Le Délit https://www.delitfrancais.com/ Le seul journal francophone de l'Université McGill Thu, 23 Jan 2025 16:45:36 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.1 Angie Larocque : l’unique designer québécoise à la Semaine de la mode de Paris https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/angie-larocque-lunique-designer-quebecoise-a-la-semaine-de-la-mode-de-paris/ Wed, 22 Jan 2025 21:18:29 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56983 La créatrice nous invite dans les coulisses de son parcours et de son saut à l’étranger.

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La session de mode masculine pour la saison Automne/Hiver 2025–2026 de la Semaine de la mode parisienne a débuté hier, le 21 janvier, promettant de nouvelles collections de marques haute couture à couper le souffle. Si des noms emblématiques comme Louis Vuitton ou Jacquemus marquent cet événement jusqu’au 26 janvier 2025, une nouveauté se prépare pour la Semaine de la mode féminine prévue au mois de mars prochain : Angie Larocque, avec sa marque éponyme, sera la seule québécoise à dévoiler une collection sur cet illustre podium de la mode internationale.

Certains ont pu la voir dans les films Un monde à l’envers (2012) ou Un homme à la mer (2018) avec Eva Longoria, car Larocque est avant tout une personnalité québécoise aux multiples talents. Actrice, danseuse, coiffeuse, designer et entrepreneure, elle fait ses débuts dans la mode en 2022, en présentant sa première collection à l’événement de mode montréalais Festival M.A.D (Mode – Arts – Divertissement). Rapidement, son travail gagne en reconnaissance : l’une de ses créations a été portée par la chanteuse Véda lors du Gala de l’ADISQ en novembre dernier, et ses collections ont été mises en valeur lors des dernières Semaines de la mode de Montréal. Le 8 mars 2025, elle franchira une étape majeure en présentant ses créations dans le cadre enchanteur de la Galerie Bourbon, ancienne résidence de la famille royale d’Espagne.

Le Délit a rencontré Angie pour parler de son évolution artistique, des origines de sa marque et de ses attentes face à la Semaine de la mode de Paris.

Le Délit (LD) : Vous avez eu un parcours très diversifié, allant du ballet classique au cinéma, et maintenant à la mode. Pouvez-vous nous parler de vos débuts artistiques?

Angie Larocque (AL) : Oui! J’ai commencé le ballet classique à l’âge de trois ans en Gaspésie, que j’ai pratiqué jusqu’à mes 20 ans, un peu par intermittence. À l’école, j’étais toujours impliquée dans les arts, le théâtre et surtout l’improvisation. J’ai aussi étudié à l’école artistique FACE à Montréal, où la créativité était très présente. Bref, l’art a toujours fait partie de moi. Plus tard, le cinéma est arrivé par hasard. Une amie m’a appelée pour une audition de figuration dans un film avec une coproduction franco-américaine. À l’époque, je travaillais dans un salon de coiffure, car je suis aussi une coiffeuse diplômée. On m’avait dit : « Si tu n’as pas de nouvelles dans une semaine, ça veut dire que tu n’es pas prise. » Je n’ai pas été rappelée tout de suite, mais un mois plus tard, en plein milieu d’un rendez-vous avec une cliente, j’ai reçu un appel. On m’a offert un troisième rôle pour Un monde à l’envers (2012) et demandé si je pouvais aller aux essayages le jour même. Ce fut mon premier crédit ACTRA (Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists), et tout a déboulé à partir de là.

« La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits »

Angie Larocque, designer québécoise

LD : Comment votre expérience d’actrice influence-t-elle votre travail de designer?

AL : Cela m’a appris à prêter attention aux détails et à être à l’écoute de la vision artistique globale. Sur les plateaux, j’étais coiffeuse avant d’être actrice, donc je comprends les deux côtés. Aujourd’hui, en tant que designer, j’ai un contrôle total sur ma vision, et c’est aussi exaltant!

LD : En 2022, vous lancez votre propre marque de vêtements, Angie Larocque. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce grand saut dans le design de mode?

AL : Tout a réellement commencé en 2017. Je voulais créer ma propre marque, car j’achetais beaucoup de produits locaux et écoresponsables pour mon fils. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas les concevoir moi-même? » J’ai donc lancé une marque de vêtements pour enfants appelée Biggie Smalls : des grands vêtements pour des petites personnes [rires]. Durant la pandémie, j’ai mis ce projet de côté pour me concentrer sur de nouvelles compétences. J’ai suivi des cours à l’École des entrepreneurs du Québec pour apprendre la stratégie, le marketing et la comptabilité. C’est là que j’ai décidé de me tourner vers la création de lingerie avec une collection nommée « Les Aguicheuses », présentée au Festival M.A.D. À travers cette expérience, je me suis rendu compte que ce qui me passionnait vraiment, c’était de créer des robes, et Angie Larocque est née.

JF GALIPEAU Evoto

En ce moment, je veux me diriger vers la haute couture. Ma dernière collection, d’ailleurs, intitulée « Rosa Nera », s’inspire de l’élégance des mariages italiens traditionnels qu’on peut voir dans le film Le Parrain (1972) par exemple. Les robes sont très couvrantes, avec beaucoup de dentelles, mais restent très sensuelles. C’est important pour moi, la féminité, la sensualité ; mettre en valeur le corps de la femme. Lors de mon premier défilé au Festival M.A.D., par exemple, j’ai voulu montrer des corps variés, de la taille Petit à 3X. L’une des mannequins taille plus m’a écrit une lettre bouleversante expliquant comment cette expérience avait changé sa perception d’elle-même. À ce moment-là, je me suis dit : « Je suis vraiment à la bonne place. Si je peux faire une différence chez les femmes à ce niveau-là, pourquoi pas? »

LD : Présenter une collection à Paris, à la Galerie Bourbon, est un événement majeur. Comment gérez-vous la pression et la fierté d’être la seule designer québécoise?

AL : C’est un mélange des deux. La pression vient du fait que Paris, c’est l’élite. Je veux que le Québec soit pris au sérieux. Mais c’est aussi une immense fierté. Je veux montrer que nous avons notre place là-bas, et je compte bien marquer les esprits. À la Gaspésienne, je suis prête à impressionner tout le monde!

LD : Vous avez récemment lancé une campagne de financement. Pouvez-vous nous en parler?

AL : Oui, c’est une campagne pour soutenir les frais de production de ma collection à Paris. Tout le monde peut contribuer, que ce soit par des dons ou en partageant l’information. Chaque geste compte et m’aide à représenter le Québec sur cette grande scène!

LD : Pour finir, quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans les industries créatives?

AL : Ne pas avoir peur. La peur est souvent ce qui nous empêche de continuer. Ce n’est pas facile – même aujourd’hui, il m’arrive de douter. Mais être opportuniste, persévérer et croire en soi, c’est essentiel. C’est en surmontant ces moments de peur qu’on avance.

Avec sa présence à la Semaine de la mode de Paris, Angie Larocque ouvre de nouvelles portes pour les talents d’ici. Ne manquez pas de suivre cette étoile montante alors qu’elle illuminera la capitale de la mode le 8 mars prochain!

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Trop beau pour être vrai https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/trop-beau-pour-etre-vrai/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57040 Critique d’Une fête d’enfants de Michel Marc Bouchard.

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Si vous êtes facilement impressionnés par des scènes qui évoquent la violence ou la sexualité, ou que vous souffrez de dépression hivernale, la pièce de théâtre dramatique Une fête d’enfants de Michel Marc Bouchard, mise en scène par Florent Siaud au Théâtre du Nouveau Monde, n’est pas faite pour vous. Par contre, si vous ne craignez pas d’être confrontés à la question de l’infidélité dans un couple, de la solitude, de la laideur morale et que vous savez apprécier la profondeur d’une métaphore, ou d’un message percutant, foncez pour vous laisser sublimer par le jeu sur les planches.

Des personnages névrosés

Bien que le titre Une fête d’enfants sonne comme une invitation à un moment joyeux nous permettant de retomber dans l’enfance, détrompez-vous ; la pièce de Michel Marc Bouchard est l’antithèse d’un conte de fées. David et Nicolas forment un couple homosexuel marié en proie à la plus grande instabilité. Avec leurs deux filles, Adèle et Marie, ils donnent l’illusion d’une famille parfaite. Jusqu’à ce que l’on comprenne que David ne se rend pas à ses cours de chorale comme il le laisse entendre…

Le troisième personnage, Claire, une dentiste retraitée qui comble ses longues journées de solitude par la réalisation de collages, semble malheureuse dans son mariage. Avec son caractère comique et son ton léger, elle apporte une touche de légèreté à l’intrigue et un contraste au cynisme lugubre du personnage de David. C’est chez elle que se déroule la fête d’anniversaire de son petit-fils, à laquelle Adèle et Marie sont invitées.

Que ce soit par la musique ténébreuse en arrière fond, la douleur émanant du texte, ou la noirceur des décors, cette pièce vise à susciter un malaise chez son public. Il est difficile de ne pas avoir le cafard en étant plongé dans les esprits torturés des personnages. Les sons en écho de rires d’enfants appesantissent l’atmosphère par leur discordance avec les tourments des adultes. Néanmoins, le choix artistique d’une ambiance malplaisante est ce qui fait l’originalité de la pièce, et même si le langage, parfois trop cru, manque de subtilité, il n’empêche pas l’auteur de transmettre un message fort.

Hypocrisie généralisée

Sous ce trompe l’œil d’une après-midi festive, où les sourires sont forcés sur les visages, la vérité qu’ils cherchent à dissimuler est bien plus cruelle. Très vite, la fête vire au cauchemar lorsqu’un crapaud hideux apparaît et qu’un miroir vole aux éclats. « Le sourire, c’est le gage d’une vie réussie », s’efforcent de répéter David et Claire. Bien qu’aucun des deux ne soit heureux dans sa vie sentimentale, et qu’une impression de vide les taraude, ils refusent d’admettre leur amertume et persistent à maintenir une fausse apparence. Un brouillard épais les entoure et l’addiction de Claire au parfum de la colle peut être interprétée comme sa tentative désespérée de recoller les morceaux de sa vie, qui comme le miroir, s’est brisée.

Tous ces efforts sont vains, car la vérité finit toujours par être dévoilée. Progressivement, alors que les secrets sont révélés, tout s‘écroule. Si tout au long de la pièce, nous vivons indirectement la fête à travers le récit qu’en fait chaque personnage, nous assistons désormais aux scènes d’explications entre les protagonistes qui se déchirent. Alors que la vérité triomphe, les décors sont plus concrets : la cuisine très réaliste du couple gay a remplacé les images abstraites projetées sur un écran en toile. Or, il est trop tard pour empêcher lespersonnages de se noyer. Les pétales qui tombaient du plafond, l’eau de la piscine du jardin de Claire, le prince qui cachait le crapaud : tout annonçait la débâcle finale.

Une fête d’enfants est à retrouver au Théâtre du Nouveau Monde du 14 janvier au 8 février 2025.

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Quand l’amour devient poison https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/quand-lamour-devient-poison/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57037 Retour sur la pièce Contre toi.

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Contre toi, la nouvelle pièce présentée au théâtre Duceppe, tirée du texte de Patrick Marber et traduite de l’anglais par Fanny Britt, plonge le spectateur dans un ballet amoureux aussi séduisant que toxique. Entre jeux de pouvoir, jalousie dévorante et désirs inassouvis, quatre personnages sont mis en scène dans un cercle amoureux aussi pervers qu’infernal.

La traduction lourde de sens du titre Closer par Contre toi donne le ton de la pièce : pendant deux heures sans entracte, le public est plongé dans le carrousel amoureux entre les personnages et leur labyrinthe d’émotions, et est vite amené à réaliser l’artificialité qui existe entre tous. Les personnages naviguent à travers jalousie, manipulation, trahison et rivalité, mais surtout, à travers un ennui profond de la vie.

L’adaptation menée par Solène Paré joue brillamment avec la disposition de la scène, qui accueille deux plaques tournantes ajoutant à la tension charnelle régnant sur scène. Danielle, surnommée « Dan », journaliste nécrologique désabusée, est en quête d’émotions fortes dans son amour pour Alice, personnage incarnant l’archétype de la jeune hippie insouciante. Le médecin, Larry, réduit à sa libido, est lui aussi sensible aux charmes d’Alice, alors qu’il est déjà en couple avec Anna, photographe sentimentale, aux prises de ces liaisons dangereuses.

Mention spéciale au rôle de Dan qui a été féminisé pour la pièce, et dont la profession ajoute une profondeur symbolique au récit sur scène. Reliée à la mort par sa simple occupation, Dan pose un regard blasé sur la vie pour échapper à l’ennui existentiel qui la ronge. Son lien avec la mort trouve un écho troublant dans le personnage d’Alice, et sa mystérieuse cicatrice, révélée dès les premiers moments de la pièce. Sa blessure, visible et centrale dans son discours et sa personne, devient un miroir des failles que tous tentent de masquer sous des comportements manipulateurs ou des apparences superficielles.

« L’obsession des personnages pour leurs désirs charnels s’éternise sans véritables avancées émotionnelles »

La portée métaphorique de la pièce fait la force du dialogue qui intègre avec brio l’humour aux vérités cachées de ce drame aux frictions corrosives. Il est cependant regrettable que le personnage du médecin ait été enfermé dans le stéréotype de l’homme primaire, guidé uniquement par ses pulsions sexuelles. Réduit à son phallus, la profondeur de son rôle se voit considérablement limitée, surtout en tant que seul rôle masculin de la pièce.

Plaques tournantes : entre bénédiction et malédiction

Il aurait été intéressant de voir la pièce s’affranchir de la boucle répétitive où ces plaques tournantes qui font autant tourner les décors et les personnages physiquement que virevolter les dynamiques humaines dans une spirale sans fin, puisque l’histoire, bien que son intensité captive par ses premières explorations, peine à offrir de nouvelles perspectives.

L’obsession des personnages pour leurs désirs charnels s’éternise sans véritables avancées émotionnelles. La stagnation de l’histoire, bien que pertinente pour refléter l’ironie de leur tango dansé à quatre qui se lie au décor mouvant qui tourne en rond, finit simplement par nuire à la progression dramatique et ennuyer par sa répétition. Véritable vecteur de l’illusion, le décor permet en revanche de réellement vivre l’intensité du moment, mais aussi d’y trouver une forme de liberté dans le vertige ressenti par les personnages.

Contre toi est un tourbillon émotionnel captivant, qui réussit habilement à plonger le spectateur dans son univers de désir et de manipulation et où l’amour finit par devenir un poison corrosif dont sont victimes les protagonistes.

Contre toi est présentée au Théâtre Duceppe jusqu’au 15 février 2025.

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Bye Lynch https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/bye-lynch/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57034 Hommage à David Lynch.

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J’étais en plein milieu de mon stage lorsque j’ai appris la nouvelle. C’était par le biais d’une de mes amies et de mon copain. Étrangement, ils ont brisé la glace à deux minutes d’écart l’un de l’autre avec une phrase du genre : « Je suis désolé de devoir t’annoncer la nouvelle, mais David Lynch est décédé ». Quoi?! Mais comment est-ce possible?

Moi et beaucoup d’autres aimions blaguer que quelqu’un d’aussi loufoque que David Lynch ne pouvait pas « s’en aller », que sa présence était telle que d’une façon ou d’une autre, son esprit le porterait encore parmi nous, quand bien même son corps serait tout sec et millénaire. Il semblerait toutefois que cette fantaisie n’ait pas fait long feu, puisque le renommé réalisateur derrière Twin Peaks (1990) et Eraserhead (1977) s’est éteint le 15 janvier dernier.

C’est avec un oeil éclairé et sournois qu’il imprégnait ses textes de profonds regards sur la solitude humaine et qu’il peignait une illustration honnête et rêche de la violence de notre époque. Sa critique des temps actuels possédait le don d’ubiquité et se logeait confortablement dans toutes les formes de média qu’il faisait naître. En outre, par les décors qu’il imaginait, évoquant les quartiers industriels de Montréal, ainsi que par la récurrence des frappes de marteaux contre l’acier et de l’image de l’usine comme motif constant, Lynch possédait un esprit tout à fait unique pour critiquer et observer l’industrialisation depuis sa position derrière la caméra.

C’est avec un talent incroyable qu’il pouvait peindre un absurdisme qui lui était propre, sans pour autant se considérer au-dessus de créer sa propre série David Lynch’s Weather Report sur Youtube lors de la pandémie. Son existence était une célébration de la diversité individuelle et une preuve que ce qui nous rend différent nous rend tout aussi merveilleux.

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Un hiver actif à McGill https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/un-hiver-actif-a-mcgill/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57031 Peut-on allier études, sport et bien-être?

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Nouvelle section, nouveaux articles. Depuis quelques mois, un nouveau phénomène enflamme les réseaux sociaux : l’arc de l’hiver (winter arc). Ce concept est né des influenceurs de mode de vie, principalement sur TikTok, qui ont lancé un nouveau défi santé : utiliser les mois les plus froids de l’année, soit la saison hivernale, pour améliorer sa santé physique et mentale afin de construire la vie que l’on souhaite pour soi-même. Plus simplement, l’arc de l’hiver propose de transformer les mois d’hiver, souvent perçus comme une période d’hibernation et de négligence, en une période transitoire vers un regain de confiance en soi et de prise en charge personnelle.

À quoi ressemble concrètement ce défi? L’arc de l’hiver peut prendre plusieurs formes : exercice quotidien, recalibrage du sommeil et de l’alimentation, réduction de l’usage des écrans avant de se coucher, lecture quotidienne, etc. L’objectif, similaire aux résolutions de la nouvelle année, est de devenir plus équilibré dans son quotidien, tant sur le plan physique que mental, afin de devenir la meilleure version de soi-même et de passer un hiver productif et harmonieux sur le long terme.

Bien que le défi de l’arc de l’hiver soit alléchant, est-il réaliste pour les étudiants de McGill? On ne va pas se mentir, l’hiver à Montréal est souvent synonyme d’hibernation et de dépression saisonnière pour beaucoup d’étudiants. Toutefois, n’assumons pas que l’expérience de l’hiver soit la même pour tous : pour plusieurs personnes, l’hiver est une opportunité de passer plus de temps à la salle de sport, de faire de la randonnée hivernale, ou bien évidemment de profiter du ski alpin chaque fin de semaine pour ceux qui en ont les moyens financiers.

Témoignages d’étudiantes

Alors, comment concilier la pression universitaire, le froid québécois et le manque de motivation sportive en hiver? Le Délit s’est entretenu avec deux étudiantes de McGill, Ema, étudiante de troisième année en Sciences politiques, et Juliette, étudiante de deuxième année en Sciences cognitives, afin de recueillir leurs points de vue et leurs astuces pour intégrer l’exercice physique dans leurs habitudes hivernales.

Les deux étudiantes admettent que, pour elles, l’hiver est un moment particulièrement difficile. Juliette exprime qu’elle a parfois l’habitude de s’isoler en hiver, ce qui peut accroître son anxiété. Pour pallier cet isolement, elle planifie des activités sportives et des sorties avec des amis. De son côté, Ema partage également l’idée que l’hiver peut être difficile pour la santé mentale, précisant que la température affecte radicalement sa motivation : « S’il fait très froid dehors ou si le ciel est nuageux, je trouve que c’est plus difficile de se motiver à faire du sport », explique-t-elle. Elle propose donc de s’initier aux sports d’hiver afin de rendre cette saison plus excitante : « Nous avons la chance d’avoir une variété de réseaux de ski accessibles au Québec, tant pour le ski alpin, que le ski de fond. Je recommande vraiment de prendre part à toutes ces activités. »

« Un équilibre entre la bienveillance envers soi-même, une constance dans la planification d’activités sportives avec des amis et et la motivation à sortir quelle que soit la température contribue au bien-être des étudiants »

Concernant l’intégration d’objectifs clairs, comme l’exercice quotidien et le sommeil, les deux étudiantes estiment qu’il est possible de se fixer des objectifs réalistes, mais qu’ils doivent être adaptés à chacun. Ema, par exemple, évoque les difficultés d’un étudiant à trouver un équilibre entre le sommeil, l’exercice et les études. Elle ajoute que son plus grand conseil serait de se concentrer sur un seul objectif à la fois : « Par exemple, commencer par réguler son sommeil pendant un mois, puis changer d’objectif une fois qu’une certaine stabilité est atteinte. » Juliette partage elle aussi cette idée, en soulignant également l’importance de trouver une façon de faire de l’exercice qui lui plait : « C’est réaliste d’établir des buts à atteindre, tant qu’ils sont adaptés à ton horaire, et surtout à tes goûts. Je ne pourrais pas me motiver à aller à la salle de sport chaque jour, car je n’aime pas ça, mais depuis le début de la session, je suis allée faire du ski de fond seule ou avec des amis au moins deux fois par semaine. »

En ce qui concerne la motivation pour faire du sport en hiver, l’effet de groupe est souvent cité comme une grande source de motivation. Les deux étudiantes mcgilloises confirment que l’aspect collectif joue un rôle clé pour elles. Ema pratique un sport individuel, le hot yoga, mais en profite tout de même pour y aller avec des amies qui ne l’ont jamais exercé, ce qui leur permet de se motiver ensemble. Elle souligne qu’ « organiser des activités hivernales à l’avance et en groupe est très important. La relâche est une excellente occasion pour profiter de l’hiver avec des amis. » Juliette ajoute que, pour elle, sa motivation a été renforcée par une inscription collective à une course de 30 km en ski de fond cet hiver : « Je ne l’aurais jamais fait seule. C’est motivant de faire cela en groupe.»

Réflexion sur la motivation hivernale

La conciliation des études et du bien-être physique semble être une préoccupation récurrente pour les étudiants. Comme l’illustrent les témoignages des étudiantes de McGill, un équilibre entre la bienveillance envers soi-même, une constance dans la planification d’activités sportives avec des amis et et la motivation à sortir quelle que soit la température contribue au bien-être des étudiants. Ce qui ressort, c’est que personne n’a les mêmes astuces ni la même routine sportive : pour certains, une simple marche hivernale suffit, tandis que, pour d’autres, une variété de sports d’hiver chaque semaine est essentielle à leur bien-être.

Ainsi, pour tous les étudiants qui ressentent une baisse de motivation en hiver et qui se trouvent pris dans un cercle vicieux, voici quelques idées d’activités à faire seul ou en groupe pour profiter pleinement de la saison hivernale, tout en préservant leur santé physique :

Ski de fond au Parc du Mont-Royal : Location d’équipement au pavillon du Lac-aux-Castors.

Patinage hivernal : Esplanade Tranquille, Lac-aux-Castors, Grande Roue du Vieux-Port.

Ski alpin avec le club de ski et de planche à neige de l’AÉUM : Sortie hebdomadaire organisée.

Escalade intérieure avec le club d’escalade de McGill : Chaque dimanche matin au Café Bloc, première entrée est gratuite pour les étudiants de McGill.

Activités diverses avec le club de plein air de McGill (MOC) : Rencontres tous les mercredis soir, activités offertes : ski de fond, escalade sur glace, raquette, etc.

Classes de sports en groupe au centre sportif de McGill : Cours offerts chaque session : pilates, yoga, natation et boxe.

Compétitions sportives intra-muros à McGill : Inscrivez-vous avec un groupe d’amis ou rejoignez une équipe pour participer à des parties compétitives tout au long de la session.

Personne ne vous demande d’intégrer le défi de l’arc de l’hiver dans votre routine quotidienne d’étudiant, surtout face au froid hivernal et à la pression liée aux études. Par contre, avec des objectifs réalistes et la motivation partagée d’amis, il est possible de transformer l’hiver en une période de bien-être et d’épanouissement personnel en attendant les mois d’été.

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Un, deux, trois, pitchez! https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/un-deux-trois-pitchez/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57028 Comment les incubateurs universitaires accompagnent-ils les étudiants-entrepre-
neurs vers le succès ?

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Avez-vous déjà imaginé que votre projet de fin de semestre soit plus qu’une présentation PowerPoint et devienne une véritable entreprise? Aujourd’hui, de plus en plus d’étudiants sautent le pas et se lancent dans leur propre aventure entrepreneuriale, et ce, depuis les bancs de l’université. L’entrepreneuriat, aussi stimulant qu’incertain, séduit particulièrement la génération Z, prête à travailler d’arrache-pied pour donner vie à ses idées.

Entre ambitions personnelles, mise à l’épreuve, et soutien institutionnel des incubateurs, nous nous penchons sur le mode de vie et les ressources des étudiants-entrepreneurs sur la voie du succès. Afin de plonger dans la réalité qui se cache derrière les paillettes et les slogans inspirants des start-ups, je suis allée à la rencontre d’étudiants-entrepreneurs et de responsables de l’incubateur Dobson de McGill.

Tremplin ou simple coup de pouce?

Face aux incertitudes de l’entrepreneuriat, de nombreuses universités canadiennes telles que HEC Montréal, l’ÉTS, ou encore Concordia ont créé des incubateurs pour offrir un cadre structuré et maximiser les chances de réussite de leurs étudiants-entrepreneurs. Bien que ces structures jouent un rôle clé dans l’écosystème entrepreneurial, leur efficacité demeure un sujet de débat.

Le Centre Dobson pour l’entrepreneuriat de McGill, actif depuis maintenant 30 ans, incarne bien ce modèle. Ouvert à l’ensemble de la communauté mcgilloise, il propose des programmes structurés et progressifs allant de la conception d’une idée à des tournées internationales. Fonctionnant presque comme un cours, cet incubateur enseigne aux étudiants les étapes clés de la création et de la croissance d’une entreprise, tel que l’art du pitch devant des investisseurs.

« L’outil clé : adopter une posture introspective, se poser des questions sans relâche et accepter que l’échec, loin
d’être une finalité, est une opportunité d’apprentissage »

Selon Marianne Khalil, gestionnaire principale du Dobson Center, l’incubation universitaire présente deux atouts majeurs : un réseau facilitant les connexions avec des investisseurs et des acteurs du secteur, ainsi qu’une réduction des risques grâce à la crédibilité académique. Lors d’une entrevue, elle m’explique que de faire partie d’un incubateur permet avant tout d’avoir un accès direct vers l’industrie visée : « C’est un peu comme du match-making. » En agissant comme un sceau de qualité, l’incubateur rassure les investisseurs et offre aux étudiants un environnement propice à l’innovation. Ces avantages s’illustrent dans l’aventure de l’entreprise Arravon, cofondée par deux étudiants de McGill, qui m’ont expliqué que leur incubation leur a permis de franchir une étape importante. L’un d’eux m’a d’ailleurs confié : « Grâce au centre, j’ai pu rencontrer des investisseurs et des experts qui ont contribué à faire progresser mon projet. »

Rejoindre un incubateur est un atout non négligeable face à toutes les difficultés rencontrées lors d’une aventure entrepreneuriale. Cependant, cela ne garantit pas pour autant le succès. Bien que ces structures offrent un cadre et des conseils précieux, une grande majorité des start-ups incubées finissent tout de même par disparaître. L’entrepreneuriat reste un domaine incertain, où la persévérance et l’agilité sont essentielles. Au-delà du coup de pouce des incubateurs universitaires, la réussite dépend surtout de la capacité des entrepreneurs à s’adapter, à se démarquer et à évoluer dans un milieu de plus en plus compétitif. Pour les étudiants en particulier, réussir à créer une entreprise implique de repenser leur mode de vie afin de trouver un équilibre.

Un mode de vie à double casquette

Le quotidien des étudiants-entrepreneurs repose sur un équilibre délicat entre études et projets professionnels. En effet, bien que beaucoup se lancent initialement pour occuper leur temps libre, rapidement, leurs priorités se réorganisent : leur cursus académique est adapté, presque contraint de répondre aux exigences de leur entreprise. À l’unanimité, on constate que l’entrepreneuriat prend le pas sur les études. « Officieusement, l’entrepreneuriat, c’est mon activité principale, mais il ne faut pas le dire à voix haute », souligne une étudiante anonyme et fondatrice d’une start-up incubée. La gestion de ce double engagement demande une organisation rigoureuse. Il apparaît que les étudiants-entrepreneurs s’accordent à dire qu’il s’agit d’un projet exigeant, nécessitant un engagement total, qui finit par transformer le rapport au temps et aux responsabilités.

Mais dans ce cas pourquoi ne pas attendre pour se lancer? Pour les trois étudiants interrogés, c’est avant tout la recherche de renouveau et de défis qui les motive. L’université représente le terrain de jeu idéal pour expérimenter et faire des erreurs. Cette période de vie, où l’entrepreneuriat ne constitue pas encore une source de revenu principal, limite les risques financiers et les aide à se lancer. Comme le souligne Xavier Niel, fondateur de la station F – un incubateur de start-ups lors d’entrevues : « le moment idéal pour lancer une start-up, c’est celui qui vous met le moins en danger, soit le confort douillet des études. » Il ajoute que « quand vous commencez [votre entreprise] à 19 ans, le risque est faible car c’est la continuité de vos études, que la start-up marche ou non. »

Au-delà des risques, l’ambition joue un rôle clé au sein des étudiants qui choisissent de se lancer : « C’est le plus gros projet sur lequel je pouvais mettre la main », explique Cyril, un étudiant en anthropologie à Concordia ayant lancé deux start-ups dans son temps libre. Cela traduit l’idée que cette opportunité représente un projet d’envergure, qui valorise pleinement leurs capacités et leurs ressources. Cependant, cette valorisation peut être mise à rude épreuve lorsque confrontée à l’échec.

Une jeunesse ambitieuse face aux échecs en entrepreneuriat

Dans le monde de l’entrepreneuriat, les échecs sont non seulement acceptés – quatre idées sur cinq n’aboutissent jamais -, mais sont considérés comme une étape essentielle du processus. Plus que des idées souvent volatiles, c’est la personnalité de l’entrepreneur et la capacité à incarner une vision dans un secteur maîtrisé qui font la différence auprès des investisseurs. « Avoir une idée, ça s’apprend. Ce que tu vends lors d’un pitch, c’est ton ambition », m’explique l’un des cofondateurs d’Arravon Technologie, présentement étudiant à McGill.

Carole Stromboni, autrice du livre Innover en pratique, explique que l’idée représente seulement 10% de l’innovation. Les 90% du chemin restant prennent une dimension profondément personnelle, incluant les premiers grands échecs. Contrairement à l’école ou au monde de l’entreprise, où l’échec peut être dilué parmi les autres, en entrepreneuriat, il semble sans excuses, ni filet de sécurité: ce que l’on crée, c’est soi-même. Cette idée met l’estime de soi à rude épreuve, imposant une capacité à prendre de la distance et se détacher progressivement des échecs. Cyril s’est lancé dans l’entrepreneuriat en fondant Meoria et Jeuno, deux start-ups dédiées à la jeunesse, connaissant à la fois des réussites et des échecs. Il m’explique que la gestion émotionnelle de ces échecs s’avère un long apprentissage, mais demeure essentiel au succès sur le long terme: « Ce n’est pas parce que ça ne fonctionne pas que je ne suis pas fait pour ça. »

Même si l’entrepreneuriat attire une large foule séduite par le prestige, seuls quelques-uns, armés de résilience, parviennent à se démarquer. L’outil clé : adopter une posture introspective, se poser des questions sans relâche et accepter que l’échec, loin d’être une finalité, est une opportunité d’apprentissage. Ainsi, la frontière entre succès et échec se floute, les hauts comme les bas apportant de précieuses leçons.

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Vivre en résidence : mélange culturel ou simple colocation améliorée? https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/vivre-en-residence-melange-culturel-ou-simple-colocation-amelioree/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57025 McGill : résidences universitaires, entre diversité et repli social.

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Si les étudiant·e·s en première année à l’université font souvent l’expérience de vivre loin de leurs parents, cette transition prend une dimension particulière en résidence universitaire, où la mixité culturelle et les affinités sociales s’entrelacent. Ainsi, lorsqu’ils·elles arrivent à McGill, une question majeure se pose : résidence ou colocation? Cet éloignement de la bulle familiale offre une opportunité unique de rencontrer des personnes aux parcours, langues et habitudes de vie différents, élargissant ainsi le cercle social habituel. En 2022, 29,8 % des étudiant·e·s inscrit·e·s à McGill étaient internationaux·ales. Les résidences concentrent une grande partie de cette population en première année. Dans ce saut vers l’inconnu et face aux défis de l’intégration, la résidence étudiante peut être perçue comme un accélérateur de relations dans un cadre multiculturel souvent bien différent de ce à quoi on a été habitué auparavant. Pourtant, bien que généralement proposée par McGill pour les nouveaux·lles venu·e·s, loger dans une résidence demeure une option coûteuse et qui n’est pas systématiquement envisagée.

Pour mieux cerner l’impact des résidences universitaires sur l’intégration sociale et la diversité culturelle à McGill, j’ai mené plusieurs entretiens avec des étudiantes ayant connu différents parcours. Parmi elles, Rosa Benoit-Levy, en première année, ainsi que Susana Baquero, Auxane Bussac, et Marguerite Lynas, toutes en troisième année, ont partagé leurs expériences dans diverses résidences. Cette enquête explore si ces lieux de vie collective tiennent leur promesse de diversité et favorisent la formation de liens sociaux durables.

La diversité en résidence, une réalité?

Dans les résidences universitaires de McGill, les espaces communs partagés comme les cuisines, les réfectoires ou les salles de bain sont souvent des lieux de socialisation. Ce type d’environnement favorise des interactions fréquentes et informelles entre les résident·e·s, confronté·e·s à la vie en communauté. Auxane Bussac, élève de troisième année, souligne : « En termes de vie sociale ça me paraît évident que vivre en résidence facilite la création de liens avec les autres étudiants pour la simple et bonne raison qu’on vit ensemble 24 heures sur 24 et sept jours sur sept […] il y a aussi l’esprit de communauté qui est non négligeable en résidence, être en permanence à quelques pas les uns des autres et partager une intimité de vie au quotidien ça crée des liens très forts. »

« Les témoignages recueillis auprès de nombreux·ses étudiant·e·s montrent que l’année en résidence constitue un
tremplin important pour l’intégration sociale et l’exploration de la diversité culturelle »

Sur le site officiel du Logement étudiant de McGill, l’Université dit offrir des espaces adaptés à chacun·e (selon le coût, le bruit…) avec son slogan : « Nos résidences reflètent la diversité de la population étudiante ». Cette promesse de diversité est perçue différemment selon les expériences des résident·e·s. Dans les premières semaines, ce contexte si particulier, où l’on ne choisit pas qui sera notre voisin·e, donne l’impression de pouvoir connaître beaucoup de monde, provenant de larges horizons. Et en théorie, oui ; comme le souligne Marguerite Lynas (élève de troisième année ayant vécu à la Nouvelle Résidence) : « Quand tu vis dans la résidence c’est très sympa puisque tu as toujours l’opportunité de rencontrer des nouvelles personnes si tu veux. Cela permet de ne pas te fermer dans un groupe mais de diversifier le genre de personnes que tu vas fréquenter, et les langues que tu vas parler. »

Cependant, en pratique, selon les caractères, langues parlées, expériences vécues… chacun·e a tendance à rester essentiellement avec des personnes de même origine ou parlant la même langue que lui·elle, comme le rapporte Auxane. Cela peut se produire plus naturellement du fait d’une culture, de références, d’habitudes, d’humour, qui peuvent amener à une entente tacite et renforcée par l’éloignement géographique du pays natal. Face à la réalité de ses liens, Auxane explique : « On a tous tendance à rester vachement avec nos pairs. […] Donc je ne dirais pas qu’on est particulièrement confronté à des interactions interculturelles, ça demande de l’effort, mais c’est clair que vivre en résidence ça facilite n’importe quel type d’interactions. »

Comme l’étudiante l’explique par la suite, rencontrer de nouvelles personnes nécessite parfois de sortir de sa zone de confort et d’aller vers les autres : « Tu peux vivre en résidence et pour autant te renfermer sur toi-même et tu feras beaucoup moins de rencontres que d’autres qui ne vivent pas en résidence, mais sont ouverts et avenants. » La résidence n’est donc pas toujours une précondition pour nouer des liens forts avec des personnes provenant du monde entier.

« Un refuge culturel »

Toutefois, pour certain·e·s, les similarités culturelles offrent un confort qui facilite l’adaptation et la confiance dans ce nouvel environnement. Susana Baquero, étudiante colombienne en troisième année, a trouvé un refuge culturel en partageant son étage avec une Panaméenne et une Mexicaine à l’une des Résidences supérieures : « Je me suis sentie plus à l’aise en parlant ma langue natale, je sentais que j’étais entourée de personnes qui comprenaient certaines choses dans ma culture. Ça ne veut pas dire que je ne m’entendais pas avec les autres gens de mon étage, mais ça me faisait me sentir plus proche de la maison. »

À l’inverse, au-delà d’une recherche de diversité culturelle, certaines résidences sont connues pour être dominées par une ou plusieurs nationalités, contrastant avec le slogan affiché sur le site du Logement étudiant. Par exemple, Rosa Benoit-Levy, actuellement en première année, remarque qu’à la Nouvelle Résidence : « Il n’y a pas beaucoup de diversité, dans la mesure où c’est une majorité de Français. Mais après, il y a pas mal d’Américains. Ça m’a plu, même s’il y a moins de diversité à Nouvelle Résidence que dans d’autres résidences. »

Les témoignages recueillis auprès de nombreux·ses étudiant·e·s montrent que l’année en résidence constitue un tremplin important pour l’intégration sociale et l’exploration de la diversité culturelle. Bien qu’aucune résidence ne soit exclusivement composée d’une seule nationalité, des regroupements naturels peuvent influencer l’expérience de la diversité. Néanmoins, la structure inclusive des résidences de McGill offre à tous·tes les étudiant·e·s une opportunité d’interagir dans un cadre multiculturel, même si la pleine exploration de cette diversité dépend de la volonté individuelle de chacun·e à sortir de sa zone de confort.

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Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/cessez-le-feu-entre-israel-et-le-hamas/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57022 Les réactions de la communauté étudiante montréalaise.

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Après 15 mois de guerre, Israël et le Hamas sont parvenus à un accord pour mettre fin aux hostilités. L’accord, annoncé le 15 janvier, a été approuvé par le gouvernement israélien le 17, et est entré en vigueur le 19. Le premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al Thani, et un partenariat de deux diplomates, l’un envoyé par l’administration Biden et l’autre issu de celle de Trump, ont travaillé ensemble pour atteindre la trêve. Bien qu’une entente ait été trouvée, rien n’empêche les deux parties de faire de nouvelles demandes pendant les négociations à venir, mettant ainsi l’accord en péril.

Le cessez-le-feu comprend deux phases de six semaines chacune. La première, qui a commencé dimanche, prévoit la libération de 33 otages israéliens et des centaines de prisonniers palestiniens. Parmi les otages pris par le Hamas, 100 personnes demeurent captives à Gaza, dont 35 que le gouvernement israélien croit mortes. Les femmes, les enfants, et les hommes âgés seront libérés en premier. 600 camions transportant de l’aide humanitaire, qui inclut au moins 60 000 demeures temporaires et 200 000 tentes, auront la permission d’entrer à Gaza dès dimanche. Le septième jour du cessez-le-feu, l’armée israélienne retirera ses forces du nord de Gaza, et les Palestiniens déplacés au courant de la guerre pourront y retourner. Le seizième jour, les partis négocieront la deuxième phase, qui doit comprendre des échanges de prisonniers et établir une fin plus permanente aux hostilités. Ce conflit a été déclenché le 7 octobre 2023 lorsque le Hamas, qualifié comme organisation terroriste par plusieurs pays, dont le Canada, a mené une offensive contre Israël, massacrant plus de 1 200 personnes et prenant plus de 250 personnes en otage. Israël a répondu avec force et, selon les autorités palestiniennes, environ 47 000 Palestiniens ont été tués, civils et militants confondus, dont la plupart sont des femmes, des enfants, et des personnes âgées.

Les conséquences du cessez-le-feu

Le professeur Rex Brynen, spécialiste de la politique du Moyen-Orient, la simulation de conflits, et le processus de paix Israëlo-arabe, m’a expliqué les raisons pour lesquelles le cessez-le-feu ne s’est produit que maintenant, après tant de négociations sans succès.

Tout d’abord, les effets de 15 mois de guerre ont commencé à se faire sentir : « Il y a un épuisement considérable chez les deux camps (tdlr) », explique Brynen. « Du côté du Hamas, les morts et les blessés sont nombreux et son soutien parmi les Gazaouis a baissé », tandis qu’Israël « ne peut pas atteindre la victoire totale ». Pourtant d’après le professeur Brynen, cela n’est pas la seule motivation des partis à signer un accord. Donald Trump avait clairement indiqué qu’il désirait la fin de la guerre avant son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, et le professeur Brynen croit que d’une certaine manière, la pression qu’il exerçait était « plus crédible que tout ce que l’administration Biden est parvenue à faire. »

Pourtant, le professeur Brynen estime que le cessez-le-feu est loin d’être stable, en particulier la deuxième phase, dont les détails restent toujours à être négociés. « Quelques membres du cabinet israélien insistent sur une reprise de la guerre après la première phase et la libération partielle des otages », a‑t-il expliqué, puisqu’ils « nourrissent des ambitions d’expulser des Palestiniens du nord de Gaza et y établir des colonies israéliennes.» En effet, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a affirmé le 18 janvier qu’il considère le cessez-le-feu comme « provisoire » et a déclaré qu’Israël se garde « le droit de reprendre la guerre au besoin, et ce, avec le soutien des États-Unis ». Ce n’est pas encore clair si le président Trump soutiendra une telle politique, ayant lui-même annoncé des conséquences sévères si tous les otages n’étaient pas libérés dès son retour au pouvoir.

Quant au futur gouvernement de la bande de Gaza, tout demeure « peu clair », précise le professeur Brynen. Il considère qu’une administration palestinienne est « le mécanisme le plus logique », avec l’approbation implicite du Hamas et le soutien des organismes internationaux. Or, il est possible que Netanyahou préfère « le chaos » à Gaza, puisqu’un gouvernement plus stable « le contraindrait de mener des opérations militaires à Gaza et soutiendrait l’initiative pour un État palestinien », explique le professeur.

Les réactions des activistes propalestiniens

Le soir du 16 janvier, des dizaines de manifestants, dirigés par l’association des Étudiants pour l’honneur et la résistance de la Palestine (SPHR), se sont rassemblés devant le portail Roddick de McGill. La foule incluait plusieurs étudiants mcgillois, mais aussi de nombreuses autres personnes de tous âges, venues exprimer leur soutien pour le mouvement palestinien. Une manifestante mcgilloise a appelé l’événement « une expression d’espoir », tandis qu’un autre a remarqué que c’était « trop tôt pour une victoire ». Une autre a souhaité « mettre McGill dans l’embarras » en manifestant.

Après un moment de silence, la foule a commencé à scander divers slogans, dont « la résistance est justifiée », « l’occupation va tomber » et « de la mer à la rivière » entrecoupés de quelques discours. Un des orateurs proclamait que « le gouvernement israélien a été forcé à parvenir à un accord selon les conditions du peuple palestinien ».

« Tout le monde ici est vraiment heureux », a affirmé une représentante de SPHR qui souhaitait rester anonyme, en notant que « le travail n’est pas fini ». Elle a expliqué que « nous n’allons pas arrêter, en dépit du fait qu’il y ait un cessez-le-feu, nous sommes toujours ici », en affirmant continuer à appeler au désinvestissement. Une autre manifestante estime que le mouvement propalestinien « n’est pas transitoire », mais va plutôt s’inscrire dans la durée.

En décembre, après avoir examiné une requête par quelques membres de la communauté mcgilloise, le Conseil des gouverneurs a nié que l’investissement de McGill puisse être accusé de causer « du préjudice social », puisque les liens avec Israël sont indirects. Cependant, la communauté a trouvé cette politique « inadéquate » parce qu’elle compte « fermer les yeux sur les activités néfastes d’un associé ». La requête appelle McGill à désinvestir de toutes les compagnies ayant des liens économiques, directs ou indirects, avec Israël. La représentante de SPHR, qui a relié les investissements de McGill aux milliers de Palestiniens morts à Gaza, espère que le Conseil « prendra cela pour sérieux pendant la réunion à venir ».

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Los Angeles en proie aux flammes https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/los-angeles-en-proie-aux-flammes/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57017 Comprendre la catastrophe : témoignages d’étudiantes américaines.

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Au moment où l’Organisation météorologique mondiale déclare l’année 2024 comme la plus chaude jamais enregistrée, une nouvelle catastrophe climatique balaye Los Angeles. Depuis le 7 janvier, la ville californienne est ravagée par d’immenses incendies, contraignant des dizaines de milliers de personnes à évacuer. À la date du 16 janvier, au moins 24 décès ont été confirmés. Selon le California Department of Forestry and Fire Protection, plus de 40 000 hectares ont brûlé et plus de 12 845 structures réduites en cendres. Les incendies ont détruit de nombreux quartiers huppés, notamment Pacific Palisades entre Santa Monica et Malibu, dont le feu n’est toujours pas circonscrit. Depuis son déclenchement le 7 janvier, l’incendie d’Eaton, dans le nord-est de la ville, a ravagé le quartier historique d’Altadena et des pans entiers de Pasadena. Plus d’une semaine après le début des incendies, la région brûle toujours, attestant des conséquences de la crise climatique.

Un cocktail explosif

Alors que l’origine des incendies reste sous investigation, plusieurs facteurs se sont conjugués pour créer les conditions idéales à des feux d’une telle ampleur. La région californienne a vécu un été exceptionnellement chaud, marqué par une sécheresse persistante. En décembre, les températures étaient nettement supérieures aux moyennes saisonnières, et les précipitations quasi inexistantes. Depuis le mois d’octobre, l’État de la Californie a enregistré seulement quatre millimètres de pluie, aggravant une situation déjà critique. Ces conditions climatiques ont transformé la végétation, desséchée par les vagues de chaleur de 2024, en une biomasse hautement inflammable.

« Dire que les incendies en Californie sont uniquement des catastrophes naturelles, c’est donc oublier l’impact majeur des activités humaines dans leur intensification »

Ce qui a finalement valu à ces incendies le titre de « plus vastes et dévastateurs de l’histoire de la Californie », selon les mots du président américain Joe Biden, sont les vents violents, avec des rafales atteignant jusqu’à 160 km/h. Ces vents ont transporté des braises, accélérant l’avancée des flammes à différents points de la ville.

Ces facteurs naturels ont été exacerbés par des choix humains. La pression démographique, notamment la crise du logement, a poussé la ville de Los Angeles à construire massivement dans des zones à haut-risque d’incendies. De nombreuses habitations, souvent en bois, ont été bâties à l’orée des forêts, augmentant leur vulnérabilité. La Californie illustre ainsi parfaitement l’accentuation des phénomènes météorologiques extrêmes et leurs interactions avec les décisions d’aménagement urbain, créant un terrain favorable à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et destructrices.

Dire que les incendies en Californie sont uniquement des catastrophes naturelles, c’est donc oublier l’impact majeur des activités humaines dans leur intensification. Avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les signaux d’alarme se multiplient. Le milliardaire américain, qui n’a pas hésité à qualifier le dérèglement climatique de « canular », soutient sans détour les industries du pétrole, du gaz et des énergies fossiles. Les choix politiques du président républicain, loin de ralentir le réchauffement climatique, aggravent les sécheresses et, par conséquent, les risques d’incendies dévastateurs. Avec une telle direction, l’avenir de la planète semble tracé : nous nous dirigeons rapidement vers une catastrophe planétaire.

Témoignages d’étudiantes montréalaises originaires de Los Angeles

En entretien, Camille Ting, étudiante à l’Université Concordia, originaire de Los Angeles, revient sur son expérience en tant qu’ habitante du quartier de Pasadena, dont le nord a été sévèrement touché par le feu Eaton. Elle déplore : « Tout est soit détruit, à moitié brûlé ou inhabitable. Je connais 50 personnes qui ont perdu leur maison. Tout le monde connaît quelqu’un qui a tout perdu. »

« Les vents étaient anormalement forts », confie Camille Ting. « Le courant a été coupé et tout s’est déclenché très vite. » Ses parents, convaincus que les médias exagéraient la réalité des incendies, ont refusé d’évacuer leur maison. Pour des locaux d’une région habituée aux feux saisonniers, cette réaction semblait presque naturelle. Pour Camille, il était clair que cette fois-ci, les événements prenaient une tournure exceptionnelle : « Je savais que ce n’était pas comme ce qu’on avait déjà vécu auparavant ». Alors que les flammes se rapprochaient dangereusement de leur maison, Camille et sa famille ont finalement pris la décision d’évacuer. Ils ont trouvé refuge chez une amie. Elle décrit les scènes qu’elle a vues comme « apocalyptiques, la qualité de l’air était terrible. On traversait les flammes et on voyait le quartier brûler dans le rétroviseur », raconte-t-elle.

« Tout est soit détruit, à moitié brûlé ou inhabitable. Je connais 50 personnes qui ont perdu leur maison. Tout le
monde connaît quelqu’un qui a tout perdu »
Morgan Bories, étudiante à McGill

Camille se souvient avec émotion de la solidarité de la communauté « Le Pasadena Community College a organisé une incroyable collecte de dons. Le campus était transformé en un centre de dons de type service à l’auto. Tous les habitants venaient pour donner tout ce qu’ils avaient. » L’étudiante californienne témoigne : « Il y avait tellement de générosité et d’amour, dès le lendemain des premiers incendies, alors même que les feux n’étaient toujours pas contrôlés. »

Morgan Bories, étudiante en économie à l’Université McGill, a passé la majeure partie de sa vie dans le quartier de Los Feliz, à Los Angeles. Lors du déclenchement des incendies, alors qu’elle se trouvait à Montréal, ses parents ont décidé d’ouvrir les portes de leur maison à ceux qui avaient tout perdu, leur quartier étant situé à une distance relativement sécuritaire des flammes.

Tout comme Camille, Morgan a évoqué l’histoire de son ancienne directrice d’école, très appréciée, dont la maison a été détruite par les flammes, pour souligner la solidarité qui s’est manifestée face à la tragédie. « Un GoFundMe a été lancé par un élève, et de nombreux dons ont afflué de la part d’élèves actuels et anciens, ainsi que des enseignants. Plus de 40 000 dollars ont été amassés en deux jours. La communauté peut vraiment se rassembler face à une catastrophe », souligne-t-elle.

Un avenir incertain

Pour Morgan, « assister à une catastrophe d’une telle ampleur, capable de provoquer autant de destruction en une seule journée, y compris dans des quartiers riches et influents, a été un électrochoc pour beaucoup. Cela a notamment éveillé les consciences de ceux qui considéraient le réchauffement climatique comme un problème distant, auquel ils pensaient pouvoir échapper. » Morgan et Camille insistent désormais sur la nécessité et l’urgence de transformer cet électrochoc en actions concrètes. Après les catastrophes climatiques de 2024, dont les ouragans Helene et Milton en Floride, ou encore les incendies de forêt au Canada, il devient évident qu’aucun endroit n’est réellement à l’abri des conséquences du dérèglement climatique. Avec des désastres climatiques appelés à se multiplier dans les années à venir, la nécessité d’agir devient de plus en plus pressante. Cependant, l’inaction politique à grande échelle jette une ombre inquiétante sur l’avenir de la planète.

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Gerts, un symbole mcgillois https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/gerts-un-symbole-mcgillois/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=57001 Histoire d’une réouverture attendue.

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Une université est composée de symboles, et à ce jeu-là, McGill ne perd jamais. Entre le kiosque à hot-dog qui ne prend des pauses qu’en plein hiver et l’agitation procurée par l’Open Air Pub qui marque le début du semestre d’automne et la fin de celui d’hiver, le campus reste animé pendant une bonne partie de l’année. Et puis il y a Gerts, mythique bar étudiant qui habite le sous-sol du bâtiment de l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) depuis plus de 50 ans, mais qui, à la surprise générale, n’a rouvert ses portes que le 6 janvier après les avoir fermées discrètement en avril dernier.

Une fermeture habituelle ?

Le 26 avril 2024, comme l’année précédente à quelques jours près, Gerts prend son congé estival, avec une promesse : « On se revoit en automne (tdlr) ». Pourtant, le semestre d’automne est arrivé, puis s’est déroulé sans que le bar n’ait donné signe de vie, au grand dam de la communauté mcgilloise. Le 22 novembre, la nouvelle paraît enfin sur la page Instagram du bar : « Gerts ouvre ses portes le 6 janvier », répondant à l’espoir des clients les plus fidèles, inquiets de ne pas pouvoir y célébrer la Saint-Patrick au mois de mars. Derrière cette fermeture, les raisons sont multiples. Un membre du comité exécutif de l’AÉUM explique : « Gerts a d’abord été fermé en raison de changements dans la structure de gestion, qui ont rendu nécessaire l’embauche de nouveaux gérants. » Avant d’ajouter « que des problèmes nouvellement identifiés concernant l’achat de nouveaux meubles et équipement, ainsi que le système électrique dans l’espace du bar, ont nécessité le déménagement du café à l’étage ».

Un retour à la normale ?

Une réorganisation globale et une ouverture étaient attendues par de nombreux étudiants de la communauté mcgilloise. Tout n’est pas encore exactement redevenu comme avant, mais comme le dit un des membres du comité exécutif de l’AÉUM : « Maintenant que l’équipe est au complet, nous sommes impatients de remettre les choses en ordre! » Il reste pourtant encore quelques places à pourvoir dans l’organigramme, notamment le poste de vice-président à la vie étudiante, bien que « cette absence n’ait aucune incidence sur le financement ou les activités de Gerts », ou encore certains postes dans le café, comme celui de barista. Le bar étudiant offre aussi de nouveau la possibilité d’accueillir des rencontres de différentes associations du campus. Il est bon de rappeler que Gerts est géré à part entière par l’AÉUM. L’association finance, couvre les pertes, et gère la communication du bar, confirmant son identité mcgilloise : « Gerts ne paie pas de loyer et n’a pas à soutenir ses propres processus indépendants de comptabilité, de ressources humaines et de communication. » En somme, c’est dans un hiver glacial que le mythique bar étudiant, réorganisé à plusieurs niveaux, se réinstalle dans la vie quotidienne du campus, et ce, au plus grand bonheur de la communauté mcgilloise.

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Babygirl https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/babygirl/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56996 Domination et déceptions.

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Déroutée, seule ou presque dans la salle, je regarde le générique de fin défiler. Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas : tous de grands noms du cinéma actuel. Pourtant, un sentiment de malaise – voire de dégoût – m’habite et ne me quitte pas dans les heures qui suivent mon visionnement de Babygirl, la dernière production de la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn, aussi connue pour Bodies Bodies Bodies (2022).

Le scénario suit le personnage de Romy, une puissante femme d’affaires à la tête d’une entreprise de robotique qui, à l’arrivée de leur nouvelle cohorte de stagiaires, s’éprend de l’un d’entre eux, Samuel. Le film débute avec une scène où Romy et son mari font l’amour, rien de plus ordinaire. Malgré l’apparente normalité de la scène, nous savons dès lors que l’histoire prendra une tournure des plus particulières, puisque Romy, dès que l’acte est terminé, quitte le lit conjugal pour aller regarder de la pornographie en cachette. Ce détail semble vouloir semer les graines d’un récit centré sur les désirs cachés et la transgression. Cependant, ce qui aurait pu être une exploration audacieuse de la psyché humaine se transforme rapidement en une histoire sordide et, à bien des égards, réductrice.

Alors qu’on aurait pu croire que ce film porte sur l’amour fougueux et interdit naissant entre deux collègues, c’est plutôt une histoire de domination caricaturale que nous offre Babygirl. Bien que les visuels et la musique soient corrects – sans être particulièrement mémorables –, c’est le manque flagrant d’exploration de la psychologie des deux personnages principaux qui rend le visionnement de Babygirl réellement pénible. Ce qui rend les kinks intéressants, c’est souvent l’aspect psychologique sous-jacent, les conflits intérieurs, les tensions entre le pouvoir et la vulnérabilité. Ici, tout est traité de manière simpliste, comme si les choix des personnages étaient dictés par un scénario plus préoccupé par le choc que par la profondeur. La superficialité du traitement offert aux deux personnages principaux ne laisse que très peu d’indices sur leurs motivations respectives. Romy, censée incarner une femme complexe, est dépeinte mécaniquement, comme si ses actions ne suivaient qu’une pulsion unidimensionnelle. De son côté, Samuel reste vide et ne semble exister que pour interpréter le rôle d’objet de désir et de figure de domination.

Ce qui aurait pu être une étude sur les relations de pouvoir se réduit finalement à une reconstitution stérile des mêmes structures patriarcales que le film semble vouloir dénoncer. Le récit n’offre aucune nuance : Romy, pourtant présentée comme une figure puissante et influente, une femme ayant réussi à abattre les standards sociétaux genrés, est réduite à celle qui, au plus profond d’elle, cherche désespérément à être dominée par un homme. Ainsi, le film semble vouloir nous dire que la femme, bien qu’elle puisse en apparence s’émanciper de la domination masculine dans le milieu professionnel, est tout de même désireuse de se soumettre à l’homme dans sa vie intime, constat qui me semble des plus caricaturaux. Le film reproduit donc les clichés les plus éculés sur la soumission féminine : plutôt que de défier ces dynamiques, le film les perpétue, les glorifiant presque.

En quittant la salle, j’ai ressenti un vide important, comme lorsqu’on a été témoin d’une opportunité gâchée. Babygirl aurait pu être une réflexion profonde sur le désir, le pouvoir et la complexité des relations humaines. Le film n’est finalement qu’une représentation bancale de la liaison amoureuse, en rien audacieux, et par dessus tout, inapte à traiter ses sujets avec la nuance qu’ils méritaient.

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Nouvel élan : lancement de la section Bien-être https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/nouvel-elan-lancement-de-la-section-bien-etre/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56995 Aborder des sujets qui touchent à la vie quotidienne des étudiant·e·s mcgillois·e·s.

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Fin octobre, l’équipe du Délit a eu l’occasion de traiter la question du choix dans une édition spéciale dédiée au sujet. Nous avions conclu dans notre éditorial que les choix individuels, au-delà de simples décisions, sont des moments précis, des changements de direction, où chacun réaffirme ses préférences, ses ambitions, et par conséquent, son identité.

Le début d’une année marque souvent une période de remise en question, où chacun·e fait des choix décisifs afin d’ajuster sa propre trajectoire. Ces changements de direction peuvent s’exprimer par l’adoption de nouvelles habitudes, d’une nouvelle discipline sportive, par un changement de fréquentations amicales, amoureuses, ou bien encore par une réorientation académique. Ces choix de vie ne sont pas à regretter, puisqu’ils constituent ce que nous deviendrons in fine. Le Délit n’a pas été épargné par cette remise en question en ce début d’année. L’équipe s’est elle aussi posée des questions sur ses ambitions, sa manière de couvrir l’actualité, et sur sa pratique du journalisme en général.

Au Délit, la section tournante a pour but premier de laisser au journal la capacité de se renouveler, de changer de direction, et de répondre aux besoins changeants des étudiant·e·s de McGill. Elle a pour but d’être un espace de créativité journalistique libre pour les étudiant·e·s et éditeur·rice·s qui souhaitent mettre en lumière une nouvelle facette de la francophonie, de la vie étudiante montréalaise, et de la société québécoise dans son ensemble. Au cours des dernières années, Le Délit a eu le plaisir d’abriter différentes sections tournantes, dont Philosophie, Vie Nocturne, Au Féminin, et dernièrement Environnement.

Après une année riche en articles autant captivants que diversifiés, la section Environnement, menée avec brio par Juliette et Adèle, tire aujourd’hui sa révérence pour faire place à une nouvelle rubrique : Bien-être. Si cette édition marque la fin d’un chapitre mémorable du Délit, elle ouvre simultanément la voie vers une nouvelle étape de l’évolution du journal, et une manière innovante de produire du contenu pour notre lectorat ; pour vous, les étudiant·e·s de McGill.

Déjà au cours de la dernière année, Le Délit s’est intéressé au sujet du Bien-être. Nous avons traité de multiples enjeux, comme l’insécurité alimentaire, l’anxiété académique, le stress subi par les étudiants-athlètes de McGill, ainsi que le mal-être que vivent les étudiantes noires dans le système scolaire. Et nous ne nous sommes pas arrêté·e·s là. L’équipe a aussi travaillé dur pour mettre en avant quelques astuces que les étudiant·e·s peuvent appliquer pour améliorer leur qualité de vie. Nous vous avons notamment partagé des recettes de cuisine, des réflexions sur le but réel des études, ou encore, la semaine passée, une vision positive de la dépression hivernale. Vous l’aurez compris, ce n’est pas la première fois que Le Délit aborde le thème du bien-être, mais nous avons jugé qu’il était désormais temps de traiter ce sujet, qui concerne chacun et chacune d’entre nous au quotidien, plus explicitement, et plus profondément.

Dès aujourd’hui, Adèle et Layla vous livreront chaque semaine de nouveaux récits et des retours d’expérience sur le bien-être, la santé mentale et la santé physique. Loin d’avoir la prétention ni la capacité de vous fournir des « conseils santé », Le Délit souhaite à travers cette nouvelle section laisser la place et la parole aux ressentis des étudiant·e·s, et profiter des spécialistes présent·e·s à l’Université pour aborder des sujets qui touchent à la vie quotidienne des étudiant·e·s mcgillois·e·s. Des sujets qui nous concernent toutes et tous, mais qui restent pourtant peu abordés, voire même tabous : questions d’anxiété, de sommeil, d’alimentation, ou encore de sexualité.

Cette édition marque donc le début d’un nouveau chapitre au Délit, à travers lequel le journal souhaite se rapprocher de son lectorat en couvrant des questions qui interpellent plus directement les étudiant·e·s mcgillois·e·s. Des articles écrits par des étudiant·e·s, à propos des étudiant·e·s, et pour les étudiant·e·s. Le Délit vous dit donc à très bientôt, et bonne lecture.

Tous les articles mentionnés dans cet éditorial sont à retrouver sur notre site internet!

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Iriez-vous sur Mars? https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/iriez-vous-sur-mars/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56989 Retour sur The Mars Project présenté à la Place des Arts.

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Légende de la danse à claquettes, le chorégraphe montréalais Travis Knights a présenté la semaine dernière son spectacle The Mars Project dans le cadre de la 27e saison de Danse Danse, diffuseur associé à la Place des Arts. Knights a été formé par nulle autre que la « Reine des claquettes », Ethel Bruneau, dès l’âge de 10 ans. Depuis, il s’est intéressé à plusieurs disciplines et intègre dans son art la dimension ancestrale afro-américaine de la danse à claquettes, et sa relation symbiotique avec la musique jazz. Les danseur·se·s sont accompagné·e·s sur scène par un groupe de musicien·ne·s et deux chanteurs aux voix époustouflantes.

Les lumières se tamisent et le rideau se lève sur quatre danseur·se·s s’activant devant des projections d’images qui montrent en alternance déforestation, pollution, et personnes souriantes. Nous sommes sur Terre et nous observons quatre êtres humains produire un seul rythme à l’aide de leurs pieds, en balançant leurs bras chacun à leur manière. L’ambiance est joyeuse et explosive.

Un étudiant mcgillois sur scène

Anecdote intéressante : Greg « Krypto » Selinger, breakeur, danseur contemporain et chorégraphe, qui interprète une intelligence artificielle nommée Krypto – clin d’œil à son surnom? – est un ancien étudiant mcgillois! Il est diplômé au baccalauréat en commerce à la Faculté de gestion Desautels, ainsi qu’au baccalauréat en danse contemporaine et à un programme d’études supérieures à Concordia. Dans ses mots trop humbles, il se qualifie de « Bachelier de tout, maître de rien (tdlr) ».

Il faut de tout pour faire un monde

Le travail de synchronicité entre les danseur·se·s et les musicien·ne·s rend le tout plus grand que la somme de ses parties – au talent déjà immense. Thomas Moon, Brinae Ali, Reona, Travis Knights et Selinger forment la distribution internationale d’artistes de renom de The Mars Project. Chacun apporte sa couleur à la performance et épate par son excentricité, sa fougue, sa technique ou encore sa multidisciplinarité, comme Ali qui poursuit la tradition orale de la danse à claquettes en rappelant l’histoire douloureuse de l’esclavage en Amérique du Nord.

Les personnages, dans leur désir de fuir leur anxiété et défis personnels, demandent de l’aide à Krypto, qui leur propose un à un de les envoyer sur la « planète de la guerre », Mars. Les terrien·ne·s expatrié·e·s se retrouvent alors confronté·e·s aux mêmes problèmes que sur leur planète d’origine, incapables de fuir les émotions négatives qui les habitent.

Une histoire qui peine à décoller

The Mars Project a une forme singulière, unissant danse, acrobaties, chant, musique en direct et théâtre. Ce dernier aspect de la mise en scène affaiblit quelque peu l’œuvre, en l’enveloppant d’une histoire à laquelle plusieurs spectateur·trice·s que j’ai interrogé·e·s ont eu du mal à adhérer. Le voyage sur Mars, les péripéties spatiales et – attention, divulgâcheur – la révélation qu’il s’agit de simulations répétées rappellent un thriller psychologique de science-fiction, maladroitement adapté au talent des interprètes. Le spectacle demeure néanmoins une prestation sensationnelle de danse de claquettes, qui a été pour moi une initiation marquante.

Danse Danse offre une réduction de 30% sur le prix courant des billets à l’unité aux moins de 30 ans, ainsi que la possibilité de se procurer des billets à « Tarif léger », afin de rendre l’expérience de la danse sur scène plus accessible. Propositions intéressantes pour les étudiant·e·s!

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Alexandra Stréliski à la salle Wilfrid-Pelletier https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/alexandra-streliski-a-la-salle-wilfrid-pelletier/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56978 La magie de Néo-Romance.

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Je ne me considère pas particulièrement amatrice de musique classique. Je connais mes classiques – sans mauvais jeu de mots – mais je n’ai jamais été particulièrement encline à écouter ce genre de musique instrumentale. En tant qu’étudiante en littérature, les mots occupent une place importante dans mon quotidien, et un morceau de musique sans paroles me paraît de prime abord insipide. Et pourtant, malgré mes réticences à l’égard de ce genre de musique, le troisième album d’Alexandra Stréliski, intitulé Néo-Romance, figure parmi les titres les plus écoutés de mon année 2024.

Artiste complète et lumineuse, Alexandra Stréliski est une pianiste et compositrice québécoise qui transcende les frontières du classique moderne. Sa musique, intime et vibrante, résonne comme un dialogue universel, touchant les cœurs de millions d’auditeurs à travers le monde. Avec plus de 375 millions d’écoutes en continu, huit Félix, et un Prix JUNO, Stréliski s’impose comme une figure incontournable de la scène musicale contemporaine.

Le dimanche 19 janvier, c’est à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts qu’elle clôturait le cycle de Néo-Romance – un album qui lui a valu le Félix de la meilleure interprète féminine deux années de suite. La veille, j’ai eu la chance d’assister à son avant-dernière représentation.

Le pouvoir évocateur de la musique instrumentale

Les lumières se tamisent. Sur scène, un seul piano de concert, installé devant un paravent orné d’une peinture que je reconnais comme étant Diane et Apollon perçant de leurs flèches les enfants de Niobé (1772). Suspendu au plafond, un assemblage de miroirs capte la lumière et multiplie à l’infini les reflets de la musicienne. C’est au sein de ce décor épuré qu’Alexandra Stréliski fait son entrée sur scène, sous un tonnerre d’applaudissements. Elle salue la foule, et sans plus attendre, entame un premier morceau au piano.

Voir jouer Stréliski, c’est une expérience infiniment différente que de simplement l’écouter ; elle n’est pas seulement musicienne, mais aussi performeuse. Sans fioritures ou artifices, elle commande la salle de ses mouvements sur les touches du piano. Le son des notes envahit son corps tout entier, et se répercute partout dans la salle. Je dodeline la tête au son de la musique. Je ne suis pas la seule ; plusieurs spectateurs se laissent bercer par la musique envoûtante de Stréliski. Depuis mon siège, les subtils mouvements de la foule forment une ondulation, qui se meut au rythme des notes du piano. Si la première chanson suffisait à captiver le public par sa douceur et ses accents de mélancolie, les prochaines compositions n’hésitent pas à changer de ton. La musicienne n’est plus seule sur scène désormais, mais bien accompagnée d’un orchestre presque exclusivement féminin – elle tenait à le préciser. Bien que les violons ajoutent indéniablement à la beauté des mélodies, il demeure que certaines chansons trouvent davantage leur éclat sans cet accompagnement instrumental. En effet, sur Changing Winds par exemple, la puissance des violons tend à étouffer la délicatesse du son du piano.

« Si la première chanson suffisait à captiver le public par sa douceur et ses accents de mélancolie, les prochaines compositions n’hésitent pas à changer de ton »

Ainsi, accompagnée par une douzaine d’instruments à cordes et à vent qui font gonfler l’intensité du concert, la pianiste vaque d’un piano de concert à un piano droit, n’hésitant pas à interagir avec la foule entre deux morceaux. D’emblée, elle brise la glace en dénonçant l’étiquette rigide des concerts de musique classique. Avec une touche d’humour, elle affirme n’avoir qu’une seule règle : si, par malheur, nous souffrons d’une quinte de toux, elle nous implore de toussoter « sur le beat ».

Même s’il s’agit de son deuxième concert de la journée – l’après-midi même, elle performait dans cette salle – Stréliski joue avec énergie et émotion. Parfois nostalgique, parfois comique. Tour à tour, elle émeut la salle avec Élégie, un « adieu à quelqu’un que l’on aime », qu’elle dédie avec compassion à « la personne à laquelle vous pensez en ce moment », dit-elle en déposant son micro et en entamant les premières notes de la touchante mélodie. Cet aveu me touche droit au cœur, et je me laisse porter par la musique, au gré de l’histoire qu’elle raconte, et de l’histoire que je m’en fais.

Car Stréliski reconnait le pouvoir évocateur de la musique. Elle « aime raconter des histoires » et prête volontiers son talent aux trames sonores de cinéma. Pour elle, la musique instrumentale ouvre un espace unique, offrant au public une liberté d’imagination sans bornes. Elle nous invite à s’approprier ses morceaux, à en faire « plein de petits films » dans nos têtes. Mention spéciale au morceau Umbra, introduit par une anecdote du passage de la pianiste au Festival d’été de Québec (FEQ). Avec humour, la pianiste raconte comment, inspirée par la performance de The Offspring, elle s’était mise en tête de faire du body surf. C’est sur la chanson Umbra qu’elle se lance. Mission accomplie : les spectateurs la portent à bout de bras tel « le p’tit Jésus ». Bien qu’elle ne reproduise pas l’exploit dans la Salle Wilfrid-Pelletier, Stréliski fournit une performance digne de son body surfing à Québec, qui justifie la puissance électrisante de la pièce.

La performance de la pianiste se clôt sous une véritable ovation, tant et si bien que Stréliski n’a d’autre choix que de regagner la scène, pour faire un dernier rappel avec A New Romance, morceau chouchou de bien des spectateurs, y compris ma voisine de siège, qui peine à contenir sa joie. Les lumières se rallument et je quitte la salle, à la fois bouleversée et euphorique. Telle est la dualité de la musique d’Alexandra Stréliski.

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Comment faire face à l’éco-anxiété? https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/comment-faire-face-a-leco-anxiete/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56972 Au Délit, nous tenons nos promesses envers nos lecteur·rice·s. Bien que la section Environnement appartienne désormais au passé, et que la nouvelle section Bien-être fasse son entrée, quoi de mieux qu’un article sur l’éco-anxiété pour les relier. Être étudiant·e à l’Université McGill n’est pas de tout repos et les sources d’anxiété sont nombreuses. Que ce… Lire la suite »Comment faire face à l’éco-anxiété?

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Au Délit, nous tenons nos promesses envers nos lecteur·rice·s. Bien que la section Environnement appartienne désormais au passé, et que la nouvelle section Bien-être fasse son entrée, quoi de mieux qu’un article sur l’éco-anxiété pour les relier.

Être étudiant·e à l’Université McGill n’est pas de tout repos et les sources d’anxiété sont nombreuses. Que ce soit le stress généré par la charge de travail académique, l’incertitude quant au choix d’une maîtrise, les contraintes d’un travail étudiant chronophage, ou encore l’anxiété sociale lors des prises de parole en public et des soirées étudiantes, il est parfois difficile de ne pas se laisser submerger par les pensées négatives. À toutes ces angoisses s’ajoute celle de l’éco-anxiété, définie comme un sentiment d’appréhension ressenti par une personne devant les bouleversements causés par les changements climatiques et leurs conséquences. Si ce sentiment est souvent associé aux jeunes générations, j’ai cherché à mieux comprendre comment il affectait la communauté étudiante de McGill.

Dans son livre, Under the Sky We Make, Kimberly Nicholas, professeure à l’Université de Lund en Suède, décrit cinq étapes de sentiments climatiques : l’ignorance (ignorance), l’évitement (avoidance), le pessimisme (doom), tous les sentiments (all the feels), la raison d’être (purpose). J’ai interrogé plusieurs étudiant·e·s, afin de voir si cette évolution élaborée par la scientifique du climat pouvait réellement s’appliquer aux expériences vécues par la communauté mcgilloise.

« Agir, c’est donner un sens à son existence et se sentir maître de son avenir plutôt que de le subir »

Faire l’autruche

Selon Nicholas, la première étape du processus d’éco-anxiété consiste à ignorer l’existence du réchauffement climatique et de ses conséquences sur nos sociétés. À l’ère de l’hypermédiatisation et des réseaux sociaux, il semble pourtant impossible de ne pas être conscient·e du dérèglement du climat, qui donne lieu à des images spectaculaires et toujours plus effrayantes des catastrophes naturelles extrêmes qu’il provoque. C’est pourquoi cette catégorie me semble désormais dépassée. Toutefois, il existe encore de nombreuses personnes qui décident de fuir la réalité et préfèrent ne pas en entendre parler. Anna*, étudiante que j’ai rencontrée dans un couloir du bâtiment McConnell, m’a confessé « faire l’autruche (tdlr) » quand il est question du sujet climatique.

« On m’a diagnostiqué un trouble d’anxiété, alors je suis anxieuse à propos de tout », m’a‑t-elle expliqué. Ce qu’elle lit dans les nouvelles ne l’aide pas à calmer son angoisse : « Chaque année, les catastrophes mondiales semblent s’aggraver. En ce moment, la Californie est en feu, comme c’est le cas depuis quelques années à beaucoup d’autres endroits. Il y a beaucoup plus d’ouragans. »

Elle n’est pas la seule à partager ces craintes ; Gabrielle, étudiante en psychologie, reconnaît être souvent en proie à ce sentiment : « Ça fait peur de voir les désastres naturels qui se déroulent en ce moment, et ce, de plus en plus souvent. C’est encore plus inquiétant de voir comment les politiciens à travers le monde ne font vraiment, mais vraiment pas assez pour prévenir et réduire les conséquences des changements climatiques. » Pour Anna aussi, le manque d’initiative politique laisse peu d’espoir : « Donald Trump vient d’être réélu, et je sais très bien que le changement climatique ne sera pas l’une de ses priorités. »

D’autres étudiant·e·s déplorent la passivité générale et l’attitude de certain·e·s qui préfèrent faire comme si de rien n’était. Pour Sean, étudiant en sciences politiques, « c’est un peu inquiétant de voir à quel point on est tous “cool” et détendus, comme si chaque jour n’était qu’un nouveau jour comme les autres et qu’on continuait simplement d’aller de l’avant. » Shreya, une autre étudiante en arts, reconnaît se sentir de temps en temps éco-anxieuse : « Parce que notre monde est en train de mourir lentement et qu’on ne fait rien de concret pour vraiment y remédier ».

Du pessimisme à l’action

Si certain·e·s préfèrent éviter le doom scrolling (le fait de faire défiler de manière compulsive des publications au caractère négatif sur un fil d’actualité) ou se couper entièrement des médias, d’autres considèrent que s’informer sur ce sujet est primordial. C’est le cas de Fiona, étudiante en environnement et membre du club McGill Energy Association : « Dans mes cours, j’apprends à quel point tout va mal, mais j’apprends aussi beaucoup de choses positives, alors j’essaie de trouver un équilibre. »

Selon la professeure Nicholas, il est nécessaire de ne pas rester bloqué·e à l’étape du « pessimisme » qui se traduit en un sentiment d’impuissance et de désespoir face à l’ampleur du problème. L’étape « tous les sentiments » permet d’en sortir en se rappelant de vivre dans le moment présent et ne pas sombrer dans les perspectives sombres de l’avenir. Cela permet d’accéder à l’ultime palier de l’échelle de l’éco-anxiété, à savoir le passage à l’action. Agir, c’est donner un sens à son existence et se sentir maître de son avenir plutôt que de le subir. Pour Fiona, c’est cette dernière phase de son éco-anxiété qui va déterminer son choix de carrière : « C’est ma dernière année, et même quand je pense à ma maîtrise, je ne veux pas attendre un an de plus parce que je sais à quel point il est urgent de commencer à faire des choses ». Elle considère qu’agir est nécessaire à sa santé mentale : « Je sens que si je ne fais rien, que je ne fais qu’en apprendre sur le sujet, je serais super déprimée. »

Tous·toutes les étudiant·e·s que j’ai interrogé·e·s sont d’accord pour dire que le meilleur remède à leur éco-anxiété est d’adopter des gestes quotidiens plus écoresponsables pour retrouver un élan de positivité. Gabrielle donne son astuce : « Pour faire face à l’éco-anxiété, je pense qu’il faut essayer de rester positif, parce qu’une attitude trop pessimiste risque juste de nous décourager et de ne mener à rien. Il faut essayer de faire sa part tout en tenant responsables les industries polluantes et les politiciens. » Sean achète presque tous ses vêtements en friperie, « ce qui me fait me sentir beaucoup mieux de ne pas contribuer à la mode jetable », m’a-t-il expliqué. Anna a également modifié son comportement : « J’essaie de faire ce que je peux, recycler, composter, et obtenir des produits issus de sources éthiques, mais c’est à peu près tout ce que je peux faire ».

Une responsabilité partagée

J’ai moi aussi longtemps été rongée par la culpabilité quant à mon mode de vie énergivore, mais j’ai réussi aujourd’hui à dépasser ce sentiment en me concentrant sur les choses de mon quotidien que je peux contrôler, comme le suggère la philosophie stoïcienne. Il est aussi important de reconnaître que notre capacité d’agir est limitée. Alejandra, étudiante à Desautels, admet ne plus connaître le sentiment d’éco-anxiété qu’elle connaissait avant : « Je comprends maintenant que la responsabilité est partagée et que les individus ont une petite part à jouer. Je peux faire de mon mieux pour aider à résoudre le problème global, mais si d’autres ne veulent pas changer, ce n’est pas ma responsabilité ». Shreya est du même avis : « J’ai surtout accepté que, à moins que la majorité du monde n’opère un changement, ce que je fais n’aura pas le plus grand impact sur l’environnement ». Pour l’heure, il faut encore attendre que chacun·e évolue à son rythme à travers le processus d’éco-anxiété, jusqu’à ce que tout le monde atteigne la dernière étape et qu’un mouvement collectif fasse ressentir ses effets.

Le programme Climate Wayfinding, proposant des ateliers pour former les étudiant·e·s à la maîtrise et des professeur·e·s à transformer l’éco-anxiété en action concrète, sera proposé à McGill ce semestre d’hiver.

*Nom fictif

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La famille nucléaire à l’épreuve de l’époque contemporaine https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/la-famille-nucleaire-a-lepreuve-de-lepoque-contemporaine/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56968 Faut-il se tourner vers des alternatives pour mieux « faire famille »?

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La famille nucléaire : voilà un terme un peu niché que j’ai découvert dans mes cours de sociologie au lycée. Initialement définie comme une réalité idéale par des sociologues tels que George Murdock dans Social structure (1949) en tant que « groupe social caractérisé par une résidence commune, une coopération économique et la reproduction », la popularisation des modes de vie alternatifs a amené de nombreuses personnes à questionner le modèle de la famille nucléaire.

C’est cela qui m’a conduite à recueillir les témoignages de mes pairs, Pénélope, Anatole* et Thomas – certains étudiant à McGill et d’autres étant de jeunes professionnels montréalais – afin d’explorer ce qu’il reste de cet idéal aujourd’hui. Certains le perçoivent comme un modèle stable mais contraignant, tandis que d’autres y trouvent une source de désillusions. Ces dialogues révèlent comment la famille nucléaire, bien qu’érodée par des changements sociétaux et des défis actuels, reste un repère ambivalent.

Des interrogations autour de la parentalité

Pour certains de mes interlocuteurs, la question de fonder leur famille nucléaire demeure essentielle, mais elle est souvent liée à des considérations dépassant le simple désir de progéniture. Le contexte climatique, comme les incertitudes économiques et sociales, peuvent notamment les amener à réévaluer ce choix. Pénélope, une jeune barista en pause d’études d’histoire de l’art à McGill, me fait part de ses sentiments sur la question : « Dans l’idée, j’aimerais avoir des enfants, mais avec l’instabilité du monde actuel, je me demande si je serais capable d’offrir un cadre de vie aussi sécurisant que celui que mes parents m’ont donné. »

Elle me confie toutefois la pression sociale qu’elle subit lorsqu’elle partage ses doutes sur la maternité : « Je ne comprends pas pourquoi c’est encore le cas aujourd’hui, mais depuis que j’ai passé les 25 ans, on dirait que la question d’avoir des enfants est devenue centrale dans la manière dont les autres me voient. Ce n’est même pas que j’y ai renoncé complètement, mais la possibilité même que je ne materne pas semble heurter la sensibilité de certains. Ils m’expliquent combien je le regretterai plus tard si je n’en ai pas. Moi, j’aime croire que je pourrais être heureuse avec comme sans enfants. »

« En dépit des réalités économiques, climatiques et des évolutions sociales qui l’ont fragilisée, la famille nucléaire continue d’être perçue par certains comme un pilier de stabilité et un modèle structurant dans un monde incertain »

Pour ceux qui tiennent encore au modèle de la famille nucléaire, il s’agit souvent de reproduire une expérience qui fut positive pour eux, ou bien au contraire, qu’ils aimeraient « corriger » en devenant de meilleurs parents que les leurs. Il y a quelques années encore, Anatole, étudiant en science politique à McGill, pensait fonder sa propre famille. Il m’explique : « Je voulais faire mieux que mon père. Ce ne serait pas très dur : j’aurai juste à ne pas lever la main sur mes gamins. Maintenant je crois que l’envie m’est passée, ce n’est sans doute plus aussi important pour mon égo, ou du moins je préfère ma liberté à ce que des enfants pourraient m’apporter. »

Comme d’autres, Anatole questionne le modèle même de la parentalité dans le cadre nucléaire. Il fait partie de ceux qui veulent vivre « différemment » : « J’ai deux loups en moi. D’un côté je contemple la vie tranquille qu’un job confortable pourrait m’apporter, de l’autre, je me vois voyager en bus et rejoindre mes amis ingénieurs son sur des lieux de fêtes, être libre de mes mouvements, faire ce que je veux sans que ça ait de conséquences sur un autre humain. »

Nombreux sont ceux qui envisagent des alternatives, comme la coparentalité entre amis ou les communautés de vie où les responsabilités parentales sont partagées, comme l’éducation des enfants, ou la gestion des tâches quotidiennes pour leur bien-être. Ces modèles, bien qu’encore marginaux, offrent un soulagement des charges mentale et émotionnelle en créant un réseau d’entraide et un équilibre entre vie personnelle et familiale. Ils témoignent d’une volonté croissante de s’éloigner de l’individualisme inhérent à la famille traditionnelle. En ce sens, ils traduisent une quête de solidarité et d’appartenance plus large, qui dépasse le cercle restreint des relations biologiques.

Modèles alternatifs et solidarités nouvelles

Les modèles alternatifs de famille ou d’habitation apparaissent comme des solutions à l’isolement, comme à Montréal où le modèle de la colocation est largement démocratisé. Pour beaucoup, cette configuration offre une manière plus fluide d’aborder les relations humaines, tout en réduisant la pression qui pèse sur les liens familiaux traditionnels. Thomas, qui partage un appartement avec deux autres jeunes professionnelles depuis 3 ans, affirme : « J’ai commencé à vivre avec Aglaé et Marie sans les connaître, à travers un groupe Facebook, quand on était étudiants à McGill et encore tous les trois fauchés. Mais maintenant qu’on travaille, l’excuse économique n’est plus : on décide délibérément de continuer à vivre ensemble. On aime ça se soutenir dans les moments difficiles, mais c’est aussi le fun de rentrer et d’avoir quelqu’un avec qui tout partager, surtout avec l’hiver qui peut vite ralentir les sorties. On a comme l’impression d’être une famille choisie les uns envers les autres, et comme nos histoires romantiques n’ont pas tant pris ces derniers temps, on se rend encore plus compte de la valeur de la stabilité de ce lien en comparaison à celui d’une famille classique qui repose sur l’amour de deux parents. » Il ajoute : « Plus je grandis, plus je réalise comme c’est rare de rencontrer des adultes dans des mariages heureux. Je ne comprends pas pourquoi ça ne se fait pas plus d’essayer autre chose que la vie en couple. »

Cette notion de « famille choisie » dont parle Thomas a été popularisée par les communautés queer, et trouve de plus en plus d’écho auprès des jeunes générations. Dans ces configurations, le lien affectif prime sur le lien biologique, ce qui permet une réelle réinvention des structures relationnelles. En dépit des réalités économiques, climatiques et des évolutions sociales qui l’ont fragilisée, la famille nucléaire continue d’être perçue par certains comme un pilier de stabilité et un modèle structurant dans un monde incertain. Ce modèle permet aussi de concentrer le soutien émotionnel et matériel sur un cercle restreint, tout en facilitant la transmission intergénérationnelle de valeurs, de traditions et de patrimoine. Ces aspects expliquent pourquoi il reste privilégié par ceux qui cherchent une forme de stabilité ou un héritage culturel fort, malgré ses limites perçues. Pour beaucoup, la famille nucléaire garantit néanmoins une organisation claire des rôles et des responsabilités, offrant un cadre rassurant dans une société où les repères changent rapidement. Idéale pour certains et source de rejet pour d’autres, la famille nucléaire incarne ainsi la nostalgie d’une époque perçue comme plus ordonnée, tout en soulignant les contraintes d’un modèle parfois trop rigide pour s’adapter aux attentes contemporaines.

*Nom fictif

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Votre Trudeau https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/votre-trudeau/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56965 Réponse d’un jeune souverainiste pour le futur de notre pays.

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Cet article se veut une réponse à l’article « Notre Trudeau » – paru dans l’édition du 15 janvier dernier dans la section « Opinion » du journal Le Délit.

L’abdication de Justin Trudeau a déclenché une interminable procession de ses laquais serviles, ses lèchebottes opportunistes carriéristes et autres adorateurs d’un fédéralisme abject. On en appelle à la pitié, au respect, à la consternation ; on fait venir les pleureuses grecques et la Castafiore pour louanger et regretter ce premier ministre de bas étage issu d’un népotisme flagrant. Un similipoliticien, un élu par défaut, un fils à papa médiocre que nul Québécois ne devrait applaudir ni n’aurait dû élire! Et pourtant, voilà qu’ils défilent, larmoyants, ces jeunes qui donneraient tout pour prendre une photo avec le beau Justin en complet-cravate – tu parles d’un culte de la personnalité!

Alors que les stagiaires et porteurs de cafés des ministres fédéraux font leur deuil, rappelons-leur les inconduites de leur patron et guide spirituel. SNC-Lavalin, WE Charity, une gouverneure générale qui ne parle pas français… si c’est ce que le gratin intellectuel libéral considère comme inspirant, on n’a pas fini de souffrir! Leur éloge funèbre relève de la confabulation : on dépeint Justin comme un homme inspirant, déterminé et intègre. On oublie ses inconduites fiscales, ses pitreries en Inde et ses politiques influencées par le plus offrant.

En lisant « Notre Trudeau », je ne peux m’empêcher de me demander comment le Parti libéral du Canada fait pour ensorceler certains jeunes Québécois. Ils deviennent des petits moutons fédéralistes bêlant en cœur un abrutissant refrain : We love you Quebec! You can’t survive without us! Restez dans notre belle confédération franglophone! Scandaleux de ne pas connaître son histoire, de se faire les collaborateurs d’un système qui opprime les Québécois depuis maintenant 265 ans. Trudeau le fils, égal à son père : Trudeau le corrompu, le fédéraliste, le guignol international… comme quoi la pomme est encore solidement accrochée à l’arbre mort et pourrie jusqu’au cœur.

J’aurai sûrement droit au discours typiquement fédéraliste, pratiqué devant le miroir en anglais puis en franglais, prétendant que le projet indépendantiste est contre-productif, administrativement impossible et économiquement abruti. Je mériterais de me faire dire d’arrêter de me plaindre sans cesse, de prendre mon trou, de vivre sous la tutelle canadienne et d’accepter mon sort de confédéré. Pourtant, je me refuse à concéder ma culture, ma langue et mon pays à quelques oligarques et leurs fanatiques sous prétexte que ce serait trop difficile de créer de la monnaie et qu’on ne saurait pas quel hymne national jouer aux parties des Canadiens!

Les hypocrites tout cravatés de rouge défendent l’autodétermination des peuples partout ailleurs sur la planète, mais se contrefichent royalement de leur Québec, leur pays.

Ce que le beau Justin tente de nous faire avaler, c’est la même chose que son père Pierre Elliott Trudeau a voulu faire avaler à nos parents – il faut croire que l’esprit de soumission est congénital! C’est ce qu’on nous fait avaler depuis la Conquête, la crise d’Octobre, le scandale des commandites : on nous dit que nous sommes une fière partie d’un tout. On dit que l’indépendance, c’est dépassé! Le Québec doit lécher les semelles d’un Canada oppressif et anglophone : il doit se résigner, se prostrer et s’humilier. Grâce aux jeunes libéraux québécois, la tâche est plus simple : ils se ridiculisent sans qu’on le leur demande, adulent un Canada qui ne leur donne rien et se mettent à genoux pour une publication LinkedIn dans les bras du fils prodigue!

« Jamais vous ne laisseriez un empire néo-colonialiste contrôler toutes les facettes de votre existence, s’emparer de votre territoire et détruire votre beau patrimoine canadien. Le Québec soumis au Canada, le Canada soumis aux États-Unis : chacun sa souffrance! »

Maudits Québécois, maudits souverainistes! Quand a‑t-on arrêté de s’indigner pour un combat qui est le nôtre? On s’indigne – heureusement et justement – pour les Irlandais et les Catalans, la veuve et l’orphelin – qu’en est-il de la nation souveraine québécoise? En quoi la cause est-elle différente, la portée moindre?

On voit le Canada complètement désemparé, sur le qui-vive face à une menace semi-pertinente d’annexion par les États-Unis. Mes camarades fédéralistes, percevez-vous l’ironie? Jamais vous ne laisseriez un empire néo-colonialiste contrôler toutes les facettes de votre existence, s’emparer de votre territoire et détruire votre beau patrimoine canadien.

Le Québec soumis au Canada, le Canada soumis aux États-Unis : chacun sa souffrance!

Les esprits les plus astucieux et dociles avanceront que le gouvernement fédéral ne largue pas de bombes sur le sol québécois et n’envoie pas la GRC exterminer du petit Québécois de fond de rang. Un raisonnement servilement impeccable : si personne ne meurt, l’indépendance ne peut être qu’un combat capricieux, un trouble d’opposition puéril de quelques hurluberlus qui n’aiment pas Terry Fox ou les Rocheuses.

L’exercice de la polarisation artificielle des enjeux de justice sociale et d’autodétermination fait en sorte que le sensationnel l’emporte sur le concret. C’est dommage qu’on exige des piles de cadavres et des beaux publireportages larmoyants pour grader l’importance d’une lutte. Philosopher avec des « oui, mais » c’est vraiment une aberration, un gaspillage de cortex frontal : pour faire l’indépendance, il faut arrêter de jouer au plus souffrant. Avec un minimum d’introspection, on se rend compte que notre peuple est précaire, en proie à la disparition de sa culture, de sa langue et son identité – pas besoin de se comparer pour comprendre ça! Les statistiques trompeuses des Libéraux ne bernent personne : le français – pilier central de la culture et de l’identité québécoise – est menacé sur tous les fronts. Pour achever notre féodalité, pas besoin d’envoyer le Royal Colonial Regiment : il suffira simplement de continuer vos maintes contributions à l’agonie de la langue québécoise!

Le Québec est un pays, c’est dit.

Le futur du Parti libéral, dans le fond, je n’en ai rien à faire. Ce qui m’écœure vraiment, c’est la trahison de jeunes Québécois qui renient leur identité et choisissent de louanger un homme et son parti au-delà de toute logique idéologique. Paul St-Pierre Plamondon pourrait démissionner demain, je voterais encore pour le Parti québécois : c’est le projet d’indépendance qui m’attire. C’est en se laissant avoir par le marketing de la Hill, par des enjeux mineurs et minables, par le charisme manufacturé d’une belle tête creuse que l’on perd de vue les enjeux qui comptent le plus pour notre peuple.

Je suis loin de m’attaquer ici à la liberté d’opinion, de presse ou bien celle d’être un suiveux soumis. Je critique une mentalité qui fait souffrir le Québec depuis bien trop longtemps, une association volontaire à un mouvement dont le fédéralisme néocolonial est un catalyseur. C’est mon opinion, j’y ai droit. Rendezmoi la pareille, dites-moi ce que vous pensez de mon idéologie ; j’ai hâte de vous voir vous battre contre la liberté, l’autodétermination et l’indépendance.

Je n’arrêterai jamais de m’opposer aux fédéralistes insipides, aux adorateurs du régime et autres employés fédéraux propagandistes. La liberté est le combat d’une vie : il faut croire que, comme Québécois, un jour nous vaincrons, nous arriverons à bout des arrivistes déloyaux qui paralysent le combat pour l’indépendance.

Pour le dire dans des mots que vous devriez comprendre : Just watch me, criss!

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La sélection d’actus du Délit https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/la-selection-dactus-du-delit-8/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56954 TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien… Lire la suite »La sélection d’actus du Délit

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TRAVAUX AU ROYAL VICTORIA : LA COUR SUPRÊME REFUSE L’APPEL DES MÈRES MOHAWKS

Ce jeudi 16 janvier, la Cour suprême du Canada a statué qu’elle n’examinerait pas la demande d’appel déposée par les six femmes kanien’kehá:ka, connues sous le nom du collectif des Mères mohawks, concernant les travaux en cours sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria à Montréal. Cette décision marque une étape décisive dans le combat juridique mené par ce groupe depuis 2022, ayant pour but d’interrompre les travaux d’excavation conduits par l’Université McGill. Selon les Mères mohawks, ces travaux auraient lieu sur un espace contenant des sépultures anonymes d’enfants autochtones, victimes d’expériences psychiatriques menées entre 1954 et 1963 dans le cadre du projet MK-Ultra, un programme controversé de la CIA. Le collectif avait exigé qu’une supervision archéologique rigoureuse soit mise en place pour prévenir ce qu’elles qualifient d’« effacement des injustices du passé (tdlr) » et éviter de raviver les traumatismes des survivants et des communautés concernées.

Les travaux d’excavation en cause s’inscrivent dans le cadre du projet New Vic, porté par l’Université McGill. Celui-ci vise à réaménager une partie de l’ancien hôpital Royal Victoria pour agrandir le campus universitaire. En 2019, le gouvernement du Québec a cédé une partie de la propriété à McGill, et a promis un investissement de 620 millions de dollars pour rénover les bâtiments historiques et aménager les terrains. Le projet inclut des excavations substantielles, nécessaires pour transformer le site en un espace moderne et fonctionnel pour l’université.

Les Mères mohawks avaient entamé leur combat juridique en 2022, en intentant une poursuite contre l’Université McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI). En 2023, un accord entre les parties a été conclu, prévoyant la présence d’un panel d’archéologues pour superviser les excavations et détecter d’éventuelles sépultures. Cependant, cet accord a été remis en question le 16 août 2023, lorsque la Cour d’appel du Québec a autorisé la reprise des travaux sans supervision archéologique externe. La décision de la Cour suprême de ne pas entendre l’appel du collectif scelle le sort de cette affaire. Pour les Mères mohawks, il s’agit d’une défaite amère dans leur quête pour préserver la mémoire des enfants autochtones et exiger justice face à un passé douloureux.

CRISE DE L’ITINÉRANCE À MONTRÉAL : FERMETURE DU REFUGE TEMPORAIRE DU YMCA

Le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) du YMCA centre-ville, refuge pour sans-abris mis en place par la Ville de Montréal afin de répondre aux grands froids, a fermé ses portes ce samedi 11 janvier, après moins d’un mois d’activité. Ce refuge temporaire, ouvert le 21 décembre, avait été conçu comme une mesure exceptionnelle dans le cadre du Plan particulier d’intervention – Froid extrême, déclenché par le Centre de coordination des mesures d’urgence de Montréal. Initialement prévu pour accueillir un maximum de 50 personnes, le centre a dû faire face à une demande bien supérieure durant la courte période où il était en activité. Les 5 et 6 janvier, le CHU a accueilli plus de 150 personnes en une seule nuit, soit trois fois sa capacité prévue. Le refuge a enregistré un total de 1153 visites en moins de trois semaines, illustrant l’ampleur de la crise de l’itinérance à Montréal.

Stu Doré | Le Délit

L’ouverture du centre avait à l’origine été annoncée comme une mesure temporaire. En temps normal, le Plan particulier d’intervention – Froid extrême est seulement déclenché lorsque la température descend sous les ‑27°C, et les mesures cessent dès que les conditions météorologiques s’améliorent. Le 21 décembre, la ville de Montréal a donc pris une décision exceptionnelle en ouvrant le centre avant que ce seuil ne soit atteint, et en s’engageant à le garder ouvert aussi longtemps que possible, en raison de la demande alarmante.

Cette mesure temporaire reste néanmoins insuffisante. Ceux qui passaient leurs nuits au CHU sont désormais contraints de se redistribuer dans les refuges de la ville – qui sont déjà débordés et doivent refuser l’entrée à plusieurs personnes chaque soir – ou d’affronter les températures glaciales de l’extérieur.

ARRESTATION HISTORIQUE : LE PRÉSIDENT SUD-CORÉEN YOON SUK-YEOL FACE À LA JUSTICE

Le mardi 14 janvier, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été arrêté dans le cadre d’une opération menée par les autorités judiciaires du pays. Il s’agit de la première fois qu’un chef d’État en exercice est arrêté en Corée du Sud. Avant l’aube, des agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police se sont présentés en grand nombre devant la résidence présidentielle. Après une courte confrontation, le président Yoon a accepté de se rendre, diffusant peu après un message vidéo où il déclarait : « J’ai décidé de répondre aux autorités du Bureau d’enquête sur la corruption (tdlr) », tout en réaffirmant qu’il contestait la légitimité de l’enquête. Il a ajouté qu’il se soumettait à cette arrestation afin d’« éviter toute effusion de sang malheureuse ». Cette arrestation marque un tournant dans une affaire politique explosive et survient moins de deux semaines après une première tentative d’arrestation échouée, le 3 janvier. Ce jour-là, le Service de sécurité présidentielle (PSS), chargé de la protection des chefs d’État, avait empêché les enquêteurs du CIO d’exécuter un mandat d’arrêt initial contre Yoon Suk-yeol.

Stu Doré | Le Délit

Le dirigeant sud-coréen est la cible de plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Cette inculpation repose principalement sur sa décision controversée de proclamer la loi martiale le 3 décembre, une initiative qu’il avait justifiée en invoquant la nécessité de défendre le pays contre « les forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’État ». Cette tentative de concentration du pouvoir a été rapidement mise en échec par les députés, qui ont voté un texte exigeant la levée de cette mesure d’exception.

L’arrestation de Yoon Suk-yeol plonge la Corée du Sud dans une crise politique sans précédent, exacerbant les divisions au sein du pays. Les prochains développements dans cette affaire détermineront sans doute l’avenir de la présidence et l’équilibre démocratique de la nation.

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Un réseau postsecondaire en péril : le cri d’alarme des cégeps https://www.delitfrancais.com/2025/01/22/un-reseau-postsecondaire-en-peril-le-cri-dalarme-des-cegeps/ Wed, 22 Jan 2025 12:00:00 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56947 Les cégeps réclament une intervention urgente pour préserver leurs infrastructures.

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Face à une dégradation alarmante des infrastructures, les cégeps québécois lancent un appel urgent au gouvernement provincial de François Legault. Dans le cadre des consultations prébudgétaires, la fédération des cégeps demande une enveloppe supplémentaire de 300 millions de dollars pour freiner la détérioration de leurs bâtiments. Selon un rapport de la vérificatrice générale du Québec, deux tiers des infrastructures collégiales sont aujourd’hui en mauvais ou très mauvais état, mettant en péril la qualité de l’enseignement et la sécurité des étudiants. Comment les cégeps québécois en sont-ils arrivés là? Est-ce une question de sous-financement gouvernemental, de mauvaise gestion interne ou d’une allocation déséquilibrée des ressources? Passés en entrevue, des témoins mettent en perspective les réalités et les enjeux d’une crise sans précédent.

Le parc immobilier des cégeps en grande difficulté

La dégradation des infrastructures collégiales au Québec est une réalité qui frappe autant les étudiants que le personnel enseignant. Guylaine Leclerc, vérificatrice générale du Québec, affirme dans son rapport que depuis cinq ans « la part des bâtiments considérés comme étant en mauvais ou en très mauvais état, selon l’indice gouvernemental, est passée de 24% en 2019–2020 à 65% en 2024-2025. » Fadi, étudiant au Cégep de Maisonneuve, fait part de ses préoccupations : « Certaines sections du collège sont en mauvais état, les salles de classe y sont anciennes, manquent de lumière et sont parfois mal équipées. Cela finit par peser sur notre apprentissage. » Ce témoignage n’est pas un cas isolé : au Cégep de La Pocatière, une résidence étudiante a été évacuée en mai 2023 en raison de moisissures causées par une infiltration d’eau. Au Cégep de Saint-Laurent, la situation est toute aussi critique : un pavillon a été fermé d’urgence en raison de risques d’effondrement. Au Cégep de Rimouski, les « fissures inquiétantes » sur les murs d’un ancien bâtiment préoccupent le personnel. La chaleur y est suffocante durant l’été, forçant les étudiants à apporter leurs propres ventilateurs. Cette liste est loin d’être exhaustive, et de nombreux autres établissements font face à des défis similaires.

La qualité de l’enseignement compromise?

Fadi souligne que les salles rénovées de son cégep sont bien plus propices à l’apprentissage : « Quand les conditions sont idéales, on a plus envie d’apprendre. Tout est fonctionnel, et l’environnement est motivant. » En revanche, les salles plus anciennes, sans équipement adéquat, mal isolées et parfois sombres, nuisent à la concentration des élèves et à la qualité de l’enseignement dispensé, affirme Fadi. Ce constat s’étend à d’autres établissements, où les mesures provisoires, comme les cours dans des modules préfabriqués, ne permettent pas de recréer les conditions optimales pour un apprentissage efficace.

Une gestion contestée

Mario, membre de l’administration du Cégep Marie-Victorin, critique vivement la gestion financière des cégeps. Selon lui, « certains choix budgétaires relèvent davantage du gaspillage que de l’investissement utile. L’argent des taxes est dépensé abondamment sur des projets douteux, au détriment des besoins réels. » Ce témoignage met en lumière les désaccords importants sur le financement des cégeps et son utilisation, un point qui est également soulevé par la vérificatrice générale du Québec. Le rapport de cette dernière souligne que des cégeps en déficit d’espace ou en grave détérioration, comme le Cégep de Saint-Laurent ou le Cégep de Lionel-Groulx, reçoivent souvent moins de fonds que des établissements moins peuplés ou moins endommagés. Certains pointent du doigt une approche budgétaire trop centralisée ne prenant pas en compte les spécificités propres à chaque établissement. Alors que 75% des cégeps de Montréal devraient manquer de capacité d’accueil d’ici 2029 et qu’une augmentation de 20% des inscriptions est prévue d’ici 2033, le réseau collégial québécois se trouve à un tournant critique. Qu’il s’agisse de gestion interne inadéquate ou de sous-financement provincial, une certitude demeure : le réseau postsecondaire québécois doit être secouru.

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Ma vieille amie, la dépression saisonnière https://www.delitfrancais.com/2025/01/15/ma-vieille-amie-la-depression-saisonniere/ Wed, 15 Jan 2025 12:00:50 +0000 https://www.delitfrancais.com/?p=56866 Doit-on réellement craindre les mois hivernaux?

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La dépression saisonnière, ce mal insidieux qui s’immisce avec les premières bourrasques de novembre, avec le changement d’heure, ne m’est plus étrangère. Pendant des années, j’ai redouté cette période. Je redoutais les journées qui raccourcissent, le froid qui s’épaissit et les nuits qui semblent s’allonger infiniment. Mais cette année, quelque chose a changé. Cette année, j’ai décidé de l’apprivoiser, d’y voir le beau qu’elle a à offrir.

Cette année, je me soumets à la dépression saisonnière, je choisis d’y trouver du réconfort. Je sors de la bibliothèque et il fait un noir dense. Il me neige gentiment dans les yeux. Je marche vers le métro. Par les années précédentes, la simple pensée du froid montréalais et de la tristesse caractéristique du campus à ce temps-ci de l’année m’aurait donné envie de me mettre en petite boule et d’hiberner jusqu’en mars. Mais cette année, je vois les choses différemment. Cette année, je trouve un charme à la mélancolie hivernale, au froid et à sa solitude.

Cette évolution dans ma perception me surprend et me réjouit à la fois. L’an dernier, à cette même période, j’avais confié au Délit que ma résolution pour l’année 2024 était de « vaincre la dépression saisonnière ». Ironique, me direz-vous, que je choisisse de l’accueillir pleinement cette année. Mais peut-être est-ce justement cela, l’astuce : ne pas chercher à la combattre, mais à la comprendre, à l’accepter, voire à en tirer parti.

Profiter de l’hiver

Il se trouve que dans la dépression saisonnière, cette année tout particulièrement, je trouve un appel à ralentir, à contempler. Les journées qui s’allongent lentement offrent maintenant une promesse presque imperceptible, celle du retour de la lumière. Mais, en attendant, la noirceur m’impose un rythme plus doux, plus intime. Le silence de l’hiver et l’immobilité de la neige encouragent une introspection profonde. Dans l’éloignement et la réflexion, il y a l’occasion de grandir, de regarder en soi, loin de la superficialité souvent associée à l’été. Cette année, je lis plus – pas pour l’école, mais pour mon plaisir personnel. J’écris plus aussi. Je dirais même que je pense plus, plus à moi, plus à ce qui se passe dans ma tête.

En soit, c’est beau de se dire que c’est l’inertie de l’hiver qui me force à me plonger au plus profond de ma tête et à contempler mon esprit. En réalité, il est quelque peu regrettable que je n’en sois pas venue à cette conclusion plus tôt : le calme de l’hiver se doit d’être porteur de changement intérieur, doit me servir à grandir et devenir meilleure.

Pendant l’été, l’insouciance nous porte. Les jours longs et les nuits courtes, les terrasses animées, les amis réunis – tout cela est distrayant et ne permet pas, à mon avis, le même type de réflexion que l’hiver. En hiver, c’est qu’il n’y a nulle part où fuir, nulle part où se cacher. On se retrouve seul avec ses pensées. Et c’est là que réside peut-être la beauté cachée de cette saison : elle nous force à affronter nos démons, à explorer des parties de nous-mêmes que nous n’avions pas osé regarder en face – ou que nous avions ignorées, réprimées, jusque là.

Des résolutions productives

Cette année, je profite de la dépression saisonnière. Je m’alimente mieux, j’ai un horaire stable de sommeil, je prends du temps pour moi. Après des mois de sorties et de sommeil chaotique, cela fait du bien de se concentrer sur soi. Ce sont des gestes simples, mais qui font toute la différence. Peut-être que cette possibilité de me détacher de l’anxiété hivernale provient d’une forme de privilège, un privilège me permettant de ne pas réellement craindre la noirceur de l’hiver. Après tout, j’ai un toit, de quoi manger, et des gens qui m’aiment. Mais je crois aussi qu’il y a quelque chose d’universel dans cette capacité à rééquilibrer ses attentes face à l’hiver québécois. Il y a aussi peut-être une forme de responsabilité qui réside en chacun de nous de s’assurer qu’on ne se laisse pas engloutir par le noir de l’hiver. Alors, plutôt que d’espérer vivre dans les mêmes conditions que l’été, pourquoi ne pas se réjouir de ce que l’hiver a à nous offrir? Pourquoi ne pas tenter de maximiser son potentiel trop souvent sous-estimé, en prenant le temps de se recentrer sur ce qui est important?

L’hiver impose une lenteur qui peut paraître oppressante, mais qui peut aussi être libératrice. On apprend à apprécier les petits plaisirs : mon café matinal, les rayons du soleil qui réchauffent le fond de mon cuir chevelu, les flocons qui se posent sur mes cils. L’an dernier, je vous aurais dit que comme je ne suis pas particulièrement adepte des sports d’hiver, cette saison n’avait rien de bien à m’offrir. Malgré tout, cette année, ce sont ces moments, si insignifiants soient-ils, qui prennent une ampleur nouvelle, puisque j’ai choisi de les remarquer, de les célébrer.

« Mais peut-être est-ce justement cela, l’astuce : ne pas chercher à la combattre, mais à la comprendre, à l’accepter, voire à en tirer parti »

S’adapter à elle

Pour moi, le secret réside dans l’adaptation. Il ne s’agit pas de nier la rudesse de l’hiver ou de prétendre qu’il est facile d’y survivre. Mais on peut – et on devrait – apprendre à danser avec cette réalité, à régler son mode de vie sur le tempo imposé par cette saison. Cela passe par des ajustements concrets : des sorties planifiées pour contrer l’isolement, des activités qui nourrissent l’esprit, et un soin particulier accordé à sa santé mentale et physique. Avec toutes ses stratégies réunies, je crois fermement que l’hiver saura nous révéler toute sa splendeur, et nous permettra de grandir durant ces mois de froid.

Ce processus demande de l’humilité. Accepter que l’hiver ne soit pas parfait, qu’il soit dur, et que la mélancolie qu’il apporte ne puisse être entièrement évitée. Mais dans cette acceptation réside une forme de paix. L’hiver, avec sa solitude, son froid et sa lenteur, devient alors une période de gestation, une pause nécessaire avant le renouveau du printemps. C’est pourquoi cette année, je choisis de ne pas lutter. Je choisis de me laisser porter par la saison, de trouver la beauté dans ses ombres et la chaleur dans ses silences. Et qui sait, peut-être que cette dépression saisonnière, loin d’être une ennemie, pourrait devenir une guide, une muse, une opportunité de grandir, et ma plus grande alliée en cet hiver.

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