ce n’est pas seulement une question de vêtements, mais d’attitude : « Le dandysme, on le définit souvent par le complet. Mais ce qui compte, ce n’est pas juste le complet, mais ce que la personne fait avec. Comment il est porté, comment il est stylisé, comment il bouge. J’étudie comment la personne habite le vêtement. »

Elle insiste sur le fait que des styles populaires, enracinés dans les cultures afro-descendantes, ne disparaissent pas, même lorsqu’ils ne sont pas revendiqués ouvertement : « L’histoire ne s’arrête pas. Quand on regarde les figures contemporaines du style, on voit ces traditions évoluer, parfois explicitement, parfois implicitement. Même si elles ne sont pas reconnues par tous, certaines personnes les perçoivent. Et avec cette exposition, j’espère que davantage de gens apprendront à les voir. »

Dre Miller souligne également que le dandysme est une performance : « Il y a une part d’incarnation et une part de public. Et parfois, ce public, c’est soi-même. » Sans même le savoir, j’assiste à une exclusivité. La semaine dernière, le code vestimentaire du Met Gala a été révélé : Tailored for You [Conçu pour soi-même]. Les invités devront honorer la thématique du sur-mesure en revisitant l’élégance du complet, une pièce propre à l’histoire du dandy noir.

Avec cette réflexion en tête, comment anticiper les choix vestimentaires des invités? Dans Slaves to Fashion, Dre Miller écrit à la page 14 que « deux hommes, un noir et un blanc, vêtus du même complet et du même chapeau, ne le porteront presque jamais exactement de la même manière. » Il ne reste plus qu’à attendre l’apothéose annuelle de la mode, le 5 mai prochain, pour voir quelles célébrités et designers s’approprieront le plus efficacement ledit complet…

Le Met Gala aura lieu le 5 mai 2025 au Metropolitan Museum of Art de New York. Présentée par Louis Vuitton, l’exposition Superfine : Tailoring Black Style sera visible au Met du 10 mai au 26 octobre 2025.

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La saison de la grippe https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/la-saison-de-la-grippe/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57512 Guide étudiant pour vivre un hiver loin des virus.

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Depuis la rentrée scolaire hivernale, les seuls bruits qui semblent se faire entendre dans les salles de cours et à la bibliothèque sont de bruyants éternuements, des reniflements constants, ou alors le son de ceux et celles qui se mouchent sans relâche. La saison de la grippe est bien arrivée. Mais est-ce la grippe ou le rhume que tous les étudiant·e·s semblent avoir contracté? Ces deux termes sont utilisés de manière interchangeable ; personne n’est sûr du virus qui l’affecte. Difficile de consulter un médecin, ou de savoir quels médicaments prendre pour soulager ses symptômes : le temps des virus est un vrai casse-tête pour les étudiant·e·s de McGill. Alors que l’une des pires saisons de grippe au Québec en dix ans bat son plein, il est temps de démystifier ce sujet — bien sûr sans remplacer l’avis d’un·e professionnel·le médical — et de trouver des moyens de naviguer à travers la maladie afin de s’en protéger pour rester en bonne santé jusqu’à la fin de la session.

GRIPPE OU RHUME?

Comment savoir si vous avez la grippe ou un rhume afin de faciliter votre rétablissement? Commençons par distinguer les deux. Le rhume est une infection du nez et de la gorge, dont les symptômes principaux sont les éternuements, le mal de gorge, l’écoulement et la congestion nasale. Le rhume se propage par la voie aérienne, par le nez ou la bouche. Un rhume dure généralement entre trois et sept jours, mais les adultes enrhumé·e·s sont contagieux·ses dès l’infection et peuvent l’être jusqu’à six jours après le début des symptômes. Le rhume est souvent considéré comme une version plus bénigne de la grippe, car ses symptômes sont plus légers et les risques de complications moins élevés. De son côté, la grippe est causée par le virus influenza et est définie par l’institut national de santé comme étant « une infection des voies respiratoires avec une forte fièvre, de la toux, des frissons, des douleurs musculaires, des vomissements et de la diarrhée ». Ce qui distingue la grippe du rhume, c’est la gravité des symptômes, notamment la fièvre élevée, les frissons, les vomissements et les courbatures. Une fièvre entre 38°C et 40°C est un signe caractéristique de la grippe, selon le Gouvernement du Québec. Les symptômes de la grippe sont généralement plus intenses que ceux du rhume et la guérison peut prendre de une à deux semaines pour les cas typiques.

SE PROTÉGER

Il est bien beau de vouloir distinguer le rhume de la grippe, mais comment se protéger de celles et ceux qui sont malades, et protéger les autres de nos microbes? Ces virus courants, qui se propagent en hiver, sont transmis par voie aérienne. Donc, si vous êtes malade, et surtout si vous toussez à longueur de journée, pensez à rester chez vous afin de récupérer. Si vous ne pouvez pas vous permettre de rester à la maison et de manquer les cours, privilégiez le port du masque médical pour minimiser la transmission du virus aux autres. Les masques rappellent l’ère de la COVID-19, mais s’ils ont été rendus obligatoires, c’est pour une bonne raison : ils sont efficaces et réduisent la transmission des virus afin de garder les autres à l’abri de vos maladies. La saison hivernale et des fêtes, c’est aussi l’occasion de partager de l’amour, des bisous et des câlins. Lors d’une période comme celle-ci, où tout le monde autour de vous semble être malade, évitez de rester trop près des autres. L’amour, c’est beau, mais chacun ses microbes.

« Le Pôle bien-être (Wellness Hub) de McGill offre des services de santé et des rendez-vous avec des médecins, infirmier·ère·s, psychiatres et divers autres professionnel·le·s pour tous·toutes les étudiant·e·s »

VACCIN OU PAS DE VACCIN ?

Un sujet qui n’est que trop peu abordé est l’option de se faire vacciner contre la grippe. Et oui, il nous semble que ces maladies qui nous paralysent pendant quelques jours sont inévitables, mais il existe tout de même une façon de réduire la probabilité de souffrir de complications médicales. La campagne de vaccination contre l’influenza est organisée chaque année, principalement durant la période hivernale, car le virus mute chaque année et est réévalué en conséquence par les scientifiques. Cette campagne cible en priorité les personnes à risque élevé de complications, telles que les personnes âgées ou celles atteintes de maladies chroniques. Malgré tout, se faire vacciner, même si vous n’êtes pas à risque, présente des avantages pour vous et pour ceux qui vous entourent. Le vaccin stimule la production d’anticorps, protégeant ainsi le corps contre le virus, avec une efficacité moyenne de plus de 50%. Il contribue à réduire les complications de la grippe, les risques d’hospitalisation et aide à alléger le système de santé déjà surchargé au Québec. N’oubliez pas d’en parler à votre médecin de famille ou un·e autre professionnel·le de la santé pour obtenir plus d’informations.

CONSULTEZ

Vous sentez que votre maladie persiste? Vous avez une fièvre inhabituelle ou des symptômes aigus et souhaitez consulter un·e professionnel·le de la santé? Le Pôle bien-être (Wellness Hub) de McGill offre des services de santé et des rendez-vous avec des médecins, infirmier·ère·s, psychiatres et divers autres professionnel·le·s pour tous·toutes les étudiant·e·s. Si vous souhaitez consulter un·e médecin, contactez le Pôle bien-être par téléphone, de préférence en début de journée, pour obtenir un rendez-vous médical. Si vous n’y parvenez pas, vous pouvez également consulter un·e pharmacien·ne, lui expliquer vos symptômes et recevoir des conseils médicaux, ainsi que les prochaines étapes à suivre. Il existe aussi le service Telehealth, offert à tous·toutes les étudiant·e·s de McGill, qui permet de prendre un rendez-vous virtuel avec un·e infirmier·ère ou un·e médecin, sans frais. Consulter un·e professionnel·le de la santé dès que vos symptômes de grippe ou de rhume s’intensifient est crucial pour éviter toute complication. Votre santé doit passer avant tout.

Les renseignements présentés dans l’article sont fournis à titre informatif et ne peuvent en aucun cas se substituer à un avis, diagnostic ou traitement médical professionnel.

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Serbie et Roumanie : crises et contestations https://www.delitfrancais.com/2025/02/20/serbie-et-roumanie-crises-et-contestations/ Thu, 20 Feb 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57503 Ingérence, corruption, manifestations : une Europe de l’Est en ébullition.

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Cela fait maintenant trois mois que la Serbie est le théâtre de manifestations massives à travers tout le pays. Il s’agit de la crise sociale la plus intense depuis les années 1990. La jeunesse, en tête du mouvement, proteste contre la corruption endémique de l’État. Cela fait suite à l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad, récemment rénové, qui a causé la mort de 15 personnes le 1er novembre 2024. La population estime que la corruption et la gestion frauduleuse des contrats publics seraient directement liées à la tragédie.

En réponse, un mouvement de contestation se forme rapidement. Le ministre des Transports démissionne, mais la colère persiste. Les divisions populaires s’exacerbent, des étudiants sont passés à tabac par des inconnus cagoulés, et la liste des demandes s’allonge sur les lignes de la transparence et de la justice. Le gouvernement tente d’apaiser la situation en faisant certaines concessions, mais rien n’y fait : les manifestations continuent et s’intensifient. Fin janvier, le premier ministre serbe est contraint de démissionner. Le président Aleksandar Vučić demeure le dernier pilier du pouvoir, mais le mouvement ne faiblit toujours pas.

Comment expliquer cette crise et l’ardeur des manifestants? Un réel changement est-il possible? Le Délit s’est entretenu avec David Dubé, doctorant en science politique à l’Université McGill et spécialiste de l’Europe de l’Est. Il rappelle que les Balkans ont historiquement fonctionné sous une « culture de gouvernance informelle basée sur les connexions personnelles et la corruption ». La Serbie, bien que candidate à l’Union européenne depuis 15 ans, n’a jamais connu de véritable démocratisation, pourtant une condition non négociable pour intégrer l’Union. Cela explique en partie la ferveur des manifestants.

Dubé souligne l’ampleur inédite du mouvement, mais insiste sur la nécessité d’un soutien extérieur : « Les autres pays européens ainsi que l’UE doivent reconnaître les efforts des Serbes et les soutenir politiquement. » Il reste à voir si ces manifestations amorceront un changement profond, ou plongeront la Serbie dans une crise prolongée qui pénalisera la population.

Roumanie: crise et incertitudes

Pendant ce temps, la Roumanie traverse aussi une crise politique majeure, mais cette fois au niveau institutionnel plutôt que populaire. En décembre 2024, la Cour constitutionnelle annule l’élection présidentielle en raison de soupçons d’ingérence russe en faveur du candidat indépendant d’extrême droite Călin Georgescu. Une campagne de désinformation sur TikTok aurait favorisé ce dernier, arrivé en tête du premier tour à la surprise générale. Ce 12 février, l’actuel président Klaus Iohannis a quitté ses fonctions afin d’apaiser la crise, laissant la Roumanie sans réel gouvernement.

Georgescu, pro-russe et anti-OTAN, incarne le populisme extrême et s’affirme comme un outsider politique. Cette crise sape la légitimité démocratique d’un pays membre de l’UE depuis 2007, et pourrait entraîner des changements à long terme. Les élections, reportées au mois de mai, pourraient bien mener à sa victoire. Traditionnellement proche de l’Occident depuis 1991, la Roumanie pourrait ainsi se rapprocher du Kremlin.

« L’arrivée d’un dirigeant comme Georgescu pourrait permettre à la Russie de poursuivre ses attaques contre le consensus pro-Ukraine en Europe », explique Dubé. Si Georgescu venait à être élu aux côtés d’autres populistes européens, comme l’AfD en Allemagne, Dubé estime que « l’impact de gouvernements pro-russes et antidémocratiques pourrait être significatif », transformant la politique de sécurité européenne.

Un autre enjeu clé est l’influence des réseaux sociaux dans cette crise. Dubé souligne que « la campagne électorale roumaine s’est construite sur le dos de fausses nouvelles propagées par des médias et influenceurs à la solde de Moscou ». Aujourd’hui, l’UE reste mal équipée pour contrer ces ingérences. « Il est plus difficile de tracer le financement des personnes participant à ces réseaux sociaux, tout comme le contenu des informations partagées. Il est donc facile de dissimuler du contenu politique faux sur ces plateformes tout en évitant d’être attrapé, en comparaison aux médias traditionnels », précise-t-il.

Ces crises en Serbie et en Roumanie illustrent les tensions qui traversent l’Europe de l’Est, entre aspirations démocratiques et influences extérieures pesantes. Leur issue entraînera des répercussions bien au-delà de leurs frontières.

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